Bollywood, ce cinéma qui unit l’Inde

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  • #BOLLYWOOD, CE #CINÉMA QUI UNIT L’#INDE

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    Mis à jour le 07/08/2012 à 13:46
    Publié le 06/08/2012 à 18:30
    Consulté le 03/06/2018 à 17h00

    Née à #Bombay il y a un siècle, l’industrie cinématographique indienne s’est révélée le meilleur ciment d’un peuple hétérogène. Florissante, elle étend maintenant son influence au-delà des frontières du pays.
    Marie-France Calle envoyée spéciale à Bombay.
    Le 3 mai 1913, bravant la chaleur humide de l’été, une foule impatiente se presse devant le Coronation Cinema, à Bombay. L’interminable attente en vaut la peine : on y projette le premier film entièrement conçu et réalisé par un Indien. Dans une Inde sous tutelle britannique, où s’accumulent les prémices d’une indépendance définitivement conquise trente-quatre ans plus tard, mais où la fibre patriotique est déjà à vif, c’est loin d’être anodin. Dhundiraj Govind Phalke alias Dadasaheb, à qui revient la paternité de ce « muet » intitulé Raja Harishchandra, a puisé son inspiration dans le Mahabharata, la grande épopée de la mythologie hindoue. Ce n’est pas un hasard non plus.

    Selon Marie-France Calle, journaliste du Figaro, le cinéma joue un rôle social très important en Inde. Le film de Raja Harishchandra (1913) marque le début de ce qui deviendra Bollywood et le cinéma made in Bombay. Face à une population indienne très peu homogène, le cinéma est un « ciment culturel », selon Farooq Sheikh, acteur dans les années 70. Avijit Ghosh, éditorialiste du Times of India, ajoute qu’en Inde « le cinéma est l’art le plus démocratique. Il a contribué à gommer les différences sociales. Dans les salles obscures, les divisions entre castes et religions sont momentanément oubliées ». Le cinéma joue donc un rôle à la fois social et politique : il est en outre le témoin du patriotisme indien avant son indépendance en 1947. En 1921, un film indien est notamment censuré par les anglais car ses propos sont jugés trop indépendantistes. Iqbal Khan, qui dirige le studio, évoque le film réalisé en 1957 par son père, Mehbood Khan, issu d’une famille pauvre et illettrée : Mother India. Tourné à 99% dans des villages (les tournages en extérieur sont en outre caractéristiques de la production de Bollywood), le film dévoile au grand jour les difficultés des campagnes indiennes : sécheresse ou pluies torrentielles qui dévastent les récoltes, usuriers impitoyables, suicides de paysans… De nos jours, Bollywood a atteint une notoriété mondiale, avec notamment la production de plus en plus importante de films indo-américains.

    Mon commentaire sur cet article :
    Cet article nous montre bien à quel point l’art (ici le cinéma) peut être facteur d’élévation et de cohésion sociale : on pourrait presque dire que c’est le cinéma qui a forgé l’Inde en tant de nation. Le cinéma est également l’occasion pour les Indiens de faire connaître au monde et d’affirmer leur culture : Bollywood est l’illustration de la fierté nationale indienne.
    Néanmoins, il s’agit de nuancer les propos de Marie-France Calle et des personnes qu’elle a interviewées : s’il donne l’illusion de la disparition des classes sociales, le cinéma ne permet pas pour autant de les faire disparaître : si l’art est un indicateur du développement d’un pays, il ne reste accessible, en particulier en Inde, qu’à une élite sociale.