• Une panne a affecté certains paiements par carte bancaire Visa en Europe
    https://www.lemonde.fr/entreprises/article/2018/06/01/une-panne-affecte-certains-paiements-par-carte-bancaire-visa-en-europe_53084

    Visa n’a pas fourni d’explications détaillées sur la cause de la panne mais elle a, par la voix de son directeur général, présenté ses excuses à ses clients pour cette panne qui n’est pas liée « à une cyberattaque ou un accès non autorisé » : « Notre objectif est de faire en sorte que tous les paiements Visa fonctionnent de façon fiable 24 heures sur 24, 365 jours par an. Nous n’avons pas été à la hauteur de cet objectif », a reconnu Al Kelly dans un communiqué.

    Le problème a essentiellement concerné le Royaume-Uni. Relayées sur les réseaux sociaux, les anecdotes se sont multipliées : des gens ont laissé leurs courses dans les supermarchés derrière eux, des pleins d’essence n’ont pas pu être réglés, la chaîne de pubs Wetherspoons, très active comme tous les vendredis soir, a dû refuser de servir de nombreuses pintes de bière…

    Si des millions de personnes ont été touchées, les problèmes ont dans l’ensemble pu être contournés. La panne a été gênante, mais pas bloquante… A la librairie Waterstones de Kensington, au centre de Londres, une séance de dédicaces de Derek Landy, un auteur très populaire chez les adolescents, était en cours. Les clients ont majoritairement dû payer leurs livres en liquide. Rapidement, la caisse est arrivée à cours de monnaie, et il a fallu que le libraire aille se fournir en urgence à la banque voisine.

    L’Allemagne a également été touchée, avec des files d’attente aux caisses d’un magasin Primark à Berlin, selon un journaliste de l’AFP. En Sicile, des touristes britanniques se sont retrouvés bloqués, faute de pouvoir payer leur voiture de location.

    La panne a mis en évidence la profonde dépendance des sociétés actuelles à quelques systèmes de paiement informatisés. « La vision romantique d’une société du futur sans argent liquide a connu un bug. Dès que Visa est en panne, l’économie est immobilisée. Aujourd’hui en était un entraperçu », commentait sur Twitter Brett Scott, l’auteur d’un livre sur le système monétaire (The Heretic’s Guide to Global Finance, Hacking the Future of Money, éditions Pluto Press, 2013, non traduit).

    La fragilité des systèmes informatiques financiers avait déjà été illustrée en avril au Royaume-Uni. Pendant plus d’une semaine, les clients de TSB, une grande banque de détail, ont eu de grosses difficultés à accéder à leurs comptes en ligne. Beaucoup n’ont pas pu régler leurs factures ou transférer de l’argent. Certains ont eu la surprise de pouvoir lire les comptes en banque de personnes tierces. Un client s’est retrouvé avec un découvert de 1 million de livres… Le directeur général de TSB, Paul Pester, a dû renoncer à son bonus de 2 millions de livres (2,3 millions d’euros) et a été convoqué pour une humiliante session devant un comité parlementaire.

    Ces fragilités sont d’autant plus évidentes que la dépendance aux services de paiement s’accroît.