• « Quand on redécoupe, on est toujours accusé de “tripatouillage” »
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/06/11/quand-on-redecoupe-on-est-toujours-accuse-de-tripatouillage_5312859_823448.h

    Par un orfèvre en la matière, père du découpage Pasqua…

    Pour l’ancien député UMP Alain Marleix, le gouvernement s’est lui-même « plongé dans la difficulté en décidant ce redécoupage qui n’avait rien d’obligatoire »

    L’ancien député UMP Alain Marleix a piloté deux redécoupages des circonscriptions législatives sous la Ve République : en 1986, lorsqu’il était conseiller spécial de Charles Pasqua au ministère de l’intérieur, et en 2010, comme secrétaire d’Etat à l’intérieur et aux collectivités territoriales, lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

    Que vous inspire le projet de redécoupage du gouvernement ?
    Le gouvernement s’est lui-même plongé dans la difficulté en décidant ce redécoupage qui n’avait rien d’obligatoire. C’est une différence majeure avec les deux précédents, en 1986 et en 2010, qui répondaient à des injonctions du Conseil constitutionnel. La portée de celui de 2010 était surtout beaucoup moins lourde : nous n’avions pas changé le nombre total de circonscriptions (577) mais seulement redessiné les contours de 33 d’entre elles. La tâche était déjà difficile à l’époque donc je ne sais pas comment le gouvernement va faire pour mettre en œuvre ce redécoupage, tout en respectant les règles du Conseil constitutionnel…

    Quelle est la méthode à suivre pour un tel exercice ?
    Il faut toujours veiller à travailler dans la concertation, en associant au maximum l’opposition. Il convient de recevoir tous les chefs de parti et l’ensemble des présidents de groupes au Parlement pour leur présenter les grandes lignes du projet de redécoupage, élaboré au préalable au bureau des élections du ministère de l’intérieur.

    … travailler dans la concertation, en associant au maximum l’opposition, tout à fait dans l’air du temps, en effet,…

  • Le big bang annoncé de la #carte_électorale
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/06/11/le-big-bang-annonce-de-la-carte-electorale_5312744_823448.html

    C’est un grand chamboule-tout de la carte électorale qui va constituer une petite révolution pour le Parlement et un défi majeur pour l’exécutif. La réforme des institutions voulue par Emmanuel Macron, présentée en conseil des ministres le 23 mai et dont l’examen va démarrer le 19 juin en commission à l’Assemblée nationale, doit mécaniquement entraîner un vaste redécoupage des circonscriptions législatives dans l’optique du scrutin de 2022.

    Un chantier jugé « compliqué » par les spécialistes de la carte électorale et qui représente un vrai casse-tête pour l’exécutif, confronté à d’innombrables contraintes techniques et politiques. « C’est un bouleversement total de la carte électorale, très complexe à mener », observe Benjamin Morel, docteur en science politique à l’ENS Cachan, qui évoque « une usine à gaz » et « un monstre à la Frankenstein », tant le nombre de paramètres à respecter rendent l’équation subtile.

    Ce quatrième redécoupage sous la Ve République (après ceux de 1958, 1986 et 2010) représente un projet sans précédent par son ampleur. Avec la baisse de 30 % du nombre de parlementaires, il n’y aura plus que 404 députés lors de la prochaine législature, contre 577 aujourd’hui (et 244 sénateurs au lieu de 348). Mais en plus de cette coupe inédite dans les effectifs, l’introduction d’une dose de 15 % de proportionnelle fera élire 61 députés sur des listes nationales et non plus dans des circonscriptions géographiques.

    Au total, en excluant les députés représentant les Français de l’étranger et ceux élus dans les territoires d’outre-mer, il ne restera qu’environ 320 sièges en métropole. Près de 40 % des circonscriptions sont donc appelées à disparaître. « Aucun gouvernement n’a mené un redécoupage d’une telle ampleur », souligne-t-on à Matignon, où l’on ne minimise pas l’ampleur de la tâche.

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