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  • L’Ukraine au défi de l’exode des femmes et des adolescents
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/28/l-ukraine-au-defi-de-l-exode-des-femmes-et-des-adolescents_6191386_3210.html

    L’Ukraine au défi de l’exode des femmes et des adolescents
    Le départ des mères avec leurs enfants risque de creuser le déficit d’hommes mobilisables côté ukrainien dans les prochaines années, à mesure que l’affrontement avec les Russes se mue en guerre d’usure.
    Par Emmanuel Grynszpan
    Publié le 28 septembre 2023 à 10h05
    L’Ukraine mène un combat existentiel contre un ennemi numériquement quatre fois supérieur, tout en subissant une hémorragie d’une part de sa population, les femmes et les enfants, qui fuient vers des cieux plus cléments. La population du pays était estimée entre 38 et 42 millions le 24 février 2022. Entre 5 et 8 millions d’individus ont émigré, dont une proportion importante risque de s’installer définitivement à l’étranger, où les conditions d’accueil sont inégales mais où certains pays offrent des perspectives d’intégration alléchantes. Une émigration essentiellement féminine et infantile, car la loi martiale interdit aux hommes valides âgés de 18 à 60 ans de quitter le territoire national.
    Du fait qu’aucun recensement de la population n’a été réalisé depuis l’an 2000, les démographes ne disposent que d’estimations. Les flux migratoires très importants, qui ont commencé bien avant l’invasion russe, compliquent encore le tableau. « Les données officielles de la statistique ukrainienne ne sont pas utilisables, tant elles reposent sur des évaluations fondées sur une méthode remontant à l’époque soviétique », quand les autorités disposaient d’instruments de contrôle social rigides, note Alain Blum, démographe et directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques.
    Alors qu’en 1991 l’Ukraine se classait au 22e rang mondial sur la liste des pays les plus peuplés, elle est déjà tombée au 41e rang. « Nous avons déjà perdu 10 millions de personnes en trois décennies. C’est un rythme très rapide », note Oleksandr Gladoune, démographe et directeur du département de modélisation et de prévision démographiques de l’Institut Ptoukha à Kiev. Sa collègue Ella Libanova, directrice de ce même institut, fait remarquer que « la fécondité était déjà tombée à 1,2 enfant par femme en 2021. Ce qui est très loin du taux de remplacement (2,15 enfants par femme), compte tenu des taux de mortalité ukrainiens. » La guerre a accéléré la chute de la fécondité : 0,9 en 2022 et Ella Libanova estime l’indicateur à 0,7 en 2023 et 2024.
    Outre l’impact direct de la guerre (mortalité, émigration, déportations vers la Russie), d’autres facteurs auront un impact négatif, bien qu’indirect et différé, sur la situation démographique de l’Ukraine. Les démographes s’attendent à une poussée du taux de mortalité en Ukraine et à une détérioration de la santé des citoyens ukrainiens. Parmi les raisons, la dégradation des conditions de vie, le sentiment d’insécurité et de stress permanent, la perte de domicile, d’emploi ou de revenus ; la pénibilité des hivers causée par les bombardements russes sur les infrastructures énergétiques ; un accès plus restreint aux services de santé et aux médicaments ainsi qu’à une nourriture de bonne qualité. La guerre a un impact dévastateur sur la santé mentale, provoquant des syndromes post-traumatiques, et faisant basculer les plus fragiles vers la dépression.
    « En termes de dynamique et de structure, les pyramides des âges russe et ukrainienne se ressemblent beaucoup. La différence est bien sûr numérique, mais j’en vois une autre plus inquiétante : l’émigration féminine, analyse Alain Blum. Près de 80 % des départs concernent des femmes et des enfants et des adolescents bientôt en âge d’être enrôlés. Les mères ont tendance à vouloir les mettre à l’abri, ce qui va encore creuser le déficit d’hommes mobilisables dans les trois ans à venir. D’autre part, étant donné que les femmes jouent un rôle important à l’arrière, pour faire tourner l’économie, pour soutenir leurs maris combattants, leur départ massif aura des conséquences à moyen et long terme, en affaiblissant le pays. Cela pourrait dégrader le système de santé avec des effets sur la mortalité et la prise en charge des blessés. »
    La sociologue Ioulia Shukan, maître de conférences à l’université Paris-Nanterre, observe que « les femmes ukrainiennes circulent beaucoup, font des allers-retours entre l’Ukraine et leurs pays d’accueil. Mon interrogation porte surtout sur les enfants, qui, en s’intégrant dans les systèmes éducatifs des pays d’accueil, sont susceptibles à terme de fixer avec eux les mères. »
    L’évolution démographique dépend donc en partie des politiques d’intégration des pays d’accueil à l’égard des réfugiés ukrainiens. Certains, pour résoudre leurs propres problèmes démographiques, sont susceptibles de chercher à les retenir, ce qui pourrait devenir une source de tensions entre Kiev et ses alliés européens. « C’est à ce niveau que le gouvernement peut agir : en offrant des conditions décentes après-guerre, en adoptant un modèle européen de développement démocratique et économique, et par ailleurs une politique migratoire attractive », explique Oleksandr Gladoune.
    Sollicité de son propre aveu par le gouvernement et l’état-major, ce spécialiste des projections démographiques avance une hypothèse alarmiste de 30 à 31 millions d’habitants à l’horizon 2037. « Sachant qu’il est impossible de poser une hypothèse sans poser un cadre, nous avons choisi de construire notre scénario sur la reconquête complète du territoire, revenu aux frontières de 1991 [donc incluant la Crimée et le Donbass], et sur la fin de la guerre au début 2025. » Sa collègue Ella Libanova descend jusqu’à 24 millions d’Ukrainiens au cours de la prochaine décennie.
    Ce scénario est supposé sonner l’alarme sans sombrer dans le fatalisme. Dans les moments critiques, le peuple ukrainien a déjà fait preuve d’une étonnante résilience et d’une capacité à inverser des dynamiques qui semblaient inarrêtables. Face à l’adversité actuelle, les Ukrainiens ont fait montre d’une cohésion, d’une capacité à se défendre et d’un patriotisme insoupçonnables il y a encore dix ans. Des qualités cruciales pour rebondir après-guerre.

    #Covid-19#migration#migrant#ukraine#guerre#emigration#mortalite#morbidité#santementale#demographie#femme#enfant#territoire#frontiere#politiquemigratoire#circulation

  • Le “nettoyage ethnique” dans le Haut-Karabakh marqué par l’empreinte d’Israël
    https://www.courrierinternational.com/article/vu-d-israel-le-nettoyage-ethnique-dans-le-haut-karabakh-marqu


    Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avec le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, à Davos, en Suisse, en 2018. PHOTO Amos Ben Gershom/GPO

    Après la reconquête par Bakou de l’enclave autonomiste arménienne du Haut-Karabakh, le journal “Ha’Aretz” souligne le rôle crucial des armes israéliennes dans cette victoire éclair et s’interroge sur le bien-fondé et la moralité de l’alliance conclue entre l’Azerbaïdjan et l’État hébreu.

    Source : Ha’Aretz Traduit de l’hébreu
    Publié aujourd’hui à 14h14
    [...]
    Depuis la deuxième décennie du XXIe siècle, Israël s’emploie à aider l’Azerbaïdjan à écraser les Arméniens de cette enclave. Les Israéliens entretiennent une relation stratégique avec les Azerbaïdjanais, une relation qui implique des ventes d’armes d’une valeur de plusieurs milliards de dollars et qui découle à la fois du conflit larvé entre Israël et l’Iran et du fait que l’État hébreu achète à l’Azerbaïdjan une partie importante des hydrocarbures dont il a besoin.
    [...]
    En mai dernier [2023], Ha’Aretz avait également révélé que des journalistes et des militants de l’opposition azerbaïdjanais avaient été traqués par le logiciel espion Pegasus de la société NSO et ensuite “neutralisés”.

    Ces dernières années, Israël n’a pas seulement fourni des armes à l’Azerbaïdjan. Il a également soutenu cette république turcophone dans sa volonté d’imposer un révisionnisme historique concernant le génocide des Arméniens [1915-1916], un révisionnisme partagé avec la Turquie depuis un siècle.
    [...]
    Dans le même temps, Israël soutient activement la campagne insensée menée par l’Azerbaïdjan pour que la communauté internationale reconnaisse le “génocide de Khodjaly” que les Arméniens auraient perpétré contre plusieurs centaines d’Azéris en février 1992.
    [...]
    Certes, il existe des récits contradictoires sur ce qu’il s’est passé lors de la bataille de Khodjaly pendant la première guerre du Nagorno-Karabakh de 1992. Mais il y a une chose sur laquelle la communauté internationale s’accorde : si l’on s’en tient aux normes juridiques internationales, aucun génocide n’y a été perpétré.
    Hélas, ce qu’il se passe aujourd’hui dans le Nagorno-Karabakh n’est pas le premier cas de nettoyage ethnique à être marqué de l’empreinte d’Israël. La persécution des Rohingyas en Birmanie et le martyr des musulmans bosniaques durant la guerre de Bosnie-Herzégovine [1992-1995] ne sont que deux exemples parmi tant d’autres.
    Que conclure ? Que, fort de l’histoire du peuple juif, l’État d’Israël aurait dû apprendre depuis longtemps que monnayer des armes contre un révisionnisme historique n’est rien d’autre qu’une faillite morale.

    https://jpst.it/3oPH7

    • @biggrizzly Il semble que la population du Haut-Karabakh soit tributaire de pures logiques d’alliance entre puissances régionales. Des voix de cette région se sont exprimées estimant non sans raison avoir été lâchées non seulement par la Russie mais aussi par l’Arménie.

      J’avoue que j’ignorais l’importance du rôle d’Israël, avec la Turquie, dans ce jeu d’alliances. Il me semblait intéressant de le souligner avec cet article de Haaretz, ce dernier étant israélien, il est logique qu’il porte un regard particulier sur le rôle de l’État d’Israël dans cette affaire.

      Ci-dessous un article dans lequel on voit comment la guerre d’Ukraine menée par la Russie est exploitée par l’Azerbaïdjan contre les arméniens du Haut Karabakh, deux entités supposées être des alliées de la Russie.

      https://www.radiofrance.fr/franceculture/l-armenie-victime-collaterale-de-la-guerre-en-ukraine-5696780

      [...]

      L’Azerbaïdjan avance ses pions sur le terrain

      Début mars, l’unique gazoduc reliant l’Arménie à l’enclave du Haut Karabakh a été saboté. Comme si l’Azerbaïdjan et son allié turc profitaient de la guerre en Ukraine qui concentre toute l’attention de la communauté internationale et celle de la Russie pour avancer leurs pions sur le terrain.

      Cette conjoncture internationale inquiète l’Arménie car la Russie est la seule garante de sa sécurité et de celles des Arméniens du Haut-Karabakh. « Le drame des Arméniens est qu’ils sont complètement tributaires des Russes pour leur sécurité physique mais aussi pour leur sécurité énergétique, puisque le gaz qu’ils consomment est importé de Russie », explique Tigrane Yégavian.

      Au plan diplomatique, l’Arménie s’est abstenue lors du vote de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies condamnant l’invasion russe de l’Ukraine. La marge de manœuvre des autorités de Erevan est extrêmement étroite. « Les Arméniens évoluent sur une ligne de crête, constate Tigrane Yégavian. Le moindre faux pas pourrait s’avérer funeste. »

      Les puissants alliés de Bakou

      En face, l’Azerbaïdjan est soutenu par deux puissances régionales majeures et influentes : la Turquie et Israël. « Dans la dernière guerre de novembre 2020, analyse Tigrane Yégavian, ce sont les drones turcs Bayraktar et israéliens Harop qui ont fait la différence sur le champ de bataille. » L’Azerbaïdjan fait partie de la proximité géostratégique d’Ankara.

      La Turquie a été le premier État du monde à avoir reconnu l’indépendance de l’Azerbaïdjan à la suite de la disparition de l’URSS en 1991. Les deux pays entretiennent ainsi une coopération économique et militaire très étroite.

      Quant au partenariat israélo-azerbaïdjanais, il repose sur une alliance militaro-énergétique. L’Azerbaïdjan fournit environ un tiers des besoins pétroliers d’Israël, qui, en retour, livre à Bakou du matériel militaire sophistiqué. Et puis surtout, l’Azerbaïdjan constitue en base d’observation et d’espionnage pour surveiller l’Iran.
      [...]

    • Macron, dimanche soir, a expliqué que la Russie était complice. Libération depuis utilise la même idée de complicité. Mais alors, qui a raison ? Tout le monde à la fois ? Pourquoi notre Président il ne dit pas que notre allié européen d’Israël est à la pointe du soutien de l’Azerbaïdjan ? Sans parler de notre allié de l’OTAN de Turquie. L’Arménie est soutenu par l’Europe, tout devrait vite s’arranger ? A moins que l’Arménie ne paie, sans que personne ne le dise vraiment, sa proximité avec les russes ?
      https://seenthis.net/messages/1018759

    • Haut-Karabakh : la fin d’une enclave née de la dislocation de l’URSS
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/29/haut-karabakh-vie-et-mort-de-l-enclave-armenienne_6191519_3210.html


      Arayik Sarkissian et sa famille, réfugiés arméniens du Haut-Karabakh, attendent dans leur voiture l’arrivée de voisins de leur village. A Kornidzo (Arménie), le 25 septembre 2023. ERIC GRIGORIAN POUR « LE MONDE »

      Trente-deux ans après sa création, la République autoproclamée du Haut-Karabakh a annoncé s’autodissoudre, sous les coups de butoir militaires de l’Azerbaïdjan. L’épilogue d’un conflit séculaire.

      Par Emmanuel Grynszpan et Faustine Vincent(Erevan, envoyée spéciale)
      Publié aujourd’hui à 05h30, modifié à 08h30

      Le rêve d’indépendance s’est définitivement écroulé jeudi 28 septembre. Presque trois ans jour pour jour après son écrasante défaite militaire contre l’armée azerbaïdjanaise, l’entité séparatiste arménienne du Haut-Karabakh (aussi appelée « Artsakh ») s’est autodissoute, mettant fin à trente-deux ans d’existence. Par la force, mais aussi par un jeu diplomatique profitant des erreurs politiques de son ennemi, le régime autoritaire de Bakou a instauré sa souveraineté sur l’enclave située sur son territoire. La chute de la République autoproclamée du Haut-Karabakh (RAHK), dont la légitimité n’avait été reconnue par aucune chancellerie, pas même par l’Arménie voisine, clôt tragiquement un chapitre de l’histoire arménienne.

      https://jpst.it/3oRmy

    • Haut-Karabakh : les raisons profondes d’une capitulation éclair
      https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-internationaux/haut-karabakh-les-raisons-profondes-d-une-capitulation-eclair-9029600

      Vendredi 29 septembre 2023
      Réfugiers près de la ville de Kornidzor, le 26 septembre 2023. ©AFP - Alain JOCARD

      https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/13305-29.09.2023-ITEMA_23503353-2023C3305S0272-21.mp3

      Les Enjeux internationaux
      Les autorités séparatistes ont même annoncé leur dissolution à compter du 1er janvier, marquant ainsi officiellement la fin de l’existence de la République séparatiste autoproclamée du Nagorny Karabakh.
      Avec
      Gaïdz Minassian Journaliste au Monde, docteur en sciences politiques et enseignant à Sciences Po Paris

      En à peine une semaine, le Haut-Karabakh s’est vidé de plus de la moitié de ses habitants arméniens. Cet exil massif fait suite à l’offensive éclair menée par l’Azerbaïdjan mercredi dernier... Menant à la capitulation de ses autorités. Comment expliquer une capitulation si rapide dans un conflit qui dure pourtant depuis plus de 30 ans ?

      #Nagorny Karabakh #Haut-Karabakh #Azerbaïdjan

    • Le journal de 12:30 de France culture vient de faire explicitement mention du soutien israélien, notamment via la vente d’armes à lAzerbaïdjan. Ils ont aussi rappelé qu’Israël, comme la Turquie, ne reconnaît pas le génocide arménien de 1915.

    • Merci pour tous ces suivis, c’est passionnant.
      La communauté arménienne doit être particulièrement remontée en ce moment... parce qu’entre génocide et nettoyage ethnique, ils ne sont décidément pas abonnés aux meilleurs évènements géopolitiques...

      Et donc... la mention de Macron l’autre soir en évoquant ces évènements... je ne la comprends toujours pas.

    • Moscou et Bakou s’en prennent aux déclarations de Macron sur le Haut-Karabakh
      https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20221014-moscou-et-bakou-s-en-prennent-aux-d%C3%A9clarations-de-macron-sur

      Lors d’une interview, Emmanuel Macron avait affirmé mercredi : « La Russie s’est immiscée dans ce conflit, elle a manifestement joué le jeu de l’Azerbaïdjan avec une complicité turque et elle est revenue là pour affaiblir l’Arménie. »

      « C’est une manœuvre de déstabilisation de la Russie qui, dans le Caucase, cherche à créer le désordre pour tous nous affaiblir et nous diviser », avait-il estimé.

      Il a aussi assuré que la France ne « lâcherait jamais » les Arméniens et affirmé que l’Azerbaïdjan avait lancé en 2020 « une guerre terrible » pour reprendre le Nagorny Karabakh, ainsi que des « offensives » en septembre à la frontière officielle entre les deux pays.

      Ouais bah Macron... depuis qu’il a tapé dans l’œil de la prof de français, moi j’ai l’impression qu’il n’en finit plus de faire le beau comme dans du (mauvais) théâtre, en déclarant sans arrêt tout et son contraire. Sur la Russie, notamment avec la guerre en Ukraine, il nous a déjà servi un beau festival d’interprétation de personnages contradictoires et là, ça continue.

    • Effectivement, erreur de ma part sur la date, tant l’histoire semble ici bégayer et, finalement toujours s’aggraver ! Merci de le signaler.

      Voici la déclaration de Macron de cette année que tu évoquais :

      Conflit au Haut-Karabagh : « La France est aujourd’hui très vigilante à l’intégrité territoriale de l’Arménie », affirme Emmanuel Macron
      https://www.bfmtv.com/politique/gouvernement/conflit-au-haut-karabagh-la-france-est-aujourd-hui-tres-vigilante-a-l-integri

      BFMTVPolitiqueGouvernement

      Conflit au Haut-Karabagh : « La France est aujourd’hui très vigilante à l’intégrité territoriale de l’Arménie », affirme Emmanuel Macron
      Le président de la République, Emmanuel Macron, s’est exprimé ce dimanche soir à 20h lors d’une interview co-diffusée sur BFMTV.

      Comme je l’indiquais au début, on ne peut pas exclure un retournement d’alliance qui aurait pour effet non seulement la suppression de l’entité du Haut-Karabagh mais aussi, après, la menace sur l’Arménie. Les logiques de puissances engagent les populations à être complices plus ou moins consentantes ou victimes de potentiels coups d’États, d’invasions voire de génocides. C’est avéré.

      De ce point de vue rien ne permet d’écarter l’hypothèse évoquée par Macron d’une responsabilité russe passée ou à venir (voir à ce sujet le lien ci-dessous, vers l’article du Monde de ce jour).

      Mais, par contre, là où le président se montre particulièrement pathétique c’est quand il veut faire croire que son seul discours (comme avec l’Ukraine, par exemple) peut avoir le moindre effet sur la situation et, surtout, comme si l’État français se situerait en dehors de ces horribles contingences impérialistes.

      Remarquons, toutefois, qu’à propos des populations arméniennes du Haut-Karabagh Macron évoque leur religion chrétienne, introduisant une empreinte idéologique peu rassurante à ce conflit.

      Voici l’article du Monde d’aujourd’hui, où il est question des craintes de l’invasion de l’Arménie avec la complicité de la Russie :

      Après le Haut-Karabakh, l’Arménie convaincue d’être la prochaine cible
      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/30/apres-le-haut-karabakh-l-armenie-convaincue-d-etre-la-prochaine-cible_619169

      Nombre d’Arméniens redoutent que l’Azerbaïdjan ne profite de son succès pour conquérir davantage de territoire. Une menace qui modère pour l’instant les critiques contre le premier ministre, Nikol Pachinian, accusé d’avoir sacrifié le Haut-Karabakh.
      [...]
      Malgré le choc et la colère liée à la perte du Haut-Karabakh, Nikol Pachinian [Premier ministre de l’Arménie] apparaît d’autant moins menacé [par la population arménienne] pour le moment qu’il n’est pas le seul à être pointé du doigt. La Russie, les autorités du Haut-Karabakh et les précédents dirigeants arméniens sont eux aussi considérés comme responsables. « Dans la société, les avis divergent pour savoir qui blâmer », observe Benyamin Poghosian, chercheur au centre de réflexion Applied Policy Research Institute, à Erevan. Une partie de la population redoute également que le départ de Pachinian ne favorise le retour de l’ancien clan postsoviétique corrompu, dont plus personne ne veut. « Surtout, ajoute l’analyste, beaucoup de gens sont fatigués de la politique après trente ans de tourmente et de guerres. Ils se sentent impuissants, veulent se tenir à l’écart de tout ça et juste vivre leur vie. » Le danger pourrait toutefois venir d’ailleurs. Plusieurs ONG arméniennes ont accusé la Russie, vendredi, de fomenter un « coup d’Etat » pour renverser Nikol Pachinian, qui n’a cessé de défier le Kremlin ces derniers mois.
      [...]

      https://justpaste.it/5afyt/pdf

    • La Russie a à priori expliqué aux Arméniens qu’ils devaient parvenir à un accord avec l’Azerbaidjan depuis pas mal d’années, et les dirigeants Arméniens ont préféré rester sourds à ces suggestions, au point d’en arriver à la situation bancale que l’on connaît et qui est en train de se retourner douloureusement contre eux.

    • Je n’adhère pas à tous les points d’analyse politique évoqués dans cette tribune mais elle me semble intéressante sur le plan factuel car elle propose un résumé chronologique des faits qui semble assez correct :

      Les mises entre crochets des textes sont dans l’article d’origine.

      Les Arméniens du Haut-Karabakh sacrifiés sur l’autel de la realpolitik
      https://www.courrierinternational.com/article/tribune-les-armeniens-du-haut-karabakh-sacrifies-sur-l-autel-

      Dans un article à charge, ce journaliste d’origine arménienne renvoie dos à dos Russes, Européens et Américains, qu’il accuse de passivité complice, et tire à boulets rouges sur les dirigeants arméniens aveuglés, selon lui, par leurs luttes intestines. Au point de ne pas avoir aperçu le danger “existentiel” qui guettait l’enclave ancestrale.
      [...]
      Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ne cache pas son appui à l’agression azerbaïdjanaise, exactement comme [lors de la guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie] en 2020, dans laquelle des soldats turcs sont intervenus directement [aux côtés des troupes azerbaïdjanaises].
      Mais comment s’en étonner, alors que cela fait trente ans que la Turquie impose un blocus aux Arméniens, probablement parce qu’elle ne leur a pas pardonné d’avoir survécu au génocide [commis contre eux en 1915 sous l’ancien Empire ottoman].
      La réaction de la Russie aussi a été favorable à l’Azerbaïdjan. Non seulement les forces russes de maintien de la paix ont assisté sans broncher à l’agression, mais en plus Moscou [alliée traditionnelle de l’Arménie] a donné l’ordre à son personnel sur place de blâmer l’Arménie plutôt que l’Azerbaïdjan.
      De son côté, l’Union européenne (UE) a alimenté les velléités de l’Azerbaïdjan en lui achetant de plus en plus de pétrole et de gaz pour compenser l’embargo occidental sur les hydrocarbures en provenance de Russie.
      En juillet 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est rendue à Bakou pour “discuter de l’ensemble [des] relations et de [la] coopération” entre l’UE et l’Azerbaïdjan, sans poser aucune condition préalable et sans exiger de garanties contre l’éventualité d’une épuration ethnique des Arméniens au Karabakh.
      Pour punir Vladimir Poutine de son invasion de l’Ukraine, l’UE a donc fait affluer des pétrodollars en Azerbaïdjan, et l’anéantissement du Haut-Karabakh n’aura été qu’un dommage collatéral de sa realpolitik.
      Pour ce qui est du président américain, Joe Biden, il a longuement hésité avant de finalement qualifier [en mars 2021] de génocide les massacres ottomans de 1915 contre les Arméniens. En 2022, la mémoire en était encore vive, mais alors qu’il avait eu assez de temps et d’occasions pour mettre en garde Ilham Aliev, par des sanctions, pour prévenir l’épuration ethnique au Karabakh, il n’en a rien fait.
      [...]
      L’erreur fatale est à chercher dans la classe politique arménienne, qui n’a pas compris les évolutions de la scène internationale et qui a continué à compter sur la Russie. Or la Russie de Vladimir Poutine n’est pas celle de Boris Eltsine.
      Les Arméniens comptaient tout particulièrement sur Moscou pour contenir les ingérences turques dans le Caucase du Sud et ainsi assurer l’équilibre des forces avec l’Azerbaïdjan. Mais ils ont eu tort.
      Quand des forces militaires turques sont intervenues dans la guerre de 2020, la Russie n’a pas bougé pendant quarante-quatre jours. Ce qui a laissé le temps aux Azerbaïdjanais de détruire les forces du Karabakh et l’armée arménienne.
      [...]

      https://jpst.it/3oYdI

  • En Méditerranée, dix ans de tâtonnements de la politique migratoire européenne
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/22/en-mediterranee-dix-ans-de-tatonnements-de-la-politique-migratoire-europeenn

    En Méditerranée, dix ans de tâtonnements de la politique migratoire européenne
    Par Julia Pascual
    Publié le 22 septembre 2023 à 14h00, modifié le 22 septembre 2023 à

    Dix ans se sont écoulés depuis que le pape François s’est rendu à Lampedusa, en 2013, pour y dénoncer l’« indifférence » du monde au sort des migrants. Dix ans, et Lampedusa est de nouveau le symbole d’une Europe qui se débat politiquement avec les flux d’arrivées en Méditerranée. Vendredi 22 septembre, c’est à Marseille que le souverain pontife devait élever une prière aux migrants disparus en mer : 30 000 y ont perdu la vie depuis 2014, d’après les données incomplètes de l’Organisation internationale pour les migrations.« On a entendu beaucoup de “plus jamais”, mais les drames vont continuer, dans la mesure où la mer devient le seul espace sans frontières claires », prédit, fataliste, Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies pour la Méditerranée occidentale et centrale. Alors que l’Union européenne (UE) a annoncé un plan pour aider l’Italie face à l’afflux actuel sur ses côtes, les réponses restent axées sur l’endiguement des arrivées, contribuant à déplacer depuis dix ans les routes autour du bassin méditerranéen.
    Lire aussi : Visite du pape à Marseille, en direct : François dénonce le « fanatisme de l’indifférence » face aux « tragédies des naufrages » des embarcations de migrants en mer
    Au gré des contextes politiques et économiques dans les pays d’origine et de transit, l’ampleur des déplacements a elle aussi varié, avec un pic à plus de un million d’arrivées en 2015 (dont 850 000 personnes débarquées en Grèce), retombées dès 2016 à 360 000 (réparties entre la Grèce et l’Italie), puis à moins de 100 000 en 2019, et qui, pour la seule Italie, atteignent 130 000 depuis janvier. Ce sont tour à tour des Syriens, des Afghans, mais aussi des Tunisiens, des Nigérians, des Egyptiens ou des Guinéens, qui ont les premiers pris la mer. Face à ces dynamiques complexes, « l’Union européenne est dans un objectif de clôture à court terme, regrette Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’l’Organisation internationale pour les migrations pour la Méditerranée. On aurait besoin de politiques plus équilibrées et ouvertes ».
    Le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, a affirmé, le 19 septembre, que les migrants subsahariens arrivés à Lampedusa ne relèvent pas de l’asile. « Beaucoup de personnes subissent des violations dans les pays de transit, et cela met à mal la distinction entre migrant économique et réfugié », fait remarquer M. Di Giacomo.« Nombreux sont ceux qui ont vécu des mois, voire des années, en Tunisie et qui ne s’y sentent plus en sûreté. Il y a toujours eu des mouvements mixtes vers l’Europe, souligne M. Cochetel. On va donner plus d’argent à la Tunisie pour bloquer les départs, mais les flux sont dynamiques. En outre, la guerre au Soudan provoque des déplacements massifs de population. Le Tchad a ainsi reçu plus de 400 000 réfugiés depuis la mi-avril. Au Niger, les trafics de biens et de personnes redémarrent depuis le coup d’Etat. Au Mali, les combats reprennent. Il ne faut pas croire – même si la majorité des migrations se font entre pays du Sud – que toutes ces crises ne vont pas affecter l’Europe. Il y a une nécessité de partager l’accueil de ceux en besoin de protection. »
    En matière de politique européenne, l’un des héritages de la décennie aura été l’initiative de ce que l’on appelle les « hot spots », appliquée en Italie et surtout en Grèce dès 2015, et censée permettre d’enregistrer les migrants à leur arrivée pour trier les indésirables des réfugiés. Cette approche se voulait aussi – par un mécanisme volontaire de relocalisations entre Etats membres – une façon de corriger l’inadaptation du règlement européen de Dublin, qui impose au seul pays d’arrivée en Europe la responsabilité en matière d’instruction de la demande d’asile. « Jusqu’en 2013, la question de la solidarité entre Etats membres ne se posait pas, le nombre des demandes d’asile était très faible », rappelle Jérôme Vignon, conseiller migrations de l’Institut Jacques Delors. Alors que moins de 300 000 demandes avaient été enregistrées sur le continent en 2010, elles sont montées à plus de 600 000 en 2014, atteignant un pic en 2015 (1,3 million), avant de s’établir autour de 900 000 aujourd’hui.
    Les « hot spots » ont été un échec : les engagements de relocalisation n’ont pas été tenus, les administrations nationales et les centres ont été embolisés, les retours n’ont pas fonctionné, et les Etats sont régulièrement accusés de refoulements illégaux. En dépit de cela, « le pacte asile et immigration en discussion est une généralisation de ce modèle », analyse Matthieu Tardis, cofondateur de Synergie Migrations.
    Ce pacte, qui doit être entièrement adopté d’ici à juin 2024, prévoit que les migrants sont identifiés aux frontières de l’Europe et qu’il est décidé en quelques semaines s’ils relèvent de l’asile ou s’ils doivent être reconduits dans leur pays d’origine ou dans un pays tiers « sûr ». Cette notion de « pays tiers sûr », concrétisée à travers l’accord UE-Turquie de 2016 qui prévoit que les migrants dont la demande d’asile est jugée infondée sont renvoyés en Turquie, n’a cessé de progresser sous la pression d’Etats favorables à des procédures d’externalisation de la demande d’asile.
    Les accords avec les pays de la rive sud de la Méditerranée (Libye, Maroc et Tunisie) ont prospéré, parallèlement à ceux passés avec les pays d’origine, visant principalement à renforcer les capacités de contrôle des départs, et qui laissent peu de place aux considérations relatives au respect des droits fondamentaux. Dans le même temps, sur fond de résurgence du risque terroriste, la libre circulation dans l’espace Schengen est entravée par le rétablissement de contrôles aux frontières intérieures de l’Europe depuis 2015.
    « Il y a un effritement des valeurs communes », constate un diplomate européen. « C’est une brèche dans le système d’hospitalité européenne, fruit du compromis trouvé entre les pays de première entrée et les pays de seconde ligne, considère M. Vignon. En 2013, l’opinion publique était majoritairement compatissante. La marine italienne sauvait plus de 150 000 personnes en mer en un an à travers l’opération “Mare Nostrum”. Il y a eu depuis un retournement. »
    #Covid-19#migration#migrant#UE#mediterranee#politiquemigratoire#pactemigratoire#hotspot#espaceschengen#mibye#maroc#tunisie#asile#externalisation
    En cas d’afflux majeur, le pacte en discussion prévoit un système de répartition vers les Etats volontaires, les réfractaires devant s’acquitter d’une contrepartie financière. En l’espace d’une décennie, avec des partis d’extrême droite au pouvoir en Italie, en Suède, en Finlande, l’UE n’a pas réussi à produire plus de consensus – à l’exception notable de la montée en puissance de l’agence Frontex ou de l’accueil harmonisé de huit millions de réfugiés ukrainiens. « Il reste à construire une politique d’immigration légale », ajoute M. Vignon. Face à la pénurie croissante de main-d’œuvre, sa nécessité s’impose à l’Europe.

  • Haut-Karabakh : plus de 28 000 réfugiés sont arrivés en Arménie
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/26/haut-karabakh-plus-de-28-000-refugies-sont-arrives-en-armenie_6191129_3210.h

    Haut-Karabakh : plus de 28 000 réfugiés sont arrivés en Arménie
    Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé l’Azerbaïdjan à respecter ses engagements de protéger les civils dans la province et à y permettre l’accès de l’aide humanitaire.
    Sur la seule route menant à l’Arménie, un flot ininterrompu de véhicules transportant des familles, leurs affaires empilées sur les toits, se pressait mardi au dernier poste de contrôle azerbaïdjanais avant le territoire arménien, via le corridor de Latchine. Dimanche, après l’offensive éclair remportée par les troupes azerbaïdjanaises contre celles du Haut-Karabakh – dont le bilan est de 200 morts, selon les séparatistes –, Bakou a rouvert ce poste-frontière qui coupait l’enclave arménienne du reste du monde, provoquant l’exode.
    Depuis dimanche soir, l’afflux de réfugiés en Arménie a submergé la ville frontalière de Goris, peuplée d’une vingtaine de milliers d’habitants, première étape pour la plupart des réfugiés et devenue le carrefour de ces derniers. La semaine dernière, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a annoncé que son pays de 2,9 millions d’habitants se préparait à accueillir 40 000 réfugiés.
    Des réfugiés se tiennent à Goris le 26 septembre 2023, avant de partir pour Erevan. Un flot ininterrompu de véhicules se faufile sur l’unique route du Haut-Karabakh en direction de l’Arménie, transportant des dizaines de milliers de réfugiés désormais confrontés à un avenir incertain.
    Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé l’Azerbaïdjan à respecter ses engagements de protéger les civils dans la province et à y permettre l’accès de l’aide humanitaire. Lundi, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, avait réaffirmé la promesse que les droits des Arméniens de l’enclave seraient « garantis ».
    « Le secrétaire d’Etat s’est à nouveau entretenu avec le président [Ilham] Aliev aujourd’hui et a souligné l’urgence de mettre fin aux hostilités, d’assurer la protection inconditionnelle et la liberté de mouvement des civils, et de garantir un accès humanitaire sans entrave au Haut-Karabakh », a déclaré le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.
    La France, pour sa part, a appelé à « une action diplomatique internationale » face « à l’abandon de l’Arménie par la Russie ». Paris a estimé que l’exode « massif » des Arméniens du Haut-Karabakh se déroule « sous l’œil complice de la Russie », qui avait déployé en 2020 une force de maintien de la paix dans cette région sécessionniste.L’Union européenne (UE) a rappelé la « nécessité pour la transparence et pour un accès de l’aide humanitaire internationale et de responsables chargés de veiller au respect des droits humains, et d’obtenir davantage de détails sur la vision de Bakou concernant l’avenir des Arméniens du Haut-Karabakh en Azerbaïdjan ».
    Dans le flot de réfugiés arméniens, l’Azerbaïdjan recherche de possibles auteurs de « crimes de guerre », a fait savoir mardi de son côté, une source gouvernementale azerbaïdjanaise à l’Agence France-Presse. « L’Azerbaïdjan a l’intention d’amnistier les combattants arméniens qui ont déposé les armes au Karabakh. Mais ceux qui ont commis des crimes de guerre pendant les guerres au Karabakh doivent nous être remis », a expliqué cette source.
    Lundi soir, en plein exode, un dépôt de carburant a explosé dans l’enclave majoritairement peuplée d’Arméniens, à Stepanakert. Le bilan restait incertain mardi soir : les séparatistes arméniens affirment qu’au moins 68 personnes sont mortes, 290 sont blessées et que 105 sont portées disparues.L’Union européenne (UE) a réuni mardi à Bruxelles des hauts responsables diplomatiques français, allemand, azerbaïdjanais et arménien. Selon le communiqué de l’UE, les discussions ont permis d’« intenses échanges entre les participants sur la pertinence d’une rencontre éventuelle des dirigeants » de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, en marge d’un sommet européen informel des Vingt-Sept à Grenade, dans le sud de l’Espagne, le 5 octobre. Ce sommet était prévu de longue date et n’a pas été annulé.

    Covid-19#migrant#migration#hautkarabakh#armenie#azerbaïdjan#guerre#crise#humanitaire#refugie

  • A Chypre, les migrants redoutent de nouvelles violences après une série d’attaques racistes
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/25/a-chypre-les-migrants-redoutent-de-nouvelles-violences-apres-une-serie-d-att

    The Promenade in Limassol migrants find provisory, illegal accommodation. Lemasos Cyprus 2023
    A Limassol, sur la côte sud de Chypre, la vie a repris dans les commerces multiculturels visés, début septembre, par des attaques antimigrants, situés face à la mer. Une épicerie vietnamienne qui a été saccagée a rouvert ses portes, des restaurants égyptiens aux vitres encore brisées préparent des grillades et une poignée d’hommes fument le narguilé dans un café syrien. En nocturne, des clients arabes ou asiatiques se font couper les cheveux chez deux coiffeurs syriens et des migrants népalais et indiens se retrouvent pour dîner dans un petit troquet.
    Pourtant, « ce n’est plus comme avant, dit une Népalaise qui souhaite rester anonyme. J’aimais beaucoup Chypre : chaque communauté y avait ses habitudes et l’on se sentait en sécurité. Aujourd’hui, je vis dans la peur que les violences se répètent. » La jeune femme, veuve, subvient aux besoins de sa fillette restée au Népal avec des proches. « Les Syriens venaient prendre le frais le soir sur le bord de mer, c’est un bel endroit, gratuit. Depuis les violences, ils ne le font plus. Je me sentais à l’aise à Chypre, mais, maintenant, je me demande si je ne devrais pas partir », s’interroge Taysir Ramadan, un Syrien installé à Chypre depuis quinze ans, où il tient un salon de coiffure pour hommes. Il conserve sur son téléphone les images de vidéosurveillance qui ont capté l’éruption de haine de la nuit du 1er septembre : l’un de ses employés est assoupi sur un banc, devant la boutique, fermée. Des hommes encagoulés s’approchent, le rouent de coups et cassent la vitrine. Puis l’un d’eux jette un cocktail Molotov dans le local, qui s’enflamme. (...)
    Les violences ont été précédées par une manifestation sur le front de mer, autour d’un slogan : « Les réfugiés ne sont pas les bienvenus ». Entre 150 et 200 individus, habillés de noir, le visage souvent caché. La plupart des commerçants étrangers, qui ont souvent accumulé des emprunts pour lancer leur affaire, avaient préféré fermer de bonne heure. Certains, vivant à proximité, ont assisté aux scènes de destruction, le cœur battant. « J’étais dans une pièce au-dessus de l’épicerie. J’ai prévenu ma mère de ne pas revenir, que c’était dangereux », rapporte Flora, une Vietnamienne de 17 ans. « A quelques minutes près, on était morts », affirme Moustapha, jeune coiffeur syrien, toujours sous le choc des tirs de cocktails Molotov. Des témoins dénoncent l’apathie de la police ce soir-là. Dans la foulée de ces saccages qui visaient principalement des commerces arabes, des ratonnades ont eu lieu pendant plusieurs jours. Des livreurs à scooter asiatiques ou africains, de ceux que l’on voit attendre un peu partout dans le vieux centre de Limassol, près des restaurants et des cafés prisés par les touristes et les jeunes Chypriotes, ont été frappés. « Vers 10 heures du soir, des hommes se sont approchés, ils portaient des bâtons et des chaînes en métal. Ils m’ont dit : “Rentre dans ton pays, on ne veut pas de vous ici”, puis ils m’ont tabassé. J’étais terrifié. C’est la troisième fois que je suis agressé à Limassol », témoigne Larry Angeh, arrivé à Chypre en 2021, originaire de la partie anglophone du Cameroun, livrée à des affrontements entre armée et séparatistes.
    Guidé par un mélange de prudence et de peur, le mot d’ordre général est aujourd’hui de « ne pas en rajouter », dit un Syrien. Mais divers acteurs associatifs et humanitaires sont loin de voir, dans les épisodes de haine qui ont commencé fin août à Chloraka, à l’ouest de Limassol, des incidents isolés. « C’est plutôt structurel. Le précédent gouvernement [du président conservateur Nicos Anastasiades, au pouvoir de 2013 à 2023] a normalisé le discours xénophobe. Les inégalités sociales sont en hausse, facilement exploitées par l’extrême droite. Le racisme s’est décomplexé », analyse l’universitaire Yiannis Papadakis, qui a participé à Limassol à une contre-manifestation dénonçant les violences. Alors que Chypre a accueilli par le passé les Libanais fuyant la longue guerre (1975-1990) au pays du Cèdre et chouchoute les riches Russes qui s’y sont installés, l’afflux de migrants et demandeurs d’asile depuis 2018 a nourri l’hostilité d’une large partie de la population. Selon Nicosie, les demandeurs d’asile représentent plus de 5 % des 915 000 habitants de la partie sud de l’île méditerranéenne, divisée depuis 1974, sur laquelle la République de Chypre, membre de l’Union européenne, exerce son autorité.
    Le ressentiment croissant de l’opinion publique a été relevé par une enquête récente du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). « Les réfugiés ne sont souvent que des chiffres. Nous travaillons avec les médias pour qu’ils racontent les deux côtés de l’histoire. Jusqu’ici, leur récit prévalent a été que les migrants et demandeurs d’asile sont une menace sécuritaire et démographique », explique Katja Saha, représentante du HCR à Chypre. Dans certaines zones, la concentration d’étrangers alimente le malaise – et son instrumentalisation. Elle est en grande partie due aux difficultés des nouveaux arrivés à se loger, par manque de locations bon marché ou à cause du refus de propriétaires de signer un bail avec des migrants. Chloraka est distante de quelques minutes en voiture du cœur touristique de Paphos, où des retraités européens, parfois servis par des demandeurs d’asile, remplissent les restaurants en ce mois de septembre. Dans cette localité, le Saint-Nicolas, un complexe résidentiel dont les habitants, syriens ou originaires de pays d’Afrique, ont été expulsés en août, en vertu d’un décret de 2020 bannissant de nouvelles installations, est surveillé par une compagnie de sécurité privée. Ses gardes sont chargés d’empêcher les tentatives de retour, quotidiennes selon une source. La police patrouille aussi. Des grilles ont été installées aux portes des immeubles. Au moment de l’expulsion, des habitations ont été vandalisées par des émeutiers antimigrants. Des responsables politiques d’Elam (un groupe initialement formé à partir d’Aube dorée, une formation néonazie grecque aujourd’hui interdite) et du parti EDEK (centre gauche) ont participé à la manifestation qui a précédé les violences. A l’entrée d’une pièce, des sandales d’enfants ont été abandonnées. « Des familles vivaient ici, et des jeunes hommes. Ils ne faisaient de mal à personne. Le maire a réclamé l’évacuation, en disant que le lieu était devenu un ghetto. Il a fait couper l’eau, a ordonné la fin du ramassage des ordures, rapporte un résident de Chloraka sous le couvert de l’anonymat. Des fascistes s’en sont pris aux migrants. Ils n’ont pas supporté que ces derniers protestent contre leur départ. Lors d’une rixe, les uns et les autres ont mis le feu aux poubelles qui s’entassaient dans la piscine. »Des hommes d’affaires syriens influents, installés de longue date à Chypre, ont été mobilisés pour apaiser les tensions, à Chloraka ou à Limassol. Le président, Nikos Christodoulides, issu des rangs conservateurs, a condamné début septembre des « images honteuses ». Les violences qui ont eu lieu « ne reflètent pas le sentiment général des Chypriotes et ne sont qu’en partie liées à la question migratoire, défend, depuis Nicosie, Loizos Hadjivasiliou, directeur de cabinet du ministère de l’intérieur. Il y a un problème social général, conséquence de la crise économique. Nous avons vu certains groupes, déjà impliqués dans des violences lors de matchs de foot, organiser les derniers incidents. Mais ceux-ci sont une indication que nous devons trouver une meilleure manière d’intégrer [les étrangers] et, pour cela, que nous devons en limiter l’afflux. » Parmi les mesures visant à décourager les arrivées, à compter du 1er octobre, les nouveaux demandeurs d’asile ne pourront pas travailler pendant une période de neuf mois. Selon M. Hadjivasiliou, Chypre a sollicité l’Union européenne afin que des mesures soient prises envers la Turquie, « acteur-clé dans ce dossier » – l’immense majorité des arrivées se fait à partir de la partie nord de Chypre, occupée depuis 1974 par les troupes d’Ankara. « L’ouverture de discussions officieuses, depuis mars, a donné lieu à une baisse du nombre d’arrivées », relève-t-il.Pour Doros Polykarpou, directeur de l’ONG antiracisme KISA, les « pogr oms » antimigrants auraient pu être empêchés. « Si nous, petite équipe, avons pu identifier les appels en ligne à la mobilisation, la police pouvait aussi le faire », dit-il, dans son bureau de Nicosie. Lors de notre rencontre, il prépare une nouvelle déposition, alors qu’il est la cible de menaces de mort proférées par des individus qui l’accusent d’être un « traître travaillant pour les forces d’occupation turques » en défendant les droits des migrants et des réfugiés.
    Le Saint-Nicolas, un complexe résidentiel dont les habitants, syriens ou originaires de pays d’Afrique, ont été expulsés en août, à Chloraka (Chypre), le 19 septembre 2023. « A moins que le gouvernement comprenne qu’on ne peut pas traiter ce qui s’est passé à Limassol et Chloraka comme des incidents isolés – ce qu’il fait actuellement –, la suite risque de ne pas être très heureuse, avertit-il. Il y a aujourd’hui une concurrence entre courants d’extrême droite et groupes à la rhétorique nationaliste, qui veulent apparaître comme “le plus patriotique” face à l’ennemi déclaré : les réfugiés, assimilés à la Turquie. »

    #Covid-19#migration#migrant#chypre#migrationirreguliere#xenophobie#turquie#violence

  • Poussés par la montée de l’extrême droite, les conservateurs allemands durcissent le ton
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/18/pousses-par-la-montee-de-l-extreme-droite-les-conservateurs-allemands-durcis

    « L’exemple français le montre : en quinze ans, le grand parti de droite qu’était l’UMP, devenu Les Républi- cains, s’est effondré. La leçon est que la stratégie consistant à mettre en avant les questions culturelles et identitaires peut fonctionner dans un premier temps face à ­l’extrême droite – on l’a vu avec Sarkozy en 2007 –, mais se révèle suicidaire à long terme, car les électeurs finissent toujours par préférer l’original à la copie. »

    • C’est pas comme si Macron avait dynamité la droite [et la gauche] et siphonné personnel, idées et électeurs. L’ « écroulement » de la droite en France lui doit quand même beaucoup, non ? Ça ressemble plus à un écoulement :-) suivant la plus forte pente politique.

  • Au Royaume-Uni, plus de mille policiers londoniens ont été sanctionnés après une série de scandales
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/19/au-royaume-uni-plus-de-1-000-policiers-londoniens-sanctionnes-apres-une-seri

    Par ailleurs, 275 agents sont en attente d’une audience pour faute grave, dont une proportion importante concerne des accusations de violence contre des femmes.

    Un millier de policiers londoniens ont été suspendus ou réaffectés en un an, a annoncé mardi 19 septembre Scotland Yard, qui a lancé une vaste opération de nettoyage dans ses rangs après une série de scandales.
    « Il faudra un an, deux ans ou plus pour éliminer les [policiers] corrompus », a prévenu Stuart Cundy, un haut gradé de la Metropolitan Police (la #police de #Londres). Au total, 201 agents ont été suspendus depuis un an, et environ 860 ont été réaffectés, a précisé la « Met ».
    « Si l’on additionne ces deux chiffres, on obtient plus de 1 000 policiers, soit presque la taille d’une petite force de police dans d’autres endroits du pays. Il s’agit d’un nombre important », a reconnu Stuart Cundy.
    La « Met », qui compte 34 000 membres, fait face à une grave crise de confiance depuis la révélation de crimes commis par des #policiers.

  • En France, la crise au Sahel provoque une confusion diplomatico-culturelle
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/en-france-la-crise-au-sahel-provoque-un-cafouillage-diplomatico-culturel_618

    En France, la crise au Sahel provoque une confusion diplomatico-culturelle
    Un courrier demandant la suspension de tout projet de coopération avec les artistes du Mali, du Niger et du Burkina Faso a provoqué, jeudi, l’indignation des milieux du spectacle vivant et un spectaculaire rétropédalage de la part des autorités concernées.
    Par Joëlle Gayot, Sandrine Blanchard et Philippe Ricard
    Publié hier à 05h00, modifié hier à 11h55
    La polémique et la confusion qu’elle a suscitée jeudi 14 septembre sont à la hauteur des incertitudes générées par la suspension, par la France, de toute forme de coopération avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso, y compris dans le domaine de la culture, pourtant très loin des enjeux sécuritaires qui déchirent la région. La crise diplomatique qui sévit entre la France et les trois pays du Sahel, en raison d’une « épidémie » de coups d’Etat militaires dénoncée par le président de la République, Emmanuel Macron, vient de déborder sur le territoire artistique. Au point de déclencher, en quelques heures, l’indignation dans les milieux du spectacle vivant et un spectaculaire rétropédalage de la part des autorités concernées.(...)
    Tout commence jeudi matin, à l’initiative du tout-puissant Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac). Ce dernier dénonce un courrier « au ton comminatoire » envoyé la veille par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC). « Sur instruction du ministère de l’Europe et des affaires étrangères », assène le document révélé par l’organisation syndicale, les établissements culturels subventionnés ont appris qu’ils devaient « suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso ».
    Ce message, expédié aux structures – les centres dramatiques et chorégraphiques nationaux et les scènes nationales – qui dépendent des DRAC, est passé par le secrétariat du ministère de la culture. Les mesures préconisées sont radicales, à en croire le courrier mis en cause par le Syndeac : « Tous les projets de coopération qui sont menés par vos établissements ou vos services avec des institutions ou des ressortissants de ces trois pays doivent être suspendus, sans délai, et sans aucune exception. Tous les soutiens financiers doivent également être suspendus, y compris via des structures françaises, comme des associations par exemple. De la même manière, aucune invitation de tout ressortissant de ces pays ne doit être lancée », est-il précisé en quelques lignes tranchantes.
    Cette rafale de consignes venue d’en haut provoque la stupeur dans les milieux culturels. « Nous n’avons jamais connu d’injonction de la sorte, explique Bruno Lobé, vice-président du Syndeac et directeur du Manège, scène nationale de Reims (Marne). La philosophie de la France vis-à-vis d’artistes vivant dans des pays avec lesquels elle est en conflit a toujours été de continuer à les inviter, sans jamais rompre le dialogue. Ces créateurs sont déjà empêchés de travailler par leurs propres gouvernants. Si nous en rajoutons une couche, ce sera, pour leur viabilité, mais aussi pour l’image de la France, une véritable catastrophe. »
    La mise en œuvre de l’approche préconisée par les autorités françaises constituerait un précédent. Et une incohérence que souligne Bruno Lobé : « Au début de la guerre en Ukraine, le discours tenu était le suivant : “Continuez à soutenir les artistes russes. Ils ne sont pas Vladimir Poutine.” Quelle est la différence entre un artiste burkinabé, malien, nigérien et un artiste russe ? » (...)
    Si les instructions de la missive devaient être suivies, non seulement des artistes feraient les frais de la dissension des politiques, mais les théâtres et les festivals seraient contraints de bouleverser leurs programmations de saison. Cependant, la polémique oblige très vite les deux ministères à clarifier leurs intentions.
    Si la coopération culturelle publique est bien à l’arrêt, tout comme l’aide au développement et l’appui budgétaire, seuls les artistes n’ayant pas encore reçu de visas sont concernés. Dans les trois pays, justifie encore le Quai d’Orsay, « nous avons suspendu la délivrance de visas, nos postes n’étant plus en mesure de traiter ces demandes du fait de la situation sécuritaire dégradée ».
    L’épisode pourrait néanmoins laisser des traces. « C’est sans doute un fonctionnaire zélé du ministère de la culture qui a rédigé le courrier sur la base de consignes un peu générales des affaires étrangères, qu’il a dû surinterpréter », observe une source sous couvert d’anonymat. Un nouveau message devait être envoyé vendredi par le ministère de la culture afin de clarifier la situation, a indiqué Mme Abdul Malak sur RTL. D’ici là, les professionnels du spectacle vivant risquent de rester sur leurs gardes. « Le fait que ce soient des zones d’influence ou d’anciennes colonies françaises doit jouer dans l’énervement du gouvernement », observe Bruno Lobé. « La sanction est politique, mais celle qui va véritablement souffrir de ses conséquences, c’est la population. Pourquoi viser la culture ? Ce n’est pas très malin », conclut Hassane Kassi Kouyaté.

    #Covid-19#migrant#migration#france#niger#burkinafaso#mali#artiste#visas#politiquemigratoire#crise#culture#postcovid

  • Au Mexique, 11 policiers reconnus coupables du meurtre de 17 migrants à la frontière avec les Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/au-mexique-11-policiers-reconnus-coupables-du-meurtre-de-17-migrants-a-la-fr

    Au Mexique, 11 policiers reconnus coupables du meurtre de 17 migrants à la frontière avec les Etats-Unis
    Douze policiers, faisant partie d’une unité d’élite, ont été accusés de meurtre. Mais l’un d’entre eux a accepté de coopérer avec le bureau du procureur de l’Etat mexicain de Tamaulipas et a été reconnu coupable d’abus de pouvoir.
    Le Monde avec AFP
    A l’issue de trois mois de procès, le juge Patricio Lugo Jaramillo a déclaré coupable 11 policiers du meurtre de 17 migrants originaires d’Amérique centrale, « tués par balles et brûlés par la suite » à la frontière avec les Etats-Unis en 2021, a annoncé le bureau du procureur de l’Etat mexicain de Tamaulipas. Les peines doivent être prononcées dans les prochains jours et pourraient aller jusqu’à cinquante ans de réclusion. Un douzième fonctionnaire de police est reconnu coupable d’abus de pouvoir.
    Les faits remontent au 23 janvier 2021 quand les autorités découvrent une camionnette incendiée contenant les restes calcinés de 19 personnes. La quasi-totalité d’entre elles sont des migrants venus du Guatemala pour tenter d’entrer illégalement aux Etats-Unis via le Mexique. Leurs corps ont été retrouvés à Camargo, une commune de l’Etat de Tamaulipas, dans le nord-est du pays, le long de la frontière avec les Etats-Unis.
    Parmi les 19 victimes, les restes de deux Mexicains ont été identifiés comme étant ceux des passeurs ayant conduit les migrants jusqu’à la frontière avec les Etats-Unis, selon les autorités. Ce meurtre fait partie des plus sanglants jamais recensés au Mexique, où les exilés tentant de rejoindre les Etats-Unis s’exposent à de nombreux dangers. En août 2010, un groupe de 72 migrants avait été assassiné par des narcotrafiquants présumés, dans le même Etat de Tamaulipas.
    Sur les douze policiers accusés de meurtre, un a accepté de coopérer avec le bureau du procureur et a été reconnu coupable d’abus de pouvoir. Ils faisaient tous partie d’une unité d’élite de la police et avaient d’abord affirmé avoir trouvé les corps des migrants assassinés.
    C’est le fonctionnaire coopérant avec les autorités mexicaines qui a révélé que c’étaient eux qui avaient tiré sur les migrants avant d’incendier leurs corps retrouvés à Camargo. L’Etat de Taumalipas, situé sur la côte du golfe du Mexique, est le plus court chemin pour arriver aux Etats-Unis en venant du sud. Mais la région est dangereuse en raison de la présence de bandes, qui enlèvent, rançonnent et assassinent des migrants. Le Mexique est par ailleurs secoué par des violences qui ont fait plus de 420 000 morts depuis décembre 2006, date à laquelle le gouvernement fédéral a lancé une opération militaire controversée de lutte contre la drogue. La vague de violences a submergé le système judiciaire et les meurtres restent en majorité impunis.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#violence#sante#mortalite#droit#frontiere#routemigratoire#police#postcovid

  • L’île de Lampedusa, épicentre de la crise de la gestion des flux migratoires par les Etats européens
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/15/l-ile-de-lampedusa-epicentre-de-la-crise-de-la-gestion-des-flux-migratoires-

    L’île de Lampedusa, épicentre de la crise de la gestion des flux migratoires par les Etats européens
    Située à moins de 150 kilomètres des côtes africaines, la petite île italienne a accueilli, le 13 septembre, jusqu’à 6 800 personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et arrivées de la Tunisie à bord d’embarcations de fortune.
    Par Allan Kaval(Rome, correspondant, avec Thomas Wieder, correspondant à Berlin) Avec des milliers de personnes épuisées et échouées sur ses côtes, des structures d’accueil au bord de l’effondrement, de brèves scènes de chaos réfractées sur les réseaux sociaux et des tentatives de récupération politique, la situation de Lampedusa a cristallisé une nouvelle fois la crise de la gestion par les Etats européens des flux migratoires en Méditerranée. Terre italienne située à moins de 150 kilomètres des côtes africaines, la petite île de 7 000 habitants a accueilli, mercredi 13 septembre, jusqu’à 6 800 personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et arrivées de la Tunisie voisine à bord d’embarcations de fortune.
    Jeudi soir après une journée sans débarquement significatif, la Croix-Rouge italienne, qui a la charge du centre d’accueil de l’île, conçu pour 600 places d’hébergements, absorbait encore le choc de la veille en pourvoyant aux besoins de 2 000 à 3 000 personnes tandis qu’une flotte de navires militaires et privés poursuivait les évacuations vers les ports italiens. « Une pareille situation n’a jamais été vue sur l’île », affirme au Monde Rosario Valastro, le président de la Croix-Rouge italienne. Il décrit un système d’accueil soumis du fait de conditions météorologiques favorables à une pression extrême, absolument insuffisant pour y faire face.
    Déjà durement mis à l’épreuve par l’augmentation des arrivées sur l’île cette année, son fonctionnement prévoit que les migrants soient transférés dans un centre d’accueil, le « hotspot », avant de quitter l’île pour d’autres structures. Or les personnes arrivées massivement mercredi, n’ont pas pu avoir accès à l’assistance normalement assurée par la Croix-Rouge et par des volontaires présents dans l’île. « Il était impossible de canaliser la situation et de répondre aux besoins, cela a créé des retards, des moments d’hostilité, des fortes tensions », raconte M. Valastro.
    Affaiblis, affamés et assoiffés, des migrants à peine débarqués comptant parmi eux des mineurs isolés se sont ainsi retrouvés livrés à eux-mêmes sur une petite île touristique redevenue en 2023 la principale voie d’accès au continent européen depuis que la route migratoire tunisienne est devenue la plus empruntée en Méditerranée.Tandis que la municipalité de l’île déclarait l’état d’urgence, les scènes de chaos à proximité d’un centre d’accueil débordé, les images d’une ligne de policiers repoussant une foule tentant de franchir un cordon de sécurité, rapidement diffusées sur les réseaux sociaux ont davantage marqué les esprits dans les premières heures que les témoignages de solidarité pourtant nombreux des habitants et des touristes encore très présents en cette fin de saison.
    La crise survenue mercredi révèle en réalité une impasse structurelle. La transformation des routes migratoires, déterminées par les choix politiques européens en matière de gestion des flux, fait de Lampedusa une étape obligée pour la plupart des candidats à l’exil du continent africain. Or cette île, dont la superficie excède à peine les 20 km2, se trouve dans un état de tension quasi permanent qui ne peut être atténué en aval des arrivées. « Il est impossible d’agrandir le “hotspot”. On ne peut pas en construire un nouveau. On ne peut pas augmenter les capacités, explique M. Valastro, l’île est tout simplement trop petite. »
    Au-delà de Lampedusa, les centres d’accueil du continent arrivent eux aussi à saturation, près de 123 700 migrants étant arrivés en territoire italien au 13 septembre selon les autorités, provoquant la colère des élus locaux.
    La situation de l’île remet par ailleurs en cause la ligne défendue par Giorgia Meloni. Selon la vision défendue par la présidente du Conseil, les flux migratoires devraient être réduits en limitant drastiquement l’action des organisations non gouvernementales de sauvetage en mer et, en amont du territoire italien, par l’octroi par l’Union européenne (UE) d’avantages aux Etats de transit en échange d’un meilleur contrôle des départs. Mercredi pourtant, des milliers de personnes migrantes abordaient Lampedusa en provenance de Tunisie au moment même où, prononçant son discours sur l’état de l’UE, la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, se félicitait d’un accord politique conclu en juillet avec le président autoritaire tunisien, Kaïs Saïed.
    Le texte, également signé par Giorgia Meloni, conditionne en des termes imprécis une aide économique européenne à une coopération plus étroite sur les migrations. Le même jour, les membres d’une délégation parlementaire européenne se voyaient interdits d’entrée sur le territoire tunisien après que des critiques sur l’accord en question ont été formulées.
    Un migrant dort devant le centre d’accueil, le « hotspot », de l’île italienne de Lampedusa, le 14 septembre 2023.Jeudi, l’implication de Bruxelles auprès de l’Italie après les événements survenus à Lampedusa s’est traduite par l’évocation de « contacts étroits » avec Rome et de futures aides opérationnelles et financières. Après un entretien avec la commissaire européenne aux affaires internes, Ylva Johansson, le ministre italien de l’intérieur, Matteo Piantedosi, a aussi fait état d’un accord sur « une nouvelle stratégie opérationnelle européenne contre les trafiquants d’êtres humains ».
    Ces déclarations intervenaient toutefois après que l’Allemagne et la France ont annoncé des mesures visant à limiter l’entrée sur leurs territoires de migrants irréguliers transitant par l’Italie, symptôme des difficultés qu’ont les Etats membres à s’entendre sur le dossier.Malgré l’accord qui avait été trouvé en juin sur la réforme des politiques migratoires, l’Allemagne a ainsi annoncé qu’elle suspendait le mécanisme volontaire de solidarité européen dont le but est d’aider les pays d’arrivée des migrants en relocalisant une partie d’entre eux dans des pays tiers. Pour justifier sa décision, Berlin accuse Rome de ne pas reprendre les demandeurs d’asile qui se trouvent en Allemagne mais dont le dossier devrait être traité en Italie, pays de leur première entrée en Europe, en vertu du règlement de Dublin. Sur 12 452 personnes concernées depuis le début de l’année, l’Italie n’en aurait repris que dix, selon le ministère allemand de l’intérieur.
    Depuis plusieurs mois, de nombreux élus locaux accusent le gouvernement fédéral de les laisser démunis face aux arrivées de migrants de plus en plus nombreux, et le sujet est d’autant plus inflammable que la ministre allemande de l’intérieur, Nancy Faeser, est actuellement en campagne comme tête de liste du Parti social-démocrate (SPD) pour les élections régionales en Hesse qui auront lieu le 8 octobre.
    La décision concernant les migrants en provenance d’Italie doit aussi se lire à cette aune, comme un signal de fermeté adressé par le gouvernement d’Olaf Scholz, au sein de son pays, à une droite et à une extrême droite qui ne manquent pas une occasion de l’accuser de laxisme en matière de politique migratoire.« La crainte d’une nouvelle montée de la droite populiste pousse le ministère allemand de l’intérieur à fermer de plus en plus les frontières. Or, céder à la pression de la droite ne fait que renforcer l’extrême droite », a déclaré le porte-parole de l’association allemande de défense des migrants Pro Asyl, Karl Kopp, contacté par Le Monde.
    Côté français, mardi, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé depuis Menton (Alpes-Maritimes) – et en réponse à l’augmentation des arrivées de migrants en situation irrégulière en provenance d’Italie – le renforcement du dispositif de contrôle à la frontière. Marion Maréchal, tête de liste du parti Reconquête ! pour les européennes de juin 2024, proche de la famille politique de Giorgia Meloni, était attendue jeudi soir à Lampedusa.

    #Covid-19#migrant#migration#italie#mediterranee#france#allemagne#UE#routemigratoire#lampedusa#hotspot#controlemigratoire#politiquemigratoire#crise#postcovid

  • Visite du pape à Marseille : Emmanuel Macron assistera à la messe au stade Vélodrome
    https://www.radiofrance.fr/franceinter/visite-du-pape-a-marseille-emmanuel-macron-assistera-a-la-messe-au-stade

    Le président de la République va prendre part à la liturgie présidée par le pape François le samedi 23 septembre, au stade Vélodrome, lors de sa visite à Marseille. Une entrevue est également prévue entre les deux hommes.

    De là à proclamer haut et fort que la laïcité c’est uniquement pour faire chier les musulmans…

  • Méditerranée : 68 migrants sauvés par le bateau « Ocean-Viking », l’Italie lui assigne un débarquement 1 500 km plus loin
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/10/mediterranee-68-migrants-sauves-par-le-bateau-ocean-viking-l-italie-lui-assi

    Méditerranée : 68 migrants sauvés par le bateau « Ocean-Viking », l’Italie lui assigne un débarquement 1 500 km plus loin
    Le navire-ambulance de l’ONG SOS Méditerranée est intervenu au large de la Libye, dimanche matin. Les autorités italiennes lui ont assigné le port d’Ancône, situé dans la mer Adriatique, pour les débarquer.
    Le Monde avec AFP
    L’Ocean-Viking, navire-ambulance affrété par SOS Méditerranée, a secouru soixante-huit migrants en détresse dans les eaux internationales au large de la Libye dans la matinée du dimanche 10 septembre, a annoncé l’ONG humanitaire basée en France. Les naufragés ont été trouvés sur « une embarcation en bois à double pont qui avait quitté Zouara, en Libye, la nuit dernière, a précisé l’ONG dans un communiqué. Plusieurs d’entre [eux] souffrent du mal de mer et sont actuellement soignées par l’équipe médicale de SOS Méditerranée et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) à bord de l’Ocean-Viking. » Pour débarquer ces soixante-huit rescapés, les autorités italiennes ont assigné au bateau le port… d’Ancône, situé dans la mer Adriatique, « à 1 560 kilomètres (soit quatre jours de navigation) de la zone d’opération », a déploré SOS Méditerranée. Sur des photos publiées par l’ONG sur X (ex-Twitter), on y voit plusieurs dizaines de migrants entassés dans un bateau de fortune portant des gilets de sauvetage orange. Fin août, l’Ocean-Viking avait déjà secouru en mer 438 migrants en détresse dans les eaux internationales au large de la Libye et de la Tunisie avant de faire route vers Gênes (nord de l’Italie), le port sûr éloigné qui lui avait été assigné par les autorités italiennes pour débarquer les personnes rescapées.
    La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’agence onusienne estime que depuis début 2023, 2 013 migrants y ont disparu contre 1 417 sur toute l’année 2022. En juin, un naufrage présenté comme l’un des plus graves impliquant des migrants en Méditerranée, a fait au moins 82 morts, mais en Méditerranée orientale. L’Ocean-Viking avait été retenu durant dix jours en juillet par les autorités italiennes qui lui reprochaient des défaillances de sécurité, mais il avait été autorisé à reprendre la mer le 21 juillet.

    #Covid-19#migrant#migration#mediterranee#routemigratoire#OIM#tunisie#libye#italie#traversee#associationhumanitaire#traversee#mortalite

  • Elon Musk, imprévisible acteur de la guerre en Ukraine

    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/09/elon-musk-un-partenaire-imprevisible-pour-le-secteur-de-la-defense_6188528_3

    Une biographie à paraître du milliardaire affirme qu’il a refusé d’activer ses satellites Starlink au-dessus de la Crimée alors que l’Ukraine préparait une attaque de drones contre la flotte russe. Une révélation qui pose la question de la fiabilité du patron de SpaceX, alors que ses équipements novateurs avaient jusqu’ici largement favorisé Kiev dans le conflit.

    https://justpaste.it/545sa

    –—

    https://www.fayard.fr/actualites/elon-musk

    ​Walter Isaacson est l’auteur des célèbres biographies de Jennifer Doudna, Leonardo da Vinci, Steve Jobs, Benjamin Franklin et Albert Einstein. Il enseigne l’histoire à l’université Tulane et a été PDG de l’ASPEN Institute, président de CNN et rédacteur en chef du Time. Il reçu la National Humanities Medal en 2020.

    –—

    Opinion
    ‘How am I in this war?’: The untold story of Elon Musk’s support for Ukraine
    By Walter Isaacson
    https://www.washingtonpost.com/opinions/2023/09/07/elon-musk-starlink-ukraine-russia-invasion

  • Palestinian President Mahmoud Abbas: Hitler Fought The European Jews Because Of Their Usury, Money Dealings; It Was Not About Antisemitism; Jews From Arab Countries Did Not Want To Emigrate, But Were Forced To Do So By Israel | MEMRI
    https://www.memri.org/reports/palestinian-president-mahmoud-abbas-hitler-fought-european-jews-because-their

    Palestinian President Mahmoud Abbas discussed antisemitism in a speech delivered at the 11th session of Fatah’s Revolutionary Council, on August 24, 2023. He said that the “truth” is that European Jews are not Semites, they are the descendants of Khazars, and therefore their persecution has nothing to do with antisemitism. Abbas added that Karl Marx confirmed that this is so. He continued to say that Hitler and the Europeans did not kill the Jews “because they were Jews,” but rather they fought the Jews because of “their social role, and not their religion.” Abbas explained that Hitler “fought” the Jews because they dealt with usury and money, not because of antisemitism.

    He added that the eastern Jews were indeed Semites, because they had originated from the Arabian Peninsula and then traveled to Andalusia. Later in his speech, Abbas claimed that Ben Gurion had not wanted Jews from Arab countries to immigrate to Israel, but was forced to accept them upon Churchill’s urging, because there were no more Jews left in Europe. He said that Ben Gurion carried out attacks on Jewish institutions in Arab countries in order to persuade them to emigrate. Abbas stated: “the Jews did not want to emigrate but were forced to do so by means of pressure, coercion, and murder.”

    Abbas discussed the Balfour Declaration, saying that the U.S. was a partner to it and that Israel was invented by “Britain and America – not just Britain.” He added that he is “saying this so that we know who we should accuse of being our enemy.”

    #Mahmoud_Abbas #Fatah #antisémitisme #vidéo

    • Sur la question juive, Karl Marx - Présentation et commentaires de Daniel Bensaïd (La Fabrique), une note de lecture de Jean-Baptiste Marongiu, Réflexion sur la question Marx.
      https://justpaste.it/50nqm

      (...) Libérons-nous donc de l’économie monétaire, semble dire le jeune Marx, et il n’y aura plus ni juifs ni chrétiens mais des simples êtres humains.

      Le rapport à l’argent, l’émancipation politique, l’assimilation culturelle ou pas dans le cadre de l’Etat-nation, sont des facettes que structurent la question juive en Europe au cours du XIXe siècle, les plus assimilationnistes n’étant pas nécessairement les non-juifs. Marx analysait le destin juif « dans l’histoire et par l’histoire ». Bensaïd reprend la méthode à son compte quand il retrace les contours actuels de la condition juive, déterminée encore une fois historiquement par le « judéocide » nazi, l’antisémitisme bureaucratique stalinien et la création de l’Etat d’Israël. Aussi va-t-il contre l’air du temps, s’élevant avec force contre « la transformation du judéocide d’événement historique et politique en événement théologique » qui « confirme le destin victimaire du peuple juif et légitime par contre-coup l’exception ethnique d’un"Etat juif" ».

      On suit bien Daniel Bensaïd quand il replace les prises de positions du jeune Marx sur la religion en général et le judaïsme en particulier dans le contexte d’une pensée en formation accélérée. On le suit moins quand il se refuse à voir dans la promesse marxienne de renversement de l’état de choses présentes une manière de fidélité au messianisme biblique, pour n’y déceler qu’une approche de l’histoire matérialiste (ce qui est vrai) et scientifique (ce qui reste à prouver). Un messianisme proprement juif , dans la mesure où le salut de l’humanité adviendra pour Marx sur cette terre, et non pas dans l’au-delà. Mais Bensaïd rétorquerait que la promesse marxienne n’a d’horizon que l’histoire humaine. Certes, mais en vue de son accomplissement... messianique.

      #messianisme #messianisme_juif

    • Un impensé de Marx : la question juive, Jean-Louis Bertocchi
      http://www.lyber-eclat.net/livres/un-impense-de-marx-la-question-juive

      Le livre de Jean-Louis Bertocchi revient sur la question lancinante de Sur la Question juive du jeune Marx, qui répondait en 1843 à Bruno Bauer. Le pamphlet a fait couler beaucoup d’encre et de larmes sur le supposé antisémitisme de Marx et, par ricochet, de la gauche tout entière. La psychanalyse a parlé de « haine de soi » et les historiens ont invoqué « l’air du temps » pour expliquer une position qu’il faut replacer dans un ensemble de textes de la même époque, dont la cible est principalement la société bourgeoise capitaliste.

      L’analyse de Jean-Louis Bertocchi donne accès au cabinet de travail de Marx et insiste sur la manière dont il s’approprie certains concepts hérités de la philosophie allemande et les redéfinit de façon à les articuler aux discours antijuifs de l’Allemagne du XIXe siècle, à partir desquels il pense pouvoir tenir une position politique singulière.

      L’édifice est fragile et si Sur la Question juive dérange et semble vouloir régler des comptes pour lesquels l’auteur manque d’argumentation, le « Juif » de Marx finira par disparaître complètement comme figure et principe de l’égoïsme bourgeois dans les œuvres à venir.

      Prenant appui sur ce constat et sur une analyse des notions qui composent le tissu spéculatif de Sur la Question juive, Jean-Louis Bertocchi revient également sur la persistance du ‘signifiant’ juif, tel qu’il a pu prendre forme dans ce texte de jeunesse, au sein d’une #gauche qui y est restée attachée comme l’arapède à son rocher. La simplification, jusqu’au simplisme, du raisonnement du jeune Marx, semble une aubaine pour une partie de la gauche qui ne parvient pas à dépasser ses propres démons. Il est d’ailleurs curieux que la première réédition en France du texte de Marx, en décembre 1968, soit justifiée en préface par une montée de l’antisémitisme due à la récente ... guerre des Six jours, annonçant le glissement de la Question juive vers une question israélienne.

    • Mahmoud Abbas
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Mahmoud_Abbas

      Il part ensuite à Moscou pour étudier l’histoire à l’université Patrice-Lumumba. Il rédige une thèse controversée sur le génocide des Juifs en 1983, dans laquelle il prétend que seulement 890 000 Juifs ont été tués dans la Shoah4. En 1984, il publie un livre L’autre Côté : la relation secrète entre le nazisme et le sionisme, dans lequel il affirme que des membres du mouvement sioniste et les nazis auraient été en contact dans le but de faire le plus de victimes juives possibles pour convaincre de créer l’État d’Israël3,5. Selon une traduction réalisée par le Centre Simon-Wiesenthal, Mahmoud Abbas remet également en question le nombre de victimes et la véracité des chambres à gaz, citant les écrits du #négationniste français Robert Faurisson6. En mai 2003, dans le cadre d’un entretien accordé au journal Haaretz, Abbas réfute les accusations de négationnisme sur sa personne5,7.

    • Mahmoud Abbas, le président palestinien, auteur d’un nouveau dérapage antisémite

      Ce laïus [devant le conseil révolutionnaire du Fatah, le 24 août] a été rendu public le 6 septembre par le Middle East Media Research Institute (Memri), un site Internet pro-israélien (...)
      M. Abbas avait déjà expliqué en 2018 la haine des juifs et leur persécution en Europe par leur « fonction sociale, qui était liée à l’usure, à la banque, etc. » Comme dans son discours du 24 août, il citait alors Karl Marx et expliquait que les juifs ashkénazes n’étaient pas sémites. Il avait rapidement présenté des excuses.
      En août 2022, de passage à Berlin pour un suivi médical, M. Abbas avait suscité l’indignation de son hôte, le chancelier allemand Olaf Scholz, en estimant qu’Israël avait perpétré « 50 holocaustes » en Palestine depuis 1947. Il répondait à une question sur la prise d’otages perpétrée cinquante ans plus tôt, aux Jeux olympiques de Munich, par un commando palestinien. (...)

      https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/08/mahmoud-abbas-le-president-palestinien-auteur-d-un-nouveau-derapage-antisemi
      https://justpaste.it/a991u

    • Association France Palestine Solidarité @AFPSOfficiel
      https://twitter.com/AFPSOfficiel/status/1699847341790896311

      L’AFPS condamne sans aucune réserve les propos négationnistes et antisémites tenus par le Président de l’Autorité palestinienne devant le conseil révolutionnaire de son parti, le Fatah, qui s’est tenu à Ramallah entre le 24 et le 26 août.

      Au moment même où le gouvernement israélien multiplie les agressions armées contre le peuple palestinien, les propos de Mahmoud Abbas ne peuvent qu’affaiblir devant l’opinion internationale le soutien dont la résistance palestinienne a le plus besoin en ce moment.

      La lutte contre toutes les formes de racisme dont l’antisémitisme est l’un des fondements sur lequel, nous construisons notre solidarité avec le peuple palestinien.

    • Ali Abunimah sur X :
      https://twitter.com/AliAbunimah/status/1700013036008808608

      Mahmoud Abbas was literally installed by the Bush administration and is maintained in “power” by “Israel.” A Zionist collaborator who fights the Palestinian resistance on behalf of the enemy occupier, his words and deeds have absolutely nothing to do with the Palestinian people.

      antisémite et collabo, si Abbas n’existait pas la #vitrine_de_la_jungle l’aurait inventé.

  • La méthode Elon Musk : comment fait-il pour être expert en tout ? - L’Express
    https://www.lexpress.fr/economie/high-tech/la-methode-delon-musk-et-dautres-polymathes-pour-apprendre-KMRGHPIVSNBRNCDD

    sous #paywall, mais je pointe surtout pour le titre qui annonce une analyse impartiale et lucide…
    note : apparemment le titre initial était : La méthode d’Elon Musk et d’autres #polymathes pour apprendre

    Le patron de Tesla a bouleversé une multitude de domaines. Son mode d’acquisition des connaissances suscite une abondante littérature.

    Mais comment fait-il ? Comment fait Elon Musk pour avoir révolutionné autant de secteurs épars ? Connu pour Tesla et SpaceX, Musk a aussi développé des entreprises […]

    • Ce classique du journalisme de qualité :
      « Bonjour monsieur Musk, alors on attaque tout de suite avec notre première question sans concession : “Comment faites-vous pour être aussi génial ?” »

    • Mais comment fait-il ? Comment fait Elon Musk pour avoir révolutionné autant de secteurs épars ? Connu pour Tesla et SpaceX, Musk a aussi développé des entreprises dans le logiciel (PayPal), les transports collectifs (Hyperloop), l’énergie (SolarCity), l’intelligence artificielle (il est le cofondateur d’OpenAI), les neurosciences avec son effrayant projet Neuralink, et même les travaux publics (les tunnels de The Boring Company). Et cela sans mentionner Twitter, devenu X, dont on ne sait pour l’instant s’il s’agit d’une destruction schumpeterienne ou d’une mise en pièces chaotique. La réponse est à chercher dans la polymathie, soit la connaissance approfondie d’une grande variété de sujets.
      LIRE AUSSI >> Spatial : comment Elon Musk inspire de nouveaux entrepreneurs en Europe

      L’enviable catégorie des polymathes est bien représentée dans la tech et les sciences. Sans même remonter aux plus extrêmes d’entre eux comme Léonard de Vinci, Descartes ou Benjamin Franklin, on peut prendre un exemple contemporain avec Bill Gates dont la compréhension profonde de multiples disciplines a permis à sa fondation d’intervenir dans une multitude de domaines. La Bill & Melinda Gates Foundation s’intéresse à la biologie pour lutter contre les maladies tropicales, l’énergie nucléaire de nouvelle génération, ou encore le changement climatique. Une demi-génération plus loin, on trouve Demis Hassabis, créateur de DeepMind, filiale d’intelligence artificielle de Google, capable d’appréhender la biologie moléculaire autant que la prévision météorologique, la fusion nucléaire, ou de revisiter la thermodynamique pour réduire la consommation électrique.

      Comment font-ils pour être experts en tout ? Leurs méthodes sont-elles empiriques, ou le fruit d’un processus élaboré ? Ces questions relèvent autant de la recherche que de l’observation classique. Côté académique, on peut se plonger dans un papier intéressant intitulé Multiple giftedness in adults : the case of polymaths, qui est une bonne somme sur le sujet. Plus accessible est l’exégèse d’une contribution de Musk sur la plateforme Reddit remontant à une dizaine d’années, mais qui reste d’actualité. Elle a été compilée par Ruchir Jajoo, un entrepreneur indien passionné d’innovation et de philosophie.

      De tout cela on peut tirer quelques enseignements. En premier lieu, tous les polymathes actuels ont en commun une capacité d’absorption de l’information hors du commun couplée à une formidable diversité. Bill Gates s’isole plusieurs fois par an avec une pile de livres, comme le relate l’excellent documentaire de Netflix, Inside Bill’s Brain. Musk a longtemps été lui aussi un lecteur compulsif, aidé par un syndrome d’Asperger et un rythme de 90 heures de travail par semaine.
      LIRE AUSSI >> Elon Musk, ses derniers projets pour l’humanité

      Le corollaire de ce qui précède est une exceptionnelle capacité d’approfondissement. Ce qui frappe chez Elon Musk, c’est l’incroyable granularité de sa connaissance. Ceux qui ont travaillé avec lui évoquent sa mémorisation du moindre composant des voitures Tesla. Il suffit, par ailleurs, de regarder les trois heures de sa visite guidée de la Starbase texane où sont fabriquées ses fusées géantes Starship – un exercice uniquement réservé aux « space geeks » gravement atteints – pour mesurer sa capacité à sauter du général au particulier. Musk connaît non seulement chaque morceau de ses fusées, mais aussi toute la science en amont de la conception d’un stabilisateur ou de la turbopompe d’un moteur : métallurgie, mécanique des fluides, thermodynamique, aérodynamique.

      Au prisme de ce gourou de la tech, cela donne l’axiome suivant : « Je pense que la plupart des gens peuvent apprendre bien plus qu’ils ne le pensent. Ils limitent leur capacité d’apprentissage. Un conseil : il est important de considérer la connaissance comme une sorte d’arbre sémantique. Faites en sorte d’être certain de comprendre les principes fondamentaux, c’est-à-dire le tronc, puis les branches principales, avant de vous intéresser aux feuilles, aux détails, qui ne tiennent que par le reste ». Disséqué par l’entrepreneur-philosophe Ruchir Jao, cela donne : « Faire du pain selon Elon ne signifie pas mélanger farine, levure et eau, mais avoir intégré les 23 composants du pain, depuis la fermentation des levures jusqu’à la culture du blé. »
      Brillants esprits

      D’autres entrepreneurs traduisent cela par le fait de savoir construire des choses. « Nous avons embauché un formidable ingénieur car il avait construit seul dans son garage un hélicoptère complet, certifié comme tel. Il avait fabriqué chaque pièce, il connaissait chaque composant de sa machine », m’a un jour raconté Astro Teller, le patron de Google X, la branche des projets futuristes d’Alphabet. Posture identique chez Hélène Huby, fondatrice de The Space Exploration Company qui ambitionne de construire une mini-station orbitale : « Je prends surtout des ingénieurs qui se sont essayés à la construction d’une fusée. C’est essentiel de s’être frotté à la pratique », dit-elle.

      Le troisième enseignement porte sur la mise en œuvre de ce qui est maintenant une discipline à part entière en intelligence artificielle, le « transfert learning ». Pour simplifier, cela consiste à appliquer un apprentissage, une connaissance approfondie acquise dans un domaine, à une multitude d’autres. Cette connexion est un élément essentiel dans la créativité autant que dans l’exécution. Un exemple ? Steve Jobs, dont l’apprentissage de la calligraphie a grandement influencé le design des produits Apple et façonné son perfectionnisme. Ou Jeff Bezos, dont la connaissance des « Quants » – l’analyse quantitative de la finance – a été essentielle lorsqu’il a conçu les fondations du logiciel d’Amazon.

      Au final, l’analyse des traits communs à tous ces brillants esprits tord le cou à l’idée selon laquelle l’ultra-spécialisation est nécessairement un gage de succès. Mieux vaut privilégier l’expert-généraliste, ou le geek multi-talents, par opposition au génie monochrome dont l’espace mental s’apparente à un canyon qui contraint le raisonnement. Telle est la condition de la créativité, dont la transformation en succès suppose une implacable discipline dans l’exécution.

    • Selon une biographie à paraître, Elon Musk a évité un « mini-Pearl Harbor » à la flotte russe de Crimée
      https://www.lemonde.fr/international/live/2023/09/07/guerre-en-ukraine-en-direct-washington-et-londres-sanctionnent-des-cybercrim

      La chaîne CNN, qui a eu accès à un extrait de la biographie d’Elon Musk du journaliste américain Walter Isaacson (Elon Musk, en vente le 12 septembre), rapporte que le patron de SpaceX, Tesla et Twitter a ordonné aux ingénieurs d’éteindre ses satellites Starlink alors que l’Ukraine préparait une attaque avec des drones contre la flotte russe. Selon l’auteur, qui ne précise pas la date de cet incident, le patron de Starlink a craint que Moscou ne réponde avec des armes nucléaires à une attaque ukrainienne infligeant un « mini-Pearl Harbor » à la flotte russe de Crimée, une peur renforcée par ses conversations avec des responsables russes. Ronan Farrow écrit dans le New Yorker qu’Elon Musk avait confirmé à un responsable du Pentagone s’être entretenu personnellement avec Vladimir Poutine.

      « Comment je me positionne dans cette guerre ? » « Starlink n’a pas été conçu pour être impliqué dans les guerres. C’était pour que les gens puissent regarder Netflix et se détendre, se connecter à l’école et faire de bonnes choses pacifiques, pas des frappes de drones », se justifie Elon Musk auprès de Walter Isaacson.

      Selon le journaliste Ronan Farrow, Elon Musk avait pourtant « initialement montré un soutien sans limite à la cause ukrainienne ». Mais il a ensuite été mis en cause pour ses ingérences dans le conflit. En octobre 2022, le milliardaire a fait part sur Twitter de ses réflexions sur la manière de mettre fin au conflit avec quatre propositions pour la « paix entre l’Ukraine et la Russie », au grand bonheur de Moscou et de Pékin, s’attirant une réponse peu diplomatique. Et pour cause : Kiev était supposé accepter d’abandonner les territoires conquis par Moscou.

      Quelques jours plus tard, en pleine contre-offensive ukrainienne, le Financial Times rapportait que les troupes de Kiev avaient constaté des coupures de réseau Starlink dans certaines zones de combat. Musk a tenté de fournir une explication, affirmant que Starlink était en train de « perdre de l’argent » en offrant quasi gratuitement ses services aux soldats ukrainiens. Il a alors demandé au Pentagone de financer le réseau avant de se raviser.

      Selon Ronan Farrow, l’attitude d’Elon Musk s’explique en raison de la dépendance de son empire à la Chine, qui soutient la Russie. La Chine représente un immense marché pour Tesla et la moitié des véhicules de la marque sont assemblés à Shanghaï. Le milliardaire a confié au Financial Times que Pékin désapprouvait sa décision de fournir Starlink à l’Ukraine et lui a demandé l’assurance qu’il ne déploierait pas une technologie similaire en Chine. D’autant que Pékin ambitionne de lancer sa propre constellation de 13 000 satellites pour rivaliser avec Starlink.

  • Les demandes d’asile dans l’Union européenne, la Norvège et la Suisse en hausse de 28 % au premier semestre
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/05/les-demandes-d-asile-dans-l-union-europeenne-la-norvege-et-la-suisse-en-haus

    Les demandes d’asile dans l’Union européenne, la Norvège et la Suisse en hausse de 28 % au premier semestre
    Les requêtes sont au plus haut depuis 2015-2016, années au cours desquelles l’afflux de réfugiés en Europe dépassait 1,2 million de personnes.
    Le Monde avec AFP
    Les demandes d’asile enregistrées dans les pays de l’Union européenne, la Norvège et la Suisse au premier semestre 2023 ont augmenté de 28 % par rapport aux six premiers mois de 2022, a annoncé l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (AUEA), mardi 5 septembre. Quelque 519 000 demandes d’asile ont été déposées dans ces vingt-neuf pays entre janvier et la fin de juin, selon l’agence, qui estime que, « d’après les tendances actuelles, les demandes pourraient excéder 1 million d’ici à la fin de l’année ». Les Syriens, Afghans, Vénézuéliens, Turcs et Colombiens sont les principaux demandeurs, comptant pour 44 % des requêtes.
    Les demandes au premier semestre sont au plus haut à cette période de l’année depuis 2015-2016. Lors de l’afflux de réfugiés en Europe provoqué notamment par l’enlisement du conflit en Syrie, le nombre de demandes d’asile avait atteint 1,3 million (en 2015) et 1,2 million (en 2016). En 2022, elles étaient de 994 945.
    L’Allemagne est le pays qui a reçu le plus de dossiers (30 %). C’est près de deux fois plus que l’Espagne (17 %) et la France (16 %). L’AUEA souligne qu’en raison de cette hausse de nombreux pays européens « sont sous pression pour traiter les demandes », et que le nombre de dossiers en attente de décision a augmenté de 34 % par rapport à 2022. En première instance, 41 % des demandes ont reçu une réponse positive. Par ailleurs, quelque 4 millions d’Ukrainiens fuyant l’invasion de l’armée russe bénéficient actuellement d’une protection temporaire dans l’UE.

    #Covid-19#migrant#migration#UE#asile#demandeurdasile#AUEA#syrie#afghanistan#venezuela#turquie#colombie#allemagne#espagne#france#ukraine#protection#sante#crisemigratoire#norvege#suisse

  • En Italie, la France de nouveau visée dans l’affaire du crash d’Ustica en 1980
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/03/en-italie-la-france-de-nouveau-visee-dans-l-affaire-du-crash-d-ustica-en-198

    La catastrophe aérienne survenue près de l’île d’Ustica, dans la soirée du 27 juin 1980, fait partie des nombreux événements meurtriers partiellement inexpliqués qui parsèment l’histoire de l’Italie républicaine et continuent de hanter sa mémoire. Samedi 2 septembre, l’idée d’une implication de la France dans le drame sur fonds de tensions géopolitiques, alors fortes entre Paris et la Libye, a été relancée par un ancien président du conseil italien, Giuliano Amato. Dans un entretien accordé au quotidien national La Repubblica, il reprend la thèse défendue par les familles des victimes selon laquelle un avion français aurait été à l’origine d’un tir de missile dont l’explosion aurait touché le DC-9, qui assurait une liaison entre Bologne et Palerme, entraînant la mort de ses quatre-vingt-un occupants.

    « La version la plus crédible est celle de la responsabilité de l’aviation française avec la complicité des Américains », déclare ainsi M. Amato, 85 ans, chef de l’exécutif italien de 1992 à 1993 puis de 2000 à 2001. L’ancien responsable politique précise s’être intéressé au dossier en 1986, alors qu’il était secrétaire d’Etat auprès du président du conseil Bettino Craxi. Le scénario des événements auquel il accorde le plus de crédit dans son entretien voudrait qu’un avion de chasse français ait pris pour cible dans le ciel italien un appareil libyen dans lequel aurait dû se trouver le Guide de la révolution Mouammar Kadhafi (1942-2011), déclenchant un tir dont les passagers du DC-9 auraient été les victimes collatérales.

    Dommage qu’ils l’aient raté, cela aurait peut-être évité de détruire la #Libye 40 ans plus tard.

  • Au Royaume-Uni, des dizaines d’écoles menacées d’effondrement
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/09/04/au-royaume-uni-des-dizaines-d-ecoles-menacees-d-effondrement_6187793_3210.ht

    Après un été plutôt calme, le gouvernement du conservateur Rishi Sunak aurait certainement rêvé d’une meilleure rentrée. Lundi 4 septembre, pour le retour à l’école des jeunes Britanniques, il fait face à la colère des parents alors que près de 150 établissements se sont vu notifier in extremis – fin août – qu’ils devaient fermer immédiatement tout ou partie de leurs bâtiments qui risquaient de s’effondrer. En cause, un matériau de construction, le béton autoclavé armé (Reinforced Autoclaved Aerated Concrete, RAAC), poreux, donc bien plus léger que le béton classique, très utilisé dans le Royaume-Uni de l’après-guerre pour reconstruire des bâtiments publics à moindre coût. Mais sa durée de vie est limitée : au-delà de trente ou quarante ans, il perd de sa rigidité.

    La perspective de semaines de perturbations, voire du retour des cours en ligne, inquiète des centaines de parents et d’élèves dont la scolarité a déjà été très perturbée par la pandémie de Covid-19. Et elle risque de rendre encore plus impopulaire l’action de Rishi Sunak, qui espère cet automne remettre son cabinet en ordre de marche en vue des élections générales prévues en 2024. L’occasion, en revanche, est trop belle pour l’opposition travailliste, en avance d’environ vingt points dans les sondages, qui exploite un sentiment de plus en plus répandu dans l’opinion publique, celui d’une « Broken Britain » : un pays « brisé ».

    Plus grand-chose ne semble y fonctionner correctement : les grèves de train se poursuivent depuis plus d’un an, les rivières et plages sont parmi les plus polluées d’Europe, et il est devenu presque impossible de décrocher un rendez-vous avec des médecins généralistes du NHS, le système de santé public, tant ils manquent à l’appel…