Addiction aux jeux vidéo : « La classification permet de contester certaines dérives »

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    Quel est l’intérêt d’intégrer ce trouble dans la classification internationale des maladies ?

    Il y en a plusieurs. D’abord, avec un trouble non reconnu, on n’a aucun moyen pour travailler en amont, pour faire de la prévention, notamment à l’école ou auprès des parents. Lorsqu’on l’officialise, ça permet de mettre en place des campagnes systématiques, de financer des recherches et, accessoirement, de favoriser le remboursement pour les traitements. Ensuite, ça permet de dédramatiser les cas qui ne relèvent pas de la pathologie. C’est pourquoi la définition de l’OMS est très précise. Cela pourra permettre de désengorger les unités spécialisées qui présentent généralement un délai d’attente important. Selon les études, on estime que ce trouble concerne aujourd’hui 1 % à 1,5 % des joueurs, pas plus. Enfin, cette classification va permettre de contester certaines dérives et pratiques de l’industrie du jeu vidéo : la reconnaissance d’un tel trouble devrait permettre au législateur d’imposer plus facilement certaines restrictions, comme par exemple la limitation ou l’interdiction d’incorporer des éléments de jeu d’argent, une pratique devenue extrêmement courante (lire page 4).
    Ne risque-t-on pas de stigmatiser un comportement très répandu, notamment chez les jeunes ?

    Certaines critiques ont en effet pointé le risque de « panique morale » qui ferait suite à cette nouvelle classification. Et c’est vrai que certains parents sont tellement dépassés par le comportement de leur enfant qu’ils peuvent vite y voir une pathologie. Il est fréquent d’entendre des parents catastrophés, qui décrivent des crises de colères impressionnantes au moment où le wi-fi est coupé. Mais la colère a dans ce cas une cause très identifiée. Imaginez un enfant qui s’entraîne toute la semaine pour un match de foot et que ses parents viennent chercher sur la pelouse juste avant le coup d’envoi : sa colère serait comparable et ce serait tout à fait normal. Il est aussi important de garder à l’esprit que beaucoup de joueurs « passionnés » peuvent avoir une pratique intensive sans pour autant présenter une perte de contrôle ou des conséquences négatives sur les plans professionnel, social ou personnel. A ce titre, le nombre d’heures passées à jouer n’est pas un indicateur valide d’une utilisation pathologique. Mais ce n’est pas parce qu’une pratique ne pose aucun problème sanitaire pour la vaste majorité qu’on doit s’interdire de traiter les problèmes.
    Quand on parle de maladie, on parle aussi de traitement. Comment se soigne l’addiction aux jeux vidéo ?

    Aujourd’hui, nous ne sommes pas du tout dans une approche médicamenteuse, même si on peut légitimement craindre que l’industrie pharmaceutique essaie de profiter à sa manière de l’effet d’annonce. Nous ne sommes même pas dans une logique d’abstinence, car nous connaissons l’importance des pratiques numériques dans la société et, sauf dans le cas d’une demande explicite, sortir complètement quelqu’un de ces activités peut poser plus de problèmes qu’en résoudre. Nous travaillons donc pour permettre au patient de reprendre le contrôle sur sa pratique avec des traitements comme la thérapie cognitive et comportementale, ou les approches familiales incluant les proches.

    #Jeux_vidéo #Addiction