La science française va être plus accessible
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Un plan ministériel « pour la science ouverte » oblige les chercheurs financés sur fonds publics à publier leurs travaux dans des revues ou des archives en accès libre.
Sans que le plan n’y fasse explicitement référence, ce qui est visé est bien l’hégémonie des entreprises de l’édition scientifique, un marché mondial estimé à une trentaine de milliards d’euros pour plus de 2 millions d’articles publiés chaque année. Le plus important éditeur, Elsevier, a encore dégagé, en 2017, une marge de plus de 36 % et 1 milliard d’euros de bénéfices.
Le futur plan national, à hauteur de 5,4 millions d’euros la première année, puis 3,4 millions ensuite, va beaucoup plus loin. Il rendra « obligatoire la publication en accès ouvert des articles et livres issus de recherches financées par appels d’offres sur fonds publics. » Idem pour les « données de recherche ». « Nous pouvons, à terme, atteindre 100 % de publications scientifiques françaises en accès ouvert », espère la ministre.
Jusqu’à présent, cette obligation était rare. Les Pays-Bas, des universités (Harvard aux Etats-Unis), des organismes de recherche (Institut national de recherche en informatique et en automatique sur les sciences du numérique en France), ou des communautés comme celle de la physique des particules ou de l’astronomie avaient adopté ce principe de l’accès ouvert. D’autres avaient rusé. En Belgique, l’université de Liège a convaincu ses chercheurs de déposer dans l’archive locale, en décidant que seuls ces articles serviraient à l’évaluation des carrières. L’université d’Aix-Marseille accorde 25 % de moyens supplémentaires pour les équipes ayant mis toute leur production dans l’archive HAL, qui, d’ailleurs, recevra une aide technique avec le plan ministériel. Désormais, 68 % de la production de l’université est accessible gratuitement.