Le jeune président de la Start-up Nation était en fait un vieux con comme les autres.

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  • Les aventures de la gouvernance sont de plus en plus drôles, si c’était drôle. Mais ce n’est pas drôle. Nous sommes bien d’accord. Depuis un peu plus d’un an des peigne-culs de droite qui nous viennent tout droit du milieu de l’entreprise comme ils et elles disent ― mon esprit retors entend souvent l’entreprise du milieu, pour ne pas dire la mafia, mais j’ai l’esprit retors ―, ces peigne-culs donc, ne cessent de nous expliquer que comme ils et elles ont su diriger leurs entreprises, vous allez voir ce que vous allez voir, ils et elles vont faire des étincelles, une merveille de gestion, de gouvernance, ça va être autre chose. Ça va même piquer un peu.

    Pour celles et ceux, qui comme moi, subissent déjà de telles méthodes dans leur environnement professionnel, cela n’a, en fait, rien de très tranquillisant que ce qui relève des avanies quotidiennes de cette saloperie de gouvernance puisse être agrandi et porté à une échelle supérieure, celle nationale, non, cela n’a rien de très rassurant, parce que c’est assez drôle, si c’était drôle, de constater quotidiennement que la gouvernance, même pour des choses nettement plus simples que de, disons, pas tout à fait au hasard, répondre à la demande de formation de toute une promotion de bacheliers et bachelières, même pour des choses moins grandes, nettement moins grandes et nettement moins compliquées, force est de constater que la gouvernance, les procédures, le management, bref cette façon contemporaine de saloper le boulot, ça ne porte pas beaucoup ses fruits et on ne va pas vers la qualité, tant s’en faut.

    Pour tout vous dire, à 53 ans, quand à mon travail de (très) modeste ingénieur informaticien entiè-rement dépassé, imposteur since 1984, je pressens que la gouvernance nous pousse tout droit vers le ratage, il y a longtemps que d’une part j’ai cessé de m’en faire, mais d’autre part, il faut bien l’avouer, il m’arrive même, esprit retors, et un peu pervers, d’en concevoir un peu de plaisir, je sais c’est mal. Parce qu’après tout quand une Très Grande Entreprise trébuche, c’est assez plaisant à contempler. Et puis je boude mal le plaisir de constater que des raisonnements issus de feuilles de calculs ― la feuille de calcul c’est l’invention du diable ― accouchent d’échecs dont on se rend compte au travers des mêmes feuilles de calcul, mais disons replacées et relues dans le bon sens, celui de la réalité, oui, oui, tout ceci est un peu pervers, mais tellement plaisant.

    En revanche, ces façons, la gouvernance, la pensée-feuille de calcul, quand elles s’appliquent à notre destinée à toutes et tous, aux affaires de la cité, à la politique donc, là déjà cela m’amuse moins et même cela m’effraie. Parce que c’est effrayant.

    Donc les peigne-culs de la gestion, des procédures, de la gouvernance de l’entreprise du milieu avaient promis de nous en remontrer pour ce qui était de l’orientation des bacheliers de 2018 ― ça serait un peu autre chose que la version précédente, qui, de fait, était perfectible, c’est mal dire. Et le moindre que l’on puisse dire, c’est que le résultat est au rendez-vous et dépasse toutes les espérances d’efficacité : la moitié des futures bachelières et bacheliers sont sans affectation. Alors on a tôt fait de se moquer, de dire que l’algo ceci, l’algo cela, et je suis à peu près certain que dans le Sinistère de la Rééducation, cela doit monter dans les tours, qu’est-ce qu’on a encore foutu à l’informatique ? Et je ne doute pas que nous aurons bientôt droit à des commentaires, en off bien sûr, de ces grands gestionnaires du milieu pour dire que voilà évidemment, on a donné cela à faire à des fonctionnaires de l’informatique et que voilà le résultat, et ne doutez pas que la prochaine fois on confiera cela au privé (si, au passage, ce n’est pas déjà fait).

    Et bien n’y voyez aucune solidarité professionnelle d’un ingénieur informaticien en fin de carrière pour ses compagnes et compagnons soutiers de misère, mais je pense que le résultat de cette cam-pagne est juste et même que cette justesse saute aux yeux. En effet, il est confondant pour moi de constater à quel point l’outil informatique de cette gouvernance merdique renvoie à ses commandi-taires l’image exacte qu’ils et elles se font, en fait, de la jeunesse : refusée et en attente pour la plus grande part.

    Et de tels impensés de la gouvernance sont de plus en plus visibles et même saillants. Et c’est bien cela que je trouve stupéfiant dans cette gouvernance, c’est que son mensonge est de plus en plus visible. Il est transparent.

    Oui, ça commence à se voir.

    #pendant_qu’il_est_trop_tard

  • Le jeune président de la Start-up Nation était en fait un vieux con comme les autres (Olivier Ertzscheid, affordance.info)
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/05/jeune-president-vieux-con.html

    La logique du truc m’est apparue.

    J’ai compris que le projet politique de notre jeune président était de semer une graine : celle de l’humiliation quotidienne, celle de l’intranquillité permanente qui fait grandir la résignation qui, à son tour, façonnera le corps et l’âme de la chair à Managers dont a besoin le patronat. Et puis bien sûr, la graine de la concurrence. Toujours mettre les gens en concurrence.

    #éducation #université #sélection #éducation_supérieure #lycée #secondaire #humiliation #jeunesse #concurrence

    Pour en savoir plus sur #Parcoursup : https://seenthis.net/messages/696583

  • affordance.info : Le jeune président de la Start-up Nation était en fait un vieux con comme les autres.
    http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2018/05/jeune-president-vieux-con.html

    Ce pari de l’humiliation de la jeunesse, s’il était mené à son terme, serait une victoire éclatante : la victoire des managers. Car toute cette histoire n’est rien d’autre qu’un conditionnement, une préparation aux formes routinières de management par le stress qui attend cette jeunesse et que réclame le Medef.

    Comme dans tout pari osé bien sûr il y avait un risque. Le risque d’une rébellion. Et que cette rébellion prenne. Toute étincelle si faible qu’elle soit devait immédiatement être douchée.

    Ils sont une vingtaine de lycéens et de lycéennes, tous et toutes mineur(e)s, à avoir passé 48 heures en garde à vue et à être aujourd’hui mis en examen. A 17 ans. Motif ? Refus de résignation. Refus d’humiliation. Refus du bâillon. Ils ont, avec des adultes dont certains sont enseignants, osé tenté d’occuper un lycée parisien. Je dis bien « tenté d’occuper ». Pacifiquement qui plus est. Le jeune président et son ministre de l’intérieur cacochyme, mais le jeune président avant tout, a collé en garde à vue et mis en examen plus d’une vingtaine de lycéens mineurs parce qu’ils ont voulu manifester leur sentiment d’humiliation devant une machinerie sociale qui craque de toute part et où chaque repère est patiemment foutu en l’air par une agitation qui se veut « réformatrice » et qui n’est que destructrice.

    On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. On n’est pas sérieux, on n’est pas en garde à vue, on n’est pas mis en examen. La honte et la colère que je ressens ce soir n’est pas prête de s’éteindre. Mais ma colère ne compte pas.

    #parcoursup