Mais tout commence – Bad Kids

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    • « Et comme l’espérance est violente »
      https://blogs.mediapart.fr/vingtras/blog/020518/et-comme-lesperance-est-violente

      Oui, je veux comprendre ce qui s’est passé...

      Et pourquoi ces groupes de jeunes se sont organisés et préparés à en découdre avec « les forces de l’ordre républicain », c’est à dire en l’occurrence avec les forces de l’ordre bourgeois.

      Le vers de Guillaume Apollinaire qui est le titre de ce billet est extrait du célèbre poème « Le pont Mirabeau », publié dans le recueil « Alcools » en 1913. C’est une élégie de l’amour déçu ou enfui, mais ce pourrait être aussi un sanglot existentiel...

      En tout cas ces mots me sont venus spontanément à l’esprit lorsque j’ai vu sur l’étrange lucarne qui me relie au monde, l’empoignade des « black blocs » avec les CRS, les voitures qui brûlent et les vitrines fracassées du Mac Do.

      La violence fait partie de l’histoire, on pourrait en citer mille exemples. Mais pourquoi en marge d’un cortège pacifique célébrant la fête du travail, ce soudain déchaînement de colère et cette volonté de casser ?

      Parce que l’espérance d’avoir été écouté, compris ou du moins, pris en considération...n’existe plus. Les classes dominantes incarnées aujourd’hui dans un pouvoir absolu, inflexible et arrogant, ont verrouillé la société.

      Les jeunes exclus des ghettos de banlieue ont ressenti cela comme avaient ressenti leur mise hors de la loi républicaine conservatrice les anarchistes de la dernière décennie du XIXe siècle.

      On ne bâtit pas impunément une société injuste sur le désespoir et l’humiliation des laissés pour compte !

      Surtout lorsqu’il s’agit des jeunes générations qui ont pris conscience de l’inutilité de ces grandes manifs populaires où défilent en maugréant ceux que Raymond Barre appelaient « les inévitables porteurs de pancartes ».

      C’est ainsi que les syndicats se sont vidés de leurs adhérents ; la « Charte d’Amiens » n’y est pour rien.

      Les forces de l’ordre sont les mercenaires de l’ordre bourgeois, qui imposent un état de droit bourgeois.

      Il faut refaire l’histoire pour créer une nouvelle légalité.

    • Ce qui s’est passé le 1er mai est probablement une allégorie prémonitoire car la colère sociale est en train de gagner toutes les couches de la population et ce n’est pas le sourire commercial de l’intransigeant Emmanuel Macron qui pourra désamorcer une révolution qui s’annonce...

      Les ahurissantes réactions des grands medias, celles des « commentateurs de commentaires » et l’incompréhension incompréhensible de Jean-Luc Mélenchon, m’ont déterminé à préciser mon point de vue.

      Il est bien évident que la violence qui a explosé au nez des CRS et des Gendarmes mobiles n’est pas fortuite : elle est la réaction logique à la violence sociale du pouvoir bourgeois et à sa farouche volonté de saccager la plupart des conquêtes prolétariennes acquises difficilement et souvent au prix du sang, tout au long de notre histoire.

      Il est également évident que les jeunes vêtus de noir et le visage dissimulé par des capuches ou des cagoules ne sont pas des « voyous » ou des « bandits » qui se défoulent en cassant pour casser, afin d’aller piller les magasins...

      Il est aussi évident que ces groupes n’ont guère connu que les ères Sarkozy et Hollande, c’est à dire des moments de mise en coupe réglée de l’Etat ou bien d’une absurde compromission du pouvoir dit « socialiste » avec le patronat le plus pervers et le plus sournois que nous ayons connu !

      Pour eux, l’Etat est l’adversaire à combattre, ainsi que les signes extérieurs ostensibles du capitalisme tout puissant.

      Il est enfin malheureusement évident que toute une jeunesse a pris acte de l’impuissance des syndicats, de leurs mortelles divisions, et de la balkanisation absolue des forces de gauche...dont le fleuron « insoumis » en est réduit à faire de la figuration comme les hallebardiers dans les opérettes du Chatelet.

      Dans ces conditions, l’occasion présentée par ce 1er Mai (fête du travail) a semblé opportune pour indiquer aux exploités, aux bernés, aux humiliés, aux exclus, la voie à suivre ...avec une démonstration sur le lieu même du défilé pour rien, d’un échantillon de l’action révolutionnaire, dont la nécessité commence à apparaître de plus en plus nettement.

      On n’a pas pris la Bastille avec des simagrées.

      https://blogs.mediapart.fr/vingtras/blog/030518/black-blog

    • « Effectivement, ça a chauffé. Mais nous, ce qu’on a envie de dire, c’est que le gouvernement a semé la violence, et il la récolte (...) La violence est l’illustration de cette colère-là ! Il y a un ras-le-bol de cette société-là, il y a des jeunes qui ont envie d’en découdre. Et aujourd’hui, quand on voit l’armada policière qu’il y a un peu partout et qui cherche à étouffer la contestation, oui, quelque part, cette violence-là, elle est légitime »

      « Oui, et même, on pourrait rajouter qu’il y a une violence beaucoup plus profonde, qui est malheureusement invisible dans les médias ou partout ailleurs, c’est la violence réelle de la société, des licenciements, des démantèlements des services publics, de l’appauvrissement de l’ensemble de la population ».

      « Oui, tout est lié ». « Il y a un partie de la jeunesse qui est prête à en découdre. Et il faut dire aussi que tout est prêt pour ça, puisque la police est ultra-présente, ultra-armée (...) Nous-mêmes, on se fait gazer ! (...) On se fait gazer tranquillement dans plein de manifs différentes, aujourd’hui ».

      Philippe Poutou

    • Le black blockisme comme nouvelle esthétique d’un monde en décomposition
      http://traversedesombres.unblog.fr/2018/05/03/le-black-blockisme-comme-nouvelle-esthetique-dun-monde-en-d

      Les accessoires les plus prisées sont le petit marteau (le gros, trop encombrant, sied mal au sac à dos) et le cocktail molotov ; les cibles sont précises : distributeurs bancaires, agence de voyages, assureurs. Pour prendre le dernier exemple en date : il s’agissait d’un Mac Do , multinationale détestant le versement d’impôts, adepte du monologue social et de surcroit ouvert un premier mai. Je répète : il s’agissait d’un Mac Do, multinationale détestant le versement d’impôts, adepte du monologue social et ouvert le premier mai. Des souvenirs émergent de ma mémoire de vieux con : je crois que José Bové pacifiquement bien sûr, avait démonté un Mac Do, il y a quelques années mais ce n’était pas du tout pareil...

      Il faut reconnaitre la capacité de ce mouvement à aider les chaines d’information continue à remplir leurs grilles de programme. C’est, en quelque sorte, une boite de production bénévole qui permet jusqu’à l’écœurement des retransmissions sur l’écrasement d’un burger, la combustion d’une grue, en direct, en différé, en arrière-plan. BFM Télé, LCI, Cnews, quand ils sont en panne de crimes affreux d’adolescentes violées, se jettent comme des hyènes sur ces images. Si les Blacblocks créaient leur agence, ils feraient fortune.

      En creux, ce mouvement interroge l’émiettement du corps social en marges croissantes et l’irritabilité en face d’un pouvoir qui se pose dans des évidences et des rétrécissements coupables comme par exemple la nation entreprise, la voix lactée managériale, la médiocrité et l’inculture érigées en religion.