« Merde à Vauban ». Quand la citadelle de Saint-Martin-de-Ré était l’antichambre du bagne.

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    Après le verdict et un séjour variable en maison centrale, les futurs bagnards sont extraits de leurs geôles avant d’être conduits en wagon cellulaires jusqu’à la gare de La Rochelle. Arrivés à destinations, ils se rendent à pieds à la maison d’arrêt de la ville où ils passent la nuit. Le lendemain, un petit vapeur (le Coligny ou l’Express) les attend au port pour les conduire au pénitencier de Saint-Martin-de-Ré. Sous l’œil des badauds, les forçats prennent place au milieu des marchandises et du bétail. A partir de 1933, des fourgons ou voitures cellulaires amènent les prisonniers directement au port de la Pallice, d’où ils embarquent aussitôt en direction de la citadelle et de ses nombreuses cellules. La traversée, qui dure une heure et demie, marque un premier arrachement : le forçat quitte le continent pour une première île.
    Le capitaine de gendarmerie Pyguillem, en garnison à Saint-Martin en 1935, fait le récit de ce premier exil : « Fripés, mal rasés, revêtus à présent de leur hardes personnelles plus ou moins bien réparées, ils offrent à l’œil qui veut les observer les expressions les plus diverses : les uns gouaillent, d’autres, impassibles, semblent de pierre. Certains ferment les yeux ou se voilent le visage de leurs mains, mais presque tous, quand le bateau s’ébranle, ont un furtif regard vers la terre qu’ils quittent.
    Mal éduqués, tarés, dégénérés, anormaux, oui, sans doute ; mais des hommes quand même et qui se rendent compte à cette minute que le châtiment ne s’évite pas. En moins d’une heure, les deux vapeurs, complètement chargés, ont quitté le port et gagné la passe ; puis ils longent les côtes de l’Ile de Ré et touchent enfin Saint-Martin, première étape vers l’expiation. »