• Mobilités résidentielles, territoires et politiques publiques - Vivre à Gambetta, l’ancrage local. Lorsque la proximité devient ressource - Presses universitaires du Septentrion (2011)
    http://books.openedition.org/septentrion/3205

    L’analyse des pratiques spatiales observées et de celles décrites par les personnes rencontrées révèle que la valorisation de Gambetta par ces personnes repose autant sur sa spécificité ethnique que sur le mode de vie que le quartier permet d’adopter. Cela apparait clairement dans le discours des femmes puisque, pour la plupart d’entre elles, Gambetta concentre l’ensemble des lieux que leur statut de mère, souvent d’épouse, les amène à fréquenter. Espace commercial, espace de loisir, espace de services et, pour certaines, espace de travail se regroupent à Gambetta pour former un « espace de vie »6 ramassé et centré sur leur lieu d’habitation. Cet « espace de vie » se fonde sur la proximité unissant le lieu d’habitation et les différents équipements et services du quartier. Cette organisation de l’espace donne lieu à l’élaboration de stratégies qui permettent aux familles de tirer parti au maximum des opportunités présentes dans le quartier tout en limitant les pertes de temps et les coûts liés au transport. La proximité unissant lieu d’habitation, lieu de travail, lieux commerciaux et lieu de scolarisation des enfants, associée à une importante mobilité piétonne, est favorable à un mode de vie fondé sur la recherche d’autonomie, autonomie qui autorise le ou les parents à saisir des offres d’emplois précaires qui circulent dans le quartier tout en continuant à assurer la garde de leurs enfants les midis ainsi qu’à la sortie des classes. En enchaînant des contrats de travail précaires et pas toujours formels ainsi qu’en économisant les coûts liés au transport et à la garde de leurs enfants, les familles adoptent un mode de vie économe fondé sur les ressources présentes à Gambetta. In fine cela a pour effet d’accroitre la « dépendance locale » des ménages (Fol, 2009). Du fait de leur attachement au quartier et aux ressources de la proximité, le déménagement est parfois inenvisageable. Pour ces personnes, le « choix » de vivre à Gambetta s’apparente à un choix de mode de vie.

    5Il s’agit d’identifier quelles sont les ressources que les familles rencontrées valorisent dans le quartier et de voir comment leur mode de vie permet d’en maximiser l’usage et de parer à la rareté du capital dont souffre la plupart des familles immigrées.

    6Nous verrons d’abord en quoi l’ancrage local est une donnée incontournable pour l’accès à l’emploi des immigrés maghrébins ; on le constate évidemment par le biais des offres d’emploi proposées par les commerçants maghrébins du quartier, mais cela est également vrai pour celles du secteur du bâtiment relayées localement par les réseaux immigrés. Dans un second temps, nous présenterons comment le recours aux ressources de la proximité s’impose comme élément de stabilisation de la sphère familiale ; à cette occasion nous constaterons que l’ancrage des familles n’est pas exclusif de toute forme de mobilité et que leur mode de vie économe se traduit par de très nombreux déplacements dans le quartier.

    C’est un texte intéressant sur le quartier Gambetta de #Montpellier. À opposer, notamment, aux délires racistes qu’on peut trouver par ailleurs à propos de ce quartier, comme cette saloperie traduite dans Courrier en 2013 : https://www.courrierinternational.com/article/2013/07/04/montpellier-la-face-sombre-d-un-midi-de-carte-postale