Le transracialisme existe-t-il ? (et pourquoi serait-il moins accepté que la transidentité ?)

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  • Ce matin je me suis levé en me demandant quelles étaient les relations entre les études (ou commentaires politiques) sur les transgenres, et les transraciaux (me demandez pas pourquoi).

    Du coup j’ai trouvé cet article recension d’Abdellali Hajjat sur le livre Trans : Gender and Race in an Age of Unsettled Identities, de Rogers Brubaker.

    Évidemment ce ne sont que deux points de vue (celui du livre et celui de Hajjat), il y a aussi tous les débats dans les communautés afro-descendantes et autre.

    Perso j’ai du mal à voir la différence autant en terme « biologie ou pas », qu’en terme philosophique et sociologique, et que si on critique l’auto-définition (car c’est de ça qu’il s’agit avant tout) dans l’un des deux cas, avec une critique non-essentialiste (mais au contraire basé sur le fait que c’est social et non pas individuel), alors c’est logique de le critiquer pour l’autre aussi ; ou inversement si c’est pour approuver un des deux cas.

    Transgenre et transracial, ou les difficultés d’une analogie | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-geneses-2019-1-page-153.htm

    Même nuancée, cette mise en équivalence de la position conservatrice et de la position féministe radicale pose problème. Dans le premier cas, le transgenre est dénoncé à l’aune d’une conception conservatrice de l’ordre sexuel et de la perpétuation de la domination masculine. Dans le second, la critique féministe radicale ne porte pas sur la légitimité du transgenre en tant que tel, mais bien sur le discours de légitimation du transgenre tendant à affermir les stéréotypes de genre, comme le reconnaît Brubaker, et sur la légitimité des transgenres à parler au nom des femmes dans le contexte d’une domination masculine qui tend structurellement à imposer le silence à celles-ci. De ce point de vue, le porte-parolat doit être fondé non pas sur une identité naturelle mais sur une communauté d’expériences. L’oxymore d’« essentialisme historique » ne permet pas de rendre compte de cette position, puisque le féminisme radical représente au contraire un courant d’idées radicalement anti- essentialiste.

    […]

    Si on peut ainsi contester certaines parties de l’analyse de l’auteur, il faut cependant souligner pour finir la grande qualité de l’ouvrage. Cette réflexion ouvre des perspectives de recherche extrêmement stimulantes, notamment sur la tension entre subjectivité et objectivité des identités, sur les logiques de légitimation du passage de frontière entre catégories, et sur la sociologie de l’usage de concepts sociologiques dans le cadre de controverses auxquelles participent, entre autres acteurs, des chercheurs en sciences sociales.

    #féminisme #genre #race #sociologie #transgenre #transracial #radfem #Rachel_Dolezal #Caitlyn_Jenner #Abdellali_Hajjat #Rogers_Brubaker

  • Le transracialisme existe-t-il? (et pourquoi serait-il moins accepté que la transidentité?) | Slate.fr
    http://www.slate.fr/story/165422/transracialisme-etre-blanc-se-sentir-profondement-noir-ou-inversement-acceptat

    « L’auto-identification qui consiste à affirmer “je suis qui j’affirme être” pue l’autorité et la suprématie masculine »

    On retrouve le même type de critiques s’agissant des personnes transgenres, dans une frange minoritaire des milieux féministes, qui reprochent aux femmes transgenres de pouvoir « choisir » leur sexe sans avoir vécu l’oppression qui va avec (alors que l’identité de genre est bien plus souvent présentée comme une nécessité intérieure, et non un choix, par les personnes trans elles-mêmes). Au Royaume-Uni, quand les conservateurs britanniques ont soutenu une réforme du changement d’état civil pour les personnes trans passant par une simple déclaration, nombre de ces Terf, pour « trans exclusionary radical feminists », se sont insurgées, dénonçant une ruse pour leur piquer des places sur les listes électorales. « L’auto-identification qui consiste à affirmer “je suis qui j’affirme être” pue l’autorité et la suprématie masculine », ont tonné une dizaine de femmes du Labour, indiquant que 300 d’entre elles avaient quitté le parti à cause de ces nouvelles règles.

    En France, ces positions ont moins d’audience dans les milieux féministes, mais elles existent, par exemple sous la plume d’une des figures du Mouvement de libération des femmes (MLF), Christine Delphy : « L’identité n’est pas quelque chose que l’on se forge tout seul, c’est quelque chose qui vous est imposé. [...] Je pense que là-dedans il y a une négation de la réalité du genre, qui est quelque chose de social, et pas quelque chose de sexuel ou biologique. Et une négation de l’oppression des femmes », faisait valoir en mars la philosophe et sociologue dans l’émission « Vieille Branche » (à partir de 52’06) :

    @aude_v ca pourrait t’interessé.