Paris, quelle ville-monde ?
par Michel Agier
| AOC media - Analyse Opinion Critique
▻https://aoc.media/opinion/2018/05/31/paris-ville-monde
Paris, par son histoire, sa démographie et sa géographie, est tout à la fois une ville frontière, une ville refuge et une ville carrefour. C’est avec Calais et Vintimille (deux villes littéralement frontalières) l’un des trois véritables points de cristallisation d’une « crise » (le terme resterait à préciser) régulièrement déclenchée par un goulet d’étranglement dans la gestion des passages des migrants en France : ce sont, à des degrés divers, des hypertrophies de frontière, sans que les projets des migrants puissent être considérés comme établis, sûrs et définitifs.
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Sur le versant « global », quelle ville-monde est Paris ? Pour l’heure, le « monde » auquel la ville se relie avec beaucoup d’attention est celui des touristes et les démarches sont nombreuses pour accueillir toujours plus de touristes, quitte à faire de Paris un spectacle vendant son décor en noir et blanc, vendant ou louant des appartements sur ce décor de carte postale. C’est la « gentrification » globale et bien au-delà, la fictionnalisation de Paris-vitrine pour le monde.
La situation illustrée par ce énième démantèlement de campements de migrants à Paris peut donc se lire comme un défi posé à la Ville de Paris sous la forme d’un « jeu d’échelles ». Si elle ne veut pas être perdante dans ce face-à-face lamentable avec le gouvernement dont elle ne cesse de s’alimenter puis d’essayer de se déprendre, il lui faut monter d’un cran ou deux dans l’échelle de la grandeur pour atteindre celle d’une ville-monde, dialoguer avec les maires de Barcelone, Londres, New York, Amsterdam ou Sao Paulo, plutôt qu’avec Gérard Collomb. D’autres modèles existent, villes-refuges, villes accueillantes, villes-sanctuaires, qui forment des bases réalistes à partir desquelles s’élaborent des politiques d’accueil et de logement adaptée aux conditions actuelles et à venir de la mobilité internationale populaire.