Je me suis attaché à ne relever que les propos tenus par des « sommités » en la matière (Véran, Flahaut, Davido) et voilà ce que ça donne :
[la fin du masque en intérieur] ce sera au printemps » a promis mercredi le ministre de la Santé Olivier Véran.
« Il faut voir ce que l’on appelle aujourd’hui "restrictions". Ce ne sont plus des mesures de confinement ni des couvre-feux, qui n’ont plus eu cours en France depuis de longs mois, elles sont davantage supportables du plus grand nombre », estime Antoine Flahault, épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale à Genève
« malgré la flambée des contaminations par le variant Omicron en fin d’année, la France n’a pas reconfiné comme l’Allemagne et les Pays Bas ont pu le faire », renchérit le Dr Benjamin Davido, infectiologue et médecin référent de crise Covid-19 à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine).
La levée de l’obligation du port du masque en extérieur est bienvenue, d’autant que son efficacité n’a jamais été démontrée », soulignent de concert l’épidémiologiste et l’infectiologue.
« les Français ont adapté leur mode de vie, ils télétravaillent plus et fréquentent moins les lieux publics clos. Et je ne suis pas persuadé qu’il va y avoir une ruée vers les boîtes de nuit dès leur réouverture », poursuit le Dr Davido.
« Cette forme de vaccination obligatoire déguisée a vocation à stimuler la vaccination de la population et la protéger des formes graves, mais aussi à protéger malgré eux les non vaccinés en les empêchant de fréquenter les bars, restaurants et transports publics où circule massivement Omicron chez les personnes vaccinées », rappelle Antoine Flahault.
« il faut rester prudent face au risque de faux plat, à l’image du Royaume-Uni, qui a connu une reprise épidémique et hospitalière forte sous l’effet du sous-variant BA.2 d’Omicron. Or, s’il commence à se dessiner, nous n’avons toujours pas atteint le pic des hospitalisations », prévient le Dr Davido.
« Et les hospitalisations pédiatriques n’ont jamais été aussi élevées depuis le début de la pandémie », complète Antoine Flahault.
« supprimer trop rapidement les jauges et le pass vaccinal semble encore prématuré, alors que ce sont des mesures destinées à protéger la population contre les formes graves et éviter l’engorgement des hôpitaux », juge l’épidémiologiste.
« face à un variant si contagieux, compliqué à freiner mais moins virulent, et il est légitime d’aller de l’avant, tempère le Dr Davido. En outre, on se rapproche de l’élection présidentielle, ce qui joue forcément : maintenant que le pic est dépassé, pour l’image, le gouvernement doit montrer que le pays va de l’avant ».
« Les vacances d’hiver commencent, et on l’a vu ces deux dernières années, elles s’accompagnent de rebonds épidémiques : il y a deux ans, on avait le cluster de Contamines-Montjoie en Haute-Savoie, et l’année dernière, avec la troisième vague, on a passé le premier semestre sous couvre-feu. Il ne faut pas crier victoire trop tôt et sous-estimer l’impact des mouvements de population durant ces vacances, insiste l’infectiologue. Il y a quelques semaines, on ignorait encore la déferlante Omicron qui se profilait. Il ne faudrait pas que le gouvernement soit présomptueux avec des annonces trop optimistes. Rien ne permet d’affirmer qu’il n’y aura pas de retour de bâton à l’automne avec de nouveaux variants et une reprise épidémique ».
« Il n’y a pas de secret : on a un vaccin qui a prouvé son efficacité contre les formes graves, donc il faut poursuivre l’effort pour atteindre l’immunité collective, prescrit le Dr Davido.
« Il n’y a pas de secret : on a un vaccin qui a prouvé son efficacité contre les formes graves, donc il faut poursuivre l’effort pour atteindre l’immunité collective, prescrit le Dr Davido. Et quand ce sera chose faite, on acceptera une certaine prise de risque face au virus en levant les toutes dernières mesures. Là, on ne raisonnera plus en termes de restrictions, d’autant que tout ne relève pas de la seule responsabilité de l’Etat, mais en termes de réflexes : au même titre que lorsqu’il pleut, on prend un parapluie, quand on sera dans la saisonnalité du virus, on aura ces automatismes de respecter les gestes barrières, de faire son rappel vaccinal et de porter le masque en intérieur. Comme c’est le cas pour la grippe saisonnière, qui fait chaque année des milliers de morts, sans que l’on se confine ».
« c’est accepter d’être tributaire de la situation épidémique, et des mesures qu’elle peut nécessiter, ajoute-t-il. Mais des mesures ciblées : plutôt que de tester tout le monde, peut-être faudrait-il à l’avenir recentrer le dépistage sur les seules personnes à risque : cela permettrait de nouveau corrélés d’avoir des indicateurs fiables pour prévenir la saturation des hôpitaux, comme c’était le cas il y a quelques mois ». Il faut retrouver « des indicateurs sanitaires acceptés de tous qui nous préciseraient quand nous pouvons lever les mesures », abonde Antoine Flahault.
« il faut que l’on assainisse en urgence l’air intérieur, où l’on passe 90 % de notre temps et où se produisent 99 % des contaminations », insiste l’épidémiologiste. « il faut continuer à investir sur les vaccins, les médicaments antiviraux et les anticorps monoclonaux, poursuivre l’innovation thérapeutique pour rendre le Covid-19 moins sévère et moins mortel ».