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  • Visualisez la sécheresse historique qui frappe les #Pyrénées-Orientales depuis deux ans
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/04/12/visualisez-la-secheresse-historique-qui-frappe-les-pyrenees-orientales-depui

    (...) ce sont précisément ces dépressions méditerranéennes qui manquent à l’appel depuis le printemps 2022 et qui expliquent que le département ne connaisse quasiment plus d’épisodes humides notables.

    [...]

    Ainsi, le climat de Perpignan « se rapproche aujourd’hui de celui que connaissait Valence [Espagne] avant le réchauffement climatique », explique l’organisme. A savoir un climat « chaud et plus sec, semi-aride, avec des précipitations pouvant être tout de même violentes, notamment à l’automne ».

    #Aude #sécheresse #climat #Méditerranée #Désertification

  • Derrière le succès de Blablacar, un contrat secret et des économies d’énergie surévaluées
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/04/06/derriere-le-succes-de-blablacar-un-contrat-secret-et-des-economies-d-energie


    Les locaux de Blablacar, à Paris, en septembre 2015. PATRICK KOVARIK / AFP

    L’entreprise de #covoiturage a engrangé plusieurs dizaines de millions d’euros depuis 2012 dans le cadre d’un mécanisme d’obligations environnementales approuvé par l’Etat. Une manne longtemps restée opaque, et qui s’appuie sur des calculs parfois fantaisistes.

    Pratique, écologique et même depuis peu rentable : #Blablacar, qui revendique plus de vingt millions d’inscrits en France, est érigé en modèle de start-up innovante. « Le leader mondial du covoiturage est Français : c’est une fierté ! », s’émerveillait Emmanuel Macron en 2022. Mais, pour en arriver là, la #start-up a profité d’un discret soutien avalisé par l’#Etat, à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros par an, selon les informations du Monde. Une #rente opaque dont Blablacar a été le bénéficiaire quasi exclusif pendant une décennie et continue de profiter aujourd’hui.
    L’histoire remonte à 2012. La plate-forme, alors baptisée Covoiturage.fr, cherche encore son modèle économique après six ans d’existence. Une manne inespérée lui est alors proposée par un grand groupe français : Total.
    La compagnie, devenue depuis TotalEnergies, doit se conformer à une obligation environnementale imposée par l’Etat à tous les fournisseurs d’énergie. Le pétrolier doit financer chaque année un certain nombre d’actions favorisant la sobriété énergétique, dont l’efficacité est mesurée par des #certificats_d’économies_d’énergie (CEE). Ce système de #pollueur-payeur l’oblige à rechercher auprès de structures agréées par l’Etat des « gisements » de CEE potentiels, comme des travaux d’isolation, des installations de chaudières performantes, des dispositifs de fret ferroviaire…

    https://justpaste.it/c0ouj

    Tout ça pour des trajets couteux où sous la bienveillance obligée des « évaluations » la marchandisation règne.

    #voiture #entreprise #capitalisme_de_plateforme

  • Des élus d’un CSE de Randstad soupçonnés d’avoir détourné plus d’un million d’euros
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/03/25/des-elus-du-cse-de-randstad-soupconnes-d-avoir-detourne-plus-d-un-million-d-

    Des élus d’un CSE de Randstad soupçonnés d’avoir détourné plus d’un million d’euros

    Treize représentants du personnel de l’entreprise d’intérim sont soupçonnés d’avoir bénéficié de remboursement de frais de déplacements exagérés, voire complètement fictifs.
    [...]

    https://jpst.it/3EnyN

    #organisation_mafieuse #collaboration_de_classe #CSE_verreux

    Malgré les poses outragées de circonstance, voilà des « représentants du personnel », comme aiment à les façonner le patronat.

    Tiens, pendant qu’on y est, voici un petit rappel (qu’aurait pu évoquer le Monde ) pour saisir comment la culture d’entreprise est susceptible de se refléter dans les « instances représentatives du personnel » :

    Le fisc réclame plus de 70 millions d’euros à Randstad | L’Echo
    https://www.lecho.be/entreprises/services/le-fisc-reclame-plus-de-70-millions-d-euros-a-randstad/10487930.html
    https://images.lecho.be/view?iid=Elvis:AnTdW734KqNAutYqJH-nT1&context=ONLINE&ratio=16/9&width=640&u=1692773103000

    Une agence du groupe néerlandais Randstad à Bruxelles. ©Tim Dirven
    Lars Bové
    23 août 2023 01:00

    L’ISI reproche au géant du travail intérimaire d’avoir « exfiltré » des bénéfices de la Belgique vers la Suisse pendant des années.

    L’Inspection spéciale des impôts (ISI) s’attaque aux sociétés belges du spécialiste du travail intérimaire Randstad. L’ISI reproche au groupe néerlandais d’avoir mis en place un montage fiscal artificiel pour réorienter vers la Suisse les bénéfices réalisés par les sociétés Randstad dans notre pays. Fort d’un accord très favorable passé avec le fisc suisse, le groupe néerlandais semble ainsi n’avoir payé pratiquement aucun impôt sur cette manne qui, depuis des années, est canalisée vers la Suisse.
    [...]

    .

  • Open data publique : « On voit les limites dès que les données pourraient remettre en cause le pouvoir établi »
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/03/05/open-data-publique-on-voit-les-limites-des-que-les-donnees-pourraient-remett

    Cofondateur de la coopérative Datactivist, spécialisée dans l’ouverture des données notamment dans le secteur public, Samuel Goëta est maître de conférences associé à Sciences Po Aix. Il vient de publier Les Données de la démocratie. Open data, pouvoirs et contre-pouvoirs (C & F éditions, 2024), un ouvrage dans lequel il développe un bilan critique autour des réussites et des limites du mouvement des données ouvertes, près de huit ans après la loi Lemaire, qui a imposé aux administrations d’ouvrir « par défaut » leurs données.

    Malgré cette loi, seules 16 % des collectivités respectaient, fin 2022, leurs obligations en la matière, d’après le dernier état des lieux de l’observatoire open data des territoires.
    Lire l’enquête | Article réservé à nos abonnés Comment Opendatasoft est devenue l’acteur incontournable de l’ouverture des données publiques
    Où en est l’ouverture des données publiques aujourd’hui en France ?

    La situation est ambiguë. En apparence, c’est une très belle réussite : l’open data française est en tête des classements internationaux, avec un écosystème public développé et un certain nombre de fleurons d’entreprises et d’associations qui lui sont dédiés, et il y a des usages importants. Mais l’ouverture des données en France est bâtie sur une culture de la transparence assez faible. Celle-ci remonte à l’accès aux documents administratifs, un droit peu connu qui date d’une quarantaine d’années, souvent contourné par les administrations : environ 80 % des demandes ne reçoivent aucune réponse.

    Or, l’open data, c’est mettre à disposition volontairement des jeux de données. Il y a une open data à double vitesse, entre celui qui va intéresser les décideurs pour innover, et celui qui va titiller les élus. On voit ces limites dès qu’on s’intéresse aux subventions, aux données de la commande publique… En clair, dès que ces données pourraient remettre en cause le pouvoir établi. C’est un écosystème fragile qui s’appuie sur une volonté politique, et qui pourrait facilement s’effondrer.
    Comment expliquer la mise en œuvre difficile des obligations nées de la loi Lemaire ?

    A la suite de la loi pour une République numérique de 2016, peu de moyens ont été mis en place. Il y a eu une petite aide à l’association OpenDataFrance. Celle-ci, comme Etalab [un département de la direction interministérielle du numérique, la dinum, chargé de l’ouverture des données publiques], a fait de l’accompagnement – mais pas à l’échelle d’une ouverture des données « par défaut ». Les moyens qu’ont mis les collectivités ont donc beaucoup dépendu de la présence d’une impulsion politique, d’un peu de moyens, d’un intérêt… et, souvent, des bonnes volontés de quelques agents qui ont fait ça sur leur temps libre ou en marge de leurs missions, avec peu de soutien hiérarchique. Cela a accentué les fractures territoriales.

    Par ailleurs, le soutien politique est assez intermittent. Il y a eu une sorte de désintérêt après la loi pour une République numérique. Mais au moment de la pandémie, la question de l’open data est devenue centrale : toutes les décisions étaient prises avec des indicateurs, et il y a aussi eu une vraie demande. Le rapport du député Bothorel, paru fin 2020, a permis de donner une nouvelle impulsion, mais celle-ci n’est plus très claire. Quand on regarde la feuille de route de la Dinum, l’impératif est celui de l’usage des données par l’administration, l’ouverture de celles-ci étant vue comme un acquis du passé. Or c’est encore un chantier important. On manque notamment d’impulsion thématique, comme ce qui s’est passé avec le point d’accès national aux données de transport. Dès lors qu’il y a un usage pensé des données ouvertes qui est proposé, les acteurs vont plus facilement entrer dans la démarche.
    Quels défis identifiez-vous pour favoriser l’usage de l’open data ?

    On a fait de l’open data en pensant qu’en claquant des doigts, des gens allaient s’en servir. Mais il faut aussi aller chercher les usagers potentiels. La moitié du temps de travail d’un responsable d’open data, c’est d’informer.
    Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
    Découvrir

    Il y a plusieurs autres sujets. Le premier, c’est de permettre de trouver les bonnes données quand elles existent, ce que j’appelle la « découvrabilité ». Les jeux de données ne sont pas toujours nommés de manière intelligible. Il y a aussi un investissement à faire dans la standardisation des données, en passant par des règles communes pour le nommage et l’organisation des fichiers, comme celles de schema.data.gouv.fr.

    Ensuite, il y a la question de la documentation, c’est-à-dire une description du contenu du jeu de données. Avec Etalab, nous avons calculé que près de six jeux de données sur dix publiés sur data.gouv.fr contenaient une documentation de moins de 1 000 caractères, et un peu moins d’un quart ont une longueur inférieure à celle d’un SMS.

    Enfin, même quand les données existent, l’utilisateur qui cherche à s’en saisir se trouve souvent confronté à un problème de qualité. Je ne parle pas de soucis liés à un usage qui n’avait pas été prévu à l’origine, mais de lacunes dans les données. Par exemple, il y a un nombre encore très important de marchés publics dont le montant renseigné est « zéro » parce que les producteurs estiment qu’il y a secret des affaires. Ces montants sont donc inutilisables. Une solution serait de favoriser les échanges entre les producteurs et les réutilisateurs, ces derniers étant souvent laissés sans réponse.

    Raphaëlle Aubert et Léa Sanchez

    #Open_data #Samuel_Goëta

  • Comment Opendatasoft est devenue l’acteur incontournable de l’ouverture des données publiques
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/03/05/comment-opendatasoft-est-devenue-l-acteur-incontournable-de-l-ouverture-des-

    Malgré un budget doublé cette année, passant d’un à deux millions d’euros, la plate-forme étatique data.gouv.fr a cumulé un retard important face à l’offre privée d’Opendatasoft. « Pendant longtemps, data.gouv.fr s’est positionnée uniquement comme catalogue central de données françaises », analyse Samuel Goëta, maître de conférences à Sciences Po Aix et cofondateur de Datactivist, un cabinet de conseil spécialisé dans l’open data et auteur de l’ouvrage Les Données de la démocratie (2024, C & F Editions).

    « Il n’y a sûrement pas eu les mêmes investissements sur data.gouv.fr que ce qu’Opendatasoft a pu faire sur ses outils », soutient Christian Quest, spécialiste des données, présent à Etalab de 2014 à 2019 et revenu en tant que consultant en 2023. « Porté par deux personnes pendant les premières années (…), data.gouv.fr était très bien fichu mais ça avait un côté plus artisanal », se rappelle-t-il.

    En 2012, Etalab avait même décerné un prix à Opendatasoft. « Au fond, ils s’étaient dit : “en fait c’est ça qu’il faudrait qu’on arrive à faire”… mais avec beaucoup moins d’investissements », ironise Christian Quest. Jean-Marc Lazard préfère mettre en avant la « complémentarité » de sa solution avec celle de l’Etat.

    L’alternative publique compte toutefois plusieurs utilisateurs exclusifs : le ministère de l’intérieur et des outre-mer, celui de la justice, mais aussi des communautés d’agglomération comme le Grand Annecy ou des communes comme Bar-le-Duc.

    L’offre de la Dinum s’est récemment diversifiée en proposant des portails thématiques avec les sites transports.data.gouv.fr, adresse.data.gouv.fr et, plus récemment, meteo.data.gouv.fr. Dans les prochains mois paraîtra ecologie.data.gouv.fr. Dans la feuille de route 2024 de la plate-forme publique, de nombreuses évolutions prévues rappellent d’ailleurs les fonctionnalités d’Opendatasoft.

    Ces améliorations sont suivies de près par les administrations. Le ministère de la culture se dit prêt à faire évoluer ses choix techniques « si le rapport coût/efficience du service rendu s’avérait favorable ». La publication directe grâce aux outils de data.gouv.fr permettrait de réaliser des économies importantes pour les administrations, précise la Dinum. D’autant plus que ses équipes doivent « moissonner » quotidiennement les données des portails externes pour les centraliser sur data.gouv.fr – une opération coûteuse et complexe.

    Et n’oublions pas que le libre n’est pas forcément gratuit. La lberté a un prix.

    Le choix de l’open source intégral reste rare, souvent le fruit de volontés individuelles, d’agents ou d’élus. Il concerne surtout des régions ou des métropoles, comme celle du Grand Lyon. Aidée par l’arrivée d’un « doctorant mouton à cinq pattes », l’équipe technique de l’agglomération est devenue l’un des précurseurs dans la mutualisation d’une solution open source, aujourd’hui utilisée par la Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Si celle-ci est maintenue par un éditeur, Neogeo, l’ouverture du code garantit une indépendance : « L’avantage c’est que cette solution n’est pas une boîte noire (…) et si Neogeo fait faillite on peut récupérer toutes les sources, toute l’infrastructure logicielle », souligne Emmanuel Gastaud, responsables des données métropolitaines.

    Le Grand Lyon débourse 100 000 euros par an pour l’hébergement, la supervision et la maintenance. Il compte aussi sur le travail de 4 ou 5 équivalents temps plein. Un investissement apprécié localement – le portail abrite les données d’une vingtaine de communes du territoire – mais très éloigné des budgets « open data » de nombreuses administrations. Pour celles qui en ont un.

    Le livre de Samuel Goëta explique les raisons, problèmes et solutions de l’open data en France.
    https://cfeditions.com/donnees-ouvertes


    #Open_data #Public_privé #Logiciel_libre

  • Comment l’UE a fermé les yeux sur le refoulement illégal de migrants par la Bulgarie avant son adhésion à Schengen
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/02/26/comment-l-ue-a-ferme-les-yeux-sur-le-refoulement-illegal-de-migrants-par-la-

    Comment l’UE a fermé les yeux sur le refoulement illégal de migrants par la Bulgarie avant son adhésion à Schengen
    Par Maria Cheresheva et Ludek Stavinoha
    Des documents internes de Frontex révèlent des violations répétées. Malgré des alertes répétées, la Commission européenne salue les « résultats excellents » de la Bulgarie, qui s’apprête à rejoindre l’espace Schengen.
    Au printemps 2022, Ali, un Syrien de 16 ans, entre dans un centre d’accueil à Sofia (Bulgarie) pour demander une protection au titre de l’asile et un regroupement familial avec sa mère et ses cinq autres frères et sœurs, restés en Syrie et au Liban.Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Au lieu de voir sa demande traitée, il est emmené dans un endroit qui, dit-il, « ressemble à une prison ». Pendant la nuit, comme une cinquantaine d’autres personnes, il est embarqué dans une voiture de la police des frontières et reconduit jusqu’à la frontière turque, à 300 kilomètres de là, sans recevoir la moindre information sur ses droits à l’asile. (...) Les témoignages de refoulements (ou pushbacks, en anglais) comme celui d’Ali sont généralement réfutés par le gouvernement bulgare. Mais de nombreux abus ont été documentés par l’organe de surveillance des droits humains de Frontex au cours des dix-huit derniers mois, selon une série de documents internes de l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes consultés par le réseau Balkan Investigative Reporting Network (BIRN) et publiés par Le Monde. Ces documents, obtenus grâce aux lois de transparence européennes, décrivent avec force détails des brutalités commises par des agents bulgares participant aux opérations de Frontex : coups de bâton, déshabillage de force, vols d’effets personnels, agressions verbales et blessures graves infligées par des chiens, etc.
    Les documents montrent également que les preuves étayant ces pratiques illégales ont été dissimulées non seulement par les autorités bulgares, mais aussi par les hauts fonctionnaires de Frontex et de la Commission européenne. Dans le même temps, l’exécutif européen saluait les « excellents » progrès réalisés par la Bulgarie en matière de gestion des frontières, facilitant l’adhésion du pays à l’espace Schengen – les contrôles aux frontières aériennes et maritimes seront levés le 31 mars, tandis que les contrôles terrestres restent en place pour l’instant.
    Les organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits humains locales et internationales alertent depuis de nombreuses années sur les refoulements violents en Bulgarie. Selon des données compilées par le Comité Helsinki de Bulgarie, 5 268 refoulements, touchant 87 647 personnes, auraient eu lieu au cours de la seule année 2022. Plusieurs experts affirment que la plupart des 325 000 entrées de migrants que le gouvernement bulgare revendique avoir « empêchées » depuis 2022 sont en fait des refoulements illégaux. « Ces personnes ont été interceptées à l’intérieur du pays. Nous ne parlons donc pas d’entrées empêchées, mais de retours », explique Iliyana Savova, directrice du programme pour les réfugiés et les migrants du Comité Helsinki de Bulgarie. « C’est un secret de Polichinelle que les gens sont repoussés. De tels ordres existent », admet, sous le couvert de l’anonymat, un haut fonctionnaire du gouvernement bulgare.
    Les preuves s’accumulent tellement que le Bureau des droits fondamentaux de Frontex (FRO) considère « établi » que les refoulements, « impliquant souvent des niveaux élevés de violence et d’autres traitements inhumains ou dégradants », sont « une pratique régulière de la police des frontières bulgare », selon un bilan des « rapports d’incidents graves » couvrant la période 2022-2023 obtenu dans le cadre de cette enquête.
    Pour l’Union européenne (UE), la situation est d’autant plus problématique que son agence des frontières collabore directement sur le terrain avec les forces de sécurité bulgares. Depuis 2022, dans le cadre de l’opération conjointe Terra, Frontex a déployé des équipes de gardes-frontières, des véhicules de patrouille et des caméras de thermovision pour aider les autorités bulgares dans leurs activités de surveillance aux frontières turque et serbe.
    En août 2022, un rapport inquiétant atterrit sur le bureau de Jonas Grimheden, le chef du FRO. Il émane d’un agent de Frontex qui a mené une enquête de sa propre initiative lors d’un déploiement de six mois à la frontière avec la Turquie. Il révèle que les agents de Frontex sont tenus intentionnellement à l’écart des zones où les migrants sont généralement appréhendés et repoussés. « Lorsque des situations se produisent, le collègue local reçoit les indications pour déplacer l’équipe Frontex, en évitant certaines zones, note le lanceur d’alerte. Ils ont pour instruction d’empêcher Frontex de voir quoi que ce soit, pour éviter qu’ils rédigent un rapport officiel. »
    Des membres de l’armée bulgare lors d’une visite de la chancelière autrichienne et du président bulgare à la direction régionale de la police des frontières, à Elhovo (Bulgarie), près de la frontière turque, le 23 janvier 2023.
    Pour l’eurodéputée écologiste Tineke Strik, cheffe de file d’un groupe d’eurodéputés chargé de surveiller Frontex, ces conclusions soulèvent de sérieux doutes quant à la capacité de l’agence à garantir le respect des droits humains dans le cadre de ses activités : « Il est étonnant qu’une agence de l’UE soit toujours incapable de faire respecter le droit européen après tant d’enquêtes institutionnelles, de rapports, de recommandations et d’avertissements. »Dans les mois qui suivent le rapport du lanceur d’alerte, Jonas Grimheden fait part de ses préoccupations croissantes concernant la conduite des agents frontaliers bulgares aux échelons supérieurs de Frontex, dont le siège se trouve à Varsovie.L’agence s’attache alors à restaurer sa réputation, ternie par la révélation de sa complicité dans les refoulements illégaux de migrants en Grèce. En avril 2022, son directeur, Fabrice Leggeri – qui vient de rallier le Rassemblement national en vue des élections européennes –, a été contraint de démissionner après avoir été reconnu coupable par l’Office européen de lutte antifraude d’avoir dissimulé des refoulements de bateaux de migrants en mer Egée.
    Aija Kalnaja, qui lui a succédé à la direction de Frontex pour un court intérim, semble prendre les avertissements du FRO au sérieux. En février 2023, elle exprime de « vives inquiétudes » dans une lettre adressée à Rositsa Dimitrova, alors cheffe de la direction des frontières bulgare, recommandant aux autorités du pays d’accorder au corps permanent de l’agence l’accès aux « contrôles de première ligne et aux activités de surveillance des frontières ».
    Dans sa réponse, Rositsa Dimitrova assure que « le respect des droits fondamentaux des ressortissants de pays tiers est une priorité absolue ». Disposée à organiser des séances d’information et des formations à l’intention de ses gardes-frontières, la responsable bulgare explique que chaque violation présumée des droits est examinée par une commission constituée par ses soins. Insuffisant, pour le FRO, qui préférerait un contrôle rigoureux par un « organisme indépendant opérant en dehors de la structure institutionnelle du ministère de l’intérieur bulgare ». Cinq agents ont été sanctionnés pour avoir violé leur code de conduite éthique au cours des dix premiers mois de 2023, précise aujourd’hui le ministère de l’intérieur bulgare.
    Au début de 2023, le Néerlandais Hans Leijtens est nommé à la tête de Frontex. On peut alors s’attendre à ce que ce nouveau directeur, engagé publiquement en faveur de la « responsabilité, du respect des droits fondamentaux et de la transparence », adopte une position ferme à l’égard des autorités bulgares. « Ce sont des pratiques du passé », déclare-t-il après sa nomination, en référence aux antécédents de Frontex en matière d’aide aux refoulements en Grèce.Soucieux de saisir l’occasion, Jonas Grimheden, à la tête du FRO, lui écrit deux jours après sa prise de fonctions, en mars 2023. Le courriel contient un projet de lettre « que vous pouvez envisager d’envoyer, en tout ou en partie », à Rositsa Dimitrova. La lettre rappelle les « allégations persistantes de retours irréguliers (appelés “refoulements”), accompagnées de graves allégations de mauvais traitements et d’usage excessif de la force par la police nationale des frontières à l’encontre des migrants » et demande des enquêtes indépendantes sur les violations des droits. Ce brouillon de lettre n’a jamais quitté la boîte de réception d’Hans Leijtens.
    Quelques semaines plus tard, en mars 2023, le FRO envoie un rapport officiel au conseil d’administration de Frontex, évoquant le « risque que l’agence soit indirectement impliquée dans des violations des droits fondamentaux sans avoir la possibilité de recueillir toutes les informations pertinentes et d’empêcher ces violations de se produire ».M. Leijtens a-t-il fait part aux autorités bulgares des conclusions du FRO ? Sollicité, le service de presse de Frontex explique que « les discussions directes ont été jugées plus efficaces », sans pouvoir divulguer « les détails spécifiques des discussions ».
    Une contrepartie pour Schengen ?Alors que ce bras de fer se joue en coulisses, sur la scène politique, la Bulgarie est érigée en élève modèle pour le programme de contrôle des migrations de la Commission européenne, et récompensée pour le durcissement de ses contrôles frontaliers, en contrepartie de l’avancement de sa candidature à l’entrée dans l’espace Schengen.
    En mars 2023, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonce un projet pilote visant à « prévenir les arrivées irrégulières » et à « renforcer la gestion des frontières et des migrations », notamment par le biais de « procédures d’asile accélérées » et d’expulsions rapides des migrants indésirables. La Commission sélectionne deux pays « volontaires » : la Roumanie et la Bulgarie.Pour mettre en œuvre le projet, la Commission accorde à la Bulgarie 69,5 millions d’euros de fonds européens, principalement destinés à la surveillance de sa frontière avec la Turquie. « Toutes les activités menées dans le cadre de ce projet pilote doivent l’être dans le plein respect de la législation de l’UE et des droits fondamentaux, en particulier du principe de non-refoulement », précise d’emblée la Commission.
    Pourtant, à ce moment-là, l’exécutif bruxellois est parfaitement conscient de la situation désastreuse des droits humains sur le terrain. Deux mois avant le lancement du projet, en janvier 2023, deux hauts fonctionnaires de la direction des affaires intérieures (DG Home) ont rencontré à Stockholm la patronne des gardes-frontières bulgares « pour discuter des préoccupations du FRO concernant les allégations de violations des droits fondamentaux », révèle un compte rendu de la réunion.Au fil de l’avancement du projet pilote, les signaux d’alerte se multiplient. En septembre 2023, Jonas Grimheden alerte une nouvelle fois le conseil d’administration de Frontex sur des « allégations répétées de (…) refoulements et d’usage excessif de la force » par les agents bulgares. Si son rapport salue la participation des agents de Frontex aux « activités de patrouille terrestre de première ligne », il rappelle que ces derniers « continuent d’être impliqués dans un nombre limité d’interceptions » de migrants.Au cours du projet, deux documents sur les « droits fondamentaux » aux frontières extérieures de la Bulgarie ont circulé au sein de la DG Home. La Commission européenne a refusé de les communiquer au BIRN, arguant que leur divulgation mettrait en péril la « confiance mutuelle » avec le gouvernement bulgare.
    La participation de la Bulgarie au projet pilote de la Commission semble avoir joué un rôle crucial pour faire avancer son projet de rejoindre Schengen – un objectif prioritaire depuis plus d’une décennie. Il coïncide en tout cas avec un changement de ton très net du côté de Bruxelles et Varsovie, qui ont dès lors largement balayé les inquiétudes concernant les mauvais traitements infligés à grande échelle aux migrants.« Les résultats sont excellents », annonce Ylva Johansson lors d’une conférence de presse en octobre 2023. La commissaire européenne aux affaires intérieures, chargée des migrations, salue les efforts déployés par la Bulgarie pour empêcher les migrants « irréguliers » d’entrer sur le territoire de l’UE, appelant à prendre la « décision absolument nécessaire » d’admettre la Bulgarie dans l’espace Schengen. Cette décision est alors bloquée depuis des mois par les Pays-Bas et l’Autriche, qui exigent des contrôles plus stricts à la frontière terrestre avec la Turquie. Quelques semaines auparavant, Ursula von der Leyen avait salué la Bulgarie, qui « montre la voie à suivre en mettant en avant les meilleures pratiques en matière d’asile et de retour ». « Faisons-les enfin entrer, sans plus attendre », avait réclamé la présidente de la Commission.
    Selon Diana Radoslavova, directrice du Centre pour le soutien juridique, une ONG sise à Sofia, la fermeture effective de la frontière avec la Turquie est indispensable à l’entrée de la Bulgarie dans l’espace Schengen. « [Les autorités] sont prêtes à tout pour respecter cette injonction, y compris au prix de violations extrêmes des droits de l’homme », estime l’avocate. « Tant que la Bulgarie coopère en bonne intelligence avec la protection des frontières et la mise en œuvre du projet pilote, la Commission regarde ailleurs », ajoute l’eurodéputée Tineke Strik.Pour défendre la candidature de Sofia à l’espace Schengen, la Commission européenne s’est appuyée sur le rapport d’une mission d’enquête rassemblant les experts de plusieurs agences de l’UE et des Etats membres, dépêchés en novembre 2023 en Bulgarie pour évaluer son état de préparation à l’adhésion. La mission n’aurait trouvé aucune preuve de violation des obligations en matière de droits humains prévues par les règles européennes, y compris en ce qui concerne « le respect du principe de non-refoulement et l’accès à la protection internationale ».
    Ce rapport n’a pas dissipé les inquiétudes de Jonas Grimheden, qui affirme que ses services font encore « régulièrement » part de leurs « préoccupations » au conseil d’administration de Frontex, « auquel participe la Commission européenne ».

    #Covid-19#migrant#migration#UE#FRONTEX#bulgarie#espaceschengen#droit#refoulement#pushback#frontiere#sante

  • Comment l’UE a fermé les yeux sur le refoulement illégal de migrants par la #Bulgarie avant son adhésion à Schengen

    Des documents internes de Frontex révèlent des violations répétées. Malgré des alertes répétées, la Commission européenne salue les « résultats excellents » de la Bulgarie, qui s’apprête à rejoindre l’espace Schengen.

    Au printemps 2022, Ali, un Syrien de 16 ans, entre dans un centre d’accueil à Sofia (Bulgarie) pour demander une protection au titre de l’asile et un regroupement familial avec sa mère et ses cinq autres frères et sœurs, restés en Syrie et au Liban.

    Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Au lieu de voir sa demande traitée, il est emmené dans un endroit qui, dit-il, « ressemble à une prison ». Pendant la nuit, comme une cinquantaine d’autres personnes, il est embarqué dans une voiture de la police des frontières et reconduit jusqu’à la frontière turque, à 300 kilomètres de là, sans recevoir la moindre information sur ses droits à l’asile.

    « Ils nous ont fait marcher jusqu’à une #clôture équipée de caméras. Après avoir franchi la clôture, il y avait comme un canal. En même temps, ils frappaient les gens, se remémore le garçon. Ils ont tout pris et m’ont frappé dans le dos, sur la tête. Après cela, ils m’ont jeté dans le canal. » Le groupe est invité à retourner en #Turquie et ne jamais revenir.

    Les refoulements, une « pratique courante »

    Les témoignages de refoulements (ou pushbacks, en anglais) comme celui d’Ali sont généralement réfutés par le gouvernement bulgare. Mais de nombreux abus ont été documentés par l’organe de surveillance des droits humains de Frontex au cours des dix-huit derniers mois, selon une série de documents internes de l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes consultés par le réseau Balkan Investigative Reporting Network (BIRN) et publiés par Le Monde. Ces documents, obtenus grâce aux lois de transparence européennes, décrivent avec force détails des #brutalités commises par des agents bulgares participant aux opérations de Frontex : coups de bâton, #déshabillage de force, #vols d’effets personnels, #agressions verbales et #blessures graves infligées par des chiens, etc.

    Les documents montrent également que les preuves étayant ces pratiques illégales ont été dissimulées non seulement par les autorités bulgares, mais aussi par les hauts fonctionnaires de Frontex et de la Commission européenne. Dans le même temps, l’exécutif européen saluait les « excellents » progrès réalisés par la Bulgarie en matière de #gestion_des_frontières, facilitant l’adhésion du pays à l’espace Schengen – les contrôles aux frontières aériennes et maritimes seront levés le 31 mars, tandis que les contrôles terrestres restent en place pour l’instant.

    Les organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits humains locales et internationales alertent depuis de nombreuses années sur les refoulements violents en Bulgarie. Selon des données compilées par le Comité Helsinki de Bulgarie, 5 268 refoulements, touchant 87 647 personnes, auraient eu lieu au cours de la seule année 2022.

    Plusieurs experts affirment que la plupart des 325 000 entrées de migrants que le gouvernement bulgare revendique avoir « empêchées » depuis 2022 sont en fait des refoulements illégaux. « Ces personnes ont été interceptées à l’intérieur du pays. Nous ne parlons donc pas d’entrées empêchées, mais de retours », explique Iliyana Savova, directrice du programme pour les réfugiés et les migrants du Comité Helsinki de Bulgarie. « C’est un secret de Polichinelle que les gens sont repoussés. De tels ordres existent », admet, sous le couvert de l’anonymat, un haut fonctionnaire du gouvernement bulgare.

    Les preuves s’accumulent tellement que le Bureau des droits fondamentaux de Frontex (FRO) considère « établi » que les refoulements, « impliquant souvent des niveaux élevés de #violence et d’autres #traitements_inhumains_ou_dégradants », sont « une pratique régulière de la police des frontières bulgare », selon un bilan des « rapports d’incidents graves » couvrant la période 2022-2023 obtenu dans le cadre de cette enquête.

    Un lanceur d’alerte en mission discrète

    Pour l’Union européenne (UE), la situation est d’autant plus problématique que son agence des frontières collabore directement sur le terrain avec les forces de sécurité bulgares. Depuis 2022, dans le cadre de l’opération conjointe #Terra, Frontex a déployé des équipes de #gardes-frontières, des véhicules de patrouille et des #caméras_de_thermovision pour aider les autorités bulgares dans leurs activités de #surveillance aux frontières turque et serbe.

    En août 2022, un #rapport inquiétant atterrit sur le bureau de Jonas Grimheden, le chef du FRO. Il émane d’un agent de Frontex qui a mené une enquête de sa propre initiative lors d’un déploiement de six mois à la frontière avec la Turquie. Il révèle que les agents de Frontex sont tenus intentionnellement à l’écart des zones où les migrants sont généralement appréhendés et repoussés. « Lorsque des situations se produisent, le collègue local reçoit les indications pour déplacer l’équipe Frontex, en évitant certaines zones, note le lanceur d’alerte. Ils ont pour instruction d’empêcher Frontex de voir quoi que ce soit, pour éviter qu’ils rédigent un rapport officiel. »

    Pour l’eurodéputée écologiste Tineke Strik, cheffe de file d’un groupe d’eurodéputés chargé de surveiller Frontex, ces conclusions soulèvent de sérieux doutes quant à la capacité de l’agence à garantir le respect des droits humains dans le cadre de ses activités : « Il est étonnant qu’une agence de l’UE soit toujours incapable de faire respecter le droit européen après tant d’enquêtes institutionnelles, de rapports, de recommandations et d’avertissements. »

    Dans les mois qui suivent le rapport du lanceur d’alerte, Jonas Grimheden fait part de ses préoccupations croissantes concernant la conduite des agents frontaliers bulgares aux échelons supérieurs de Frontex, dont le siège se trouve à Varsovie.

    L’agence s’attache alors à restaurer sa réputation, ternie par la révélation de sa complicité dans les refoulements illégaux de migrants en Grèce. En avril 2022, son directeur, Fabrice Leggeri – qui vient de rallier le Rassemblement national en vue des élections européennes –, a été contraint de démissionner après avoir été reconnu coupable par l’Office européen de lutte antifraude d’avoir dissimulé des refoulements de bateaux de migrants en mer Egée.

    Aija Kalnaja, qui lui a succédé à la direction de Frontex pour un court intérim, semble prendre les avertissements du FRO au sérieux. En février 2023, elle exprime de « vives inquiétudes » dans une lettre adressée à Rositsa Dimitrova, alors cheffe de la direction des frontières bulgare, recommandant aux autorités du pays d’accorder au corps permanent de l’agence l’accès aux « contrôles de première ligne et aux activités de surveillance des frontières ».

    Dans sa réponse, #Rositsa_Dimitrova assure que « le respect des droits fondamentaux des ressortissants de pays tiers est une priorité absolue ». Disposée à organiser des séances d’information et des formations à l’intention de ses gardes-frontières, la responsable bulgare explique que chaque violation présumée des droits est examinée par une commission constituée par ses soins. Insuffisant, pour le FRO, qui préférerait un contrôle rigoureux par un « organisme indépendant opérant en dehors de la structure institutionnelle du ministère de l’intérieur bulgare ». Cinq agents ont été sanctionnés pour avoir violé leur code de conduite éthique au cours des dix premiers mois de 2023, précise aujourd’hui le ministère de l’intérieur bulgare.

    Une lettre jamais envoyée

    Au début de 2023, le Néerlandais Hans Leijtens est nommé à la tête de Frontex. On peut alors s’attendre à ce que ce nouveau directeur, engagé publiquement en faveur de la « responsabilité, du respect des droits fondamentaux et de la transparence », adopte une position ferme à l’égard des autorités bulgares. « Ce sont des pratiques du passé », déclare-t-il après sa nomination, en référence aux antécédents de Frontex en matière d’aide aux refoulements en Grèce.

    Soucieux de saisir l’occasion, Jonas Grimheden, à la tête du FRO, lui écrit deux jours après sa prise de fonctions, en mars 2023. Le courriel contient un projet de lettre « que vous pouvez envisager d’envoyer, en tout ou en partie », à Rositsa Dimitrova. La lettre rappelle les « allégations persistantes de retours irréguliers (appelés “refoulements”), accompagnées de graves allégations de #mauvais_traitements et d’#usage_excessif_de_la_force par la police nationale des frontières à l’encontre des migrants » et demande des enquêtes indépendantes sur les violations des droits. Ce brouillon de lettre n’a jamais quitté la boîte de réception d’Hans Leijtens.

    Quelques semaines plus tard, en mars 2023, le #FRO envoie un rapport officiel au conseil d’administration de Frontex, évoquant le « risque que l’agence soit indirectement impliquée dans des violations des droits fondamentaux sans avoir la possibilité de recueillir toutes les informations pertinentes et d’empêcher ces violations de se produire ».

    M. Leijtens a-t-il fait part aux autorités bulgares des conclusions du FRO ? Sollicité, le service de presse de Frontex explique que « les discussions directes ont été jugées plus efficaces », sans pouvoir divulguer « les détails spécifiques des discussions ».

    Une contrepartie pour Schengen ?

    Alors que ce bras de fer se joue en coulisses, sur la scène politique, la Bulgarie est érigée en élève modèle pour le programme de contrôle des migrations de la Commission européenne, et récompensée pour le durcissement de ses #contrôles_frontaliers, en contrepartie de l’avancement de sa candidature à l’entrée dans l’espace Schengen.

    En mars 2023, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonce un #projet_pilote visant à « prévenir les arrivées irrégulières » et à « renforcer la gestion des frontières et des migrations », notamment par le biais de « #procédures_d’asile_accélérées » et d’#expulsions_rapides des migrants indésirables. La Commission sélectionne deux pays « volontaires » : la #Roumanie et la Bulgarie.

    Pour mettre en œuvre le projet, la Commission accorde à la Bulgarie 69,5 millions d’euros de #fonds_européens, principalement destinés à la surveillance de sa frontière avec la Turquie. « Toutes les activités menées dans le cadre de ce projet pilote doivent l’être dans le plein respect de la législation de l’UE et des droits fondamentaux, en particulier du principe de non-refoulement », précise d’emblée la Commission.

    Pourtant, à ce moment-là, l’exécutif bruxellois est parfaitement conscient de la situation désastreuse des droits humains sur le terrain. Deux mois avant le lancement du projet, en janvier 2023, deux hauts fonctionnaires de la direction des affaires intérieures (DG Home) ont rencontré à Stockholm la patronne des gardes-frontières bulgares « pour discuter des préoccupations du FRO concernant les allégations de #violations_des_droits_fondamentaux », révèle un compte rendu de la réunion.

    Au fil de l’avancement du projet pilote, les signaux d’alerte se multiplient. En septembre 2023, Jonas Grimheden alerte une nouvelle fois le conseil d’administration de Frontex sur des « allégations répétées de (…) refoulements et d’usage excessif de la force » par les agents bulgares. Si son rapport salue la participation des agents de Frontex aux « activités de patrouille terrestre de première ligne », il rappelle que ces derniers « continuent d’être impliqués dans un nombre limité d’interceptions » de migrants.

    Au cours du projet, deux documents sur les « droits fondamentaux » aux frontières extérieures de la Bulgarie ont circulé au sein de la DG Home. La Commission européenne a refusé de les communiquer au BIRN, arguant que leur divulgation mettrait en péril la « confiance mutuelle » avec le gouvernement bulgare.

    « Les résultats sont excellents »

    La participation de la Bulgarie au projet pilote de la Commission semble avoir joué un rôle crucial pour faire avancer son projet de rejoindre Schengen – un objectif prioritaire depuis plus d’une décennie. Il coïncide en tout cas avec un changement de ton très net du côté de Bruxelles et Varsovie, qui ont dès lors largement balayé les inquiétudes concernant les mauvais traitements infligés à grande échelle aux migrants.

    « Les résultats sont excellents », annonce Ylva Johansson lors d’une conférence de presse en octobre 2023. La commissaire européenne aux affaires intérieures, chargée des migrations, salue les efforts déployés par la Bulgarie pour empêcher les migrants « irréguliers » d’entrer sur le territoire de l’UE, appelant à prendre la « décision absolument nécessaire » d’admettre la Bulgarie dans l’espace Schengen. Cette décision est alors bloquée depuis des mois par les Pays-Bas et l’Autriche, qui exigent des contrôles plus stricts à la frontière terrestre avec la Turquie. Quelques semaines auparavant, Ursula von der Leyen avait salué la Bulgarie, qui « montre la voie à suivre en mettant en avant les meilleures pratiques en matière d’asile et de retour ». « Faisons-les enfin entrer, sans plus attendre », avait réclamé la présidente de la Commission.

    Selon Diana Radoslavova, directrice du Centre pour le soutien juridique, une ONG sise à Sofia, la fermeture effective de la frontière avec la Turquie est indispensable à l’entrée de la Bulgarie dans l’espace Schengen. « [Les autorités] sont prêtes à tout pour respecter cette injonction, y compris au prix de violations extrêmes des droits de l’homme », estime l’avocate. « Tant que la Bulgarie coopère en bonne intelligence avec la protection des frontières et la mise en œuvre du projet pilote, la Commission regarde ailleurs », ajoute l’eurodéputée Tineke Strik.

    Pour défendre la candidature de Sofia à l’espace Schengen, la Commission européenne s’est appuyée sur le rapport d’une mission d’enquête rassemblant les experts de plusieurs agences de l’UE et des Etats membres, dépêchés en novembre 2023 en Bulgarie pour évaluer son état de préparation à l’adhésion. La mission n’aurait trouvé aucune preuve de violation des obligations en matière de droits humains prévues par les règles européennes, y compris en ce qui concerne « le respect du principe de non-refoulement et l’accès à la protection internationale ».

    Ce rapport n’a pas dissipé les inquiétudes de Jonas Grimheden, qui affirme que ses services font encore « régulièrement » part de leurs « préoccupations » au conseil d’administration de Frontex, « auquel participe la Commission européenne ».
    Cette enquête a été produite en collaboration avec le réseau Balkan Investigative Reporting Network (BIRN), qui a reçu un soutien financier de la Fondation Heinrich-Böll. Son contenu relève de la seule responsabilité des auteurs et ne représente pas les points de vue et les opinions de la fondation.

    La réponse de Frontex et de la Commission européenne

    Un porte-parole de Frontex déclare que l’agence prend « très au sérieux » les « préoccupations concernant les refoulements ». « Dans les cas où des violations sont signalées, la question est transmise au directeur exécutif et, si nécessaire, discutée lors des réunions du conseil d’administration avec des représentants des Etats membres. Toutefois, ces discussions ne sont pas publiques, conformément à notre politique de confidentialité visant à garantir un dialogue franc et efficace. »

    Dans une réponse écrite, la Commission européenne rappelle « l’importance de maintenir des éléments de contrôle solides tout en renforçant les actions de suivi et d’enquête ». « Les autorités bulgares, comme celles de tous les Etats membres de l’UE, doivent respecter pleinement les obligations découlant du droit d’asile et du droit international, notamment en garantissant l’accès à la procédure d’asile », explique un porte-parole.

    L’institution précise qu’« il a été convenu de renforcer davantage le mécanisme national indépendant existant pour contrôler le respect des droits fondamentaux », mais qu’« il est de la responsabilité des Etats membres d’enquêter sur toute allégation d’actes répréhensibles ».

    Le Médiateur européen enquête actuellement sur la décision de la Commission de refuser la communication aux journalistes de BIRN de deux documents de la DG Home sur les « droits fondamentaux » aux frontières extérieures de la Bulgarie. Dans l’attente de l’enquête, la Commission a refusé de dire si ces documents avaient été pris en considération lorsqu’elle a émis des évaluations positives du programme pilote et de la conformité de la Bulgarie avec les règles de Schengen.

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/02/26/comment-l-ue-a-ferme-les-yeux-sur-le-refoulement-illegal-de-migrants-par-la-

    #refoulements #push-backs #migrations #réfugiés #frontières #opération_Terra

  • La loi « immigration », dernier texte d’une longue série de 118 depuis 1945
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/02/25/la-loi-immigration-dernier-texte-d-une-longue-serie-de-118-depuis-1945_62184

    La loi « immigration », dernier texte d’une longue série de 118 depuis 1945
    Par Romain Imbach, Maxime Vaudano et Stéphanie Pierre
    Le projet de loi « immigration » porté par le ministre de l’intérieur a finalement été promulgué le 26 janvier dernier, bien que le Conseil constitutionnel ait censuré plus d’un tiers des articles adoptés par les parlementaires. « Le Monde » se penche sur la centaine de réformes sur l’immigration depuis 1945.
    La « loi Darmanin » promulguée fin janvier vient compléter l’édifice du droit de l’immigration – un empilement législatif vertigineux remanié sans cesse depuis les textes fondateurs signés par le général de Gaulle au sortir de la guerre.
    Un chiffre suffit à prendre la mesure de cette hyperactivité législative : depuis 1945, la France a voté une loi sur l’immigration tous les deux ans en moyenne – sans compter les ordonnances, arrêtés, circulaires et décrets qui se sont multipliés. De droite comme de gauche, tous les ministres de l’intérieur ont voulu laisser leur empreinte sur la question.
    Pour quel résultat ? Aucun de ces textes n’est parvenu à éteindre le débat brûlant sur l’immigration né au cœur des années 1970. Même l’accélération des réformes depuis les années 1980 a été impuissante à contenir la poussée de l’extrême droite, qui s’appuie alors sur l’équation fallacieuse inventée par Jean-Marie Le Pen : « 1 million d’immigrés = 1 million de chômeurs. »
    L’amoncellement des lois n’a eu guère plus d’effets sur la réalité de l’immigration, la hausse des demandes d’asile, dans les années 2010, ou la « crise » des réfugiés, en 2015 – les flux migratoires dépendent bien plus de circonstances extérieures que des décrets.
    Cette frénésie de changement n’est pourtant pas anodine. Sans même compter le temps passé au Parlement et dans les ministères pour procéder sans cesse à des ajustements, tantôt minuscules, tantôt fondamentaux, de la politique migratoire, les acteurs de terrain (magistrats, avocats ou associatifs) peinent à suivre le rythme effréné des réformes, qui se contredisent souvent, et complexifient le droit des étrangers. Ainsi, les conditions de délivrance de la carte de résident de longue durée ont changé huit fois depuis 1984, réclamant aux étrangers cinq, dix ou quinze ans de résidence en France, et les critères de régularisation des immigrés sans papiers ont été redéfinis près d’une quinzaine de fois depuis les années 1970.
    Ces incessantes révisions de la législation ont progressivement brouillé la répartition des rôles confortable entre une droite « ferme » et une gauche « humaniste ». Car si Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy restent probablement les champions des mesures anti-immigration, les socialistes ont entériné, voire devancé, de nombreux durcissements proposés par la droite. Une tendance largement confirmée depuis l’élection d’Emmanuel Macron.
    (....)

    #Covid-19#migration#migrant#france#politiquemigratoire#immigration#regroupementfamilial#etranger#droit#economie#fluxmigratoire#chomage#sante

  • Remaniement : l’arrivée de Kasbarian au ministère du Logement irrite la gauche et des associations
    https://www.lefigaro.fr/politique/remaniement-l-arrivee-de-kasbarian-au-ministere-du-logement-ulcere-la-gauch

    L’élu d’Eure-et-Loir, nommé jeudi après un mois sans ministre spécifiquement chargé du #Logement, a la lourde tâche d’affronter une crise historique, avec une production en berne, un allongement sans fin du nombre de ménages en attente d’un HLM, ou une saturation des structures d’hébergement d’urgence. Sa nomination au ministère du Logement, après deux anciens socialistes - Patrice Vergriete et Olivier Klein - marque un net coup de barre à droite, lui dont le principal fait d’armes en matière de logement est d’avoir fait adopter, en 2023, une loi durcissant les peines contre les squatteurs [et les locataires !!].

    Le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, a ainsi confié à l’AFP « espérer que le nouveau ministre délégué au Logement sera plus attentif aux souffrances des mal logés et aux difficultés que connaissent nos concitoyens en matière de mal-logement qu’il ne l’a été au moment où il a porté une loi qui a fait beaucoup de dégâts ».

    « Provocation »

    Eddie Jacquemart, président de la Confédération nationale du logement, première association de locataires HLM et proche du Parti communiste, a lui estimé sur franceinfo que son arrivée était « une véritable gifle à tout le secteur du logement » et une « déclaration de guerre aux locataires ». « Une provocation », ont jugé de concert plusieurs élus de gauche. « Nommer celui dont le seul fait d’armes est d’avoir facilité les expulsions est un crachat aux visages des 4 millions de personnes mal logées et 330.000 personnes sans-abris », a ainsi dénoncé sur X la cheffe des députés LFI Mathilde Panot.

    « Guillaume Kasbarian est l’auteur de la loi la plus répressive sur les expulsions depuis des décennies », a lancé sur le même réseau le communiste Jacques Baudrier, adjoint au Logement à la mairie de Paris, tandis que le chef des sénateurs écologistes Guillaume Gontard moquait l’arrivée d’un « ministre du délogement ».

  • Lactalis perquisitionné pour des soupçons de fraude fiscale massive
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/02/06/le-geant-du-lait-lactalis-perquisitionne-pour-des-soupcons-de-fraude-fiscale


    Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, en mai 2022 à Boston, aux Etats-Unis. TIMOTHY A. CLARY / AFP

    Selon les informations du « Monde », l’enquête du Parquet national financier vise à déterminer si le géant laitier a échappé à l’impôt français en transférant des bénéfices dans ses sociétés en Belgique et au Luxembourg.
    Par Abdelhak El Idrissi, Adrien Sénécat et Maxime Vaudano

    Lactalis et son patron ont été perquisitionnés, mardi 6 février, dans le cadre d’un gigantesque dossier de #fraude_fiscale. Selon les informations du Monde, ces opérations ont été menées par les policiers de la Brigade nationale de répression de la délinquance fiscale dans au moins trois lieux distincts : au siège du géant laitier à Laval (Mayenne), dans ses bureaux de la tour Montparnasse (Paris), ainsi que dans l’hôtel particulier du PDG, Emmanuel Besnier, dans le 7e arrondissement de la capitale.

    Lactalis est visé par une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF) pour fraude fiscale aggravée et blanchiment de fraude fiscale aggravée. Son organisation fiscale lui aurait permis, selon une source judiciaire, d’éluder « plusieurs centaines de millions d’euros » d’impôts. « Les montages sont de haut niveau, très ingénieux et très sophistiqués », commente une autre source. Sollicitée, la direction de #Lactalis indique que les perquisitions « se sont déroulées sereinement », précisant qu’elles « s’inscrivent dans le cadre d’une procédure sur des faits anciens ». Selon nos informations, ils remontent à la période 2009-2020.

    L’enquête du PNF a été déclenchée en 2018 après des révélations de la presse. Coup sur coup, Mediacités, Ebdo, Les Jours et Mediapart avaient dévoilé que le premier groupe mondial de produits laitiers, fondé en 1933 à Laval, disposait de plusieurs filiales financières en Belgique et au Luxembourg, soupçonnées d’aspirer artificiellement les bénéfices du groupe pour réduire sa base taxable en France.
    En 2020, le site d’investigation Disclose évaluait à 220 millions d’euros le préjudice pour les finances publiques françaises, pour la seule période 2013-2018.

    Une enquête fiscale parallèle

    Le PNF a également reçu en 2019 une dénonciation émanant de la Confédération paysanne, qui reproche de longue date à la multinationale ses pratiques, responsables, selon elle, de détruire l’équilibre de la filière laitière. Le syndicat agricole a accusé le groupe industriel d’avoir « mis en place un système de refacturation intragroupe particulièrement complexe ainsi qu’un système d’achat fictif d’actions ».

    #holdings #famille # PNF

  • Décision n° 2023-863 DC du 25 janvier 2024 | Conseil constitutionnel
    https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2024/2023863DC.htm

    Loi pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration
    Non conformité partielle - réserve

    Apparemment, le Conseil Constitutionnel a décidé de mettre noir sur blanc la feuille de route du gouvernement afin de pouvoir avancer sur ses projets les plus importants du quinquennat : la suppression de tout ce qui permettra d’appliquer pour de bon la loi immigration.

    #loi_immigration

    (oui, j’ai mauvais esprit ; sous des airs de victoire de l’état de droit, je ne peux m’empêcher d’y voir une victoire à la Pyrrhus)

    • Détail des rejets, et des conformités... Ci-dessous, les saloperies déclarées conformes...

      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/01/25/loi-immigration-ce-que-le-conseil-constitutionnel-a-censure-et-pourquoi_6212

      Les conformes :

      Article 2
      Précision sur les conditions de réacheminement à la frontière

      Article 35
      Suppression des protections contre l’expulsion pour certains étrangers

      Article 37
      Obligation de quitter le territoire français (OQTF) possible contre des étrangers protégés

      Article 39
      Création d’un fichier des mineurs non accompagnés délinquants

      Article 42
      Allongement de la durée d’assignation à résidence des étrangers

      Article 44
      Exclusion de certains étrangers de l’aide sociale à l’enfance s’ils sont visés par une OQTF

      Article 46
      Instauration d’une condition de « respect des principes de la République » pour obtenir un titre de séjour

      Article 66
      Elargissement des cas dans lesquels le bénéfice des conditions matérielles d’accueil peut être retiré

      Article 70
      Fin de la collégialité par principe des jugements de la Cour nationale du droit d’asile

      Articles 72 et 76
      Extension du recours à la visioconférence pour les audiences dans les centres de rétention

      Article 77
      Allongement à quarante-huit heures du délai du juge pour statuer dans les zones d’attente

  • Sur les réseaux sociaux, l’hypothétique « maladie X », évoquée à Davos, suscite panique et parano
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/01/20/sur-les-reseaux-sociaux-l-hypothetique-maladie-x-evoquee-a-davos-suscite-pan

    Au Forum économique mondial, une table ronde sur les risques de nouvelle #pandémie a été interprétée comme une preuve de #complot des élites mondiales.

  • La charge de la ministre de l’éducation contre le public passe mal | Mediapart

    Interrogée sur son choix de l’établissement privé catholique Stanislas pour ses enfants, Amélie Oudéa-Castéra [6,5 millions d’euros de patrimoine déclaré] a invoqué le « paquet d’heures non remplacées » dans le public et son souci de « l’exigence ». Les syndicats enseignants et plusieurs politiques s’indignent.
    Mathilde Goanec


    Elle a d’abord tenté de décrédibiliser la question, la renvoyant à une « attaque personnelle ». Avant de répondre, pour ne pas « esquiver » le sujet. Pourquoi Amélie Oudéa-Castéra, la toute nouvelle ministre de l’éducation nationale, du sport, de la jeunesse et des jeux olympiques et paralympiques, a choisi de scolariser ses trois enfants au sein de l’établissement privé catholique Stanislas, l’un des plus huppés du pays, mais aussi critiqué pour fermer les yeux sur des pratiques ultra-réactionnaires, comme le révélait cette enquête de Mediapart ?
    « Notre aîné a commencé, comme sa maman, à l’école publique », a expliqué la ministre, à l’occasion d’un déplacement en compagnie de Gabriel Attal dans un collège des Yvelines. L’enfant serait passé dans le privé, en raison de la « frustration » de la famille Oudéa-Castéra devant le « paquet d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées » dans l’école du secteur. « À un moment on en a eu marre, et comme des milliers de familles, on est allé chercher une solution différente », a poursuivi la ministre.
    Le groupe scolaire Stanislas, visé aujourd’hui par une inspection administrative, dont le ministère refuse toujours de dévoiler la teneur — ce qui place de facto la ministre dans une situation délicate –, s’est imposé pour le reste de sa progéniture comme un choix de « proximité ». Depuis, complète Amélie Oudéa-Castéra, « nous nous assurons que nos enfants soient correctement formés avec de l’exigence dans la maîtrise des savoirs fondamentaux, et qu’ils soient heureux, qu’ils soient épanouis, qu’ils se sentent bien et en confiance ».

    Les réactions à cette déclaration ne se sont pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, plusieurs enseignant·es ont dit leur colère, certains parlant de « honte » et de « crachat » au visage. La sociologue de l’éducation Annabelle Allouch fait même ce constat, sur le réseau X (ex-Twitter) : « Une ministre qui indique à quel point le contournement de carte scolaire, “comme des milliers de familles” lui paraît normal, sans ajouter que c’est son rôle de remédier à cela, à ma connaissance, c’est inédit. »
    Pour Sophie Vénétitay, secrétaire nationale du syndicat SNES-FSU, il s’agit tout bonnement d’une « sortie de route ». « Elle admet en creux les limites de la politique éducative d’Emmanuel Macron, et sous-entend que la solution, c’est le privé. Elle le fait comme parent d’élève peut-être, mais Amélie Oudéa-Castéra est désormais ministre de l’éducation nationale. »
    Guislaine David, secrétaire du SNUIPP, syndicat du premier degré, estime également qu’il semble « compliqué » de discuter avec une ministre qui ne défend pas l’école publique, « voire même lui marche dessus ». Elle moque l’argument de la proximité : « À Paris, il y a une école toutes les deux rues, et je doute fort du non-remplacement dans cet arrondissement le plus huppé de Paris. »
    Sa collègue, Catherine Nave-Behkti, secrétaire du SGEN-CFDT, n’a pas davantage goûté cette déclaration de sa ministre, regrettant qu’elle « jette le soupçon » sur les collègues absents et tous leurs efforts pour « arranger les choses », ce qui « aggrave leurs conditions de travail depuis des années ». Catherine Nave-Behkti souligne : « Amélie Oudéa-Castéra ne se positionne pas comme ministre, mais comme mère d’élève, dressant un portrait idyllique de Stanislas et en creux un tableau désastreux de l’école publique… »

    Un « aveu » assez terrible
    Voulait-elle, se faisant, « soutenir la politique du Pacte lancée par Emmanuel Macron », interroge Élisabeth Allain-Moreno de l’UNSA-Éducation ? Le dispositif, lancé en septembre 2023, consiste à demander aux enseignant·es d’effectuer des heures supplémentaires, rémunérées, afin de venir à bout du problème récurrent du manque de postes et d’attractivité du métier. Le pacte a été vivement dénoncé par les syndicats et les associations de parents d’élèves.
    Grégoire Ensel, président de la FCPE (fédération de parents d’élèves), voit dans la toute première déclaration spontanée de la ministre, après la passation de pouvoir vendredi matin au ministère, un « aveu », assez terrible : « La ministre fait le constat que font des dizaines de milliers de parents, face aux 15 millions d’heures perdues chaque année pour les enfants, mais qui eux, par choix ou parce qu’ils ne l’ont pas, restent dans l’école publique et subissent la désorganisation de ce service public. »
    Un fil que reprend l’APGH, l’association des professeurs d’histoire et de géographie, celui d’une forme de déconnexion entre la nouvelle ministre et le quotidien des Français. « L’école de la République, Madame, c’est l’école publique. Elle ne vous convient pas en tant que mère d’élèves ? Changez-la pour tous, y compris ceux qui n’ont pas la chance de vivre une vie aussi privilégiée que la vôtre ! », a twitté l’association.
    Le personnel politique, à gauche, s’est montré encore plus cinglant. Bastien Lachaud, député insoumis dans le département de la Seine-Saint-Denis (qui a encore récemment fait l’objet d’une mobilisation spécifique des personnels de l’éducation tant la situation y est difficile), lâche ses coups sur le même réseau : « “S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche”, disait Marie-Antoinette. S’ils n’ont pas de prof, qu’ils mettent leurs enfants à Stanislas, disent les macronistes. »
    Olivier Faure, le patron du parti socialiste, moque une ministre, pour qui l’école publique ne serait « pas assez bien » mais qui n’hésite pas à scolariser ses enfants dans un établissement « dont les valeurs sont loin des valeurs républicaines ».

    Julien Bayou, chez les écologistes, décrit l’image assez surréaliste offerte par l’échange entre Mediapart et Amélie Oudéa-Castéra, sous le regard légèrement inquiet de Gabriel Attal : « La ministre explique que son enfant est dans le privé à cause des enseignants non remplacés dans le public… devant l’ancien ministre de l’éducation qui avait promis “une classe, un prof” ! »
    Si Gabriel Attal est passé finalement presque furtivement à la tête du ministère de l’éducation, il est en effet le premier ministre d’un président, Emmanuel Macron, au pouvoir depuis 2017. Les enfants d’Amélie Oudéa-Castéra pâtissent, au moins pour partie, de son bilan.
    La dernière partie de la réponse de la ministre passerait presque inaperçue, dans cette tempête. « Avant de stigmatiser les choix des parents d’élèves il est important de rappeler que la République travaille avec tout le monde du moment qu’on est au rendez-vous de cette exigence et de ces valeurs. » Sur la question des valeurs, un gros doute subsiste à propos de Stanislas, décrit par des élèves et anciens élèves comme un univers sexiste, homophobe et autoritaire.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/120124/la-charge-de-la-ministre-de-l-education-contre-le-public-passe-mal

    On ne compte plus les ministres scolarisés (Blanquer, Attal) ou ayant scolarisé leurs enfants (Ndiaye) dans les boites privées les plus sélectives. Une des profs d’Attal à l’école alsacienne vient d’expliquer que ce n’était pas logique de fournir aux moins bons élèves les « meilleurs » profs (passés par l’ENS ou et avec agrégation).

    #école

  • Terrorisme : qu’est-ce que la fiche « S » ?

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/10/16/terrorisme-qu-est-ce-que-la-fiche-s_4741574_4355771.html

    Contrairement à plusieurs idées reçues sur la fiche « S », cette dernière est d’abord un outil d’alerte pour les forces de l’ordre et non un motif d’enfermement.

    [...]

    La fiche « S » est elle-même subdivisée en divers niveaux, qui ne correspondent pas au motif de fichage ou à la « dangerosité » d’une personne, mais plutôt aux actions à entreprendre pour les membres des forces de l’ordre en cas de contrôle (la conduite à tenir).

    Un hooligan, un manifestant altermondialiste régulier ou un opposant actif à la construction d’une autoroute ou d’une mégabassine peut se retrouver « fiché S », au même titre qu’un fanatique djihadiste connu par les services de renseignement de dizaines de pays.

  • Des Etats-Unis à la France, comment la société s’imprègne de l’imaginaire complotiste de QAnon
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/12/01/des-etats-unis-a-la-france-comment-la-societe-s-impregne-de-l-imaginaire-com

    S’il est difficile de quantifier le mouvement [en France], certains indices laissent penser qu’il est moins implanté qu’outre-Atlantique. Le film sur le trafic d’enfants Sound of Freedom, qui avait généré plus de 170 millions de dollars (156 millions d’euros) au box-office américain avec le soutien de la complosphère trumpiste, n’a réuni que 63 000 spectateurs en première semaine en salles françaises, du 15 au 22 novembre. Mais combien l’avaient déjà vu, en ligne, par le biais de copies pirates traduites de façon artisanale ?

    Une enquête de l’IFOP confirme la pénétration moindre du #complotisme dans l’Hexagone : 35 % des Français sondés déclarent croire aux théories du complot, contre 55 % des Américains. Elle témoigne d’une influence directe des Etats-Unis : 20 % des Français sondés pensent que Joe Biden a volé l’élection de 2020. Autre signe de contamination : en 2022, l’élection présidentielle française avait été touchée par des rumeurs similaires. Elles étaient à ce point calquées sur les Etats-Unis qu’elles incriminaient les machines à voter Dominion, alors qu’elles ne sont pas utilisées en France.
    Comment les thèses de QAnon, remplies de personnages et de symboles américains, ont-elles réussi à s’implanter hors d’Amérique ? L’une des raisons tient à leur dimension fédératrice, à l’image du mot d’ordre de la mouvance, « where we go one, we go all » (« là où l’un de nous va, nous allons tous »), et de sa dénonciation d’une élite malfaisante « mondialiste », qui par nature menace les peuples de tous les pays.
    Héritière des stéréotypes antisémites sur la finance internationale qui avaient essaimé dans l’Europe des années 1920, elle a pu s’arrimer, en France, au fait que le président Emmanuel Macron a travaillé à la banque Rothschild de 2008 à 2012, le nom de Rothschild étant la cible historique d’attaques #conspirationnistes.

    Des théories du complot traduites et localisées

    L’imaginaire QAnon a aussi pu compter sur le relais d’influenceurs francophones, du complotiste québécois Alexis Cossette-Trudel, qui a été le premier des passeurs, à la chaîne conspirationniste française des DéQodeurs, devenue ADNM, ou au compte spécialisé Quantum Leap Traduction.
    Encore aujourd’hui, une importante partie de leur production consiste à traduire, expliquer et défendre des théories du complot américaines venues de la mythologie QAnon. Ces derniers sont à l’origine de la récente rumeur infondée sur Vinted.
    Arrivées en France, elles se colorent de personnalités locales, à l’image de Jacques Attali, déjà cible d’attaques antisémites depuis des décennies, réinterprété en avatar français de l’« élite mondialiste » honnie de #QAnon ; de Brigitte Macron, objet de rumeurs transphobes, à l’instar de Michelle Obama avant elle ; tandis que l’animateur Karl Zero, très investi dans la dénonciation des trafics d’enfants, est devenu le héraut de la lutte contre une supposée élite pédosataniste.
    Plusieurs infox typiques continuent ainsi de franchir l’Atlantique, telles quelles ou adaptées. Ainsi de l’affabulation des enfants vendus sous forme d’annonces codées sur les sites d’e-commerce grand public, transvasée de Wayfair à Vinted en novembre. Ainsi encore de l’adrénochrome, fantasme d’une drogue obtenue par concoction de sang d’enfant, évoquée sur le plateau de « Touche pas à mon Poste ! » en mars. Autant de signes d’une imprégnation sur le long terme de l’imaginaire complotiste français.

  • Le conseil d’État annule la dissolution des Soulèvements de la Terre :
    https://www.conseil-etat.fr/actualites/soulevements-de-la-terre-gale-alvarium-cri-le-conseil-d-etat-precise-le

    Cependant, il estime que la dissolution des Soulèvements de la Terre ne constituait pas une mesure adaptée, nécessaire et proportionnée à la gravité des troubles susceptibles d’être portés à l’ordre public au vu des effets réels qu’ont pu avoir leurs provocations à la violence contre des biens, à la date à laquelle a été pris le décret attaqué.

    Pour ces raisons, le Conseil d’État annule le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre et rejette les demandes de la GALE, de l’Alvarium et du CRI.

  • Des Juifs disent vouloir s’installer en Corse, épargnée par la vague d’antisémitisme - The Times of Israël
    https://fr.timesofisrael.com/des-juifs-disent-vouloir-sinstaller-en-corse-epargnee-par-la-vague

    Cela ferait presque sourire si ce n’était pas aussi pathétique...

    Dans ce contexte, des familles juives ont indiqué au rabbin de Corse songer à déménager sur l’île, qui n’a connu aucun acte antisémite ces 30 derniers jours, ont rapporté les médias français.

    « Ils pensent ou songent sérieusement à venir s’installer en Corse face à la recrudescence des actes antisémites en France. J’ai reçu une dizaine d’appels téléphoniques, rien que la semaine dernière », a témoigné au Figaro Levi Pinson, rabbin de Corse.

    Rappel :

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/08/15/la-corse-en-tete-des-actes-anti-musulmans-en-france_4982934_4355770.html
    La Corse en tête des actes antimusulmans en France

    Un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme réalisé en janvier fait état d’un niveau de violence en 2015 bien supérieur à celui des autres régions françaises.

  • La trêve hivernale débute après un record d’expulsions en 2022
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/11/01/la-treve-hivernale-debute-apres-un-record-d-expulsions-en-2022_6197625_43557

    A compter du 1ᵉʳ novembre et pendant les cinq mois les plus froids de l’année, les locataires ne peuvent plus être expulsés de leur #logement.

    Près de 38 000 personnes, soit 17 500 ménages, ont été expulsées par les forces de l’ordre en 2022, selon la Fondation Abbé Pierre. Et « deux à trois fois plus de ménages partent avant que la #police n’arrive », complète Christophe Robert, le délégué général de l’organisation. Selon lui, si les #expulsions sont en théorie impossibles, la pression des #propriétaires amène parfois certains locataires à plier bagage pendant la trêve hivernale.

    Pendant les années Covid-19, en 2020 et en 2021, les expulsions ont fortement chuté, avant de reprendre fortement en 2022.

    ça va pas s’arranger avec la #loi Kasbarian_Bergé qui entre autre joyeuseté prévoit la résiliation automatique du bail lors d’impayés de loyers

    Le Conseil constitutionnel a validé, mercredi 26 juillet, la loi Kasbarian-Bergé qui criminalise les locataires et accroît les sanctions contre ceux qui cherchent refuge. Et ce alors que le gouvernement réduit le budget de l’hébergement d’urgence.
    https://www.humanite.fr/societe/mal-loges/loi-anti-squat-le-conseil-constitutionnel-valide-lexpulsion-des-pauvres-804

    Est ainsi prévu, l’ajout systématique, dans le contrat entre propriétaire et locataire, d’une clause permettant la #résiliation_automatique_du_bail, sans passage par le juge, dès les premiers impayés. La disposition la plus contestée, qui prévoyait la prison pour les locataires qui se maintiendraient dans leur logement après un jugement, a été supprimée durant les allers-retours du texte au Parlement.

    En revanche, ces locataires en difficulté sont désormais passibles d’une #amende de 7 500 euros. « Une offensive contre les locataires et contre les plus démunis », avait dénoncé durant les débats la sénatrice (CRCE) et ex-ministre du Logement Marie-Noëlle Lienemann.

    Expressément visés par la loi, les squatteurs voient les peines encourues augmenter : de un à trois ans d’emprisonnement et de 15 000 à 45 000 euros d’amende. La possibilité d’une #expulsion_immédiate, jusque-là réservée aux seuls locaux d’habitation, résidences principales et secondaires, est étendue par la loi portée par le député Renaissance de Haute-Loire, à l’ensemble des locaux commerciaux : bureaux vides, bâtiments industriels ou agricoles désaffectés.

    la résiliation automatique des baux devrait permettre de substantielles économies sur les fonds de solidarité logement (#FSL) qui ont pour fonction de payer les impayés de loyer (dès lors que la locataire a repris des paiements), avec y compris un #FSL urgence (deux mois de retard) qui est destiné à prévenir le surendettement locatif et les expulsions.

    #locataires #squatteurs #guerre_aux_pauvres #criminalisation #justice #propriété_privée

  • « Netanyahu, un nazi sans prépuce », un sketch de Guillaume Meurice qui ne passe pas
    Par Times of Israel Staff Aujourd’hui, 10:55 - The Times of Israël
    https://fr.timesofisrael.com/netanyahu-un-nazi-sans-prepuce-un-sketch-de-guillaume-meurice-qui-

    Dimanche soir, sur France Inter, le chroniqueur de radio français Guillaume Meurice a tenté de faire de l’humour en conseillant un « déguisement pour faire peur pour Halloween : le déguisement Netanyahu, qui marche pas mal en ce moment, une sorte de nazi mais sans prépuce ». Son propos a provoqué rires et applaudissements autour de la table et dans la salle.

    La séquence a été diffusée sur YouTube par la radio.
    https://www.youtube.com/watch?v=VUWpzzyEQ6w

    Lundi, plusieurs responsables politiques et personnalités ont fait part de leur stupéfaction sur Twitter/X.
    (...)
    L’avocat Gilles-William Goldnadel a indiqué qu’il lançait des poursuites contre l’humoriste de France Inter.

    _Alors, ne le prenez pas mal , mais je vous annonce que nous allons , sans vouloir être vulgaire, vous rentrer dans votre tronche ( judiciairement s’entend) pour avoir traité le premier israélien de « nazi sans prépuce » sous les rires de vos copains. https://t.co/6kpKw9MKDH_
    — G-William Goldnadel (@GWGoldnadel) October 30, 2023 (...)

    • Le personnage n’est pas drôle et ne mérite pas qu’on se moque de lui. Quand il s’agit de rire des assassins je préfère ceux qui me sont plus proches, parce qu’originaires de Hannovre, par exemple.
      https://www.youtube.com/watch?v=f5U3J069As8&pp=ygUcd2FydGUgd2FydGUgbnVyIGVpbiB3ZWlsY2hlbg%3D%3D


      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fritz_Haarmann

      vorhautlosrr Nazi plus moderne vorhautbefreiter Nazi , c’est quand méme fort, mais pas drôle à cause de la dimension de ses crimes.

      #humour #assassins

    • Mince il s’est déguisé en Dieudonné pour l’halloween Meurice. Tellement compliqué tout ca, est-ce que parler de génocide à Gaza c’est antisémite ? Peut-etre qu’il y a d’autres génocidaires que les nazis qui seraient plus adaptés pour une comparaison avec les actes du gouvernement israelien....
      J’ai vu qqpart que c’est plus adapté de parler d’Israel comme d’un etat colonial que d’un sionisme nazi, ca me semble pas idiot.

    • attention, ça glisse ! c’est une blague démago, imbécile, qui aide pas, du tout, à piger ce qui se passe (ou Israël), et même pas les tendances suprémacistes en et autour d’Israël.
      mais on en est à pas au point Dieudonné

      Dieudonné sur la chaîne iranienne Sahar en septembre 2011, (...) déclarait que « le sionisme [avait] tué le Christ ». Dans cet extrait, le procédé d’adaptation est grossier : la désignation de « sioniste » est mise en lieu et place de celle de « juif », pour rappeler une vieille rengaine de l’antisémitisme, rendant les juifs – le « peuple déicide » – coupables de la mort de Jésus. Rappelons que le sionisme ici invoqué est postérieur de quelque dix-neuf siècles à la mort de Jésus.

      https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/10/31/antisemitisme-aux-origines-du-glissement-de-vocabulaire-de-juif-a-sioniste_5

      [Iquioussen, lui, explique des schismes au sein de l’Islam par des manipulation juives, c’est plus crédible que de faire intervenir le sionisme avant son éclosion]

      j’y vois plutôt une très malheureuse convergence -à front renversé- avec le #négationnisme_israélien (gouvernemental) du génocide des juifs par les nazis qu’on observe en ce moment. surenchère et banalisation des confusions bestiales (la comparaison qui obscurcit). pour inventer un équivalent général, faut être un boucher ou/et un menteur.
      un comique qui veut/doit user de la mauvaise foi se devrait de mentir mieux.

      une des voies du négationnisme (du génocide des juifs par les nazis) c’est la minimisation.

      minimiser la barbarie nazie vis à vis des juifs et pas seulement) est à mon avis la dernière des choses à faire lorsqu’il est question de pointer le sort tragique (...) imposé aux Palestiniens et/ou la politique d’Israël.

    • Le moment Meurice du 29 octobre 2023 : la réponse de la direction de France Inter, Adèle Van Reeth .
      31/10/2023
      https://mediateur.radiofrance.com/chaines/france-inter/le-moment-meurice-du-29-octobre-2023

      (...) Je rejoins le malaise que vous avez été nombreux à exprimer.

      Comme tous les humoristes de la chaine, Guillaume Meurice jouit d’une liberté d’expression dont je me suis portée garante dès le premier jour. L’existence d’un espace de satire politique dans lequel le pouvoir et ses représentants peuvent être moqués est le signe d’une démocratie qui fonctionne, et notre responsabilité en tant que radio de service public consiste à protéger cet espace au nom de la liberté d’expression. Celle-ci a une limite : celle du droit. L’humour, même lorsqu’il use d’irrévérence et de provocation, s’inscrit dans le cadre prescrit par la loi.

      Qualifier n’importe quel représentant politique de « nazi » est une outrance dont le caractère comique peut être, en temps normal, questionné. Quand ce représentant, dont on peut par ailleurs désapprouver et critiquer la politique, est lui-même juif, à la tête d’un Etat juif, dont les habitants viennent de subir une attaque terroriste ayant assassiné plus d’un millier d’entre eux, cet humour est encore plus discutable. Quand s’ajoute à ce contexte une recrudescence des actes antisémites au sein de notre pays, ce choix des mots semble particulièrement malvenu.(...)