Qu’une société se dote d’oracles et de devins en tous genres n’est en soi pas un problème. Le problème, en revanche, c’est notre manière de faire de la prospective, qui délimite les horizons possibles et finit par enfermer le futur. Le futur devrait être un terrain d’expérimentations, le lieu de réalisations d’alternatives, un foyer de contre-cultures, pas une banale et tiède continuation du système actuel. Pire : on ridiculise volontiers les alternatives, on exclut de la table des négociations au nom de la sauvegarde de l’intégrité du “cercle de la raison”. Sous couvert de “pragmatisme”, on fait du TINA – “There is no alternative” – de Thatcher la seule et unique ligne de conduite de notre présent et de notre futur.
Face à ce présent continué qui essaie de se faire passer pour l’avenir, il nous faut agir. Construire des discours capables de porter de nouveaux imaginaires, de désencastrer le futur, et de libérer nos capacités d’actions. L’hégémonie du TINA a aplati nos lectures du futur : il s’agit de leur redonner de la densité.
Il est temps d’arrêter de faire de la prospective pour commencer à faire de l’histoire.