• Comment se dit « fake news » en français ? - Libération
    http://www.liberation.fr/debats/2018/06/14/comment-se-dit-fake-news-en-francais_1659146

    Le problème semble être le suivant : cette loi sert deux fins au moins. Elle encadre une procédure en référé, qui doit se dérouler dans l’urgence, elle vise à préciser les rôles et les devoirs de « coopération » des grandes plateformes et d’autres aspects qui relèvent du soft power.« Nous proposons une définition générale,affirmait Mme Moutchou dans la séance en question, parce que cette définition de la "fausse information" ne vaut pas seulement pour le juge des référés, mais aussi, par exemple, pour le devoir de coopération. Ce qui relève du juge des référés est plus précis et nous ajoutons des critères. » Dans le premier cadre, précisé par des critères, il est souhaitable que la fausseté soit « manifeste », dans le second il est tout à fait envisageable qu’elle n’apparaisse qu’au terme d’une enquête, comme du reste la plupart des vérités importantes. Mais dans un cas comme dans l’autre, comme il s’agit de limiter la liberté d’expression, il reste nécessaire de dire à quoi la loi s’appliquera. La définition ne peut donc pas être trop vague, mais plus elle sera précise moins elle a de chances de bien couvrir les deux pans de la loi.

    Enfin, nous tournons en rond à cause d’un problème mal posé. Fake news dit plus et dit autre chose que « fausse information », et ce serait rendre un bien étrange hommage à l’actuel président américain que de lui laisser le monopole de cette expression, qui lui sert principalement à attaquer la presse de qualité. Le fake, en anglais, c’est ce qui est « bidon », c’est la contrefaçon, bref, c’est ce qui au mieux présente l’apparence de la chose, sans être la chose. De la fausse monnaie n’est tout simplement pas de la monnaie. Des fake news sont parfois fausses, mais la plupart du temps elles ne le sont même pas : mal sourcées, unilatérales, insignifiantes, détournant d’autres informations plus importantes… Elles usurpent le sérieux de la presse ou d’autres publications sans reposer sur le même travail de vérification, sans accepter les mêmes responsabilités. C’est tout cela qui est en jeu quand on s’inquiète d’une éventuelle détérioration de la qualité de l’information, et le manifestement faux n’en est qu’une partie, le délibérément trompeur une plus petite partie encore. On trouve sur le site de la CIA une version du manuel de sabotage de 1944 de l’OSS (si ce n’est pas un fake !). Dans la partie concernant l’information et les institutions, on voit très clairement qu’introduire de la confusion peut être un objectif aussi important que persuader du faux. L’instruction 12b mentionne ainsi le fait de « donner des explications longues et incompréhensibles » comme un excellent moyen pour créer de la confusion. Il est dommage que cet objectif de déstabilisation, introduire de la confusion dans des débats publics, ne soit pas pris aussi sérieusement que la tromperie manifeste, et il serait dangereux d’ancrer une source manifeste de confusion dans le texte même de la loi.
    Mathias Girel Maître de conférences, directeur du Centre d’archives en philosophie, histoire et édition des sciences (Caphes), Ecole normale supérieure, PSL.

    #Fake_news

  • LGBTQI : vous n’aurez pas nos luttes (Tribune collective, Libération)
    http://www.liberation.fr/debats/2018/06/14/lgbtqi-vous-n-aurez-pas-nos-luttes_1659137

    Un nouveau collectif lance son #manifeste : « Nous, homos, lesbiennes, gays, bi·e·s, trans, intersexes, queer, pédés, gouines, refusons l’instrumentalisation raciste, islamophobe et néolibérale de nos vies et de nos combats. Nous prônons la solidarité et l’imbrication de toutes les #luttes. »

    #LGBT