• Des limites de l’éthique numérique entre hommes blancs
    http://maisouvaleweb.fr/des-limites-de-lethique-numerique-entre-hommes-blancs

    Dans un article, le philosophe Jacob Metcalf (@undersequoiasoutl) et l’anthropologue Emanuel Moss (@MannyMoss), du Data & Society Research Institute, reviennent sur leur rapport « Ethics Owners : A New Model of Organizational Responsibility in Data-Driven Technology Companies » (.pdf) où ils ont cherché à comprendre les limites des actions des « responsables éthiques » dans les entreprises technologiques. L’essor des « ethics officers » Depuis quelques années, les métiers liés à la « (...)

    #Amazon #algorithme #CCTV #Rekognition #biométrie #éthique #racisme #facial #reconnaissance #sexisme #vidéo-surveillance (...)

    ##surveillance

  • Peut-on hacker les inégalités comme on hacke une imprimante ?
    http://maisouvaleweb.fr/peut-on-hacker-les-inegalites-comme-on-hacke-une-imprimante

    Pour écrire Hacking Diversity : The Politics of Inclusion in Open Technology Cultures[1] (Princeton University Press, 2020, non traduit), l’ethnographe Christina Dunbar-Hester[2] s’est penchée sur des cultures marginales au sein des mondes numériques, celles des technologies ouvertes. Elle aborde les rapports de pouvoir qui se jouent autour des dispositifs technologiques, et la capacité de ces communautés à transformer la société en s’appuyant sur ces derniers. En filigrane, la chercheuse pose une (...)

    #féminisme #racisme #technologisme #sexisme #discrimination #lutte #hacking

  • Amis ingénieurs, merci de changer de métier
    http://maisouvaleweb.fr/amis-ingenieurs-merci-de-changer-de-metier

    Le petit livre de Celia Izoard « Lettres aux humains qui robotisent le monde. Merci de changer de métier » (Revue Z, 2020), composé de plusieurs textes sous forme notamment, de lettre à des ingénieurs, brille par sa simplicité. D’une plume faussement naïve, la journaliste questionne ceux qui façonnent les outils « du futur » – robots, logiciels – à propos de leur responsabilité vis-à-vis du reste de le société. Sans moralisme, ni accusations mal placées, elle les appelle à se réveiller. Le premier texte (...)

    #algorithme #voiture #écologie #éthique #technologisme #urbanisme #robotique

    http://maisouvaleweb.fr/wp-content/uploads/2020/10/Izoard-merci-de-changer-de-métier.png

  • Le monde selon Zuckerberg | Mais où va le Web
    http://maisouvaleweb.fr/le-monde-selon-zuckerberg

    Oliver Ertzscheid, héraut de Affordance.info, publie chez C&F Editions Le monde selon Zuckerberg. Portraits et préjudices, un livre court et incisif qui nous offre un savoureux bilan de ces quelques années passées en présence des grandes plateformes numériques.
    Syndrome de Peter Pan

    Première partie du livre, une série de portraits qui détricotent les profils psychologiques des barons des internets. Mark Zuckerberg d’abord, rattrapé par la patrouille après l’affaire Cambridge Analytica, « Collégien mal assuré passant en conseil de discipline », et surtout, créateur d’une plateforme où tout engagement, mobilisation citoyenne, « sert d’abord et avant tout les intérêts économiques de la firme. »

    Suivent Sergueï Brin et Larry page, créateurs de Google, qui ont vite renoncé à leur ambition de ne pas monétiser le langage. Leur monde, écrit Ertzscheid, est un « chemin de renoncement ». Eux, comme tant d’autres dans la tech, ne rechignent pas à vendre leurs outils à des dictatures, fussent-ils incomplets, fussent-ils au service de la censure.

    Certes, c’est une petite musique que nous commençons à connaître. La lecture d’ Ertzscheid cependant, lui donne un nouveau relief. Presque théâtral. L’auteur, que l’on connaît potache, classe ces messieurs par pathologie. Névrosés obsessionnels, atteints alternativement du syndrome de superman, de Spiderman ou de Peter Pan. Les grands enfants se révèlent. Cela en deviendrait presque drôle, si ça n’était pas grave. Pourquoi ces plateformes, dont on connaît parfaitement tous les travers, sont-elles encore si bien défendues par leurs créateurs ? « Les plateformes doivent mûrir, se dé-libéraliser, être démantelées, entrer dans l’espace public sous forme de commun « sincèrement et entièrement délibératif » – oui, mais cela n’arrive pas. Zuckerberg, Brin et Page ne lâcheront pas leurs rejetons. Quand bien même ils ont hérité de protocoles et d’infrastructures publiques (le web, TCP-IP), quand bien même tout le monde sait qu’il est temps.
    L’heure du bilan

    Sous la forme de multiples petits chapitres, Olivier Ertzscheid nous propose ensuite un bilan plutôt exhaustif des effets des plateformes sur la démocratie, sur les libertés et sur les droits fondamentaux. Il reviendra ainsi sur l’absence revendiquée de ligne éditoriale par les grandes plateformes… Elles qui pourtant, trient et choisissent l’information qu’elles diffusent suivant des règles encore protégées par le droit des affaires. « Les lecteurs du journal l’Humanité savent pourquoi ils n’achètent pas Le Figaro, et réciproquement. » Quelle est la ligne éditoriale de Facebook, de Twitter, de Google ? Comment se fait-il que des lobbys religieux pro-vie puisse faire remonter un site anti-IVG dans les résultats de recherche, en 2008 aux USA, puis en 2016 en France. Pourquoi rien n’a changé ?

    Vers la fin du XIXe, rappelle l’auteur, l’essentiel des moyens de communication modernes sont apparus (radio, télévision, cinéma, téléphone). Cent ans plus tard, ce fut au tour d’internet, du web puis Google, Wikipedia, Facebook, l’iPhone, etc. Peu à peu l’enthousiasme a cédé la place à l’intranquillité. Parmi les nombreux péchés originaux responsables de la désillusion, il y a le fait que nous soyons progressivement passés à côté des dons de Tim Berners Lee, dons « comparables à l’imprimerie », on parle bien sûr de http, puis de l’url – des modes d’adressage qui tendent à être invisibilisés ; « Quand il n’y a plus d’adresse, alors vous ne savez plus où aller. Vous ne pouvez plus vous rendre nulle part. C’est alors très facile de vous amener exactement là où on le souhaite puisque vous n’avez de toute façon pas d’autre choix que de faire confiance à la plateforme qui vous indique que « vous êtes ici » et que « vous pouvez aller là ». Peu à peu, nous perdons la capacité que nous avait offert Tim Berners Lee à nous orienter librement dans un espace public.
    Rien n’est neutre, et surtout pas la technique

    Autre grand intérêt du livre, les précieux rappels à propos de la nature des technologies qui nous entourent. Le fait qu’elles ne sont pas neutres d’abord. Encore et toujours, le répéter. Sans quoi toutes les questions politiques qui leur sont liées disparaissent soudainement. Ainsi, écrit l’auteur à propos desdites technologies : « se contenter de s’interroger sur les moyens d’en limiter ou d’en circonvenir les effets délétères une fois leur déploiement acté, est à peu près aussi efficace qu’espérer éteindre un feu de forêt en comptant simplement sur la bonne volonté des arbres de ne pas se consumer »

    Le numérique est, pour la moitié de l’humanité, « un allié objectif de la surveillance, du contrôle, de la répression. » Une analyse des usages, de ce point de vue, ne nous sera que de peu d’utilité. En ce qui concerne la surveillance – faciale par exemple – et pour le cas des pays occidentaux, nous devrions interroger « les formes d’irrationalité qui président à l’opérationnalisation de l’obtention de notre consentement. » Les données – celles qui constituent notre visage – ne sont jamais « données » rappelle Ertzscheid, elles sont obtenues. Obtenues sans que nous n’ayons vraiment conscience de ce qu’implique d’avoir consenti, individuellement, mais rarement collectivement, à de tels systèmes. Est-il encore besoin de prouver par quelque chiffre, par quelque moyen, que cette surveillance « pourrit l’ambiance de nos démocraties » ? Nous ne devrions plus en être là, en effet. Et pourtant.
    Exit l’espace public

    La défense de l’espace public, espace d’expression démocratique, transpire dans tout l’ouvrage d’ Oliver Ertzscheid. Lui qui, depuis plus de dix ans, regrette que l’homme soit devenu « un document comme les autres », regrette également que nos rapports sociaux soient sous le coup d’un régime d’identification, d’inscription. Sur internet bien sûr, mais de plus en plus, dans la vie réelle où l’anonymat, par la force des choses, n’est plus qu’un souvenir. En cela, les plateformes ont modifié notre rapport à l’espace public. Il faut s’y inscrire, mais aussi s’y décrire (âge, sexe, nom, photo, etc.). « Symboliquement, cela nous prépare à une forme de schizophrénie qui pour toute inscription nécessite d’abord une description. En se dé-crivant dans cet espace privé pour s’y inscrire, on se dés-inscrit aussi progressivement d’un espace public que l’on décrie. »

    Les espaces des plateformes sont ambigus à cet égard. Ni privés (nous y sommes tous, tout du moins beaucoup), ni authentiquement publics. Et pourtant, nous y passons l’essentiel de notre temps connecté. Or qu’est-ce que l’espace public, sinon l’endroit où l’anonymat permet la pratique des libertés ? L’espace public, je peux y scander un slogan hostile au pouvoir, y manifester… L’auteur poursuit – je peux acheter un livre sans avoir à décliner mon identité. Rien de tout cela n’est possible sur les plateformes. Mais il faut se rendre à l’évidence : rien de tout cela n’est possible tout court. On ne vit pas sans carte bancaire – on peut toujours essayer de ne pas payer avec, comme le proposent certains. C’est cher payé pour la préservation de notre intimité.

    Nous ne sommes pas démunis

    Dans l’espace des libertés restantes, celles qui sont encore bien là, il reste suffisamment de combats à mener sur d’autres plans. S’il n’y a rien à attendre des libéraux, ou d’une « auto-régulation » fantasmée, écrit l’auteur, il y a des choses qui avancent. Les lois antitrust par exemple, passés du statut de comique à celui de crédible. Le RGPD, une première étape à améliorer. Puis l’éducation. Pas au code bien sûr, mais aux questions politiques et éthiques que le numérique pose. C’est par ce biais-là, et notamment celui des jeunes qui entrent sur le marché du travail, qu’il est possible de faire pression sur les entreprises du numérique.

    L’ouverture des algorithmes aussi, elle doit être pleine et entière. Pour l’auteur, il faut « contraindre par la loi et par des règlements internationaux l’ouverture réelle et totale de toute forme algorithmique s’apparentant à des formes classiques d’éditorialisation ». Cette question commence à monter dans le débat public, à la faveur des récentes échauffourées du Techlash. Ainsi, on a vu apparaître cette idée d’un « conseil de régulation des algorithmes » (dans Wired, comble de l’ironie) – l’idée de démocratiser la technologie – et non pas seulement de démocratiser « grâce à la technologie » (avec les fameuses « civic-tech » par exemple), fait son chemin, et c’est une bonne nouvelle.

    Je m’arrête là, le livre est court, pas question d’en dire trop sans avoir l’air de tout recopier. C’est tentant, la plume d’Oliver Ertzscheid explique pourquoi on le lit depuis si longtemps. Ici, l’effort de clarté rend le livre accessible, agréable, à mettre dans les mains des vos amis, de vos étudiants, comme une nécessaire piqûre de rappel sur l’état des internets.

    Photo en tête d’article : l’auteur (anonyme), avec son aimable accord.

    Irénée Régnauld (@maisouvaleweb)

    #Irénée_Regnault #Olivier_Ertzscheid #Zuckerberg #C&F_éditions

  • La justice algorithmique n’est pas une question technique | Mais où va le Web
    http://maisouvaleweb.fr/la-justice-algorithmique-nest-pas-une-question-technique

    Dans une tribune à Boston Review, Annette Zimmermann, Elena di Rosa et Hochan Kim défendent l’idée selon laquelle nous avons besoin d’une surveillance plus démocratique du développement de l’intelligence artificielle, et que celle-ci devrait s’ouvrir aux citoyens plutôt qu’être cantonnée aux développeurs et aux designers. Résumé, critiques. Neutraliser les biais : ou comment réduire le débat Le grand récit à propos de l’intelligence artificielle verse souvent dans les clichés : on assimile son développement (...)

    #IBM #algorithme #biométrie #éthique #police #racisme #technologisme #criminalité #facial #prédiction #reconnaissance #sexisme (...)

    ##criminalité ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##discrimination ##enseignement ##étudiants ##GAFAM ##ACLU ##CNIL

  • Conseils de lecture pour un hiver militant | Mais où va le Web
    http://maisouvaleweb.fr/conseil-de-lecture

    Twitter et les gaz lacrymogènes, de Zeynep Tufecki, chez C&F Editions

    Comment internet et les réseaux sociaux impactent-ils les mouvements de contestations au XXIème siècle ? Dans son ouvrage Twitter et les gaz lacrymogènes, la « techno-sociologue » Zeynep Tufekci répond tout en nuance à cette question, alliant son expérience militante personnelle à une solide analyse de terrain. Son constat révèle qu’internet permet des mobilisations fulgurantes et massives, mais peine à donner suite aux revendications des militants, qui s’épuisent dans l’horizontalité du réseau. Zeynep Tufekci dresse une analyse détaillée de différents mouvements sociaux, des « Révolutions arabes » à Occupy Wall street, en passant par le mouvement des Gilets Jaunes. Ceux-ci partagent une caractéristique commune : ils doivent beaucoup à internet et à la puissance des réseaux sociaux. Cependant, aucun d’entre eux n’a réellement réussi à déboucher sur une organisation politique plus aboutie. Très vite, ces mouvements font face à ce que la chercheuse nomme une « paralysie tactique », et s’illustrent par leur incapacité à transformer leurs revendications au niveau politique. Cela est notamment dû à la nature même de ces mouvements qui favorisent l’horizontalité et souffrent parfois de l’absence de leaders. Par ailleurs, la capacité à se connecter si facilement en ligne se fait parfois au détriment des liens physiques. Schématiquement, avant l’avènement de l’internet, il fallait des mois pour organiser un rassemblement. Aujourd’hui, un hashtag peut suffire. Cependant, ce travail de préparation, certes pénible, qui précédait les mobilisations avait l’avantage d’habituer les participants « au processus de décision collective et en contribuant à créer la résilience nécessaire à tout mouvement qui veut survivre et prospérer sur le long terme. De la même manière, l’acquisition des techniques d’alpinisme par des ascensions préalables permet aux grimpeurs de renforcer leurs capacités de survie dans les moments critiques, quasiment inévitables, où quelque chose ne passe pas comme prévu. » Twitter et les gaz lacrymogène est de loin l’analyse la plus pertinente que j’aie pu lire cette année sur les impacts réels du numérique en démocratie.

    #Zeynep_Tufekci #C&F_éditions

  • Sommes-nous institutionnellement équipés pour interdire la reconnaissance faciale à des fins sécuritaires ?
    http://maisouvaleweb.fr/sommes-institutionnellement-equipes-interdire-reconnaissance-faciale-a

    On ne compte plus les demandes de moratoires à l’endroit de la reconnaissance faciale. Partout dans le monde, des villes, des associations et des mouvements de salariés s’élèvent et demandent la suspension de ces technologies d’identification grâce aux données biométriques. Alors qu’aux Etats-Unis, le sujet a pris une ampleur politique inédite[1], la France s’enfonce dans les éléments de langage. Ses garde-fous eux, brillent par leur inefficacité ou leur complaisance. Nos institutions sont-elles capables (...)

    #algorithme #Alicem #CCTV #biométrie #vidéo-surveillance #facial #reconnaissance #[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données_(RGPD)[en]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR)[nl]General_Data_Protection_Regulation_(GDPR) #surveillance #LaQuadratureduNet (...)

    ##[fr]Règlement_Général_sur_la_Protection_des_Données__RGPD_[en]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_[nl]General_Data_Protection_Regulation__GDPR_ ##CNIL
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  • La « colère Internet ». Et si les révolutions étaient désormais algorithmiques ? | Mais où va le Web
    http://maisouvaleweb.fr/colere-internet-revolutions-etaient-desormais-algorithmiques

    Clément Mabi (@C_Mabi), maître de conférences à l’UTC de Compiègne, spécialiste des questions d’expérimentation démocratique, de participation citoyenne et de culture numérique, interroge dans ce texte le rôle d’Internet dans l’émergence et la structuration des mouvements politiques récents. Là où nous posons trop souvent un regard binaire sur Internet, le jugeant coup à coup favorable à la démocratie, ou encourageant des visées populistes, son propos opte pour une remise en contexte sociale de l’usage des technologies qui permet de dépasser cette dichotomie trop stricte. Il défend qu’Internet n’est pas stricto sensu une représentation fidèle du monde social, mais plutôt son miroir déformant qu’il convient d’étudier sous différents angles avant de se laisser aller à des jugements hâtifs et englobants.

    Culture numérique
    La « colère Internet ». Et si les révolutions étaient désormais algorithmiques ?

    Ce que je propose dans cet article est d’éviter d’avoir une lecture binaire du rôle politique de l’internet en faisant un pas de côté pour rappeler qu’internet est un prisme déformant de la réalité sociale, que la médiation qu’il engage tronque notre vision du monde et que certains sujets épousent plus ou moins bien les caractéristiques sociotechniques d’internet, s’approprient plus ou moins les règles de visibilité. Autrement dit, je pense que les « colères internet » seraient celles qui ont réussi à s’adapter aux contraintes sociotechniques de la communication en contexte numérique et à passer la barrière du tri algorithmique imposé par le web. Approcher le problème de cette manière devra me permettre de remettre les technologies à leur place et d’insister sur le fait qu’elles ne peuvent assumer à elles seules la responsabilité des tensions sociales et politiques que nous connaissons.

    Dans ce bouillonnement, l’autorité d’un argument se construit désormais moins par le statut du locuteur que dans sa capacité à convaincre la communauté. Les arguments qui circulent le plus largement sont ceux qui ont réussi à trouver « leurs publics » de manière horizontale, de groupe en groupe. Les contenus qui vont le plus facilement circuler dans cet espace public seront donc ceux qui vont réussir à « toucher » les gens, à faire appel à leurs émotions et à leurs affects de manière à encourager une analyse subjective des contenus : c’est parce qu’un contenu prend sens dans ma réalité vécue que je le repartage et qu’il peut rendre compte de mon ressenti.

    L’analyse du sociologue Martin Gurri s’appuie sur ce contexte sociotechnique pour montrer que le développement des réseaux sociaux contribue à la fois à l’affaiblissement des autorités traditionnelles et à l’agrégation des colères populaires[5]. Du fait de ces bulles de filtres, les citoyens chercheraient de moins en moins à s’informer auprès des experts et préfèrent récolter du contenu auprès de ceux qui font écho à leur colère, qui en sort renforcée. Il évoque ainsi une « cinquième vague » de diffusion de l’information, après les médias de masse, qui via les réseaux sociaux permet aux communautés d’échanger et de s’informer directement entre elles. Stéphania Milan parle elle de « cloud protesting » pour rappeler l’épaisseur algorithmique de l’action collective, qui se retrouve reconfigurée dans une logique de « politique de visibilité » qui en découle[6]. Son travail empirique cherche à montrer combien les usages des technologies numériques, leurs imaginaires et leurs représentations (réunis au sein du concept de cloud) ont contribué à façonner les discours produits sur des mouvements sociaux récents (à l’image –une nouvelle fois- des Printemps Arabe), leurs organisations et la manière dont leurs membres se sont perçus entre eux.

    On constate que les « colères Internet » qui obtiennent le plus de visibilité sont celles qui parviennent le mieux à utiliser la force des émotions des sujets pour toucher leurs publics tout en mobilisant des réseaux organisés pour optimiser la circulation des messages et ainsi réussir à exploiter la force de frappe de l’internet. Loin d’éclater les organisations, l’espace public numérique semble récompenser les collectifs les mieux structurés qui contribuent à faire monter artificiellement leurs contenus .

    #Clément_Mabi #Internet_citoyen #Mobilisation #Extrême_droite #Faschosphère #Révolutions_internet #Empowerment

  • Pourquoi le déploiement de la 5G ne suscite-t-il aucun débat de société ? | Mais où va le Web
    http://maisouvaleweb.fr/deploiement-de-5g-ne-suscite-t-debat-de-societe

    Cependant, s’il fallait résumer la situation, hormis quelques Khmers verts inaudibles, tout va bien madame la Marquise. Un nouveau marché s’ouvre et avec lui toutes les perspectives de bonheur, de croissance, d’emplois. En France, on ne sait pas encore combien mais aux Etats-Unis, on nous en promet 22 millions et une « quatrième révolution industrielle » – ça faisait longtemps – parce que bien sûr, les trois premières c’était la panacée. Et oui, ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, pas les luddites. Pour ajouter au tableau, I’MTech nous assure que la 5G sera une technologie « moins coûteuse en énergie », même si les défis sont grands, voyez plutôt : « la 5G devra supporter dans les dix prochaines années une augmentation de trafic de données d’un facteur 1000, avec une consommation énergétique réduite de moitié par rapport à ce que les réseaux consomment aujourd’hui. Le challenge est donc grand, puisqu’il s’agit d’augmenter l’efficacité énergétique des réseaux mobiles d’un facteur 2000. » On croise les doigts, vraiment.

    Je sais, lorsqu’on critique l’introduction d’une nouvelle technologie, on passe forcément pour un obscurantiste, un rigolo, un forcené de la bougie voire même, un australopithèque en mal de grotte. Rien de nouveau sous les ondes, les luddites eux aussi étaient discrédités par leurs propres syndicats. Le progrès, ça ne s’arrête pas. Les critiques subissent un autre affront de taille : on les réduit souvent aux seules questions sanitaires, que l’on s’empresse de résoudre à peu près, tout en balayant d’un revers de main les autres considérations plus philosophiques qui devraient nous interroger. Par exemple, le rapport au temps, à la consommation, aux autres. Des questions que l’on ouvre volontiers avec quelques livres de philosophie qui font bien sur l’étagère (par exemple Hartmut Rosa, auteur de « Remède à l’accélération ») mais que l’on s’empresse de refermer dès qu’il s’agit de réellement revoir nos modes de vie[3]. Conséquence : il est probable que vous en lisiez plus sur le fait que la 5G puisse faire « chauffer les antennes des insectes », les éventuels risques de cancer ou d’électro-sensibilité (qui n’ont fait l’objet d’aucune validation scientifique jusqu’à présent), que sur les effets sociaux et environnementaux réels d’un tel déploiement. Si je devais faire un pari tout à fait personnel, je dirais que la 5G ne créera pas de problèmes de santé directs, pas plus en tout cas que ce que les technologies actuelles peuvent représenter comme risques. Je dirais même que c’est se tromper de combat.

    C’est peut-être surprenant, mais le véritable combat est en fait démocratique. Quand des journaux titrent en toute décomplexion « Ce que la 5G va changer pour vous : on récapitule », c’est que par définition, vous n’avez rien vu passer de cette nouvelle norme qui va effectivement reconfigurer votre quotidien. Or en démocratie, les citoyens devraient avoir leur mot à dire sur ces sujets très structurants, sans doute plus directement.

    #5G #Internet_société #Démocratie

  • Les GAFA au défi du prochain milliard d’utilisateurs d’internet
    http://maisouvaleweb.fr/gafa-defi-prochain-milliard-dutilisateurs-dinternet

    Si les principales sources de revenu des GAFA sont aujourd’hui en Occident, les géants du numérique s’intéressent de plus en plus aux pays en développement, où le prochain milliard d’utilisateur émerge, avec des pratiques qui mettent au défi leurs modèles de revenu et leurs infrastructure, récapitule l’étude du Center of Global Development, Governing Big Tech’s Pursuit of the “Next Billion Users”. J’en retrace ici quelques très grandes lignes sans plus d’analyse. Il y a dix an, environ 22% des humains (...)

    #Google #Facebook #bénéfices #profiling #domination #manipulation #GAFAM

  • Des impacts énergétiques et sociaux de ces data-centers qu’on ne voit pas
    http://maisouvaleweb.fr/impacts-energetiques-sociaux-de-data-centers-quon-ne-voit

    L’ADEME, via le projet Enernum, vient de publier une étude approfondie sur les impacts à la fois énergétiques et sociétaux de l’installation et du déploiement des data centers, en France et ailleurs. Ce travail vient confirmer les conclusions du Think tank The Shift Project qui alertait déjà des coûts carbone importants de ces infrastructures qui soutiennent tous nos usages numériques. Par delà les chiffres, l’ADEME replace les data-centers dans leur contexte humain et géographique et interroge la (...)

    #BigData #cloud

  • Pourquoi est-il si difficile de quitter Amazon ?
    http://maisouvaleweb.fr/difficile-de-quitter-amazon

    Amazon cristallise un certain nombre d’angoisses. Trop gros, trop polluant, trop peu social, destructeur pour les petits commerçants, le site cumule à peu près toutes les tares de l’économie numérique et génère la plupart des externalités négatives qu’on reproche au secteur. La polémique dure, mais force est de constater qu’Amazon est toujours là, et en forme. Pourquoi alors, est-il si difficile de quitter Amazon, demande la journaliste Shannon Palus (@shanpalus) dans Slate. Creusons un peu. « Tu achètes (...)

    #Amazon #domination #travail #Amazon's_Prime #solutionnisme

  • Antonio Casilli : l’intelligence artificielle est largement « faite à la main »
    http://maisouvaleweb.fr/attendant-robots-coulisses-intelligences-artificielles

    L’essor de l’intelligence artificielle (IA) réactualise les peurs et fantasmes inhérents à tout processus d’automatisation : remplacement des hommes par les machines, fin du travail, chômage de masse. Pour Antonio Casilli, ces raccourcis occultent la spécificité de la « transformation digitale » que nous vivons. Loin de supprimer le travail, elle le déplace, le découpe et le parcellise. Avec son ouvrage En attendant les robots, enquête sur les travailleurs du clic, le sociologue nous fait changer de (...)

    #Deliveroo #Google #Amazon #AmazonMechanicalTurk #Facebook #Uber #algorithme #robotique (...)

    ##voiture

  • Pourquoi la technologie n’est pas démocratique et comment elle peut le devenir
    http://maisouvaleweb.fr/technologie-nest-democratique-devenir

    « Les effets sociaux de la technologie sont-ils vraiment si complexes qu’absolument personne ne puisse les prévoir, et encore moins mener une action susceptible de les orienter ? » demande Richard Sclove, dans Choix technologiques, choix de société (Descartes & Cie). Le fondateur du Loka Institute, qui milite depuis plusieurs années en faveur de la démocratie technique livrait il y a quinze ans déjà une analyse profonde des technologies, ces institutions non élues qui structurent nos vies. (...)

    #Airbnb #Waze #domination #solutionnisme

  • La « révolution numérique » et la « transition écologique » au service du (pire) conservatisme politique
    http://maisouvaleweb.fr/revolution-numerique-transition-ecologique-service-pire-conservatisme-

    « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. » (Le Guépard, 1958) Soixante ans après cette constatation désabusée, « tout reste tel que c’est » politiquement et socialement parlant. Et probablement moins bien, car politiquement et socialement nous assistons à un retour de la société d’Ordres, avec ses oratores (clergé : intellectuels, énarques qui savent tout, hommes politiques qui écrivent des livres à tour de bras, journalistes qui se mettent eux-mêmes en vedette), ses (...)

    #Facebook #LinkedIn #algorithme #domination #contrôle #SocialNetwork #solutionnisme #GAFAM (...)

    ##marketing