• L’initiative « Fairfood » viole les règles de l’OMC, affirment les opposants Marc Menichini/oang - 13 Aout 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/suisse/9768331-l-initiative-fairfood-viole-les-regles-de-l-omc-affirment-les-opposants.

    L’initiative pour des aliments #équitables, soumise à #votation le 23 septembre, viole les accords internationaux en matière de commerce, selon les opposants. Ses partisans contestent, avis juridique à l’appui.
    Le texte, intitulé « Pour des denrées alimentaires saines et produites dans des conditions équitables et écologiques », propose notamment que la Suisse importe de l’étranger des denrées alimentaires qui respectent certaines #normes_sociales et écologiques.
    http://www.rts.ch/2018/07/02/17/49/9690001.image?w=900&h=506
    Mais selon les opposants, l’initiative - une fois appliquée - pourrait contrevenir à de nombreuses règles de l’Organisation mondiale du commerce (#OMC). Les pays avec lesquels la #Suisse a conclu des accords commerciaux pourraient alors exiger des sanctions.

    « Avec les règles de l’OMC, on ne peut pas refuser d’importer ces produits », relève le conseiller national UDC fribourgeois Pierre-André Page. « Et en Suisse, si on commence à mettre des règles supplémentaires, on pourrait créer des problèmes avec d’autres entreprises. Des partenaires pourraient nous dire : ’Ecoutez, si vous ne prenez plus notre viande, nous, on ne prend plus vos montres, on ne prend plus votre chocolat ou votre lait.’ C’est un danger qui est vraiment présent. »

    Texte conforme aux engagements suisses
    Mais ce scénario est écarté par les partisans de l’initiative, qui s’appuient sur un avis juridique de l’Université de Berne. Sa conclusion est, à leurs yeux, sans appel : le texte peut être mis en œuvre conformément aux engagements internationaux de la Suisse - même en abaissant certains tarifs douaniers.

    « On peut jouer avec les droits de douane et les contingents douaniers pour favoriser les produits durables », souligne la conseillère nationale vaudoise Adèle Thorens (Verts). « Il y a un exemple dans le domaine des biocarburants qui entrent en Suisse : s’ils correspondent à un certain nombre de critères de durabilité, ils sont favorisés. Et c’est un succès que l’on pourrait reproduire notamment sur les denrées alimentaires. »

    Les partisans de cette initiative, si elle venait à être acceptée, comptent donc sur la sagesse et la créativité du Parlement pour élaborer de tels instruments. Il s’agira de trouver comment appliquer très concrètement les grands principes énoncés par le texte, tout en respectant le #droit_international. C’est justement ce chemin potentiellement tortueux que les opposants à l’initiative veulent à tout prix éviter. 

  • Assèchement du Doubs : « Dans 20 ans, l’eau vaudra plus cher que le pétrole » Coralie Claude/jzim - 31 Juillet 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/monde/9746942-assechement-du-doubs-dans-20-ans-l-eau-vaudra-plus-cher-que-le-petrole-.

    Une réunion d’urgence est prévue mardi pour évoquer l’assèchement du Doubs entre Pontarlier et Morteau, en France voisine. Du jamais vu depuis plus de 40 ans, selon un garde-pêche de la fédération départementale.

    « Je crois que l’on avait pas vu cela depuis l’été 1976 », explique mardi dans La Matinale de la RTS Alexandre Cheval, chargé de développement à la Fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques du Doubs. « Côté suisse, il n’y a pas l’air d’avoir le même problème, mais on sait que les niveaux d’eau sont relativement bas. »


    « Tous les pays européens peuvent être concernés par cette situation », ajoute Alexandre Cheval. « Chez nous, c’est particulier, l’eau s’en va aussi en raison de failles. On voit également les effets du réchauffement climatique dans la mesure où les précipitations annuelles ne sont plus du tout les mêmes aujourd’hui qu’il y a 20 ou 30 ans (...) Mais il faut aussi voir les actions entre pics sur ces secteurs, avec l’agriculture, l’urbanisation, l’étanchéification des sols. On a passé notre temps ces 60 dernières années à détruire tout ce qui était zone humide », regrette-t-il, évoquant ces zones tampons qui normalement restituent de l’eau dans les cours.

    Toucher au portefeuille des consommateurs
    « Souvent, nos politiques ou nous-mêmes avons tendance à nous décharger en disant que c’est la faute au réchauffement climatique, mais nous sommes aussi responsables, et pas seulement les entreprises », poursuit Alexandre Cheval, qui évoque pour solution celle de toucher au portefeuille des consommateurs pour qu’ils consomment moins.

    L’appellation « or bleu » prend ainsi toute sa signification quand on constate sa raréfaction dans des cas comme celui-ci, conclut l’expert : « Tant que l’eau sort du robinet, la plupart des gens ne se posent pas de questions. Mais nous, en tant que professionnels, on s’aperçoit que les 10, 15 ou 20 prochaines années, l’eau vaudra plus cher que le pétrole. »

    #Eau #Doubs #Pontarlier #Morteau #urgence #agriculture #urbanisation #destruction des #zones_humides #France #Suisse

  • L’asphalte suisse usagé est exporté massivement, une « aberration » Nicole Della Pietra/oang - 31 Juillet 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/sciences-tech/environnement/9746954-l-asphalte-suisse-usage-est-exporte-massivement-une-aberration-.html

    La Suisse ne sait plus que faire de son asphalte usagé et en exporte des millions de tonnes chaque année à l’étranger, par camion. On pourrait pourtant éviter ce désastre écologique, selon l’enquête de la RTS.
    D’énormes quantités d’asphalte sont retirées chaque année des routes helvétiques au moment de leur réfection et les décharges débordent dans les cantons. Ces matériaux sont donc massivement exportés.
    C’est le cas particulièrement au Tessin, où les autorités interdisent désormais de stocker les matériaux provenant des routes cantonales et obligent les entreprises à s’en débarrasser hors des frontières. Une directive en ce sens a été publiée.

    Bellinzone finance les exportations
    La solution imaginée dans le canton passe par des entreprises qui font office de plateformes pour exporter ce vieil asphalte vers l’Italie voisine. Le service est rémunéré 40 francs la tonne, soit environ 1600 francs par camion.
    « On produit davantage que ce qui peut être recyclé », souligne le chef du service tessinois de la protection de l’air, des eaux et du sol Giovanni Bernasconi. « Si nous devons constater qu’avec le programme d’assainissement phonique des routes les dépôts ne diminuent pas, alors nous maintiendrons l’obligation d’éliminer les 100% des déchets à l’extérieur pour ne pas avoir de problème. » Mais il faudra que l’Italie accepte d’absorber et de recycler ce matériel tessinois pour la construction de son réseau routier ces prochaines années.

    Le perfectionnisme helvétique, encore et toujours
    Et si l’asphalte usagé n’est pas recyclé et réutilisé en Suisse - contrairement à la France ou à l’Allemagne, par exemple - c’est en raison du perfectionnisme helvétique. La situation est la même dans tous les cantons : la couche supérieure des revêtements doit impérativement être neuve à 100%. Et comme on remplace de moins en moins les couches inférieures - ce qui permettrait d’absorber du matériel recyclé - le cumul de déchets est exponentiel.
    Au Tessin, l’une des sept plateformes d’exportation - la Combit, qui est le plus gros consortium de la région - envoie chaque semaine 700 camions d’asphalte usé vers la Lombardie.

    Le recyclage est un modèle écologiquement « vertueux »
    Son directeur, Nerio Martignoni, n’hésite pas pourtant à parler d’aberration. « Dans le matériel que nous recyclons sont déjà compris le sable et le gravier, matières premières qu’il faudrait acheter, sans compter le bitume qui est un dérivé du pétrole et qu’il faut se procurer dans des raffineries, élaborer, puis faire arriver par citernes », fait-il remarquer. « Si on fait le calcul de l’impact environnemental, le recyclé est très, très, vertueux. Nous y croyons et nous avons investi beaucoup dans cette solution. »

    Dizaines de milliers de camions chaque année vers l’étranger
    Et pourtant, les exportations vont encore augmenter à l’avenir. Rien qu’au Tessin, près de 200 km de chaussées cantonales doivent être assainis ces cinq prochaines années.
    A l’échelon du réseau national, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) estime à 250 millions de tonnes la masse d’asphalte qui doit être en grande partie exportée chaque année - ce qui représente le chargement de 62’500 poids lourds.
    Mais contrairement au Tessin, ce matériel prélevé en Suisse alémanique et en partie en Suisse romande est envoyé jusqu’aux Pays-Bas pour y être brûlé, afin d’éliminer des substances toxiques qui le rendent inutilisable tel quel.

    Construire une usine d’incinération et de recyclage en Suisse
    Entre transport et combustion, ce système se transforme en désastre pour l’environnement, auquel on pourrait partiellement remédier. « Je pense que la construction d’une installation sur place, en Suisse, ferait certainement du sens, précisément là où les distances pour l’exportation de l’asphalte sont trop longues » reconnaît David Hiltbrunner, collaborateur à la Section Cycles matières premières de l’OFEV. Pour les régions concernées, la construction d’une telle usine d’incinération et de recyclage « serait indiquée », dit-il.
    Pour les cantons frontières, en revanche, « exporter reste sans doute la meilleure solution d’un point de vue économique et écologique », estime David Hiltbrunner.

    #Suisse #Exportation de la #pollution #asphalte #bagnole #camion #routes #recyclage

  • Pourquoi une vie humaine vaut plus en Suisse qu’ailleurs dans le monde Katja Schaer/oang 30 Juillet 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/economie/9740929-pourquoi-une-vie-humaine-vaut-plus-en-suisse-qu-ailleurs-dans-le-monde.h

    La valeur d’une vie est désormais estimée à 6,5 millions de francs en Suisse, mais elle n’a pas le même prix partout dans le monde. Derrière les chiffres se cachent des questions entre économie et philosophie.
    La dernière estimation de la Confédération, il y a cinq ans, se montait à 3,4 millions de francs. Mais l’Office fédéral du développement territorial (ARE) vient de refaire le calcul pour aboutir à un montant presque deux fois plus élevé. Il a surtout changé sa méthode, dans le sillage de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

    Car longtemps, les évaluations se sont appuyées sur des comparaisons entre les salaires des emplois à risques et ceux d’emplois moins risqués. Mais les facteurs sont si nombreux et les risques si différents que la stratégie a été revue.
    http://www.rts.ch/2018/07/27/14/49/9740928.image?w=900&h=506
    Combien sommes-nous prêts à payer en plus ?
    C’est aussi ce qu’ont fait les experts suisses. « Pour établir ces valeurs, on fait des sondages auprès des personnes et on demande combien elles sont prêtes à payer pour réduire le risque de mortalité », explique le vice-directeur de l’ARE Ulrich Seewer. « On demande par exemple combien elles sont prêtes à payer de taxes en plus pour investir dans les mesures de sécurité routière. »

    Ces 6,5 millions de francs se fondent donc sur des sondages réalisés dans toute l’Europe et sur des études menées par l’OCDE. Et l’estimation a des effets concrets : l’Etat devra en tenir compte pour ses investissements dans les infrastructures de sécurité.

    Investissements liés au montant déterminé
    Cette révision à la hausse est donc plutôt une bonne nouvelle. Mais tout est affaire de mesure. « Si ce montant est trop fort, les investissements devront être de plus en plus importants et cela peut remettre en cause des décisions », explique François-Xavier Albouy, directeur de recherche à la chaire Transitions démographiques, transitions économiques de l’Institut Louis-Bachelier à Paris, et auteur de l’ouvrage « Le prix d’un homme » (Grasset).

    « A un certain moment, si la vie humaine a une valeur presque infinie, on ne peut plus construire une automobile, ce n’est plus possible », poursuit-il. « Ou alors, elle est dans de tels dispositifs de sécurité qu’elle ne peut jamais démarrer. Il doit y avoir une valeur qui est adaptée à la capacité de la société d’investir et de continuer à développer l’économie. »

    « De nombreuses vies n’ont, virtuellement, aucune valeur »
    Mais la valeur de la vie humaine n’est pas égale partout dans le monde. On peut schématiquement la lier au produit intérieur brut (PIB) d’un pays : plus ce dernier est riche, plus la valeur humaine est élevée.

    Et c’est là qu’intervient une question philosophique, celle de l’égalité. Parce que comme le souligne François-Xavier Albouy, si les vies d’un Suisse, d’un Européen ou d’un Américain valent quelques millions, il existe toute une partie de l’humanité dont la vie n’a, virtuellement, aucune valeur. Et qui dit absence de valeur dit absence d’investissement en termes de sécurité et de protection sociale.

    « Personne n’a intérêt à investir sur des dispositifs de santé ou même l’éducation dans des populations qui, en pratique, na valent rien. Et c’est véritablement l’un des grands scandales de l’économie mondiale aujourd’hui. On a tout normalisé, tout mondialisé sauf la sécurité humaine et la protection sociale. »

    C’est la raison pour laquelle il faudrait, selon François-Xavier Albouy, réfléchir à une façon d’établir, non pas un prix unique de la vie humaine, mais au moins une valeur minimale pour toute vie humaine.

    #Vie #prix #coût #ocde #Suisse #mort

  • De graves manquements de Rothschild Bank révélés dans le cas 1MDB ats/tmun -20 Juillet 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/economie/9726236-de-graves-manquements-de-rothschild-bank-reveles-dans-le-cas-1mdb.html

    La FINMA a clôturé la dernière procédure relative au fonds souverain malaisien #1MDB. Il s’agissait de l’affaire contre la #Rothschild Bank et une de ses filiales. Celles-ci ont gravement enfreint les normes sur le blanchiment d’argent.

    La banque privée zurichoise et sa filiale, Rothschild Trust (Suisse), ont négligé leurs obligations de diligence, de communication et de documentation, explique vendredi l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA).

    Celles-ci ont insuffisamment clarifié l’origine des fonds dans une relation d’affaires importante liée au cas de corruption présumée touchant le fonds souverain malaisien 1MDB.


    Un chargé d’audit pour contrôler les mesures
    La procédure d’application de la loi ("enforcement" dans le jargon de la FINMA) a été close ce mois-ci, ajoute l’autorité. Les deux établissements ont déjà pris de nombreuses mesures organisationnelles afin d’améliorer le respect des dispositions en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.

    Le gendarme des marchés a mandaté un chargé d’audit afin d’en vérifier l’adéquation et l’efficacité.

    Sept procédures d’enforcement ouvertes en Suisse
    Dans le cadre du scandale 1MDB, la FINMA a ouvert sept procédures d’enforcement. L’autorité a aussi ouvert entre 2016 et 2017 des procédures à l’encontre de sept responsables de banques, en lien avec ce #scandale #politico-financier.

    Le fonds souverain avait été créé par le Premier ministre malaisien Najib Razak à son arrivée au pouvoir en 2009. 1MDB s’est endetté à hauteur de 10 milliards d’euros.

    Le scandale politico-financier, qui a éclaté il y a plus de deux ans, a fini par atteindre Najib Razak après des révélations du Wall Street Journal. Le Premier ministre malaisien et 1MDB ont toujours nié avoir commis tout acte répréhensible.

    #Malaisie #Suisse #argent #finance #blanchiment #banque #banques #fonds_souverains #international

  • Des installations éoliennes ont été vandalisées dans le Jura bernois ats/jgal - 15 Juillet 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/regions/berne/9715636-des-installations-eoliennes-ont-ete-vandalisees-dans-le-jura-bernois.htm

    Au moins deux installations du parc éolien du Mont-Crosin et du Mont-Soleil, dans le Jura bernois, ont été vandalisées à la fin juin. L’exploitant du site, l’entreprise #BKW, a confirmé dimanche avoir porté plainte.

    Sur son site http://www.courtelary.ch/?p=3146 , le conseil municipal de Courtelary (BE) déplore des « dégâts considérables ». Les installations continuent cependant de fournir de l’électricité.

    Le parc de Mont-Crosin/Mont-Soleil, le plus grand de Suisse, comporte seize éoliennes. La police cantonale bernoise a enregistré deux plaintes, l’une en avril, l’autre fin juin, explique un porte-parole. La plus récente concerne des dégâts au pied d’éoliennes. La police n’en dit pas plus en raison de l’enquête en cours.


    Un précédent à St-Brais (JU)
    Il y a deux ans, en octobre 2016, un incendie criminel avait été perpétré au parc éolien de St-Brais (JU), non loin de là. Un ou des inconnus avaient mis le feu à la station électrique du site et endommagé une des deux éoliennes.

    L’exploitant ADEV avait porté plainte. Mais le Ministère public jurassien a depuis suspendu l’instruction, l’enquête étant au point mort.

    #Suisse #critique_techno #énergie #éoliennes #éolien #électricité #résistance

  • En Suisse aussi, la forte hausse des prescriptions d’opioïdes inquiète Pauline Turuban - 3 Juillet 2018 - RTS
    http://www.rts.ch/info/sciences-tech/medecine/9665325-en-suisse-aussi-la-forte-hausse-des-prescriptions-d-opioides-inquiete.ht

    - Les prescriptions d’antidouleurs opioïdes, des médicaments au fort potentiel addictif, ont explosé ces dernières années en Suisse. Des spécialistes appellent à la vigilance alors que la crise sanitaire fait rage aux Etats-Unis. _

    Aux Etats-Unis, l’addiction aux analgésiques opioïdes est au coeur d’une crise sanitaire aux conséquences dramatiques. Selon les centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), environ deux millions d’Américains sont aujourd’hui dépendants à ces substances, naturelles ou synthétiques, dont les effets sur l’organisme sont comparables à ceux de la morphine.

    En 2016, 42’000 personnes ont succombé à une overdose d’opioïdes et, parmi ces décès, 40% impliquaient des antidouleurs délivrés sur ordonnance.
    http://www.rts.ch/2018/07/03/20/22/9692764.image?w=900&h=506
    La Suisse, 7e consommateur d’opioïdes au monde
    Ces derniers mois, des scientifiques se sont inquiétés de savoir si une épidémie comparable était imaginable en Suisse. Bien qu’il n’existe pas de données centralisées et aussi détaillées que celles disponibles aux Etats-Unis, leurs travaux mettent en lumière une hausse drastique de l’usage de ce type de produits dans le pays.

    L’étude la plus récente, basée sur les données de l’International Narcotics Control Board (INCB) et publiée en juin dans la Revue médicale suisse (RMS), indique que la consommation d’opioïdes forts a été multipliée par 23 entre 1985 et 2015, passant de 18 à 421 mg/habitant/année.

    Selon ces chercheurs romands, la Suisse est le septième consommateur au monde, largement au-dessus de la moyenne européenne mais au milieu de celle de ses pays limitrophes, et nettement derrière l’Amérique du Nord.

    Consommation totale d’opioïdes en 2015 Le lien http://www.rts.ch/info/sciences-tech/medecine/9665325-en-suisse-aussi-la-forte-hausse-des-prescriptions-d-opioides-inquiete.ht

    Ventes en hausse de 80% en huit ans
    Les remboursements de ces médicaments -en particulier fentanyl, buprénorphine et oxycodone- par la seule caisse-maladie Helsana ont plus que doublé entre 2006 et 2013, passant de près de 65’000 à 137’000 cas, pointe une autre étude parue l’an passé dans BMC Health Services Research.

    Les ventes, elles, évoluent logiquement dans le même sens : de 36 millions en 2008, elles ont progressé de manière constante jusqu’à atteindre 66 millions d’unités vendues en 2016, soit une hausse de 80% en huit ans, selon des chiffres d’Interpharma parus dans Suchtmagazin.

    Pas de signe d’une hausse des addictions
    D’une manière générale, la prise de tous les antidouleurs forts, pas uniquement opioïdes, tend à augmenter. Mais selon Addiction Suisse, la part de la population qui en fait un usage quotidien et prolongé -qui pourrait dénoter une dépendance-, elle, n’augmente pas : après avoir atteint un pic en 2013 (2,5%), elle est redescendue à 1,8% en 2016, ce qui représente environ 122’000 personnes.

    Et à ce stade, rien n’indique que la progression de l’usage d’opioïdes ait eu pour corollaire une multiplication des cas d’addictions.

    Alors qu’aux Etats-Unis, le taux de décès liés à la drogue a bondi de 30% entre 2010 et 2015, il a baissé d’environ 10% sur la même période en Suisse. On comptait aux Etats-Unis 16,3 cas d’overdoses pour 100’000 habitants en 2015, contre 1,58 cas en Suisse, soit près de 10 fois moins.

    Etienne Maffli, chercheur à Addiction Suisse et auteur de l’étude parue dans Suchtmagazin, déplore toutefois le manque de recul de ces statistiques.

    « On n’a pas un thermomètre très direct : si les cas de décès venaient à augmenter, on ne le verrait que deux ou trois ans après, ce qui est déjà bien trop tard. Aux Etats-Unis, les signaux d’alarme n’ont pas fonctionné correctement », avertit le scientifique qui préconise l’établissement d’un système d’alerte précoce.

    Réglementation plus forte qu’en Amérique du Nord
    Reste que la délivrance d’opioïdes est bien plus réglementée en Suisse qu’en Amérique du Nord. Pour les médicaments les plus forts, une ordonnance spéciale est émise en trois exemplaires comprenant un numéro d’identification unique. Un exemplaire demeure chez le médecin, un auprès de la pharmacie et le troisième auprès de la caisse-maladie.

    S’ils reconnaissent que ce système de carnets à souche limite le risque d’abus, les spécialistes cités plus haut déplorent l’absence d’un registre centralisant les prescriptions et le manque de contrôles systématiques, qui permettraient de mieux lutter contre le « tourisme pharmaceutique ».

    Aujourd’hui, seules les personnes à risque faisant l’objet d’une dénonciation auprès du pharmacien cantonal sont limitées à un seul médecin et une seule pharmacie.

    « Le retour à l’’opiophobie’ serait contre-productif »
    La nette hausse du recours à ces substances, utilisées notamment pour traiter les douleurs liées aux cancers, est en partie liée au vieillissement de la population. Mais, pour Etienne Maffli, l’explication réside surtout dans une évolution de l’éthique médicale, qui remet davantage en question « la nécessité de souffrir, et s’interroge sur la manière dont on peut mieux soulager les patients ».

    Le propos n’est pas de diaboliser les opioïdes. « Le retour à une ’opiophobie’, contre laquelle nos aînés ont combattu, serait contre-productif », notent d’ailleurs les auteurs de l’étude publiée dans la Revue médicale suisse.

    Toute la difficulté est de savoir où se situe la limite entre une meilleure prise en charge de la douleur et une prescription trop libérale d’opioïdes qui pourrait constituer un risque. « On ne sait pas vraiment où se situe l’optimum », insiste Etienne Maffli. La vigilance est donc nécessaire pour, résume-t-il, ne pas « dépasser cet optimum » et risquer un dérapage à l’américaine.

    #opioides #fentanyl #pharma #drogues #big_pharma #opiacés #drogue #santé #santé_publique #addiction #opioïdes #overdose #Suisse