Un directeur d’école catholique licencié par le diocèse après avoir dénoncé un viol

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  • Un directeur d’école catholique licencié par le diocèse après avoir dénoncé un viol
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    La forte mobilisation des parents d’élèves et des professeurs aura été vaine. Directeur depuis une trentaine d’années d’un collège catholique à Saint-Ambroix (Gard), Paul Gobillot a appris son licenciement, jeudi 21 juin. La sanction, décidée pour « faute grave » par l’Organisme de gestion de l’enseignement catholique (OGEC) de la petite ville, avec l’accord du diocèse, autorité de tutelle, risque de raviver l’indignation et l’incompréhension des soutiens de ce chef d’établissement. Depuis deux mois, ils dénoncent une « décision à l’emporte-pièce » et une procédure abusive. Contacté par Le Monde, l’avocat de M. Gobillot, Me Philip de Lumley Woodyear, a annoncé son intention de saisir le conseil des prud’hommes. Le professeur de SVT, âgé de 61 ans, avait été suspendu de ses fonctions de directeur, fin avril, après une affaire de viol entre élèves.

    Lors d’un voyage scolaire à Malte, début mars, un garçon se fait agresser par un autre collégien. La scène, filmée, est mise en ligne sur les réseaux sociaux. Les adultes ne découvriront l’affaire que quelques semaines plus tard. Après en avoir pris connaissance, le directeur – non présent à Malte – accompagne les parents de la victime à la gendarmerie. La plainte remonte immédiatement au procureur de la République. Deux collégiens ont depuis été mis en examen. Mais le diocèse reproche au chef d’établissement de ne pas l’avoir averti en premier. Et, contrairement à la procédure indiquée, de ne pas avoir rempli de fiche déclarative à l’intention du rectorat. « Face à un jeune en souffrance, on agit, répond Paul Gobillot. Si un enfant se noie, faut-il appeler au secours au téléphone ou plonger ? Je plonge. Il y a les gens qui sont dans l’humain et puis il y a les voies administratives… »

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    • Paul Gobillot, directeur du collège privé de Saint-Ambroix (Gard), a prévenu la gendarmerie avant sa hiérarchie. Pour justifier sa décision, celle-ci avance des dysfonctionnements.

      La forte mobilisation des parents d’élèves et des professeurs aura été vaine. Directeur depuis une trentaine d’années d’un collège catholique à Saint-Ambroix (Gard), Paul Gobillot a appris son licenciement, jeudi 21 juin.

      La sanction, décidée pour « faute grave » par l’Organisme de gestion de l’enseignement catholique (OGEC) de la petite ville, avec l’accord du diocèse, autorité de tutelle, risque de raviver l’indignation et l’incompréhension des soutiens de ce chef d’établissement. Depuis deux mois, ils dénoncent une « décision à l’emporte-pièce » et une procédure abusive.

      Contacté par Le Monde, l’avocat de M. Gobillot, Me Philip de Lumley Woodyear, a annoncé son intention de saisir le conseil des prud’hommes. Le professeur en sciences de la vie et de la terre (SVT), âgé de 61 ans, avait été suspendu de ses fonctions de directeur, fin avril, après une affaire de viol entre élèves.

      Lors d’un voyage scolaire à Malte, début mars, un garçon s’était fait agresser par un autre collégien. La scène, filmée, fut mise en ligne sur les réseaux sociaux. Les adultes ne découvriront l’affaire que quelques semaines plus tard. Après en avoir pris connaissance, le directeur – non présent à Malte – avait accompagné les parents de la victime à la gendarmerie. La plainte était remontée immédiatement au procureur de la République.

      « Face à un jeune en souffrance, on agit »

      Deux collégiens ont depuis été mis en examen. Mais le diocèse reproche au chef d’établissement de ne pas l’avoir averti en premier. Et, contrairement à la procédure indiquée, de ne pas avoir rempli de fiche déclarative à l’intention du rectorat. « Face à un jeune en souffrance, on agit, répond Paul Gobillot. Si un enfant se noie, faut-il appeler au secours au téléphone ou plonger ? Je plonge. Il y a les gens qui sont dans l’humain et puis il y a les voies administratives… »

      Le diocèse avance de son côté de nombreux manquements administratifs pour justifier la décision controversée. « Les motifs de licenciement ne sont en aucune manière liés au fait qu’il aurait dénoncé un viol », a insisté Jérôme Martine, le directeur diocésain, dans un communiqué, vendredi 22 juin, dénonçant au passage une manipulation de l’opinion pour « jeter le discrédit sur tout l’enseignement catholique du Gard ».

      « Les faits graves qui ont été découverts et sont reprochés [à Paul Gobillot] concernent des manquements majeurs dans l’exercice de ses responsabilités et notamment dans ses obligations, devoirs et missions attachés à sa fonction de chef d’établissement. »

      Au fil des décennies, Paul Gobillot a imprimé son empreinte sur le collège. A Saint-Ambroix, petit village de 3 200 habitants situé à une heure de route de Nîmes, l’école Saint-Joseph s’est construit une réputation. Dans cette région au tissu économique fragile, l’institution attire les enfants des villages voisins, peu importe s’il faut faire des kilomètres.

      Avec ses quelque 300 collégiens dont une petite moitié de boursiers, Saint-Joseph offre une rare mixité, encadrée par une équipe pédagogique expérimentée. Plusieurs classes Segpa (section d’enseignement général et professionnel adapté) sont destinées aux élèves présentant des difficultés d’apprentissage. L’établissement est aussi connu pour sa classe de « raccrocheurs », un terme cher à l’ex-directeur, qui regroupe quelques élèves décrocheurs et des enfants sans papiers. Au niveau religieux, l’école n’affiche pas un rigorisme poussé : l’ancienne ministre Simone Veil a été mise en valeur par le collège, cette année.

      « Un homme intègre »

      De quels « faits graves » est-il question ? Sollicités, les responsables de l’enseignement catholique du Gard sont restés silencieux, en dehors de deux communiqués succincts, publiés les 12 et 22 juin.

      La lettre de licenciement, longue d’une dizaine de pages, énumère en revanche de nombreux griefs, allant de la gestion de l’affaire du viol, évoquée en premier, à un accident d’élève avec une table de ping-pong, en passant par la non-déclaration de certains élèves en classes Segpa ou le cas d’une autre dénonciation d’agression sexuelle. « Le président de l’OGEC est allé faire de l’archéologie des poubelles, dénonce Me Lumley Woodyear. On essaie d’inventer de nouvelles fautes pour démontrer que dans ce collège rien ne va. Nous pourrons, preuves à l’appui, contester tous les points de ce licenciement. »

      Le directeur paierait-il les conséquences d’une trop grande indépendance face aux instances religieuses ? Les dix-huit professeurs – sur les vingt et un que compte le collège – qui le soutiennent en sont convaincus. Pour eux, l’affaire du viol n’a été qu’un prétexte pour mettre de côté l’ancien directeur. « Je pense que le diocèse est gêné. Ils sont dépassés par un incendie qu’ils ont allumé », avance Jean-Marc Abadie, professeur d’histoire-géographie au collège depuis 1981, à propos des manifestations organisées en faveur de Paul Gobillot, et des reprises suscitées dans la presse.

      Le 13 juin, une cinquantaine de professeurs, parents et élèves se sont rendus au diocèse de Nîmes pour manifester leur soutien inébranlable à « un homme intègre » et « un directeur innovant ». « Dans la vie, je ne me suis mobilisée que deux fois : contre le gaz de schiste et pour M. Gobillot », résume Catherine Caillaud, une professeure de français. « Si Paul Gobillot est viré, je vais m’effondrer », ajoute une autre enseignante, alors que les tensions dans le collège se sont multipliées ces dernières semaines.

      « Une somme de prétextes »

      Ce départ forcé serait, selon eux, un bon moyen pour l’OGEC de se débarrasser d’un électron libre et d’avoir les coudées franches, en vue de futures opérations immobilières, alors que l’école est répartie sur trois bâtiments différents dans la ville. L’avocat du directeur y voit la conséquence d’une volonté de l’enseignement catholique du Gard « de restructurer certains établissements pour leur donner plus de force, et d’en flinguer d’autres ».

      A propos de son licenciement, Paul Gobillot a déploré « une somme de prétextes » et une « souillure » qu’il espère « laver ». Depuis plusieurs semaines, la colère de certains parents d’élèves et professeurs est montée face à l’attitude des ecclésiastiques.

      Une réunion en petit comité avec l’évêque de Nîmes, Mgr Robert Wattebled, début juin, n’a pas permis d’aplanir les différends. « Il n’a pas eu un mot de compassion pour nous, on aurait dit un DRH de Monsanto », déplore une professeure.

      L’équipe pédagogique et les élus locaux craignent désormais une fuite des élèves et la fermeture de certaines classes. D’ores et déjà, celle des « raccrocheurs » ne devrait pas voir le jour à Saint-Ambroix lors de la prochaine rentrée.

    • Ce qui est reproché à ce directeur, c’est d’avoir fait passer le droit avant l’Église.

      Faut encore une fois constater le deux poids deux mesures et souligner le silence monstrueux des autorités dans le contexte obsessionnel actuel de soi-disant laïcité : les crimes se succèdent mais le clergé catholique fait sa loi chez lui. Circulez y a rien à voir.