L’obscénité des frontières - MIGREUROP

?lang=fr

  • L’obscénité des frontières.
    http://www.migreurop.org/article2887.html?lang=fr
    Rapport d’activités 2017

    Alors qu’elle ne prendra la présidence de l’UE que le 1er juillet prochain, l’Autriche, par la voix de son Premier ministre, a déjà annoncé qu’elle souhaitait « insister sur les frontières ». Rien de très étonnant de la part du leader d’un parti d’extrême droite mais cette lubie est partagée par de nombreux chefs de gouvernement européens et semble même être le plus petit dénominateur commun des États membres. « La protection de notre territoire, la protection de nos frontières extérieures ainsi que la lutte contre la migration illégale » seraient d’ailleurs les seuls sujets à faire consensus ainsi que le notait le Président du Conseil européen en janvier dernier. « L’obsession des frontières » n’est certes pas nouvelle et a été diagnostiquée depuis une dizaine d’années par de nombreux analystes mettant en exergue comment la mondialisation s’accompagnait de la délimitation et du renforcement de milliers de kilomètres de frontières. L’année 2017 a cependant marqué une nouvelle étape dans la « frontiérisation » comme masque de l’absence de projet européen.

    Pour qui veut ouvrir les yeux, il est ainsi nettement apparu que cette obsession ancienne était devenue purement obscène. Les propos du directeur de l’agence Frontex vantant le renforcement des frontières comme une politique de protection des droits fondamentaux incarnent cette négation de l’humanité de celles et de ceux qui cherchent à les franchir en dépit de leur statut de parias, autrement dit de l’impossibilité qui leur est faite de faire valoir leurs droits. Quand Fabrice Leggeri clame que l’amélioration des « techniques de surveillance, assure la protection de ceux qui sont persécutés ou menacés », il occulte l’existence même d’un des plus grands crimes de ces dernières décennies.