La victoire en shootant par Alain Brossat

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    • La première chose qui frappe, en effet, lorsque l’on observe l’ « événement » qu’a constitué la victoire de l’équipe de France lors de la Coupe du monde de football, c’est la fabrication de la mobilisation dite populaire telle qu’elle culmine avec le rassemblement géant sur les Champs Elysées, à l’occasion du « triomphe » romain fait aux joueurs, le lundi 16 juillet. La production des foules obéit en l’occurrence à un dispositif réglé, une mobilisation par en haut qui commence dès les demi-finales et requiert le concours des appareils politiques, médiatiques, administratifs, publicitaires, la participation des élites de tout poil. C’est une sorte de concursus populi décrété d’en haut, beaucoup plus que de mouvement spontané accompagné par les élites et les appareils commis au gouvernement des vivants, quand bien même il rencontre, à des degrés variables un certain désir de rassemblement et de communauté du côté des gens d’en bas.

      [...] C’est une sorte de carnaval ou de kermesse à l’échelle du pays entier – mais attention, un colossal mardi gras d’Etat, encadré par des milliers de policiers et de gendarmes, un carnaval retourné, car ce qui s’y célèbre, ce n’est pas l’éphémère liberté des « fous » d’en bas, mais bien plutôt les noces de l’Etat, des « publicistes », de la police et de la foule convoquée.

    • Il suffit d’observer la façon dont les femmes qui, traditionnellement, ne se soucient guère de ce sport de garçons ont été progressivement incluses dans le dispositif général du spectacle foot – il en fallu du « boulot », de la ténacité et de l’argent pour en arriver à entraîner ces grappes de gamines « en folie » sur les Champs-Elysées...

      Il y avait bien quelques femmes dans ces foules masculines et elles ont subit des agressions sexuelles et ces agressions sont invisibilisées, y compris par lundimatin.