/2018

  • Venezuela : consommation de viande par habitant et par an : 2,7 kg en 2018, soit -34,1% par rapport à 2017 : 4,1 kg/hab./an
    47 litres de lait/hab./an (-20%)
    La principale source de protéines est le queso blanco duro, fromage blanc séché.

    Cae a 2,7 kilos el consumo de carne por habitante en Venezuela
    http://www.el-nacional.com/noticias/economia/cae-kilos-consumo-carne-por-habitante-venezuela_285116

    El Instituto Venezolano de la Carne y la Leche denunció que en lo que va de año el consumo de proteína cárnica por habitante en Venezuela ha disminuido a 2,7 kilos. Se trata del menor indicador de demanda de América Latina y una drástica caída con respecto al promedio de 2018, que fue de 4,1 kilos por persona.

    Representa una contracción de la demanda de 34,1%, de acuerdo con el portal Banca y Negocios. El presidente de Invelecar, Carlos Albornoz, hizo la comparación con un mercado mucho más pequeño, como el de Uruguay, donde el promedio per cápita es de 55 kilos.

    El consumo de leche también está por debajo de los requerimientos establecidos por la Agencia de Naciones Unidas para la Alimentación y la Agricultura. El venezolano ingiere apenas 47 litros de ese producto por año, lo cual representa una disminución de 20%. En comparación, cada uruguayo ingiere 230 litros.

    Albornoz asegura que la proteína más consumida en Venezuela es el queso blanco duro, que llega a 46% de los hogares.

  • Un « principe d’innovation » porté par l’industrie chimique pourrait entrer dans le droit européen
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/10/un-principe-d-innovation-porte-par-l-industrie-chimique-pourrait-entrer-dans

    Instaurer un « principe d’innovation ». L’idée sonne comme une belle promesse, innocente comme le bon sens. Elle pourrait pourtant gravement saper la protection de l’environnement et de la santé publique. Car ce concept qui s’apprête à faire une entrée officielle dans la législation européenne n’a pas été élaboré par des responsables publics. Il a été imaginé par des industriels soumis à des réglementations très strictes : tabac, pesticides, substances chimiques ou pétrole.

    Ce « #principe_d’innovation » figure en effet en préambule du texte établissant le prochain programme de recherche de l’UE qui distribuera près de 100 milliards d’euros en six ans. Appelé « Horizon Europe », il doit être discuté et mis au vote mercredi 12 décembre au Parlement européen en séance plénière. Que dit ce « principe » ? En des termes très généraux, que « l’impact sur l’#innovation devrait être pleinement évalué et pris en compte » à l’occasion de chaque initiative législative.

    « Aucune personne sensée ne pourrait s’y opposer. C’est le génie de cette opération de lobbying », décrypte Kathleen Garnett, une chercheuse indépendante, coauteure d’un article sur le sujet dans une revue académique de droit. Mais ce que ce concept, flou et consensuel en apparence, cible en réalité, explique-t-elle, ce sont les réglementations environnementales de l’UE, et en particulier celles qui encadrent l’usage des produits chimiques – comme le règlement Reach –, des #pesticides, des #OGM ou encore des nano et biotechnologies. Intégré à la loi, le « principe d’innovation » permettrait de faire contrepoids à ce que ces industriels estiment être un obstacle majeur à leurs affaires : le principe de précaution.

    et #paywall

    https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/17579961.2018.1455023?journalCode=rlit20

    • Un « principe d’innovation » porté par l’industrie chimique pourrait entrer dans le droit européen

      En apparence anodin, le concept a été imaginé pour neutraliser le principe de précaution par un think tank issu de la pétrochimie et du tabac.

      Instaurer un « principe d’innovation ». L’idée sonne comme une belle promesse, innocente comme le bon sens. Elle pourrait pourtant gravement saper la protection de l’environnement et de la santé publique. Car ce concept qui s’apprête à faire une entrée officielle dans la législation européenne n’a pas été élaboré par des responsables publics. Il a été imaginé par des industriels soumis à des réglementations très strictes : tabac, pesticides, substances chimiques ou pétrole.

      Ce « principe d’innovation » figure en effet en préambule du texte établissant le prochain programme de recherche de l’UE qui distribuera près de 100 milliards d’euros en six ans. Appelé « Horizon Europe », il doit être discuté et mis au vote mercredi 12 décembre au Parlement européen en séance plénière. Que dit ce « principe » ? En des termes très généraux, que « l’impact sur l’innovation devrait être pleinement évalué et pris en compte » à l’occasion de chaque initiative législative.

      « Aucune personne sensée ne pourrait s’y opposer. C’est le génie de cette opération de lobbying », décrypte Kathleen Garnett, une chercheuse indépendante, coauteure d’un article sur le sujet dans une revue académique de droit. Mais ce que ce concept, flou et consensuel en apparence, cible en réalité, explique-t-elle, ce sont les réglementations environnementales de l’UE, et en particulier celles qui encadrent l’usage des produits chimiques – comme le règlement Reach –, des pesticides, des OGM ou encore des nano et biotechnologies. Intégré à la loi, le « principe d’innovation » permettrait de faire contrepoids à ce que ces industriels estiment être un obstacle majeur à leurs affaires : le principe de précaution.
      « Porte dérobée »

      Pour Geert Van Calster, professeur de droit à l’Université de Louvain (Belgique) et coauteur de l’article, « il est tout simplement extraordinaire de voir les institutions européennes se faire complètement avoir par un lobby de l’industrie pour introduire cela dans le droit communautaire ». A ce jour, ce « principe d’innovation » n’est rien qu’un slogan de lobbying : contrairement au principe de précaution, inscrit, lui, dans les traités européens, il n’a aucune existence légale. Or son entrée dans un texte officiel « par une porte dérobée » le « légitimerait ». « Et c’est là le véritable danger : si, en tant que fait accompli, il acquiert le statut de principe, il sera alors très difficile de revenir en arrière », déplore M. Van Calster.

      Le « cerveau » de cet outil d’influence est un think tank bruxellois au fonctionnement opaque, l’European Risk Forum. Créé en 1996 par British American Tobacco (Lucky Strike, Dunhill…), il avait pour objectif initial d’entraver la mise en place de l’interdiction de fumer dans les lieux publics, en intervenant sur la conception des politiques de gestion des risques par l’UE. La science documentait alors la nocivité du tabagisme passif. En 2010, le minutieux travail d’enquête d’une équipe de politologues de l’université de Bath (Grande-Bretagne) avait montré comment le cigarettier s’était entouré d’autres industriels, alliés naturels dans la vente de produits dangereux, en particulier le secteur chimique.

      Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment le lobby des implants médicaux a fait plier la Commission européenne
      Au début de l’année, le Risk Forum comptait une vingtaine de membres, comme le numéro un mondial de la chimie, BASF, Bayer (qui vient de racheter Monsanto), le fabricant de détergents Henkel, Philip Morris ou encore les organisations de lobbying des secteurs des énergies fossiles et du plastique. A ses membres, le Forum propose de « contribuer à l’élaboration des règles et procédures utilisées par les institutions de l’UE pour déterminer comment les décisions réglementaires sont prises », en ciblant « les leaders d’opinion et les décideurs » au sein des institutions, ainsi que l’indique son site.

      « Aversion au risque »

      L’histoire publique du « principe d’innovation » a commencé en octobre 2013, quand, à l’initiative du Risk Forum, une vingtaine de PDG de grandes firmes adressaient une lettre aux présidents de la Commission, du Parlement et du Conseil européen. Bruxelles était alors le théâtre d’une offensive de grande ampleur menée par les lobbys des pesticides et de la chimie contre la réglementation des perturbateurs endocriniens. Offensive à laquelle le think tank avait participé.
      Dans ses rapports et livrets publiés au fil des années, les mots du Risk Forum ne trompent pas. Il s’agit bien de systématiquement « soumettre le principe de précaution à une étude d’impact », expliquait-il en 2011. La manière de procéder en Europe actuellement, précisait-il quatre ans plus tard, est « empreinte d’une aversion au risque » et aurait empêché le développement de « la locomotives à vapeur, du four à micro-ondes, du téléphone mobile et de la radiographie ».
      Depuis 2013, le Risk Forum a multiplié les actions de lobbying pour imposer son idée dans les cercles du pouvoir européen. C’est ce que montre un rapport de recherche publié lundi 10 décembre par l’ONG Corporate Europe Observatory. Par le biais d’une demande d’accès aux documents administratifs à la Commission, cette ONG spécialisée dans la surveillance du lobbying à Bruxelles s’est procuré de nombreux documents que Le Monde a pu consulter. « Cet exemple montre bien de quelle manière les intérêts des firmes essaient de capturer les processus de décision européens, analyse Nina Holland, auteure de ce travail. Il fait ressortir un niveau exceptionnel d’accès privilégié » auprès des décideurs.

      « Evangéliste de l’innovation bien encadrée »

      Les courriels et notes internes ont permis à la chercheuse-militante de retracer précisément le parcours du « principe » : essentiellement des rendez-vous et interactions avec les hauts fonctionnaires de plusieurs directions générales (DG) de la Commission (recherche, industrie et santé). En juin 2015, la démarche était soutenue par Carlos Moedas, le commissaire à la recherche, et en février 2017 une « Task Force » dédiée était créée au sein de la DG recherche. Le Risk Forum a également ciblé les Etats membres ayant assumé la présidence de l’UE comme Malte, la Bulgarie ou les Pays-Bas. En janvier 2016, la présidence néerlandaise a même coorganisé une conférence sur le sujet avec le Risk Forum et les deux principales organisations industrielles, BusinessEurope et European Roundtable of Industrialists.

      Tous ces efforts d’influence ont également bénéficié de la bienveillance d’un homme-clé. Robert Madelin a exercé plusieurs fois la fonction de directeur général, poste parmi les plus importants dans la hiérarchie administrative de la Commission, avant de devenir conseiller spécial pour l’innovation du président Juncker en 2015. Le Britannique produisait l’année suivante une « note stratégique » faisant la promotion d’un « principe d’innovation ». Trois mois après sa publication, il basculait vers une activité de lobbyiste : M. Madelin est désormais consultant pour Fipra, un cabinet influent dont il est aussi président et qui est également… membre du Risk Forum. « Je suis un évangéliste de l’innovation bien encadrée, explique Robert Madelin, interrogé par Le Monde. Alors je pense que ce serait tragique d’oublier qu’on doit la soutenir en Europe à cause de l’historique d’un think tank. »

  • Pesticides : la consommation française cartographiée
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/11/20/pesticides-la-consommation-francaise-cartographiee_5386167_3244.html

    Voilà un prix dont elles se seraient sans doute bien passées. Les chambres d’agriculture du Vaucluse, de La Réunion et de la Martinique ne vont pas tarder à recevoir un diplôme symbolique autant qu’ironique : le « #Glyph’Award », qui distingue les départements français les plus portés sur le glyphosate. La Gironde et l’Aube se voient décerner chacune un accessit par l’association Générations futures pour leur propension à recourir à l’herbicide le plus vendu au monde.

    #pesticide #agriculture #cartographie #pollution

  • Projet de mon prochain patriarche sur l’or.
    Patriarche n°8 - El Dorado
    à partir de cette image

    "Bernard Otto Holtermann and the world’s largest “nugget” of gold, North Sydney, ca. 1874-1876 / montage photograph by American and Australasian Photographic Company" The “nugget” was found in Hill End, New South Wales by German prospector, Bernhard Otto Holtermannon 19th October 1872. More than half of the 630 lbs weight was pure gold, at that time having the value of 12,000 pounds ($24,000). Today, with gold worth say $1400 per ounce, the value today would be over $10 million. Three photographs were used to create this image of Holtermann, (supposedly holding the worlds’ largest accumulation of rock and gold ever brought to the surface in one piece). He was posed in the studio with his hand on a headclamp, the nugget was inserted and both placed on a photograph of the verandah of his mansion, built from the proceeds of his goldmine.[1]

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    Fiche wikipédia sur la montagne d’or
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Montagne_d%27or_(mine)


    Résultats de la coulée de boues (de cyanure) issue de la rupture de barrages de Bento Rodrigues en 2015
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    Projet Montagne d’or en Guyane : après la mine de Lefa en Guinée, Nordgold peut-il faire mieux ? - Outre-mer la 1ère
    https://la1ere.francetvinfo.fr/pojet-montagne-guyane-apres-mine-lefa-guinee-nordgold-peut-il-fa

    L’Etat doit se prononcer sur la réalisation de ce projet avant la fin de l’année. François de Rugy, le ministre de la Transition écologique a été interrogé à plusieurs reprises par la presse à ce sujet. Il a déclaré sur France Inter que « le projet ne pouvait pas être mené tel qu’il avait été envisagé ». A l’Assemblée nationale, le ministre a été plus loin en ajoutant « qu’il fallait le revoir de fond en comble ».

    Nordgold en Guinée
    En attendant la décision de l’Etat, deux journalistes du Monde et de France Inter se sont intéressés aux activités en Guinée du groupe russe Nordgold censé se charger de l’exploitation de la Montagne d’or en Guyane.

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    Le projet de Montagne d’or en Guyane va être revu pour obtenir le feu vert de l’Etat

    Cette mine d’or, qui serait la plus grande jamais construite sur le territoire français, provoque l’hostilité d’une partie de la population.

    https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/09/07/montagne-d-or-nordgold-pret-a-revoir-son-projet-pour-obtenir-le-feu-vert-de-

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    Guyane française : la traque des orpailleurs clandestins
    https://www.youtube.com/watch?v=kRtFvKlC43w

    Cayenne : le nouveau far west français
    https://www.youtube.com/watch?v=SebdJ9FN-mc

    Chasseur de chercheur, l’or de Guyane
    https://www.youtube.com/watch?v=5geIRZZPWSc

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    Controverses géopolitiques 1A - Projet de la montagne d’or en Guyane
    https://www.youtube.com/watch?v=9qEeddqdPNA

    Mines en Guyane : le projet Montagne d’or "inacceptable" pour les autochtones
    https://www.youtube.com/watch?v=j5XaI65Hn-Y

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    mine d’or en Australie

    The ‘Super Pit’ is Australia’s largest open cut gold mine. It is 3.5 km long, 1.5 km wide and 350 m deep, and is large enough to be seen from space. It produces around 28 tonnes of gold per year, and they estimate it won’t reach the end of its life until 2021.

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    Mine de Yanacocha (Pérou)
    La plus grande mine d’or à ciel ouvert d’Amérique du sud


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Mine_de_Yanacocha

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    Cartographie

    Schéma structural de la Guyane française( C. Delor , 2004 )


    http://www.jump-voyage.com/carte-guyane-francaise/vacances-guyane

    http://sphaera.cartographie.ird.fr/images/telechargement/00756.pdf

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    Vers la structuration d’une filière aurifère « durable » ? Etude du cas de la Guyane française
    Jessica Oder

    L’objectif de cet article est de se demander si la filière aurifère légale en Guyane française peut servir les objectifs du développement durable. En effet, cette filière est en proie à des difficultés : alors que les cours de l’or sont en constante augmentation, le nombre d’opérateurs miniers diminue constamment, depuis près de sept ans. Ce paradoxe aurifère guyanais trouve ses origines dans la volonté étatique française d’organiser la filière et d’en faire un exemple en matière de « durabilité », volonté clairement exprimée à la suite du Grenelle de l’Environnement. Principalement élaboré à partir d’entretiens semi-directifs et d’archives, l’article a notamment cherché à analyser les principaux éléments de cette structuration, le schéma départemental d’orientation minière (SDOM), en cours d’adoption, et plusieurs initiatives destinées à améliorer les pratiques des opérateurs miniers qui sont majoritairement des artisans. Toutefois, cette évolution révèle des antagonismes entre les parties prenantes (collectivités territoriales, services de l’État, opérateurs miniers et environnementalistes). Ces derniers ont fait surface lors de l’affaire du Camp Caïman, impliquant la multinationale Iamgold, et pendant le processus d’élaboration du SDOM lui-même. Des problématiques connexes telles que les revendications locales de gestion de la ressource aurifère, mais aussi et surtout l’orpaillage illégal, dressent des perspectives d’avenir plutôt incertaines pour la filière aurifère.

    https://journals.openedition.org/echogeo/12587

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    #mad_meg #or

    • José-Maria de Heredia
      Les Conquérants de l’Or

      Après que Balboa menant son bon cheval
      Par les bois non frayés, droit, d’amont en aval,
      Eut, sur l’autre versant des Cordillères hautes,
      Foulé le chaud limon des insalubres côtes
      De l’Isthme qui partage avec ses monts géants
      La glauque immensité des deux grands Océans,
      Et qu’il eut, s’y jetant tout armé de la berge,
      Planté son étendard dans l’écume encor vierge,
      Tous les aventuriers, dont l’esprit s’enflamma,

      Rêvaient, en arrivant au port de Panama,
      De retrouver, espoir cupide et magnifique,
      Aux rivages dorés de la mer Pacifique,
      El Dorado promis qui fuyait devant eux,
      Et, mêlant avec l’or des songes monstrueux,
      De forcer jusqu’au fond de ces torrides zones
      L’âpre virginité des rudes Amazones
      Que n’avait pu dompter la race des héros,
      De renverser des dieux à têtes de taureaux
      Et de vaincre, vrais fils de leur ancêtre Hercule,
      Les peuples de l’Aurore et ceux du Crépuscule.

      Ils savaient que, bravant ces illustres périls,
      Ils atteindraient les bords où germent les béryls
      Et Doboyba qui comble, en ses riches ravines,
      Du vaste écroulement des temples en ruines,
      La nécropole d’or des princes de Zenu ;
      Et que, suivant toujours le chemin inconnu
      Des Indes, par delà les îles des Épices
      Et la terre où bouillonne au fond des précipices
      Sur un lit d’argent fin la Source de Santé,
      Ils verraient, se dressant en un ciel enchanté
      Jusqu’au zénith brûlé du feu des pierreries,
      Resplendir au soleil les vivantes féeries
      Des sierras d’émeraude et des pics de saphir
      Qui recèlent l’antique et fabuleux Ophir.

      Et quand Vasco Nuñez eut payé de sa tête
      L’orgueil d’avoir tenté cette grande conquête,
      Poursuivant après lui ce mirage éclatant,
      Malgré sa mort, la fleur des Cavaliers, portant
      Le pennon de Castille écartelé d’Autriche,
      Pénétra jusqu’au fond des bois de Côte-Riche
      À travers la montagne horrible, ou navigua
      Le long des noirs récifs qui cernent Veragua,
      Et vers l’Est atteignit, malgré de grands naufrages,
      Les bords où l’Orénoque, enflé par les orages,
      Inondant de sa vase un immense horizon,
      Sous le fiévreux éclat d’un ciel lourd de poison,
      Se jette dans la mer par ses cinquante bouches.

      Enfin cent compagnons, tous gens de bonnes souches,
      S’embarquèrent avec Pascual d’Andagoya
      Qui, poussant encor plus sa course, côtoya
      Le golfe où l’Océan Pacifique déferle,
      Mit le cap vers le Sud, doubla l’île de Perle,
      Et cingla devant lui toutes voiles dehors,
      Ayant ainsi, parmi les Conquérants d’alors,
      L’heur d’avoir le premier fendu les mers nouvelles
      Avec les éperons des lourdes caravelles.

      Mais quand, dix mois plus tard, malade et déconfit,
      Après avoir très loin navigué sans profit

      Vers cet El Dorado qui n’était qu’un vain mythe,
      Bravé cent fois la mort, dépassé la limite
      Du monde, ayant perdu quinze soldats sur vingt,
      Dans ses vaisseaux brisés Andagoya revint,
      Pedrarias d’Avila se mit fort en colère ;
      Et ceux qui, sur la foi du récit populaire,
      Hidalgos et routiers, s’étaient tous rassemblés
      Dans Panama, du coup demeurèrent troublés.

      Or les seigneurs, voyant qu’ils ne pouvaient plus guère
      Employer leur personne en actions de guerre,
      Partaient pour Mexico ; mais ceux qui, n’ayant rien,
      Étaient venus tenter aux plages de Darien,
      Désireux de tromper la misère importune,
      Ce que vaut un grand cœur à vaincre la fortune,
      S’entretenant à jeun des rêves les plus beaux,
      Restaient, l’épée oisive et la cape en lambeaux,
      Quoique tous bons marins ou vieux batteurs d’estrade,
      À regarder le flot moutonner dans la rade,
      En attendant qu’un chef hardi les commandât.
      II

      Deux ans étaient passés, lorsqu’un obscur soldat
      Qui fut depuis titré Marquis pour sa conquête,
      François Pizarre, osa présenter la requête
      D’armer un galion pour courir par-delà
      Puerto Pinas. Alors Pedrarias d’Avila
      Lui fit représenter qu’en cette conjoncture
      Il n’était pas prudent de tenter l’aventure
      Et ses dangers sans nombre et sans profit ; d’ailleurs,
      Qu’il ne lui plaisait point de voir que les meilleurs
      De tous ses gens de guerre, en entreprises folles,
      Prodiguassent le sang des veines espagnoles,
      Et que nul avant lui, de tant de Cavaliers,
      N’avait pu triompher des bois de mangliers

      Qui croisent sur ces bords leurs nœuds inextricables ;
      Que, la tempête ayant rompu vergues et câbles
      À leurs vaisseaux en vain si loin aventurés,
      Ils étaient revenus mourants, désemparés,
      Et trop heureux encor d’avoir sauvé la vie.

      Mais ce conseil ne fit qu’échauffer son envie.
      Si bien qu’avec Diego d’Almagro, par contrats,
      Ayant mis en commun leur fortune et leurs bras,
      Et don Fernan de Luque ayant fourni les sommes,
      En l’an mil et cinq cent vingt-quatre, avec cent hommes,
      Pizarre le premier, par un brumeux matin
      De novembre, montant un mauvais brigantin,
      Prit la mer, et lâchant au vent toute sa toile,
      Se fia bravement en son heureuse étoile.

      Mais tout sembla d’abord démentir son espoir.
      Le vent devint bourrasque, et jusqu’au ciel très noir
      La mer terrible, enflant ses houles couleur d’encre,
      Défonça les sabords, rompit les mâts et l’ancre,
      Et fit la triste nef plus rase qu’un radeau.
      Enfin après dix jours d’angoisse, manquant d’eau
      Et de vivres, sa troupe étant d’ailleurs fort lasse,
      Pizarre débarqua sur une côte basse.

      Au bord, les mangliers formaient un long treillis ;
      Plus haut, impénétrable et splendide fouillis

      De lianes en fleur et de vignes grimpantes,
      La berge s’élevait par d’insensibles pentes
      Vers la ligne lointaine et sombre des forêts.

      Et ce pays n’était qu’un très vaste marais.

      Il pleuvait. Les soldats, devenus frénétiques
      Par le harcèlement venimeux des moustiques
      Qui noircissaient le ciel de bourdonnants essaims,
      Foulaient avec horreur, en ces bas-fonds malsains,
      Des reptiles nouveaux et d’étranges insectes
      Ou voyaient émerger des lagunes infectes,
      Sur leur ventre écaillé se traînant d’un pied tors,
      Ces lézards monstrueux qu’on nomme alligators.
      Et quand venait la nuit, sur la terre trempée,
      Dans leurs manteaux, auprès de l’inutile épée,
      Lorsqu’ils s’étaient couchés, n’ayant pour aliment
      Que la racine amère ou le rouge piment,
      Sur le groupe endormi de ces chercheurs d’empires
      Flottait, crêpe vivant, le vol mou des vampires,
      Et ceux-là qu’ils marquaient de leurs baisers velus
      Dormaient d’un tel sommeil qu’ils ne s’éveillaient plus.

      C’est pourquoi les soldats, par force et par prière,
      Contraignirent leur chef à tourner en arrière,
      Et, malgré lui, disant un éternel adieu

      Au triste campement du port de Saint-Mathieu,
      Pizarre, par la mer nouvellement ouverte,
      Avec Bartolomé suivant la découverte,
      Sur un seul brigantin d’un faible tirant d’eau
      Repartit, et, doublant Punta de Pasado,
      Le bon pilote Ruiz eut la fortune insigne,
      Le premier des marins, d’avoir franchi la Ligne
      Et poussé plus au sud du monde occidental.

      La côte s’abaissait, et les bois de santal
      Exhalaient sur la mer leurs brises parfumées.
      De toutes parts montaient de légères fumées,
      Et les marins joyeux, accoudés aux haubans,
      Voyaient les fleuves luire en tortueux rubans
      À travers la campagne, et tout le long des plages
      Fuir des champs cultivés et passer des villages.

      Ensuite, ayant serré la côte de plus près,
      À leurs yeux étonnés parurent les forêts.

      Au pied des volcans morts, sous la zone des cendres,
      L’ébénier, le gayac et les durs palissandres,
      Jusques aux confins bleus des derniers horizons
      Roulant le flot obscur des vertes frondaisons,
      Variés de feuillage et variés d’essence,

      Déployaient la grandeur de leur magnificence ;
      Et du nord au midi, du levant au ponent,
      Couvrant tout le rivage et tout le continent,
      Partout où l’œil pouvait s’étendre, la ramure
      Se prolongeait avec un éternel murmure
      Pareil au bruit des mers. Seul, en ce cadre noir,
      Étincelait un lac, immobile miroir
      Où le soleil, plongeant au milieu de cette ombre,
      Faisait un grand trou d’or dans la verdure sombre.

      Sur le sable marneux, d’énormes caïmans
      Guettaient le tapir noir ou les roses flamants.
      Les majas argentés et les boas superbes
      Sous leurs pesants anneaux broyaient les hautes herbes,
      Ou, s’enroulant autour des troncs d’arbres pourris,
      Attendaient l’heure où vont boire les pécaris.
      Et sur les bords du lac horriblement fertile
      Où tout batracien pullule et tout reptile,
      Alors que le soleil décline, on pouvait voir
      Les fauves par troupeaux descendre à l’abreuvoir :
      Le puma, l’ocelot et les chats-tigres souples,
      Et le beau carnassier qui ne va que par couples
      Et qui par-dessus tous les félins est cité
      Pour sa grâce terrible et sa férocité,
      Le jaguar. Et partout dans l’air multicolore
      Flottait la végétale et la vivante flore ;

      Tandis que des cactus aux hampes d’aloès,
      Les perroquets divers et les kakatoès
      Et les aras, parmi d’assourdissants ramages,
      Lustraient au soleil clair leurs splendides plumages,
      Dans un pétillement d’ailes et de rayons,
      Les frêles oiseaux-mouche et les grands papillons,
      D’un vol vibrant, avec des jets de pierreries,
      Irradiaient autour des lianes fleuries.

      Plus loin, de toutes parts élancés, des halliers,
      Des gorges, des ravins, des taillis, par milliers,
      Pillant les monbins mûrs et les buissons d’icaques,
      Les singes de tout poil, ouistitis et macaques,
      Sakis noirs, capucins, trembleurs et carcajous
      Par les figuiers géants et les hauts acajous,
      Sautant de branche en branche ou pendus par leurs queues,
      Innombrables, de l’aube au soir, durant des lieues,
      Avec des gestes fous hurlant et gambadant,
      Tout le long de la mer les suivaient.

      Cependant,
      Poussé par une tiède et balsamique haleine,
      Le navire, doublant le cap de Sainte-Hélène,
      Glissa paisiblement dans le golfe d’azur
      Où, sous l’éclat d’un jour éternellement pur,
      La mer de Guayaquil, sans colère et sans lutte,

      Arrondissant au loin son immense volute,
      Frange les sables d’or d’une écume d’argent.

      Et l’horizon s’ouvrit magnifique et changeant.

      Les montagnes, dressant les neiges de leur crête,
      Coupaient le ciel foncé d’une brillante arête
      D’où s’élançaient tout droits au haut de l’éther bleu
      Le Prince du Tonnerre et le Seigneur du Feu :
      Le mont Chimborazo dont la sommité ronde,
      Dôme prodigieux sous qui la foudre gronde,
      Dépasse, gigantesque et formidable aussi,
      Le cône incandescent du vieux Cotopaxi.

      Attentif aux gabiers en vigie à la hune,
      Dans le pressentiment de sa haute fortune,
      Pizarre, sur le pont avec les Conquérants,
      Jetait sur ces splendeurs des yeux indifférents,
      Quand, soudain, au détour du dernier promontoire,
      L’équipage, poussant un long cri de victoire,
      Dans le repli du golfe où tremblent les reflets
      Des temples couverts d’or et des riches palais,
      Avec ses quais noircis d’une innombrable foule,
      Entre l’azur du ciel et celui de la houle,
      Au bord de l’Océan vit émerger Tumbez.

      Alors, se recordant ses compagnons tombés
      À ses côtés, ou morts de soif et de famine,
      Et voyant que le peu qui restait avait mine
      De gens plus disposés à se ravitailler
      Qu’à reprendre leur course, errer et batailler,
      Pizarre comprit bien que ce serait démence
      Que de s’aventurer dans cet empire immense ;
      Et jugeant sagement qu’en ce dernier effort
      Il fallait à tout prix qu’il restât le plus fort,
      Il prit langue parmi ces nations étranges,
      Rassembla beaucoup d’or par dons et par échanges,
      Et, gagnant Panama sur son vieux brigantin
      Plein des fruits de la terre et lourd de son butin,
      Il mouilla dans le port après trois ans de courses.
      Là, se trouvant à bout d’hommes et de ressources,
      Bien que fort malhabile aux manières des cours,
      Il résolut d’user d’un suprême recours
      Avant que de tenter sa dernière campagne,
      Et de Nombre de Dios s’embarqua pour l’Espagne.
      III

      Or, lorsqu’il toucha terre au port de San-Lucar,
      Il retrouva l’Espagne en allégresse, car
      L’Impératrice-Reine, en un jour très prospère,
      Comblant les vœux du prince et les désirs du père,
      Avait heureusement mis au monde l’Infant
      Don Philippe — que Dieu conserve triomphant !
      Et l’Empereur joyeux le fêtait dans Tolède.
      Là, Pizarre, accouru pour implorer son aide,
      Conta ses longs travaux et, ployant le genou,
      Lui fit en bon sujet hommage du Pérou.
      Puis ayant présenté, non sans quelque vergogne
      D’offrir si peu, de l’or, des laines de vigogne
      Et deux lamas vivants avec un alpaca,
      Il exposa ses droits. Don Carlos remarqua

      Ces moutons singuliers et de nouvelle espèce
      Dont la taille était haute et la toison épaisse ;
      Même, il daigna peser entre ses doigts royaux,
      Fort gracieusement, la lourdeur des joyaux ;
      Mais quand il dut traiter l’objet de la demande,
      Il répondit avec sa rudesse flamande :
      Qu’il trouvait, à son gré, que le vaillant Marquis
      Don Hernando Cortès avait assez conquis
      En subjuguant le vaste empire des Aztèques ;
      Et que lui-même ainsi que les saints Archevêques
      Et le Conseil étaient fermement résolus
      À ne rien entreprendre et ne protéger plus,
      Dans ses possessions des mers occidentales,
      Ceux qui s’entêteraient à ces courses fatales
      Où s’abîma jadis Diego de Nicuessa.
      Mais, à ce dernier mot, Pizarre se dressa
      Et lui dit : Que c’était chose qui scandalise
      Que d’ainsi rejeter du giron de l’Église,
      Pour quelques onces d’or, autant d’infortunés,
      Qui, dans l’idolâtrie et l’ignorance nés,
      Ne demandaient, voués au céleste anathème,
      Qu’à laver leurs péchés dans l’eau du saint baptême.
      Ensuite il lui peignit en termes éloquents
      La Cordillère énorme avec ses vieux volcans
      D’où le feu souverain, qui fait trembler la terre
      Et fondre le métal au creuset du cratère,
      Précipite le flux brûlant des laves d’or

      Que garde l’oiseau Rock qu’ils ont nommé condor.
      Il lui dit la nature enrichissant la fable ;
      D’innombrables torrents qui roulent dans leur sable
      Des pierres d’émeraude en guise de galets ;
      La chicha fermentant aux celliers des palais
      Dans des vases d’or pur pareils aux vastes jarres
      Où l’on conserve l’huile au fond des Alpujarres ;
      Les temples du Soleil couvrant tout le pays,
      Revêtus d’or, bordés de leurs champs de maïs
      Dont les épis sont d’or aussi bien que la tige
      Et que broutent, miracle à donner le vertige
      Et fait pour rendre même un Empereur pensif,
      Des moutons d’or avec leurs bergers d’or massif.

      Ce discours étonna Don Carlos, et l’Altesse,
      Daignant enfin peser avec la petitesse
      Des secours implorés l’honneur du résultat,
      Voulut que sans tarder Don François répétât,
      Par-devant Nosseigneurs du Grand Conseil, ses offres
      De dilater l’Église et de remplir les coffres.
      Après quoi, lui passant l’habit de chevalier
      De Saint-Jacque, il lui mit au cou son bon collier.
      Et Pizarre jura sur les saintes reliques
      Qu’il resterait fidèle aux rois Très-Catholiques,
      Et qu’il demeurerait le plus ferme soutien
      De l’Église Romaine et du beau nom chrétien.
      Puis l’Empereur dicta les augustes cédules

      Qui faisaient assavoir, même aux plus incrédules,
      Que, sauf les droits anciens des hoirs de l’Amiral,
      Don François Pizarro, lieutenant général
      De Son Altesse, était sans conteste et sans terme
      Seigneur de tous pays, îles et terre ferme,
      Qu’il avait découverts ou qu’il découvrirait.
      La minute étant lue et quand l’acte fut prêt
      À recevoir les seings au bas des protocoles,
      Pizarre, ayant jadis peu hanté les écoles,
      Car en Estremadure il gardait les pourceaux,
      Sur le vélin royal d’où pendaient les grands sceaux
      Fit sa croix, déclarant ne savoir pas écrire,
      Mais d’un ton si hautain que nul ne put en rire.
      Enfin, sur un carreau brodé, le bâton d’or
      Qui distingue l’Alcade et l’Alguazil Mayor
      Lui fut remis par Juan de Fonseca. La chose
      Ainsi dûment réglée et sa patente close,
      L’Adelantade, avant de reprendre la mer,
      Et bien qu’il n’en gardât qu’un souvenir amer,
      Visita ses parents dans Truxillo, leur ville,
      Puis, joyeux, s’embarqua du havre de Séville
      Avec les trois vaisseaux qu’il avait nolisés.
      Il reconnut Gomère, et les vents alizés,
      Gonflant d’un souffle frais leur voilure plus ronde,
      Entraînèrent ses nefs sur la route du monde
      Qui fit l’Espagne grande et Colomb immortel.
      IV

      Or donc, un mois plus tard, au pied du maître-autel,
      Dans Panama, le jour du noble Évangéliste
      Saint Jean, fray Juan Vargas lut au prône la liste
      De tous ceux qui montaient la nouvelle Armada
      Sous Don François Pizarre, et les recommanda.
      Puis, les deux chefs ayant entre eux rompu l’hostie,
      Voici de quelle sorte on fit la départie.

      Lorsque l’Adelantade eut de tous pris congé,
      Ce jour même, après vêpre, en tête du clergé,
      L’Évêque ayant béni l’armée avec la flotte,
      Don Bartolomé Ruiz, comme royal pilote,
      En pompeux apparat, tout vêtu de brocart,

      Le porte-voix au poing, montant au banc de quart,
      Commanda de rentrer l’ancre en la capitane
      Et de mettre la barre au vent de tramontane.
      Alors, parmi les pleurs, les cris et les adieux,
      Les soldats inquiets et les marins joyeux,
      Debout sur les haubans ou montés sur les vergues
      D’où flottait un pavois de drapeaux et d’exergues,
      Quand le coup de canon de partance roula,
      Entonnèrent en chœur l’Ave maris stella ;
      Et les vaisseaux, penchant leurs mâts aux mille flammes,
      Plongèrent à la fois dans l’écume des lames.

      La mer étant fort belle et le nord des plus frais,
      Leur voyage fut prompt, et sans souffrir d’arrêts
      Ou pour cause d’aiguade ou pour raison d’escale,
      Courant allègrement par la mer tropicale,
      Pizarre saluait avec un mâle orgueil,
      Comme d’anciens amis, chaque anse et chaque écueil.
      Bientôt il vit, vainqueur des courants et des calmes,
      Monter à l’horizon les verts bouquets de palmes
      Qui signalent de loin le golfe, et débarquant,
      Aux portes de Tumbez il vint planter son camp.
      Là, s’abouchant avec les Caciques des villes,
      Il apprit que l’horreur des discordes civiles
      Avait ensanglanté l’Empire du Soleil ;
      Que l’orgueilleux bâtard Atahuallpa, pareil
      À la foudre, rasant villes et territoires,

      Avait conquis, après de rapides victoires,
      Cuzco, nombril du monde, où les Rois, ses aïeux,
      Dieux eux-mêmes, siégeaient parmi les anciens Dieux,
      Et qu’il avait courbé sous le joug de l’épée
      La terre de Manco sur son frère usurpée.

      Aussitôt, s’éloignant de la côte à grands pas,
      À travers le désert sablonneux des pampas,
      Tout joyeux de mener au but ses vieilles bandes,
      Pizarre commença d’escalader les Andes.

      De plateaux en plateaux, de talus en talus,
      De l’aube au soir allant jusqu’à n’en pouvoir plus,
      Ils montaient, assaillis de funèbres présages.
      Rien n’animait l’ennui des mornes paysages.
      Seul, parfois, ils voyaient miroiter au lointain
      Dans sa vasque de pierre un lac couleur d’étain.
      Sous un ciel tour à tour glacial et torride,
      Harassés et tirant leurs chevaux par la bride,
      Ils plongeaient aux ravins ou grimpaient aux sommets ;
      La montagne semblait prolonger à jamais,
      Comme pour épuiser leur marche errante et lasse,
      Ses gorges de granit et ses crêtes de glace.
      Une étrange terreur planait sur la sierra
      Et plus d’un vieux routier dont le cœur se serra
      Pour la première fois y connut l’épouvante.
      La terre sous leurs pas, convulsive et mouvante,

      Avec un sourd fracas se fendait, et le vent,
      Au milieu des éclats de foudre, soulevant
      Des tourmentes de neige et des trombes de grêles,
      Se lamentait avec des voix surnaturelles.
      Et roidis, aveuglés, éperdus, les soldats,
      Cramponnés aux rebords à pic des quebradas,
      Sentaient sous leurs pieds lourds fuir le chemin qui glisse.
      Sur leurs fronts la montagne était abrupte et lisse,
      Et plus bas, ils voyaient, dans leurs lits trop étroits,
      Rebondissant le long des bruyantes parois,
      Aux pointes des rochers qu’un rouge éclair allume,
      Se briser les torrents en poussière d’écume.
      Le vertige, plus haut, les gagna. Leurs poumons
      Saignaient en aspirant l’air trop subtil des monts,
      Et le froid de la nuit gelait la triste troupe.
      Tandis que les chevaux, tournant en rond leur croupe,
      L’un sur l’autre appuyés, broutaient un chaume ras,
      Les soldats, violant les tombeaux Aymaras,
      En arrachaient les morts cousus dans leurs suaires
      Et faisaient de grands feux avec ces ossuaires.

      Pizarre seul n’était pas même fatigué.
      Après avoir passé vingt rivières à gué,
      Traversé des pays sans hameaux ni peuplade,
      Souffert le froid, la faim, et tenté l’escalade
      Des monts les plus affreux que l’homme ait mesurés,
      D’un regard, d’une voix et d’un geste assurés,

      Au cœur des moins hardis il soufflait son courage ;
      Car il voyait, terrible et somptueux mirage,
      Au feu de son désir briller Caxamarca.

      Enfin, cinq mois après le jour qu’il débarqua,
      Les pics de la sierra lui tenant lieu de phare,
      Il entra, les clairons sonnant tous leur fanfare,
      À grand bruit de tambours et la bannière au vent,
      Sur les derniers plateaux, et poussant en avant,
      Sans laisser aux soldats le temps de prendre haleine,
      En hâte, il dévala le chemin de la plaine.
      V

      Au nombre de cent six marchaient les gens de pied.
      L’histoire a dédaigné ces braves, mais il sied
      De nommer par leur nom, qu’il soit noble ou vulgaire,
      Tous ceux qui furent chefs en cette illustre guerre
      Et de dire la race et le poil des chevaux,
      Ne pouvant, au récit de leurs communs travaux,
      Ranger en même lieu que des bêtes de somme
      Ces vaillants serviteurs de tout bon gentilhomme.

      Voici. Soixante et deux cavaliers hidalgos
      Chevauchent, par le sang et la bravoure égaux,
      Autour des plis d’azur de la royale enseigne
      Où près du château d’or le pal de gueules saigne

      Et que brandit, suivant le chroniqueur Xerez,
      Le fougueux Gabriel de Rojas, l’alferez,
      Dont le pourpoint de cuir bordé de cannetilles
      Est gaufré du royal écu des deux Castilles,
      Et qui porte à sa toque en velours d’Aragon
      Un saint Michel d’argent terrassant le dragon.
      Sa main ferme retient ce fameux cheval pie
      Qui s’illustra depuis sous Carbajal l’Impie ;
      Cet andalou de race arabe, et mal dompté,
      Qui mâche en se cabrant son mors ensanglanté
      Et de son dur sabot fait jaillir l’étincelle,
      Peut dépasser, ayant son cavalier en selle,
      Le trait le plus vibrant que saurait décocher
      Du nerf le mieux tendu le plus vaillant archer.

      À l’entour de l’enseigne en bon ordre se groupe,
      Poudroyant au soleil, tout le gros de la troupe :
      C’est Juan de la Torre ; Cristobal Peralta,
      Dont la devise est fière : Ad summum per alta ;
      Le borgne Domingo de Serra-Luce ; Alonze
      De Molina, très brun sous son casque de bronze ;
      Et François de Cuellar, gentilhomme andalous,
      Qui chassait les Indiens comme on force des loups ;
      Et Mena qui, parmi les seigneurs de Valence,
      Était en haut renom pour manier la lance.
      Ils s’alignent, réglant le pas de leurs chevaux
      D’après le train suivi par leurs deux chefs rivaux,

      Del Barco qui, fameux chercheur de terres neuves,
      Avec Orellana descendit les grands fleuves,
      Et Juan de Salcedo qui, fils d’un noble sang,
      Quoique sans barbe encor, galope au premier rang.
      Sur un bravo étalon cap de more qui fume
      Et piaffe, en secouant son frein blanchi d’écume.

      Derrière, tout marris de marcher sur leurs pieds,
      Viennent les démontés et les estropiés.
      Juan Forès pique en vain d’un carreau d’arbalète
      Un vieux rouan fourbu qui bronche et qui halète ;
      Ribera l’accompagne, et laisse à l’abandon
      Errer distraitement la bride et le bridon
      Au col de son bai brun qui boite d’un air morne,
      S’étant, faute de fers, usé toute la corne.
      Avec ces pauvres gens marche don Pèdre Alcon,
      Lequel en son écu porte d’or au faucon
      De sable, grilleté, chaperonné de gueules ;
      Ce vieux seigneur jadis avait tourné les meules
      Dans Grenade, du temps qu’il était prisonnier
      Des mécréants. Ce fut un bon pertuisanier.

      Ainsi bien escortés, à l’amble de leurs deux mules
      Fort pacifiquement s’en vont les deux émules :
      Requelme, le premier, comme bon Contador,
      Reste silencieux, car le silence est d’or ;

      Quant au licencié Gil Tellez, le Notaire,
      Il dresse en son esprit le futur inventaire,
      Tout prêt à prélever, au taux juste et légal,
      La part des Cavaliers après le Quint Royal.

      Or, quelques fourrageurs restés sur les derrières,
      Pour rejoindre leurs rangs, malgré les fondrières,
      À leurs chevaux lancés ayant rendu la main,
      Et bravant le vertige et brûlant le chemin,
      Par la montagne à pic descendaient ventre à terre.
      Leur galop furieux fait un bruit de tonnerre.
      Les voici : bride aux dents, le sang aux éperons,
      Dans la foule effarée, au milieu des jurons,
      Du tumulte, des cris, des appels à l’Alcade,
      Ils débouchent. Le chef de cette cavalcade,
      Qui, d’aspect arrogant et vêtu de brocart,
      Tandis que son cheval fait un terrible écart,
      Salue Alvar de Paz qui devant lui se range,
      En balayant la terre avec sa plume orange,
      N’est autre que Fernan, l’aîné, le plus hautain
      Des Pizarre, suivi de Juan, et de Martin
      Qu’on dit d’Alcantara, leur frère par le ventre.
      Briceño qui, depuis, se fit clerc et fut chantre
      À Lima, n’étant pas très habile écuyer,
      Dans cette course folle a perdu l’étrier,
      Et, voyant ses amis déjà loin, se dépêche
      Et pique sa jument couleur de fleur de pêche.

      Le brave Antonio galope à son côté ;
      Il porte avec orgueil sa noble pauvreté,
      Car, s’il a pour tout bien l’épée et la rondache,
      Son cimier héraldique est ceint des feuilles d’ache
      Qui couronnent l’écu des ducs de Carrion.

      Ils passent, soulevant un poudreux tourbillon.

      À leurs cris, un seigneur, de ceux de l’avant-garde,
      S’arrête, et, retournant son cheval, les regarde.
      Il monte un genet blanc dont le caparaçon
      Est rouge, et pour mieux voir se penche sur l’arçon.
      C’est le futur vainqueur de Popayan. Sa taille
      Est faite pour vêtir le harnois de bataille.
      Beau comme un Galaor et fier comme un César,
      Il marche en tête, ayant pour nom Benalcazar.
      Près d’Oreste voici venir le bon Pylade :
      Très basané, le chef coiffé de la salade,
      Il rêve, enveloppé dans son large manteau ;
      C’est le vaillant soldat Hernando de Soto
      Qui, rude explorateur de la zone torride,
      Découvrira plus tard l’éclatante Floride
      Et le père des eaux, le vieux Meschacébé.
      Cet autre qui, casqué d’un morion bombé,
      Boucle au cuir du jambard la lourde pertuisane
      En flattant de la voix sa jument alezane,
      C’est l’aventurier grec Pedro de Candia,

      Lequel ayant brûlé dix villes, dédia,
      Pour expier ces feux, dix lampes à la Vierge.
      Il regarde, au sommet dangereux de la berge,
      Caracoler l’ardent Gonzalo Pizarro,
      Qui depuis, à Lima, par la main du bourreau,
      Ainsi que Carbajal, eut la tête branchée
      Sur le gibet, après qu’elle eut été tranchée
      Aux yeux des Cavaliers qui, séduits par son nom,
      Dans Cuzco révolté haussèrent son pennon.
      Mais lui, bien qu’à son roi déloyal et rebelle,
      Étant bon hidalgo, fit une mort très belle.

      À quelques pas, l’épée et le rosaire au flanc,
      Portant sur les longs plis de son vêtement blanc
      Un scapulaire noir par-dessus le cilice
      Dont il meurtrit sa chair et dompte sa malice,
      Chevauche saintement l’ennemi des faux dieux,
      Le très savant et très miséricordieux
      Moine dominicain fray Vincent de Valverde
      Qui, tremblant qu’à jamais leur âme ne se perde
      Et pour l’éternité ne brûle dans l’Enfer,
      Fit périr des milliers de païens par le fer
      Et les auto-da-fés et la hache et la corde,
      Confiant que Jésus, en sa miséricorde,
      Doux rémunérateur de son pieux dessein,
      Recevrait ces martyrs ignorants dans son sein.

      Enfin, les précédant de dix longueurs de vare,
      Et le premier de tous, marche François Pizarre.

      Sa cape, dont le vent a dérangé les plis,
      Laisse entrevoir la cotte et les brassards polis ;
      Car, seul parmi ces gens, pourtant de forte race,
      Qui tous avaient quitté l’acier pour la cuirasse
      De coton, il gardait, sous l’ardeur du Cancer,
      Sans en paraître las, son vêtement de fer.

      Son barbe cordouan, rétif, faisait des voltes
      Et hennissait ; et lui, châtiant ces révoltes,
      Laissait parfois sonner contre ses flancs trop prompts
      Les molettes d’argent de ses lourds éperons,
      Mais sans plus s’émouvoir qu’un cavalier de pierre,
      Immobile, et dardant de sa sombre paupière
      L’insoutenable éclat de ses yeux de gerfaut.

      Son cœur aussi portait l’armure sans défaut
      Qui sied aux conquérants, et, simple capitaine,
      Il caressait déjà dans son âme hautaine
      L’espoir vertigineux de faire, tôt ou tard,
      Un manteau d’Empereur des langes du bâtard.
      VI

      Ainsi précipitant leur rapide descente
      Par cette route étroite, encaissée et glissante,
      Depuis longtemps, suivant leur chef, et, sans broncher,
      Faisant rouler sous eux le sable et le rocher,
      Les hardis cavaliers couraient dans les ténèbres
      Des défilés en pente et des gorges funèbres
      Qu’éclairait par en haut un jour terne et douteux ;
      Lorsque, subitement, s’effondrant devant eux,
      La montagne s’ouvrit sur le ciel comme une arche
      Gigantesque, et, surpris au milieu de leur marche
      Et comme s’ils sortaient d’une noire prison,
      Dans leurs yeux aveuglés l’espace, l’horizon,

      L’immensité du vide et la grandeur du gouffre
      Se mêlèrent, abîme éblouissant. Le soufre,
      L’eau bouillante, la lave et les feux souterrains,
      Soulevant son échine et crevassant ses reins,
      Avaient ouvert, après des siècles de bataille,
      Au flanc du mont obscur cette splendide entaille.

      Et, la terre manquant sous eux, les Conquérants
      Sur la corniche étroite ayant serré leurs rangs,
      Chevaux et cavaliers brusquement firent halte.

      Les Andes étageaient leurs gradins de basalte,
      De porphyre, de grès, d’ardoise et de granit,
      Jusqu’à l’ultime assise où le roc qui finit
      Sous le linceul neigeux n’apparaît que par place.
      Plus haut, l’âpre forêt des aiguilles de glace
      Fait vibrer le ciel bleu par son scintillement ;
      On dirait d’un terrible et clair fourmillement
      De guerriers cuirassés d’argent, vêtus d’hermine,
      Qui campent aux confins du monde, et que domine
      De loin en loin, colosse incandescent et noir,
      Un volcan qui, dressé dans la splendeur du soir,
      Hausse, porte-étendard de l’hivernal cortège,
      Sa bannière de feu sur un peuple de neige.

      Mais tous fixaient leurs yeux sur les premiers gradins
      Où, près des cours d’eau chaude, au milieu des jardins,
      Ils avaient vu, dans l’or du couchant éclatantes,
      Blanchir à l’infini, les innombrables tentes
      De l’Inca, dont le vent enflait les pavillons ;
      Et de la solfatare en de tels tourbillons
      Montaient confusément d’épaisses fumerolles,
      Que dans cette vapeur, couverts de banderoles,
      La plaine, les coteaux et le premier versant
      De la montagne avaient un aspect très puissant.

      Et tous les Conquérants, dans un morne silence,
      Sur le col des chevaux laissant pendre la lance,
      Ayant considéré mélancoliquement
      Et le peu qu’ils étaient et ce grand armement,
      Pâlirent. Mais Pizarre, arrachant la bannière
      Des mains de Gabriel Rojas, d’une voix fière :
      Pour Don Carlos, mon maître, et dans son Nom Royal,
      Moi, François Pizarro, son serviteur loyal,
      En la forme requise et par-devant Notaire,
      Je prends possession de toute cette terre ;
      Et je prétends de plus que si quelque rival
      Osait y contredire, à pied comme à cheval,
      Je maintiendrai mon droit et laverai l’injure ;
      Et par mon saint patron, Don François, je le jure ! —

      Et ce disant, d’un bras furieux, dans le sol
      Qui frémit, il planta l’étendard espagnol
      Dont le vent des hauteurs qui soufflait par rafales
      Tordit superbement les franges triomphales.

      Cependant les soldats restaient silencieux,
      Éblouis par la pompe imposante des cieux.

      Car derrière eux, vers l’ouest, où sans fin se déroule
      Sur des sables lointains la Pacifique houle,
      En une brume d’or et de pourpre, linceul
      Rougi du sang d’un Dieu, sombrait l’antique Aïeul
      De Celui qui régnait sur ces tentes sans nombre.
      En face, la sierra se dressait haute et sombre.
      Mais quand l’astre royal dans les flots se noya,
      D’un seul coup, la montagne entière flamboya
      De la base au sommet, et les ombres des Andes,
      Gagnant Caxamarca, s’allongèrent plus grandes.
      Et tandis que la nuit, rasant d’abord le sol,
      De gradins en gradins haussait son large vol,
      La mourante clarté, fuyant de cime en cime,
      Fit resplendir enfin la crête plus sublime ;
      Mais l’ombre couvrit tout de son aile. Et voilà
      Que le dernier sommet des pics étincela,

      Puis s’éteignit.

      Alors, formidable, enflammée
      D’un haut pressentiment, tout entière, l’armée,
      Brandissant ses drapeaux sur l’occident vermeil,
      Salua d’un grand cri la chute du Soleil.

      https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Conqu%C3%A9rants_de_l%E2%80%99Or

    • Question @simplicissimus
      En cherchant l’ideogramme chinois pour l’or, j’ai trouvé un symbole de « triple or »

      https://fr.wiktionary.org/wiki/%E9%91%AB
      mais il n’y a pas de traduction ni définition pour ce signe. Gogol translate traduit par Xin et Xin veut dire nouveau, mais j’ai un doute.
      Est-ce que tu sait si un triple or fait un nouveau mot qui n’a pas de rapport direct à l’or ou est ce que ca veux dire qu’il y a trois fois plus d’or dans cet or ?

    • Merci @mad_meg de ta grande confiance en mes capacités ! et, surtout, merci de mobiliser ma curiosité qui ne demande que cela…

      Je ne suis pas sinisant, mais un peu de recherche en partant de ton idéogramme me donne des éléments de réponse. Apparemment, différents idéogrammes retranscrivent le même son, transcrit xīn (et parfois jīn, avec la même prononciation…, le trait horizontal, dont le nom typographique est un #macron est la marque du premier ton (haut et long dixit WP https://fr.wikipedia.org/wiki/Macron_(diacritique)#Transcription_du_chinois )

      cf. gg:translate (à l’écoute du robot qui prononce ces trois idéogrammes, je ne perçois pas vraiment de différence)
      https://translate.google.fr/#zh-CN/fr/金%0A鑫%0A新

      D’après Chine nouvelle et son dictionnaire (Xinhua, justement l’un des xin, comme pour Xin Jiang (ex-Sinkiang dans les transcriptions françaises anciennes)

      • 金 : or

      • 鑫 : ton « triple or », signifiant prospère (et pas d’autre info, si ce n’est que ce caractère est très utilisé pour les noms de commerce…)

      • 新 : nouveau

      Au passage, je trouve les articles de Chine nouvelle particulièrement bien faits… et tu peux apprendre à l’écrire (semble-t-il çar le lien demande une connexion à son compte gmail…)

      https://www.chine-nouvelle.com/outils/dictionnaire.html

    • De mon point de vue, un incontournable : L’Or de Blaise Cendrars

      L’Or (roman) — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Or_(roman)

      L’Or (sous-titré La Merveilleuse Histoire du général Johann August Suter) est un roman de Blaise Cendrars paru chez Grasset en 1925. C’est le premier roman publié par son auteur, connu jusqu’alors pour ses poèmes (Les Pâques à New York, la Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France) et ses collaborations avec les peintres dans les milieux d’avant-garde.

    • Merci @simplicissimus j’étais sur que tu saurais résoudre cette énigme du « triple or » j’avais vu en effet beaucoup de logos commerciaux avec ce signe. Pour L’Or de Cendras je l’avais lu dans ma jeunesse mais je m’en souviens pas très bien, je vais voir si je te retrouve dans mes livres pour m’y replongé car c’est le moment de m’y mettre vu ma thématique actuelle.
      Et merci aussi pour le lien vers les mines sauvages des indiens du venezuela. Je vais regarder ca de près, ainsi que ce macron que j’ai pas bien compris ce que c’est ^^

    • Sinon sur l’or ca me fait toujours pensé à ce passage du deuxième chant de Maldoror - je pense pas l’utilisé mais j’en profite pour le collé ici

      Un jour, donc, fatigué de talonner du pied le sentier abrupte du voyage terrestre, et de m’en aller, en chancelant comme un homme ivre, à travers les catacombes obscures de la vie, je soulevai avec lenteur mes yeux spleenétiques, cernés d’un grand cercle bleuâtre, vers la concavité du firmament, et j’osai pénétrer, moi, si jeune, les mystères du ciel ! Ne trouvant pas ce que je cherchais, je soulevai la paupière effarée plus haut, plus haut encore, jusqu’à ce que j’aperçusse un trône, formé d’excréments humains et d’or, sur lequel trônait, avec un orgueil idiot, le corps recouvert d’un linceul fait avec des draps non lavés d’hôpital, celui qui s’intitule lui-même le Créateur ! Il tenait à la main le tronc pourri d’un homme mort, et le portait, alternativement, des yeux au nez et du nez à la bouche ; une fois à la bouche, on devine ce qu’il en faisait. Ses pieds plongeaient dans une vaste mare de sang en ébullition, à la surface duquel s’élevaient tout à coup, comme des ténias à travers le contenu d’un pot de chambre, deux ou trois têtes prudentes, et qui s’abaissaient aussitôt, avec la rapidité de la flèche : un coup de pied, bien appliqué sur l’os du nez, était la récompense connue de la révolte au règlement, occasionnée par le besoin de respirer un autre milieu ; car, enfin, ces hommes n’étaient pas des poissons ! Amphibies tout au plus, ils nageaient entre deux eaux dans ce liquide immonde !… jusqu’à ce que, n’ayant plus rien dans la main, le Créateur, avec les deux premières griffes du pied, saisît un autre plongeur par le cou, comme dans une tenaille, et le soulevât en l’air, en dehors de la vase rougeâtre, sauce exquise ! Pour celui-là, il faisait comme pour l’autre. Il lui dévorait d’abord la tête, les jambes et les bras, et en dernier lieu le tronc, jusqu’à ce qu’il ne restât plus rien ; car, il croquait les os. Ainsi de suite, durant les autres heures de son éternité. Quelquefois il s’écriait : « Je vous ai créés ; donc j’ai le droit de faire de vous ce que je veux. Vous ne m’avez rien fait, je ne dis pas le contraire. Je vous fais souffrir, et c’est pour mon plaisir. » Et il reprenait son repas cruel, en remuant sa mâchoire inférieure, laquelle remuait sa barbe pleine de cervelle.

      https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Chants_de_Maldoror/Chant_II

    • Encore une question pour @simplicissimus ou toute personne qui aurais des infos là dessus.
      Dans un interview sur la chaine Thinkerview mais je ne sais plus laquelle, le mec qui fait les entretiens dit que la Chine constituerait un stock d’or de manière à pouvoir étaloné le yuan sur l’or et prendre ainsi le dessus sur le dollar et faire du yuan la nouvelle monnaie de référence. J’en sais pas plus, mais si quelqu’un·e à des infos là dessus, ou sur cette rumeur, je suis prenneuse.
      Merci

      sur gogol j’ai trouver quelques infos de 2017 mais je sais pas ce que ca vaut
      https://www.loretlargent.info/crise/la-chine-adossera-le-yuan-%E5%85%83-a-l%E2%80%99or/7762
      https://www.businessbourse.com/2017/12/13/letalon-or-russo-chinois-signifie-fin-de-domination-dollar-americain
      https://medium.com/@Pierre_Paperon/alibaba-et-un-standard-mon%C3%A9taire-le-yuan-or-419b578c58d7
      https://blogs.mediapart.fr/jean-paul-baquiast/blog/170917/le-brics-prepare-la-mise-en-place-dun-nouvel-etalon-or

    • Une histoire de la ruée vers l’or, en Californie, à partir de 1848
      https://www.youtube.com/watch?v=XKxVyBo9jek

      Effondrement minier survenu sur la mine d’Elura située à 600 km à l’ouest-nord-ouest de Sydney, qui exploitait un gisement découvert dans les années 1970. Les mineurs y extrayaient de l’or, de l’argent, de l’ilménite, du leucoxène (altération de l’ilménite1), du zircon, du cuivre, du zinc et du plomb. L’effondrement s’est heureusement produit peu après le retrait des mineurs (et du matériel de chantier).

    • Dans l’Aude, la vallée de l’Orbiel minée par une pollution à l’arsenic
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/05/dans-l-aude-la-vallee-de-l-orbiel-minee-par-une-pollution-a-l-arsenic_539270
      #paywall je vais voire si il y a d’autres sources sur ce sujet.

      https://www.lindependant.fr/2018/11/14/pollution-a-larsenic-dans-lorbiel-suite-aux-intemperies-trois-associati
      –—

      https://www.lindependant.fr/2014/08/02/cet-arsenic-qui-empoisonne-la-vie-de-la-vallee-de-l-orbiel,1914128.php

      La préfecture a reconduit le 8 juillet un arrêté de 1997 interdisant la mise sur le marché des légumes-feuilles, légumes-racines, de thym ou d’escargots issus de huit communes.

      Le triste rituel est reconduit, chaque année, à de rares exceptions près, depuis 1997. Le 8 juillet, le préfet de l’Aude Louis Le Franc a, comme ses prédécesseurs, signé l’arrêté « portant suspension de la mise sur le marché des légumes feuilles, des légumes racines, des poireaux cultivés, du thym et des escargots ramassés dans la vallée de l’Orbiel, de ses environs et du site industriel de Salsigne ».

      C’est, comme pour les arrêtés des années passées, à de multiples analyses effectuées de 1997 à 2007 sur les végétaux que se réfère la préfecture. Arsenic, plomb, cadmium, mercure, voilà les éléments dont des « concentrations supérieures aux teneurs au-delà desquelles la sécurité des populations ne peut être garantie » ont été détectées.

      De quoi justifier ces suspensions de mise sur le marché des carottes, navets, choux, épinards, salades, mâche, blette, céleris branches et autres poireaux « cultivés sur des parcelles inondables, irriguées ou arrosées par des eaux en provenance de l’Orbiel et de ses affluents » : Villanière, Villardonnel, Conques-sur-Orbiel, Salsigne, Lastours et Villalier sont visées. Même mesure, donc, pour le thym et les escargots, avec une liste de villages concernés à laquelle viennent se rajouter Fournes-Cabardès et Limousis.

      –-----
      La mine d’or de Salsigne est un des sites les plus pollué en France.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Mine_d%27or_de_Salsigne

    • Un bouquin sur le sujet signalé par @vanderling ;
      Ni or ni maître. Montagne d’or et consorts


      https://seenthis.net/messages/828122

      –—
      Au fait j’ai fait ce dessin il y a un bon moment mais il n’a pas encore été exposé et j’ai pas encore fait l’appli.
      J’ai pour le moment seulement un aperçu.

    • Merci @vanderling :)
      il fait 140x220cm
      –---

      RÉVÉLATIONS - FRANÇAFRIQUE : PARFUM DE CORRUPTION EN GUINÉE

      https://www.youtube.com/watch?v=j_whCfWEOds

      Un projet français capable de séduire des pontes du CAC 40 pour exploiter une mine de bauxite en Guinée tourne au vinaigre : entre paradis fiscaux et corruption, dictature tropicale et néocolonialisme, récit d’un incroyable scandale, au cœur d’une Françafrique qui ne veut pas mourir.

      L’enquête de Thomas Dietrich : https://www.lemediatv.fr/articles/enquetes/revelations-francafrique-parfum-de-corruption-en-guinee-KYxpRbuCQLyo39-sS5

  • Des militants de #Greenpeace abordent un navire transportant de l’#huile_de_palme

    Les activistes, dont certains sont originaires d’Indonésie, pays particulièrement concerné par le défrichage pour la culture de palmiers, sont retenus par le capitaine du bateau.


    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/11/17/des-militants-de-greenpeace-abordent-un-navire-transportant-de-l-huile-de-pa
    #résistance
    ping @odilon

  • Incendies en Californie : les compagnies d’électricité en accusation
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/11/16/incendies-en-californie-les-compagnies-d-electricite-en-accusation_5384627_3

    Betsy Cowley vit à Pulga, un hameau à proximité de l’endroit où a été signalé le départ du feu. Elle affirme que, la veille, des ouvriers étaient venus vérifier les lignes de transmission, soupçonnées de provoquer des départs de feu. « Il faut mettre la compagnie devant ses #responsabilités. Elle ne peut pas se contenter d’augmenter ses tarifs. Ou alors qu’elle parte et qu’on passe à l’énergie solaire », dénonce-t-elle.[...]

    En 2017, les autorités californiennes ont établi que les équipements de PG & E, pylones et lignes, étaient fautifs dans 17 des 21 incendies les plus importants intervenus à l’automne. Huit de ces incidents ont été déférés à la justice. Pg & E répond systématiquement qu’elle n’a pas à porter le coût d’incidents aggravés par la #sécheresse et le #changement_climatique. Un rapport de la commission californienne de supervision du secteur énergétique, qui enquête depuis trois ans sur la gestion des risques à PG & E, est attendu avant la fin de l’année.

    #Californie #incendies #électricité #négligence

    • Les compagnies d’électricité californiennes ont bon dos !

      La Californie, un laboratoire d’expérimentation du Capitalisme, dans toute sa splendeur !
      Relire Blaise Cendras, L’or.
      La Californie, c’est l’American Dream.

      La nature supporte pas.

      L’état américain des ultra-riches !
      Silicon valley, Hollywood, etc. . .

      Le progrès idéalisé de la société capitaliste ! L’appât du gain du Corporate Power.
      Les plus grosses fortunes dans leurs luxueuses résidences ensoleillées et les pauvretés les plus immondes au point du fait des défécations de ses sans-abris, c’est ça la Californie.

      Une quintessence de l’évolution de l’Amérique.
      La communauté des beaux esprits, ceux de la création de la bombe atomique, de l’informatique, en récupérant les spécialistes allemands.
      La Californie brûle, elle récupère la façon dont elle a traité la Nature.

      Faut il pleurer sur les milliardaires qui voient bruler leurs villas à malibu, à Paradise ?
      Terrible l’exode des stars que nous imposent les #merdias !

      L’activité forcenée d’exploitation, l’appât du gain détruisent la Californie, qui l’a bien cherché.

  • La lente prise de conscience du poids de l’#argent sur la #recherche

    Les questionnements sur l’impact des #liens_d’intérêts sur les travaux scientifiques remontent à une trentaine d’années.

    L’utilisation de la science par des #intérêts_privés est l’une des thématiques centrales de #Lobbytomie, le livre-enquête de notre collaboratrice #Stéphane_Horel, qui paraît jeudi 11 octobre aux éditions La Découverte (368 pages, 21,50 euros). Dans le monde académique, l’intérêt suscité par cette question – les liens d’intérêts agissent-ils sur la science ? – est récent : il ne remonte qu’à un peu plus de trois décennies. Singulièrement depuis le début des années 1990, un nombre croissant de chercheurs en sociologie et en histoire des sciences, mais aussi en nutrition, en toxicologie ou en épidémiologie, s’engagent dans des travaux visant à réexaminer les résultats ou les orientations de ces disciplines au prisme des financements et des conflits d’intérêts.
    "L’une des premières tentatives de répondre scientifiquement à la question de savoir si le financement d’une étude pouvait avoir un impact sur son résultat a été une étude publiée au milieu des années 1980 dans laquelle un chercheur, Richard Davidson, a divisé en deux groupes toutes les études cliniques comparant différentes thérapies, avec d’un côté celles financées par l’industrie, et de l’autre côté, toutes les autres, raconte Sheldon Krimsky, professeur à la Tufts University de Boston (Etats-Unis), le premier à avoir formalisé la notion de « biais de financement » (funding effect en anglais) et auteur d’un ouvrage pionnier sur le sujet (La Recherche face aux intérêts privés, Les Empêcheurs de penser en rond, 2004). Sa conclusion était que les travaux sponsorisés par les industriels différaient dans leurs résultats de ceux financés par d’autres sources."
    Difficile à accepter par de nombreux chercheurs ou médecins, l’idée que la science n’est pas nécessairement souveraine a été très tôt mise à profit par divers intérêts privés. De nombreux travaux d’histoire des sciences montrent sans ambiguïté, à partir d’archives industrielles, que les secteurs du sucre, de la viande, et surtout les grands cigarettiers, ont cherché avec succès, dès les années 1950 et 1960, à peser sur la science.
    « Nombreuses réticences »
    En 1978, dans leur livre The Regulation Game (Ballinger Publishing, non traduit), deux économistes spécialistes de la régulation des entreprises, Bruce Owen et Ronald Braeutigam, expliquent déjà sans fard que « les manœuvres tactiques de #lobbying les plus efficaces » sont « d’identifier les principaux experts dans chaque domaine de recherche pertinent, et de les recruter comme consultants, conseillers, ou de leur offrir des financements de recherche ». « Cela requiert un minimum de finesse et ne doit pas être trop flagrant, de manière à ce que les experts eux-mêmes soient incapables de réaliser qu’ils ont perdu leur objectivité et leur liberté d’action », poursuivaient-ils.
    « Il a fallu attendre le milieu des années1980 pour qu’une revue savante, le New England Journal of Medicine, décide de demander aux auteurs des études qu’elle publiait de déclarer leurs liens d’intérêts, explique Sheldon Krimsky. Mais les réticences ont été nombreuses, y compris dans les revues les plus prestigieuses ! » Et le mouvement est singulièrement lent. En février 1997, la revue Nature publie un éditorial annonçant qu’elle évitera de sombrer dans « le financièrement correct » et qu’elle ne demandera pas aux scientifiques qu’elle publie de déclarer leurs liens d’intérêts.
    La science, dit en substance l’éditeur de Nature, est au-dessus de cela. Quatre années plus tard, la célèbre revue britannique mange son chapeau jusqu’à la dernière couture : dans un éditorial d’une pleine page, elle annonce qu’à compter du 1er octobre 2001, elle demandera aux scientifiques qui souhaitent publier dans ses pages, de remplir un formulaire de déclaration d’intérêts.
    Entre ces deux éditoriaux antagonistes, la divulgation par la justice fédérale américaine des « tobacco documents » – ces millions de documents internes prélevés dans les quartiers généraux de Philip Morris, Lorillard, Brown & Williamson ou British American Tobacco – a crûment dévoilé l’ampleur et la sophistication des campagnes menées par les grands cigarettiers pour instrumentaliser la science en la finançant généreusement.
    Les premières analyses de cette immense documentation, publiées par le cardiologue Stanton Glantz (université de Californie à San Francisco, Etats-Unis) montrent comment l’industrie cigarettière est parvenue, pendant quatre décennies, à créer artificiellement du dissensus dans la littérature scientifique et ainsi alimenter le doute sur les dangers du tabac, à troubler la perception des vrais risques posés par la cigarette en détournant l’attention vers d’autres causes de maladie, à fabriquer de toutes pièces des éléments permettant de faire accroire au public la possibilité de bénéfices sanitaires liés à la cigarette, etc. Dans le monde académique, ces révélations sont un choc.
    L’une des études les plus célèbres montrant, à partir des tobacco documents, toute l’ampleur des effets produits par le financement des chercheurs a été publiée en 1998 par Lisa Bero et Deborah Barnes, alors chercheuses à l’université de Californie à San Francisco, dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Les deux scientifiques ont rassemblé les 106 études alors disponibles sur les effets du tabagisme passif : 39 montraient que la fumée ambiante ne présentait pas de danger et 67 concluaient à l’inverse. Pourquoi ?
    Les preuves s’accumulent
    Les auteures ont examiné tous les critères possibles permettant d’expliquer ces différences : année de la publication, taille des échantillons, nature des effets délétères recherchés, etc. Las ! « Le seul facteur permettant de prédire les conclusions d’une étude était le fait que l’un des auteurs soit ou non affilié à l’industrie du tabac », écrivent-elles. L’accès, dans les tobacco documents, aux listes de chercheurs financés par l’industrie du tabac permettait soudain de porter un regard rétrospectif sur leur production. Et de mesurer la manière dont ils avaient pesé, des années durant, sur les grandes controverses liées à la cigarette.
    Depuis, les preuves de l’effet de financement s’accumulent. La pharmacie, le sucre, les biotechnologies, les pesticides, la pétrochimie… tous ces secteurs pèsent lourdement, ou ont pesé, à des degrés divers, sur la façon dont la connaissance et la réglementation se construisent – un fait désormais consensuel dans la communauté scientifique travaillant sur le sujet. Pourtant, dans le monde de l’expertise au sens large, cette idée peine à faire son chemin : « J’ai participé à beaucoup de groupes d’expertise, raconte Sheldon Krimsky. Mais je n’ai jamais vu un expert se déporter spontanément en raison de ses liens d’intérêts, de ses participations financières, etc. Beaucoup sont encore persuadés d’être au-dessus de cela. »


    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/10/09/la-lente-prise-de-conscience-du-poids-de-l-argent-sur-la-recherche_5366760_3
    #influence #science #université #livre

    • Lobbytomie. Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie

      Lobby des pesticides. Lobby du tabac. Lobbies de la chimie, de l’amiante, du sucre ou du soda. On évoque souvent les « lobbies » de façon abstraite, créatures fantastiques venues du mystérieux pays du Marché, douées de superpouvoirs corrupteurs et capables de modifier la loi à leur avantage. Pourtant, les firmes qui constituent ces lobbies ne sont pas anonymes et leur influence n’a rien de magique. Leurs dirigeants prennent en toute conscience des décisions qui vont à l’encontre de la santé publique et de la sauvegarde de l’environnement.
      C’est cet univers méconnu que Stéphane Horel, grâce à des années d’enquête, nous fait découvrir dans ce livre complet et accessible. Depuis des décennies, Monsanto, Philip Morris, Exxon, Coca-Cola et des centaines d’autres firmes usent de stratégies pernicieuses afin de continuer à diffuser leurs produits nocifs, parfois mortels, et de bloquer toute réglementation. Leurs responsables mènent ainsi une entreprise de destruction de la connaissance et de l’intelligence collective, instrumentalisant la science, créant des conflits d’intérêts, entretenant le doute, disséminant leur propagande.
      Dans les cercles du pouvoir, on fait peu de cas de ce détournement des politiques publiques. Mais les citoyens n’ont pas choisi d’être soumis aux projets politiques et économiques de multinationales du pétrole, du désherbant ou du biscuit. Une enquête au long cours, à lire impérativement pour savoir comment les lobbies ont capturé la démocratie et ont fait basculer notre système en « lobbytomie ».


      http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Lobbytomie-9782707194121.html

  • #Indonésie : l’armée ne veut pas des équipes de secours étrangères
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/10/09/les-equipes-de-secours-etrangeres-invitees-a-quitter-le-terrain_5366704_3244

    Dans un communiqué envoyé mardi 9 octobre au matin aux secouristes qui ont proposé leur #aide_humanitaire en #Indonésie, l’agence AHA, chargée de coordonner leur action, « conseille à toutes les #ONG étrangères ayant deployé des équipes sur le terrain de les rapatrier immédiatement ». La décision ne surprend pas de nombreux secouristes français, qui ont été ralentis dans leurs opérations par l’armée indonésienne, soucieuse d’éviter une ingérence étrangère après le séisme du 28 septembre.

  • Maine-et-Loire : 46 personnes intoxiquées, un produit phytosanitaire mis en cause
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/10/09/maine-et-loire-46-personnes-intoxiquees-un-produit-phytosanitaire-mis-en-cau

    La préfecture du Maine-et-Loire a annoncé mardi 9 octobre que quarante-six personnes – trente salariés d’une pépinière ainsi que seize riverains de l’entreprise – avaient été intoxiquées à Brain-sur-l’Authion (Maine-et-Loire) et cinq d’entre elles ont été transportées au centre hospitalier universitaire d’Angers.

    « Sous réserve de confirmation par une enquête approfondie, l’origine de ces intoxications pourrait être l’épandage à proximité d’un produit phytosanitaire, dans le cadre de la production de la pépinière. Le produit visé contiendrait du métham sodium, pouvant provoquer des atteintes ORL et pulmonaires », précise-t-on de même source.

    #phytoxicité #pesticides #empoisonnement

    • Pour en savoir plus sur la cochonnerie en question : https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9tham_sodium

      Il est au moins provisoirement interdit dans l’Union européenne où 12 États membres l’ont totalement interdit et où (en 2011) 15 États membres l’autorisaient encore (dispenses pour la fumigation du sol, en s’appuyant sur une possibilité dérogatoire offerte par la Décision du Conseil 2009/562/EC). Ainsi en France, le ministère de l’Agriculture permet-il par dérogations des usages sur légumes (mâche, carottes, tomates, fraises, asperges), plantes ornementales et fruitières, arbres et arbustes. Mais même dans ces conditions ce produit est soumis aux principes généraux de la directive Biocide, de la directive sur les pesticides et aux réglementations nationales.

      Et nous sommes juste flatté·es d’appartenir à l’"exception française".
      ( On ne s’étonne plus d’avoir, ma compagne et moi, les yeux qui brûlent, le nez sec et des quintes d’éternuements certains jours. Mais ceci dit, je suspectais depuis un moment les agroproductivistes.)

    • Un petit « thread » sur touitteur : https://twitter.com/E_Rat_Smus6666/status/1049702215038976000
      Dans l’article mis en lien : il est précisé que

      La Préfecture tient à rappeler que l’usage du METAM-SODIUM est strictement encadré. L’arrêté préfectoral du 20 janvier 2017 définit ainsi les conditions d’application et de stockage du METAM-SODIUM dans le département.

      L’exploitant mis en cause aurait donc fait du « hors-cadre » ?

    • https://www.sudouest.fr/2018/10/15/qu-est-ce-que-le-metham-sodium-plus-nocif-que-le-glyphosate-et-responsable-

      Le métham sodium est puissant biocide (qui tue pêle-mêle insectes, mauvaises herbes et champignons). Utilisé par les maraîchers, il est particulièrement prisé par les producteurs de mâche en Anjou, car il nettoie les sols et permet d’enchaîner trois à quatre rotations de culture par saison hivernale.

      Mais plusieurs études l’accusent d’être à la fois cancérigène, perturbateur endocrinien, et reprotoxique.

  • Des insectes pour disséminer des virus : une arme incontrôlable ?
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/10/04/des-insectes-pour-disseminer-des-virus-une-arme-incontrolable_5364811_3244.h

    Les #insectes pourraient-ils bientôt être utilisés comme #arme_biologique ? C’est la question que se pose une équipe de chercheurs dans un article paru dans la revue Science, jeudi 4 octobre. Composé de juristes (université de Fribourg) et de scientifiques (Max-Planck Institute de Plön et université de Montpellier), ce groupe de recherche a étudié un projet américain nommé « #Insect_Allies ».

    Ce programme, financé à hauteur de 27 millions de dollars par l’agence pour les projets de recherche avancée de défense (Darpa) du département de la défense des Etats-Unis, prévoit d’utiliser des insectes pour modifier génétiquement des plantes.

    Il a attiré l’attention des chercheurs par l’utilisation de nouveaux agents : les Horizontal Environmental Genetic Alteration Agents (#HEGAAs). Il s’agit de virus qui ont été génétiquement modifiés pour les rendre capables de transformer les chromosomes d’une espèce cible, animale ou végétale. Ces agents vont permettre d’altérer l’ADN de certaines plantes directement dans leur environnement. Ils pourraient donc rendre une plante résistante à un certain pathogène en cours de saison.

    #paywall

  • Après le départ de Nicolas Hulot, François de Rugy nommé ministre de la Transition écologique
    https://www.huffingtonpost.fr/2018/09/04/apres-le-depart-de-nicolas-hulot-francois-de-rugy-nomme-ministre-de-l

    Un ministre politique pour un ministère surexposé. Après avoir envisagé Daniel Cohn-Bendit et Pascal Canfin pour prendre la suite de Nicolas Hulot, Emmanuel Macron a finalement proposé le ministère de la Transition écologique à François de Rugy, un autre ancien cadre d’Europe-Ecologie Les Verts converti au début du quinquennat au nouveau monde macroniste.

    Animal politique

    Ancien député Vert de Loire-Atlantique réélu en 2017 sous les couleurs de La République En Marche, l’actuel président de l’Assemblée nationale a déjà fait la preuve de sa souplesse politique. Une qualité qu’appréciera le président de la République après les démissions successives de deux ministres issus de la société civile en moins d’une semaine.

    Début 2017, François de Rugy s’était porté candidat à la primaire de la gauche où il avait récolté moins de 4% des suffrages. Comme Manuel Valls, ce responsable politique expérimenté de 44 ans à la voix métallique s’était rapidement affranchi de sa promesse de soutenir le vainqueur Benoît Hamon en apportant son soutien à Emmanuel Macron.

    Réformiste assumé et en froid avec ses ex-amis écolos, l’auteur du livre « Ecologie ou gauchisme, il faut choisir » (paru en 2015 chez L’Archipel) est-il le mieux armé pour prendre la difficile succession de Nicolas Hulot, parti en dénonçant la politique environnementale « des petits pas » d’Emmanuel Macron ? Ses derniers amis, comme Barbara Pompili avec qui il avait coprésidé le groupe vert, saluent son « sens politique » qui lui a permis de se hisser à la quatrième place de l’Etat dans l’ordre protocolaire. A l’inverse, ses détracteurs lui reprochent d’avoir sacrifié ses convictions écologistes sur l’autel de ses ambitions. « Tout ça pour ça... Bon courage au nouveau ministre, depuis le temps qu’il attendait », a persiflé le porte-parole d’EELV Julien Bayou après sa nomination.

    Souvenirs mitigés à l’Assemblée

    Lors de son court mandat de 18 mois à la présidence de l’Assemblée nationale, François de Rugy a davantage marqué les esprits par sa volonté de réformer l’institution que par ses convictions écologistes. Soucieux de moderniser le fonctionnement du Palais-Bourbon, celui qui s’est illustré en invitant le rappeur Joey Starr à venir déclamer du Victor Hugo à l’Hôtel de Lassay est rapidement devenu la bête noire de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon lui reprochant régulièrement sa gestion méticuleuse du temps de parole et l’embouteillage parlementaire épuisant de ces derniers mois.

    Pourtant opposé à la limitation du droit d’amendement parlementaire envisagé par l’exécutif, François de Rugy a aussi appelé en juin le gouvernement à « mettre de l’ordre dans l’ordre du jour ». Mais l’opposition ne lui en a pas particulièrement su gré, le député PCF Sébastien Jumel y voyant les « coups de menton » et « fausses colères » d’un président ayant « dealé un affaiblissement du Parlement », via le projet de réforme institutionnelle. « L’Assemblée nationale comme marche-pied, comme paillasson. François de Rugy restera fidèle au reniement dans son Ministère de la démission écologique », a renchéri la députée communiste Elsa Faucillon. « Un opportuniste » a jugé Jean-Luc Mélenchon tandis que le député LR Julien Aubert qualifiait sa promotion gouvernementale « d’excellente nouvelle pour le Parlement ».

    En critiquant l’absentéisme de certains députés, le président de l’Assemblée s’est aussi aliéné une partie de la majorité LREM, dont le président du groupe Richard Ferrand qui espérait lui contester son poste à la mi-mandat. Sa nomination au gouvernement offre désormais un boulevard au chef de file des députés macronistes.

    #animal_politique
    Tout est perdu !

  • Négociations à l’ONU pour protéger la haute mer
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/08/30/negociations-a-l-onu-pour-proteger-la-haute-mer_5348084_3244.html

    Elle n’appartient – encore – à personne, mais suscite bien des convoitises. La haute mer recouvre près de la moitié de la planète, constitue près des deux tiers de l’océan mondial, qui lui-même produit une bonne partie de notre oxygène et l’essentiel des protéines de populations entières, et recèle des ressources biologiques ignorées. Et pourtant, la haute mer ne bénéficie jusqu’à présent d’aucune protection ou presque.

    Voilà dix ans qu’est débattue l’idée de doter d’un cadre juridique les eaux internationales – c’est-à-dire l’immensité située au-delà des zones économiques exclusives (ZEE) régies par les pays côtiers. Ce dossier, très sensible, aurait pu se perdre dans les méandres de l’actualité diplomatique mondiale ; il a pourtant fini par aboutir à l’ouverture officielle de négociations sous l’égide des Nations unies.

    Une première session de discussion est programmée du 4 au 17 septembre. L’objectif est de parvenir d’ici à 2020 à établir « un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales ». Au ministère des affaires étrangères, on fait remarquer que le seul grand accord international actuellement en gestation à l’ONU a donc trait à l’océan.

    Brevets à foison
    Une autre façon de présenter la haute mer consiste à rappeler qu’elle représente 95 % de l’espace habité par des formes de vie sur cette planète. Et il serait étonnant que l’homme n’y trouve pas quelques ressources à puiser en plus des richesses halieutiques qu’il y prélève déjà sans ménagement.

    suite derrière #paywall

    • A High Seas Treaty to Protect Marine Biodiversity Could Benefit Fisheries | The Pew Charitable Trusts
      https://pew.org/2P5Y6fZ

      A biennial report released by the U.N. Food and Agriculture Organization (FAO) in July has stark implications for the world’s ocean: Ninety-three percent of fish stocks are fully fished or overfished, with more than a third of stocks taken at unsustainable levels.

      The news wasn’t necessarily a surprise. Global stocks have been continuously overfished since the mid-1970s. And as more people rely on fisheries for their food and livelihoods, stocks are expected to continue to decline, a trend that will be exacerbated by ocean acidification and other impacts of climate change. Some fish populations are already reported to be less abundant where they are traditionally found as they migrate to cooler water. While regional fisheries management organizations and other bodies are tasked with keeping fisheries sustainable, they cannot tackle these new threats alone.

      This fall, government representatives at the United Nations have an opportunity to take action to establish a global mechanism for comprehensive ocean protections. From Sept. 4-17, officials will meet at U.N. headquarters in New York for the first conference to negotiate a treaty to protect marine biodiversity on the high seas—areas beyond the jurisdiction of any country. These areas belong to everyone but are governed by no one. After a decade of consideration, these landmark negotiations could lead to a global mechanism for managing ocean conservation in these waters.

      Of the treaty’s anticipated provisions, the one that could have the biggest impact would create a path for developing marine protected areas (MPAs) and fully protected marine reserves on the high seas. These regions are critically important to ocean conservation: They provide refuge for migratory species such as sharks, whales, and turtles; and can provide areas where fish species can rebuild and recover, increasing their resilience to exploitation and climate change. MPAs can even create a spillover effect, whereby rebounding fish species spread from the protected area to the surrounding waters.

      While the FAO report has dismal news for the state of global fisheries, a new high seas treaty would bring valuable protections to the marine environment and help ensure the sustainability of fish stocks and the high seas activities providing valuable benefits to people and economies worldwide.

  • #Glyphosate : 8 000 procédures aux Etats-Unis contre #Monsanto
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/08/23/glyphosate-8-000-procedures-aux-etats-unis-contre-monsanto_5345543_3244.html

    Mais #Bayer martèle depuis que « rien n’a changé » dans sa stratégie et ses objectifs, et qu’il demeure « très optimiste pour l’avenir de son activité », basée sur le rôle croissant de la #chimie dans l’#agriculture, a répété jeudi M. Baumann.

    #pesticides #santé

  • Le manque d’eau menace 10 000 fermes en Allemagne
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/08/24/le-manque-d-eau-menace-10-000-fermes-en-allemagne_5345689_3244.html

    Les pouvoirs publics vont débloquer 340 millions d’euros pour secourir un secteur confronté à une anomalie météorologique historique.<p>Petra Döhler a …

  • Barrages hydroélectriques au #Laos

    Pour l’instant, petit compte-rendu sans images (car très lent à charger ici au Laos) et sans trop d’investigation. Je vous fais part ici de ce que j’ai vu ces jours-ci au Laos, et plus précisément entre Muang Khua et Nong Khiaw et entre Nong Khiaw et Luang Prabang, le long du fleuve Nam Ou.

    Avant d’arriver dans la région, on a pensé prendre le bateau de Muang Khua à Luang Prabang. Arrivés à Muang Khua depuis Dien Bien Phu (Vietnam) on nous dit que c’est impossible, alors que c’était pourtant indiqué sur les panneaux à destination des touristes... On nous parle de barrage hydroélectrique et on nous dit qu’on peut arriver uniquement jusqu’à Nong Khiaw.
    On prend donc le bateau jusqu’à Nong Khiaw et à 3/4 du parcours on nous indique de sortir du bateau pour prendre un tuc-tuc. Un barrage est en train d’être construit et on ne peut donc pas passer. Sur le bateau, il y a aussi un guide touristique qui habite la région et qui nous explique que le barrage est construit par les chinois pour alimenter en courant électrique un train à grande vitesse qui est en train d’être construit. Les travaux du barrage ont commencé il y a environ 2 ans et qu’il sera mis en fonction dans 2 ans. A la fin de cette année, les populations locales seront déplacées. Je suis loin du guide, c’est donc un peu difficile pour moi de discuter avec lui, mais il parle de 500 personnes déplacées environ dans les alentours de son village (il faut calculer que c’est une région très reculée du Laos, et la densité de population est très basse). Les gens sont déplacées d’environ 2 km et ils ne sont pas très contents de partir, malgré les (petites) compensations financières.
    Il m’explique aussi que les travailleurs sont à la fois laotiens et chinois.

    On dort à Nong Khiaw et on prend le jour suivant un bus pour rejoindre Luang Prabang.
    Et là, à la moitié du parcours, on découvre pourquoi on ne peut plus descendre la rivière en bateau... autre barrage !
    On voit, avant le barrage en construction, des maisons où l’on a peint au spray des chiffres... « 4,5x2 » par exemple ou « H124 »... et puis quelques maisons détruites. Les signaux sont clairs : toutes les maisons du village vont être détruites... On comprend avoir raison quand on voit, quelques centaines de mètres plus en bas le chantier du barrage hydroélectrique.
    Et là on y voit aussi une publicité du train à grand vitesse qui sera construit... il reliera très probablement le Laos à la Chine et permettra à la Chine d’avoir accès aux ressources de ce pays. La région est riche en #matières_premières, dixit @albertocampiphoto.
    Depuis là, plein de panneaux en chinois longent la route, des panneaux d’entrepôts, de petites usines, des panneaux qui disent « land for sale » ou « house for rent »...

    La rivière ne sera ainsi probablement plus du tout navigable dans quelques années. Ou seulement en petits morceaux, mais surtout, les laotiens de la région seront dépouillés de leurs ressources. Sic.

    J’espère pouvoir ajouter des photos bientôt...

    Si des seenthisiens trouvent plus d’informations là-dessus... on pourra compléter ce compte-rendu basé uniquement sur une courte visite dans la région.

    #électricité #Chine #train_à_grand_vitesse #néo-colonialisme #transport_ferroviaire #ressources #eau #électricité #IDPs #déplacés_internes #extractivisme

    cc @reka @fil @simplicissimus

    • Laos’ Nam Ou cascade hydropower project starts electricity generation

      The first turbine of Laos’ Nam Ou cascade hydropower project, which is constructed by Power Construction Corporation of China, officially began electricity generation Sunday.

      The cascade hydropower station, completed four months ahead of the scheduled plan, is among a drainage basin hydropower development plan fully carried out by a Chinese enterprise.

      Lao Deputy Prime Minister Somsavat Lengsavad attended the inaugural ceremony held Sunday in Lao northern Luang Prabang province, and pressed the start button for electricity generation.

      Addressing the ceremony, Lao Minister of Energy and Mines Khammany Inthilath said the Nam Ou hydropower project has an important role in regulating seasonal drought in the Nam Ou river basin, ensuring downstream irrigation for plantation and reducing soil erosion.

      General Manager of Power Construction Corporation of China Sun Hongshui said his corporation will continue to fulfill the corporate social responsibilities, contributing to socio-economic development of Laos.

      Nam Ou river is a branch of Mekong river in Laos. Nam Ou drainage basin hydropower development plan is a seven-dam cascade project with total installed capacity of 1,272 MW and annual generating capacity of some 5,000 GWh.

      http://www.xinhuanet.com/english/2015-11/30/c_134866619.htm

    • The Nam Ao Dam collapse: a preview of things to come?

      The Yellow River is to China what the Mekong is to Southeast Asia: both the origin and the prop of civilisation, providing water and agricultural land to nurture a growing society. While the Mekong is thought of with affection and gratitude as the “Mother of Waters”, however, the Yellow River has always been feared and distrusted. A quick glance at the ancient maps provides the reason: viewed as a historical time-lapse, the river flails wildly across the landscape like a dropped fire-hose, as the vast quantities of loess silt that it carries gradually raise the level of its bed and force it to change direction in order to find new outlets. According to a traditional saying, the Yellow River “bursts its banks twice every three years, and changes course once a century”.

      The result is that large-scale water-management techniques have come to form a key pillar of Chinese government. Indeed, many historians see hydrology as being the key to the formation and endurance of China’s monolithic bureaucracy. Yu the Great, the semi-legendary founder of the Xia dynasty was promoted to leadership after developing new methods for diverting the water into irrigation and successfully organising local populations to deal with large-scale flooding of the Yellow River around 1920 BCE.

      The high stakes involved in flood control ensured that it would persist as both a curse and a source of temptation for political leaders. While disaster could arrive at any moment, the successful execution of grandiose water-management projects also constituted proof par excellence of a sovereign’s capacity to rule. This trend did not cease with the end of imperial rule. If anything, it was accentuated by the arrival of modern technology. From Mao Zedong onwards, generations of Communist Party leaders have been fascinated by the prospect of constructing dams, diverting rivers and irrigating deserts, often in the face of overwhelming practical considerations. According to one well-known story, Mao Zedong was only persuaded that plans for an early iteration of the Three Gorges project were a disaster waiting to happen when Li Siguang, Minister for Geology at the time, threatened to kill himself rather than see the project go ahead. (The dam was finally completed in 2012, and remains the object of strident criticism.)

      If the Chinese government confined its eternal optimism regarding the long-term prospects of large-scale water-management enterprises to rivers situated entirely within its own territory, this would – while interesting - not be an issue suitable for coverage by this blog. Currently, however, the state has plans to divert around 200 billion cubic meters of water annually from the headwaters of the Mekong, the Brahmaputra and the Salween Rivers towards northwestern provinces suffering from perennial drought, irking the Indian government in particular. In addition to this, a chain of seven dams has been constructed along the Chinese stretch of the Mekong (known as the Lancang), with an eighth having been canceled following complaints from downstream nations.

      Inspired partially by Chinese experience, other Mekong basin countries have also begun construction, hoping to profit from a cheap source of hydropower on their doorstep. Laos, with the greatest geographical potential to benefit, has 23 hydropower projects in operation, 22 under construction, 43 planned and 20 more proposed. Vietnam has 10 in operation, one planned and another proposed. Thailand has five in operation and seven more planned. Cambodia has two under construction and 12 planned, while Myanmar has seven planned.

      Furthermore, it has to be recognised that the construction undertaken so far has been relatively successful. This is no doubt due in part to the benign nature of the Mekong and her tributaries – being far more forgiving of human blunders than the Yellow River - but also due to better and more responsive administrative positions taken by the countries concerned. China, keen to promote regional cooperation and integration, has taken a softly-softly approach foreign critics that it rarely adopts with domestic malcontents. The government has shared much of its data with the Mekong River Commission, and modified or even canceled several Lancang cascade projects in response to social and environmental concerns.

      However, the projects are not entirely without consequences: severe effects on the river’s seasonal volume have been observed in Thailand, as well as changes in fish migration patterns and downstream erosion. Moreover, the likely effects of the Mekong dam projects on the Tonle Sap wetlands are largely unknown; a similar project in the Florida Everglades successfully reduced flooding risks but also devastated the natural environment.

      While these uncertainties are not a reason in themselves to abandon construction altogether, they nevertheless underline the fact that 4000 years’ experience notwithstanding, even Chinese experts still have great difficulty forecasting the precise effects that their interventions will have. While the Mekong states will be playing the game on a much lower difficulty setting, there have nevertheless been signs of serious strategic and operational problems with their projects.

      To take one example, the planned Xayaburi Dam, 350km North of Vientiane was announced as a joint regional exercise in the context of the Mekong River Commission, with Laos, Cambodia, Thailand and Vietnam establishing the plans via a joint decision-making project. However, the goodwill soon degenerated. In 2011 Laos decided to push ahead with construction despite reservations on the part of the other parties, Cambodia threatening an international court case, and work rapidly stalling after complaints by locals and environmental groups. According to NGOs, the dam will seriously affect or wipe out the livelihoods of around 200,000 people, reduce biodiversity downstream, and pose a threat to agriculture. Moreover, experts have raised concerns that the methods proposed for evacuating silt and allowing fish migration have never been tested in similar conditions.

      However, the problems with hydropower in the Mekong basin are not limited to gradual economic and environmental change. As the dramatic footage of the collapsing Nam Ao Dam showed this month, the results of unexpectedly heavy rainfall and shoddy construction work can be sudden and catastrophic for those living downstream.

      In China the Yellow River is described as a “hanging river”. This refers to the fact that one of the traditional water-management techniques involved building up the banks of the river as the silt levels increased, to a point at which the riverbed was well above ground-level in some areas. However, it also reflected a common perception of the river as a sword hanging over the heads of those who lived on its massive floodplains. The dash for hydropower and the construction of vast chains of dams along the Mekong and its tributaries runs the risk of creating a new hanging river in Southeast Asia. While this seems to be a phenomenon that local governments are willing to live with in return for cheap energy, it will come at a cost of perpetual nervousness.

      https://www.mekongresearch.org/blog/2017/10/2/the-nam-ao-dam-collapse-a-preview-of-things-to-come

    • Second phase of 1,156-MW Nam Ou hydro project kicks off in Laos

      An opening ceremony was held April 28 to kick off the second phase of construction of Laos’ 1,156-MW Nam Ou River Basin Hydropower Project, according to Vientiane Times.

      During the first phase, construction was completed on the Nam Ou 2, Nam Ou 5 and Nam Ou 6 plants. The first unit began generating electricity in November 2015, according to owner and developer Sinohydro. Together they have a total capacity of 540 MW and annual electricity output of 2,092 million kWh. Construction on these facilities began in October 2012. The second phase involves building the Nam Ou 1, Nam Ou 3, Nam Ou 4 and Nam Ou 7 projects.

      The project is on the Nam Ou River in the provinces of Phongsaly and Luang Prabang. In total it will feature seven dams and powerhouses with a projected capacity of 1,156 MW and annual energy output of 5,017 GWh. Total cost is expected to be US$2.8 billion, and work on the second phase is estimated to be complete in 2020.

      After a 29-year concession period, which as best we can determine begins after all the facilities begin commercial operation, the project will be handed over to the government.

      At a ceremony for official operation of the first phase facilities, Lao Minister of Energy and Mines Khammany Inthilath said, “The Nam Ou hydropower project will play an important role in regulating seasonal drought in the Nam Ou river basin, ensuring downstream irrigation for plantations and reducing soil erosion.”

      Sinohydro is developing the projects as a joint venture with EDL, with Sinohydro having 85% ownership. Powerchina Resources Ltd. is a contractor on the projects.

      https://www.hydroworld.com/articles/2016/05/second-phase-of-1-156-mw-nam-ou-hydro-project-kicks-off-in-laos.html

    • Un train dans la jungle en Asie du Sud-Est
      https://www.ouest-france.fr/monde/laos/un-train-dans-la-jungle-en-asie-du-sud-est-5658260

      417 km de voie ferrée à travers une végétation ultra-dense, 53 tunnels creusés dans la roche, 167 ponts sur le fleuve Mékong...L’ouvrage, mené par des entreprises chinoises en collaboration avec le gouvernement laotien, est destiné à rallier la ville de Kunming, au Sud de la Chine, à Vientiane, la capitale du Laos, en traversant toute la moitié Nord du pays. Débutés l’année dernière, les travaux en seraient à 20% de leur réalisation, selon le gouvernement laotien, et la ligne devrait ouvrir en décembre 2021. Et ce n’est qu’une portion d’un vaste tracé de plus de 3000 km, qui ralliera Kunming à Singapour, via la Thaïlande et la Malaysie, d’ici 2026.

      Dans la campagne du Laos, petit pays enclavé entre la Thaïlande et le Cambodge, le train du futur suscite beaucoup d’espoir : “On se développe enfin, estime Pi Praewa, patronne d’une petite épicerie à proximité du chantier. On va pouvoir se déplacer plus vite, exporter des produits.” Aujourd’hui il faut une vingtaine d’heures pour se rendre en voiture de la capitale à la frontière chinoise. Le train devrait réduire ce trajet à environ 3 heures.

      Avec leur cuisinières
      Mais pour l’instant, les bénéfices pour la population locale sont limités. Les grandes entreprises de construction ont amené avec elles leurs propres ouvriers, et dans leur sillage une foule de petits commerçants chinois : restaurateurs, vendeurs de pneus, d’articles de bricolage...qui vivent en quasi-autarcie. “Ils n’achètent pas grand-chose, soupire une femme qui tient une échoppe de nouilles en face du chantier de la gare centrale. Ils sont venus avec leurs propres cuisinières. Enfin si, parfois ils m’achètent de l’eau. “
      Les travaux ont aussi donné lieu à des expulsions forcées de milliers de villageois. Des indemnisations ont été promises, mais toujours pas versées. Particulièrement choquant pour les habitants, des temples bouddhistes ont été détruits et des moines chassés.

      Le train contre l’isolement
      La Chine apporte la destruction, estime Luang Puu, un religieux relocalisé dans une cabane vétuste sur le bord de la route. Le peuple laotien risque d’y perdre sa culture.” Plus on va dans le Nord, plus se multiplient les panneaux, les affiches, les menus de restaurant rédigés en caractères chinois. “Désormais, certaines minorités ethniques des montagnes parlent mieux mandarin que lao”, raconte Phon Pakson, chauffeur de bus dans la région de Luang Namtha, au Nord du pays.

      Tout autour du tracé, des investisseurs chinois ont commencé à racheter massivement les terres afin d’y construire des usines ou des grandes plantations (bananes, hévéa...) : c’est d’abord eux qui tireront profit des nouvelles possibilités d’exportation. “On n’a pas vraiment le choix, soupire le patron d’une chaîne d’hôtels à Luang Prabang. Tous seuls, on n’a pas les moyens de construire ce train. Toute l’Asie du Sud Est s’équipe : soit on prend les capitaux chinois et on avance, soit on reste isolés, au Moyen Age.” Sur les 5 milliards d’euros de coût du projet, 70% sont financés par la Chine et 30% par le Laos, qui emprunte à des banques chinoises.

      intégralité de l’article (il y a aussi une vidéo de 2 minutes qui reprend le contenu de l’article)

    • Le fragile Laos menacé par une cinquantaine de barrages – Le Monde (7/03/18) #paywall
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/03/07/le-fragile-laos-menace-par-une-cinquantaine-de-barrages_5266723_3244.html

      Financés majoritairement par la Chine, les ouvrages mettent en péril la pêche et les villages dans un des pays les plus pauvres d’Asie.

    • Les paradis perdus de la rivière Nam Ou | 360 Degrés
      https://blog.amica-travel.com/riviere-nam-ou


      Muang Khua

      Les paradis perdus de la rivière Nam Ou

      (parmi les différents articles ou blogs touristiques)

      Il est malheureusement plus possible depuis Nong Khiaw de se rendre à Luang Prabang en navigant sur la Nam Ou à cause de la construction de nombreux barrages hydroélectriques. Le trajet routier, de trois heures, est tout de même agréable avec de très belles portions de route.
      Possibilité en chemin de s’arrêter visiter les fameuses grottes de Pak Ou. Celles-ci se situe d’ailleurs à l’embouchure de la Nam Ou et du Mékong. En descendant ce dernier en bateau, vous arrivez à Luang Prabang.

    • Quelques références de fond (ne nécessitant pas un débit trop important…)

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Barrages_chinois_sur_le_Mékong
      suivi de
      Le point de vue chinois sur les enjeux des barrages chinois sur le Mékong (2014)
      http://journals.openedition.org/espacepolitique/3268

      Reste à savoir si l’évolution de la consommation énergétique nationale et les effets réels des barrages sur l’environnement régional vont donner raison aux autorités chinoises ou au contraire rendre leur position intenable, et ce dans un avenir qui pourrait être relativement proche.

      (fin du résumé)

      Les grands aménagements hydroélectriques du Laos au cœur du bassin du Mékong (2015)
      http://journals.openedition.org/bagf/609

      Résumé
      Pour sortir sa population de la pauvreté et s’engager dans le développement économique, le Laos a entrepris une politique de construction de grands barrages hydroélectriques, avec l’encouragement des institutions internationales cherchant à favoriser l’intégration régionale de cet État communiste. Dans cette voie, il a trouvé un partenaire enthousiaste, culturellement proche : la Thaïlande, qui finance et construit les plus grands barrages, et est le principal acheteur de l’électricité laotienne. Cependant, en négligeant l’avis de ses alliés politiques, le Viêt Nam et le Cambodge, sur les conséquences environnementales de ces barrages, il contribue à faire ressurgir d’anciennes fractures géopolitiques.

    • Tiens, j’en profite pour découvrir le compte-rendu de la reconnaissance du Sesan (affluent du Mékong à Krong Stœng Trêng) en mai 1882 par mon arrière-grand-père …

      Reconnaissance dans le Cambodge et le Laos, Excursions et reconnaissances, 1882, n° 12, p. 536.
      https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57479551/f116.image
      la numérisation de la carte en encart est très peu lisible.

      Nous essayons en vain de le [un mandarin laotien à Banelome (?)] persuader doucement : « Les Français veulent aller partout s’écrie-t-il ; vous ne passerez pas ici ; car si vous passiez, d’autres vous suivraient et nous ne serions plus les maîtres » et aussitôt il donne l’ordre de nous refuser l’eau et les vivres frais.

    • Aujourd’hui, en bus de Luang Prabang et Phonsavan... on a vu beaucoup, beaucoup, beaucoup de pluie... quelques glissements de terrain, quelques rivières bien fâchées, quelques rizières inondées et surtout un paysage qui est en train d’être complètement défiguré par les travaux pour le fameux train à grande vitesse.
      Surtout entre Luang Prabang et Phoukhoun... des chantiers et des panneaux en mandarin entre montagnes et vallées...
       :-(
      Là aussi, les photos pour l’instant, impossible à charger depuis cet endroit un peu perdu dans les montagnes laotiennes... Elles suivront, si je n’oublierai pas. Elles ne sont pas super, car prises depuis le bus, mais ça donner une petite idée... RV bientôt.

    • Voici quelques images le long du trajet Luang - Prabang, qu’on a fait en bus (car impossible désormais de le faire en bateau).
      Photos de mauvaise qualité, mais on peut en déduire quelques information...

      C’est un des dizaines de chantiers du train à grande vitesse + quelques images d’enseignes en mandarin :

    • Chèr·es seenthisien·nes,

      petite mise à jour.
      C’est la saison des pluies par ici, du coup, pas mal de flotte tombe très souvent du ciel, et avec un débit parfois pas mal impressionnant. Avant de faire le trajet Luang Prabang - Phonsavan il a plu 3 jours de suite assez fortement.
      Du coup, quand on a vu des champs inondés, on s’est dits que c’était dû aux précipitations importantes tombées les jours auparavant.
      En réalité, on a découvert aujourd’hui que la cause des inondations était bien autre. C’est un guide qui nous a amenés ce matin à la gare des bus qui nous en a informés : c’est le barrage qui s’est cassé...
      Un barrage construit à environ 30 km de Phonsavan et qui apparemment avait déjà connu les mêmes problèmes il y a deux ans, avec son lot d’inondations...

      Voici quelques images de routes inondées à quelques km de Phonsavan, mais évidemment, ça a eu énormément de conséquences importantes pour les champs et les rizières :

    • Aujourd’hui, nous avons fait le trajet Phonsavan - Paksan... la première partie dans un paysage de montagne magnifique, avec encore pas mal de forêt, des vallées impressionnantes, et une rivière torrentielle, le #Nam_Ngiap, mais hélas, elle aussi est en train d’être défigurée par la construction de barrages par main des Chinois...

      Voici quelques images prises depuis le bus (sleeping bus, please !), donc qualité médiocre...
      Et si quelqu’un est en mesure de lire le mandarin...


      Panneau vu à Paksan :

      (vous l’aurez noté, ce soir aussi la connexion n’est pas si mauvaise...)

    • Effondrement d’un barrage au Laos, des centaines de personnes portées disparues
      https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2018/07/24/effondrement-d-un-barrage-au-laos-des-centaines-de-personnes-portees-disparu

      Le barrage, situé dans la province d’Attapeu (Sud-Est), non loin de la frontière vietnamienne, s’est effondré lundi soir, libérant 5 milliards de mètres cubes d’eau et faisant « plusieurs morts et des centaines de disparus », a précisé l’agence de presse officielle du régime communiste. « Plusieurs maisons ont aussi été détruites » dans la catastrophe, d’après l’agence.

      Plusieurs dizaines de barrages sont actuellement en construction au Laos, qui exporte la majeure partie de son énergie hydroélectrique vers les pays voisins, notamment en Thaïlande.

    • Nous sommes à 115 km du lieu de la catastrophe. Tout le monde en parle ici... nous allons bien, mais c’est impressionnant.

      Le barrage cassé dont je vous ai parlé hier c’était un autre, beaucoup plus petit.

      La digue qui a cédé semble être construite non pas par les chinois, mais par un consortium thailandais, sud-coréen et laotien. Elle est encore en partie en construction et l’électricité exportée vers la Thaïlande.

    • Une lettre qui date de 2013 adressée par l’ONG International Rivers aux développeurs du barrage...
      Letter to the Developers of the #XePian -Xe Namnoy Dam
      Dear Mr. Yong Soo Na,

      I am writing on behalf of International Rivers to raise specific questions and concerns about the Xe Pian-Xe Namnoy Hydropower Project. These concerns are based on discussions held during the past month with villagers near the Nam Kong, Houay Makchan and Xe Pian and Xe Namnoy rivers and Sekong River in Champasak and Attapeu, respectively. According to our recent correspondence with the Investment Specialist of the Asian Development Bank, Ms. Uy, it was suggested that PNPC, as the project developer, would be best positioned to answer questions from International Rivers.
      We understand that initial environmental and social impact assessments have been completed and that further studies and village surveys are underway. International Rivers’ site visit also confirmed that some SK Construction and Engineering Company camp sites are in the process of being set up in surrounding villages. As a result, village headmen in many of the above areas have expressed a sense of anxiety to us about the Xe Pian-Xe Namnoy Hydropower Project moving ahead without them yet being told of the full expected impact on their housing, agricultural land, surrounding forests, and diverse fish populations. They described to us the stresses that were caused by the relocation that they had to undergo in the late 1990s as a result of the original preparations for the Xe Pian-Xe Namnoy and Houay Ho dams.
      In the resettlement zone, we saw first-hand that people continue to struggle to cope with a lack of access to sufficient food, water, and land. For example, there is only one functioning gravity-fed water pump serving the population during the dry season, and there is no access to functioning latrines. In addition, families have found that the shallow soil around their homes is inappropriate for growing vegetables, fruits or staple crops, and consistently attest to going hungry. Now, they all report apprehensions about PNPC’s plans when they do not know the full impacts or mitigation measures that will be taken to support any project-induced losses.
      Following this field mission, I am requesting the following clarifications:

      Can you please outline specific timelines for the construction of each dam to be built for the PNPC Project?

      Can you please provide the timelines for completion of the EIA, SIA and RAP? Are you able to confirm whether all of these documents will be made available publicly as per the national laws and policies of Lao PDR1, and if so, when? Furthermore, can you clarify whether the projects’ transboundary impacts been assessed as the PNPC project will impact the Sekong River, which is shared with Cambodia?

      What are the processes and corresponding timelines in affected villages that PNPC intends to follow to clearly discuss the full scope of the impacts expected and livelihood restoration measures in a language which is accessible to the Nya Heun, Oi, Laven and other affected communities?

      Given that people in the consolidated resettlement zone near the Nam Kong still typically depend on the land along the Xe Pian and Xe Namnoy rivers, and report paying large sums of money to be recognized as title-owners, can you please clarify whether they will be compensated for project-induced losses of land, and whether that compensation will be land-for-land, as required under the provisions of the 2005 Prime Minister’s Decree On the Compensation and Resettlement of the Development Project(Part III, Art. 6.2)?

      Will PNPC commit to supporting Ban Nam Hanh and Ban Thong Yao, two villages within the resettlement zone in Champasak that function under the same headman as Ban Latsasin? Villagers from the entire resettlement zone are confused because they understand that everyone – including those from Ban Nam Hanh and Ban Thong Yao — were brought to the resettlement zone in anticipation of the impacts of both the Houay Ho and Xe Pian-Xe Namnoy dams. However, they that the populations from these two villages are currently excluded from those identified by PNPC to receive support and compensation, having been specifically differentiated from everyone else for unknown reasons. As you may be aware, people from surrounding villages outside of Ban Nam Hanh and Ban Thong Yao have now promised to wait until compensation is negotiated for everyone. Clarification is therefore requested on whether your company will include the families of Ban Nam Hanh and Ban Thong Yao in all supportive measures to be taken.

      What infrastructure will be offered to residents in the resettlement zone – such as latrines, pumps, electricity – given that their population has grown since they first moved there over ten years ago in anticipation of the project?

      Can you provide a list of additional villages your company intends to move, with corresponding timelines, and specific details about where people will be expected to resettle?

      Does PNPC expect that villagers in Ban Langao Keng, Ban Langao Tai, Ban Khem Xang, or Ban Champao in Attapeu Province will lose paddy land or other assets? If so, how will these losses be communicated to them? How does PNPC intend to compensate people so that they will be able to recover from such losses?

      How does PNPC intend to compensate all villagers for the loss of fisheries they will experience as a result of the project, as per the requirements set out in “General Provisions” of the 2005 Prime Minister’s Decree On the Compensation and Resettlement of the Development Project, to “at least achieve full restoration of living standards to pre-project level”?

      Given the urgency of the matters at hand as described by villagers to be affected by PNPC project development, we appreciate hearing from you in a timely manner. I can be reached by email at tlee@internationalrivers.org or alternatively, by mail.

      https://www.internationalrivers.org/resources/letter-to-the-developers-of-the-xe-pian-xe-namnoy-dam-7896

    • #Film #documentaire:
      #Xayaburi and Pöyry: What Lies Behind

      The documentary film provides critical perspectives on the decision-making, scientific studies and planning of the Xayaburi dam being built in Lao PDR. It highlights the role of the Finnish company #Pöyry who did the study used by Laos to justify the project. Xayaburi is the first dam being built on the main stream of the Lower Mekong River. Since its inception, the dam has proved controversial for many social and ecological reasons but most importantly for its potential effects on the wild capture fisheries of the Mekong River that thousands of people depend upon for food, trade and livelihoods. Pöyry was hired by Laos in May 2011 to evaluate the project’s compliance with the requirements of the Mekong River Commission (MRC). Pöyry downplayed the project’s environmental and social impacts. Although identifying that over 40 additional studies were still needed to understand the project’s impacts, Pöyry recommended that construction continue. In November 2012, Pöyry was appointed the Lao government’s chief engineer for the project. The film interviews a range of local people and fishers, the region’s leading scientists, civil society representatives, and the media to explore the dubious politics, bad science and conflict of interest behind engineering the Xayaburi dam.

      https://www.youtube.com/watch?v=vSKZTYIY-ho&t=1s

    • In Laos, a Boom, and Then, ‘The Water Is Coming!’

      Petchinda Chantamart first heard what sounded like a bomb going off a few miles away. Then came a curious noise, like a strong wind.

      She knew instinctively what it meant: One of the new dams under construction near her village in southern Laos had failed. She began banging on her neighbors’ doors, she recounted, urging them to flee to higher ground.

      “The water is coming!” Ms. Chantamart roared.

      Within a half-hour, the water in her village, Xay Done Khong, was more than 30 feet deep, and rising.

      Ms. Chantamart, 35, and many of her neighbors escaped the deadly flood. But others were not so lucky when an auxiliary dam, part of the billion-dollar Xe-Pian Xe-Namnoy hydroelectric project, failed Monday evening amid heavy rains, sending more than 170 billion cubic feet of water rushing downstream.

      At a news conference on Wednesday, the prime minister, Thongloun Sisoulith, said that 131 people were still missing and more than 3,000 were homeless. Many had been rescued from rooftops and trees after villages and farmland were flooded.

      At least 26 people have been reported killed.

      “A second step for us will be to recover and identify the deceased, but for now, we hurry to find those who are still alive in the area,” Bounhom Phommasane, the governor of the district of Sanamxay, told The Vientiane Times.

      Ms. Chantamart said that hundreds of people from her village had escaped, but that 15 people were still missing, nine of them children. She had been unable to reach their homes on Monday because the floodwaters had climbed too high.

      “I’m very worried about them, from the bottom of my heart,” she said.

      After she and hundreds of others scrambled to higher ground on Monday, soldiers and local officials moved them to the town of Paksong, west of the dam site, to take refuge in an empty warehouse normally used to store coffee.

      Video posted by the Thai News Agency showed vast quantities of water cascading over what appeared to be the diminished structure of the dam, known as Saddle Dam D.

      The official Lao News Agency reported that the dam had collapsed. The main builder of the hydropower project, SK Engineering & Construction of South Korea, said it would investigate whether the dam had collapsed or overflowed because of heavy rains.

      International Rivers, an advocacy group that has opposed the rapid growth of hydropower dams in Laos, said in a statement posted online that the auxiliary dam had collapsed as flooding from heavy monsoon rains caused it to overflow on Monday night.

      The group, which seeks to protect rivers around the world, said the disaster showed that many dams were not designed to handle extreme weather events like the rains on Monday.

      “Unpredictable and extreme weather events are becoming more frequent due to climate change, posing grave safety concerns to millions who live downstream of dams,” International Rivers said.

      People living below the dam had only a few hours’ warning to evacuate before it failed, according to the group.

      “Communities were not given sufficient advanced warning to ensure their safety and that of their families,” the statement said. “This event raises major questions about dam standards and dam safety in Laos, including their appropriateness to deal with weather conditions and risks.”

      Seven villages in Sanamxay, which is in Attapeu Province, were flooded and more than 6,000 people were displaced by the dam’s failure, officials said.

      The disaster cleanup may be further complicated by old American bombs and other explosives buried in the area, a legacy of the Vietnam War era that has haunted Laos for decades.

      Attapeu Province, which borders Vietnam and Cambodia, is heavily contaminated with what disarmament experts call unexploded ordnance, which can detonate on unsuspecting civilians even after decades of lurking undisturbed. The flooding could make the ordnance harder for decontamination teams to find.

      “There is immediate concern for the safety of personnel from survey, clearance and survivor assistance programs who may have been in the impacted area at the time,” said Mark Hiznay, the associate arms director at Human Rights Watch’s Washington office.

      The Xe-Pian Xe-Namnoy is one of 70 hydropower plants that are planned, underway or have been built in Laos, most of them owned and operated by private companies, International Rivers said.

      The project consists of major dams on three tributaries of the giant Mekong River as well as several smaller auxiliary dams, or saddle dams, including the one that failed.

      South Korea and Thailand were mobilizing emergency assistance. Companies from both countries are involved in building and financing the Xe-Pian Xe-Namnoy project, which was supposed to provide 90 percent of its electricity to Thailand once it began operating.

      President Moon Jae-in of South Korea instructed his government on Wednesday to dispatch a rescue and emergency relief team to Laos.

      “The investigation is still underway to find out the causes of the dam incident, but our government should waste no time in actively participating in the rescue and relief operations at the scene because our own businesses are involved in the construction,” Mr. Moon said, according to his office.

      Repeated phone calls to the spokesman’s office at SK Engineering & Construction’s headquarters in Seoul went unanswered on Wednesday.

      Korea Western Power Company, which has a contract to operate the power plant when it is completed, said its officials and workers from SK Engineering & Construction in Laos had joined the rescue and relief efforts. SK deployed one helicopter and 11 boats, and Korea Western Power sent two boats and its local medical staff.

      On Wednesday evening, a heavy rain was falling on the corrugated roof of the makeshift shelter in Paksong where a few hundred people had found shelter.

      The sky, cloudy in the afternoon, had turned as murky as gauze. A few ambulances streaked by in the gathering dusk, leaving smudgy trails of red and blue lights in their wake.

      Inside, adults and children were milling around in sandals and soiled clothes, eating sticky rice from plastic foam bowls. Some sat on blue-and-orange tarps that had been spread on the concrete floor, and many looked on with vacant stares.

      A makeshift canteen, with steaming pots of sticky rice, had been set up in the warehouse’s covered parking lot.

      Ms. Chantamart said she had little hope that anything was left of her home or her village.

      “Every single house, gone,” she said.

      Ms. Chantamart said she was not sure whom to hold responsible for the flood. But she said the government and the company behind the dam should take more action to help the victims.

      “People here are shocked, scared and sorry for each other because of our loss,” she said, as children in soiled sweatshirts crowded around her.

      About 70 percent of the people in her village were from minority ethnic groups, she said. Most grew rice and coffee. Occasionally, they found work as day laborers.

      Khamla Souvannasy, an official from Paksong, said the local authorities were struggling to support the hundreds of people who had gathered at the warehouse.

      “The weather is an obstacle,” he said as a bout of particularly heavy rain lashed the warehouse’s roof. “We’re still looking for mattresses.”

      He added: “The disaster came so quickly. There’s no way to be prepared for that, but we’ll just keep working and working.”

      “Everyone here lost everything — animals, our houses,” said Den Even Den, a farmer from Xay Done Khong. “All we have left is our lives.”


      https://www.nytimes.com/2018/07/25/world/asia/laos-dam-collapse-rescue.html?hp&action=click&pgtype=Homepage&clickSource=s

    • Et une analyse de l’@observatoiremultinat sur le barrage de #Xayaburi (article qui date de 2012 et que je mets ici pour archivage) :

      La #Compagnie_nationale_du_Rhône impliquée dans le barrage controversé de Xayaburi au Laos

      Depuis plusieurs mois, le projet de barrage de Xayaburi sur le Mékong envenime les relations entre le Laos et ses voisins, et suscite l’inquiétude de l’opinion publique internationale. En cause, l’impact potentiel de ce barrage sur les équilibres écologiques du fleuve, et sur la sécurité alimentaire de millions de personnes en amont et en aval. La Compagnie nationale du Rhône, entreprise parapublique contrôlée par GDF-Suez, n’a pas hésité à s’inviter dans la controverse en cautionnant le projet. Une affaire qui, au-delà de la controverse sur le projet de Xayaburi lui-même, pose la question de la responsabilisation des firmes de conseil et de consulting impliquées dans de grands ouvrages d’ingénierie.

      Le mégaprojet de Xayaburi, voulu par le gouvernement laotien et des intérêts industriels thaïlandais, alimente les craintes des États d’aval – Cambodge et Vietnam principalement – ainsi que des communautés riveraines du fleuve. Le barrage risque d’altérer profondément le débit et la sédimentation du Mékong, détruisant de nombreux habitats de poissons et bloquant leur migration. Ce qui pourrait avoir pour conséquence de dévaster les riches pêcheries du fleuve, qui assurent la sécurité alimentaire des populations locales. Pas moins de 60 millions de personnes, tout au long du fleuve, pourraient être directement affectées dans leurs moyens de subsistance. Les richesses du fleuve représentent la grande majorité des apports en protéines des communautés riveraines, et permettent qu’ils soient relativement bien nourris eu égard au niveau de pauvreté qui est le leur.

      En outre, de nombreux observateurs craignent que le barrage de Xayaburi – le premier planifié sur le cours principal du Mékong dans tout son bassin inférieur [1] – ne soit que l’avant-coureur d’une déferlante de nouveaux projets, dont l’impact cumulé sur l’hydrologie et l’écologie du fleuve risque de s’avérer particulièrement destructeur. Au moins dix autres ouvrages hydroélectriques sont actuellement envisagés.

      Et ce alors que, d’ores et déjà, la Chine construit une série de barrages sur le cours supérieur du fleuve, qui suscitent eux-mêmes la controverse et nourrissent les peurs, justifiées ou non, des populations aval. Ces constructions avaient notamment été mises en accusation lors de l’épisode de sécheresse qui avait frappé la région au cours du printemps 2010. La Chine a d’ailleurs annoncé en septembre 2012 que son plus important projet sur le Mékong supérieur, le barrage de Nuozhadu, avait commencé à générer de l’électricité.
      Un enjeu international

      Le gouvernement laotien compte sur le déploiement tous azimuts de l’hydroélectricité pour accélérer le développement du pays [2]. Les grands barrages construits ou projetés incluent celui de Nam Theun 2, opéré par EDF. L’électricité qui serait produite par le barrage de Xayaburi est destinée à l’approvisionnement des industries thaïlandaises (lesquelles produisent pour les grands groupes multinationaux), via l’Agence nationale d’approvisionnement en électricité [3]. C’est d’ailleurs une société thaïlandaise, Ch. Karnchang Plc, qui supervise la construction de l’ouvrage, et des banques thaïlandaises qui le financent.

      Scientifiques et ONG locales et internationales (pour partie réunies au sein de la coalition « Save the Mekong » [4]) sont montées au créneau pour soutenir les protestations des pays d’aval et des communautés riveraines. Les grands titres de la presse internationale se sont saisis de l’affaire, qui s’inscrit dans un jeu complexe d’alliances et de rivalités au niveau sous-régional et international. Même Hilary Clinton s’en est mêlée lors de sa visite dans la région en juillet 2012, en appelant à un moratoire sur les projets de barrage dans tout le bassin inférieur du fleuve.

      Le Laos et les promoteurs du projet soutiennent qu’il ne s’agira que d’un barrage « au fil de l’eau », sans retenue, et que son impact sera donc minime. Pour leur part, les critiques du barrage ont estimé que celui-ci créera tout de même un réservoir en amont sur 100 kilomètres et représentera un obstacle majeur pour les poissons et pour les sédiments, lesquels transportent des nutriments et protègent les rives du fleuve et le delta de l’érosion. 50% des sédiments qui atteignent actuellement le delta du Mékong au Vietnam sont libérés en amont de Xayaburi.

      En 2011, le projet de barrage de Xayaburi a été soumis à la Commission du Mékong, qui regroupe les pays riverains du fleuve, Vietnam, Laos, Cambodge et Thaïlande [5]. Selon les termes du Traité de gestion du Mékong signé en 1995, l’accord des pays riverains est nécessaire pour que le projet puisse être mené à bien. Xayaburi est le premier projet de barrage à être soumis au processus de coopération transfrontalière imaginé alors. C’est donc un test important qui déterminera dans une large mesure l’avenir des développements hydroélectriques sur le Mékong.

      Sous la pression du Vietnam et du Cambodge (et dans une moindre mesure de la Thaïlande, malgré l’implication de ses propres entreprises), la Commission du Mékong s’est mise d’accord pour repousser sa décision finale sur Xayaburi en attendant que soit réalisée une étude systématique de l’impact transfrontalier du barrage [6]. Une évaluation environnementale stratégique réalisée sous l’égide de la Commission du Mékong (portant sur onze projets de barrage sur le bassin inférieur du fleuve) envisageait d’ailleurs que cette phase d’études dure pas moins de dix ans, au vu de l’ampleur des risques potentiellement induits pour la biodiversité, les communautés locales et leurs activités économiques.
      Le Laos souffle le chaud et le froid

      Depuis lors, c’est à un véritable jeu de chat et de souris que se livre le Laos. À intervalles réguliers, de nouvelles informations remontent du terrain selon lesquelles les travaux se poursuivraient à un rythme soutenu. À chaque fois, les autorités laotiennes assurent qu’il n’en est rien et qu’ils attendent les résultats des études d’impact et l’assentiment de la Commission du Mékong avant de relancer le projet de Xayaburi. Jusqu’au rebondissement suivant…

      Il s’agirait de travaux préparatoires de dragage et d’élargissement du fleuve, préalables au lancement de la construction du barrage proprement dite, mais dont les conséquences en termes de sédimentation et de risques pour les populations de poisson sont tout aussi graves. La construction de routes d’accès et le déplacement des populations se poursuivraient également selon International Rivers.

      Le Laos est accusé de chercher à mettre ses voisins devant le fait accompli, et de limiter la discussion à la mitigation des impacts du barrage plutôt qu’à la validité du projet en lui-même. Le Cambodge, quant à lui, menace désormais de poursuivre son voisin devant la justice internationale s’il ne respecte pas ses engagements.
      Entrent en scène des ingénieurs finlandais et français pour cautionner le projet

      C’est dans ce contexte que le gouvernement laotien, sans consulter ses partenaires de la Commission du Mékong, a fait appel, tout d’abord, à la société multinationale d’origine finlandaise Pöyry, un géant du consulting que la Banque mondiale vient d’inscrire sur sa liste noire pour une affaire de corruption et qui est impliquée avec la même firme thaïlandaise dans un autre projet de barrage au Laos, Nam Ngum 2 [7].

      La firme finlandaise s’est empressée de fournir aux autorités laotiennes les munitions dont elles avaient besoin. Pöyry admet dans son évaluation que les incertitudes sur l’impact réel du barrage en termes de sédiments et de migration des poissons sont considérables, du fait notamment de l’absence d’informations scientifiques fiables sur l’état « naturel » du fleuve, mais n’en donne pas moins son feu vert total à la poursuite du projet. Les experts de Pöyry suggèrent que les informations requises sur l’état naturel du fleuve pourraient être collectées au cours même de la construction du barrage (!) et que certaines technologies mises en œuvre ailleurs pour le passage des poissons (technologies pourtant jamais testées sur le Mékong, dont la biodiversité est bien plus riche et les populations de poissons bien plus nombreuses qu’ailleurs) suffiraient probablement à assurer l’objectif de 95% de passage inscrit dans le Traité de gestion du Mékong…

      Surtout, et sans avoir jamais pris contact avec les autres parties prenantes de la controverse, Pöyry conclut que le Laos a déjà respecté toutes ses obligations vis-à-vis de la Commission du Mékong (bien que les travaux aient été initiés avant toute amorce de consultation), et qu’il est dès lors en droit de procéder unilatéralement à la construction de ce barrage. Le gouvernement laotien et les industriels thaïlandais impliqués dans le projet n’ont pas manqué de se prévaloir aussitôt de cette étude pour finaliser leurs contrats et justifier la poursuite des travaux.

      L’expertise effectuée par la Compagnie nationale du Rhône – entièrement depuis la France, sans visite de terrain – visait à évaluer et valider les conclusions de Pöyry en ce qui concerne les questions d’hydrologie, de navigabilité et de sédiments – soit une portion encore plus restreinte des questions soulevées par la Commission du Mékong. Dans son rapport [8], la CNR valide dans leur ensemble les conclusions de Pöyry quant à l’innocuité du projet de barrage de Xayaburi. Elle en remet une couche dans la minimisation des impacts sur le transport des sédiments, tout en faisant la promotion d’une de ses technologies « maison » pour régler le problème … moyennant bien sûr des études supplémentaires.

      Tout comme l’étude finlandaise auparavant, ce nouveau rapport ne se fonde sur aucune donnée précise relative à l’état « naturel » du fleuve avant le projet – de fait, ces données, dont la collecte avait été exigée en 2011 par le Vietnam et le Cambodge, n’existent tout simplement pas, et il sera à jamais impossible de les récolter vu que les travaux ont commencé. Les ONG qui s’opposent au projet ont alors beau jeu de souligner que l’ignorance délibérément entretenue sur la condition originelle du fleuve est le meilleur moyen de prétendre ensuite que les impacts environnementaux seront minimaux, comme le font les expertises de Pöyry et de la CNR.
      De la responsabilité des consultants en ingénierie

      Au final, l’affaire a également ceci d’intéressant qu’elle illustre l’importance, souvent négligée, de la responsabilité des diverses sociétés de consulting et conseil en ingénierie dans la conception et la mise en œuvre de grands aménagements destructeurs. Si elles sont jamais mises en cause, les sociétés comme Pöyry s’empressent de faire valoir qu’elles sont « seulement des consultants ». Mais en l’occurrence, elles contribuent activement à légitimer un projet potentiellement destructeur pour l’environnement et les communautés locales, et cautionnent la tentative du Laos de miner le cadre multilatéral de gestion du fleuve et de se dédouaner de toute obligation de responsabilité, d’information, et de consultation en mettant pays voisins et communautés riveraines devant le fait accompli.

      C’est d’ailleurs ce qui a conduit un groupe d’ONG finlandaises et internationales, dont la coalition Siemenpuu Foundation et la branche finlandaise des Amis de la Terre, à initier au printemps 2012 une procédure contre Pöyry pour non-respect des principes directeurs de l’OCDE sur la responsabilité des entreprises transnationales . Il s’agit de l’un des premiers exemples de mise en cause, dans le cadre de ces principes directeurs, du « greenwashing » délibéré d’un grand projet par une société de consultants.

      Quoi qu’il advienne de cette procédure, le rôle joué dans cette affaire – d’une manière qui semble plus que consentante - par Pöyry et dans une moindre mesure par la CNR justifie que soit mise en cause leur responsabilité, qui tient à la fois de la responsabilité de l’expert et de celle du fournisseur. L’étonnant manque de rigueur de ces études au regard des conclusions que l’on veut en tirer et des décisions qu’elles servent à justifier, la supercherie consistant à cautionner une ignorance scientifique délibérée sur l’état originel du fleuve afin d’éviter de mettre en lumière aucun impact et aucun risque, l’intérêt que ces firmes ont à sanctionner un projet pour continuer à vendre au Laos leur propre expertise et leurs propres solutions… - autant d’éléments qui devraient suffire à empêcher de légitimer le barrage de Xayaburi sur la base de leurs rapports.

      Sans doute inquiétée part la procédure contre Pöyry (qui n’a pas manqué de se prévaloir de la validation de la CNR), cette dernière s’est fendue d’un communiqué de presse début août 2012 visant à « clarifier » le cadre et les conclusions de la mission qu’elle avait effectuée pour le gouvernement du Laos. La CNR y rappelle notamment n’avoir jamais étudié – contrairement à ce que suggérait ce dernier – les questions de migrations de poissons, ni aucun aspect environnemental à part l’hydrologie, la navigation et le transport de sédiment. Le communiqué admet également que le Laos est toujours soumis à ses obligations de partie du Traité de gestion du Mékong. Enfin, il note que la question de l’impact du barrage sur le transport de sédiments en aval reste non résolue en pratique – la CNR « se tenant à disposition » du gouvernement laotien pour améliorer le projet…
      La Compagnie nationale du Rhône

      La Compagnie nationale du Rhône (CNR) a été créée dans les années 1930 pour gérer les installations hydroélectriques tout au long du cours du Rhône, ainsi que la navigabilité du fleuve. Elle est aujourd’hui le second producteur d’électricité en France après EDF, et détient en outre des parcs éoliens sur tout le territoire français. Détenue majoritairement par des actionnaires publics (Caisse des dépôts et consignations et diverses collectivités locales ), elle est considérée (notamment par la Commission européenne) comme étant de fait sous contrôle de GDF-Suez, qui détient 49,97% des parts. Son président actuel est Yves de Gaulle, petit-fils du général, nommé en 2011 par Nicolas Sarkozy. L’évaluation de l’impact du barrage de Xayaburi a été effectuée par son département CNR Ingénierie, impliqué dans toute une série de projets hydroélectriques ou hydrauliques tout autour de la planète .

      http://multinationales.org/La-Compagnie-nationale-du-Rhone
      #France

    • Article publié sur le site de l’@observatoiremultinat en 2013, pas centré sur le Laos, mais sur l’implication de Alstom dans la construction de barrages un peu partout dans le monde...

      #Alstom : un groupe français au coeur de nombreux barrages controversés

      Fournisseur de turbines, Alstom joue un rôle majeur dans le marché mondial de l’hydroélectrique. À ce titre, le groupe a été activement impliqué dans toute une série de grands projets controversés, depuis le barrage des Trois Gorges en Chine à celui de Belo Monte aujourd’hui. Alstom peut-elle continuer à dénier toute responsabilité quant à l’impact environnemental de ces mégabarrages, et quant aux atteintes aux droits humains qu’ils occasionnent ?

      Les barrages hydroélectrique constituent l’un des domaines d’activités phares d’un groupe investi dans de multiples secteurs, depuis le nucléaire jusqu’au transport urbain. Alstom n’intervient pas directement en tant que constructeur de barrages, mais vend ses turbines, ses générateurs, et ses services de conception et de maintenance. Sur son site, le conglomérat français se vante d’avoir équipé un quart de la capacité hydroélectrique installée dans le monde au cours des 100 dernières années. Il rappelle fièrement que les plus grands barrages au monde ont tous (à des degrés divers) mis à contribution ses équipements et son expertise : les Trois Gorges en Chine (d’une capacité de 22 500 MW), Itaipu et Tucuruí au Brésil (14 000 et 8 400 MW respectivement), Guri au Venezuela (10 200 MW), et ainsi de suite. Une liste à laquelle s’ajouteront bientôt le barrage de Belo Monte en Amazonie brésilienne (11 200 MW), celui de Xiangjiaba en Chine (8 000 MW) et quelques autres.

      Le problème est que les grands barrages sont associés à toute une série d’impacts très problématiques sur le plan environnemental, social, politique et financier. Ils entraînent aussi souvent des violations des droits humains. Les chantiers et la création de retenues d’eau artificielles sont cause de déforestation et de perte de biodiversité. Les grands barrages modifient en profondeur l’hydrologie des fleuves où ils sont implantés, ce qui peut avoir des répercussions très importantes sur les moyens de subsistance des populations locales (poisson, érosion, fertilité des sols). Ils sont aussi l’occasion de déplacements de population qui peuvent se chiffrer en centaines de milliers (presque deux millions pour le barrage des Trois Gorges), avec des compensations souvent inadéquates (lorsqu’elles existent). Les gouvernements tendent d’ailleurs à choisir des sites habités par des populations historiquement marginales ou discriminées, notamment des peuples indigènes. Ces grands projets sont aussi une source de flux financiers importants, dont les intérêts économiques et politiques locaux sont très souvent tentés de se réserver une partie. Enfin, les grands barrages situés sur des fleuves transfrontaliers sont source de tensions internationales. On l’a vu encore récemment avec la décision de l’Éthiopie de se lancer unilatéralement dans la construction du barrage Grand Renaissance sur le Nil bleu – un autre contrat fièrement affiché par Alstom – malgré les craintes de l’Égypte, qui dépend quasi exclusivement du fleuve pour son approvisionnement en eau potable.

      Études d’impact environnemental délibérément minimalistes, résistances des populations locales, corruption [1], voire violations flagrantes des droits humains (comme à Merowe au Soudan) – autant de problèmes qui concernent aussi les barrages dans lesquels Alstom choisit de s’impliquer.

      Le mégabarrage prévu à Belo Monte entraînera ainsi le déplacement d’entre 20 000 et 40 000 personnes et la submersion d’au moins 668 kilomètres carrés, dont 400 kilomètres carrés de forêt primaire abritant une biodiversité unique (et bien davantage si, comme le craignent les opposants, la construction d’un second barrage s’avère nécessaire pour assurer la viabilité du premier). À cela s’ajoutent les conséquences indirectes du barrage, qui détournera 80% du débit du fleuve et entraînera l’assèchement partiel ou total d’une boucle du fleuve où vivent de nombreuses tribus indigènes. Leurs moyens de subsistance traditionnels s’en trouveront fortement compromis, sans parler des bouleversements sociaux que ne manquera pas d’occasionner un chantier de cette ampleur. Ceci explique la volonté de résistance affichée par les peuples indigènes de la zone, qui ne fait d’ailleurs que répondre à l’approche répressive privilégiée d’emblée par le gouvernement brésilien. Le tout pour un bénéfice économique bien incertain, puisque le projet est porté à bout de bras par les financeurs publics brésiliens et que, malgré sa capacité théorique de 11 200 MW, le barrage ne pourra générer la plupart du temps qu’entre 1000 et 4000 MW.

      Dans les documents de communication d’Alstom, on chercherait en vain ne serait-ce qu’une simple mention de ces problèmes, que ce soit à propos de Belo Monte ou de n’importe quel autre projet. C’est une approche purement technocratique et ingénieuriale qui y prévaut : Alstom offre ses services et ses équipements pour optimiser la valeur des projets, et semble se laver les mains du reste. Selon les termes mêmes de Patrick Kron, PDG du groupe, dans une réponse assez peu amène aux critiques de son implication dans Belo Monte : « Pour notre part, une fois la décision prise [par les gouvernements], nous proposons les équipements les plus adaptés pour produire l’électricité dans les meilleures conditions de sécurité, de protection de l’environnement et d’efficacité économique. »

      Évidemment, aucune forme de génération d’électricité n’est sans impact, et les barrages présentent aussi de nombreux avantages. Dans les pays industrialisés, ils permettent de stocker l’énergie, offrant un complément indispensable aux énergies solaire et éolienne (et une alternative au nucléaire). Dans les pays du Sud, ils peuvent favoriser l’accès à l’électricité (lorsqu’ils sont conçus dans le cadre d’une véritable démarche de développement national et non pour alimenter en énergie les mines et usines des multinationales). Enfin, ils offrent une alternative potentiellement moins émettrice de gaz à effet de serre que les centrales thermiques fonctionnant au charbon ou au gaz (quoique de plus en plus d’études scientifiques suggèrent que les barrages émettent en réalité de fortes quantités de méthane, notamment en zone tropicale).

      En tout état de cause, pour des ouvrages dont l’impact est si considérable et potentiellement si dramatique, la moindre des choses serait de s’assurer que les avantages et les inconvénients sont pesés de manière transparente et démocratique, et que tout est fait pour minimiser les impacts négatifs. Dans la réalité, force est de constater que c’est l’autoritarisme qui est de règle dans ce domaine, et que les élites politiques et économiques se réservent le droit de décider seules ce qui est bon pour leur pays, sans toujours attacher beaucoup d’importance aux véritables intérêts de la population.

      Les grands barrages avaient connu leur première heure de gloire dans les années 1960 et 1970, dans le cadre des politiques de développement du « Tiers-monde ». Du fait de la contestation qu’ils ont suscité et de leurs impacts problématiques, ce genre de projet était peu à peu passé de mode au cours des années 1980, et des normes plus rigoureuses avaient été élaborées. Le changement climatique et l’essor des pays émergents sont venus changer radicalement la donne. Chine, Brésil et Inde ont relancé la construction de grands barrages en vue de satisfaire leurs besoins énergétiques tout en limitant leurs émissions de gaz à effet de serre.

      Pour Alstom, cette relance était synonyme de nouvelles opportunités commerciales, et le groupe n’a pas hésité à encourager le mouvement, sans apparemment se poser trop de questions sur les conséquences sociales, environnementales ou politiques de ces nouveaux projets. Une stratégie à laquelle le groupe français ne semble pas prêt de renoncer, puisqu’il vient d’inaugurer une usine flambant neuve de turbines hydroélectriques à Tianjin en Chine, avec pour cible explicite les mégabarrages appelés à se multiplier dans les prochaines années sur le Mékong, le Salouen et l’Irrawaddy.
      L’Amazonie envahie par les grands barrages

      Un tel engagement apparemment si inconditionnel est-il tenable, et finira-t-il par rattraper Alstom ? De manière assez inhabituelle pour lui, le groupe s’est trouvé la cible directe de campagnes citoyennes du fait de son engagement dans le barrage de Belo Monte. Le combat des écologistes et des peuples indigènes de la zone a été très bien relayé par les médias mondiaux en raison du soutien qui leur a été apporté par plusieurs vedettes anglo-saxonnes. Début 2011, trois leaders indigènes ont fait le déplacement en France pour dénoncer l’implication d’Alstom (et de GDF Suez) dans les grands barrages amazoniens. En novembre 2012, le très emblématique chef Raoni, de la tribu des kapayo, rencontrait le président de la République François Hollande à l’Élysée pour plaider la cause des opposants à Belo Monte. Suite à une mission sur place en juin 2013, Eva Joly et d’autres députées européennes EELV sont également montées au créneau : « En tant que parlementaires européens, nous ne pouvons ignorer ce qui s’y passe. Parce que la catastrophe écologique nous concerne directement, mais aussi et surtout parce nous sommes impliqués dans ce non-sens par la voie d’entreprises européennes comme Alstom ou GDF Suez, qui participent à la conception et à la construction de ce projet malgré les principes de l’Union européenne en termes de responsabilité sociale et environnementale. »

      Les multiples procédures judiciaires intentées au Brésil même et à l’étranger contre le barrage de Belo Monte ne semblent pas déranger le groupe français, dont le code éthique garantit pourtant le « respect des lois, des réglementations et autres obligations en vigueur, quel que soit le pays où l’entreprise est établie ». Le fait que le Brésil ait été épinglé par la Commission inter-américaine des droits de l’homme, entre autres, pour ne pas avoir respecté la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les droits des peuples indigènes paraît également en contradiction avec la charte de développement durable du groupe, qui affirme : « Les fournisseurs et sous-traitants d’Alstom doivent se conformer à la Déclaration universelle des droits de l’homme, aux Conventions fondamentales de l’Organisation Internationale du Travail, aux principes directeurs de l’Organisation de coopération et de développement économique [...] ainsi qu’à toute autre convention ou réglementation internationale, nationale et locale applicable à leurs activités dans les pays où ils interviennent. »

      Au-delà de Belo Monte, Alstom est également impliquée, entre autres, dans le complexe du Rio Madeira, à l’autre bout de l’Amazonie. On y retrouve les mêmes problèmes qu’à Belo Monte : études d’impact tronquées et contestées, passage en force de l’administration et batailles judiciaires, résistance des peuples indigènes, chantiers colossaux occasionnant d’importants bouleversements sociaux (et, en l’occurrence, des émeutes ouvrières). Dans toute l’Amazonie, le développement des grands barrages a eu pour résultat d’attiser les tensions entre indigènes et gouvernement. Alstom, pour sa part, se contente de reprendre l’argumentaire du gouvernement brésilien sur les bienfaits des barrages amazoniens en termes d’accès à l’électricité, de réduction et de croissance économique. Le groupe se prépare à équiper la prochaine génération de mégabarrages amazoniens, qui cibleront cette fois d’autres affluents de l’Amazone, le Teles Pires et le Tapajós.

      La réponse habituelle d’Alstom à ceux qui l’interpellent sur son implication directe dans ces mégaprojets amazoniens est de faire valoir que le groupe n’intervient que comme fournisseur de turbines, sans participer directement pas aux décisions. Quand bien même cela suffirait à dédouaner l’entreprise française de toute responsabilité quant aux violations de droits humains occasionnées par les barrages, il semble bien qu’en fait, la réalité soit moins claire. Selon la presse brésilienne, Alstom a joué un rôle actif dans la phase de montage financier du projet, alors que l’autorisation administrative n’était pas encore validée. Il s’agissait aussi pour l’entreprise de capter une partie des aides et financements publics débloqués par l’État brésilien pour s’assurer que le projet verrait bien le jour. International Rivers, ONG internationale critique des grands barrages, estime ainsi que l’offre de turbines d’Alstom était financée à hauteur de 30% par les deniers publics brésiliens, sous forme de crédit d’impôts.

      De la même manière, le groupe français a été impliqué dès le départ dans la conception du complexe du Rio Madeira aux côtés d’Odebrecht, le géant brésilien du BTP – et bien avant que GDF Suez soit finalement retenu pour construire et opérer le barrage de Jirau. Alstom souhaitait faire de ces deux barrages un test et une vitrine pour ses nouvelles turbines bulbe. L’entreprise française avait même signé un contrat d’exclusivité avec Odebrecht avant même que les appels d’offre ne soient lancé (contrat d’une légalité douteuse auquel les deux parties ont finalement fini par renoncer).
      De la Chine à l’Afrique

      L’engagement d’Alstom dans le barrage des Trois Gorges en Chine, au milieu des années 1990, aura marqué un tournant décisif pour le groupe et pour l’industrie mondiale des grands barrages en général. L’entreprise française, appuyée par la diplomatie économique française et par BNP Paribas [2], a fourni 14 des 32 turboalternateurs du mégabarrage, initié en 1994, mais qui n’a pas fonctionné à pleine capacité avant 2012. Le barrage des Trois Gorges a toujours été très contesté, y compris au sein des milieux dirigeants chinois. Il a entraîné des déplacements de population à une échelle massive, submergé 13 villes, 4500 villages et plusieurs centaines de sites archéologiques, dont certains d’une valeur inestimable. Ses impacts de long terme sur les grands équilibres écologiques du bassin du Yangtze en amont et en aval suscitent toujours une grande inquiétude.

      Le gouvernement chinois n’avait pas manqué de poser ses conditions à la participation d’Alstom et des industriels occidentaux : ils devaient partager leur expertise et leur technologie avec leurs partenaires chinois. Selon Peter Bosshard, directeur d’International Rivers, ce transfert de technologie a joué un rôle catalyseur dans le développement de l’industrie hydroélectrique chinoise. Il a permis l’émergence d’un certain nombre d’entreprises chinoises spécialisées dans la construction de grands barrages (Three Gorges Corporation, Sinohydro, etc.), ainsi que de deux fabricants de turbines, Dongfang et Harbin. Soutenues par les banques publiques chinoises, ces firmes ont ensuite étendu leurs activités au niveau international, principalement en Afrique et en Asie du Sud-est, contribuant au renouveau mondial des grands barrages. L’arrivée des acteurs chinois s’est aussi accompagnée, au moins dans un premier temps, d’un certain relâchement des exigences sociales et environnementales qui s’était imposées au fil du temps à l’industrie hydroélectrique.

      Du point de vue d’Alstom, cet arrangement avait un double avantage. Le premier était de s’installer sur le marché hydroélectrique chinois, le plus important au monde, où le groupe déclare aujourd’hui détenir 20% des parts de marché, derrière Dongfang et Harbin. Le groupe français a vendu ses turbines à toute une série de projets, dont le plus significatif à ce jour est celui de Xiangjaba, en amont des Trois Gorges (8000 MW). Alstom lui a fourni quatre unités hydroélectriques de 800 MW, les plus puissantes jamais construites à ce jour. Le second avantage était de pouvoir accompagner les firmes chinoises dans leur expansion internationale. Alstom a profité de son association avec les Chinois pour participer à une multitude de nouveaux projets, depuis le Vietnam (barrage de Lai Chau, 1200 MW, avec Hydrochina Zhongnan Engineering Corp) et la Malaisie (barrage de Bakun 2400 MW avec Sinohydro) jusqu’au Ghana (barrage de Bui, 400 MW, construit par Sinohydro)

      C’est dans ce contexte qu’il faut replacer l’ouverture en fanfare de la nouvelle usine de Tianjin. De l’aveu même de l’entreprise, plus de la moitié de la production de l’usine de Tianjin sera destinée à l’exportation hors de Chine, principalement vers l’Asie du Sud-est et, dans une moindre mesure, l’Afrique. Relativement épargnés à ce jour en raison de décennies de conflits ou d’isolement politique, le Mékong, la Salouen et l’Irrawaddy font aujourd’hui l’objet d’une véritable course aux projets hydroélectriques. Pas moins de douze mégabarrages sont ainsi prévus sur le Mékong, sans que leur impact cumulé sur les écosystèmes du fleuve (et en particulier sur les ressources en poisson, essentielles à la sécurité alimentaire de dizaines de millions de personnes) ait été vraiment étudié. Au contraire, malgré l’existence d’un organisme de gestion conjointe du fleuve entre nations riveraines (Laos, Cambodge, Thaïlande et Viernam), chaque pays lance ses projets de son côté, suscitant des tensions diplomatiques. À cela s’ajoute les enjeux de droits humains dans une région parsemée d’une multitude de communautés ethniques, parfois en situation de conflit armé avec les gouvernements nationaux. Alstom déclare cibler notamment le développement hydroélectrique de la Birmanie (Myanmar), nouvel eldorado des grandes multinationales, même si les ONG estiment que les enjeux de droits humains sont loin d’y être résolus.

      De quoi alimenter les inquiétudes alors qu’une bonne partie des projets issus de cette nouvelle stratégie d’Alstom s’est déjà retrouvée sous le feu des critiques des écologistes, des communautés locales et autres. Le barrage de Bakun, dans le Sarawak en Malaisie, a été inclus en 2005 par l’ONG Transparence international dans ses « Monuments globaux de corruption » et fait l’objet d’une vive résistance des populations indigènes locales, relayée par une campagne internationale de soutien. Le barrage de Bui, au Ghana, a entraîné la submersion d’une partie d’un Parc national et la mise en danger de l’habitat de l’hippopotame noir, une espèce menacée. Les études d’impact environnemental n’ont jamais été publiées, et les résidents locaux accusent les autorités de ne pas avoir tenu leurs promesses de compensation.

      Le cas le plus problématique est toutefois celui du barrage de Merowe au Soudan (1250 MW), construit sur la quatrième cataracte du Nil entre 2003 et 2009. Les bailleurs de fonds occidentaux avaient refusé de s’engager dans le projet en raison des risques d’atteintes aux droits humains, vide qui a été comblé par la China Export Import (Exim) Bank. Malgré les pressions de la société civile, deux entreprises européennes, Lahmeyer (Allemagne) et Alstom, ont accepté de s’engager et ont tenu bon contre vents et marées. L’étude d’impact environnemental a été tenue secrète et, quand elle a été finalement « fuitée » en 2007, sévèrement critiquée pour ses insuffisances. Un reportage sur les lieux de l’Inter Press Service en 2011 confirme des répercussions importantes à court terme sur les stocks de poisson et la perte de terres fertiles, et beaucoup d’incertitudes à long terme. Pire encore peut-être, le barrage de Merowe a entraîné le déplacement forcé de 50 000 personnes, dans des conditions parfois très violentes, et la submersion de sites historiques de la Nubie antique. Dès 2007, Miloon Kothari, Rapporteur spécial de l’ONU sur le logement décent, avait exprimé ses « sérieuses inquiétudes ». Les résidents locaux ne voulaient pas quitter la zone pour gagner les terres arides qui leur avaient été assignées par le gouvernement soudanais, malgré les promesses initiales. Ce dernier aurait envoyé des milices armées en avril 2006 pour intimider les habitants, avec trois morts à la clé[Voir ce reportage vidéo d’Al Jazeera (en arabe).]]. En juillet-août 2008, les autorités soudanaises et les opérateurs du barrage ont commencé à retenir l’eau et submerger les villages alentour, sans les avoir prévenu, pour les forcer au départ. Le gouvernement soudanais a fermé la zone aux organisations humanitaires.

      Réponse de Patrick Kron aux critiques ? « Merowe triplera presque la capacité de génération d’électricité du Soudan. (…) À notre connaissance, des programmes sont en place pour atténuer l’impact social et environnemental de ce projet. » L’entreprise Lahmeyer, de son côté, est poursuivie devant la justice allemande par l’European Center for Constitutional and Human Rights (ECCHR) pour son implication dans le barrage et dans les atteintes aux droits humains qu’il a occasionné. Ces poursuites ciblent deux employés accusés d’être responsables de la submersion soudaine des villages environnants.

      L’implication récente d’Alstom dans le projet de barrage de Grand Renaissance en Éthiopie paraît indiquer que le groupe n’a pas l’intention de s’arrêter en si bonne voie. Profitant de la crise politique que connaissait l’Égypte, le gouvernement éthiopien a lancé dans la précipitation le chantier de ce barrage, dont la plupart des bailleurs internationaux se sont tenus à l’écart. Un panel d’experts internationaux vient de conclure que le barrage présentait des faiblesses structurelles et que l’étude d’impact sur l’aval du fleuve présentée par l’Éthiopie était insuffisante.
      Quelle responsabilité pour Alstom ?

      Le groupe français commence à être rattrapé par la réalité. En Inde, le mouvement paysan KMSS (Krishnak Mukti Sangram Samiti) et les populations locales opposées au mégabarrage de Lower Subansiri (2000 MW), à la frontière de l’Assam et de l’Arunachal Pradesh, ont ainsi réussi à bloquer pendant plusieurs semaines la livraison des turbines d’Alstom. Ce projet s’inscrit dans une véritable course à la construction de grands barrages dans le Nord-Est de l’Inde, au bénéfice non des populations locales (souvent indigènes), mais du centre du pays. L’impact cumulé de ces barrages dans une région fragile sismiquement et écologiquement n’a jamais été évalué.

      S’y ajoutent les campagnes, souvent efficaces, ciblant les investisseurs et bailleurs européens. Elles ont par exemple contraint Alstom et la plupart des autres firmes européennes à se retirer du projet d’Ilisu en Turquie, suite au retrait des agences de crédit à l’exportation suisse, autrichienne et allemande. En Norvège, le puissant fond de pension communal a décidé de se désengager d’Alstom en raison de son implication dans le projet de Merowe, et les ONG du pays s’efforcent – sans succès jusqu’à présent – de convaincre le fonds de pension des fonctionnaires gouvernementaux d’en faire de même. En France, pour des projets comme les Trois Gorges et Lower Subansiri, Alstom a bénéficié du soutien actif de la Coface.

      En matière de responsabilité sociale des entreprises, Alstom est plus connu pour son implication dans des affaires de corruption ou encore dans les colonies illégales en Palestine (une implication pour laquelle l’entreprise a été mise sur la liste noire de plusieurs investisseurs institutionnels). L’entreprise pourra-t-elle continuer longtemps à se défausser de toute responsabilité à l’égard des impacts sociaux et environnementaux des grands barrages dans lesquels elle est impliquée ? Comme le souligne encore Peter Bosshard, « tous les acteurs principaux de projets se chiffrant en milliards de dollars partagent la responsabilité de leurs conséquences, y compris leur impact social et environnemental. Les gouvernements ont la responsabilité principale, mais les fournisseurs d’équipements qui apporte le moteur du projet (et une technologie que seule une poignée de firmes maîtrise) ne peuvent pas s’absoudre de leur part de responsabilité. »

      http://multinationales.org/Alstom-un-groupe-francais-au-coeur

      Je signale ici surtout pour ce passage :

      Malgré l’existence d’un organisme de gestion conjointe du fleuve entre nations riveraines (Laos, Cambodge, Thaïlande et Viernam), chaque pays lance ses projets de son côté, suscitant des tensions diplomatiques. À cela s’ajoute les enjeux de droits humains dans une région parsemée d’une multitude de communautés ethniques, parfois en situation de conflit armé avec les gouvernements nationaux. Alstom déclare cibler notamment le développement hydroélectrique de la Birmanie (Myanmar), nouvel eldorado des grandes multinationales, même si les ONG estiment que les enjeux de droits humains sont loin d’y être résolus.

    • A Day Before Laos Dam Failed, Builders Saw Trouble

      The day before this week’s catastrophic dam failure in Laos, the companies building the dam knew that it was deteriorating, and one of them saw a potential trouble sign three days in advance. Yet many people living downstream received no warning of the deadly flood that was about to sweep away villages, farms, livestock and people.

      The companies said they had warned Laotian officials of the danger, and some villages were evacuated, but the dam’s collapse killed at least 27 people — many more are still missing — and displaced at least 6,600 others in Laos. On Thursday, state media in Cambodia reported that as many as 25,000 more people in that country were being evacuated from the northern border province of Stung Treng, as the flood surge made its way south.

      Now, as rescue workers scramble to find missing villagers and care for others in makeshift shelters, questions are mounting about the speed of the one-party state’s response, the quality of the companies’ work, and whether they could have done more to prevent the accident or alert people to the peril.

      Xe-Pian Xe-Namnoy Power Company, a joint venture of two South Korean firms, one from Thailand and a state-owned Laotian firm, is building the hydroelectric project, which includes several dams.

      The state-controlled Lao News Agency initially reported that 5 billion cubic meters of water had spilled over the dam, but later quietly revised that number downward to half a billion cubic meters, or roughly 17.7 billion cubic feet, of water. Even the lower volume would be enough to cover an area the size of Manhattan in water 28 feet deep.

      Accounts given by the two South Korean companies differ in several details, and do not answer the crucial question: When did they know, or should they have known, that the dam might be headed toward collapse?

      On Friday, engineers noticed a depression, or “settlement,” about four inches deep in the center of the dam, Korea Western Power, one of the companies, said in a report to South Korea’s Parliament.

      A company official told lawmakers — one of whom released the report on Thursday — that such sinking was common with the kind of heavy rainfall the region was experiencing, so the engineers decided to monitor it rather than take action.

      On Sunday, engineers found 10 “fractured settlements” on the top of the dam and set out to repair them, but they could not get the necessary repair equipment to the scene until Monday afternoon, when it was too late, the company’s report said.

      SK Engineering & Construction of South Korea, the main builder of the project, said on Thursday that it had discovered at 9 p.m. on Sunday that part of the dam’s top was missing.

      In a statement, the company said it had “immediately” reported the damage to the local authorities and evacuations of the nearest villages began, but it did not alert the provincial government until noon the next day that the dam might deteriorate further.

      By 11 a.m. on Monday, Korea Western Power said, there was a depression more than three feet deep in the top of the dam.

      On Monday, the joint venture sent a written notice to provincial officials, which has been seen by The New York Times, warning that Saddle Dam D was in a “very dangerous condition now due to heavy rainfall,” and that villagers downstream should be told to “evacuate to high level position to avoid unfortunate accident by heavy water flow.”

      By Monday afternoon or early evening, the dam was crumbling further and water was pouring through. SK said it received the first report of a village flooding at 1:30 a.m. Tuesday.

      Both South Korean companies mentioned heavy rains in their descriptions of the disaster. But Ian Baird, a geography professor at the University of Wisconsin, Madison, who specializes in Laos and has studied the hydropower project, said he believed the problem was either faulty construction or a decision to store too much water in the dam’s reservoir at a time when heavy rain should have been expected.

      “When at the end of July do we not get rain in this part of the world?” he asked.

      The companies are “trying to play this out as a natural disaster that wasn’t their fault,” he said. “I don’t believe that for a second.”

      Xe-Pian Xe-Namnoy Power Company could not be reached by telephone on Thursday.

      The United Nations has said that eight villages were affected by the flooding. Experts and displaced villagers said in interviews this week that the number could be 11 or more. Some were probably in an area that is extremely isolated in the rainy season, even without a major flood event, Professor Baird said.

      “I’m sure there are still lots of people who nobody has reached yet,” Professor Baird said. Some people might have scrambled to higher ground, but it would depend on when they were notified of the threat.

      A day after the accident, the United Nations reported that 14 bridges had been damaged in Laos and at least 1,494 people there had been evacuated to emergency shelters. It said helicopters and boats were the only means of transportation in the affected areas of Attapeu Province, where rates of child malnutrition are among the highest in the country.

      On Thursday, a reporter who traveled into the affected area — a three-hour drive on bumpy roads from Attapeu Town — saw military personnel and volunteers from several countries steering boats through the floodwaters in a grim search for bodies. Some people there were beginning to return to villages that had been underwater earlier in the week, only to find that all their possessions had been destroyed.

      Octavian Bivol, the Unicef representative in Laos, said on Thursday that while the agency was providing the Laotian authorities with soap, jerrycans and other supplies to assist the equivalent of 1,500 households, the primary challenge was that so many of the flood victims were so isolated.

      At least some of the affected villages had no warning of the lethal threat racing toward them.

      Silam, a 25-year-old woman from southern Laos with two children, said in an interview that she had escaped the floods on Monday night after receiving a phone call not from the government, but from one of her relatives who was in a nearby rice paddy.

      The relative told her to leave the house and move to higher ground “because the water was coming,” she recalled, speaking in a shelter in the southern town of Paksong on Wednesday evening. “I was so scared.”

      Bruce Shoemaker, an independent expert on hydropower in Laos, said that the dam was already “a slow-moving humanitarian and ecological disaster” even before the accident on Monday, in part because all the water diversion was a severe threat to downstream fisheries, the main source of protein for local people.

      “The big thing is there’s a very poor regulatory environment in Laos,” said Mr. Shoemaker, a co-editor of the book “Dead in the Water: Global Lessons from the World Bank’s Model Hydropower Project in Laos.”

      “Private companies get these concessions and there’s very little oversight of how they’re implementing it,” he added, “and that is pervasive throughout the hydropower sector.”


      https://www.nytimes.com/2018/07/26/world/asia/laos-dam-collapse.html?rref=collection%2Fsectioncollection%2Fworld&action=c

    • Le Laos, « batterie de l’Asie du Sud-Est » en court-circuit

      Le Laos est connu pour ses éléphants, ses forêts tropicales et ses nombreux cours d’eau qui façonnent un paysage luxuriant. Ou façonnaient. Car depuis que le pays s’est ouvert au libre marché dans les années 1990, le paysage laotien a été défiguré par des dizaines de projets de barrages hydroélectriques. À tel point que le pays est désormais surnommé « la batterie du Sud-Est asiatique ».

      Les associations environnementales ont déjà alerté à plusieurs reprises sur les conséquences écologiques et humaines de ces projets faramineux. Des avertissements qui n’ont pas trouvé d’écho. Mais qui paraissent pourtant fondés, comme le démontre, lundi 23 juillet, l’effondrement d’un barrage hydroélectrique en construction dans la province d’Attapeu, qui laisse derrière lui plusieurs centaines de morts et disparus, et des villages entiers dévastés.

      Les envoyés spéciaux de Mediapart se sont rendus sur place deux jours après la catastrophe, mercredi 25 juillet. Pour témoigner, en images, des conséquences de cette politique de développement irresponsable.


      https://www.mediapart.fr/studio/portfolios/le-laos-batterie-de-lasie-du-sud-est-en-court-circuit

      Photos d’@albertocampiphoto

    • Information reçue d’un chauffeur de tuc-tuc à Kratje, au Cambodge (pas vérifiée) : le Cambodge aurait rendu au Laos 30 cadavres de personnes retrouvées mortes dans le Mekong suite à l’inondation.

    • Laos. Nonostante il crollo di una diga, proseguono i progetti idroelettrici

      A luglio è crollata una diga per le forti piogge, uccidendo decine di persone in Laos. Ma proseguono i lavori per costruirne molte altre, nonostante i timori della popolazione.
      Nel mese di luglio il Laos è stato scosso dal crollo di una diga, che è costato la vita a decine di persone e ha letteralmente distrutto interi villaggi. Nonostante le promesse e le rassicurazioni del governo, però, i progetti per le nuove centrali idroelettriche vanno avanti. Compresi quelli per due maxi-impianti che, dopo questo grave precedente, non possono non destare preoccupazioni nella popolazione. Lo sottolinea il quotidiano Guardian.

      Il tragico (e parziale) bilancio del crollo di luglio
      Nella notte tra il 23 e il 24 luglio, nella provincia di Attapeu, una diga idroelettrica ancora in costruzione è crollata a seguito delle forti piogge, allagando diversi villaggi e costringendo seimila persone ad abbandonare le loro case. Le vittime accertate sono almeno 35, ma si contano ancora centinaia di dispersi. Secondo la Croce Rossa Internazionale, sono migliaia le persone che vivono tuttora in sistemazioni precarie.

      A distanza di oltre un mese, le notizie in merito sono ancora frammentarie e le autorità laotiane hanno ricevuto parecchie critiche, prima per le difficoltà nella gestione dell’emergenza e poi per il risarcimento offerto ai familiari, pari a meno di 200 dollari per ogni persona che ha perso la vita. A fine agosto è arrivato un carico di aiuti umanitari da parte della Russia.

      I lavori per due enormi dighe vanno avanti, nonostante tutto
      A inizio di agosto, il primo ministro laotiano Thongloun Sisoulith aveva ordinato di bloccare tutti i futuri progetti di centrali idroelettriche e di avviare un esame approfondito di tutti quelli in corso. Soltanto 24 ore dopo quest’annuncio, tuttavia, è iniziato il processo di consultazione per la diga Pak Lay nella provincia di Xayaburi (o Sainyabuli), nella zona nord-occidentale del paese asiatico, al confine con la Thailandia. Si tratta di un grande passo avanti per la costruzione di questa nuova diga, che sarà la quarta per dimensioni sul fiume Mekong.

      Secondo la Mekong River Commission, prosegue indisturbato anche l’iter per la diga Pak Beng, che produrrà 912 megawatt di energia e richiederà un investimento di circa 2,4 miliardi di dollari. Il progetto ha già superato la fase di consultazione e sta aspettando il via libera dalle autorità delle quattro nazioni coinvolte (oltre al Laos, anche Thailandia, Cambogia e Vietnam).

      Entrambi i progetti, Pak Lay e Pak Beng, sono finanziati da alcune imprese cinesi e hanno riscosso vibranti proteste da parte degli ambientalisti e delle comunità locali. Secondo alcune indiscrezioni, non sarebbero nemmeno stati sottoposti ai controlli promessi dalle autorità. Le stime dicono che, se verranno completati, costringeranno migliaia di famiglie a trasferirsi (circa 1000 famiglie il primo e 6.700 il secondo).

      Secondo la Mekong River Commission, prosegue indisturbato anche l’iter per la diga Pak Beng, che produrrà 912 megawatt di energia e richiederà un investimento di circa 2,4 miliardi di dollari. Il progetto ha già superato la fase di consultazione e sta aspettando il via libera dalle autorità delle quattro nazioni coinvolte (oltre al Laos, anche Thailandia, Cambogia e Vietnam).

      Entrambi i progetti, Pak Lay e Pak Beng, sono finanziati da alcune imprese cinesi e hanno riscosso vibranti proteste da parte degli ambientalisti e delle comunità locali. Secondo alcune indiscrezioni, non sarebbero nemmeno stati sottoposti ai controlli promessi dalle autorità. Le stime dicono che, se verranno completati, costringeranno migliaia di famiglie a trasferirsi (circa 1000 famiglie il primo e 6.700 il secondo).

      https://www.lifegate.it/persone/news/laos-dighe-idroelettrico

  • Ça y est : officiellement L’#ONU se sort enfin le doigt du cul concernant la crise climatique : les états membres demandent l’établissement de rapports annuels et un ambassadeur français soutient l’idée d’une « diplomatie multilatérale du XXIe siècle qui intègre pleinement les impacts du changement climatique dans une démarche de prévention des conflits ».

    L’ONU se penche sur la question du lien entre changement climatique et risques de conflits
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/07/12/l-onu-se-penche-sur-la-question-du-lien-entre-changement-climatique-et-risqu

    Un monde plus chaud est un monde potentiellement plus conflictuel. C’est le constat dressé par le Conseil de sécurité de l’ONU, mercredi 11 juillet, qui a tenu, pour la première fois depuis sept ans, un débat sur le lien de causalité entre le changement climatique et les risques de survenue ou d’aggravation des conflits.

    Faute de pouvoir contenir l’augmentation de la température globale, la réponse sera obligatoirement "sécuritaire" pour gérer le cheptel humain impacté par cet emballement du réchauffement. Un exemple d’initiatives locales :

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/07/11/les-deputes-approuvent-la-limitation-du-droit-du-sol-a-mayotte_5329926_82344

    Faire face à la très forte immigration clandestine en provenance des Comores, un défi pour le 101e département français. Mercredi 11 juillet, les députés ont approuvé en commission l’adaptation du droit du sol à Mayotte introduite par le Sénat et soutenue par l’exécutif.

    #climat