Alors les expositions. Et bien je crois que ma dernière exposition personnelle (ouverte à tout public) date d’il y a vingt ans, en 98, dans le cadre du mois off de la photo, où j’avais exposé dans le sous-sol de l’Union locale de la CGT du XIXème arrondissement, sans doute une de mes plus belles expositions, une vingtaine de personnes s’était pressée au vernissage et je peux douter un peu qu’il y ait eu d’autres visites pendant le mois, coût de l’opération, tirages et cadres, une brique. Dit comme ça, cela paraît un échec retentissant et pourtant il s’est passé une très belle chose pendant cette exposition, en effet la secrétaire de l’Union locale m’a appelé très gentiment pour me demander la permission qu’une réunion de camarades comme elle avait dit puisse avoir lieu dans la salle d’exposition parce que l’union locale manquait de place, un soir, elle m’assurait qu’ils et elles feraient très attention, je lui ai rappelé que j’étais leur hôte et non le contraire et qu’ils et elles faisaient bien ce qu’elles voulaient dans leurs locaux. Deux ou trois jours plus tard j’ai reçu un nouveau coup de téléphone de la même secrétaire m’expliquant que les camarades avaient trouvé l’exposition intrigante et qu’ils et elles aimeraient bien organiser une soirée débat dans laquelle je pourrais parler de mon travail. Il y avait une trentaine de personnes, des chips et du vin rouge et je crois que je n’ai jamais eu un public aussi captif que ce jour-là, c’était extrêmement émouvant.
Et il y a trois ans mon ami Eric Loillieux qui était à l’époque professeur d’arts plastiques dans un collège à Laon avait monnayé avec moi l’échange d’un service technique qu’il m’a rendu (une formation complète sur le logiciel Modul8 que j’utilise pour les projections-spectacles) contre le fait de venir accrocher une exposition dans son collège (son idée que la plupart de ses élèves ne verraient sans doute pas d’autres expositions de toute leur vie par la suite et qu’il fallait qu’ils et elles en voient au moins une). Cette exposition était, de façon involontaire de ma part une véritable rétrospective et je garde un souvenir comblé de ma rencontre de toutes les classes de ce collège ! En revanche très peu d’adultes ont vu cette exposition. En revanche le directeur du collège a acheté une des œuvres qui est désormais accrochée dans le grand hall de ce très grand collège (ce qui n’est pas la moindre de mes fiertés)
Ta question me fauche complètement, elle me fait réaliser que je ne fais plus le moindre effort pour tenter d’exposer ou faire connaître mon travail de plasticien. Et comme je ne fais presque plus d’images depuis la fin du Désordre l’année dernière, je crois que tout ceci est derrière moi.
J’imagine que la même chose, peu ou prou, va se produire avec mes textes et que je vais pouvoir consacrer ma retraite prochaine à l’étude de la contrebasse dans les Cévennes, ce sont les sangliers, mes premiers voisins, qui vont être contents.