La mort de la Britannique empoisonnée au Novitchok relance la tension entre Londres et Moscou

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    Quelques heures après des paroles apaisantes du ministre de l’intérieur britannique Sajid Javid à l’égard de la Russie, Dawn Sturgess, la femme britannique de 44 ans contaminée à l’agent neurotoxique Novitchok, est décédée dimanche 8 juillet au soir à l’hôpital de Salisbury (sud-ouest de Londres) où elle avait été admise huit jours plus tôt. Le décès de Dawn Sturgess, femme sans lien apparent avec la Russie et probable victime collatérale de la tension entre Moscou et Londres, a déclenché l’ouverture d’une enquête pour meurtre par Scotland Yard. Peu après l’annonce de la mort de cette mère de trois enfants, la première ministre Theresa May s’est déclarée « horrifiée et choquée ». « La police et les agents de sécurité travaillent pour établir les faits de manière urgente, a-t-elle ajouté. Le gouvernement apporte tout son soutien à la population locale, confrontée à cette tragédie. »

    Dawn Sturgess, qui vivait dans un foyer pour sans-abri, était tombée subitement et gravement malade, vendredi 29 juin, après avoir, selon la police antiterroriste « manipulé un objet contaminé ». L’objet en question pourrait être une seringue ou un récipient qui contenait l’agent innervant utilisé le 4 mars contre l’agent double russe Sergueï #Skripal et sa fille Ioulia, également à Salisbury. La mère de famille avait été retrouvée inconsciente à Amesbury dans la maison de son compagnon Charlie Rowley, 45 ans, à une douzaine de kilomètres de Salisbury. Ce dernier, contaminé comme elle, restait dans un état critique lundi 9 juillet au matin.

    Les experts du laboratoire spécialisé de Porton Down ont établi que le couple a été contaminé par le même type de Novitchok que celui utilisé contre les Skripal, sans pouvoir préciser si le poison provenait du même lot. Ce produit, conçu du temps de l’Union soviétique, agit sur le système nerveux. Il en existe plusieurs versions, dont aucune ne se décompose rapidement.

    L’apparente guérison de Sergueï et Ioulia Skripal, qui sont sortis de l’hôpital de Salisbury après quelques semaines et sont maintenus dans un lieu tenu secret, avait apaisé les habitants de la région de Salisbury. Mais la mort de Dawn Sturgess et la possibilité que des échantillons de Novitchok se trouvent encore dans la nature risquent de raviver leurs doutes sur l’efficacité des vastes opérations de décontamination mises en œuvre par l’armée. Avant le décès de Mme Sturgess, les autorités laissaient entendre que ce nouvel épisode inattendu pouvait aboutir à des révélations sur le mode opératoire utilisé lors de l’empoisonnement des Skripal attribué par Londres à la Russie.

    En visite à Salisbury dimanche pour rassurer les habitants, le ministre de l’intérieur Sajid Javid avait adopté un ton plus modéré à l’égard de Moscou, sommé dans un premier temps de s’expliquer sur ce deuxième double empoisonnement. Affirmant que le gouvernement britannique n’avait « aucun projet pour le moment » d’imposer de nouvelles sanctions à la Russie, il avait appelé à « ne pas tirer de conclusions hâtives » des événements de Salisbury.