Macron, l’homme qui murmure à l’oreille des dirigeants qui ne veulent pas entendre - Page 1

/macron-l-homme-qui-murmure-l-oreille-de

  • Macron, l’homme qui murmure à l’oreille des chefs d’Etat qui ne veulent pas entendre
    4 juin 2018 Par Thomas Cantaloube et René Backmann
    https://www.mediapart.fr/journal/international/040618/macron-l-homme-qui-murmure-l-oreille-des-chefs-detat-qui-ne-veulent-pas-en

    Le président de la République, qui a été incapable d’infléchir les décisions de Trump, risque fort de ne pas être plus écouté par Benjamin Netanyahou sur le dossier palestinien. Était-il, dans ces conditions, indispensable de le recevoir mardi à Paris pour une inauguration en grande pompe ?
    (...)
    Faut-il rappeler que l’inamovible chef du gouvernement israélien est à la tête du gouvernement le plus à droite de l’histoire du pays, entouré de partis politiques et de ministres dont les déclarations bigotes, haineuses et racistes pourraient remplir un almanach de la détestation d’autrui ? Faut-il rappeler que Netanyahou n’a cessé de vider de leur substance les accords internationaux de règlement du conflit avec les Palestiniens, multipliant les colonies et violant le droit international, le tout sous le nez même des dirigeants américains et européens ?

    Faut-il rappeler que le gouvernement Obama, qui a toujours accepté de discuter avec les gouvernants israéliens, envoyant nombre d’émissaires bien disposés sur place (George Mitchell, Joe Biden, John Kerry), a été abusé et humilié par Netanyahou qui s’est acharné à faire élire les opposants des démocrates ? Faut-il rappeler qu’Israël abrite ouvertement sur son sol des individus poursuivis par la justice et la police française pour crimes ? Faut-il rappeler que son armée vient de tuer en deux mois plus de 120 civils sans armes – manifestants adultes ou enfants, journalistes, secouristes – à la frontière entre Israël et la bande de Gaza ? Enfin, est-il besoin de mentionner, dans cette longue litanie, les nombreuses poursuites judiciaires pour corruption à l’encontre du premier ministre et de son entourage, qui devraient, au minimum, nous interroger sur sa probité ?

    Dans ce contexte, on peut se demander quel message entend délivrer Emmanuel Macron en recevant Benjamin Netanyahou pour inaugurer au Grand Palais la « Saison croisée France-Israël 2018 ». Était-il vraiment nécessaire, non seulement d’organiser une telle manifestation culturelle et scientifique, mais d’en faire la publicité à un tel niveau politique ?

    Personne ou presque aujourd’hui ne conteste la réalité ou les causes de la « mauvaise image » qui s’attache désormais à Israël. « Mauvaise image » qui n’a rien à voir, contrairement à ce que martèlent Netanyahou, ses amis et obligés, avec l’antisémitisme. Mais qui doit tout à la politique violente, arrogante et impunie, conduite au mépris du droit international, à l’encontre des Palestiniens.

    Rappelons qu’un sondage récent, mené par l’Ifop, à la demande de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), indiquait qu’en France 57 % des personnes interrogées attribuaient à Israël une « mauvaise ou très mauvaise » image. Et que pour 73 % des sondés, Israël portait « une lourde responsabilité dans l’absence de négociations avec les Palestiniens ». (...)