Roman national, suite
"Le Pen avait toujours été là, à côté de Mitterrand, comme son ombre, voire son reflet dans le miroir (il y avait très souvent un miroir dans ces dessins, Mitterrand aimait en effet, je l’ai déjà raconté, quand il était devant le miroir de sa salle de bains, placer sous son nez les poils blancs de sa brosse à dents en entonnant « Maréchal nous voilà », et jusqu’alors je n’avais pas compris qu’il faisait cela pour amuser Le Pen qui assistait à la scène dans un coin !). Quand Mitterrand avait-il connu le jeune Le Pen (une dizaine d’années seulement séparaient les deux hommes) ? Les documents en ma possession et mes propres dessins me permettaient de répondre à cette question. Feuilletant le « Journal pour Jean-Marie » d’une main et dessinant de l’autre, les circonstances exactes de leur première rencontre m’apparaissaient clairement. Dans les années cinquante, Le Pen et Mitterrand fréquentaient tous les deux le milieu littéraire et artistique parisien. Ils allaient aux mêmes soirées mondaines, toujours en charmante compagnie, et se retrouvaient aux côtés d’écrivains qu’ils appréciaient autant l’un que l’autre, écrivains pour la plupart d’extrême droite. Une passion commune pour les femmes d’origine nordique les rapprocha, ils discutèrent ensemble et furent surpris de constater qu’ils étaient tous les deux de grands lecteurs des écrivains collaborationnistes, Brasillach, Drieu La Rochelle, Céline."