• Altice dit « au revoir » à Libé
    https://www.latribune.fr/technos-medias/medias/altice-dit-au-revoir-a-libe-847819.html


    Patrick Drahi avait acquis Libération en 2014, pour 14 millions d’euros.
    Crédits : Reuters

    Altice France a décidé de se séparer du quotidien de gauche. Dans un mail interne, le groupe de Patrick Drahi annonce que le journal sera transféré dans une structure à but non lucratif censée garantir « l’indépendance » du titre.

    Altice et Libé, c’est fini. Dans un mail interne diffusé par Altice France, ce jeudi, le groupe de Patrick Drahi et maison-mère de l’opérateur SFR, annonce que le quotidien de gauche sera transféré dans un nouveau « Fonds de dotation pour une presse indépendante ». Une filiale de cette structure, baptisée « Presse Indépendante SAS », va acquérir le journal, sa régie et sa société de développement technologique. Patrick Drahi a ainsi décidé de se séparer de ce titre qu’il avait racheté en 2014, avant de le « vendre », deux ans plus tard, à son propre opérateur.

    Dans sa missive, Altice France précise qu’il « dotera substanciellement » ce nouveau fonds pour éponger les dettes du journal, qui avoisineraient les 45 à 50 millions d’euros, « mais aussi [pour] lui donner, progressivement, les moyens nécessaires au financement de son exploitation future, et ainsi garantir son indépendance sur le long terme ». Ainsi, Libération « deviendra la propriété d’une structure non cessible et non capitaliste à but non lucratif ». Altice France précise que « tout mécène pourra abonder le Fonds de dotation à des fins non lucratives ». Patrick Drahi, lit-on, « continuera personnellement d’accompagner... 

    #paywall

    • Le transfert du quotidien « Libération » à une fondation suscite des réserves, Sandrine Cassini
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/15/le-transfert-du-quotidien-liberation-a-une-fondation-suscite-des-reserves_60

      Altice Médias, le groupe du milliardaire Patrick Drahi, a annoncé que le journal, dont il est propriétaire depuis 2014, allait être placé dans un « fonds de dotation pour une presse indépendante ».

      A l’heure où tous les journaux rêvent d’indépendance capitalistique, difficile de critiquer l’annonce faite par Altice Médias. Le groupe du milliardaire Patrick Drahi a annoncé, jeudi 14 mai, que Libération, dont il est propriétaire depuis 2014, allait être placé dans un « fonds de dotation pour une presse indépendante ». Le quotidien, créé par Jean-Paul Sartre et Serge July en 1973, sortira du giron d’Altice. Il ne dépendra plus d’un industriel, ne pourra plus être cédé et appartiendra à une structure à but non lucratif. « Moralement, éthiquement et journalistiquement, c’est un progrès », se félicite Laurent Joffrin, directeur de la publication, qui va rejoindre le conseil d’administration du fonds.

      Altice France, qui possède SFR, BFM-TV et RMC, assure qu’il « dotera substantiellement » la structure, et continuera à éponger les pertes du quotidien « tant que cela sera nécessaire », promet M. Joffrin. En 2018, le journal perdait encore 8,9 millions d’euros. De son côté, M. Drahi « continuera d’accompagner Libération », indique un courriel adressé aux salariés.

      Cette annonce soudaine a créé un sentiment contrasté au sein du journal. « L’équipe de Libération salue le projet, [mais] regrette que cette décision, d’une importance fondamentale dans l’histoire et pour l’avenir de Libération, ait été annoncée de façon inattendue et non concertée », se sont émus les salariés dans un communiqué.
      M. Drahi a-t-il l’indépendance de la presse chevillée au corps, ou sort-il à bon compte d’un quotidien encore fragile, malgré une hausse de ses ventes en 2019 et alors que la crise due au Covid-19 frappe durement la presse ? « S’il avait voulu s’en sortir facilement, il aurait pu tout vendre », rétorque M. Joffrin. « On a eu des propositions d’achat régulières depuis deux ans », assure-t-on au niveau interne.

      Demande de « garanties juridiques, financières et sociales »
      Mais quel prix aurait pu tirer le magnat des télécoms d’un journal fortement endetté ? Sûrement pas grand-chose. En revanche, le montage financier lié à cette fondation pourrait lui permettre de bénéficier d’un avantage fiscal important.
      En effet, Altice Médias ne cède pas pour 1 euro symbolique Libération à la fondation, mais le vend pour un « montant équivalent à la dotation faite au fonds », explique-t-on au sein du titre. Le montant du don atteindra au moins de quoi éponger la dette de Libération, comprise entre 45 millions et 50 millions d’euros, résultat de plusieurs années de déficits cumulés. Or ce don pourra bénéficier d’une réduction d’impôt de 60 %. Altice France pourrait ainsi récupérer une partie des sommes investies.

      Dans l’entourage de la direction, on fait valoir que la sortie de Libération d’Altice est la suite logique des désengagements successifs dans la presse. Le dernier titre cédé était L’Express, repris puis relancé par Alain Weill, par ailleurs PDG d’Altice Europe. L’expérience qu’a connue l’hebdomadaire n’est pas pour rassurer les journalistes. « On suit le même chemin. Il va y avoir une clause de cession pour réduire les coûts et on va déménager. On disparaît complètement des yeux d’Altice, alors qu’on était là et qu’on ne gênait personne », s’inquiète l’un d’eux. Le quotidien, installé dans le 15e arrondissement de Paris, avec SFR, BFM ou RMC, devrait regagner le cœur de la capitale d’ici la fin de 2020. Au sein du quotidien, on justifie ce déménagement en expliquant que Libération supportait des coûts de structure trop élevés par rapport à sa taille.

      Comment s’assurer que M. Drahi, tenu aujourd’hui de payer les factures du journal, restera bien au chevet de Libération ? « Il m’a toujours dit qu’il avait un faible pour Libération, et qu’il avait promis de l’aider, affirme M. Joffrin. Depuis, il a tenu parole. Et le laisser tomber ne serait pas bon pour son image. »
      Les salariés, eux, demandent « des garanties juridiques, financières et sociales, notamment en matière de dotation et d’effectifs », et souhaitent être associés à la gouvernance. « Des discussions vont s’ouvrir », promet-on à la direction. Seule certitude, Patrick Drahi vient d’amorcer un plan de réorganisation chez Altice Médias (BFM-TV, RMC…), faisant craindre de nouvelles coupes dans les effectifs.

      #fondation #fiscalité #presse #Libération #Patrick_Drahi

  • Arnaud Lagardère, menacé par Amber Capital, recrute Sarkozy et Pepy pour le protéger
    https://www.latribune.fr/technos-medias/medias/arnaud-lagardere-menace-par-amber-capital-recrute-sarkozy-et-pepy-pour-le-


    Crédits : Philippe Wojazer

    La gouvernance du « gérant commandité » Arnaud Lagardère (3e actionnaire avec 7,33% des actions et 10% des droits de vote) est critiquée par le fonds activiste Amber Capital, désormais 2e actionnaire avec 10,58% des parts, qui cherche à le chasser du conseil de surveillance. La nomination de Guillaume Pepy mais surtout de Nicolas Sarkozy très proche du Qatar (aujourd’hui 13% des parts et 20% des droits de vote) et intime d’Arnaud Lagardère, vise à sauver la tête de ce dernier.
    […]
    Selon une source proche du dossier, la nomination de Nicolas Sarkozy, intime d’Arnaud Lagardère et très proche du Qatar (aujourd’hui 13% des parts et 20% des droits de vote), et de Guillaume Pepy, également très impliqué dans les relations économiques avec l’État de la péninsule arabique, vise à resserrer les rangs autour du fils unique de Jean-Luc Lagardère avant l’assemblée générale.

    Bataille autour des comptes de LC&M
    En plus des critiques sur les cessions « à la casse » des actifs du groupe, Amber a obtenu en octobre du tribunal de commerce de Paris la publication des comptes de la holding Lagardère Capital & Management (LC&M), qui détient la participation personnelle d’Arnaud Lagardère dans le groupe. Il souhaite notamment vérifier son niveau d’endettement, alors qu’un associé commandité est responsable indéfiniment des dettes de l’entreprise sur ses biens propres, et s’interroge sur l’utilisation et la destination des fonds versés par le groupe Lagardère à LC&M.

    *Arnaud Lagardère n’a pas obtempéré, ne montrant ses comptes qu’à un journaliste du$ Point lors d’un entretien en janvier, et a fait appel de la décision. Une audience est prévue en mars. Il a également immédiatement contre-attaqué, accusant le fonds activiste de mener une « campagne de déstabilisation » et lui réclamant 84 millions d’euros en guise de réparation.

  • Les journalistes de Reuters France en grève contre la suppression de 50% du service en langue française
    https://www.latribune.fr/technos-medias/medias/reuters-france-en-greve-contre-la-suppression-de-plus-de-50-du-service-en-


    Ces annonces de Thomson Reuters s’inscrivent dans une politique globale de réduction des effectifs qui affecte particulièrement les services « domestiques » en allemand, espagnol, russe ou italien, notamment.
    photo : la rédaction londonienne - Crédits : Reuters

    Délocalisations et robots traducteurs... telle est la recette de la direction de Reuters. Plus de la moitié des journalistes écrivant et traduisant en français, qui fournissent nuit et jour une grande partie de la matière première informative de nos médias hexagonaux, sont menacés par un plan drastique de réduction d’effectif.

    Les membres de la rédaction de l’agence Reuters en France se sont réunis en assemblée générale mardi 5 mars et ont décidé massivement de faire grève à compter de mercredi soir à minuit pour 24 heures afin de protester contre les réductions d’effectifs annoncées la semaine dernière par la direction. Il s’agit de la première grève à Reuters en France depuis 15 ans.

    Les grévistes entendent ainsi signifier collectivement leur rejet de la suppression de 25 postes au sein des services de l’agence, qui aura pour principal effet de diminuer de plus de moitié le service texte en langue française.

    Dans un message adressé à la direction, ils disent « contester les raisons économiques mises en avant par la direction pour justifier ces départs, ainsi que la pertinence et l’efficacité de la réorganisation qui leur a été proposée ».

    Pour continuer de fournir du contenu en français à ses clients malgré la réduction des effectifs, l’agence entend « généraliser » l’usage de la traduction automatique ainsi que recourir aux services du bureau de Gdynia, en Pologne, où elle a déjà délocalisé le service internet qui met en ligne les dépêches en langue française.

    Ces annonces s’inscrivent dans une politique globale de réduction des effectifs qui affecte particulièrement les services « domestiques » en allemand, espagnol, russe ou italien, notamment.

    Ces services sont pourtant cités par la direction comme apportant une plus-value qui distingue Reuters de son principal concurrent anglophone, Bloomberg. Or, Michael Friedenberg, nommé à la tête de Reuters News en décembre, a fait de la croissance et de la valeur ajoutée les axes de sa stratégie.

    Thomson Reuters a fait état fin février d’une hausse de 9% de son chiffre d’affaires trimestriel, hors effets de change.

    L’entreprise a cédé en octobre dernier une participation de 55% dans sa division Financial & Risk (F&R) au fonds Blackstone. Dans le cadre de cet accord, cette division appelée Refinitiv versera 325 millions de dollars par an à Reuters pendant 30 ans pour accéder à son flux d’informations, soit un total de près de 10 milliards de dollars.

    Les salariés de Reuters News en France ont demandé que les négociations qui doivent s’ouvrir le 11 mars sur le plan de sauvegarde de l’emploi se déroulent dans le respect des « Trust Principles » qui garantissent l’indépendance et l’intégrité de l’agence.

    Priée de réagir, la direction de Reuters s’est refusée à tout commentaire.

  • Elon Musk, le Pdg de Tesla et SpaceX, veut noter les journalistes et les médias
    https://www.latribune.fr/technos-medias/medias/la-derniere-idee-d-elon-musk-et-si-on-notait-les-journalistes-et-les-media

    Pas très content des critiques qui fusent sur ses entreprises et sa personnalité, le milliardaire inventeur tous azimuts prend la mouche. Le fondateur de multiples sociétés innovantes fustige la course au clic des journalistes et leur « hypocrisie ». Les internautes qu’il a sollicités via son compte Twitter ont massivement approuvé son initiative.

    «  Je vais créer un site où le public pourra noter la vérité fondamentale de n’importe quel article, suivre la note de crédibilité de chaque journaliste, rédacteur en chef ou publication. Je songe à l’appeler #Pravda (ndlr, le mot russe pour vérité qui renvoie aussi au titre du journal soviétique)  », a-t-il annoncé sur Twitter.
    Apparemment irrité par de récents articles de presse sur Tesla, Elon Musk, le Pdg de la firme spécialisée dans la construction de voitures électriques, a proposé de créer un site d’évaluation de la crédibilité des journalistes et des médias.

    Le milliardaire, qui préside également la société spatiale SpaceX, a soumis son idée aux 21,8 millions d’abonnés à son compte Twitter. Plus de 680.000 d’entre eux ont donné leur avis, 88% d’entre eux jugeant que « créer un site de notation de la crédibilité des médias (qui signale aussi les réseaux automatiques de propagande) » serait une bonne chose contre 12% qui pensent que « non, les médias sont formidables ».