• Kamal Nasser « Les rêves de mon peuple »
    L’Humanité | Mardi, 7 Août, 2018 | Joseph Andras
    https://www.humanite.fr/kamal-nasser-les-reves-de-mon-peuple-658941

    (...) Kamal Nasser avait coutume de marcher dans Beyrouth un livre de poésie à la main : cela, ils le savaient. Comme ils savaient qu’il se trouvait là, dans une chambre au troisième étage, penché sur une machine à écrire sur la table de la salle à manger, là, bel et bien là, en train de rédiger quelque communiqué. Pains de plastic. Porte explosée. Le commando s’engouffra, Nasser, pas même 50 ans, se saisit d’une arme et ouvrit le feu sur l’un des agents avant de s’écrouler tandis que ses camarades étaient abattus dans leurs chambres respectives. L’opération, dite « Printemps de la jeunesse », fut un franc succès pour les autorités israéliennes, soucieuses de venger la meurtrière prise d’otages des jeux Olympiques de Munich : pour un œil, les deux yeux.

    Né Pierre Abraham Jacob Kamal Nasser un jour de 1925, le poète grandit à Bir Zeit, dans l’actuelle Cisjordanie – le village comptait alors moins de 900 âmes, chrétiennes pour la plupart –, puis étudia les sciences politiques à l’American University of Beirut et le droit à Jérusalem. Il enseigna à l’école Ahliyeh, à Ramallah, l’année de la Nakba – la « catastrophe », autrement dit la création de l’État d’Israël, l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens et la destruction de trop nombreux villages.
    (...)
    L’essayiste américain Mark Ensalaco indiquera en 2011 que Nasser fut assassiné « pour ses mots davantage que pour ses actes », ne comptant pas au nombre des organisateurs de Munich.

    L’un de ses vers appelait à « la révolution du retour » ; un demi-siècle plus tard, les présents mots s’étirent tandis que par centaines tombent à Gaza les manifestants de la Marche du même nom.