• Mineurs trans à l’école : épreuves et solutions - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/06/07/mineurs-trans-a-l-ecole-epreuves-et-solutions_1657383

    Isolement, craintes ressenties au moment d’accéder aux espaces genrés dans l’enceinte de l’école (toilettes, vestiaires), absentéisme : les conséquences de la transphobie à l’école sont nombreuses et marquent profondément la vie des individus concernés. Bien que nous ayons spontanément tendance à associer les transidentités à l’âge adulte, les enquêtes étrangères comme celles de la chercheuse canadienne Annie Pullen Sansfaçon (1) ont su mettre en avant l’existence et les spécificités des enfants « gender variant » ou « gender creative », c’est-à-dire qui s’éloignent légèrement ou bien complètement, durablement ou bien momentanément, des normes de genre en vigueur. L’expérience transidentitaire, le sentiment de ne pas être du genre assigné à la naissance, peut donc apparaître à tous les âges (2).

    Depuis 2014, ces questions sont progressivement abordées en France. Les témoignages, notamment sur Internet, se font de plus en plus nombreux (3). Toutefois, même si l’on compte quelques travaux associatifs, la recherche sur l’expérience des mineurs trans ou gender variant reste peu développée en France et se concentre surtout autour d’enquêtes et de recueil de données qualitatives (4). Il faut attendre 2017, lorsqu’une équipe de recherche (5) à laquelle je participe, se penche plus spécifiquement sur la santé scolaire des personnes LGBTI, pour voir se dessiner des tendances statistiques sur la question des mineurs trans. Les chiffres de cette enquête sont sans appel. Sur 1 059 répondant.e.s au total, nous avons pu créer une strate de 217 jeunes personnes trans scolarisé·e·s. Ces résultats laissent premièrement apparaître des éléments relatifs à la solitude de ces jeunes : si « seulement » 46 % des gays et des lesbiennes rapportent ne pas être parvenu·e·s à parler de leur homosexualité durant leur scolarité, ce pourcentage monte à 76 % pour les jeunes s’étant autodéfinis comme trans ou non binaires. Deuxièmement, les témoignages des jeunes donnent à voir un haut niveau d’appréhension face à l’école (qu’il s’agisse des pairs ou de l’institution) : l’expérience scolaire est perçue comme « mauvaise » ou « très mauvaise » pour 72 % des jeunes trans. Et si l’on considère aussi les personnes intersexes, cette mauvaise expérience scolaire est présente chez 78 % des jeunes intersexes. Enfin, le collège est pointé comme la temporalité la plus anxiogène pour ces jeunes.

    Le verbatim de l’enquête permet de distinguer différents facteurs explicatifs : l’importance que revêtent les catégories genrées entre pairs au collège, les transformations corporelles qui imposent des modifications physiques non désirées (règles, poils, mue…), une absence relative de « mots pour se dire » (ce qui semble moins vrai à la fin du collègue et au lycée grâce l’accès à l’Internet et aux associations) ainsi qu’une non-prise en compte, ou une mauvaise prise en charge, des problématiques de ces élèves par l’institution. Notons enfin le rôle non négligeable des programmes scolaires qui, en abordant les questions trans et intersexes, véhiculent aussi les représentations pathologisantes et prioritairement médicales de ces identités.

    Si la France est très en retard en ce domaine, d’autres pays comme le Canada proposent des guides et des solutions pratiques pour accueillir et accompagner les demandes de ces jeunes, sans les nier ni les psychiatriser (6). Faciliter le changement de prénom sur les dossiers administratifs, accompagner les demandes médicales sans psychiatriser d’emblée les parcours, former les encadrant.e.s et sensibiliser les autres élèves : autant de petites mesures qui augmentent grandement la participation scolaire des jeunes trans. Si ces bonnes pratiques sont en direction des établissements, d’autres institutions peuvent être interpellées. La famille tout d’abord, qui joue un rôle prépondérant dans le bien-être des enfants trans. C’est ce que note par exemple la chercheuse américaine Diane Ehrensaft dans une typologie qui différencie des familles qu’elle nomme « transphobic », « transformers » ou « transporting » (7). Dans le premier cas, la spécialiste en psychologie clinique et développementale souligne des figures familiales qui rejettent violemment l’idée d’une transition et d’une non-conformité de genre d’un·e enfant. Le second cas de figure regroupe des familles ou des membres « aidants » qui accompagnent pleinement la transformation de l’enfant. Le troisième groupe développe des stratégies de bricolage entre « aide » et « déni », notamment en déplaçant les prises de décision et les accompagnements à des aidants extérieurs. Une autre thérapeutique, dite « acceptante » (8) suggère que les identités de genre trans ne sont pas des pathologies (dans le cas des enfants comme dans le cas des adultes, d’ailleurs). Dans cette perspective, des propositions de suivis hormonaux sont par exemple conseillés et de nettes améliorations en termes de bien-être psychologique ou de participation scolaire se font alors sentir. C’est pourquoi il convient de convoquer pareillement les institutions de santé qui, aujourd’hui en France, sont encore très réticentes à accompagner les mineurs vers la prise de bloquants hormonaux afin de ne pas les confronter aux effets de la sexuation secondaires ainsi que de les protéger des discriminations.

    Cette opposition des mondes scolaires et médicaux à une meilleure prise en compte des demandes transidentaires montre à nouveau les difficultés qu’il y a à dessaisir la question trans des cadres de la maladie mentale.

    • Une autre thérapeutique, dite « acceptante » (8) suggère que les identités de genre trans ne sont pas des pathologies (dans le cas des enfants comme dans le cas des adultes, d’ailleurs). Dans cette perspective, des propositions de suivis hormonaux sont par exemple conseillés et de nettes améliorations en termes de bien-être psychologique ou de participation scolaire se font alors sentir. C’est pourquoi il convient de convoquer pareillement les institutions de santé qui, aujourd’hui en France, sont encore très réticentes à accompagner les mineurs vers la prise de bloquants hormonaux afin de ne pas les confronter aux effets de la sexuation secondaires ainsi que de les protéger des discriminations.

      J’avoue ne pas comprendre le besoin de donner des traitement hormonaux à des enfants si le transgenrisme n’est pas pathologique. D’un coté les intersexes sont intrumentalisé·es par certains groupes de trans-activistes, alors que justement les intersexes souffrent de l’intervention des institutions de santé sur leur corps et de l’autre les millitant·es trans veulent une intervention médical sur des mineurs. Mais les traitement hormonaux ont des effets qu’on ne mesure pas encore et risquent de rendre définitivement stériles ces enfants et d’avoir d’autres effets sur la santé qu’on ne connait pas. Si le genre n’est pas une affaire de biologie, qu’est ce qu’on en a à faire des hormones ? Il n’y a pas d’essence ou de nature masculine ni féminine, alors qu’est ce que viennent faire les hormones dans cette histoire. Pourquoi en prescrire à des enfants pour lesquels on ne peu pas savoir si il s’agit d’une réponse à du harcelement ou un état transitoire ou une véritable « nature/essence » transidentitaire qui justifiait des hormones (je suis perplexe que la réalité de ce dernier cas car comment on pourrait avoir une essence féminine ou masculine alors que ce sont des constructions culturelles aimer le vernis à ongle ou le foot n’est ni masculin ni féminin).
      Plutot que de faire bouger les mentalités, filer des cachetons aux victimes de harcelement misogyne et homophobe ca me semble contre-productif et finalement eugeniste car ca favorise la stérilisation de ses groupes dès l’enfance. Peut être que quelques enfants qui se sentent profondement trans se sentiraient mieux suite à ce traitement, mais combien de lesbiennes et gay incertain·nes de leur orientation sexuelles ou d’enfants mal dans leur peau pour divers raisons, de victime de sexisme... vont être trafiqués hormonalement dans la foulée ?
      La valorisation des traitement hormonaux destinés à des mineurs par certains lobby trans (comme c’est le cas dans ce texte) est dangereuse. La réponse aux discriminations patriarcales qui touchent les enfants qui ne sont pas conforme aux injonctions ne peut pas être médicale. Si c’est pas pathologique la médecine n’a pas à intervenir et si le genre est culturel encore moins. Si des adultes veulent s’infliger ces traitements (ou ne pas se l’infligés) je les soutiens je suis pour la liberté de disposé de son corps, mais je suis contre le fait de préconisé les interventions médicales sur des mineurs.

    • Des passages autour de Diane Ehrensaft dans ce documentaire
      https://seenthis.net/messages/905763

      Où notamment une citation vidéo elle dit explicitement que des bébés qui enlèvent leurs barrettes ou qui ouvrent les boutons dans leur body pour faire « comme une robe », sont des signes pré-verbaux de dysphorie de genre et qu’il « faut les suivre ».

      Comment des personnes ayant des élucubrations aussi pseudo-scientifiques sans strictement aucune sorte de fondements peuvent être repris aussi facilement dans les médias ? Ce passage sur les bébés m’a sidéré…