• Quelques autres, y avait pas assez de place.

      « Effet K »

      Le cinéaste soviétique Lev Koulechov (1899-1970) « prit un jour un gros plan de [l’acteur Ivan] Mosjoukine impassible, et le projeta précédé d’abord d’une assiette de potage, ensuite d’une jeune femme morte dans son cercueil et enfin d’un enfant jouant avec un ourson de peluche. On s’aperçut d’abord que Mosjoukine avait l’air de regarder l’assiette, la jeune femme et l’enfant, et ensuite qu’il regardait l’assiette d’un air pensif, la femme avec douleur, l’enfant avec un lumineux sourire, et le public fut émerveillé par la variété de ses expressions, alors qu’en réalité la même vue avait servi trois fois et qu’elle était remarquablement inexpressive. Le sens d’une image dépend donc de celles qui la précèdent dans le film, et leur succession crée une réalité nouvelle qui n’est pas la simple somme des éléments employés. »

      Maurice Merleau-Ponty, Sens et non-sens, Gallimard, Paris, 1996, sur l’« effet K », ou « effet Koulechov ».

      Nobel

      « Quiconque a lu un magazine économique ces dernières années ne peut ignorer l’existence d’investisseurs qui, anticipant une crise monétaire, non seulement déplacent des capitaux mais aussi, autant par opportunisme que par jeu, pèsent de tout leur poids pour déclencher cette crise. Ces nouveaux acteurs n’ont pas encore de nom bien défini : je propose le terme “Soroi”. »

      Le prix Nobel d’économie américain Paul Krugman, The Accidental Theorist, 1998.

      De Charles H. Fort…

      « Ce sont les structures mêmes de la connaissance qu’il faut revoir. Charles Hoyt Fort sent frémir en lui de nombreuses théories qui ont toutes les ailes de l’Ange du Bizarre. Il voit la Science comme une voiture très civilisée lancée sur une autostrade. Mais de chaque côté de cette merveilleuse piste bitume et néon s’étend un pays sauvage, plein de prodiges et de mystères. Stop ! Prospectez aussi le pays en largeur ! Déroutez-vous ! Zigzaguez ! »

      Louis Pauwels et Jacques Bergier, Le Matin des magiciens, Gallimard, 1960, p. 191.

      … à l’« effet Fort »

      « Ce millefeuille argumentatif caractérise de plus en plus fréquemment les produits frelatés qui peuvent s’échanger sur le marché cognitif contemporain. Le succès d’un roman comme le Da Vinci Code et le trouble qu’il a jeté dans certains esprits sont la conséquence d’une démonstration fondée sur des éléments faux mais plausibles pour un non-spécialiste et suffisamment nombreux pour créer un effet Fort. Quoique romanesque, ce récit s’inspirait d’essais ayant déjà connus un certain succès public et prétendant, eux, défendre des thèses qui ne devaient rien à la fiction. »

      Gérald Bronner, La démocratie des crédules, PUF, 2013, p. 93

      Petit peuple

      Dans Passport to Magonia (1969), l’astronome et informaticien Jacques Vallée rapproche les récits de rencontres avec les pilotes de soucoupes volantes des récits du folklore fantastique sur le « petit peuple » (lutins, farfadets et gobelins). Dans Le Collège invisible (1975), il imagine que le phénomène organise lui-même son propre camouflage et fonctionne comme un système de contrôle sur l’espèce humaine.

      Passeport

      « Bien davantage que l’égarement de quelques simples d’esprit, habiter le monde violent des dominants, monde de menaces, de coups et de parades, est le plus sûr passeport pour le complotisme. »

      Frédéric Lordon, « Le complotisme de l’anticomplotisme », @mdiplo, octobre 2017.