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  • « L’élimination des masques réutilisables est un choix historique discutable », Bruno Strasser, propos recueillis par Patricia Jolly, 25 mai 2020
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/05/25/l-elimination-des-masques-reutilisables-est-un-choix-historique-discutable_6


    Personnel de la Croix-Rouge réassemblant des masques après stérilisation lors de la pandémie de grippe espagnole, à Boston, en mars 1919. U.S. States National Archives (165-WW-269B-37)

    L’historien des sciences Bruno Strasser a retracé avec son collègue Thomas Schlich l’avènement des masques chirurgicaux jetables dans les années 1960. Un tournant qui lui semble préjudiciable.

    Dans un article coécrit avec le médecin et historien de la chirurgie Thomas Schlich, et paru dans la revue médicale The Lancet le 22 mai, le biologiste et historien des sciences Bruno Strasser retrace l’histoire, l’évolution et l’adaptation des masques médicaux à la culture du « tout-jetable ». Pour le chercheur et son homologue, ils sont devenus, au fil du temps, à la fois le symbole de la fragilité de la médecine moderne et de la santé publique.

    La pandémie de Covid-19 vous a inspiré un travail de recherche sur les masques. Pourquoi ?

    C’est surtout la question de la pénurie de masques qui nous a intrigués, car on sait depuis très longtemps que le masque est indispensable dans la lutte contre les maladies infectieuses, qu’il ne coûte pas cher et est facile à produire. Il est donc étonnant qu’on se soit retrouvé pris au dépourvu quand la pandémie est arrivée, avec des situations dramatiques pour le personnel soignant dans de nombreux hôpitaux.

    Au-delà de la façon dont nous nous sommes préparés et des raisons pour lesquelles on ne disposait pas de stocks plus importants, nous nous sommes demandé pourquoi le masque était devenu un objet de consommation jetable alors qu’il ne l’a pas toujours été.
    Jusque dans les années 1970, c’est-à-dire très récemment, les masques médicaux étaient presque tous réutilisables. Ils faisaient l’objet de recherches poussées, ils étaient évalués scientifiquement, et leur développement a conduit à des modèles dont les performances étaient considérées comme très satisfaisantes, souvent même supérieures à celle des masques jetables. C’est ce paradoxe qui a motivé nos recherches.

    Quelles étapes avez-vous distinguées dans l’histoire du masque de protection faciale ?

    Le masque est apparu sous sa forme moderne dans le contexte de la chirurgie à la fin XIXe siècle, en Pologne actuelle, quand le chirurgien Johann Mikulicz-Radecki a appris d’un collègue bactériologiste que les gouttelettes de salive regorgent de microbes vivants. Il a alors commencé à porter un masque lorsqu’il opérait et a constaté que cela diminuait le nombre d’infections post-opératoires chez ses patients.
    En soi, le masque n’était pas nouveau. Avant les découvertes de Louis Pasteur, au milieu du XIXe siècle, on croyait que la contagion était causée par des « miasmes » présentes dans l’air vicié. C’est pour cela que les médecins de la peste du XVIIe siècle ont porté les fameux masques en forme de bec d’oiseau, contenant des épices et des herbes aromatiques pour neutraliser les miasmes.

    Jusqu’à la toute fin du XIXe siècle, il n’existait pas de distinction ferme entre les masques destinés à éviter les infections et les masques utilisés par les pompiers opérant au milieu de fumées toxiques par exemple. C’est pourquoi on retrouve à ce moment-là, en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, une multitude de brevets d’invention de masques à usages multiples utilisés tout à la fois contre les fumées toxiques, les poussières et les infections. Mais c’est la chirurgie qui invente le masque « moderne », destiné exclusivement à empêcher la transmission de microbes du porteur de masque vers le patient.

    Le masque pour se protéger des personnes infectieuses dans un contexte épidémique ou pandémique se généralise ensuite lors de l’épidémie de peste en Mandchourie en 1910, et surtout pendant la grippe dite « espagnole » de 1918-1919. Dans certaines villes aux Etats-Unis, comme San Francisco, chacun était légalement obligé de porter un masque dans l’espace public.

    Vous identifiez ensuite les années 1960 comme le virage technologique à l’origine de la pénurie que nous connaissons aujourd’hui…

    Jusqu’aux années 1960, quasiment tous les masques étaient en tissu. Il y avait de nombreux modèles différents, composés de superpositions de couches et souvent dotés d’une partie métallique qui se fixait sur le nez. Tous étaient stérilisables, ce qui ne posait aucun problème en milieu hospitalier où, comme aujourd’hui, les infrastructures de stérilisation étaient en place et permettaient la réutilisation des masques. Et, pour quasiment tous les brevets de l’époque que j’ai pu voir, les inventeurs mettaient en avant comme un avantage cette possibilité de stérilisation et donc de réutilisation.

    C’est alors que s’est produit une révolution technologique avec l’arrivée sur le marché des textiles en fibres synthétiques non tissées. Ces nouvelles matières permettent de produire des masques, notamment les respirateurs FFP2/FFP3 et N95 comme on les appelle aujourd’hui, dont les pores sont beaucoup plus petits et devraient donc mieux filtrer les bactéries et les virus. Ces nouveaux masques s‘imposent en l’espace d’une décennie et remplacent alors intégralement les masques réutilisables. Nous avons cherché à comprendre les raisons de cette transition.

    Confinés chez nous, sans accès aux bibliothèques scientifiques, nous avons pu néanmoins étudier, grâce au récent travail de numérisation, de nombreuses revues médicales – y compris leurs publicités. Nous avons constaté que ce n’est pas l’argument de l’hygiène, comme on aurait pu s’y attendre, qui a été déterminant, puisque nous n’avons retrouvé dans la littérature médicale aucune étude qui rapporte des problèmes de stérilité liés aux masques réutilisables.

    En revanche, nous nous sommes aperçus que les journaux médicaux et infirmiers étaient inondés de pleines pages de publicité, notamment de la société 3M, qui fait figure de mastodonte dans ce domaine et qui pousse puissamment à la consommation de ces nouveaux masques jetables grâce à des campagnes de marketing très agressives. Cette entreprise impose également les masques jetables en réalisant des études « comparatives » qui désignent, sans surprise, les nouveaux masques comme « supérieurs » aux anciens.

    Le passage au masque jetable n’est donc aucunement lié à un défaut de qualité et d’efficacité des masques industriels en tissus ?

    Apparemment pas ou alors de manière secondaire. La transition est évidemment liée au fait que les matières premières synthétiques sont peu chères et qu’il est plus pratique d’avoir du jetable que du réutilisable, qui exige du personnel à la laverie et au réassemblage, puisqu’il faut réinsérer la pièce métallique nasale dans le tissu.

    Mais, c’est plus fondamentalement la logique de la gestion des stocks qui a permis au masque jetable de s’imposer. Il apparaît largement dans la littérature que les administrateurs d’hôpitaux trouvent beaucoup plus simple de gérer des stocks de jetables. Cela facilite grandement la circulation des matériels dans l’institution hospitalière.

    Quelle leçon tirer de ce constat pour la crise du masque qui nous touche aujourd’hui ?

    Après la pandémie de Covid-19 et dans l’optique d’autres pandémies à venir, nous devons nous garder de considérer qu’il faut stocker toujours plus de masques jetables, même si l’industrie nous pousse à le faire, sans oublier d’ajouter qu’il y a des dates de péremption et qu’il faut donc régulièrement renouveler les stocks.

    Stocker n’est pas une solution envisageable à l’échelle d’une pandémie quand on considère qu’aux Etats-Unis, selon la réserve stratégique de matériels médicaux, il faudrait 500 millions de masques par mois juste pour les hôpitaux du pays et que cette réserve n’en contenait que 30 millions en janvier 2020. Il faut cesser de créer notre propre vulnérabilité en stockant des millions de masques jetables et périssables.

    Une solution serait donc de renouer avec la fabrication de masques réutilisables de qualité industrielle ?

    Oui. Notre article n’a rien d’un brûlot contre l’industrie, au contraire. Elle possède un savoir-faire énorme, l’évidente capacité de produire des millions de masques réutilisables tout en garantissant un contrôle-qualité élevé. Il faut solliciter les partenaires industriels tout en leur signifiant qu’on veut surtout des masques réutilisables. Et qu’on veut soutenir, dans ce domaine, la recherche qui a été interrompue dans les années 1960, créant ainsi une ignorance sur la façon de produire des masques réutilisables efficaces.

    De cette façon, nous disposerons toujours de la quantité de masques indispensable plutôt que de devoir les bricoler soi-même sur un coin de table, dans l’urgence d’une pandémie, à partir de tutoriels souvent très approximatifs.

    C’est aussi une petite pique pour le mouvement DIY (« do it yourself ») : produire des masques artisanaux à domicile est évidemment utile et sympathique, mais c’est un emplâtre sur une jambe de bois quand on est confronté à l’ampleur d’une pandémie.
    Les masques jetables auront toujours un rôle à jouer dans certaines situations hospitalières, car ils possèdent des propriétés spécifiques, mais leur généralisation et l’élimination complète des masques réutilisables est un choix historique discutable dont nous payons le prix aujourd’hui.

    Les Etats ont donc un rôle prépondérant à jouer dans ce changement d’orientation…

    Oui, car l’Etat est un client-consommateur qui achète en énormes quantités, à la fois pour ses réserves stratégiques et pour ses hôpitaux. Il est bien placé pour comprendre le risque de la culture du jetable, puisqu’il a réfléchi depuis longtemps aux situations de guerre dont certains aspects ressemblent aux situations de pandémie, avec des interruptions du commerce international et donc à la notion d’autonomie en ce qui concerne les matériaux stratégiques. Les pharmacies de guerre, par exemple, ont parfois encore des seringues stérilisables dans l’optique où, en situation de conflit, il serait impossible de les fabriquer à cause de pénuries de matériaux.

    L’Etat doit poursuivre aujourd’hui cette même réflexion, mais en prévision d’un contexte de crise environnementale ou sanitaire. Cette proposition n’a rien de radicale, elle n’est ni de droite ni de gauche, mais il est urgent de s’y employer. La perspective de guerre s’estompe heureusement depuis un moment en Europe, mais les menaces de crise environnementale et sanitaire ne sont que trop présentes.

    Un article éclairant, malgré le parti pris étatiste qui plombe ici encore la politique du soin en refusant de concéder quelque intérêt que ce soit aux pratiques sociales, comme si la réduction des risques ne pouvait que dépendre d’opérateurs centraux chargés de civiliser et guider un troupeau de bipèdes incapables d’inventer et de s’approprier des techniques pas si compliquées (déterminer les meilleurs matériaux, procédés, ergonomie, etc pour produire autre chose que les ersatz de protection). Dénier cette capacité collective, en faire une propriété des professionnels de la profession, c’est laisser le champs libre à la privatisation de ces enjeux, État ou pas. Relever le rôle joué par 3M, l’inscrire partiellement dans son contexte (fordiste : production de masse et gestion de flux), ok. Mais sans sortir du tête à tête État garant de l’intérêt général et industrie comme pourvoyeuse de la seule possible, c’est plus que court. La "neutralité axiologique" à bon dos, c’est une prise de parti.

    #Histoire_des_sciences #masques #masques_réutilisables #crise_sanitaire #écologie

  • Comment la parole et le vent diffusent le SARS-CoV-2
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/05/26/comment-la-parole-et-le-vent-diffusent-le-sars-cov-2_6040837_1650684.html

    L’éjection de gouttelettes par la parole ou lors d’un éternuement et leur trajectoire à l’air libre ont été étudiés par deux équipes de scientifiques.

    Il apparaît de plus en plus clairement que le simple fait de parler engendre l’émission de gouttelettes susceptibles de propager le virus. Philip Anfinrud et ses collègues des Instituts nationaux de la santé (NIH, Bethesda, Maryland) ont utilisé une illumination laser pour visualiser ces gouttelettes. Ils ont constaté qu’un locuteur pouvait en émettre jusqu’à 10 000 par seconde, et qu’elles pouvaient subsister dans un lieu confiné jusqu’à quatorze minutes (PNAS du 13 mai).

    En extérieur, Talib Dbouk et Dimitris Drikakis, de l’université de Nicosie (Chypre), ont simulé la dispersion d’un nuage de particules engendré par un éternuement (Physics of Fluids du 19 mai). En l’absence de vent, ces gouttelettes se propagent à moins de 2 mètres. Mais, dès qu’une brise se lève, elles peuvent voyager à 6 mètres sans qu’une forte dilution soit intervenue. Selon eux, une distanciation physique de 2 mètres dans ces conditions est insuffisante. Conclusion : en intérieur comme dehors, le port du masque est le meilleur rempart contre le Covid-19.

    #masques #gouttelettes mais pas #aérosol

  • L’Antarctique verdit
    https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/lantarctique-verdit-colonise-par-les-algues-1204755
    https://www.lemonde.fr/sciences/video/2020/05/22/la-peninsule-antarctique-verdit_6040430_1650684.html
    https://www.nature.com/articles/s41467-020-16018-w

    « Le Continent Blanc » verdit. De minuscules algues prolifèrent sur la neige de l’Antarctique, teintant sa surface en vert. Une étude publiée mercredi dans la revue « Nature Communications » montre que cette « neige verte » est susceptible de se propager à mesure que les températures mondiales augmentent.

    https://www.youtube.com/watch?v=e8e-jX-qojw&feature=emb_title

    #Antarctique #Dérèglement_climatique #Antarctique_verdit

  • « Les personnalités narcissiques aiment les situations de crise »
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/05/16/bruno-lemaitre-dans-des-crises-des-chercheurs-a-gros-ego-se-revelent-au-gran

    Dans son livre « Les Dimensions de l’ego », le chercheur en immunologie Bruno Lemaitre décrit le narcissisme dans la sphère scientifique, et ses dangers.
    […]
    L’étude des personnalités, est-ce pour vous un nouveau champ de recherche ou un moyen de mieux comprendre l’univers dans lequel vous évoluez ?
    Bruno Lemaitre : Je suis spécialiste des drosophiles mais l’humain m’a toujours intéressé. Après avoir fait de la recherche pendant un grand nombre d’années, pris un peu de distance, observé comment le monde de la science fonctionne, et j’ai eu envie de me plonger dans l’étude des personnalités et la psychologie évolutionniste.
    Comment monte-t-on dans la hiérarchie ? Peut-on être sympa et génial à la fois ? En sciences comme ailleurs, la dimension « politique » est très importante, mais il y a peut-être un peu plus d’autocritique dans notre domaine. Et puis ces sujets ont donné lieu à tout un faisceau de recherches, principalement dans les pays anglo-saxons. Le narcissisme et son rôle dans le leadership sont assez bien compris, mais ce n’est pas pour autant qu’on parvient à le contrôler.

    En me passionnant pour ce sujet, j’ai réalisé que la montée du narcissisme ces dernières décennies peut expliquer bien des maux de nos sociétés : les inégalités croissantes, la pression sociale, mais aussi l’emphase sur l’apparence physique, la défiance envers les institutions, les difficultés à construire un couple durable… Je n’ai pas franchi le pas pour faire de la recherche en psychologie, mais j’aimerais aller plus loin dans l’exploration des personnalités des scientifiques. Ils forment un groupe puissant, peut-être le plus puissant, même s’ils s’en défendent, et la connaissance scientifique régente beaucoup de choses dans la société. J’aime la recherche, mais je ne pense pas que les chercheurs doivent être mis sur un piédestal.

    Comment reconnaître un narcissique ?
    En France, le narcissisme est surtout vu sous l’angle de la psychanalyse, et le sujet est surtout centré sur les pervers narc[…]

    #paywall

  • Coronavirus : alerte sur une hausse de cas de syndromes inflammatoires infantiles

    Depuis le 15 avril, un nombre inattendu d’enfants, en majorité porteurs du SARS-CoV-2, sont hospitalisés pour des myocardites aiguës et des formes atypiques du syndrome de #Kawasaki. Aucun décès n’est à déplorer.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/04/29/covid-19-alerte-sur-une-hausse-de-cas-de-syndromes-inflammatoires-infantiles

    #endothélite #covid-19 #enfants #myocardites #immunite

    • Un syndrome inflammatoire lié au Covid peut toucher les enfants
      https://www.rts.ch/info/suisse/12066502-un-syndrome-inflammatoire-lie-au-covid-peut-toucher-les-enfants.html

      Près de 70 cas de syndromes inflammatoires multisystémiques de l’enfant ont été répertoriés en Suisse depuis le début de la pandémie. La maladie survient plusieurs semaines après l’infection au Covid-19 et nécessite souvent une prise en charge des jeunes patients aux soins intensifs. Témoignages.

      Si les enfants souffrent moins de formes sévères du Covid-19, une petite partie d’entre eux peuvent développer une maladie grave nommée syndrome inflammatoire multisystémique.

      Dès le mois d’avril 2020, et alors que les enfants atteints d’une infection par le SARS-CoV-2 étaient décrits comme peu symptomatiques jusque-là, le National Health Service lançait un signal d’alerte en Angleterre en raison de nombreux cas d’enfants consultant pour une fièvre élevée, des signes digestifs et un tableau de dysfonction cardiaque.

      Le syndrome survient quand les défenses immunitaires attaquent l’organisme de l’enfant, plusieurs semaines après une contamination par le Covid-19. Les spécialistes estiment que la maladie touche un peu moins d’un enfant sur mille après une infection au coronavirus. Près de 70 cas ont été répertoriés en Suisse depuis le début de la pandémie.

      Les symptômes peuvent être variés : fièvre prolongée, plaques rouges sur la peau, conjonctivite. La maladie peut provoquer des douleurs abdominales, des troubles gastro-intestinaux et une inflammation cardiaque. Tous les organes peuvent être touchés et de nombreux spécialistes sont impliqués dans la prise en charge des jeunes patients.

      #syndromes_inflammatoires_multisystémiques

  • Children and COVID-19 | RIVM
    https://www.rivm.nl/en/novel-coronavirus-covid-19/children-and-covid-19

    Worldwide, relatively few children have been reported with COVID-19. Data from the Netherlands also confirms the current understanding: that children play a small role in the spread of the novel coronavirus. The virus is mainly spread between adults and from adult family members to children. Cases of children infecting each other or children infecting adults are less common.

    ce n’est qu’une étude, je n’en tirerais pas de conclusions définitives mais c’est un peu rassurant du point de vue de @baroug ; la matrice des âges transmetteur / infecté ci-dessous est bien foutue :

  • #Coronavirus : les premiers essais avec le #tocilizumab sont prometteurs, affirme l’AP-HP
    https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-les-premiers-essais-au-tocilizumab-sont-prometteurs-affirme

    L’essai a été réalisé sur 129 patients hospitalisés en raison d’une infection moyenne ou sévère au coronavirus, « mais ne nécessitant pas de réanimation au moment de l’admission », précise le communiqué. Parmi eux, 65 ont reçu un traitement habituel accompagné de tocilizumab et les 64 autres n’ont bénéficié que du traitement habituel.

    Parmi les malades, les médecins ont analysé ceux qui avait « besoin de ventilation (mécanique ou non invasive) ». Ils ont aussi compté le le nombre de décès survenus dans les quatorze jours suivant l’étude. Qu’ont-ils remarqué ? Que ce "critère de jugement principal a été atteint chez une proportion significativement plus faible de patients" traités au tocilizumab.

    Les résultats de cet essai vont désormais être soumis pour publication dans un journal à comité de lecture. « Ces résultats devraient être confirmés de manière indépendante par des essais supplémentaires », explique le communiqué.

    #COVID-19 #orage_cytokinique #anti_récepteur_à_l’interleukine6

  • Un laboratoire de Wuhan à l’origine du coronavirus SARS-CoV-2 ? Fort probable selon le Washington Post
    https://www.rtbf.be/info/societe/detail_un-laboratoire-de-wuhan-serait-la-source-du-coronavirus-selon-le-washing

    une enquête menée par les fins limiers du Washington Post met à mal cette thèse officielle. Ils ont dans leur viseur un laboratoire de sécurité biologique de niveau 4, proche du marché de Wuhan.

    Ce laboratoire spécialisé dans les maladies infectieuses, étudiait le coronavirus des chauves-souris. Mais ces recherches étaient considérées comme risquées. Le département d’État américain, préoccupé par la norme de sécurité des laboratoires de Wuhan, leur a envoyé, à deux reprises, des mises en garde. Le Washington Post les a publiées. Elles montrent, clairement dès 2018, les préoccupations américaines concernant la sécurité et la gestion du laboratoire de l’Institut de virologie de Wuhan. Lorsqu’on l’a interrogé au sujet de ces avertissements, le secrétaire d’État Mike Pompeo - qui continue d’appeler le coronavirus le « virus de Wuhan » - ne les a pas rejetés, mais il n’a pas dit, non plus, qu’ils montrent un lien légitime avec le Covid-19.

    Les services de renseignements n’ont donc pas été en mesure de corroborer la théorie. Néanmoins, ils essaient de déterminer si une personne a pu être infectée dans le laboratoire, suite à un accident ou une mauvaise manipulation des matériaux, et en a ensuite infecté d’autres.
    Six jours cruciaux avant que la Chine ne communique au début de l’épidémie

    Dans son article, le Washington Post souligne aussi le comportement troublant des autorités chinoises dès le début de l’épidémie. Elle a bloqué les informations dans les premiers jours et a rechigné à partager ses données même avec l’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé). Par ailleurs, une enquête d’Associated Press publiée, ce mercredi 15 avril, atteste que les officiels chinois ont retenu l’information pendant six jours cruciaux, permettant ainsi au virus de se répandre sans barrière.

    Un avis les amis ? @fil ?

    • Présenté comme ça, ça ressemble plus aux armes de destruction massive de Saddam Hussein qu’à un semblant de réalité… c’est d’ailleurs la conclusion de l’article que tu cites : l’administration Trump ayant merdé et continuant à merder dans les grandes largeurs, il leur faut un bouc émissaire.

    • Passionnant : https://www.franceculture.fr/sciences/le-laboratoire-p4-de-wuhan-une-histoire-francaise

      De là va naître l’idée de construire à Wuhan, en collaboration avec la France, un laboratoire de type P4. Autrement dit, de très haute sécurité biologique pour l’étude de virus pathogènes inconnus pour lesquels on n’a pas de vaccin. Il existe une trentaine de ces structures dans le monde, dont certaines sont labélisées par l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais le projet provoque des résistances. D’abord, des experts français en guerre bactériologiques se montrent réticents. Nous sommes dans l’après 11 septembre. Le SGDSN (Secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale) redoute qu’un P4 puisse se transformer en arsenal biologique.

    • https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/04/17/le-sars-cov-2-est-il-sorti-d-un-laboratoire_6036926_1650684.html

      Coronavirus : le SARS-CoV-2 est-il sorti d’un laboratoire ?

      Rien ne filtre des investigations menées en Chine, ce qui laisse la porte ouverte à des hypothèses. En revanche, celle d’une origine synthétique est écartée : s’il est possible de créer de toutes pièces des virus, tous les indices convergent vers une origine naturelle du nouveau coronavirus.

      Le SARS-CoV-2 est-il une création de laboratoire ou s’en serait-il échappé ? Révélé au monde le 7 janvier par les autorités chinoises, ce nouveau coronavirus n’a toujours pas livré le secret de ses origines. Rien ne filtre des investigations menées en Chine à ce sujet, ce qui laisse la porte ouverte à de nombreuses hypothèses, y compris celle d’une erreur de manipulation dans un laboratoire.

      Le sujet a pris un tour diplomatique jeudi 16 avril. « Nous menons une enquête exhaustive sur tout ce que nous pouvons apprendre sur la façon dont ce virus s’est propagé, a contaminé le monde », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo. « Il y a manifestement des choses qui se sont passées qu’on ne sait pas », a embrayé le président français, Emmanuel Macron, dans un entretien au Financial Times.

      Selon le Washington Post, l’ambassade des Etats-Unis à Pékin avait alerté Washington, il y a deux ans, sur la nécessité d’aider le Wuhan Institute of Virology (WIV) à renforcer ses mesures de sécurité. Réputé pour ses recherches sur les virus de chauve-souris, le WIV est équipé d’un laboratoire de haute sécurité dit « P4 », construit avec l’aide de la France, où sont étudiés les virus les plus dangereux. Les scientifiques chinois ont assuré que la séquence génétique du SARS-CoV-2 ne correspondait à aucun des coronavirus de leur collection. Mais, comme le souligne le Washington Post, nul n’a eu accès à leur biobanque ni aux échantillons prélevés sur les premiers patients chinois.

    • Je vais faire ma mauvaise, mais question fiabilité des installations à sécuriser, la france n’a pas été championne à Fukushima

    • Mike Pompeo est le nouveau Christ et le Washington Post le repaire de ses plus fervents apôtres qui en écrivent l’évangile.
      De là à penser que #Uncle_Donald, le Grand Démiurge de la nouvelle Amérique – cette grande nation démocratique construite sur un génocide par des crapules et des assassins et qui continue à s’enrichir éhontément grâce à l’esclavage – puisse avoir l’inavouable dessein de déclencher un conflit thermo-nucléaire avec l’Empire du Milieu, il y a là un pas que je n’ose franchir. God bless America. (Amen.)

      #coin-coin

    • Les états de service de la crapule sus-mentionnée :

      En avril 2020, Luc Montagnier émet l’hypothèse que le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère à l’origine de la pandémie de Covid-19, est « sorti d’un laboratoire chinois avec de l’ADN de VIH ». Selon lui une séquence du virus de l’immunodéficience humaine aurait été introduite dans le génome du coronavirus pour tenter de faire un vaccin. Cette thèse est réfutée par la communauté scientifique ; les séquences « sont de tout petits éléments que l’on retrouve dans d’autres virus de la même famille, d’autres coronavirus dans la nature. Ce sont des morceaux du génome qui ressemblent en fait à plein de séquences dans le matériel génétique de bactéries, de virus et de plantes », précise notamment le virologue Étienne Simon-Lorière de l’Institut Pasteur.

      « Aucun emprunt génétique suspect – notamment au virus du VIH comme certaines théories complotistes, relayées entre autres par le professeur Luc Montagnier, le suggèrent – ne permet de dire qu’il y aurait eu intervention humaine. »

      Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Luc_Montagnier#Coronavirus_SARS-CoV-2

    • raa, cette photo d’illustration principal de l’article dont la légende presque invisible (et non reprise ici) semble remplacée par le titre

      Un laboratoire de Wuhan à l’origine du coronavirus SARS-CoV-2 ?

      #sous_entendu_visuel

    • Extrait de l’article de France Culture cité plus haut :

      Une nouvelle occasion manquée

      [...]

      Il est vrai qu’un autre sujet sensible focalise l’attention. La peste porcine est arrivée en France, et les éleveurs font pression pour pouvoir continuer à exporter en Chine. Le bouclier sanitaire sera donc remisé à plus tard…

      Encore un coup du #FNSEA !

  • « Celles qui se salissent les mains pour les autres », Anne Bory
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/04/15/celles-qui-se-salissent-les-mains-pour-les-autres_6036622_1650684.html

    Dans cette carte blanche, la sociologue Anne Bory analyse la façon dont le « sale boulot » échoit souvent à des femmes. Les mêmes qui se trouvent aujourd’hui en première ligne face au Covid-19.

    Carte blanche. A quoi sert la sociologie en temps d’épidémie ? A défaut de pouvoir soigner les malades, elle permet de saisir les causes du chaos provoqué par le Covid-19, et de comprendre ce qui se joue dans les interstices de l’organisation sociale qui se met en place, souvent à marche forcée, depuis quelques semaines.

    Le temps de la recherche n’est pas celui de l’urgence, mais les travaux déjà menés permettent d’éclairer un constat qui s’impose en ces temps de confinement : la majorité des cadres télétravaillent, alors que la majorité des ouvriers, ouvrières, employées, employés et professions intermédiaires continuent de prendre les transports et de travailler au contact du public et/ou de leurs collègues.

    Pour le dire autrement, et à l’exception notable des médecins, les professions qualifiées, qui bénéficient des rémunérations et du prestige social les plus importants, sont aussi celles qui sont le moins exposées à la contagion grâce au télétravail, tout en bénéficiant souvent des conditions de confinement les plus confortables, du fait de logements spacieux et plus souvent pourvus d’extérieurs privatifs (voire d’une résidence secondaire).

    Faire « ce qui reste à faire »

    L’épidémie rend ainsi plus visibles les inégalités qui structurent la vie sociale. Elle rend également plus évidente l’importance, dans notre quotidien, de ce que le sociologue étasunien Everett C. Hughes a appelé les « sales boulots » : ces activités professionnelles jugées dégradantes, voire dégoûtantes, présentées par certains parents mal avisés comme des avenirs humiliants à leurs enfants rétifs au travail scolaire, sont absolument indispensables au fonctionnement de notre société.

    Souvent peu visibles et socialement dévalorisés, ces « sales boulots » – qui peuvent être aussi des tâches moins valorisantes au sein de professions prestigieuses – font l’objet du dernier numéro de la revue Travail, genre et sociétés (n° 43) : la nature et la division du travail des chiffonniers et chiffonnières, éboueurs, travailleurs et travailleuses du tri des déchets, aides à domicile, aides-soignantes, infirmières, secrétaires médicales y sont étudiées, notamment selon les normes de féminité et de masculinité.

    Dans leur article « Se salir les mains pour les autres. Métiers de femme et division morale du travail », Christelle Avril et Irene Ramos Vacca examinent, les rôles professionnels dévolus aux femmes, en croisant leurs enquêtes de terrain, menées dans le milieu médical et l’aide à domicile. Qu’est-ce donc qu’un « métier de femmes » ? Les deux sociologues montrent que c’est bien souvent un métier qui implique de faire « ce qui reste à faire », ce qui n’a pas été effectué par d’autres (supérieurs, collègues, proches de la personne prise en charge…).

    Des tâches totalement invisibilisées

    Aides-soignantes, infirmières, secrétaires médicales et aides à domicile sont amenées à prendre en charge des activités considérées comme dégradantes, notamment parce qu’elles sont en lien avec les corps et leurs fluides. Mais elles effectuent également des tâches qui sont moralement dévalorisées, de contrôle ou de répression plutôt que de soin, ou totalement invisibilisées, en palliant les erreurs de ceux pour lesquels elles travaillent (il suffit de penser aux excuses trouvées par les secrétaires pour expliquer retards, absences).

    Cette « division morale du travail » permet à d’autres de se concentrer sur les aspects techniquement les plus valorisés et moralement irréprochables (empathie, amour...) de l’activité et d’en sortir grandis.
    Ces femmes qui se salissent les mains pour les autres, au sens propre et au sens figuré, sont aujourd’hui nombreuses à être exposées au Covid-19, pour que d’autres ne le soient pas ou guérissent. Elles le sont d’autant plus que leurs conditions de travail sont parmi les plus touchées par les politiques de rationalisation menées dans le secteur sanitaire et social. Il n’est pourtant pas du tout sûr que l’échelle de prestige de la division du travail en soit, « après », bouleversée.

    #travail #travail_des_femmes #emploi #ouvrières #employées #badjobs #division_du_travail #division_morale_du_travail #conditions_de_travail

    • Les secrets de la chauve-souris, « souche à virus » au système immunitaire d’exception
      Nathaniel Herzberg

      Comme à chaque nouvelle poussée virale, le chiroptère revient sur le devant de la scène. Merveille de résilience vis-à-vis des maladies infectieuses, l’animal est l’objet de nombreuses études qui cherchent à percer le secret de son système immunitaire inné.

      Il est un petit jeu auquel certains scientifiques aiment à s’adonner : celui des anagrammes. Manière sans doute de réconcilier leur goût des énigmes et leur amour des lettres. Depuis quelques semaines, une question court les labos : quelle est l’anagramme de « chauve-souris » ? La réponse n’est pas évidente, mais tout à fait d’actualité : « souche à virus ».

      Tout le monde le sait désormais : le terrible SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19, est le descendant d’un virus de chauve-souris. En est-il directement issu ? Est-il son pur rejeton, passé tel quel d’une espèce à l’autre, un petit-petit-petit… enfant né de transformations successives chez le mammifère volant puis chez l’humain, ou un cousin éloigné, issu de recombinaisons virales chez un hôte intermédiaire ?

      Les virologues du monde entier en débattent, analyses génétiques à l’appui. La découverte, chez le pangolin, d’un coronavirus présentant une similarité particulière avec SARS-CoV-2 sur une partie essentielle de son génome – celle correspondant au site de liaison sur les récepteurs des cellules pulmonaires humaines – a mis le désormais célèbre fourmilier écailleux sur le devant de la scène.

      Beaucoup d’inconnues

      Mais d’autres écartent vigoureusement cette hypothèse. « Le virus connu le plus proche du SARS-CoV-2 reste, et de très loin, le coronavirus RaT-G13 retrouvé chez des chauves-souris rhinolophes du Yunnan [sud-ouest de la Chine], c’est à ce jour son plus proche cousin, indique ainsi Maciej Boni, biologiste à l’université d’Etat de Pennsylvanie, coauteur d’une récente recherche sur l’origine du virus humain. Plus de 96 % de bases communes. D’après nos analyses, ces deux virus ont divergé il y a quarante à soixante-dix ans. On sait aussi qu’un premier humain a été infecté a priori en novembre 2019. Ce qui s’est passé entre-temps, nous l’ignorons. »

      Beaucoup d’inconnues, donc. Mais la quasi-certitude qu’au départ figurent les chauves-souris. Comme pour l’épidémie de SRAS, en 2003, ou celle du coronavirus MERS, en 2012. Mais aussi la fièvre hémorragique Ebola, et ses 11 000 morts, en 2014-2015, ou le virus de Marburg, qui a tué plusieurs centaines de personnes, entre 1998 et 2000, en République démocratique du Congo, et en 2004-2005, en Angola. Ou encore les poussées mortelles du virus Nipah, en Malaisie, à Singapour et au Bangladesh, dans les années 1990 et 2000, ou de virus Hendra, à la même époque, en Australie.

      Chaque fois, les chercheurs ont retrouvé un hôte intermédiaire : la civette pour le SRAS, le dromadaire pour le MERS, les singes pour Ebola, les porcs pour le Nipah, les chevaux pour Hendra. Avec deux exceptions : les épidémies de fièvre de Marburg sont initialement apparues chez des touristes ou des mineurs ayant séjourné dans des grottes peuplées de roussettes, une chauve-souris que l’on trouve aux Philippines. Et certaines flambées de Nipah, notamment au Bangladesh, auraient pour cause une contamination alimentaire directe : les chauves-souris avaient souillé avec leurs urines les récipients que les villageois placent dans les palmiers pour recueillir le jus de datte.

      Sans rivales

      A chaque poussée, les chiroptères sont donc montrés du doigt. « Souche à virus » n’est plus une plaisanterie, mais un motif d’expédition punitive. Au point que les spécialistes tremblent de voir disparaître certaines espèces. Le consortium Bat1K, qui a lancé un immense programme de séquençage des génomes de toutes les espèces connues, vient ainsi de rendre publique une déclaration solennelle.

      « Alors que des virus liés – mais non identiques – à ceux qui causent les maladies infectieuses émergentes circulent parmi les chauves-souris, les risques pour l’homme diminuent considérablement en protégeant la faune sauvage contre le trafic et en limitant l’empiétement sur les habitats sauvages. Comme les chauves-souris ne tombent pas gravement malades à cause de ces virus, la recherche sur la manière dont les chauves-souris y parviennent pourrait nous aider à lutter contre de futures épidémies. »

      Voilà donc le mystère : comment ces animaux résistent-ils à tant de pathogènes mortels pour les autres espèces ? Les virus stars, mentionnés précédemment, et une flopée d’autres, qui s’épanouissent dans l’organisme des chauves-souris. Une équipe américaine conduite par Tracey Goldstein (université de Californie, Davis) et Simon Anthony (université Columbia) a publié, en 2017, dans Virus Evolution, les résultats d’une vaste étude comparative sur la présence de coronavirus à travers le règne animal. Sur les 12 333 chauves-souris testées, 1 065 se sont révélées positives, contre 4 des 3 470 primates, 11 des 3 387 rongeurs et 2 des 1 124 humains. Autrement dit, 98 % des coronavirus retrouvés provenaient de ces chers mammifères volants. Une présence massive et diverse puisque, sur cent différents types de coronavirus identifiés, 91 provenaient de chiroptères.

      La même année, Peter Daszak et ses collègues de Columbia sont arrivés à la même conclusion, dans la revue Nature, cette fois au sujet des zoonoses virales, ces infections humaines d’origine animale. Là encore, le travail prédictif de comparaison des virus relevés sur un vaste échantillon animal assure que les chauves-souris sont sans rivales.

      Des « biais d’échantillonnage »

      Des conclusions que les amoureux des murins, rhinolophes et autres pipistrelles jugent souvent discutables. « Le comptage et les extrapolations prêtent à discussion, tempère Meriadeg Le Gouil, virologue à l’université de Caen, vingt ans et beaucoup de nuits passés au contact des chauves-souris. Il y a des biais d’échantillonnage. On parle de chauves-souris en oubliant qu’il s’agit de plus de 1 300 espèces, un quart de l’ensemble des mammifères connus. Si l’on observe chaque espèce, le résultat est moins flagrant. Ce qui semble sûr, en revanche, c’est que l’écologie des chauves-souris, leur système immunitaire, et surtout la façon dont les humains sont venus perturber leurs écosystèmes ont apporté tous les éléments favorables pour une série d’émergences. »

      Côté écologie, c’est cette promiscuité extrême, ces déplacements continuels, ces colonies qui se font, se défont, se regroupent en immenses essaims sur les sites de reproduction, puis retournent passer l’hiver dans leur grotte ou leur clocher. « Cette mosaïque permet aux virus de se diffuser mais pas trop vite. Cela favorise à la fois la diversification des virus et l’acquisition d’une immunité de groupe chez les hôtes », détaille Meriadeg Le Gouil. Des mécanismes que le virologue essaie de comprendre en suivant depuis six ans des colonies de rhinolophes en Bretagne.

      Avec trois conclusions : que les coronavirus mutent beaucoup plus qu’on ne le dit, « en particulier la protéine de surface qui leur permet de s’accrocher aux cellules de l’hôte » ; que les virus circulent dans les colonies « par vagues, au rythme de saisons » ; enfin, que l’immunité acquise des chauves-souris « nous reste largement inconnue ».

      Un double dispositif de défense

      Sa compréhension nous offrira t-elle une deuxième couche d’émerveillement, après celle apportée par le système immunitaire inné des chiroptères. Depuis dix ans, une série d’études a en effet commencé à lever le voile de mystère qui entourait le mécanisme de défense cellulaire des chauves-souris et à mettre en lumière leur stupéfiante résistance. C’est qu’en dehors de quelques rares cas de rage on ne connaissait pas de virus qui sache les tuer, ni même lourdement affecter leurs capacités. Quel pouvait être leur secret ?

      Une équipe internationale conduite par l’Irlandaise Emma Teeling (University college, Dublin) a d’abord comparé en laboratoire la réaction de macrophages de chauves-souris et de souris, attaqués par des virus. Dans un article publié en 2017, dans Acta chiropterologica, elle a décrit comment, chez la souris, ces cellules immunitaires mettent en action les mécanismes inflammatoires de défense jusqu’à la destruction du pathogène, « au risque d’altérer l’organisme », précise l’un des coauteurs, Sébastien Puechmaille (université de Montpellier). « Cet orage immunitaire incontrôlé, c’est ce qui a tué des humains par millions pendant l’épidémie de grippe espagnole, poursuit Emma Teeling. C’est ce qui tue aujourd’hui les victimes du Covid-19 dans les services de réanimation. Et c’est ce que la chauve-souris évite. »

      Ces merveilles volantes disposent en vérité d’un double dispositif de défense. Une première réponse, inflammatoire, permet d’envoyer une sorte de flux permanent de cytokines qui ciblent dès leur arrivée les intrus. Mais les chercheurs ont constaté qu’au bout d’un moment des interleukines entrent en action « pour tempérer cette inflammation et éviter les effets délétères », précise la biologiste de Dublin. Précisément ce que les réanimateurs tentent de réaliser actuellement sur les patients. « Mais les chauves-souris font ça naturellement depuis des millions d’années », s’émerveille la chercheuse.

      Vol actif

      Deux autres articles de la même équipe, l’un publié en 2019 dans la revue Nature Ecology & Evolution, l’autre en cours d’examen mais déjà déposé sur le site de préprints BioRxiv, ont étudié les sources génétiques de cette particularité. Dans le premier, les chercheurs ont montré que, contrairement au nôtre, le système immunitaire des chauves-souris ne subissait aucun vieillissement. Dans le second, après avoir séquencé avec une extrême précision le génome de six espèces de chiroptères, ils y ont trouvé la preuve d’un développement très particulier de certains gènes de l’immunité, mais surtout la concentration de la réponse inflammatoire sur un nombre restreint de gènes. « Nous avons comparé avec les génomes de 42 autres espèces animales. La sélection génétique que l’on observe au cours du temps est sans équivalent », indique-t-elle.

      D’où peut bien provenir cette exception ? D’une autre exception, à savoir le vol. Les chauves-souris sont en effet les seuls mammifères à disposer d’un vol actif (quelques rares autres peuvent planer sur de courtes distances).

      « Sur le plan métabolique, le vol est plus coûteux que toute forme de locomotion terrestre, souligne Cara Brook, de l’université de Berkeley. Une chauve-souris en vol élèvera son métabolisme de base jusqu’à 15 fois par rapport au repos, contre 7 fois chez un rongeur en pleine course ou 2 à 3 fois chez un humain. » Elle poursuit : « Les chauves-souris ont développé des voies de réparation de l’ADN hyperefficaces et d’atténuation du stress oxydatif pour permettre d’abord le vol. Mais ces voies ont ensuite eu des conséquences en cascade sur la longévité des chauves-souris et sur l’immunité antivirale. Les chauves-souris ont une durée de vie extraordinairement longue – la plus longue, rapportée à la taille de tous les mammifères – qui, selon nous, est un sous-produit de ces voies de résilience cellulaire développées pour le vol. »

      Dans ses propres travaux, Cara Brook a montré que l’extraordinaire réponse immunitaire des chauves-souris conduisait les virus à augmenter leur virulence. Le principe apparaît simple : lorsqu’il infecte un hôte, un virus doit se répliquer suffisamment vite pour atteindre la masse critique nécessaire à sa transmission vers une nouvelle victime avant d’avoir été vaincu par le système immunitaire. Mais, s’il va trop vite, il tue son hôte et interrompt le processus. Un équilibre qui dépend de chaque pathogène et de son milieu. Et, ce que l’on pouvait supposer, Cara Brook l’a montré dans des cultures cellulaires puis sur un modèle mathématique : face à la défense renforcée des chauves-souris, les virus attaquent plus violemment. On imagine la suite : « En raison de ces taux élevés de propagation, ces virus sont susceptibles d’être mortels chez les hôtes autres que les chauves-souris. »

      Chaînes de transmission

      Encore faut-il que ceux-ci puissent être contaminés. « Pour cela, il faut des contacts directs, souligne Liliana Davalos, professeure de biologie de l’évolution et d’écologie à l’université Stony Brook, à New York. A priori, les chauves-souris n’en ont pas beaucoup avec les humains, ni avec nos animaux les plus proches, sauf quand le trafic de faune sauvage fait sauter toutes les frontières naturelles. De plus, quand elles sont capturées, conservées dans des cages sur un marché, ou simplement lorsque l’on vient perturber leur écosystème, les études ont montré qu’elles rejettent beaucoup plus de virus qu’en temps normal. »

      Lutter contre le trafic d’animaux sauvages, interdire leur vente sur les marchés, certaines mesures semblent de bon sens. Mais les chercheurs doivent également tenter de mieux cerner les pratiques susceptibles de créer des chaînes de transmission. C’est du reste l’objectif d’un projet multidisciplinaire tout juste déposé par Meriadeg Le Gouil et plusieurs collaborateurs français, laotiens, thaïlandais et chinois, auprès de l’Agence nationale de la recherche : suivre, au cours du temps, depuis les grottes habitées par des rhinolophes jusqu’à une zone urbanisée chère aux humains, tout à la fois les coronavirus présents chez différents hôtes et les pratiques quotidiennes en vigueur.

      Car tout le monde s’accorde à le dire : au-delà du formidable effort de recherche médicale actuellement à l’œuvre, c’est par un investissement régulier, continu, durable, dans des sujets apparemment aussi exotiques que le système immunitaire de la chauve-souris, que la science pourra aider à réduire l’impact de la prochaine pandémie virale.

      Membre du consortium Bat1K d’étude du génome des chiroptères, la Néerlandaise Sonja Vernes, de l’Institut Max-Planck, est convaincue de l’impact profond du projet : « Si nous parvenions à comprendre l’ensemble des mécanismes à l’œuvre dans le système immunitaire des chauves-souris, nous pourrions certainement mieux nous préparer à affronter les virus à venir, nous en inspirer pour développer des traitements. Et sauver des vies. » Les pouvoirs de la chauve-souris mis au service de la sécurité des humains : jusqu’ici, seul DC Comics avait osé en rêver.

  • https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/04/04/pandemies-nous-offrons-a-des-agents-infectieux-de-nouvelles-chaines-de-trans

    Philippe Grandcolas, spécialiste de l’évolution des faunes et du comportement des insectes dictyoptères, est directeur de recherche au CNRS et directeur de laboratoire au Muséum national d’histoire naturelle. Selon lui, la crise sanitaire due au nouveau coronavirus est le moment ou jamais d’aborder la question de notre mauvais rapport à notre environnement naturel.
    Quelle est, selon vous, la corrélation entre le déclin de la biodiversité et l’émergence de maladies comme le Covid-19 ?

    Les gens pensent que les virus ont toujours existé, que les épidémies n’ont rien à voir avec l’état de la biodiversité ou le changement climatique. Pourtant, depuis quelques décennies, elles augmentent. Elles n’ont pas l’impact énorme du Covid-19, mais leur fréquence s’accélère. La majorité sont des zoonoses : des maladies produites par la transmission d’un agent pathogène entre animaux et humains. Les pionniers des travaux sur les parasites les étudient depuis le début du XXe siècle. Mais la prise de conscience de leur lien avec l’écologie au sens scientifique du terme date d’il y a quarante à cinquante ans.

    Aujourd’hui, nous savons qu’il ne s’agit pas que d’un problème médical. L’émergence de ces maladies infectieuses correspond à notre emprise grandissante sur les milieux naturels. On déforeste, on met en contact des animaux sauvages chassés de leur habitat naturel avec des élevages domestiques dans des écosystèmes déséquilibrés, proches de zones périurbaines. On offre ainsi à des agents infectieux des nouvelles chaînes de transmission et de recompositions possibles.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coronavirus : la dégradation de la biodiversité en question

    On peut citer le SRAS, ou syndrome respiratoire aigu sévère, dû à un coronavirus issu de la combinaison de virus d’une chauve-souris et d’un autre petit mammifère carnivore, relativement vite jugulé au début des années 2000. L’épidémie du sida, souvent caricaturée de manière malsaine, présente une trajectoire analogue : une contamination de primates, puis une transmission à des centaines de millions de personnes. Ebola fait un peu moins peur parce qu’on pense que son rayon d’action est limité à quelques zones endémiques. En réalité, sa virulence est si terrible que cette affection se propage moins facilement car la population meurt sur place. Là aussi, le point de départ est une chauve-souris.
    Ces jours-ci, certains seraient sans doute tentés d’éradiquer chauves-souris et pangolins, soupçonnés d’avoir servi de réservoir au coronavirus…

    Malheureusement, la période dramatique que nous traversons pourrait exacerber le manichéisme humain, pousser certains à vouloir se débarrasser de toute la biodiversité. En réalité, c’est pire : on ignore simplement que l’origine de l’épidémie de Covid-19 est liée aux bouleversements que nous imposons à la biodiversité. Le silence sur ce point est assourdissant.

    « Nous ne pouvons pas nettoyer au Kärcher tous les micro-organismes qui nous entourent, on en a absolument besoin ! »

    Je n’ai pas de complexe à aborder aujourd’hui la question de notre mauvais rapport avec la nature, même si les gens sont confinés, submergés par des controverses sur la gestion des masques, des tests, des médicaments… Demain, ils le seront par les tourmentes économiques. Quand est-ce le moment ? Quand nous serons passés à autre chose et aurons oublié ? On peut craindre alors que nous n’apprenions rien avant la survenue de nouvelles crises. Et nous ne pouvons pas nettoyer au Kärcher tous les micro-organismes qui nous entourent, on en a absolument besoin !
    Pourquoi est-ce si difficile de communiquer sur la perte du vivant ?

    La biodiversité est plus compliquée à comprendre que l’évolution du climat qui se mesure en concentration de gaz à effet de serre et produit des événements météorologiques extrêmes. Ainsi l’émergence de nouvelles maladies ne se résume pas à des statistiques de rencontres entre des populations humaines en santé précaire et des milieux tropicaux riches en agents infectieux. Il s’agit surtout d’un problème de simplification des écosystèmes, de morcellement des habitats naturels où la diversité baisse. La capacité des agents infectieux à se transmettre de proche en proche en est renforcée, leur prévalence augmente, leurs ennemis peuvent disparaître.

    Même lorsqu’on parvient à s’intéresser à d’autres qu’à l’homme, aux grands vertébrés, lions, girafes, pandas, pangolins, on est loin de percevoir la complexité des équilibres instables de la nature. Notre anthropocentrisme et nos simplismes nous dictent une vision naïve des animaux et des plantes que nous considérons comme utiles ou nuisibles, toujours en fonction de nos intérêts extrêmement immédiats. A cela s’ajoutent nos résistances culturelles considérables.

    Nous pensons toujours avec une certaine vision Nord-Sud, voire avec xénophobie. Cela nous permet de critiquer la mauvaise gestion des marchés en Chine par exemple, alors que nous avons les mêmes problèmes. Ainsi, en France, nous tuons des centaines de milliers de renards par an. Or ce sont des prédateurs de rongeurs porteurs d’acariens qui peuvent transmettre la maladie de Lyme par leurs piqûres.

    Il n’y a pas d’ange ni de démon dans la nature, les espèces peuvent être les deux à la fois. La chauve-souris n’est pas qu’un réservoir de virus, elle est aussi un prédateur d’insectes en même temps qu’une pollinisatrice de certaines plantes. Il en existe d’ailleurs des centaines d’espèces que nous connaissons mal, nous en découvrons encore. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons du mal à identifier les combinaisons qui ont fait émerger le coronavirus. Faute de recherches préalables, les scientifiques partent de loin !
    Comment toucher le public avec les savoirs en écologie ?

    D’abord, je ne voudrais pas avoir l’air de prêcher pour ma paroisse, mais l’étude des écosystèmes est le parent pauvre de la science et de la biologie. Même entre confrères, cela semble toujours saugrenu d’aller étudier des petites bêtes ou des plantes exotiques… Alors que l’acquisition de connaissances serait cruciale, en particulier pour la santé.

    Au-delà d’une fraction d’interlocuteurs avertis, je me suis aperçu que les gens qui n’ont pas d’empathie à l’égard de la biodiversité peuvent être fascinés par ce qui les effraie, les dégoûte. En leur parlant du ver plat, des blattes, des punaises de lit, on peut les amener à échanger sur la biodiversité. L’émotion fonctionne aussi : les koalas ont fait beaucoup pour l’intérêt du public vis-à-vis des incendies en Australie, un problème monstrueux qui dépasse de très loin le sort des paresseux australiens.

    Nous avons du mal à faire comprendre que l’écologie appliquée peut apporter des solutions. Arrêter la déforestation, substituer d’autres consommations à la viande de brousse, favoriser les circuits alimentaires courts… L’Amazonie qui brûle, c’est un drame pour les Amérindiens, pour les Brésiliens, pour le monde… Mais comment donner des leçons à ce pays alors que son soja qui nourrit notre bétail est largement lié à la déforestation ?

    Il y a des résistances politiques et économiques à l’idée qu’il faudrait complètement réorganiser l’agriculture. Les élevages aussi : mal conduits, ils permettent aux agents infectieux de proliférer, comme on l’a vu avec la grippe aviaire venue de Chine. Dans les installations à l’européenne, la promiscuité entre un grand nombre d’animaux les rend vulnérables à des maladies qui sont traitées de façon presque permanente avec des antibiotiques. On a montré que même les rejets diffus de leurs déjections dans les milieux naturels par épandage contribuent à des phénomènes d’antibiorésistance.
    Que répondre aux tenants du droit à l’innovation afin de nourrir une population grandissante, quitte à générer des crises comme celle de la vache folle ?

    Prétendre que nous sommes coincés parce que nous sommes de plus en plus nombreux est un piège. Gagner en productivité ne veut pas dire développer de mauvaises pratiques. Les insecticides néonicotinoïdes, par exemple, constituent une innovation industrielle et commerciale, mais ils ne sont pas performants : moins de 20 % du produit est utile, le reste part dans l’environnement et tue tout ce qui vit alentour.

    #écologie #covid_19

  • Coronavirus : « Nous offrons à des agents infectieux de nouvelles chaînes de transmission »
    Par Philippe Grandcolas

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/04/04/pandemies-nous-offrons-a-des-agents-infectieux-de-nouvelles-chaines-de-trans

    Les gens pensent que les virus ont toujours existé, que les épidémies n’ont rien à voir avec l’état de la biodiversité ou le changement climatique. Pourtant, depuis quelques décennies, elles augmentent. Elles n’ont pas l’impact énorme du Covid-19, mais leur fréquence s’accélère. La majorité sont des zoonoses : des maladies produites par la transmission d’un agent pathogène entre animaux et humains. Les pionniers des travaux sur les parasites les étudient depuis le début du XXe siècle. Mais la prise de conscience de leur lien avec l’écologie au sens scientifique du terme date d’il y a quarante à cinquante ans.

    Aujourd’hui, nous savons qu’il ne s’agit pas que d’un problème médical. L’émergence de ces maladies infectieuses correspond à notre emprise grandissante sur les milieux naturels. On déforeste, on met en contact des animaux sauvages chassés de leur habitat naturel avec des élevages domestiques dans des écosystèmes déséquilibrés, proches de zones périurbaines. On offre ainsi à des agents infectieux des nouvelles chaînes de transmission et de recompositions possibles.

    On peut citer le SRAS, ou syndrome respiratoire aigu sévère, dû à un coronavirus issu de la combinaison de virus d’une chauve-souris et d’un autre petit mammifère carnivore, relativement vite jugulé au début des années 2000. L’épidémie du sida, souvent caricaturée de manière malsaine, présente une trajectoire analogue : une contamination de primates, puis une transmission à des centaines de millions de personnes. Ebola fait un peu moins peur parce qu’on pense que son rayon d’action est limité à quelques zones endémiques. En réalité, sa virulence est si terrible que cette affection se propage moins facilement car la population meurt sur place. Là aussi, le point de départ est une chauve-souris.

    Une autre intervention de Philippe Grandcolas (plus complète) dans le cadre de la commission d’enquête de suivi du #covid-19 de la France Insoumise.
    https://lafranceinsoumise.fr/2020/04/01/commission-denquete-covid-19-audition-de-philippe-grandcolas

    #zoonose #épidémie #biodiversité

  • Comment l’épidémiologie tente de cerner l’épidémie due au nouveau #coronavirus

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/03/30/comment-l-epidemiologie-tente-de-cerner-l-epidemie-due-au-nouveau-coronaviru

    Combien de morts du Covid-19 ? Combien d’hospitalisés en réanimation ? Combien de temps le confinement durera-t-il ? Autant de questions brûlantes auxquelles s’attaque la science de la modélisation… avec difficulté.

    Le 12 mars, face aux prédictions d’une submersion du système hospitalier avancées par une équipe anglaise de l’Imperial College (Londres), la France s’est engagée dans une stratégie de confinement poussé. « Les modèles sont un signal parmi d’autres. La situation italienne, mais aussi toutes les connaissances accumulées sur des épidémies précédentes allaient dans le sens de cette décision pour soulager le système de santé », relativise Simon Cauchemez, chercheur à l’Institut Pasteur, spécialiste en modélisation et membre du conseil scientifique Covid-19 mis en place par le gouvernement.

  • Coronavirus : la #chloroquine, une piste pour lutter contre l’épidémie
    Une vingtaine d’essais cliniques sont en cours en Chine pour évaluer l’effet de cet antipaludéen, mais cette approche thérapeutique ne fait pas l’unanimité.

    Par Sandrine Cabut Publié aujourd’hui à 09h36, mis à jour à 17h44

    La course aux traitements contre le nouveau #coronavirus a remis sur le devant de la scène la chloroquine (Nivaquine), un antipaludéen commercialisé depuis soixante-dix ans. En Chine, près d’une vingtaine d’essais cliniques sont en cours pour explorer l’efficacité de cette molécule ou d’un analogue, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), chez des patients infectés par le SARS-CoV-2, selon le registre chinois des essais cliniques.

    En France, une étude clinique vient d’être lancée par le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection (Marseille). Evoqués lundi 16 mars dans une vidéo par ce dernier, les résultats préliminaires semblent spectaculaires : au bout de six jours de traitement par #Plaquenil, 25 % seulement des patients seraient encore porteurs du virus, la proportion étant de 90 % chez ceux ne recevant pas le traitement. La charge virale à J + 6 serait encore plus basse chez les malades traités en plus par un antibiotique, l’#azithromycine.

    Dans sa présentation, le professeur #Raoult ne précise pas si ces résultats portent sur l’ensemble des 24 malades prévus dans le protocole, une publication scientifique est attendue.

    Mais, pour ce spécialiste des maladies infectieuses, membre du conseil scientifique sur le nouveau coronavirus qui vient d’être mis en place par le ministre de la santé, il y a suffisamment d’arguments pour utiliser dès maintenant ce traitement, très peu onéreux, chez des malades du #Covid-19. « En Chine, en Iran, en Corée du Sud, en Arabie saoudite, l’hydroxychloroquine et la chloroquine font déjà partie des protocoles thérapeutiques, conseillés par des experts, pour certains de renommée mondiale. Il y a urgence à organiser de telles recommandations en France, et c’est ce que j’ai proposé aux autorités sanitaires », indique-t-il. D’autres équipes hospitalières françaises ont manifesté leur intérêt pour le protocole marseillais, qui est proposé, on ne sait pas à quelle échelle, à des patients hospitalisés, hors cadre d’étude clinique.

    De son côté, le gouvernement britannique a récemment inscrit sur la liste des médicaments interdits à l’exportation parallèle la chloroquine, l’hydroxychloroquine, et une combinaison d’antiviraux, pour parer aux besoins éventuels de patients britanniques atteints de Covid-19 et anticiper des ruptures de stock de ces produits.

    Des précautions en cas de grossesse

    Les spécialistes français sont cependant partagés sur l’efficacité antivirale de ces molécules et sur leur rapport bénéfice-risque. La question est notamment posée du risque d’intoxication à forte dose et d’une potentielle génotoxicité (effet délétère sur les gènes). Depuis 2018, en France, les RCP (résumé des caractéristiques du produit) de la chloroquine puis de l’hydroxychloroquine – toutes deux commercialisées par Sanofi – ont été modifiés. Ces documents officiels d’information stipulent désormais que les femmes et hommes en âge de procréer doivent utiliser une contraception efficace pendant le traitement et jusqu’à huit mois après son arrêt.

    La chloroquine ne doit pas être administrée pendant la grossesse, sauf en l’absence de thérapeutique plus sûre. Des précautions jugées excessives par des professionnels de santé, mais qui, après l’affaire de la Dépakine (responsable de malformations et de troubles du neurodéveloppement chez les enfants de femmes traitées avec cet antiépileptique pendant leur grossesse), ont de quoi interroger si la Nivaquine et le Plaquenil devaient être prescrits largement dans un contexte d’épidémie. Le point en cinq questions.

    Quelles sont les indications actuelles de ces médicaments ?

    Antipaludéen de synthèse mis au point dans les années 1930 en Allemagne, la chloroquine a été commercialisée en 1949. D’abord arme essentielle de prévention et de traitement du paludisme, son utilisation a décliné du fait du développement de résistances des plasmodiums et d’autres médicaments. Un arrêt de commercialisation de ce médicament, délivrable uniquement sur ordonnance, est désormais prévu en France. « Suite à la baisse de la demande, liée à la présence sur le marché d’autres options thérapeutiques, notre fournisseur a arrêté la production du principe actif », précise Sanofi.

    La chloroquine, et surtout l’hydroxychloroquine, ont aussi des indications dans des maladies auto-immunes comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, et en prévention des lucites (allergies au soleil). « Le Plaquenil est aujourd’hui l’un des traitements de base du lupus systémique, maladie qui touche une personne sur 2 000 », explique la professeure Nathalie Costedoat-Chalumeau, interniste (hôpital Cochin, AP-HP).

    Que sait-on de leurs effets sur le SARS-CoV-2 ?

    Les rares publications scientifiques sur le sujet sont, pour l’instant, issues du premier pays touché chronologiquement par le virus : la Chine. Un premier article publié le 25 janvier dans la revue Cell Research fait état d’une grande efficacité in vitro de la chloroquine sur ces virus. Rapidement, des essais cliniques ont été lancés en Chine et des résultats préliminaires positifs portant sur une centaine de malades ont été annoncés lors d’une conférence de presse le 15 février, puis repris le 19 février dans une lettre au journal spécialisé BioScience Trends, sans données chiffrées.

    Fin février, Zhong Nanshan, scientifique de renom et principal conseiller médical du gouvernement chinois sur le sujet, a précisé, lors d’une conférence de presse, que le SARS-CoV-2 devenait indétectable en quatre jours chez les malades traités par chloroquine (alors que le temps moyen d’excrétion chez des patients dans d’autres études serait de l’ordre de douze, voire vingt jours). Face à ces données préliminaires, peu précises et non validées par les canaux habituels de la science, une partie du corps médical reste réservée.

    Louant le pragmatisme des Chinois, Didier Raoult a lancé un essai clinique, qui a reçu l’approbation d’un comité de protection des personnes (CPP) et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Prévue chez 24 malades, l’étude évalue les effets de 600 mg/jour d’hydroxychloroquine pendant dix jours, sur la durée d’excrétion du virus et la sévérité de l’infection. Il s’agit d’un essai ouvert, l’évolution des malades inclus étant comparée à celle de patients pris en charge ailleurs et traités de façon symptomatique. « Je connais bien l’hydroxychloroquine, dont j’ai découvert l’efficacité dans deux pathologies dues à des bactéries intracellulaires, la maladie de Wipple et la fièvre Q, et j’ai une expérience sur 4 000 patients », souligne le professeur Raoult, qui plaide, dans ce contexte, pour un partage en temps réel des résultats.

    Sont-ils efficaces sur d’autres virus ?

    Dans un article de synthèse de deux pages (Antiviral Research, en ligne le 5 mars), Frank Touret et Xavier de Lamballerie (unité des virus émergents, université de Marseille) appellent la communauté scientifique à considérer les publications sur la chloroquine et le nouveau coronavirus à la lumière de précédentes expériences avec cette molécule comme antiviral.

    L’activité antivirale in vitro de la chloroquine a été identifiée dès la fin des années 1960, écrivent les deux chercheurs, en précisant que cette propriété, qui existe aussi avec l’hydroxychloroquine, concerne de nombreux virus différents, y compris le coronavirus du SRAS. Une efficacité contre une variété de virus (dont Zika, le virus grippal A H5N1) a été montrée chez des souris et d’autres modèles animaux. Mais, jusqu’ici, aucun essai clinique dans le cadre d’infection virale aiguë (chikungunya, dengue) ou chronique (HIV) n’a été couronné de succès, soulignent les deux chercheurs. « In vitro, la chloroquine a une activité antivirale directe. Elle empêche le cycle viral de s’effectuer normalement, en modifiant le pH, explique Xavier de Lamballerie. In vivo, c’est moins clair, l’action antivirale pourrait être plutôt indirecte, par des effets anti-inflammatoires, immunomodulateurs, comme avec la ribavirine. Je ne pense pas que l’activité antivirale de la chloroquine soit très puissante chez l’homme, mais l’immunomodulation qu’elle induit peut être intéressante à certaines phases d’une infection. »

    A l’IHU Mediterranée Infection, au sein de l’hôpital de la Timone à Marseille, un chercheur montre des tablettes de Nivaquine, contenant de la chloroquine, et de Plaqueril, contenant de l’ hydroxychloroquine. GERARD JULIEN / AFP
    Par ailleurs, certains soulignent la capacité de la chloroquine à faciliter l’entrée du zinc dans les cellules ciblées par le coronavirus, ce qui permettrait à ce métal sous forme ionique d’entraver sa réplication. Face à cette hypothèse, Xavier de Lamballerie invite à la prudence.

    Ces médicaments sont-ils difficiles à manier ?

    La chloroquine, considérée comme un médicament à marge thérapeutique étroite, est « hautement toxique en cas de surdosage, particulièrement chez les enfants », écrit le réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) sur son site, dans un texte daté du 5 mars. La gravité de l’intoxication aiguë « provient du caractère précoce et brutal de survenue des troubles cardio-vasculaires », souligne le réseau.

    « Chez l’adulte, la dose dangereuse est estimée à partir de 2 g de chloroquine en une prise » (une dose à comparer avec les 500 mg deux fois par jour recommandés dans le protocole chinois de traitement du Covid-19). « En l’état des connaissances actuelles, (…) la chloroquine ne présente pas une balance bénéfice-risque favorable dans la prise en charge des infections à coronavirus Covid-19, estime le réseau des CRPV. Ainsi, son utilisation dans cette indication doit donc être actuellement exclue, en dehors d’essais cliniques ou de prises en charge spécialisées. »

    La chloroquine est-elle à risque pour les femmes enceintes ?

    En 2018, Sanofi a demandé à l’ANSM une modification des informations concernant la chloroquine, les autorités japonaises ayant identifié en 2015-2016 un risque génotoxique (délétère sur les gènes) pour un médicament de la même famille, la primaquine.

    L’analyse conduite par l’Agence, à partir de données de la littérature et de celles fournies par le laboratoire, « a mis en évidence que la chloroquine est génotoxique, qu’il existe des incertitudes sur le risque cancérogène et qu’elle a un impact sur la fertilité et des effets tératogènes [malformations] et fœto-létaux chez le rat », indique l’ANSM. Compte tenu de ces éléments et « conformément aux recommandations européennes », précise-t-elle, l’Agence a demandé de faire figurer sur les notices et les RCP la nécessité pour les femmes et les hommes d’une contraception pendant le traitement par chloroquine et jusqu’à 8 mois après son arrêt. Il est aussi précisé que cette molécule ne doit pas être utilisée en cas de grossesse, sauf en absence d’alternatives plus sûres. Le RCP de l’hydroxychloroquine a été modifié dans le même sens.

    A la demande de l’ANSM, les laboratoires Sanofi sont en train de réaliser des études complémentaires pour mieux caractériser le risque génotoxique de ces deux molécules.

    « La génotoxicité peut concerner les cellules reproductrices, spermatozoïdes et ovocytes. A un certain niveau de risque, cela pose donc la question de l’obligation de contraception et d’une contre-indication pendant la grossesse, explique la docteure Sophie Gautier (CRPV de Lille), membre du groupe de travail « grossesse » de l’ANSM. En ce qui concerne le risque tératogène de la chloroquine, on ne peut pas l’exclure mais il n’y a pas de signal clinique. »

    En décalage avec ces mentions sur les RCP et les notices, le site Internet du centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT), destiné aux médecins, écrit que, « dans le paludisme, l’utilisation de la chloroquine est possible, quel que soit le terme de la grossesse ». Dans les autres pathologies, « si la chloroquine est nécessaire à l’équilibre maternel, son utilisation est possible quel que soit le terme de la grossesse, à la dose efficace la plus faible possible ». Une discordance assumée par la docteure Elisabeth Elefant, responsable du CRAT, qui insiste sur les « très nombreuses et rassurantes » données chez les femmes enceintes exposées à la chloroquine.

    « Cette molécule a été très largement utilisée en Afrique pendant des décennies et il n’a pas été observé de malformations, précise-t-elle. Quant aux données de génotoxicité, ce sont des tests faits en premier lieu pour évaluer les risques cancérigènes et, de ce point de vue, nous n’avons pas d’inquiétude documentée pour la chloroquine. Enfin, s’agissant d’une potentielle atteinte des cellules reproductrices qui conduirait à des problèmes en cas de grossesse, on s’inspire des données des médicaments cancéreux comme le cyclophosphamide, mais ici c’est un risque théorique. »

    Face aux nouvelles préconisations, « ingérables et infondées », selon les termes de la docteure Elefant, surtout pour l’hydroxychloroquine (Plaquenil) – largement plus prescrite que la chloroquine pour des maladies inflammatoires –, la responsable du CRAT et des sociétés savantes de médecine interne de rhumatologie et de dermatologie ont plaidé en 2018 auprès de l’ANSM pour faire évoluer le dossier. « La France est le seul pays à demander une contraception jusqu’à huit mois après la fin du traitement, alors même que le Plaquenil fait l’objet d’un essai chez des femmes, en prévention des fausses couches à répétition », note encore Mme Elefant.

    Pour les prescripteurs, c’est surtout la perspective de contre-indication pendant la grossesse qui posait problème. « Je n’ai aucune arrière-pensée sur le rapport bénéfice-risque du Plaquenil dans le lupus. L’interdire pendant la grossesse, compte tenu des données rassurantes dont nous disposons, aurait été extrêmement problématique. Heureusement, en concertation avec l’ANSM, nous avons pu faire évoluer la mention sur la grossesse dans le RCP, avec des termes un peu plus positifs », souligne la médecin interniste Nathalie Costedoat-Chalumeau. En pratique, les médecins continuent à prescrire ce médicament chez les femmes enceintes qui en ont besoin. Quant à la contraception pendant le traitement et huit mois après, aucun des prescripteurs que nous avons interrogés ne l’exige.

    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/03/17/la-chloroquine-une-piste-pour-lutter-contre-le-sars-cov-2_6033364_1650684.ht

    • Le #Plaquenil semble être une piste thérapeutique sérieuse, à condition de ne pas avoir d’antécédents cardiaques : à Marseille les 24 personnes prises en charge par D. Raoult ont quasiment toutes été guéries. La Salpêtrière s’y est mise depuis vendredi (avec précautions et limites évoquées plus bas), Lille aussi, depuis hier, le labo qui produit la molécule en met aujourd’hui à dispo pour traiter 300 000 malades après des essais jugés « prometteurs » (voir article du « Monde » d’aujourd’hui) et tout un pan de l’élite médicale parisienne se voit obligée d’avaler son chapeau (voir le mea culpa tweeté par l’épidémiologiste de la Pitié qui a fait un virage à 180° sur la question...)

      Mais d’après une amie soignée / suivie en ambulatoire par l’équipe de la Salpêtrière les équipes soignantes déconseillent formellement l’automédication et la prise de Plaquenil chez soi et sans suivi médical, dès les premiers symptômes ; pas de prise de Plaquenil sans surveillance médicale constante et notamment sans avoir fait d’électrocardiogramme préalablement, car risque cardiaque (ce risque est-il lié directement au Plaquenil ou à un antibiotique associé, ce n’est pas encore clair).

      N’étant pas hospitalisée, donc, elle n’en prend pas (ils ne l’hospitaliseront qu’en cas de détresse respiratoire). A charge au corps de se défendre tout seul, comme un grand… (C’est douloureux, et avec le #Plaquenil administré sous contrôle la charge virale baisserait probablement beaucoup plus vite.)

      En résumé, pour prendre ce médicament (à condition de ne pas avoir de problème cardiaque), il faut être hospitalisé. Or Il y a une incapacité des hôpitaux à prendre en charge tous les patients (fermetures de milliers de lits de ces 20 dernières années) : ils n’admettent que les cas critiques, les cas les plus légers sont traités en ambulatoire. La prescription du Plaquenil se fait dans ce cadre et ces contraintes-là.

    • Concernant la chloroquine, il est très probable qu’elle soit efficace, au vu de son mode d’action connu. Mais il est impératif de disposer d’une confirmation la plus rapide possible, scientifiquement évaluée, des essais cliniques en cours.

      « Face aux coronavirus, énormément de temps a été perdu pour trouver des médicaments » Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS et spécialiste des coronavirus

      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/02/29/bruno-canard-face-aux-coronavirus-enormement-de-temps-a-ete-perdu-pour-trouv

    • Un antipaludéen pourra-t-il contrer l’épidémie de Covid-19 ?

      La chloroquine, efficace in vitro sur le SARS-CoV-2, a été adoptée dans l’arsenal thérapeutique par les autorités sanitaires chinoises à la suite d’essais cliniques encore très peu détaillés.

      (LeMonde - Par Hervé Morin Publié le 26 février 2020 à 15h00 - Mis à jour le 27 février 2020 à 15h25)

      https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/02/26/un-antipaludeen-pourra-t-il-arreter-l-epidemie-de-covid-19_6030931_1650684.h

      Dans une vidéo intitulée « Coronavirus : fin de partie ! » mise en ligne mardi 25 février, l’infectiologue Didier Raoult fait état d’une « excellente nouvelle » sur le front de la lutte contre le coronavirus SARS-CoV-2 : la chloroquine, un antipaludéen ancien et peu onéreux, aurait apporté des « améliorations spectaculaires » chez des patients infectés. Le Covid-19 « est probablement l’infection respiratoire la plus facile à traiter », ajoutait le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection.

      https://www.youtube.com/watch?v=8L6ehRif-v8&feature=emb_logo

      Le « repositionnement » de cette molécule (principe actif de la Nivaquine et de la Savarine) peut-il donc résoudre la crise actuelle, comme le laisse entendre Didier Raoult ? La chloroquine avait déjà été testée contre le SARS-CoV lors de l’épidémie de SRAS, en 2003, et son efficacité avait alors été établie « et oubliée », selon le chercheur français. Le 15 janvier, il rappelait déjà dans un court article bibliographique de l’International Journal of Antimicrobial Agents, signé avec deux de ses collègues, le potentiel de la chloroquine face au Covid-19, citant nombre des travaux effectués depuis l’épidémie de SRAS montrant son efficacité comme antiviral.

      L’épidémie engendrée par le nouveau coronavirus a poussé des équipes à tester l’efficacité de la chloroquine contre le SARS-CoV-2 in vitro. Une étude publiée début février a ainsi montré sa capacité d’inhibition du virus sur des cultures cellulaires, combiné au Remdesivir du laboratoire Gilead, un antiviral déjà expérimenté lors des épidémies d’Ebola.

      Essais cliniques en Chine

      L’irruption du nouveau coronavirus a aussi suscité de nombreux essais cliniques mis en place en urgence notamment auprès de patients chinois. Le site Clinical.org, géré par les instituts de santé américains (NIH), fait état de plusieurs dizaines d’essais en lien avec Covid-19, mais aucun cependant ne porte la mention « chloroquine ». En revanche le site chinois recensant les essais cliniques nationaux est plus fourni concernant cette molécule.

      L’annonce du professeur Raoult s’appuie sur une très courte « lettre » adressée à la revue BioScience Trends le 18 février et publiée en ligne le même jour. Trois chercheurs de la ville de Qingdao (est de la Chine) mentionnent des essais cliniques en cours dans plus de dix hôpitaux chinois. « Pour l’instant, les résultats sur plus de cent patients ont démontré que le phosphate de chloroquine est supérieur au médicament contrôle [traitement habituel] dans l’inhibition de la pneumonie, qu’il améliore les résultats de l’imagerie pulmonaire, favorise la disparition du virus et réduit la durée de la maladie », écrivent-ils.

      Le contenu de l’article scientifique reprend en fait celui d’un point presse du gouvernement central chinois qui s’est tenu le 17 février, au cours duquel les autorités ont annoncé qu’un consensus s’était dégagé pour inscrire la chloroquine dans l’arsenal thérapeutique national contre l’épidémie de Covid-19. Ces guides destinés aux soignants sont régulièrement actualisés : on en est actuellement à la sixième version pour la présente épidémie.

      Contre-indications pour les plus de 65 ans

      Le 20 février, dans le Chinese Journal of Tuberculosis and Respiratory Diseases, des experts de la province du Guangdong publiaient un article de consensus reprenant ces conclusions. La posologie indiquée était de 500 mg deux fois par jour pendant dix jours. Ils listaient un certain nombre de contre-indications – parmi lesquelles l’âge : les plus de 65 ans, la tranche d’âge dont la létalité est la plus élevée, faisaient partie des personnes chez qui l’administration de chloroquine était considérée comme contre-indiquée. Le point presse et les préconisations d’usage de la chloroquine avaient été mentionnés par l’agence de presse Xinhua le 17 février.

      Le faible nombre de patients concernés par ces essais cliniques, l’absence de précisions sur le traitement de référence qui a servi de point de comparaison et l’absence d’éléments chiffrés et de détails sur l’état clinique initial des patients invitent cependant à une lecture prudente de cette annonce.

      Pour l’heure, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas inclus la chloroquine dans la liste des traitements prioritaires face au Covid-19, mais les études où ce médicament est testé dans cette nouvelle indication figurent bien dans la liste des essais en cours dressée par l’institution.

      Pour Bruno Canard, directeur de recherche au laboratoire architecture et fonction des macromolécules biologiques (Centre national de la recherche scientifique - Aix-Marseille université), « il est très probable que la chloroquine fonctionne ». Mais « il est impératif de disposer d’une confirmation la plus rapide possible, évaluée scientifiquement », des essais cliniques évoqués par Didier Raoult. Il faudra aussi prendre en compte les facteurs de risques liés à l’utilisation de cette molécule.

      La chloroquine pourrait être un « cas parfait de repositionnement », mais des précédents incitent à la « prudence » : face au chikungunya, malgré une efficacité sur des cultures de cellules infectées, la chloroquine avait été abandonnée, rappelle Bruno Canard, « faute d’efficacité réelle » lors de l’essai clinique. Contre la dengue et Zika, la chloroquine n’avait pas non plus tenu les promesses initiales.

      D’autres spécialistes sont circonspects face aux données chinoises encore lacunaires, mettant aussi en garde contre l’automédication, s’agissant d’un médicament dont certains effets secondaires peuvent être redoutables - même si la chloroquine n’est disponible que sur prescription, elle est présente dans de nombreuses armoires à pharmacie familiales.

      Ces réserves ne découragent pas l’équipe de Didier Raoult, qui sera en première ligne pour soigner d’éventuelles personnes infectées, et espère pouvoir faire usage de la chloroquine. Il lui faudrait pour cela disposer du feu vert des autorités sanitaires. Pour l’heure, celles-ci semblent dans l’expectative. Mercredi 26 février, le directeur de la santé, Jérôme Salomon, lors d’un point presse consacré au nouveau coronavirus, a constaté qu’« aujourd’hui, la communauté scientifique n’est pas très convaincue. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’y intéresser ».

      Une voix autorisée chinoise pourrait changer l’appréciation de la molécule : lors d’une conférence de presse donnée jeudi 27 février à Pékin, Zhong Nanshan, qui dirige le groupe d’expert chargé de la lutte contre le virus à la Commission nationale de la santé chinoise, a indiqué que parmi les traitements testés dans les essais cliniques en cours, un seul avait un impact positif, rapporte l’AFP. Il s’agit de la chloroquine, qui permettrait de rendre indétectable le virus chez les patients après environ quatre jours de traitement, indique la même dépêche.

    • #coronavirus : le traitement à la #chloroquine réduit la charge virale à 6 jours pour 75 % des patients selon le Pr Raoult
      | 17 mars 2020 | par Caducee.net | | Partager

      Dans une vidéo de 18 minutes, le professeur Raoult annonce des résultats spectaculaires dans le cadre de l’essai clinique mené sur 24 patients. Au bout de 6 jours de traitement, 75 % des patients traités avec du Plaquenil ne seraient plus porteurs du virus contre 10 % seulement des patients qui n’ont pas reçu ce traitement.

      « C’est spectaculaire. La charge virale moyenne avec ce virus est normalement de 20 jours. Et tous les gens qui meurent à cause du coronavirus ont encore le virus. Ne plus avoir de virus, ça change le pronostic. »
       

      « Si vous n’avez plus de microbe, vous êtes sauvés. »
      Un traitement de 600 mg par jour de Plaquenil pendant 10 jours

      Ces premiers résultats semblent confirmer les résultats obtenus en chine lors d’un essai sur plus de 100 patients. Le traitement à la chloroquine avait également favorisé une conversion négative des patients au virus ainsi que la réduction de la durée des symptômes ».

      L’azithromycine pour les cas les plus sérieux

      Le virologue recommande dans la vidéo d’associer à la chloroquine un antibiotique et de préférence l’azithromycine.

      Selon le Pr Raoult, l’azithromycine a montré son efficacité in vitro contre un grand nombre de virus, bien que cela soit un antibiotique. C’est pour cela que quitte à administrer un antibiotique il recommande l’azithromycine.

       « L’azithromycine améliore le pronostic des gens infectés en réduisant le risque de complication bactérienne »

      Selon les documents transmis par le Pr Raoult, quasiment tous les patients traités sous Plaquenil azithromycine sont négatifs au Coronavirus SARS-COV2 au bout de 6 jours de traitement.

       
      Le Pr Raoult recommande également de dépister systématiquement tous les patients présentant des symptômes comme la toux et de la fièvre afin de démarrer le traitement en cas de positivité sans attendre les signes de gravité. La reduction de la contagiosité serait alors d’autant plus forte. 

      Même si ces résultats doivent être confirmés sur un nombre de patients plus important pour être probants, il n’en demeure pas moins que le Plaquenil pourrait rapidement devenir une option thérapeutique pour un grand nombre de cas.

      https://www.caducee.net/actualite-medicale/14783/coronavirus-le-traitement-a-la-chloroquine-reduit-la-charge-virale-a-6-jour

  • [Edit Il manque un point d’interrogation et les réfutations ultérieures, ndc] #SantéPublique : La #chloroquine, une piste pour lutter contre le SARS-CoV-2
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/03/17/la-chloroquine-une-piste-pour-lutter-contre-le-sars-cov-2_6033364_1650684.ht

    Une vingtaine d’essais cliniques sont en cours en Chine pour évaluer l’effet de cet antipaludéen sur le coronavirus. Les résultats préliminaires d’un essai français semblent probants, mais cette approche thérapeutique ne fait pas l’unanimité.

    La course aux traitements contre le nouveau coronavirus a remis sur le devant de la scène la chloroquine (Nivaquine), un antipaludéen commercialisé depuis soixante-dix ans. En Chine, près d’une vingtaine d’essais cliniques sont en cours pour explorer l’efficacité de cette molécule ou d’un analogue, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), chez des patients infectés par le SARS-CoV-2, selon le registre chinois des essais cliniques.

    En France, une étude clinique vient d’être lancée par le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU Méditerranée Infection (Marseille). Evoqués lundi 16 mars dans une vidéo par ce dernier, les résultats préliminaires semblent spectaculaires : au bout de six jours de traitement par Plaquenil, 25 % seulement des patients seraient encore porteurs du virus, la proportion étant de 90 % chez ceux ne recevant pas le traitement. La charge virale à J + 6 serait encore plus basse chez les malades traités en plus par un antibiotique, l’azithromycine.
    Dans sa présentation, le professeur Raoult ne précise pas si ces résultats portent sur l’ensemble des 24 malades prévus dans le protocole, une publication scientifique est attendue.

    Mais, pour ce spécialiste des maladies infectieuses, membre du conseil scientifique sur le nouveau coronavirus qui vient d’être mis en place par le ministre de la santé, il y a suffisamment d’arguments pour utiliser dès maintenant ce traitement, très peu onéreux, chez des malades du Covid-19. « En Chine, en Iran, en Corée du Sud, en Arabie saoudite, l’hydroxychloroquine et la chloroquine font déjà partie des protocoles thérapeutiques, conseillés par des experts, pour certains de renommée mondiale. Il y a urgence à organiser de telles recommandations en France, et c’est ce que j’ai proposé aux autorités sanitaires », indique-t-il. D’autres équipes hospitalières françaises ont manifesté leur intérêt pour le protocole marseillais, qui est proposé, on ne sait pas à quelle échelle, à des patients hospitalisés, hors cadre d’étude clinique.

    De son côté, le gouvernement britannique a récemment inscrit sur la liste des médicaments interdits à l’exportation parallèle la chloroquine, l’hydroxychloroquine, et une combinaison d’antiviraux, pour parer aux besoins éventuels de patients britanniques atteints de Covid-19 et anticiper des ruptures de stock de ces produits.

    Des précautions en cas de grossesse
    Les spécialistes français sont cependant partagés sur l’efficacité antivirale de ces molécules et sur leur rapport bénéfice-risque. La question est notamment posée du risque d’intoxication à forte dose et d’une potentielle génotoxicité (effet délétère sur les gènes). Depuis 2018, en France, les RCP (résumé des caractéristiques du produit) de la chloroquine puis de l’hydroxychloroquine – toutes deux commercialisées par Sanofi – ont été modifiés. Ces documents officiels d’information stipulent désormais que les femmes et hommes en âge de procréer doivent utiliser une contraception efficace pendant le traitement et jusqu’à huit mois après son arrêt.

    La chloroquine ne doit pas être administrée pendant la grossesse, sauf en l’absence de thérapeutique plus sûre. Des précautions jugées excessives par des professionnels de santé, mais qui, après l’affaire de la Dépakine (responsable de malformations et de troubles du neurodéveloppement chez les enfants de femmes traitées avec cet antiépileptique pendant leur grossesse), ont de quoi interroger si la Nivaquine et le Plaquenil devaient être prescrits largement dans un contexte d’épidémie. Le point en cinq questions.

    Quelles sont les indications actuelles de ces médicaments ?
    Antipaludéen de synthèse mis au point dans les années 1930 en Allemagne, la chloroquine a été commercialisée en 1949. D’abord arme essentielle de prévention et de traitement du paludisme, son utilisation a décliné du fait du développement de résistances des plasmodiums et d’autres médicaments. Un arrêt de commercialisation de ce médicament, délivrable uniquement sur ordonnance, est désormais prévu en France. « Suite à la baisse de la demande, liée à la présence sur le marché d’autres options thérapeutiques, notre fournisseur a arrêté la production du principe actif », précise Sanofi.
    La chloroquine, et surtout l’hydroxychloroquine, ont aussi des indications dans des maladies auto-immunes comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, et en prévention des lucites (allergies au soleil). « Le Plaquenil est aujourd’hui l’un des traitements de base du lupus systémique, maladie qui touche une personne sur 2 000 », explique la professeure Nathalie Costedoat-Chalumeau, interniste (hôpital Cochin, AP-HP).

    Que sait-on de leurs effets sur le SARS-CoV-2 ?
    Les rares publications scientifiques sur le sujet sont, pour l’instant, issues du premier pays touché chronologiquement par le virus : la Chine. Un premier article publié le 25 janvier dans la revue Cell Research fait état d’une grande efficacité in vitro de la chloroquine sur ces virus. Rapidement, des essais cliniques ont été lancés en Chine et des résultats préliminaires positifs portant sur une centaine de malades ont été annoncés lors d’une conférence de presse le 15 février, puis repris le 19 février dans une lettre au journal spécialisé BioScience Trends, sans données chiffrées.

    Fin février, Zhong Nanshan, scientifique de renom et principal conseiller médical du gouvernement chinois sur le sujet, a précisé, lors d’une conférence de presse, que le SARS-CoV-2 devenait indétectable en quatre jours chez les malades traités par chloroquine (alors que le temps moyen d’excrétion chez des patients dans d’autres études serait de l’ordre de douze, voire vingt jours). Face à ces données préliminaires, peu précises et non validées par les canaux habituels de la science, une partie du corps médical reste réservée.
    Louant le pragmatisme des Chinois, Didier Raoult a lancé un essai clinique, qui a reçu l’approbation d’un comité de protection des personnes (CPP) et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Prévue chez 24 malades, l’étude évalue les effets de 600 mg/jour d’hydroxychloroquine pendant dix jours, sur la durée d’excrétion du virus et la sévérité de l’infection. Il s’agit d’un essai ouvert, l’évolution des malades inclus étant comparée à celle de patients pris en charge ailleurs et traités de façon symptomatique. « Je connais bien l’hydroxychloroquine, dont j’ai découvert l’efficacité dans deux pathologies dues à des bactéries intracellulaires, la maladie de Wipple et la fièvre Q, et j’ai une expérience sur 4 000 patients », souligne le professeur Raoult, qui plaide, dans ce contexte, pour un partage en temps réel des résultats.

    Sont-ils efficaces sur d’autres virus ?
    Dans un article de synthèse de deux pages (Antiviral Research, en ligne le 5 mars), Frank Touret et Xavier de Lamballerie (unité des virus émergents, université de Marseille) appellent la communauté scientifique à considérer les publications sur la chloroquine et le nouveau coronavirus à la lumière de précédentes expériences avec cette molécule comme antiviral.

    L’activité antivirale in vitro de la chloroquine a été identifiée dès la fin des années 1960, écrivent les deux chercheurs, en précisant que cette propriété, qui existe aussi avec l’hydroxychloroquine, concerne de nombreux virus différents, y compris le coronavirus du SRAS. Une efficacité contre une variété de virus (dont Zika, le virus grippal A H5N1) a été montrée chez des souris et d’autres modèles animaux. Mais, jusqu’ici, aucun essai clinique dans le cadre d’infection virale aiguë (chikungunya, dengue) ou chronique (HIV) n’a été couronné de succès, soulignent les deux chercheurs. « In vitro, la chloroquine a une activité antivirale directe. Elle empêche le cycle viral de s’effectuer normalement, en modifiant le pH, explique Xavier de Lamballerie. In vivo, c’est moins clair, l’action antivirale pourrait être plutôt indirecte, par des effets anti-inflammatoires, immunomodulateurs, comme avec la ribavirine. Je ne pense pas que l’activité antivirale de la chloroquine soit très puissante chez l’homme, mais l’immunomodulation qu’elle induit peut être intéressante à certaines phases d’une infection. »

    Par ailleurs, certains soulignent la capacité de la chloroquine à faciliter l’entrée du zinc dans les cellules ciblées par le coronavirus, ce qui permettrait à ce métal sous forme ionique d’entraver sa réplication. Face à cette hypothèse, Xavier de Lamballerie invite à la prudence.

    Ces médicaments sont-ils difficiles à manier ?
    La chloroquine, considérée comme un médicament à marge thérapeutique étroite, est « hautement toxique en cas de surdosage, particulièrement chez les enfants », écrit le réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) sur son site, dans un texte daté du 5 mars. La gravité de l’intoxication aiguë « provient du caractère précoce et brutal de survenue des troubles cardio-vasculaires », souligne le réseau.

    « Chez l’adulte, la dose dangereuse est estimée à partir de 2 g de chloroquine en une prise » (une dose à comparer avec les 500 mg deux fois par jour recommandés dans le protocole chinois de traitement du Covid-19). « En l’état des connaissances actuelles, (…) la chloroquine ne présente pas une balance bénéfice-risque favorable dans la prise en charge des infections à coronavirus Covid-19, estime le réseau des CRPV. Ainsi, son utilisation dans cette indication doit donc être actuellement exclue, en dehors d’essais cliniques ou de prises en charge spécialisées. »

    La chloroquine est-elle à risque pour les femmes enceintes ?
    En 2018, Sanofi a demandé à l’ANSM une modification des informations concernant la chloroquine, les autorités japonaises ayant identifié en 2015-2016 un risque génotoxique (délétère sur les gènes) pour un médicament de la même famille, la primaquine.
    L’analyse conduite par l’Agence, à partir de données de la littérature et de celles fournies par le laboratoire, « a mis en évidence que la chloroquine est génotoxique, qu’il existe des incertitudes sur le risque cancérogène et qu’elle a un impact sur la fertilité et des effets tératogènes [malformations] et fœto-létaux chez le rat », indique l’ANSM. Compte tenu de ces éléments et « conformément aux recommandations européennes », précise-t-elle, l’Agence a demandé de faire figurer sur les notices et les RCP la nécessité pour les femmes et les hommes d’une contraception pendant le traitement par chloroquine et jusqu’à 8 mois après son arrêt. Il est aussi précisé que cette molécule ne doit pas être utilisée en cas de grossesse, sauf en absence d’alternatives plus sûres. Le RCP de l’hydroxychloroquine a été modifié dans le même sens.

    A la demande de l’ANSM, les laboratoires Sanofi sont en train de réaliser des études complémentaires pour mieux caractériser le risque génotoxique de ces deux molécules.
    « La génotoxicité peut concerner les cellules reproductrices, spermatozoïdes et ovocytes. A un certain niveau de risque, cela pose donc la question de l’obligation de contraception et d’une contre-indication pendant la grossesse, explique la docteure Sophie Gautier (CRPV de Lille), membre du groupe de travail « grossesse » de l’ANSM. En ce qui concerne le risque tératogène de la chloroquine, on ne peut pas l’exclure mais il n’y a pas de signal clinique. »

    En décalage avec ces mentions sur les RCP et les notices, le site Internet du centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT), destiné aux médecins, écrit que, « dans le paludisme, l’utilisation de la chloroquine est possible, quel que soit le terme de la grossesse ». Dans les autres pathologies, « si la chloroquine est nécessaire à l’équilibre maternel, son utilisation est possible quel que soit le terme de la grossesse, à la dose efficace la plus faible possible ». Une discordance assumée par la docteure Elisabeth Elefant, responsable du CRAT, qui insiste sur les « très nombreuses et rassurantes » données chez les femmes enceintes exposées à la chloroquine.

    « Cette molécule a été très largement utilisée en Afrique pendant des décennies et il n’a pas été observé de malformations, précise-t-elle. Quant aux données de génotoxicité, ce sont des tests faits en premier lieu pour évaluer les risques cancérigènes et, de ce point de vue, nous n’avons pas d’inquiétude documentée pour la chloroquine. Enfin, s’agissant d’une potentielle atteinte des cellules reproductrices qui conduirait à des problèmes en cas de grossesse, on s’inspire des données des médicaments cancéreux comme le cyclophosphamide, mais ici c’est un risque théorique. »
    Face aux nouvelles préconisations, « ingérables et infondées », selon les termes de la docteure Elefant, surtout pour l’hydroxychloroquine (Plaquenil) – largement plus prescrite que la chloroquine pour des maladies inflammatoires –, la responsable du CRAT et des sociétés savantes de médecine interne de rhumatologie et de dermatologie ont plaidé en 2018 auprès de l’ANSM pour faire évoluer le dossier. « La France est le seul pays à demander une contraception jusqu’à huit mois après la fin du traitement, alors même que le Plaquenil fait l’objet d’un essai chez des femmes, en prévention des fausses couches à répétition », note encore Mme Elefant.

    Pour les prescripteurs, c’est surtout la perspective de contre-indication pendant la grossesse qui posait problème. « Je n’ai aucune arrière-pensée sur le rapport bénéfice-risque du Plaquenil dans le lupus. L’interdire pendant la grossesse, compte tenu des données rassurantes dont nous disposons, aurait été extrêmement problématique. Heureusement, en concertation avec l’ANSM, nous avons pu faire évoluer la mention sur la grossesse dans le RCP, avec des termes un peu plus positifs », souligne la médecin interniste Nathalie Costedoat-Chalumeau. En pratique, les médecins continuent à prescrire ce médicament chez les femmes enceintes qui en ont besoin. Quant à la contraception pendant le traitement et huit mois après, aucun des prescripteurs que nous avons interrogés ne l’exige.

    #soin #épidémie

  • Les données de santé, un trésor mondialement convoité
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/03/02/les-donnees-de-sante-un-tresor-mondialement-convoite_6031572_1650684.html

    Ces données, transcendées par l’intelligence artificielle, vont façonner la médecine de demain. Comment sont-elles protégées, partagées, monnayées ? Quelle place pour la France face aux géants du numérique ? Nous sommes tous concernés mais le phénomène est tellement discret qu’il est difficile d’en prendre la pleine mesure. La planète est devenue, en quelques années, une gigantesque chambre d’enregistrement où une multitude d’informations relatives à notre santé, que nous soyons malade ou bien portant, sont (...)

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  • Katherine Johnson, mathématicienne afro-américaine pionnière de la NASA, est morte à 101 ans
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/02/24/katherine-johnson-la-mathematicienne-pionniere-de-la-nasa-est-morte-a-l-age-


    Katherine Johnson à son bureau du Centre de recherche Langley (Virginie), le 26 août 1918.
    NASA / AFP

    « C’était une héroïne de l’Amérique, une pionnière dont l’héritage ne sera jamais oublié », a déclaré le patron de l’agence spatiale lundi 24 février.

    Ses calculs ont permis aux Etats-Unis de conquérir la Lune. La mathématicienne américaine Katherine Johnson s’est éteinte à l’âge de 101 ans, a annoncé la NASA lundi 24 février.

    La carrière de cette grande figure chez les Noirs américains a inspiré le film Les Figures de l’ombre, sorti en 2016, adapté du livre de Margot Lee Shetterly, qui racontait l’apport trop souvent ignoré des femmes noires dans la conquête américaine de l’espace.

    La scientifique était d’ailleurs restée relativement inconnue jusqu’à ce que le président Barack Obama lui décerne, en 2015, la médaille présidentielle de la Liberté, l’une des plus hautes distinctions civiles des Etats-Unis.


    Barack Obama décerne la médaille présidentielle de la Liberté à Katherine Johnson, le 24 novembre 2015.
    CARLOS BARRIA / REUTERS

    Titulaire d’une licence de mathématiques, Katherine Johnson avait rejoint le programme spatial américain – la future NASA – en 1953, et avait pour tâche principale de contrôler le travail de ses supérieurs à l’aide de calculs.

    Des mathématiciens noirs, à l’écart de leurs collègues blancs
    A cette époque, la ségrégation raciale était encore en vigueur aux Etats-Unis, et la scientifique œuvrait à un poste de « #colored_computer » (« ordinateur de couleur ») avec des douzaines d’autres mathématiciens noirs, à l’écart de leurs collègues blancs. C’est seulement en 1958 que son équipe a été intégrée à d’autres divisions de la NASA, pour faire partie du premier programme de vol spatial habité des Etats-Unis.

    Katherine Johnson a alors participé aux calculs du vol d’Alan Shepard, le premier Américain à se rendre dans l’espace.

    Pendant sa carrière de trois décennies pour l’agence spatiale, Katherine Johnson a développé des équations cruciales ayant permis aux Etats-Unis d’envoyer des astronautes en orbite et sur la Lune, des formules toujours utilisées dans la science aérospatiale contemporaine. Elle a notamment calculé les trajectoires d’Apollo-11, la mission historique qui a fait de Neil Armstrong le premier homme à marcher sur la Lune en 1969.

  • Les milliers de satellites propulsés pour fournir du débit Internet à tous risquent de transformer le ciel en far west
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/02/18/l-espace-sous-la-menace-des-megaconstellations-de-satellites_6029902_1650684

    […]
    Il faut s’obliger à lire cette liste monotone de décollages de fusées pour comprendre que le spatial vient, presque subrepticement, d’entrer dans une nouvelle ère, celle des mégaconstellations de satellites, destinées à fournir, depuis l’orbite basse (moins de 2 000 kilomètres d’altitude), du débit Internet à tous les Terriens, partout, tout le temps. Starlink, filiale de l’entreprise californienne SpaceX du milliardaire Elon Musk, a obtenu l’autorisation d’envoyer 12 000 engins dans l’espace et ne cache pas son intention d’en expédier 30 000 de plus, pour un total ahurissant de 42 000. La compagnie OneWeb, basée au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, mise quant à elle sur une flotte de près de 2 000 appareils, qui pourrait, selon certaines sources, être portée à plus de 5 000 satellites.

    Des dizaines d’autres opérateurs ont annoncé leur intention de partir à la conquête de ce nouvel eldorado, et l’on compte dans ce peloton quelques gros poissons comme Amazon ou des organismes officiels russe et chinois. Certains projets ont déjà capoté – tel LeoSat (Luxembourg) – ou sont à l’arrêt – comme celui de Boeing qui prévoyait une constellation de près de 3 000 unités –, mais il n’est pas impossible que l’on dénombre, à la fin de la décennie, plus de 50 000 nouveaux satellites dans le ciel.
    […]
    « On risque de perdre notre ciel simplement pour réduire la latence des jeux vidéo en ligne ou pour s’envoyer encore plus de photos de chats… » Eric Lagadec, vice-président de la Société française d’astronomie et d’astrophysique

    #paywall

  • Opérée du cerveau, une violoniste joue de son instrument pour guider les chirurgiens
    https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/02/19/operee-d-une-tumeur-du-cerveau-une-violoniste-joue-de-son-instrument-pour-ai

    Les chirurgiens de l’hôpital King’s College de Londres ont mis au point une technique permettant de vérifier en temps réel que les zones du cerveau responsables du mouvement des mains n’étaient pas affectées pendant l’opération.

    L’idée peut paraître audacieuse, mais l’opération a bien fonctionné. Une violoniste a aidé les médecins à ne pas endommager une zone importante de son cerveau en jouant de son instrument pendant l’opération destinée à enlever sa tumeur, a annoncé l’hôpital King’s College de Londres.

    Les chirurgiens qui l’ont opérée ont mis au point une technique permettant de vérifier en temps réel que les zones du cerveau responsables du mouvement des mains n’étaient pas affectées pendant cette procédure délicate, a précisé l’hôpital sur son site mardi 18 février.

    Dagmar Turner, musicienne de 53 ans, membre de l’Orchestre symphonique de l’île de Wight (sud de l’Angleterre), a été diagnostiquée en 2013 d’une tumeur à la croissance lente. Lorsque la tumeur est devenue agressive à l’automne 2019, la cinquantenaire a demandé à être opérée. L’acte chirurgical a eu lieu le mois dernier et s’est bien déroulé.

    L’idée de faire jouer la musicienne en la réveillant au milieu de l’opération visait à protéger en particulier d’importantes cellules situées dans le lobe frontal droit de son cerveau. Cette zone, située juste à côté de celle opérée, contrôle entre autres la main gauche, essentielle pour jouer de l’instrument.

    « Grâce à eux, j’espère pouvoir réintégrer mon orchestre bientôt »
    « L’idée de ne plus pouvoir jouer me brisait le cœur », a expliqué Mme Turner, qui a remercié l’équipe médicale pour avoir fait « tout son possible », allant même jusqu’à prévoir dans quelle position l’opérer pour qu’elle puisse jouer. « Nous pratiquons environ 400 résections [ablation de tumeurs] par an, ce qui implique souvent de réveiller des patients pour qu’ils répondent à des tests de langage », a expliqué le chirurgien responsable de l’opération, Keyoumars Ashkan, « mais c’était la première fois que je faisais jouer d’un instrument à un patient »

    Selon le chirurgien, 90 % de la tumeur a été enlevée, « dont toutes les zones suspectées d’activité agressive », tout en permettant à la violoniste de « conserver le plein usage de sa main gauche ». « Grâce à eux, j’espère pouvoir réintégrer mon orchestre très bientôt », s’est félicitée Dagmar Turner, qui est sortie de l’hôpital trois jours après son opération. Elle va continuer d’être surveillée dans son hôpital local, mais il n’est pas certain que les médecins veuillent bien qu’elle continue à jouer du violon pendant qu’ils l’ausculteront.