• Des scientifiques créent un masque qui brille quand il est en contact avec le Covid
    http://www.slate.fr/story/220401/scientifiques-creent-masque-brille-contact-covid


    C’est une petite révolution de l’ère Covid qui pourrait bientôt faire son arrivée sur le marché. Des scientifiques japonais de l’université préfectorale de Kyoto ont créé un masque facial qui brille sous les rayons de lumière ultraviolets (UV) lorsqu’il a été en contact avec le Covid-19. Une prouesse qui permettra aux personnes qui le portent de savoir rapidement et facilement si elles ont contracté le virus. Le secret de cette invention ? Les œufs d’autruche.

    Cet oiseau est capable de produire différents anticorps pour lutter contre le Covid-19, expliquent les scientifiques. Ils ont alors mis au point un filtre spécial sur un masque et l’ont vaporisé d’un colorant fluorescent contenant des anticorps extraits des œufs d’autruche. Une fois en contact avec le virus, les zones contaminées du filtre brillent sous une lumière UV.

  • Tremblez, les wokes veulent interdire le latin et le grec ! Vraiment ? http://www.slate.fr/story/219375/wokes-interdire-cours-latin-grec-faux-obsession-mediatique-etats-unis-reforme-

    « Ils veulent annuler les cours de latin » is the new « elles veulent interdire La Belle au bois dormant ».

    Spoiler : non. Ni aux États-Unis, ni en France. Et la disparition progressive de l’enseignement des langues anciennes n’a rien à voir avec eux.

    J’ai pris des bonnes résolutions. Par exemple, j’ai décidé de faire mon lit tous les matins (= étendre la couette d’une façon approximative). J’ai également décidé de ne plus cliquer sur les titres ridicules, du type « Face à l’idéologie “woke”, Jean-Michel Blanquer annonce un plan européen pour le latin et le grec ». Donc je n’ai rien lu sur Jean-Michel Blanquer, les cours de grec et le wokisme, jusqu’à ce que je tombe sur cet excellent décryptage d’Elodie Safaris.

    À partir de cet article, elle est allée regarder les liens. En réalité, dans l’article, rien ne concerne la France. Pour une raison assez simple à comprendre : en France, personne n’a demandé la fin des cours de grec ou de latin. C’est donc un non-sujet ici. Comme d’habitude, on parle en réalité des États-Unis –ce qui, rappelons-le à Jean-Michel Blanquer, ne correspond pas géographiquement à sa fiche de poste.

    L’article cite une enquête du Figaro de juin dernier dans lequel une prof italienne raconte qu’une fois, un élève l’a interrogée sur la misogynie de Platon et une autre fois sur le racisme et le sexisme de Homère. Oh mon Dieu... Mais c’est... terrible.

    Cette histoire des wokes contre le latin aura fait à certains toute l’année. Quasiment tous les mois, on a eu nos articles à la titraille bien accrocheuse...

    #débunking #panique-morale #madeInJean-MiMiBlanquer

  • Une « plante pénis » rare vient de fleurir pour la première fois en 25 ans | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/218313/une-plante-penis-rare-vient-de-fleurir-pour-la-premiere-fois-en-25-ans

    Sans surprise, les foules affluent depuis quelques jours pour voir cette plante atypique. Évidemment, son nom, lui aussi peu commun, intrigue et attire la curiosité. Cette plante fait partie des trois plantes dites « pénis », avec, entre autres, la célèbre Amorphophallus titanium, le « phallus de titan ». Ce terme Amorphophallus a une signification simple : il veut dire « pénis informe ». Bien qu’à première vue, cette plante ne ressemble pas vraiment à un phallus, avec un peu d’imagination, l’on remarque bel et bien une petite ressemblance, avec son spadice élancé, cette tige blanche au centre.

    L’Amorphophallus decus-silvae a aussi une autre particularité : elle sent mauvais. Très mauvais. Pendant la phase de floraison, son spadice se réchauffe et émet une puanteur terrible, proche de celle d’une odeur de chair en décomposition, rapporte CNN. Cette particularité peu agréable a néanmoins un avantage : quand ça pue, c’est que la plante va enfin bientôt fleurir.

  • Les femmes se vaccinent plus que les hommes, et c’est encore une histoire de masculinité
    http://www.slate.fr/story/212931/pourquoi-femmes-davantage-vaccinees-hommes-covid-19-masculinite-genre-pandemie

    Afin d’expliquer cette inégalité femmes-hommes d’adhésion à la vaccination contre le Covid, Muriel Salle, maîtresse de conférence en histoire et spécialiste des questions de genre et médecine, avance plusieurs facteurs déterminants : « Il existe des éléments qui tendent à montrer que les femmes ont une plus grande sensibilité aux messages de prévention et de santé publique. En outre, elles sont également plus proches du système de santé, non seulement parce qu’elles ont l’habitude de consulter pour des motifs non pathologiques –comme la contraception par exemple– et de subir des dépistages, mais aussi parce qu’elles restent celles qui accompagnent davantage les enfants chez le pédiatre. »

    Même si certaines sont davantage enclines à se tourner vers les pratiques de soins non-conventionnelles et à représenter alors une minorité très visible parce que très active sur les réseaux sociaux et autres forums, il n’en demeure pas moins qu’une grande majorité d’entre elles est particulièrement impliquée dans le care de manière non-professionnelle. Non seulement elles sont souvent en charge de la santé de la famille nucléaire, mais « elles sont aussi majoritaires parmi les proches aidants », signale la docteure Hélène Rossinot, médecin en santé publique et autrice du livre Aidants, ces invisibles. Et d’ajouter : « Les aidants ont le réflexe de protéger et de s’occuper des autres. »
    Scripts de genre

    Et du côté des hommes ? Existe-t-il des déterminants socio-culturels qui les éloignent de la prévention ? Muriel Salle explique : « Il y a beaucoup de travaux qui montrent que la masculinité hégémonique conduit les hommes à avoir davantage de conduites à risque de manière directe et indirecte. Ils sont généralement plus éloignés de la prévention, du soin et de la vaccination. »

    « Nous sommes dans quelque chose d’assez systémique, genré et paradoxal », note l’historienne. Une étude parue en 2019 montre que plus les hommes adhèrent aux normes masculines traditionnelles et sont hétérosexuels et mariés, moins ils sont enclins à adopter des conduites que nous appellerions responsables en matière de soins, au profit de comportements à risque et d’un éloignement de la prévention.

    Selon cette étude, ils sont influencés par des scripts de genre masculin, qui leur dictent notamment une plus grande méfiance envers l’expertise du corps médical, ou un sentiment plus important d’invulnérabilité. On se souvient d’ailleurs que les hommes portent moins le masque que les femmes. La société leur a appris qu’ils devaient se montrer durs à la peine et que se référer au système de santé était réservé aux urgences, au risque d’être considérés comme trop sensibles.

    « Ces inégalités de genre face à la prévention, et ainsi à la vaccination, relèvent de questions d’apprentissage des normes et d’éducation à la santé. »

    Muriel Salle, spécialiste des questions de genre et médecine

    Autre aspect soulevé par cette étude, mais moins pertinent en France en raison de la gratuité des soins : ces hommes s’écarteraient des soins non absolument urgents de manière à ne pas créer des coûts jugés superflus, afin de rester garants de la sécurité financière de la famille. En outre, la perte financière serait aussi une des raisons pour lesquelles ils hésiteraient à s’absenter du travail pour se faire soigner.

    « On pourrait faire l’hypothèse que le degré de détachement à la masculinité primaire se voit dans les chiffres », commente Muriel Salle. Il serait, à ce titre, intéressant de voir si les hommes qui s’écartent des critères hétéronormatifs se font davantage vacciner que ceux qui y adhèrent pleinement. On sera d’ailleurs assez peu surpris que des personnalités masculinistes, comme Julien Rochedy ou Damien Rieu, s’élèvent contre la vaccination.

    « Ces inégalités de genre face à la prévention, et ainsi à la vaccination, relèvent de questions d’apprentissage des normes et d’éducation à la santé, signale Muriel Salle. À ce titre, on pourrait envisager, afin de retourner la tendance, d’utiliser la contrôle social par les pairs, comme cela a été fait avec Movember, le mois de sensibilisation aux maladies masculines. »

    On pourrait également, à destination de ces hommes ancrés dans la masculinité traditionnelle/conservatrice, prévoir des messages de sensibilisation dédiés en leur montrant le bénéfice individuel et collectif de la vaccination eu égard aux scripts de genre auxquels ils sont sensibles, tels que la protection de la famille ou la force acquise par la vaccination.

    Ces messages devraient alors être portés par des hommes validés pour leur caractéristiques masculines traditionnelles. On pourrait également –mais c’est aussi le cas pour la population générale– faire en sorte que la vaccination n’entraîne aucune perte financière, aussi minime soit-elle. Faute de quoi, la masculinité toxique le sera encore davantage, symboliquement et littéralement.

  • Peu d’adhérents mais des relais puissants, que pèse vraiment le Printemps républicain ?
    http://www.slate.fr/politique/le-printemps-republicain-devoile/episode-1-creation-mouvement-bouvet-clavreul-maillard-valls-lrem-laicite-islam


    Plus de quatre ans après sa création, le mouvement fondé par des proches de Manuel Valls s’est imposé dans le débat public en défendant une conception offensive de la laïcité et bénéficie d’une surface médiatique sans rapport avec son poids politique.

    Ils se présentent comme un mouvement citoyen, les gardiens d’une laïcité pure et sans tache. Telles des vigies de la République, ils dénoncent et pointent les dérives réelles ou supposées parmi le personnel politique, les fonctionnaires, les intellectuels et les journalistes. Omniprésents sur les réseaux sociaux, disposant de relais médiatiques bienveillants, ils distribuent bons et mauvais points, n’hésitant pas à appeler à la mise à l’index de leurs contradicteurs, inventeurs d’un nouveau délit de blasphème –le blasphème contre la République– et d’un nouveau délit d’intention –le soupçon de dérive communautaire.

    Peu nombreux, s’inspirant des concepts d’hégémonie culturelle de Gramsci et de « métapolitique », les fondateurs du Printemps républicain déploient, utilisant des techniques de spin doctors, un storytelling dans l’objectif de déclencher l’émotion dans l’opinion publique afin d’imposer leur narratif et susciter l’adhésion à leur discours. En quatre ans, ils ont ainsi réussi à devenir des acteurs prépondérants du débat public, bénéficiant d’une surface médiatique sans rapport avec leur poids politique.

    Pour cette enquête lancée il y a plus d’un an, une cinquantaine de témoins (anciens adhérents, sympathisants, opposants, chercheurs, acteurs de terrain, politiques, journalistes, activistes sur les réseaux sociaux...) ont accepté de nous parler du Printemps républicain, non sans difficulté –« trop polémique » pour les uns, « trop agressif » pour les autres. Nombre d’entre eux ont eu de fortes réticences à s’exprimer à découvert, réclamant d’être anonymisés par crainte de harcèlement numérique. Sollicités, les leaders du Printemps républicain n’ont pas souhaité répondre à nos questions, à l’exception de Gilles Clavreul et Denis Maillard sur certains points les concernant...

    • Et pour ceux qui n’avaient pas encore compris...

      Le Printemps républicain est, depuis ses débuts, soutenu par le très droitier Causeur, malgré quelques légers accrocs récents. Une personne présente lors d’un pot avec les organisateurs, à la fin du meeting de la Bellevilloise, rapporte l’enthousiasme qu’avait manifesté Élisabeth Lévy à voir enfin un mouvement traitant des sujets lui tenant à cœur : la nation, la République, la laïcité.

      Elle n’est pas la seule à leur accorder une grande visibilité. Des titres amis multiplient tribunes et articles : Marianne, L’Express, Figarovox, Le Point. D’autres, comme Atlantico, La Revue des Deux Mondes et Valeurs actuelles, moins directement impliqués, ouvrent volontiers leurs colonnes aux analyses du Printemps républicain et ses cercles plus ou moins rapprochés.

      Sur France Culture, les chroniques de Brice Couturier, signataire du manifeste, s’en font l’écho. Sur Europe 1, Sonia Mabrouk. Sur LCI, Caroline Fourest, non signataire du manifeste mais compagne de route assumée. Sans oublier le philosophe et chroniqueur Raphaël Enthoven.

      Fondé par Manuel Valls ça suffit à tout résumer au niveau idéologie...
      Oui ça c’est sûr...
      lire aussi la vallsisation de la « Gauche » :
      https://seenthis.net/messages/899638

    • Très actifs sur les réseaux sociaux, leaders et cybermilitants proches du Printemps républicain sont accusés d’attaquer très violemment tous ceux qui critiquent ou nuancent leur discours.
      http://www.slate.fr/politique/le-printemps-republicain-devoile/episode-3-reseaux-sociaux-cyber-harcelement-meute-insultes-menaces-pressions

      « T’inquiète, j’ai d’autres comptes. Je vais pas te lâcher après ce que tu as osé faire à mon pote. Je n’oublierai jamais. »

      Romain Gaspar, Isabelle Kersimon et Pierre Maurer — 11 février 2021 à 7h34

      « La façon dont fonctionne la page du leader du Printemps républicain, c’est de la désignation de cibles »

      Harcèlement, divulgation d’éléments privés, dénonciation à l’employeur, porosité avec la fachospshère, insultes... nouvelle enquête sur les méthodes du Printemps républicain

  • La fermeture des lieux culturels ne doit pas conduire à une réaction corporatiste

    Jean-Michel Frodon — 15 décembre 2020 à 8h00

    http://www.slate.fr/story/198109/fermeture-lieux-culturels-cinemas-concerts-theatre-covid-19-confinement-corpor

    La légitime colère du monde culturel face à la décision du gouvernement s’inscrit dans un contexte où c’est la place même de la culture dans le monde contemporain qui a besoin d’être reformulée.

    L’annonce par le Premier ministre, le 10 décembre, que les lieux de culture (cinémas, théâtres, musées, lieux de concert) ne rouvriraient pas le 15 décembre, et plus encore peut-être les conditions de cette annonce, ont suscité une colère considérable dans les milieux concernés. Cette colère s’explique en grande partie par le fait que, jusqu’à la dernière minute, une telle décision semblait pouvoir être évitée.

    Si on peut légitimement s’interroger sur une manière de procéder perçue comme d’une grande brutalité, le choix lui-même est la résultante de deux fonctionnements pour le moins discutables dans les prises de décision. Elle témoigne en effet du rôle des lobbys, ainsi que de la gestion par le pouvoir des ressentis collectifs –ou du moins de l’idée qu’il s’en fait, voire de la partie de la collectivité qu’il entend ménager. C’est le sens de la formule de Jean Castex concernant –sur un autre sujet, l’isolement des malades– « l’absence de consensus ».

    De toute évidence, même appuyés par la ministre en charge du secteur, les lobbys du monde culturel n’auront pas réussi à peser dans le sens qu’ils espéraient. Et la question du consensus n’a pas non plus joué en sa faveur, ou plutôt il a très probablement joué contre lui. Si personne n’est en principe « contre la culture », celle-ci ne dispose pas, ou plus, d’une suffisante légitimité pour que sa défense fasse consensus.

    Un isolement destructeur

    En lui refusant la réouverture, le pouvoir macronien a voulu s’éviter une multitude de réclamations supplémentaires d’autres secteurs, confiant que sa décision ne déclencherait pas de levée de boucliers au-delà des professionnels concernés. Ce qui est grave est qu’il a sur ce point raison.

    Et que la manière dont les milieux culturels ont réagi, ainsi que l’écho donné à leurs réactions, ne peuvent que conforter cet isolement, isolement calamiteux pour celles et ceux qui travaillent et vivent des pratiques culturelles, mais aussi un isolement destructeur pour l’ensemble de la collectivité.

    Par exemple, la belle initiative de la productrice, distributrice et exploitante Sophie Dulac publiant, gratuitement et en ligne, un recueil de textes en faveur du cinéma et de son lieu d’élection, la salle, frappe par sa composition : seul·es des professionnel·les du cinéma y disent combien celui-ci est important.

    Certains textes sont très beaux et très justes, mais comment ne pas songer que l’essentiel est ailleurs : dans l’importance du cinéma, du théâtre, des expériences artistiques pour tous les autres ?

    C’était quoi, l’exception culturelle ?

    Faire droit à la réouverture des lieux culturels sans pour autant en faire bénéficier d’autres secteurs aurait pourtant été cohérent avec une doctrine que la France a souvent revendiqué haut et fort, celle de l’exception culturelle.

    Mais si celle-ci est fièrement (et heureusement) défendue dans les arènes internationales, elle n’aura pas joué au moment de choix internes, qui en revanche laissent ouverts tous les magasins, ainsi que les lieux de culte. Exception commerciale et exception religieuse, donc, mais pas culturelle.

    La question du consensus est importante, et le président et ses ministres savaient n’avoir pas à redouter une forte mobilisation contre ce choix. La faute en incombe largement à un air du temps où le cynisme et la complaisance pour les satisfactions régressives et addictives sont ardemment promues.

    La survalorisation de la dite « pop culture », formule qui désigne en fait le formatage des goûts et des désirs par le marché dominant, y compris dans les lieux voués à l’éducation et à la découverte de formes nouvelles, a fortement contribué à cet état de fait.

    Il y a longtemps que la légitime volonté de considérer des formes autrefois marginalisées de productions culturelles (la série B ou Z, les jeux vidéo, le tout venant des séries télé, la musique industrielle, etc.) comme devant aussi être considérées s’est transformée en domination des propositions les plus racoleuses.

    Les réseaux sociaux auront évidemment contribué à amplifier ce phénomène appuyé sur la domination d’un marché où la propagande au nom du client roi valide en réalité la puissance quasi-illimitée du marketing.

    Le soutien de la ministre de la Culture ne se traduit que par la nécessaire, mais bien insuffisante promesse de subventions supplémentaires.

    Les professionnels de la culture ont de bonnes raisons d’être furieux. Dans la perspective d’une réouverture le 15 décembre, ils ont investi des sommes et des efforts considérables, réduits à néant par une décision annoncée à la dernière minute.

    À quoi il est juste d’ajouter un facteur insuffisamment considéré : contrairement à bien d’autres secteurs, le plus souvent celles et ceux qui travaillent dans les secteurs artistiques aiment passionnément leur métier. En plus d’en faire leur moyen d’existence matérielle, la dimension affective, qui est aussi d’accomplissement personnel et collectif, compte de manière importante dans la violence de la frustration.

    La souffrance des professionnels de la culture est réelle, les difficultés matérielles et pas seulement sont catastrophiques pour beaucoup, les colères qui s’expriment sont légitimes, il n’est pas question ici de les remettre en question. Il est question d’essayer de comprendre comment on en est arrivés là.

    S’il existe une exception culturelle, c’est au nom de l’intérêt collectif, pas pour la défense de telle ou telle corporation.

    Oui les professionnels de la culture sont frappés de plein fouet par les décisions prises, et on entend bien qu’ils expriment cette souffrance. Mais s’il existe une exception culturelle, et donc la possibilité de prendre des mesures spécifiques concernant les arts, c’est au nom de l’intérêt collectif, pas pour la défense de telle ou telle corporation.

    À quoi s’ajoute la déferlante de démagogie aujourd’hui dans l’air du temps qui associe volontiers la culture à un « truc de bobos », ensevelissant dans les poubelles de l’histoire la longue et magnifique histoire de la culture populaire (troupes de théâtre, groupes de musiciens, chorales, ciné-clubs, multiples associations de terrain dont l’historique Peuple et Culture reste une référence majeure, etc.), pratiques dont les forces vives sont loin d’avoir toutes disparues.

    Atomisation de la société

    Le maintien sous le boisseau de la majeure partie de la vie culturelle apparaît ainsi comme une forme particulièrement visible, et perverse, d’un phénomène que la pandémie aura aggravé dans des proportions considérables : la réduction de chacun·e à une seule fonction, et la défense des intérêts de cette fonction.

    Non seulement les professionnels de la culture, passée la phrase convenue sur l’importance universelle de la culture, s’expriment et ne sont entendus qu’au nom de leurs intérêts, ni plus ni moins que les tour-opérateurs, les patrons de boîte de nuit, les propriétaires de gymnase, les gestionnaires de remontées mécaniques –professions parfaitement honorables au demeurant, là n’est pas le sujet.

    Mais nul ne semble plus dans ce pays pouvoir exister en même temps (eh oui !) comme professionnel d’un secteur, comme parent d’une personne à risque, comme citoyen ayant tant soit peu le sens de l’intérêt général –médical, éducatif, culturel.

    Dans le processus bien plus global d’atomisation de la société selon de multiples lignes de fractures, le Covid-19 joue un rôle d’accélérateur, alors même qu’il touche tout le monde. Dans ce contexte, on aurait pu espérer que les voix de la culture allumeraient un contre-feu, même limité, à ces fractionnements. Force est de constater qu’il n’en est rien.

    Il est d’ailleurs très remarquable, et très regrettable, que dans les multiples protestations émanant du « monde de la culture », il n’y ait pas un mot concernant la maladie, une maladie qui tue chaque jour, pour ne parler que de la France, des centaines de personnes.

    Voir, entendre, sentir, penser différemment

    C’est compliqué de penser ensemble la réponse à une menace bien réelle, la pandémie, et la défense d’un ensemble de pratiques ? Précisément ! C’est la raison même de la singularisation des arts parmi l’ensemble des activités humaines : être ce qui permet à tous de déplacer ses perceptions, de voir, sentir et penser différemment.

    La culture relève d’une exception parce qu’elle aide, elle devrait aider à développer d’autres rapports aux repères institués, aux réflexes conditionnés par le marché et les idéologies, aux paresses de l’esprit et à leurs conséquences, qui peuvent être tragiques.

    En se moulant dans la seule posture protestataire classique de tout secteur qui se considère lésé, le monde de la culture perd ce qui légitime la revendication d’une exception qui n’est pas un privilège, mais la prise en compte de sa singularité fonctionnelle, sociale.

    Que les réactions du monde culturel soient de même nature que celles des autres corporations ayant à pâtir des décisions gouvernementales conforte ceux qui nous dirigent dans le sentiment qu’ils ont, eux, un point de vue sur l’ensemble de la collectivité, par opposition à toutes les revendications sectorielles, qu’il serait alors possible d’éteindre ou de réduire par des mesures de soutien financier.

    À l’évidence, c’est la nature même de ce que signifie le mot « culture » qui est en déshérence, ventre mou qui laisse les gestionnaires durs agir à leur guise. Le défi dès lors porte sur les manières nouvelles, actuelles, de dire pourquoi la poésie et le théâtre, le cinéma et la musique, les arts plastiques et les arts du cirque, etc., sont collectivement nécessaires (et pas uniquement un gagne-pain pour certains, aussi estimables et talentueux soient-ils). Comment ils peuvent nous aider à vivre ce temps de trouble extrême, et à imaginer ses lendemains.

    Les formulations de naguère, celles de Malraux, de Vilar, de Vitez ou de Lang, sans avoir fondamentalement perdu de leur justesse, sont désormais pour une large part irrecevables aux oreilles contemporaines. La question est bien ici de savoir si cela peut se dire autrement, dans le temps de maintenant, et être entendu. Jusqu’à présent, les manières de s’exprimer de celles et ceux qui ont pris la parole n’y aident guère.

  • Le plus grand frein à la carrière des femmes n’est pas d’avoir des enfants, c’est d’avoir un mari (qui ne coopère pas)
    http://www.slate.fr/story/94817/frein-carriere-femmes-mari-cooperatif


    (J’ai mis le "qui ne coopère pas" du titre entre parenthèse car il est d’une hypocrisie assez insupportable lorsque le déroulement de l’article t’apprend que la très très large majorité des mecs (70%) en couple hétéro déclarent ouvertement se torché le gland sur la carrière de leur conjointe)
    –----
    Plusieurs études récentes rappellent que contrairement aux hommes, les femmes sont pénalisées au travail (en termes de salaire et de progression de carrière) lorsqu’elles ont des enfants.

    Mais une étude à paraître dans la Harvard Business Review montre que plus encore qu’avoir des enfants, le facteur déterminant est de savoir si une femme est dans un couple où la carrière du mari passe systématiquement avant la sienne.

    Trois chercheuses en sociologie et en business, Robin Ely, Pamela Stone et Colleen Ammerman, ont interrogé plus de 25.000 diplômés de la prestigieuse Harvard Business School. Elles ont trouvé que plus d’hommes avaient atteint des positions de haute responsabilité et qu’ils étaient en moyenne plus satisfaits au travail que les femmes.

    Mais contrairement à leurs attentes, elles n’ont pas trouvé que cet écart était causé par le fait d’avoir des enfants. Par contre, les chercheuses ont observé chez les femmes une corrélation entre le manque de satisfaction par rapport à leur carrière et le fait d’avoir un mari dont les ambitions passaient toujours en premier.

    La majorité des femmes interrogées ont dit qu’elles s’attendaient à être dans un couple où la carrière de chacun serait également prise au sérieux. Mais le sondage montre qu’elles avaient été trop optimistes : pour 40% d’entre elles, c’est le travail de leur époux qui a en fait été considéré comme prioritaire. Par contre, plus de 70% des hommes s’attendaient à ce que leur carrière soit prioritaire sur celle de leur femme, et leurs attentes n’ont pas été déçues.

    Dans Slate.com, Jessica Grose rappelle qu’en 2005, l’avocate et auteur Linda Hirshman avait donné un conseil controversé aux femmes ambitieuses : épouser un homme qui a moins bien réussi qu’elles. En anglais, on parle du concept de marry down, c’est-à-dire se marier avec quelqu’un qui a moins de « potentiel » et qui gagne moins que vous. C’était selon elle un des seuls moyens pour que les hommes acceptent de faire passer leur carrière au second plan. Cette étude semble montrer qu’elle avait raison.

  • Askolovitch rejoint le point « troussage de domestique » de JF Kahn : écœurant de connivence viriliste pour le responsable politique monnayant ses faveurs. A lire pour comprendre comment se construit la confiance « d’homme à homme »…
    Gérald D. et les garçons impatients
    http://www.slate.fr/story/192663/remaniement-gerald-darmanin-ministere-interieur-ascension-impatience-feministe

    La nomination de Gérald Darmanin à l’Intérieur illustre bien l’ambition, la soif de conquête, l’accumulation et la tactique qui caractérisent nos hommes de pouvoir contemporains.

  • « Qu’est-ce qu’une femme ? », la question qui oppose activistes trans et féministes radicales
    http://www.slate.fr/story/185381/feminisme-feministes-critiques-genre-gender-critical-terf-activistes-trans-def

    Certaines militantes refusent qu’un ressenti d’identité de genre suffise à déterminer qui est une femme. Connues sous le nom de « TERF », elles préfèrent se définir comme « critiques du genre ».

    En juillet 2018 au Canada, l’activiste transgenre Jessica Yaniv a porté plainte pour discrimination contre une esthéticienne qui avait refusé de lui faire une épilation brésilienne.

    Yaniv est une femme trans, et lorsqu’elle a précisé qu’elle avait des organes génitaux masculins, l’esthéticienne a annulé le rendez-vous. Cette dernière a expliqué qu’épiler des organes génitaux masculins la mettait mal à l’aise et qu’elle n’était pas formée à ce genre d’épilation intime.

    Pour Yaniv, il s’agissait d’une discrimination transphobe ; en octobre 2018, un tribunal de Colombie-Britannique a pourtant donné raison à l’esthéticienne. Selon son avocat, « aucune femme ne devrait être obligée de toucher des organes génitaux masculins contre son gré, quel que soit le genre de la personne ».

    La plainte de Jessica Yaniv est extrême et a été critiquée par d’autres activistes trans au Canada, mais son procès permet de comprendre le débat qui fait rage entre féministes radicales et activistes trans, notamment en Amérique du Nord et en Angleterre.

    Si, comme Yaniv, une personne née homme peut se dire femme, donc déterminer son propre genre et demander l’accès à certains espaces ou services, les droits des personnes trans représentent-ils alors une menace pour les droits des femmes ?

    C’est ce que pensent certaines féministes radicales, qui se décrivent comme « gender critical » (« critiques de la notion de genre ») et que leurs adversaires qualifient de « TERF », pour « trans exclusionary radical feminists », soit des féministes radicales excluant les personnes trans.

    Le cas Yaniv montre que l’idée que « les femmes trans sont des femmes », le slogan revendiqué par les activistes, peut s’avérer compliquée dans certains cas pratiques précis –le sport de compétition est un autre exemple controversé.

    • Elle explique au magazine The Stranger : « Si Aimee Stephens avait dit : “Je suis un homme qui veut porter une jupe et le droit [contre la discrimination basée sur les stéréotypes de genre] me protège”, alors WoLF l’aurait probablement soutenue. Mais Aimee Stephens dit : “Je suis une femme et les femmes portent des jupes.” Cela devrait être choquant pour toutes les personnes qui ne se conforment pas à la binarité de genre. »

      #genre #femmes #stéréotypes #trans #essentialisme

    • Certaines militantes refusent qu’un ressenti d’identité de genre suffise à déterminer qui est une femme. Connues sous le nom de « TERF », elles préfèrent se définir comme « critiques du genre ».

      Je ne suis pas trop d’accord. On peut lutter contre l’auto-identification (je suis une femme parce que je dis être une femme), soit penser le genre comme un fait social qui implique un regard social (être une femme, c’est vivre une vie de femme car on est perçue comme une femme) sans être critique du genre ou trans-exclusive.

      C’est vraiment un coup assez malsain, de confondre auto-identification et acceptation des femmes trans. Et de se tenir à un être une femme c’est ou bien c’est avoir un utérus ou bien c’est dire qu’on est une femme. Car entre les deux il y a l’existence sociale en tant que femme. Il se trouve que c’est la solution la moins commode mais c’est celle qui a été adoptée par la France et elle n’est pas incompatible avec les droits des trans.

      Les activistes trans pensent que ces obligations sont excessives, alors que les féministes radicales s’opposent au fait que l’on puisse devenir femme aux yeux de la loi par simple déclaration. Leur définition de la femme est basée sur des propriétés biologiques communes, comme les chromosomes, l’anatomie et les hormones.

      Ça contribue à faire du débat une guerre de tranchées sans nuance - et qui est au passage la plus violente qu’on ait vue contre les féministes. Aucun mouvement masculiniste ne s’est attaqué à des féministes avec un tel succès : censure sur Twitter et IRL (bibliothèques de Seattle, Vancouver et Toronto et j’en oublie en Europe, voir @tradfem qui traduit ces philosophes critiques qu’on essaie de faire taire), saccage de la bibli des femmes à Vancouver, attaque physique contre une féminine sexagénaire au Royaume-Uni. C’est hallucinant, de se dire que des mouvement trans réussissent à faire taire des féministes là où tant d’autres ont échoué.
      #féminisme

    • Attention, suivant le contexte « critique du genre » peut parfaitement correspondre, puisque les féministes radicales non essentialistes critiquent justement le fait même qu’on ait besoin de genre càd le fait que socialement on associe des stéréotypes sur tous les plans de la vie (habits, métiers, sexualités, etc) aux personnes qui ont tel ou tel critère physique, et que donc à la base ya tout un mouvement pour « abolir le genre », et non pas pour le choisir soi-même.

    • « Critique du genre », oui c’est plus vaste et j’imagine que les féministes qui utilisent cette expression le font pour agrandir leur front. C’est surtout caricaturer tout refus de l’auto-identification en trans-exclusivité qui est débile. Caricaturer l’autre, ça fait partie de la violence entre groupes politiques de toute manière.

      Entre tout ça, l’auto-identification et la réduction du genre au sexe, il y a « je me sens femme, donc j’endosse cette identité sociale, je suis perçue comme une femme et j’ai cette expérience en commun avec les autres femmes ». L’auto-identification donne l’occasion de vivre une vie de femme et de faire cette expérience sociale et c’est ces bases-là qui sont intéressantes politiquement, pas des sentiments individuels.

      Certaines femmes trans féministes disent même que c’est le regard social et le traitement comme une meuf qui a fait d’elles des femmes. Celles qui s’en tiennent à leurs sentiments individuels sortent des clichés sur la féminité (sexe faible, douceur, beauté) qui font tousser des femmes.

      J’ai une copine qui s’en veut encore de la complaisance avec laquelle elle a reçu une personne avec un corps visiblement masculin et une expression de genre masculine dans un festival lesbien interdit aux hommes. Le type (c’est comme ça qu’elle l’a perçu) étant pas du tout agressif ou moqueur et apparemment sincère, elle l’a laissé rentrer sans l’interroger sur son arbitrage entre ses besoins (être reconnu comme une femme et participer à un moment entre femmes) et les besoins de... 500 femmes dont la moitié est venue de l’autre bout du pays pour participer à un moment entre femmes sans ces personnes qui cumulent corps masculin et expression de genre masculine (il y a des butch au festival, des femmes trans mais personne identifiable à un homme cis). Elle m’a aussi dit qu’elle a regretté de ne pas lui avoir montré une expo qu’il y avait sur les insultes sexistes, des dizaines collées au mur qui donnent à voir ce que c’est d’être une femme : pas se dire dans sa tête qu’on est une femme mais être traitée comme telle. Le mec n’est pas revenu mais il a mis le malaise à 500 meufs pendant une soirée. Et sans qu’on ose le lui dire, puisqu’il y a beaucoup de refus de débattre et de demander des comptes sur cette question et donc beaucoup d’auto-censure.

    • Il est logique que les idées des féministes critiques du genre soient combattues, dans la mesure où certaines de leurs positions mènent de fait à l’exclusion des personnes trans et à la négation de leur expérience.

      Mais le problème est que certain·es activistes trans font pression pour qu’un nombre toujours croissant d’opinions et de déclarations soient considérées comme transphobes, même lorsque c’est discutable

      combattues > débattues, non ?
      Des fois des journalistes font de super synthèses sur des questions très riches, des fois c’est des trucs assez nuls et confus ou bien maladroits. J’ai l’impression tout le long qu’elle essaie de garder un certain équilibre alors qu’elle a choisi son camp et oppose les deux assez bêtement.

  • En Floride, une conférence masculiniste pour « féminiser » les femmes
    http://www.slate.fr/story/186155/etats-unis-floride-conference-masculiniste-22-convention-femmes-make-women-gre

    Les promoteurs de la 22 Convention décrivent leur série de conférences en Floride comme « l’événement de mansplaining du siècle ». Pendant trois jours en mai 2020, une dizaine d’hommes militants masculinistes prévoient en effet d’expliquer à un public exclusivement féminin comment être des « femmes idéales ».

    Pour 1.999 dollars (actuellement en promotion pour 999 dollars), les participantes pourront apprendre à être « une belle femme » et à rejeter le féminisme.

  • Il serait temps d’admettre que les violences sexuelles sont un problème collectif
    http://www.slate.fr/story/186176/agressions-sexuelles-mineurs-revolution-societe-matzneff-springora

    À votre avis, combien va-t-il falloir de révélations sur des histoires de violences sexuelles avant qu’on admette que nous avons un problème ?

    Je veux dire : un problème collectif. Un problème qui dépasse le cadre du cas particulier, de la vie privée, de l’exception terrible, du « elle a vraiment pas eu de chance », du « en même temps, elle aurait pu s’y attendre », voire du « bah tout ça, c’est la faute de sa mère » (affirmation employée aussi bien pour parler des victimes que des agresseurs).

    L’autre jour, j’ai lu cet article de l’Obs racontant le combat d’Eva Thomas, qui a parlé publiquement de l’inceste par son père dont elle avait été victime quand elle avait 15 ans. Son témoignage a été considéré comme un tournant. Le silence autour de l’inceste était fini. La parole se libérait. Plus rien ne serait comme avant. C’était en 1986.

  • 52-62, mon enfance en #Algérie

    Que sent un pays en guerre ? Quels souvenirs emporte-t-on de son enfance en Algérie, quand on a dû la quitter à l’âge de 10 ans ? Pourquoi, au milieu du parfum des figuiers, des sardines grillées et des oranges, se souvient-on aussi de l’odeur du pétrole et de celles des égouts ?

    René, 67 ans, raconte à sa fille Nina ses années 52-62, ses années algériennes, celles de l’enfance et de la guerre. En cinq épisodes, il fait appel à ses sens pour se souvenir de ce que ses yeux d’enfant ont vu, de ce que son nez sentait, de ce qu’il mangeait et ne mange plus, de ce que ses mains saisissaient pour jouer, de ce que son corps ressentait sous le soleil oranais, les langues mêlées qu’il entendait au marché, les bruits sourds des armes et, parfois, des larmes.

    https://soundcloud.com/slate-fr/sets/52-62-mon-enfance-en-algerie

    source : http://www.slate.fr/podcast/182307/jouer-dans-les-egouts-pour-apprendre-survivre-52-62-enfance-guerre-algerie

    #podcast #guerre_d'Algérie #colonisation_française #OAS #FLN #Oran

  • Laurent Alexandre, le grand soir vegan est bidon (et vous le savez) | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/181164/laurent-alexandre-grand-soir-vegan-argument-bidon

    Dans un récent billet publié dans L’Express, Laurent Alexandre alerte : « Le véganisme détruirait la France. » L’homme signe en tant que chirurgien, énarque, entrepreneur et aujourd’hui business angel : ça en impose et c’est donc en toute humilité que je vais essayer de lui montrer qu’il dit à peu près n’importe quoi, se contentant de dérouler un argumentaire aussi effrayant qu’absurde.

    Comme le titre l’indique, son propos est évidemment apocalyptique : « Les conséquences sociales, économiques, culturelles et médicales seraient désastreuses. » Il évoque « une crise économique majeure dans les villes portuaires », des montagnes qui « dépériraient à vive allure », un « exode rural massif », « la fin des ruches (qui) modifierait les écosystèmes végétaux », ou encore « la disparition de l’industrie laitière et fromagère » sans oublier la gastronomie « condamnée à mort » et la mode française « handicapée par l’interdiction du cuir, de la soie et de la laine ».

    Une sorte de tsunami végétal s’abattrait sur notre beau pays, faisant de nos prairies des « landes disharmonieuses » tandis que « les ravissants ports de pêche avec leurs petits bateaux colorés qui font le charme de Saint-Jean-de-Luz ou de Douarnenez disparaîtraient ».

    Rassurons d’abord le docteur Alexandre : non seulement, la plupart des personnes vegans ignorent qu’elles ont un tel pouvoir mais elles n’ont pas forcément l’intention ni la force (avec toutes leurs carences, hein...) d’éradiquer les montagnes.
    Carte postale de Douarnenez vs chalutiers oubliés

    Observons ensuite que les ports de pêche se désertifient depuis pas mal de temps et qu’on y trouve de plus en plus de bateaux de plaisance, de moins en moins de pêcheurs et beaucoup de béton. Si le chroniqueur était honnête, il ne se contenterait pas de cette image d’Épinal et dirait honnêtement que la pêche artisanale souffre davantage aujourd’hui de la concurrence de l’aquaculture (avec antibiotiques et algues invasives) et des chalutiers (qui ramonent sans vergogne les fonds marins, bousillant les écosystèmes, mais ça on s’en fout, j’imagine) que des rares Français·es qui ne mangent pas de poisson. Car, en France, souligne Le Journal de l’environnement, on surconsomme du poisson et donc on en importe, beaucoup, d’autant plus que nos ressources halieutiques diminuent, nous conduisant à pécher des poissons de plus en plus petits. Mais il est vrai que c’est joli, ces bateaux colorés et que le véritable ennemi est ce dangereux « bobo militant ».

    D’ailleurs, étonnons-nous de cet argument massue régulièrement brandi par les lobbys de l’industrie animale : le grand soir vegan. Du jour au lendemain, tout a changé, tout a disparu, notre civilisation est effacée. Se grandit-on à inventer un tel cyclone en sachant pertinemment que le changement, s’il s’opère, sera long, très long ? Que des décennies de mode de vie ne se changent pas en quelques heures ? Que rien ne menace aujourd’hui les prairies normandes ? Laurent Alexandre est assurément brillant : qu’il fasse semblant de croire à cette vision catastrophiste me navre.

    Et m’évoque cette tautologie régulièrement entendue : si on cesse de manger les animaux que l’on élève, ils vont disparaître. Traduisez le sophisme : il faut les tuer pour qu’ils vivent. Je n’ai aucun mal à débattre des vertus ou méfaits de l’élevage, avec quelqu’un qui souligne l’intérêt des bouses dans les prairies ou adore manger de la côte de bœuf mais, par pitié, évitons les argumentaires oiseux. Chacun·e sait qu’il n’y aura pas de grand soir vegan et qu’on n’élève pas des animaux pour leur bien.

    #panique_morale #vegan #végétarisme #carnisme

  • Archive ouverte HAL - Femmes en armes au XVIe siècle
    https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00687858

    Résumé : La question de la violence des femmes sous l’Ancien Régime a été particulièrement étudiée pour le XVIIIe siècle, bien représenté grâce aux travaux d’Arlette Farge et Cécile Dauphin, Dominique Godineau et Jean-Clément Martin. Les XVIe et XVIIe siècles n’y sont traités qu’au travers des guerres de Religion et de la Fronde : trop souvent les femmes y sont soit représentées comme victimes soit comme des sujets d’amusement ou de curiosité. Les sources ne sont pas aussi catégoriques : les femmes se battent, sont violentes et sont armées en temps de guerre comme en temps de paix. Formées, elles participent activement à la guerre : entre victimes ou combattantes, certaines choisissent l’action pour préserver leurs biens, leurs intérêts et leur vie. Se pose alors la question des rapports entre les hommes et les femmes dans une société hiérarchisée où le rang est plus important que le sexe.

    #violences #femmes #guerre #armes #histoire #historicisation

  • Découvrez la #Pangée_politique

    L’éclatement et l’assemblage des continents est sans doute l’un des cycles les plus importants dans l’évolution biologique et géologique de la Terre. Ces mouvements « affectent par exemple la façon dont les espèces peuvent se mêler facilement au fil du temps », expliquait la revue Nature l’an dernier. A trois reprises dans l’histoire de notre planète, les terres émergées ont été réunies en un seul continent. Il y eut d’abord #Nuna, formé il y a 1,8 milliard d’années. Après dislocation de celui-ci, il y eut la #Rodinia (1 milliard d’années environ). Ce super continent s’est lui aussi disloqué donnant naissance à la Pangée il y a 300 millions d’années. La voici sur une carte, très connue :

    Le site scientifique américain io9 a déniché via Reddit un formidable mash-up de cette carte de la Pangée et d’une carte avec les actuelles frontières politiques. Cette superbe « Pangée politique » serait l’œuvre d’un Italien, Pietrobon, qui a posté sa création sur son blog :

    La #dérive_des_continents continue et, progressant de quelques centimètres par an, entraînera à terme la création d’un nouveau « supercontinent ». Plusieurs scénarios sont possibles dont celui de la Pangée ultime (dans 250 millions d’années, l’Afrique s’intercalera entre l’Europe et l’Amérique, l’Australie se déplacera vers le nord pour fusionner ave l’Asie, tandis que l’océan Atlantique disparaîtra purement et simplement) ou l’Amasie (un rapprochement de l’Asie et de l’Amérique). Les cartes sont là, il suffit d’ajouter les frontières actuelles pour une nouvelle Pangée ou #Amasie politique.

    http://www.slate.fr/life/73269/decouvrez-la-pangee-politique

    ça date de 2013 —> pour archivage

    #pangée #pangea

  • Guingamp. La prison transformée en école à la rentrée - Guingamp - LeTelegramme.fr
    https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/guingamp/culture-la-prison-transformee-en-ecole-a-la-rentree-19-06-2019-12316436


    Voilà deux ans que Philippe Le Goff, le maire de Guingamp, préparait l’arrivée de l’Inséac dans l’ancienne prison de Guingamp.
    Photo Emmanuel Nen

    En septembre, GwinZegal ne sera plus le seul locataire de l’ancienne prison de Guingamp. Le centre d’art partagera les lieux avec l’Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle. Une arrivée qui, à terme, va « créer une attractivité culturelle et doper la ville », se félicite Philippe Le Goff, le maire de Guingamp.

  • Merci Valeurs actuelles, mais la terreur féministe n’existe pas ! | Titiou Lecocq
    http://www.slate.fr/story/177366/medias-valeurs-actuelles-terreur-feministe-egalite-femmes-hommes

    « On a bien rigolé avec votre couv. Et puis ça nous donne l’occasion de repréciser deux ou trois choses. »
    Il y a des moments de découragement profond dans la vie d’une féministe, des périodes où tout est obscur. Heureusement, dans ces moments-là, Valeurs actuelles répond toujours présent pour nous remonter le moral. Ainsi, la couv de cette semaine a consolé toutes les féministes malheureuses...

  • Dans un signalement de @le_bougnoulosophe, cette photo de Renaud Camus à #Montpellier avec la Ligue du Midi en octobre 2016 :
    http://www.slate.fr/story/174768/nouvelle-zelande-christchurch-idees-terroriste-france-grand-remplacement-renau

    Alors certes ce n’est pas un massacre au fusil automatique, mais du coup l’idée que Camus n’aurait aucun lien avec la violence…

    Violences à la fac de Montpellier : la Ligue du Midi impliquée ?
    https://www.liberation.fr/france/2018/09/13/violences-a-la-fac-de-montpellier-la-ligue-du-midi-impliquee_1678593

    Six personnes ont été déférées jeudi matin au TGI de Montpellier. Cinq hommes et une femme, tous soupçonnés d’être liés aux violences commises le 22 mars sur les étudiants qui occupaient un amphi de la fac de droit et de sciences politiques. Et toutes semblent être proches de la Ligue du Midi, le groupuscule régionaliste et identitaire constitué autour de la famille Roudier.

    Pour mémoire, cette nuit de mars, un commando d’une dizaine de personnes, la plupart cagoulées, certaines armées de planches, avait violemment expulsé des étudiants et militants. L’enquête a établi que le doyen de la fac, Philippe Pétel, et Jean-Luc Coronel de Boissezon, codirecteur du master en histoire du droit, n’ignoraient rien de ce qui se préparait. Tous deux ont été mis en examen et suspendus. Selon les informations livrées jeudi par Christophe Barret, procureur de Montpellier, c’est la compagne de Coronel de Boissezon qui aurait organisé cette opération en demandant à des connaissances d’« évacuer l’amphi ». Après avoir passé quelques coups de fil (sur lesquels les enquêteurs se sont appuyés), la petite bande s’était ainsi retrouvée aux abords de la fac. Dans le groupe : un colonel à la retraite, qui reconnaît avoir été dans l’amphi mais nie avoir violenté les étudiants. Et Martial Roudier, 38 ans, le fils de Richard Roudier, figure de proue de la Ligue du Midi. Lui affirme qu’il n’était pas sur les lieux.

    Quant à l’organisatrice de l’opération, âgée de 47 ans, elle dirige une société de conseil en relations publiques et évolue, selon nos informations, dans différents milieux de l’ultra-droite. En 2012, elle se serait présentée aux législatives, dans le Rhône, sous la bannière « Alliance royale », un groupuscule royaliste et pro-vie. Elle pige à l’occasion pour Lengadoc Info, le site identitaire de Martial Roudier, et intervient dans des événements de la Ligue du Midi.

  • Au tribunal, le sexisme fait encore recette | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/173472/droit-plaidorie-sexisme-avocats-proces-violences-femmes

    À l’ère de MeToo, la misogynie continue à servir d’argument dans les plaidoiries des procès pour violences sexistes.

    « Sa jupe était courte », « elle avait le regard aguicheur », « elle était ivre », autant de phrases qui font bondir les réseaux sociaux, couler l’encre des médias et alimentent une culture du viol trouvant encore sa place au prétoire.

    L’usage du sexisme en plaidoirie puise sa source dans un milieu fortement marqué par les discriminations de genre.

    Le principe d’immunité de la robe

    Lorsque l’on pose la question aux avocates et avocats, le premier argument de défense en faveur de l’emploi du sexisme en plaidoirie réside dans « l’immunité de la robe ». Derrière cette tournure, des textes de loi leur octroyant une liberté d’expression bien plus large, afin de défendre pleinement leur clientèle devant la justice.

  • Les économistes craignent de voir des « gilets jaunes » aux quatre coins du monde
    http://www.slate.fr/story/171177/economistes-inegalites-richesse-pauvrete-gilets-jaunes-monde

    Si la personne et la politique d’Emmanuel Macron étaient seules responsables de la colère des « gilets jaunes », le problème serait simple et …

    • Et il n’est pas du tout certain que nous allions dans la direction d’une plus grande justice. Dans un discours très remarqué prononcé le 4 décembre dernier à Washington, Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a prévenu : « D’ici à 2040, les inégalités pourraient dépasser tous les records ». Le tableau dressé par l’ancienne ministre de l’Économie de Nicolas Sarkozy est saisissant : « La puissance des monopoles technologiques, la faiblesse des États et l’inefficacité des politiques nationales risqueraient d’étouffer la réussite des jeunes entreprises. Les progrès dans le domaine de la santé pourraient permettre aux plus riches de vivre plus de 120 ans, alors que des millions d’autres croupiraient dans l’extrême pauvreté et la maladie ». La conclusion est claire : si nous ne faisions rien, « nous pourrions entrer dans l’ère de la colère ».