• hypathie - Blog féministe et anti-spéciste : Personne n’aime les hommes
    http://hypathie.blogspot.com/2022/09/personne-naime-les-hommes.html

    Aucune classe sociale autre que celle des femmes n’est impliquée émotionnellement avec son oppresseur ; vous n’entendrez jamais un ouvrier socialiste proclamer en revenant de manifestation, ou terminant une grève, dire « mais finalement on les aime bien quand même nos patrons ». Des hommes, nous les femmes, on en a à la maison, ils sont notre famille, ce résidu de système clanique : des pères, des frères, des oncles, des grands-pères, des beaux-pères, des fils, et nous sommes impliquées affectivement et émotionnellement avec eux, c’est donc difficile de dénoncer certains comportements machistes pourtant intolérables. Nous avons l’impression de trahir. Mais au fond, qui trahit qui et qui trahit l’amour et la confiance, notre sécurité, quand on est victime de viol conjugal, d’inceste ou simplement de tours de vaisselle supplémentaires ? Qui abuse de l’attachement et de l’affectif pour obtenir des services indus et des travaux qu’ils peuvent accomplir eux-mêmes ? Les hommes abusent, ils font peur, en jouent, leur règne sur les femmes et filles se perpétue par la terreur, la crainte, la crainte de la déloyauté aussi, de trahir un parent, un père, un frère, un compagnon. Celles qui veulent s’affranchir doivent donc faire sécession, ils ne nous laissent pas d’autre choix. Nos choix de liberté, d’émancipation, sont légitimes, quoiqu’ils en pensent. Il n’y a donc aucune raison de culpabiliser. La liberté se conquiert, personne ne nous la donne, elle implique donc des efforts et des choix forcément discriminants.

    Comme j’ai un lectorat masculin, et que je ne veux pas le décourager, je leur dirai qu’il n’y a pas de fatalité. On peut s’amender, arrêter de croire les boniments que nous sert la société, on peut se désintoxiquer de ses mantras, moi j’y suis arrivée, avec des rechutes bien sûr, mais tout de même j’y suis arrivée, il n’y a donc aucune raison que ce soit impossible pour vous aussi. Non, vous n’êtes pas des petits princes, pas plus que les filles ne sont des princesses, si on vous l’a dit, on vous a menti, et vous n’avez pas plus de droits que n’importe qui, et surtout pas plus que les filles et femmes de votre entourage familial, amical ou professionnel. Donc, vous prenez votre tour de ménage, et si et quand la tension monte, vous allez faire un tour d’une heure à pied, ça calme et ça remet les idées en place, moi je fais ça aussi. Et ça marche bien.

  • Effacée de l’histoire : Alice Guy, premier réalisateur de cinéma
    http://hypathie.blogspot.com/2021/10/effacee-de-lhistoire-alice-guy-premier.html

    Cinématographe : du grec Kinèma, mouvement, et gràphein, écrire. L’invention d’une écriture, d’une grammaire, d’un mode d’expression avec des images qui bougent et qui racontent une histoire. Le septième art emprunte à l’écriture, à la photographie, et au théâtre pour la mise en scène.

    Alice Guy, née en 1873 en France, première réalisatrice, a pour père un libraire éditeur de livres français ou traduits en espagnol à Valparaiso et Santiago au Chili, la lecture lui est familière ; dans son école de religieuses, elle fait du théâtre amateur et est un moment tentée par la carrière de comédienne mais une interdiction familiale l’en empêche, faire l’actrice n’est pas compatible avec la dignité d’une femme de la bourgeoisie ! Sa formation de sténodactylo imposée par la famille et la nécessité de travailler après la faillite des affaires de son père au Chili la ramène en France et la conduit chez un fabricant d’appareils photos où travaille un jeune ingénieur, Léon Gaumont. Elle y côtoie des photographes portraitistes et paysagistes. Elle sait vite apprécier une belle photo d’art. Notez qu’une formation de secrétariat peut conduire loin et n’est pas forcément un étouffoir professionnel pour une femme ; il y en a une autre mondialement illustre et contemporaine qui a fait, sur l’injonction de sa mère, une formation de secrétariat (tu feras des études universitaires après si tu veux, mais avec un brevet de secrétariat tu trouveras toujours du travail !) : c’est la primatologue Jane Goodall qu’on ne présente plus. Elle raconte ça dans ses mémoires et elle y dit même que cela lui a enseigné la méthode et l’organisation dans son futur métier de primatologue. Il apparaît donc que le secrétariat mène à tout.

    #art #femmes #invisibilisation #historicisation #féminisme #cinéma

  • Le Coût de la virilité par Lucile Peytavin : 95,2 milliards d’euros PAR AN. C’est le coût des comportements asociaux masculins.

    Le budget de la justice en France est de 9,06 milliards d’euros par an. Les prisons peuplées à 97 % d’hommes, c’est 70 000 écrous (103 personnes pour 100 000 habitants). La construction d’une cellule coûte entre 150 000 et 190 000 euros ; une année de prison coûte 32 000 euros. A quoi il faut rajouter les peines en milieu ouvert (174 000) soit 244 000 sous main de justice en France, ainsi que les effectifs de police et de gendarmerie qui dépendent respectivement de l’Intérieur et de l’Armée. Et les pompiers : secours santé et incendie (ce dernier à 7 %). Les hommes sont surreprésentés dans les services d’urgences, en accidentologie ; ils totalisent 52 % des km parcourus mais 85 % des accidents mortels, à tel point que Lucile Peytavin propose que le sticker A signalant le jeune conducteur ou la jeune conductrice (mais adorée, elle, des assureurs) soit remplacé par H pour homme à vie sur leurs voitures ! Violences conjugales, violences à enfants, viols, délits sexuels. Actes violents contre l’état et les Forces de l’ordre, 87 % d’hommes, 93 % pour les guet-apens, les attentats terroristes, le trafic de drogue et la traite humaine : clients de prostituées, 99 % d’hommes, 73 % des proxénètes. Même les incendies de forêt qui occupent les pompiers l’été sont majoritairement d’origine humaine donc de la délinquance. 99 % des pyromanes sont des hommes. Les attentats du 13 novembre 2015 ont fait 130 morts, 413 blessés, coût estimé pour la société à 2,2 milliards d’euros soit 0,1 % du PIB. Neuf terroristes, neuf hommes. Et la récidive concerne les hommes à 94 %. Je ne fais qu’un résumé de ces données fastidieuses et démoralisantes. Il faut lire le livre où figurent tous les comportement asociaux masculins, et les dépenses générées poste par poste. http://hypathie.blogspot.com/2021/05/le-cout-de-la-virilite.html


    #virilité

    • ça me semble complètement absurde d’amalgamer les vols et les atteintes à l’autorité de l’état à divers autres délits ou crimes cités. et soumis à la une qualification policière et judiciaire qu’il faudrait décortiquer avant de la reprendre (biais innombrables et virilistes gonflettes pro domo). les données des assurances auto sont un meilleur indice des ravages de la virilité.
      la prison elle même fait partie des dégâts de la virilité. Idem pour lafraaance.

    • @colporteur Le sujet ici ce sont les dommages de toutes sortes infligés à la société par les pratiques de la virilité, il me paraît donc normal de recenser tous les actes de délinquance commis par les hommes. Notez que dans son livre Lucile Peytavin ne compte pas la délinquance financière par manque de données fiables, écrit-elle, alors qu’il est vraisemblable que là aussi, les hommes sont majoritaires. Et bien entendu, je précise que même si les femmes commettent les mêmes délits, objection qui nous pend au nez, nous ne le nions pas, nous disons juste qu’ elles ne le font pas dans les mêmes proportions que les hommes. Ce qui laisse supposer que la socialisation inculquée aux filles est plus performante que celle inculquée aux garçons.
      @mad_meg : effectivement, les données sur l’inceste et le viol sont certainement sous-évaluées, il est difficile pour la société d’affronter l’ampleur du fléau.

    • policiers et juges savent fort bien que les illégalismes sont majoritairement le fait des hommes ce qui modifient leurs comportements en retour. les contrôles au faciès par exemple visent essentiellement des hommes. si on dit - en défenseurs de la propriété- qu’au vol correspond un cout pour la société, il faut envisager que les délits de ce genre commis par des femmes sont moins constatés (police) et moins pénalisés. Bref, l’idée générale (nuisance corrélées ou dues la virilité) est juste, le calcul d’épicemard proposé est absurde car toutes les « données » mises dans l’équation sont sujettes à caution et à controverses (le vol à l’étalage est souvent un bienfait pour/contre une société qui se refuse à satisfaire des besoins élémentaires et pas que)

    • Pourquoi, l’autonomisation (ou la libération pour employer le terme consacré, je préfère autonomisation) des femmes ce serait de se comporter en voyouse, braqueuse de banque, violeuse... ? le modèle masculin à s’approprier car ce serait l’étalon or du comportement social ? Le bad boy prétendument révolté et tellement glorifié par la culture pop ou plus classique dont on nous abreuve tous les jours pour nous faire avaler n’importe quoi ? L’autonomie, c’est s’affranchir des modèles qu’on veut nous imposer à la trique. Ca vaut pour les garçons. Et tous les comportements sociaux ne se valent pas, à l’aune des résultats produits. Il se trouve que dans les tribunaux, les justiciables sont les hommes, les magistrats et auxiliaires de justice, de l’avocate à la visiteuse de prison sont des femmes, il est temps de se déciller les yeux. Vu les moyens mis sur la table pour les calmer, on est en droit d’attendre du résultat. PS Certaines féministes (Federici pour ne citer qu’elle) sont contre des femmes dans les armées par exemple. Je pense en revanche qu’elles peuvent intégrer les corps de peace keepers, un traité de paix tenant mieux si les femmes y sont associées. Il ne s’agit pas là d’essentialisme, les femmes font leurs choix bien entendu.

    • les modèles masculins sont nocifs pour les hommes eux-mêmes mais seraient bons pour les femmes ? je n’ai pas dit ça. Il n’y a pas de modèle masculin ou féminin qui fasse du vol à la tire autre chose qu’une pratique plutôt banale et je ne comprends pas que l’on puisse parler d’asocialité sans interroger la société elle même, que l’on chiffre des dégâts depuis des catégories institutionnelles des société capitalistes, toutes biaisées, discutables critiquables, mais comme selon un commentaire reçu depuis ici avant que le post soit dépublié, je « radote » et manifeste une « compassion soutenu pour les condés et les agresseurs » (sic), mieux vaut arrêter là.

      #asocialité

    • Il me semble que si l’on veut réellement chiffrer les coûts de la virilité (marque déposée), il est logique d’en soustraire les bénéfices, pour les hommes individuels et pour la société, laquelle s’en sert comme modèle de comportement autorisant toutes sortes de conduites immorales au regard des valeurs humanistes mais plus que rentables sur un plan pragmatique. Se fermer les yeux sur ces choix intéressés des dominants et des institutions, c’est se condamner au statu quo, non ?...

  • Scène de tribunal : Zain, garçon de 12 ans (c’est ce qu’il pense, il n’a jamais été enregistré à l’état civil, et il en paraît 10) sorti de prison, arrive menotté devant un juge, ses père et mère sont dans l’assistance. L’enfant s’adresse au juge : « je peux porter plainte contre mes parents pour m’avoir fait naître. La seule chose que j’ai entendu, c’est ’dégage d’ici, fils de pute’ dit-il au juge. Je veux que les gens qui sont incapables d’élever des enfants n’en aient pas ».

    http://hypathie.blogspot.com/2021/03/capharnaum-je-veux-porter-plainte.html
    Capharnaüm, film coup de poing par Nadine Labaki, dans un bidonville de Beyrouth, prix spécial du Jury de Cannes en 2018

  • Le mouvement de défense des animaux, mouvement planétaire et désormais vieux de 150 ans, serait en nombre le premier mouvement de femmes, avant les mouvements féministes eux-mêmes ; en effet, 68 à 80 % des militants pour les animaux sont des femmes. Pourquoi les femmes ont-elles été les premières à prendre conscience de l’exploitation des animaux par les humains, que ce soit dans l’élevage, les cirques, la vivisection, à la chasse comme à la corrida ?

    « Le spécisme se fonde sur une appropriation directe, physique des autres animaux et tente de se légitimer par l’idée d’un ordre du monde naturellement hiérarchisé. Ce schéma présente de nombreux points communs avec d’autres systèmes d’oppression, notamment ceux du racisme, du capacitisme et du sexisme. En raison de cette matrice commune, l’antispécisme apporte des points de vue nouveaux aux autres luttes progressistes et à la pensée éthique et politique en général. »
    Deux critiques de livres sur mon blog :
    http://hypathie.blogspot.com/2020/11/feminisme-et-cause-animale-solidarite.html


    #Elevage #Spécisme #Complexe_agro_industriel #Biosécurité #Pandémies

  • Le corps, cet objet éminemment historique, domestiqué, violenté, pathologisé ".

    Après Caliban, (voir ma chronique de 2017) Silvia Federici continue, en 9 courts chapitres alertes, son exploration de la captation-transformation des corps pour les besoins du capitalisme : celui de l’ouvrier d’abord, temps minuté, gestes calibrés au rasoir pour servir une machine convoyeur, puis corps augmenté pour servir les défis à venir : aller dans l’espace, la Terre étant désormais vidée de ses ressources. Puis le corps des femmes, historiquement domestiqué pour le travail de (re)production d’autres corps pour l’usine et aussi pour la guerre, avec interdiction et criminalisation de l’avortement et de la contraception comme crimes contre l’humanité.

    Pour les femmes donc, après la création de la figure de la « sorcière » qui a contribué à la tentative de « perfectionnement de l’humain », la dernière trouvaille du capitalisme c’est de vendre leurs corps à la découpe, histoire d’améliorer les fins de mois. La GPA, Gestation pour Autrui, (Federici s’y oppose) parée du substantif valorisant d’ ’altruisme’, (qui refuserait d’être altruiste, franchement ?) est donc le dernier moyen, permis par les techniques de reproduction largement expérimentées et utilisées sur les animaux d’élevage, pour asservir le corps des femmes au profit des hommes gays et de tous les couples stériles, du moment qu’ils paient pour utiliser 9 mois de votre vie, pour une stricte surveillance de la femme durant la grossesse, son « produit » ne lui appartenant pas, pour sa soumission à des techniques biologiques invasives, pour finalement aliéner ce « produit » à d’autres personnes par contrat. Rappelons à toutes fins utiles, qu’il n’y a pas de droit à l’enfant, pas plus que de droit au sexe dans la Déclaration des droits humains !
    http://hypathie.blogspot.com/2020/11/des-corps-en-capitalisme.html

    #Federici #Féminisme #Matérialisme

  • De l’utilité et du bon usage de la #misandrie
    http://hypathie.blogspot.com/2019/12/de-lutilite-et-du-bon-usage-de-la.html

    N’oubliez jamais que, comme disait Andrea Dworkin, la première cellule du #patriarcat , c’est la #famille , l’endroit où règne le Père Tout Puissant ! Famulus en latin : serviteur, esclave, par extension tous les membres de la maison du Dominus (maître). Les psys disent au moins une chose vraie : il faut écouter le langage. Les femmes passent dans le mariage (et le divorce qui peut s’ensuivre) un marché de dupes : travail/services sexuels et domestiques non rémunérés et non inclus dans les PIB marchands. Services MEPRISES en plus ! Vous lui donnez un statut social rassurant et prometteur, alors que vous, vous allez morfler plein pot de votre choix par vos employeurs, la société, votre carrière et votre future retraite.

  • Ecce Homo - hypathie - Blog féministe et anti-spéciste

    http://hypathie.blogspot.com/2019/11/ecce-homo.html

    Carla Lonzi (1931-1982) est une féministe italienne, critique d’art, puis créatrice d’un collectif féministe Rivolta femminile. Dans son texte Crachons sur Hegel, elle critique la dialectique maître-esclave de Hegel, et sa suite le marxisme, qui ne font que mettre en sourdine l’oppression encore plus radicale qui réside dans le rapport homme/femmes et qui se cache dans ’les ténèbres des origines’. C’est la culture patriarcale qui est dialectique. (4ème de couverture). Elle reproche, comme toutes les féministes, dans son cas à Hegel, de ne pas voir les femmes, de les décrire comme a-historiques, dans l’immanence, l’homme humaniste dans la transcendance, en opposition à la nature. De ce fait, selon Carla Lonzi, il est abstraction et néglige la vie.

    " Toute la structure de la civilisation , comme une seul grande battue de chasse, pousse la proie vers les lieux où elle sera capturée : le mariage est le moment où s’accomplit sa captivité. Pendant que les états accordent le divorce et que l’Eglise catholique s’évertue à le nier, la femme révèle sa maturité en étant la première à dénoncer l’absurde organisation des rapports entre les sexes. La crise de l’homme se manifeste dans son attachement aux formules : on confie à ces dernières la tâche de garantir sa supériorité.

    #dialectique #domination_masculine

  • hypathie - Blog féministe et anti-spéciste
    http://hypathie.blogspot.com

    Demandez à un économiste ce qu’est la monnaie ? Il va vous répondre en bafouillant que c’est un instrument financier parmi d’autres ; je dirais moi que c’est une fabrication, une convention sociale ; David Graeber ne répond pas de façon tranchée.

    Rédemption, rachat (redeem en anglais), péché, défaut (faire défaut), jour du Jugement dernier, jour de bilan où on solde tous les comptes, le vocabulaire économique de la dette est religieux ; les paraboles ambivalentes du Christ parlent aussi de dettes et de gratification de celui qui sait agrandir un capital : exemple, la parabole des talents. Nous serions tous nés avec une dette primordiale : une dette envers nos ancêtres qui nous ont donné la vie, et que nous devons rembourser avec des sacrifices, et en transmettant nous aussi la vie reçue, créant ainsi de nouveaux endettés. Reconnaissez qu’on pourrait commencer plus léger ? Non, on naîtrait tous lestés d’une dette !

    Lequel, du crédit, de la monnaie, du troc, est arrivé en premier dans l’histoire humaine ? La thèse défendue par Graeber est que, contrairement à ce que prétendent les économistes, ce n’est pas le troc, mais bien le crédit qui arrive en premier, ensuite la monnaie, née du besoin de financement des guerres par les états, puis le troc, quand les monnaies s’effondrent, quand arrive la perte de confiance ou le trop plein d’émission de monnaie. Le troc est un pis-aller quand tous le reste part en morceaux, il s’arrête quand la valeur de la monnaie est restaurée, car il n’est pas commode du tout. Le crédit, système d’échange basé sur la confiance (racine credo en latin, qui donne aussi créance) est possible dans des proto-sociétés où les gens échangent des biens et des services ; l’invention de l’écriture est imposée par le besoin de recenser des stocks de grains issus des récoltes, de tenir la comptabilité des débits et des crédits : on trace d’abord des bâtons sur des tablettes d’argile, puis on élabore un système plus fin et compliqué, des chiffres puis des idéogrammes. Ca calme bien, hein, Marcel Proust ? Pour annuler les dettes, on casse les tablettes. Dans l’Antiquité, quand la dette fait fuir les paysans nourriciers des villes, car criblés d’impôts, de taxes et de corvées, pour redevenir bergers itinérants, on casse toutes les tablettes ; toutes les révolutions humaines ont eu le même acte fondateur, annuler la dette, la Révolution Française n’y a pas manqué, abolissant du même coup le servage. Les serfs (péons) sont une classe sociale qui doit des dîmes, des corvées à un suzerain ; accumulée au fil des générations, leur dette impossible à rembourser, ils ne pouvaient quitter le domaine où ils travaillaient. A comparer avec le statut des femmes pourvues de maris et d’enfants qui doivent des services ménagers sans contrepartie. Au nom de quelle dette ? Par la pesanteur de l’HIStoire.

    La traite (la lettre de change de mes cours de compta !) sur l’avenir a commencé quand les humains ont commencé à marcher sur leurs pattes de derrière ; devinez qui gageait les dettes ? Mais les femmes et filles, bien sûr ! Certains s’endettaient au point de donner en gage leurs femmes (comme servantes ou comme prostituées) et filles à naître sur trois ou quatre générations ! Les filles et femmes furent en réalité les premières monnaies d’échange. Comme elles font des petits, elles sont traitées comme on traite les bêtes d’élevage, qui gageaient aussi les dettes. On revient donc de loin, nous les femmes en terme de poids de culpabilité et de péché. Parce que le péché et la dette, c’est la même chose : remettre des péchés et remettre une dette, c’est pareil.

  • hypathie - Blog féministe et anti-spéciste : Combattre le voilement - Fatiha Agag-Boudjahlat
    http://hypathie.blogspot.com/2019/07/combattre-le-voilement-fatiha-agag.html


    Ceci n’est pas un partage d’adhésion

    Cette semaine, deux livres de la même auteure Fatiha Agag-Boudjahlat (FAB) : Combattre le voilement, une réflexion « au-delà du voile comme objet, sur l’acte du voilement », et Le grand détournement, sur les communautaristes et identitaires de toutes obédiences, sur l’instrumentalisation du féminisme, du racisme et de la culture, cette dernière servant d’alibi permanent au cultuel, auquel elle sert de masque permettant de noyer le poison des entorses à la loi de 1905 de séparation des églises et de l’état.

    #voile #femmes

  • hypathie - Blog féministe et anti-spéciste : De la criminalité masculine : l’éléphant dans la pièce
    http://hypathie.blogspot.com/2019/05/de-la-criminalite-masculine-lelephant.html

    Dominique Perben, Garde des sceaux ministre de la justice de 2002 à 2005 rappelez-vous, s’était ridiculisé lors d’une visite officielle à l’Ecole Nationale de la Magistrature de Bordeaux : constatant que 80 % de la promotion de magistrats présente devant lui étaient des femmes, il pique un coup de sang et, sous le choc littéralement, propose illico qu’on instaure des quotas d’hommes dans cette profession ! On fit remarquer que quand le ministre de la santé visitait des écoles d’aide-soignantes et d’infirmières, personne ne proposait de quotas d’hommes, et on opposa que lorsque les féministes proposent des quotas de femmes dans les conseils d’administration des entreprises du CAC40 ou les partis politiques, les hommes crient au scandale, qu’elles candidatent et se fassent élire, entend-on, pas de passe-droit, universalisme grand teint de rigueur. En fait d’universalisme, c’est le crime au masculin qui est universel. C’est vrai que ça la fout mal aussi : tous ces délinquants, criminels, violeurs, assassins, à 90 % hommes, qui se retrouvent tôt ou tard devant le tribunal d’une magistrate, de ses assesseures, de leur greffière, défendus par une avocate, c’est tellement vexant pour le top model de la création. Je compatis.

    Quand les ressources que la société leur dédie ratent leur but

    Pourtant la société ne mégote pas quand il s’agit de combler les gars de bienfaits en tous genres pour tenter de calmer leur fureur virile : stades de foot, verrues bétonnées où aller hurler à 80 000 les vendredis et samedis soirs ; les terres cultivables et espaces de nature vitrifiés, ravagés, pour calmer les mecs sont à tel point nombreux que la déforestation de l’Amazonie et de la forêt de Bornéo, pour ne citer qu’elles, se mesure en terrains de foot ! Les skate-parks en béton, sans filles, bâtis sur d’ex espaces verts, (j’en ai trois dans 200 mètres de rayon autour de chez moi), les « pistes cyclables » bitumées, tôt transformées, ainsi que leurs abords, en pistes d’enduro pour quads et pour scoots, voire motos, au point que les familles et les femmes sont vite obligées de laisser la place, ne serait-ce que pour éviter l’accident ; dernière lubie des municipalités de Nantes, Paris et Rennes, trois villes administrées par des femmes, la pissotière mobile customisée par un grapheur, ou l’uritrottoir à géranium. Quoi pour les filles ? RIEN, qu’elles se retiennent, se fabriquent une cystite, mais circulez les filles, il n’y a à voir que les mecs qui défouraillent contre un mur et pissent dans la rue ! L’incivilité masculine n’est pas amendable, accompagnons-la, se disent sans doute Anne Hidalgo, Johanna Rolland et Nathalie Appéré, confirmant ainsi qu’elles discriminent les femmes dans l’espace public ! Le comble. Quel aveu d’impuissance, quelle apathie ménagère et sociétale !

    Mais c’est vrai que tout ce béton déversé, construction de prisons incluse, ça fait du PIB, ça fait marcher le bâtiment, donc c’est de la croissance. La miraculeuse croissance biblique et illimitée dans un monde limité.

    Les dépenses ne s’arrêtent pas là, le parasitisme sur la société continue quand ils sortent de prison ; tout d’abord, ils sont visités en prison par des femmes (bénévoles bien sûr) en majorité : Guy Georges, tueur de femmes, est marié avec sa visiteuse de prison à qui on souhaite vraiment bonne chance ;(, et rappelons le sinistre couple criminel formé par Fourniret et son ex-visiteuse épistolaire Monique Olivier ! Mais je m’éloigne du sujet qui n’est pas les femmes toute puissantes qui finissent malgré tout sous influence. Donnée statistique, voir la référence ci-dessous mentionnée : les mecs délinquent, les femmes soutiennent et réinsèrent. Sans les femmes, le peu qui ne sombre pas définitivement ne serait même pas réinséré. Saluons ici les familles (mères, soeurs, grand-mères...), assistantes sociales, toutes dédiées à leur réinsertion et à leur bien-être.

  • « Créatrices, l’émancipation par l’art » exposition au Musée des Beaux-arts de Rennes du 28 Juin au 27 Septembre 2019 – La page de Marie-Jo Bonnet
    https://mariejobon.net/2019/01/creatrices-lemancipation-par-lart-exposition-au-musee-des-beaux-arts-de-

    L’exposition présente 85 œuvres du Moyen Age à nos jours qui déploient autour de cinq grands axes à partir d’une ouverture sur « Le Pouvoir aux Nanas » dans le patio avec des sculptures monumentales de Niki de Saint Phalle, Raymonde Arcier et Camille Claudel :


    (image : Raymonde Arcier – Au nom du père-1976)

    1 – Interdites : La première partie aborde la question des mécanismes d’invisibilité de la création féminine : comment les institutions interdisent certains sujets comme la nudité masculine à l’époque de Camille Claudel. Nous verrons que les tabous opèrent toujours de nos jours au point de censurer certaines audaces et d’écarter des prises de positions politiques novatrices

    2 – Autoportraits – Portraits : L’autoportrait, et le portrait exercice commun aux artistes quel que soit leur sexe, revêt bien souvent pour les femmes une problématique politique insoupçonnée. En effet, longtemps tenu comme une spécificité féminine, l’art de représenter est abordé ici dans ses particularités : légitimation de son statut de peintre, mais aussi de sa condition de femme dans le siècle. Nous verrons comment ils sont abordés d’une toute autre manière que ne l’opèrent les artistes masculins.

    3 – Violences/renaissances : La violence subie par les femmes – qu’elle soit sexuelle ou politique – est un des grands thèmes émancipateurs des artistes femmes initié par Artemisia Gentileschi. Il ne s’agit pas seulement de dénoncer la violence de l’autre, mais de s’appuyer sur elle pour forcer le passage vers une renaissance. Devenir artiste est parfois à ce prix.

    4 – Textures : La quatrième partie est dédiée au toucher. En effet, une constante se dégage des créations féminines dans leurs contributions occidentales : un rapport sensuel à la matière et au corps. Nombreuses sont les femmes qui se sont exprimées à partir de matériaux sensibles, créant notamment des sculptures textiles révolutionnaires, ou se réappropriant des traditions afin de les réincorporer dans une logique contemporaine.

    5 – Visionnaires : La dernière partie de l’exposition explore, la question de la spiritualité en art comme source d’énergie pour créer « à partir du cœur en flux continus et permanents » (Madame Guyon). Elle incitera à prendre en compte la dimension résolument visionnaire, au sens propre comme figuré, de la création féminine, d’une profondeur tout à fait distincte des notions d’avant-garde que l’histoire de l’art retient comme moteur essentiel de la création artistique en général. Une question se profile dès lors qui, remet en cause la logique d’une histoire de l’art fondée sur les ruptures avec le passé. Les femmes ne sont-elles pas novatrices dans l’emploi des matériaux non nobles, dans le refus des clivages, et désir d’exprimer leur point de vue sur le monde ?

    Commissaires : Marie-Jo Bonnet, historienne et historienne d’art, auteure de nombreuses publications sur les artistes femmes et Anne Dary, Directrice du musée des Beaux-Arts de Rennes.

    Comité scientifique composé de Judith Cernogora, conservatrice du patrimoine, Marianne Le Morvan, directrice des archives Berthe Weil, Marie Robert, conservatrice du patrimoine, musée d’Orsay, Frédérique Villemur, Historienne de l’art, École nationale supérieure d’architecture de Montpellier, Macha Paquis, agrégée en arts plastiques.

    L’exposition sera accompagnée d’un catalogue rédigé par Marie-Jo Bonnet publié aux Editions Ouest-France.

  • On trouve sur l’excellent site HYPATIE (blog féministe et anti-spéciste - http://hypathie.blogspot.com) des extraits en français d’un livre révélateur, non encore traduit, de Sara Wachter-Boettcher, TECHNICALLY WRONG - SEXIST APPS, BIASED ALGORITHMS AND OTHER THREATS OF TOXIC TECH (Applications sexistes, algorithmes biaisés et autres menaces des technologies toxiques). Regard d’une spécialiste sur les coulisses et les aléas des principaux réseaux sociaux et de mégaentreprises comme Google et Uber.

  • hypathie - Blog féministe et anti-spéciste : Technically wrong : applications sexistes, algorithmes biaisés et autres menaces des technologies toxiques
    http://hypathie.blogspot.com/2018/12/technically-wrong-applications-sexistes.html

    J’ai lu Technically wrong de Sara Wachter-Boettcher, consultante web basée en Californie, publié il y a quelques mois en anglais, non traduit en français. Dommage, la lecture en est édifiante et passionnante. Si vous êtes ingénieur-e en informatique ou développeur-euse, lisez-le, l’anglais est à votre portée. Pour les autres,étant donné l’enjeu, je vous en propose un (noir) résumé.

  • hypathie - Blog féministe et anti-spéciste : Hedy Lamarr - From extase to wifi
    http://hypathie.blogspot.com/2018/06/hedy-lamarr-from-extase-to-wifi.html

    Peut-on être très belle et être en même temps très intelligente ? La réponse à Hollywood est non. Aussi, il a fallu des dizaines d’années pour qu’Hedy Lamarr émerge comme inventrice d’un code de brouillage de signaux électroniques de torpilles. Dit comme ça, ce n’est pas glamour, donc c’est in-com-pa-ti-ble avec une carrière de bombe sexuelle. Apprenant aux infos au début de la guerre qu’un navire militaire de l’ US Navy avait été torpillé par sa propre arme que l’ennemi avait détournée en décodant et détournant son signal de commande, l’obstinée chercheuse patriote (née en Autriche mais reconnaissante à son pays d’adoption) va se casser la tête à imaginer un signal brouillé « à étalement de spectre », de façon à éviter ce genre d’accident. Après des journées harassantes d’apprêt, de maquillage et de tournage, Hedy Lamarr se délassait en faisant des casse-tête mathématiques !

    • https://fr.wikipedia.org/wiki/Hedy_Lamarr

      En 1941, en collaboration avec George Antheil, Hedy Lamarr propose son système secret de communication applicable aux torpilles radio-guidées, qui permettait au système émetteur-récepteur de la torpille de changer de fréquence, rendant pratiquement impossible la détection de l’attaque sous-marine par l’ennemi. Il s’agit d’un principe de transmission (étalement de spectre par saut de fréquence) toujours utilisé pour le positionnement par satellites (GPS, GLONASS…), les liaisons chiffrées militaires, les communications des navettes spatiales avec le sol, la téléphonie mobile ou dans la technique Wi-Fi.

      Hedy Lamarr a bien d’autres centres d’intérêts que son métier d’actrice et, de ses conversations avec son ami, le compositeur d’avant-garde George Antheil, est née l’idée de cette invention9. Lamarr avait pris connaissance de technologies de différentes armes, dont celles de systèmes de contrôle de torpilles, lorsqu’elle avait été mariée (de 1933 à 1937) à Friedrich Mandl, un très important fabricant d’armes autrichien, converti au catholicisme pour faire commerce avec l’Heimwehr autrichienne. Antheil, quant à lui, était familier des systèmes de contrôle automatiques et des séquences de sauts de fréquence qu’il utilisait dans ses compositions musicales et ses représentations9. Dans le but d’aider les Alliés dans leur effort de guerre, ils proposent leur invention à une association d’inventeurs dans le domaine, le National Inventors Council (en), en décembre 1940, puis décident de déposer le brevet, le 10 juin 1941, en rendant cette invention immédiatement libre de droits pour l’Armée des États-Unis9.

      Le Bureau des brevets américain détient en effet, cosignée par Hedy Lamarr11, la description d’un système de communication secrète pour engins radio-guidés, appliqué par exemple aux torpilles. Le brevet intitulé Secret communication system (brevet des USA no 2 292 387) du 10 juin 1941 (enregistré le 11 août 1942) décrit un système de variation simultanée des fréquences de l’émetteur et du récepteur, selon le même code enregistré (le support utilisé étant des bandes perforées)12. Mais cette idée ne fut pas mise en pratique à l’époque, bien que la Marine américaine eût, dans les années 1950, un projet de détection de sous-marins par avions utilisant cette technique.

      Plus tard, les progrès de l’électronique font que le procédé est utilisé — officiellement pour la première fois par l’Armée américaine — dans la crise des missiles de Cuba en 1962 et pendant la guerre du Vietnam. Lorsque le brevet est déclassifié, le dispositif est également utilisé par les constructeurs de matériels de transmission, en particulier depuis les années 1980. La plupart des téléphones portables mettent à profit la « technique Lamarr ».

      Hedy Lamarr a rétroactivement reçu le prix de l’Electronic Frontier Foundation américaine en 1997. À titre posthume, elle et George Antheil ont ensuite été admis au National Inventors Hall of Fame en 2014.