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  • Dans une colonie de Cisjordanie, des Israéliens élèvent des vaches rousses et planifient la construction du Troisième Temple
    Des plans radicaux visant à abattre des génisses ont suscité des inquiétudes à travers le monde arabe – et ont même été liés par le Hamas à l’attaque du 7 octobre
    Par Daniel Hilton à SHILO, Palestine occupée | Mardi 2 avril 2024 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/dans-une-colonie-de-cisjordanie-des-israeliens-elevent-des-vaches-rou

    (...) Le rabbin Yitzchak Mamo, du groupe Uvne Jerusalem partisan du Troisième Temple, a précédemment déclaré à la chaîne de télévision chrétienne américaine Christian Broadcasting Network qu’une cérémonie était prévue pour la Pâque juive (Pessah) de cette année, qui tombe à la fin du mois d’avril.

    Le mouvement palestinien Hamas qui lutte contre Israël à Gaza s’est inquiété de la présence de ce bétail.

    En novembre, une importante source palestinienne en contact avec les dirigeants politiques du Hamas a indiqué à MEE que le groupe avait suivi de près les efforts visant à assurer une présence juive permanente à la mosquée al-Aqsa.

    « La seule chose qui manque est le massacre des génisses rousses qu’ils ont importées des États-Unis. S’ils le font, cela marque le signal pour rebâtir le Troisième Temple », a déclaré la source.

    En janvier, Abu Obaida, porte-parole de l’aile militaire du Hamas, a prononcé un discours marquant les 100 jours de l’attaque du groupe, le 7 octobre, contre les communautés israéliennes situées à proximité de la bande de Gaza.
    Dans son discours, il a établi un lien direct entre la décision du Hamas d’attaquer Israël et l’importation de bétail par les partisans du Troisième Temple, qu’il a qualifiée d’« agression contre les sentiments de toute une nation » (...)

  • « La scène était horrible » : comment Israël a tué des Palestiniens qui attendaient des camions de ravitaillement à Gaza
    Par Correspondants de MEE à GAZA, Palestine occupée | Jeudi 18 janvier 2024 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/gaza-israel-tue-des-palestiniens-qui-attendaient-des-camions-ravitail

    C’était censé être un lieu où les Palestiniens déplacés pouvaient se rassembler pour obtenir les vivres dont ils avaient désespérément besoin dans le nord de Gaza.

    Mais des témoins oculaires ont raconté à Middle East Eye que le 11 janvier, une foule nombreuse qui attendait un camion de ravitaillement dans la rue al-Rasheed a été la cible de tirs de l’armée israélienne, qui ont fait des dizaines de morts et de blessés.

    Des chars et des quadricoptères israéliens ont mitraillé la foule. Muhammad al-Salim, 27 ans, a été témoin du massacre et raconte à Middle East Eye qu’il a vu de nombreux corps éparpillés dans la rue.

    « À 9 heures du matin, mes deux cousins et moi-même sommes allés rue al-Rasheed après que des voisins nous ont informés que des camions transportant de la farine allaient passer », raconte-t-il.

    « Nous y sommes arrivés à 10 heures du matin parce que la plupart des rues sont détruites et jonchées de décombres, ce qui empêche les voitures de circuler. »

    « Lorsque nous sommes arrivés rue al-Rasheed, il y avait déjà des centaines de personnes qui attendaient. »

    « Quand nous avons traversé le rond-point de Nabulsi, un char de l’armée israélienne est apparu de derrière une butte de sable et a commencé à tirer sur les gens au hasard. »

    « Au même moment, des quadricoptères ont commencé à nous attaquer, nous et les centaines de personnes, y compris des enfants, qui se trouvaient près de nous. »

    Muhammad al-Salim dit avoir vu deux filles devant lui touchées par des balles et les personnes qui se trouvaient à l’avant de la file se faire tirer dessus et mourir sous les tirs des chars et des quadricoptères.

    Il estime avoir vu plus de 50 morts et blessés, et des centaines de personnes parmi la foule s’enfuir dans les rues étroites adjacentes à la rue al-Rasheed pour échapper à la pluie de balles et d’obus. (...)

  • Guerre Israël-Palestine : à bord du cargo saisi par les Houthis au Yémen
    Par Correspondant de MEE à HODEIDA et Correspondant de MEE à SANAA, Yémen
    Mardi 2 janvier 2024 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/guerre-israel-palestine-cargo-saisi-houthis-yemen

    Des touristes affluent de tout le Yémen sur la côte de Hodeida pour visiter un navire lié à Israël capturé par les Houthis, dont les actions en faveur des Palestiniens ont renforcé l’image auprès de la population locale (...)

  • Cisjordanie : la résistance armée palestinienne croît dans les camps de réfugiés au fil des raids israéliens
    Par Leila Warah à TULKAREM, Palestine occupée | Jeudi 13 juillet 2023 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/cisjordanie-resistance-armee-palestinienne-camps-refugies-raids
    http://www.middleeasteye.net/sites/default/files/images-story/Anonymous+members%20of%20the%20Tulkarem%20brigade%20in%20Nur%20Shams%

    Quelques jeunes hommes, trois portant des armes en bandoulière, se tiennent devant un supermarché. Ils scrutent les visages inconnus qui pénètrent dans le camp de réfugiés, à la recherche de membres des forces de l’ordre israéliennes sous couverture qui pourraient les assaillir à tout moment.

    On pourrait se croire à Jénine ou Naplouse, deux villes palestiniennes du nord de la Cisjordanie occupée qui ont attiré l’attention du monde en raison de leur résistance armée contre l’occupation israélienne.

    Si ces jeunes hommes sont originaires du nord, ils ne sont ni de Jénine ni de Naplouse. Ils sont originaires du camp de réfugiés de Nur Shams à Tulkarem, plus à l’ouest, et sont membres de la résistance armée qui commence à émerger dans la région.

    Dans une ruelle du camp, le jeune leader de 24 ans des Brigades de Tulkarem, Mohammad, affirme à Middle East Eye que, selon lui, l’occupation israélienne n’a donné d’autre choix à la jeunesse palestinienne que de se tourner vers la résistance armée.

    « [L’occupation israélienne] est l’ennemi de Dieu, donc je combats pour reprendre notre terre au nom de Dieu », explique-t-il. « Notre problème, ce n’est pas qu’ils soient juifs, c’est qu’ils occupent notre terre.

    « Si vous venez à nous par la violence, notre seule option est de répondre par la violence. L’occupation ne nous laisse aucun espace de négociation, seulement les armes. » (...)

  • Au Mondial, les drapeaux palestiniens flottent et les Israéliens se font discrets
    Par AFP – DOHA, Qatar | Mardi 29 novembre 2022 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/qatar2022-israel-palestine-mondial-football-drapeaux-palestiniens-isr

    Les supporteurs arabes brandissent fièrement le drapeau palestinien à Doha pendant la première Coupe du monde organisée au Moyen-Orient, une « résistance pacifique » à l’occupation israélienne, tandis qu’Israël a appelé ses ressortissants à la discrétion.

    Si certains pays arabes ont normalisé leurs relations avec Israël, la population reste majoritairement acquise à la cause palestinienne. De nombreux fans, pour la plupart arabes, refusent de s’exprimer devant les caméras israéliennes, tandis que d’autres scandent « Vive la Palestine ! » durant les retransmissions en direct. 

    Dans une vidéo filmée par l’AFP et visionnée plus de 5,2 millions de fois sur Twitter, un supporteur saoudien tance le journaliste Moav Vardi, de la chaîne Kan : « Il n’y a que la Palestine, il n’y a pas d’Israël… vous n’êtes pas le bienvenu ici. » 

    WATCH : #BNNQatar Reports.
    https://twitter.com/gchahal/status/1597464618045411331
    A Saudi Arabian supporter was filmed telling Israeli reporter Moav Vardi that he was "not welcome" in the Gulf state, in the latest incident of Arab football fans snubbing Israeli reporters covering the 2022 #FIFAWorldCup in Qatar.#Qatar #Israel pic.twitter.com/mV0QVc8vCE
    — Gurbaksh Singh Chahal (@gchahal) November 29, 2022

    Traduction : « Un supporteur saoudien a été filmé en train de dire au journaliste israélien Moav Vardi qu’il n’était ‘’pas le bienvenu’’ dans l’État du Golfe, lors du dernier incident de supporteurs arabes snobant des journalistes israéliens couvrant la #FIFAWorldCup 2022 au Qatar. »

    « Il est très difficile de travailler ici », affirme à l’AFP Moav Vardi, disant toutefois comprendre la colère dans le monde arabe, échaudé par des décennies de colonisation et d’occupation par Israël des territoires palestiniens, considérée comme illégale par la communauté internationale.

    De nombreux Qataris, dont le pays n’entretient pas de relations officielles avec Israël, ont accroché des drapeaux palestiniens aux vitres de leurs voitures. (...)

    #Football

  • New video shows no fighting before journalist Abu Akleh’s killing | Israel-Palestine conflict News
    By Al Jazeera Staff - Published On 20 May 2022
    https://www.aljazeera.com/news/2022/5/20/new-video-shows-no-clashes-during-shireen-abu-aklehs-killing

    A new video that begins moments before Al Jazeera journalist Shireen Abu Akleh was killed has emerged showing relative calm and quiet, contrary to claims by Israeli officials that fighting was taking place in the area.

    Abu Akleh, 51, was killed by an Israeli soldier on May 11, according to colleagues and witnesses who were present at the scene, while covering a military raid by Israeli forces in the occupied West Bank city of Jenin.

    The clip, which was filmed by a Jenin resident and verified by Al Jazeera, shows initial quiet with no sounds of fighting, corroborating witness reports that there were no clashes between Israeli forces and Palestinian fighters at the time of the shooting, as the Israelis have suggested.

    Some people are seen to be talking and laughing in the foreground, with people in the background, including Abu Akleh and some of her colleagues wearing blue press flak jackets, also visible.

    https://twitter.com/tombateman/status/1527306058359656449?ref_src=twsrc%5Etfw
    New video emerges of moment #ShireenAbuAkleh was shot dead. Significantly, the group is relaxed and no gunfire is apparent as they prepare to work. There are two instances of repeat single shots, not bursts, that appear to come towards them. Warning : distressing content pic.twitter.com/XpkOKFwizc

    — Tom Bateman (@tombateman) May 19, 2022

    Abu Akleh and the other journalists are walking in the direction of where Israeli forces were located, before gunfire shots start ringing out.

    Once the shooting starts, people in the foreground start running away from where the Israeli forces were positioned. Abu Akleh can be seen lying in the street after being shot.

    A Palestinian American citizen, Abu Akleh’s killing by Israeli forces has led to global outrage and widespread calls for an independent investigation.

    #Shireen_Abu_Akleh

    • « On a délibérément tenté de nous tuer »
      La journaliste palestinienne Shatha Hanaysha se trouvait avec Shireen Abu Akleh lorsqu’elles ont été la cible de tirs.
      https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/israel-palestine-occupation-mort-shireen-abu-akleh-jenine-temoignage

      Nous nous sommes montrés aux soldats qui étaient postés à quelques centaines de mètres de nous. Nous sommes restés immobiles pendant une dizaine de minutes pour nous assurer qu’ils savaient que nous étions là en tant que journalistes.

      Comme nous n’avons reçu aucun coup de semonce, nous sommes montés vers le camp.

      Nous avons alors entendu le premier coup de feu, sorti de nulle part. Je me suis retournée et j’ai vu mon collègue Ali al-Sammoudi à terre, touché par une balle dans le dos. Mais sa blessure n’était pas grave et il est parvenu à s’éloigner.

      Une scène de chaos a suivi. Mon collègue Mujahed a sauté par-dessus une petite barrière à proximité pour rester à l’abri des tirs. « Venez par ici ! », nous a-t-il lancé, à Shireen et moi. Mais nous étions de l’autre côté de la rue et nous ne pouvions pas prendre le risque de traverser.

      « Al-Sammoudi est touché ! », a hurlé Shireen, qui se tenait juste derrière moi, alors que nous étions toutes les deux adossées à un mur pour nous mettre à l’abri.

      À ce moment-là, une autre balle a transpercé le cou de Shireen, et elle s’est écroulée juste à côté de moi.

  • Un jeune violoniste palestinien raconte les horreurs de la détention israélienne
    Par Akram al-Waara – BETHLÉEM, Palestine occupée - Lundi 2 mai 2022 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/occupation-palestine-israel-mineur-prison-torture-horreurs-detention

    Athal al-Azzeh, 14 ans , affirme que les forces israéliennes l’ont torturé et l’ont privé de ses droits fondamentaux lors de ses douze jours « effrayants » d’incarcération

    Jeune violoniste palestinien investi dans le conseil des élèves de son établissement, Athal al-Azzeh a été arrêté par des soldats israéliens il y a deux semaines. Il a alors craint que ce ne soit la fin de sa vie telle qu’il la connaissait.

    « J’étais terrifié, je ne savais pas ce qui allait m’arriver », raconte l’adolescent de 14 ans à Middle East Eye. « Tout ce à quoi je pouvais penser, c’était à ma famille et à mes amis. Je me demandais si, comme moi, ils étaient tristes et effrayés », poursuit-il en relatant le moment où les soldats israéliens lui ont tendu une embuscade alors qu’il marchait près d’une base militaire dans sa ville natale de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie occupée.

    Athal al-Azzeh a été arrêté le 15 avril alors qu’il se rendait chez sa grand-mère dans le camp de réfugiés de Beit Jibrin, sur la route principale de Bethléem. Une jeep militaire israélienne s’est arrêtée à côté de lui tandis qu’il marchait. Quatre soldats armés ont sauté du véhicule et l’ont attrapé.

    « L’un des soldats m’a attrapé par le cou et m’étouffait tellement que j’ai défailli et ai commencé à perdre connaissance », raconte Athal. « Puis ils m’ont emmené dans la base militaire et m’ont jeté par terre. Quand ils ont lâché mon cou, j’ai pu respirer à nouveau et j’ai réalisé où j’étais. » (...)

  • Les soldats israéliens tuent un adolescent palestinien et en blessent au moins vingt près de Jénine.
    Feb 14, 2022– – IMEMC News
    https://imemc.org/article/israeli-soldiers-kill-a-palestinian-teen-injure-at-least-fourteen-near-jenin

    Des soldats israéliens ont tué, lundi à l’aube, un adolescent et blessé au moins vingt Palestiniens lors de manifestations qui ont éclaté après que de nombreux véhicules de l’armée israélienne ont envahi, dimanche soir, la ville de Silat al-Harithiya, à l’ouest de la ville de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, pour démolir une maison.

    Le ministère palestinien de la Santé a confirmé que les soldats ont tué Mohammad Akram Abu Salah, 17 ans, de la ville d’al-Yamoun, après lui avoir tiré une balle réelle dans la tête.

    Les soldats ont fermé la ville et empêché les médecins palestiniens d’atteindre l’enfant pendant plus d’une heure avant que les Palestiniens ne parviennent à transporter le corps de l’adolescent tué et à l’emmener à l’hôpital gouvernemental Ibn Sina à Jénine.

    Mahmoud Sa’adi, chef du service des urgences du Croissant-Rouge palestinien (CRP) à Jénine, a déclaré que les soldats avaient attaqué les ambulances et les avaient empêchées d’atteindre les zones de protestation pour apporter les soins nécessaires aux Palestiniens.

    Il a ajouté que les soldats ont tiré à balles réelles sur plus de vingt Palestiniens et ont fait subir à des dizaines d’entre eux les effets de l’inhalation de gaz lacrymogènes ; l’un des Palestiniens blessés est toujours dans un état critique.

    L’invasion a commencé dimanche soir après que les soldats aient encerclé et isolé Silat al-Harithiya et fermé toutes les routes environnantes.

    Plusieurs jeeps de l’armée, dont des bulldozers, ont envahi la ville depuis différentes directions avant que les soldats n’envahissent de nombreux bâtiments et n’occupent leurs toits pour les utiliser comme postes de tir.

    Les soldats ont également pris d’assaut la maison d’un prisonnier politique, identifié comme Mahmoud Ghaleb Jaradat, et ont commencé à prendre les mesures de la propriété en vue de la faire exploser.

    Quelques heures après l’invasion, le Corps du génie de combat israélien a câblé et fait exploser la maison du détenu Mahmoud Jaradat, à l’aube, avant que l’armée ne se retire de la ville.

    #Palestine_assassinée

  • La montée en puissance des hommes armés de Jénine
    Par Shatha Hammad – JÉNINE, Palestine occupée – Jeudi 10 février 2022 – | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/israel-palestine-jenine-camp-combattants-resistance-armes-ap-securite

    Un silence lugubre plane sur le camp de réfugiés de Jénine.

    Ces derniers mois, la montée des tensions a accru la nervosité de ses habitants, qui craignent qu’à tout moment, le camp ne soit attaqué par l’armée israélienne ou les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne (AP).

    Le malaise qui s’empare du camp découle de la campagne de recherche menée conjointement par Israël et l’Autorité palestinienne en vue de l’arrestation d’une vingtaine de jeunes hommes accusés de se livrer à des actes de résistance contre les soldats israéliens.

    Ils sont notamment soupçonnés d’avoir tiré sur des check-points près de Jénine, d’avoir participé à des affrontements armés avec l’armée israélienne lors de ses raids sur la ville et de l’émergence notable d’une présence armée dans le camp, en particulier depuis le soulèvement de mai 2021.

    Les hommes recherchés ne sortent pas le jour et ne se déplacent la nuit que lorsque cela est strictement nécessaire.

    Ils n’osent pas quitter le camp, lequel leur sert de refuge depuis le début des recherches, et nombre d’entre eux craignent d’être assassinés ou d’écoper de lourdes peines de prison.

    D’autres redoutent d’être victimes d’abus dans les prisons gérées par l’Autorité palestinienne, car des rapports faisant état d’actes de torture dans ces établissements continuent d’émerger. (...)

  • Berlin, capitale européenne de la culture arabe | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/allemagne-berlin-culture-arabe-refugies-festivals-librairies-syrie-pa

    Version anglaise https://www.middleeasteye.net/discover/berlin-germany-europe-capital-arab-culture

    7.11.2021 par Par Matt Unicomb - La crise des réfugiés de 2015 a fait de la capitale allemande une plaque tournante pour les communautés arabes et un espace sûr d’expression culturelle

    Un vendredi après-midi à Berlin, vous trouverez peut-être Fadi Abdelnour en train de rouler une cigarette sous un arbre dans une arrière-cour du quartier de Schöneberg.

    Entre deux appels téléphoniques et deux gorgées de thé tiède, il fait signe aux jeunes Syriens et Égyptiens qui traversent la cour pour se rendre dans sa boutique, Khan Aljanub, une librairie arabophone qu’il a ouverte avec deux amis en février 2020.

    Khan Aljanub se situe dans une portion quelconque de la Potsdamer Straße, un axe majeur qui traverse Berlin-Ouest et relie l’historique Potsdamer Platz au Tiergarten, l’un des plus grands parcs d’Allemagne. Malakeh, l’un des restaurants syriens les plus connus de Berlin, se trouve à quelques mètres de là.

    Pour accéder à la librairie, les clients sonnent au niveau d’une grande porte en bois bleue avant de pouvoir entrer. Ils passent ensuite par l’entrée arrière du restaurant marocain voisin avant d’être accueillis dans la cour par Fadi Abdelnour ou son collègue Mohammed.

    Khan Aljanub renferme 3 500 livres issus des quatre coins du monde arabe, acheminés pour la plupart depuis Beyrouth ou Le Caire, qu’ils soient expédiés par des distributeurs ou remis en main propre par des amis après des voyages à l’étranger. Il y a des ouvrages de philosophie, de sociologie, d’histoire, des classiques et des fictions modernes et expérimentales – autrement dit, tout l’air du temps de la littérature arabe.

    Les best-sellers actuels sont Al-Mawt fi Haifa (Mort à Haïfa) de l’auteur palestinien Majd Kayyal, Die Erfindung der deutschen Grammatik (L’invention de la grammaire allemande) de Rasha Abbas et Tareekh Alehat Misr (Histoire des dieux d’Égypte) de Mohammad Rabie, le cofondateur égyptien de la librairie.
    « Des fêtes comme au Liban »

    Un coin accueille une petite section anglophone et germanophone avec une poignée de traductions d’ouvrages depuis l’arabe. Derrière le comptoir se trouvent une machine à café et un réfrigérateur rempli de bières que Fadi Abdelnour et Mohammad Rabie ouvrent le vendredi soir.

    Fadi Abdelnour explique que la boutique compte plusieurs centaines de clients et que ce chiffre ne cesse de croître. Environ 30 % sont des visiteurs réguliers qui ont entendu parler de la boutique par le bouche-à-oreille ou qui l’ont découverte sur ses pages exclusivement en arabe sur les réseaux sociaux.

    La plupart ne sont pas nés en Allemagne : il s’agit notamment d’Arabes qui se sont réinstallés à Berlin au cours de la dernière décennie, en particulier à partir de 2015.

    Ces arrivées relativement récentes sont à l’origine d’une multiplication tangible des événements arabophones dans tout Berlin. Ce coup de fouet se traduit également par des représentations théâtrales, des soirées poésie, des conférences culturelles et politiques, des fêtes gay, des drag shows, des raves et des festivals de cinéma.

    Cette explosion de l’activité a donné naissance à ce qui est sans doute la scène culturelle arabophone la plus dynamique d’Europe. Cependant, si cette scène est plus animée que jamais, elle n’est que l’aboutissement d’un mouvement vieux de plusieurs décennies, qui prend racine dans des restaurants locaux et des résidences étudiantes auparavant dans l’ombre.

    Les Allemands prennent note de cette tendance. En juillet, Renate Künast, ancienne ministre fédérale issue des Verts, s’est arrêtée dans la librairie Khan Aljanub pour afficher son soutien. Des journalistes locaux sont passés pour interviewer Fadi Abdelnour.

    « Lorsque je suis arrivé en 2002, il y avait beaucoup d’activité, mais il n’y avait pas de lieu de rencontre central », raconte à Middle East Eye Fadi Abdelnour, adossé à une chaise de jardin en bois.

    « Il y avait 300 visages et on en retrouvait une cinquantaine un peu partout : rendez-vous politiques, conférences, événements musicaux. Certains organisaient des fêtes comme au Liban, par exemple : des rencontres avec du dabkeh et des discours politiques. Puis il y avait des rassemblements plus intellectuels, comme des conférences. »
    Au grand jour

    Alors que ces événements étaient autrefois relégués dans des lieux excentriques que les participants trouvaient par l’intermédiaire de leurs amis et de leur famille, comme le bar Al Hamra à Prenzlauer Berg, ils se déroulent désormais au grand jour et bénéficient de financements officiels de plus en plus conséquents de la part d’institutions universitaires et culturelles allemandes.

    Le département du Sénat de Berlin pour la Culture et l’Europe et la fondation à but non lucratif Rosa Luxemburg parrainent des festivals de cinéma et des événements musicaux et littéraires arabophones, ainsi que des conférences sur des questions relatives au Moyen-Orient.

    Cette activité a été analysée dans des thèses, des conférences et des documentaires à Berlin et à l’étranger, notamment par le sociologue australien d’origine égyptienne Amro Ali, dont l’essai de 2019 intitulé On the need to shape the Arab exile body in Berlin a finalement donné un nom à un feu qui couvait depuis des années.

    « Les chiffres sont trop importants pour que rien ne se produise », explique Amro Ali par téléphone à MEE. « Les exilés arabes qui vivent ici bénéficient d’un soutien institutionnel plus important que, disons, à Londres ou à New York. Indépendamment de leur programme, de leurs intentions ou des questions de racisme, il est facile d’obtenir un financement. Il y a un gouvernement favorable aux arts et aux sciences sociales. »

    Ces mêmes points forts qui attirent depuis des décennies des artistes, musiciens, écrivains et intellectuels internationaux à Berlin – loyers accessibles, ouverture à la créativité – attirent également des dizaines de milliers de personnes en provenance du monde arabe.

    Il s’agit notamment de réfugiés initialement envoyés dans d’autres villes allemandes, mais qui, à force de détermination, parviennent à rallier la capitale.

    « Traditionnellement, La Mecque des Syriens était Paris », confiait la dramaturge syrienne Liwaa Yazji à Exberliner en début d’année. « Mais maintenant, j’ai l’impression que la jeune génération vient à Berlin. »

    Comme l’a écrit Amro Ali, de nombreux nouveaux arrivants en Allemagne apportent avec eux leur amour de la musique et de la littérature et finissent par créer leurs propres événements ou initiatives. Parmi ces initiatives, on retrouve l’Arabic Music Institute, une école de musique qui enseigne des instruments du Moyen-Orient comme le oud et la darbouka, ainsi que la théorie musicale arabe et le chant choral.

    En 2016, un trio d’activistes et de musiciens originaires de Syrie et de Jordanie a également fondé Baynatna, une bibliothèque et un centre culturel en langue arabe.

    Il y a aussi AL.Berlin, un bar-café dans le quartier branché de Kreuzberg. Son cofondateur, Muhammad Jabali, est un Palestinien de Haïfa. Il s’est installé à Berlin il y a trois ans, lorsque son épouse a été affectée à une université locale. À son arrivée dans la ville, il a fondé une initiative permettant à des musiciens arabes de se produire dans des concerts.
    Une population croissante à satisfaire

    En 2019, la première édition du festival de musique AL.Berlin a rassemblé la chanteuse égyptienne Maryam Saleh, le chanteur palestinien Tamer Abu Ghazaleh et le chanteur égyptien Maurice Louca sur la scène du YAAM, un club de plage situé en bord de rivière, plus connu pour son ambiance reggae et hip-hop. AL.Berlin a organisé neuf autres événements au cours de l’année, avec 28 performances qui ont attiré au total 1 800 personnes.

    Le collectif a ouvert le bar AL.Berlin en février 2020, quelques semaines avant les premières mesures de confinement liées au COVID-19, qui ont entraîné la fermeture de tous les espaces culturels en Allemagne (la plupart des gens du milieu se souviendront à jamais de ce triste 14 mars).

    Malgré les pertes financières, le collectif est parvenu à rester à flot et accueillera la deuxième édition du festival AL.Berlin depuis le 2 novembre.

    Aujourd’hui, alors que la scène culturelle de Berlin revient à la normale, AL.Berlin gère un café-bar qui devient parfois une sorte de club, comme lors de ses soirées de pop arabe organisées un vendredi soir par mois.

    Un samedi soir typique, les employés échangent des anecdotes sur la fête de la veille, qui s’est prolongée bien au-delà de minuit, tandis que la salle se remplit lentement de clients parlant un mélange d’allemand, d’anglais et d’arabe. Les clients, dont beaucoup ont à peine 20 ans, d’autres la quarantaine bien tassée, commandent des bières, des Aperol spritz et parfois de l’arak, un spiritueux levantin, tandis que la file d’attente au bar ne cesse de s’allonger.

    Au bar AL.Berlin, des jeunes Syriens côtoient des Tunisiens, des Égyptiens rencontrent des Palestiniens – un véritable Mischung, comme le disent les Allemands.

    Avec une capacité d’environ 70 personnes, AL.Berlin est vite rempli. L’ambiance musicale est profonde et groovy, un mélange de jazz et de broken beats, diffusé depuis une cabine de DJ en bois dans le coin de la salle par DJ Ioana, une cliente de longue date invitée à présenter son premier set ici à l’occasion de la visite de MEE.

    Le lendemain soir, un stand de restauration éphémère sur le thème de la Tunisie est proposé avec des briks – des chaussons farcis et frits – servis par un cuisinier, tandis qu’un DJ se produit dans la cour.

    Le dimanche, avant la pandémie, des cours d’arabe étaient même proposés aux enfants, principalement ceux des fondateurs et leurs amis. « L’un des seuls cours d’arabe laïcs pour enfants à Berlin », confie Muhammad Jabali en esquissant un sourire, recroquevillé sous un parapluie à l’extérieur du bar.

    Avec ses cheveux longs et sa moustache épaisse, il est facile de l’imaginer derrière les platines. Également auteur de livres pour enfants, il a organisé des fêtes pendant plusieurs années à Haïfa. Tout comme le libraire Fadi Abdelnour, il est convaincu que son bar n’est que le prolongement de fondations établies il y a des années et affirme que des villes comme Bruxelles et Amsterdam connaissent également un essor des événements arabophones.

    « Il y a tout simplement plus d’Arabes à Berlin aujourd’hui, donc c’est plus vaste et plus perceptible », indique-t-il. « C’est élitiste de dire que ce que nous faisons est nouveau et que ce qui se passait avant n’avait rien de culturel. »
    Au moins 40 000 Berlinois ont la nationalité syrienne

    Pourtant, pendant des années, ces événements ainsi que la langue arabe ont été cachés à la vue du public et se cantonnaient principalement au secteur de Sonnenallee, une rue célèbre pour son identité arabe.

    Mirvat Adwan, cofondatrice avec un compatriote syrien de Kalamon, la première école d’arabe privée de Berlin, a été témoin de ce changement. Berlinoise depuis 2007, elle a vu la population arabophone de la ville exploser, en particulier depuis 2015.

    « Par le passé, l’arabe était généralement réservé aux mosquées et aux communautés religieuses » , indique-t-elle. « Les autorités n’ont pas essayé de faire grand-chose pour la communauté arabe ici, c’est pourquoi les arabophones ont commencé à organiser des événements eux-mêmes. »

    Même si les autorités berlinoises ne publient pas de statistiques linguistiques détaillées, le nombre d’arabophones pourrait être supérieur à 150 000. Au moins 40 000 Berlinois ont la nationalité syrienne, ce qui les place en troisième position derrière les Turcs et les Polonais.

    Parmi eux figurent certains des plus d’un million de réfugiés principalement originaires de Syrie qui ont demandé l’asile en Allemagne rien qu’en 2015. Ce que l’on sait moins, c’est que 80 000 de ces personnes sont arrivées en Allemagne entre 2011 et 2014 et que beaucoup se sont réinstallées à Berlin. Au cours de ces années, le gouvernement allemand recherchait des personnes qu’il jugeait persécutées, notamment de nombreux écrivains, journalistes et artistes.

    Des activistes arabes de premier plan comme le Saoudien Ali Adubisi, la Syrienne Wafa Mustafa, le Syrien Anwar al-Bunni ainsi que d’innombrables Palestiniens et Égyptiens se sont installés à Berlin.

    « Je ne glorifierais pas Berlin comme un refuge », concède Marwa Fatafta par téléphone depuis Hambourg.

    Cette journaliste et activiste palestinienne s’est installée dans la ville portuaire allemande il y a quelques mois après avoir vécu sept ans à Berlin.

    Actuellement responsable des politiques pour la région MENA au sein de l’organisation à but non lucratif Access Now, qui s’intéresse aux droits numériques, elle est arrivée dans la capitale allemande en provenance de Ramallah pendant la guerre de Gaza de 2014.

    Elle est devenue depuis lors une conférencière et une commentatrice en ligne renommée. Toutefois, même à Berlin, une ville que l’on pourrait qualifier de capitale européenne de la culture arabe, il y a des limites.

    « Il est très difficile de trouver un espace sûr pour discuter publiquement des questions qui affectent notre présent et notre avenir », explique-t-elle. « Qu’il s’agisse d’Israël ou de la vie de migrants arabes dans un climat de racisme et d’islamophobie en Allemagne. Il y a souvent des perturbations, comme des pressions exercées sur les organisateurs pour qu’ils réduisent des financements ou annulent des interventions. »

    Il est également impossible d’ouvrir une librairie sans voir ses opinions politiques être remises en question, comme l’a découvert Fadi Abdelnour lorsqu’un journaliste l’a interrogé au sujet de la position reflétée par ses livres sur la question israélo-palestinienne.

    Ces limites ne s’appliquent pas seulement aux livres et aux conférences politiques sur le Moyen-Orient. Même des organisations artistiques bien intentionnées ont tendance à avoir une vision creuse des films du monde arabe à présenter, par exemple, puisque la priorité va souvent à ceux qui correspondent à une vision eurocentrique de la région, en particulier sur des sujets comme la guerre et l’oppression des femmes.

    Pendant plusieurs années, Fadi Abdelnour a participé à l’organisation d’ALFILM, un festival du cinéma arabe qui se tient chaque année depuis 2009. ALFILM a tenu sa 12e édition en ligne en avril et organisé plusieurs projections estivales du film palestinien 200 mètres et du long-métrage tunisien L’Homme qui a vendu sa peau dans des cinémas en plein air.

    Fadi Abdelnour, qui s’est retiré de l’organisation mais continue de concevoir les flyers du festival, a lancé ALFILM avec des amis afin d’arracher le discours aux conservateurs et organisations eurocentriques.

    « À l’époque, de nombreux contenus étaient très orientalistes ou concentrés sur le réalisme social », explique-t-il. « Ils ne voulaient pas voir, par exemple, une histoire d’amour égyptienne, car pour eux, ce n’est pas authentique. L’absence de cette diversité est ce qui nous a poussés à lancer notre propre festival. »
    « Nous sommes ici chez nous »

    Là où ALFILM est tourné vers l’extérieur et projette des films en langue arabe sous-titrés en anglais ou en allemand, la librairie Khan Aljanub ne suit pas ce schéma. Toute la communication en ligne est en arabe et les visiteurs voient très peu de livres en allemand ou en anglais une fois à l’intérieur. Les non-arabophones ne trouveront pas grand-chose dans la librairie, ce qui témoigne de l’ampleur de la clientèle potentielle de la boutique.

    Jusqu’à présent, il s’avère difficile d’attirer l’ancienne communauté arabe de Berlin, principalement libanaise et palestinienne, qui fait partie du tissu social de la ville depuis des décennies.

    Selon Fadi Abdelnour, cela s’explique par plusieurs raisons, notamment le fait que ces arabophones et leurs enfants parlent probablement très bien l’allemand et ne recherchent généralement pas de livres en arabe. Et s’ils s’intéressent à la littérature arabe, il n’est probablement pas question de la littérature contemporaine vendue dans sa boutique.

    « La plupart des livres n’intéressent pas les personnes qui vivent ici depuis des décennies », explique-t-il. « Ils demandent des livres qui ne sont plus édités depuis 50 ans. »

    Cette période, dans une ville pleine de nouveaux arrivants apportant avec eux les questions, la musique et le discours qui déferlent sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ne durera pas éternellement. Dans cinq, dix ou vingt ans, les enfants de ces activistes, écrivains, musiciens et universitaires installés à Berlin parleront couramment l’allemand et seront peut-être plus intéressés par le hip-hop ou la techno que par les nouveautés en matière de musique dansante égyptienne.

    Le sociologue Amro Ali y voit une raison de plus pour s’enraciner durablement. « Les activités du moment ont tendance à être très éphémères », explique-t-il à MEE. « J’aime les expositions d’art et les conférences, mais elles ne font que passer. Nous avons besoin d’espaces physiques, de points d’appui. Et si vous voulez faire partie de ce mouvement, il faut venir à Berlin. »

    Dans les années à venir, à mesure que la scène culturelle arabophone se développera, son influence gagnera encore davantage la vie courante allemande, que ce soit par la reconnaissance progressive des films et de la musique arabes ou à travers les questions politiques plus profondes abordées lors des conférences et tables rondes de plus en plus nombreuses organisées chaque année. La librairie Khan Aljanub publiera bientôt un livre trop politique pour sortir dans le pays d’origine de son auteur, l’Égypte.

    De nombreux élèves de l’école d’arabe Kalamon sont des Allemands sans aucun lien avec le monde arabe. Et comme la clientèle de Khan Aljanub, leur nombre ne cesse de croître.

    La professeure d’arabe Mirvat Adwan constate que l’État reconnaît de plus en plus sa culture, comme en témoigne le nombre croissant d’écoles élémentaires proposant des cours d’arabe aux jeunes élèves, qui sont désormais au nombre de douze dans toute la ville.

    « Si les enfants l’apprennent pendant dix ans, leur arabe devrait être assez bon », estime-t-elle. « Ce mouvement va se poursuivre. Il ne s’arrêtera pas. »

    Marwa Fatafta, l’activiste palestinienne des droits numériques, se rend encore souvent à Berlin et, malgré les limites, apprécie la façon dont la communauté arabe et la scène culturelle de la ville se sont développées. « Vous ne voyez pas cela ailleurs en Allemagne », affirme-t-elle. « C’est réel et c’est organisé par des gens de la région, pas par de grandes institutions. »

    De la musique électronique aux arts visuels, Berlin est à la pointe de la culture moderne depuis des décennies. Les musiciens, gérants de clubs, lecteurs, écrivains et activistes du monde arabe qui s’installent ici font en sorte que cette tendance s’étende à leur propre coin de la ville.

    Au fil du temps, d’autres librairies, d’autres écoles de musique et de langue ouvriront leurs portes et étaieront une scène qui existe sous une forme ou une autre depuis l’arrivée de la première vague de Palestiniens à Berlin dans les années 1970.

    « Je n’ai pas le luxe de pouvoir prendre mon passeport et partir aux États-Unis ou au Royaume-Uni », explique Marwa Fatafta. « Si vous êtes ici, vous devez faire en sorte que ça marche. Nous sommes ici chez nous. Cela peut être pénible, mais nous pouvons peut-être faire évoluer positivement les choses. »

    #Berlin #Syrie #culture

  • Sept ans après une décision de justice, une grand-mère palestinienne toujours empêchée d’accéder à sa terre
    Par Shatha Hammad – RAMALLAH, Cisjordanie occupée
    Published date : Mercredi 22 septembre 2021 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/israel-palestine-confiscation-terre-colonie-illegale

    « Je veux retourner sur ma terre avant de mourir ! ». Ce cri de désespoir, Mariam Hassan Hammad, 80 ans, l’a lancé à un groupe de soldats israéliens, armés de pied en cap, qui empêchaient des propriétaires palestiniens d’accéder à leurs terres dans la région de Thahr al-Mazare, au nord-est de Ramallah, en Cisjordanie occupée.

    Les propriétaires palestiniens, dont Mariam, devaient enfin pénétrer sur leurs terres ce samedi, 30 ans après leur confiscation pour construire la colonie illégale d’Ofra.

    La colonie a été étendue en 1996 avec l’avant-poste notoirement célèbre d’Amona, lequel a été évacué après une décision de justice israélienne en 2014.

    Samedi après-midi, les propriétaires se dirigeaient vers leurs champs, apportant avec eux la décision de la cour suprême israélienne leur rendant leur terre en 2020, trois ans après l’évacuation de la colonie d’Amona. Les Palestiniens ont remporté cette longue bataille juridique après avoir réussi à prouver que l’avant-poste avait été construit sur leurs propriétés privées.

    Mariam était anxieuse lors du trajet vers sa ville natale de Silwad, en chemin pour voir les 25 dounams (2,5 hectares) de terre dont elle a hérité de son père. (...)

    #Colonialisme_de_peuplement

  • « On dirait une zone de guerre » : affrontements à Sheikh Jarrah avant des expulsions massives de Palestiniens | Middle East Eye édition française
    Par Sheren Khalel, Mustafa Abu Sneineh, Latifa Abd Altif, Lubna Masarwa | Published date : Jeudi 6 mai 2021 - 09:28
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/israel-palestine-jerusalem-affrontements-sheikh-jarrah-expulsions-col

    De violents affrontements ont éclaté entre la police israélienne et des jeunes palestiniens dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est occupée. Les habitants protestent contre une vague d’expulsions ordonnée par un tribunal, laquelle devrait chasser une quarantaine de Palestiniens, dont une dizaine d’enfants, de leurs maisons.

    Les policiers israéliens, dont certains à cheval, ont tenté de repousser les manifestants à l’aide de gaz lacrymogènes, de grenades étourdissantes et d’« eau puante », rapporte une correspondante de Middle East Eye présente sur place.

    « On dirait une zone de guerre », confie un manifestant à MEE.

    Par ailleurs, la police a battu plusieurs manifestants avec des matraques et en a arrêté au moins cinq, dont trois ont été identifiés : Seif Hammoda, Ahmad Abbasi et Siwar Qasim.

    Une dizaine de Palestiniens au moins ont été blessés, a signalé le Croissant-Rouge palestinien juste avant minuit heure locale. Six des blessés ont inhalé des gaz lacrymogènes, trois ont été touchés par des balles en caoutchouc et un autre a subi un traumatisme contondant, énumère l’organisation. (...)


    #Jerusalem #Sheikh_Jarrah

    • L’observateur de l’ONU pour la Palestine appelle la communauté internationale à contester les violations commises par Israël.
      6 mai 2021 |
      https://imemc.org/article/un-observer-for-palestine-calls-on-international-community-to-challenge-israe

      L’observateur permanent de la Palestine auprès des Nations unies, Riyad Mansour, a envoyé mercredi une lettre au secrétaire général des Nations unies, au président du Conseil de sécurité des Nations unies et au président de l’Assemblée générale des Nations unies.
      Il a demandé à la communauté internationale d’agir pour mettre fin à la confiscation illégale par Israël de terres palestiniennes et au déplacement des propriétaires palestiniens du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem.

      Voici sa lettre, dans son intégralité :
      La situation en Palestine occupée continue de s’aggraver alors qu’Israël intensifie ses violations des droits humains et ses crimes de guerre contre le peuple palestinien. En particulier, la puissance occupante a intensifié la confiscation de maisons, de terres et de propriétés palestiniennes, cherchant à accélérer le transfert forcé de civils palestiniens et ses projets de colonisation, notamment dans les zones situées à l’intérieur et autour de Jérusalem-Est occupée. Il est désormais évident que tout cela fait partie d’un plan systématique et délibéré visant à éliminer les Palestiniens - c’est-à-dire à procéder à un nettoyage ethnique de ces zones - en vue de leur annexion.
      De nombreuses lettres ont été envoyées au Conseil de sécurité ces derniers mois pour attirer l’attention sur ces violations, notamment sur le sort des familles palestiniennes des quartiers de Sheikh Jarrah et de Silwan, à Jérusalem-Est occupée, qui sont confrontées à la menace constante d’être expulsées de leurs maisons et de subir une dépossession massive, comme tant d’autres avant elles dans la ville, dans le cadre des mesures illégales prises par Israël pour les remplacer par des colons israéliens. À ce jour, à Sheikh Jarrah, 169 Palestiniens - dont 46 enfants - n’ont nulle part où aller, alors qu’Israël intensifie ses intimidations judiciaires et ses attaques contre les familles palestiniennes de Jérusalem et de ses environs, dans le seul but de consolider le contrôle israélien de la ville en modifiant illégalement sa composition démographique, son caractère et son statut.
      Nous attirons une fois de plus l’attention sur cette crise, en appelant la communauté internationale à agir pour mettre un terme aux actions illégales d’Israël et pour protéger les civils palestiniens des crimes de la puissance occupante, une protection à laquelle ils ont droit en vertu du droit humanitaire international. Les mesures de responsabilisation sont le seul recours pour faire respecter la loi, dissuader de nouveaux crimes, y compris le déracinement de centaines de familles palestiniennes supplémentaires, et sauver les perspectives d’une paix juste qui s’amenuisent.(…)
      Aujourd’hui, plus de 1 500 Palestiniens de Jérusalem sont menacés de déplacement forcé et de démolition de leur maison pour faire place à une colonie illégale appelée « Shimon Hatzadik », ainsi qu’à un parc pour colons sous le nom de « Parc du Roi David ». Alors que ces groupes de colons bénéficient du soutien et des services des tribunaux et de la législation israéliens pour leurs projets illégaux, les familles palestiniennes sont confrontées à des attaques incessantes visant à amasser le plus de terres palestiniennes possible, avec le moins de civils palestiniens possible, et à maintenir l’occupation, ce qui montre à quel point un groupe est fortement privilégié par rapport à un autre dans un système à deux vitesses fondé sur la discrimination et l’oppression. (...)

      Cette lettre fait suite à nos 712 lettres concernant la crise actuelle dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, qui constitue le territoire de l’État de Palestine. Ces lettres, datées du 29 septembre 2000 (A/55/432-S/2000/921) au 26 avril 2021 (A/ES-10/xxx-S/2021/xxx) constituent un registre de base des crimes commis par Israël, la puissance occupante, contre le peuple palestinien depuis septembre 2000. Pour tous ces crimes de guerre, actes de terrorisme d’État et violations systématiques des droits humains commis à l’encontre du peuple palestinien, Israël, puissance occupante, doit être tenu pour responsable et les auteurs doivent être traduits en justice.
      Je vous serais reconnaissant de bien vouloir faire le nécessaire pour que le texte de la présente lettre soit mis à la disposition des membres du Conseil de sécurité afin qu’ils puissent l’examiner immédiatement et le distribuer comme document officiel du Conseil de sécurité.
      Je vous prie d’agréer, Excellence, l’assurance de ma très haute considération.
      Dr. Riyad Mansour , Ministre, Observateur permanent

    • Que se passe-t-il dans le quartier de Sheikh Jarrah de Jérusalem Est ?
      Par Lina Alsaafin, le 1er mai 2021, Al Jazeera, Traduction J. Ch. pour l’Agence média Palestine
      https://agencemediapalestine.fr/blog/2021/05/05/que-se-passe-t-il-dans-le-quartier-de-sheikh-jarrah-de-jerusale

      (...) Quelle est l’histoire de Karm al-Jaouni à Sheikh Jarrah ?

      En 1956, 28 familles de réfugiés ont été délogées de chez elles dans les villes côtières de Yafa et Haïfa, huit ans avant de finalement s’installer dans la zone de Karm al-Jaouni à Sheikh Jarrah.

      La Cisjordanie, dont Jérusalem Est, était à l’époque sous mandat de la Jordanie, qui a conclu un accord avec l’agence de l’ONU pour les réfugiés (UNRWA) pour construire des unités d’habitation pour ces familles. L’accord stipulait que ces familles devaient renoncer à leur statut de réfugiés en échange de titres de propriété signés à leur nom après trois ans de vie dans cette zone.

      Cependant, cela n’a pas eu lieu et, en 1967, la Jordanie a perdu son mandat alors que Jérusalem Est était occupée par Israël.

      Khalil Toufakji, cartographe palestinien et expert sur Jérusalem, a dit qu’il était allé en 2010 à Ankara pour rechercher dans les archives de l’époque ottomane un document qui nie toute propriété juive sur Karm al-Jaouni.

      « J’ai trouvé l’acte et l’ai présenté au tribunal de district israélien, qui l’a promptement rejeté », a dit Toufakji à Al Jazeera.

      Après des recherches plus approfondies, Toufakji a découvert en 1968 que le parlement d’Israël, la Knesset, avait émis un décret – signé par le ministre des Finances de l’époque – qui déclarait qu’Israël était tenu par l’accord entre la Jordanie et l’UNRWA.

      « C’est ce fait qui a été soulevé devant la Haute Cour de Jérusalem au nom des familles palestiniennes de Sheikh Jarrah », a-t-il dit, mais en ajoutant qu’il y avait peu de raisons de croire que la cour statuerait en leur faveur.

      « Les tribunaux israéliens – juge, jury et législation – sont tous au service des colons juifs », a-t-il dit. (...)

    • EN IMAGES : L’histoire de Sheikh Jarrah en sept clichés d’époque | Middle East Eye édition française
      https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/israel-palestine-jerusalem-sheikh-jarrah-histoire-cliches-occupation-

      Ce quartier historique de Jérusalem-Est occupée connaît de vives tensions à la suite de la décision d’un tribunal israélien d’en expulser plusieurs familles palestiniennes. MEE revient, en images, sur l’histoire de ce quartier
      Shafik Mandhai
      Vendredi 7 mai 2021 - 09:56 (...)

  • Sauver Sheikh Jarrah : la campagne qui donne espoir aux réfugiés palestiniens à Jérusalem-Est | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/jerusalem-sauver-sheikh-jarrah-palestiniens-colons-israel-expulsions

    Nabil al-Kurd, habitant de longue date de Karm al-Jaouni, se tient à côté d’un mur recouvert d’un graffiti affirmant « nous ne partirons pas » en arabe (MEE/Aseel Jundi)

    Par Aseel Jundi – SHEIKH JARRAH, Jérusalem occupée - Published date : Mardi 23 mars 2021

    À première vue, tout semble relativement normal à Karm al-Jaouni, dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem Est occupée. Mais la clameur des journalistes et des ONG qui s’y rassemblaient la semaine dernière raconte tout autre chose d’un quartier dans la tourmente.

    Le quartier de Sheikh Jarrah est habité par des réfugiés palestiniens, chassés de leurs villes et villages par des milices sionistes pendant la Nakba (« catastrophe ») en 1948. Mais Israël veut aujourd’hui peupler la zone de colons israéliens et les résidents palestiniens sont désormais, une fois de plus, confrontés au spectre de l’expulsion.

    Afin de tenter d’obtenir un soutien de la communauté internationale, des activistes viennent de lancer une campagne sur internet, #SaveSheikhJarrah, pour aider à sauver les habitants de Karm al-Jaouni d’une éviction forcée que beaucoup ont déjà connue.

    Pour Nabil al-Kurd, septuagénaire hiérosolymitain et habitant de Karm al-Jaouni, cette campagne est une lueur d’espoir qui pourrait l’aider à conserver sa maison et éviter de revivre l’expérience d’être chassé de son foyer comme ce fut le cas à Haïfa en 1948.

    « Nous voulons porter notre voix vers la Jordanie, l’Autorité palestinienne, l’ONU et les organisations de droit international car toutes ces parties sont impliquées dans notre problème, qui a certainement atteint le niveau de crime de guerre », déclare-t-il.

    En 1956, le gouvernement jordanien, avec l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a conclu un accord pour établir ces familles à Jérusalem en échange de leurs documents de réfugiés.

    Une trentaine de familles ont été choisies et des logements leur ont été procurés, construits par le gouvernement jordanien, pendant trois ans, après quoi la propriété des biens a été automatiquement transférée à leur nom. Ces contrats de location ont expiré en 1959 et les résidents sont devenus propriétaires de leurs biens.

  • COVID-19 : les hôpitaux de Cisjordanie submergés tandis qu’Israël jette le surplus de vaccins
    Par Akram Al-Waara – BETHLÉEM, Cisjordanie occupée | Vendredi 19 mars 202 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/palestine-covid-hopitaux-submerges-israel-jette-vaccins
    http://www.middleeasteye.net/sites/default/files/images-story/Cisjordanie+hopital%20covid%20Dura%20AFP.jpg

    Lorsque Issa Saafi s’est précipité pour conduire sa mère malade à l’hôpital gouvernemental de Ramallah, l’un des principaux hôpitaux de Cisjordanie, jamais il n’aurait pensé vivre l’un de ses pires cauchemars.

    Safiya Saafi (70 ans) a développé les symptômes du COVID-19 chez elle dans le camp de réfugiés de Jalazone à Ramallah. À l’époque, ses enfants ne s’inquiétaient pas plus que ça, elle semblait aller bien.

    Mais le 10 mars, l’état de Safiya s’est subitement dégradé. Issa et ses frères l’ont amenée à l’hôpital en urgence. Ce qu’ils ont découvert, raconte Issa, l’a remué jusqu’aux entrailles.

    « On est entré dans l’hôpital et ça ressemblait à une zone de guerre », rapporte-t-il à Middle East Eye. « Des gens dormaient sur des chaises et sur des matelas au sol. Bon nombre d’entre eux étaient reliés à des respirateurs et des bouteilles d’oxygène. »

    « À notre arrivée, les infirmières ont pratiqué un test de dépistage du COVID-19 sur ma mère et celui-ci est revenu positif », relate Issa. « Mais lors de l’examen, les médecins ont dit qu’elle faisait un AVC et qu’il fallait l’admettre en urgence. »

    Lorsque les infirmières ont orienté Issa et ses frères avec leur mère alitée à travers l’hôpital, elles ne les ont pas amenés dans l’unité COVID de l’hôpital, ni en soins intensifs ou dans une quelconque chambre.

    « Elles nous ont conduits dans une arrière-salle, ça ressemblait à une pièce de stockage dotée d’une buanderie remplie de boîtes et de matériel », poursuit-il, précisant que la pièce en question était sale et semblait ne pas avoir été nettoyée depuis un moment.

    « Elles ont alors fait entrer le lit dans cette pièce. J’étais totalement abasourdi. »

    Issa a protesté auprès du personnel de l’hôpital qui lui a répondu : « On n’a nulle part ailleurs où la mettre, c’est le seul espace libre à disposition. » (...)

  • EN IMAGES : Au #Liban, des producteurs de haschisch misent sur l’industrie du bien-être pour contrer la crise économique | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/liban-chanvre-producteurs-haschisch-industrie-bien-etre-crise-economi

    Même si leur nouvelle offre [d’#aliments à base de #chanvre] est conforme à la législation libanaise du mois d’avril, qui légalise le commerce de chanvre pour des usages médicaux et industriels, les Chamas s’opposent à la nouvelle loi et y voient une manœuvre relevant de l’exploitation opérée par un gouvernement notoirement corrompu qui ferait n’importe quoi pour faire rentrer de l’argent afin de soutenir l’élite politique.

    « Nous sommes pour la légalisation mais nous sommes contre cette loi », soutient Talal Chamas, membre de la famille de Hamza. « Ce n’est pas une loi pour protéger les gens, c’est une loi pour faire du profit [en faveur des responsables politiques] ».

    Qu’il soit légal ou non de cultiver et de transformer les plantes, les Chamas étaient de toute façon prêts à emprunter cette voie, affirment-ils. Ils ne veulent pas que le gouvernement y participe : leur objectif est plutôt de construire leur propre économie circulaire locale.

    Les Chamas craignent que la nouvelle loi ne donne lieu à un monopole commercialisé de l’industrie par l’élite politique. « En tant qu’agriculteur, je devrai aller leur acheter des graines. Et plus tard, je leur achèterai [des insecticides et de l’engrais], puis je leur donnerai le produit et ils me donneront 1 000 dollars pour en gagner un million », déplore Talal.

    [...]

    [...] « Ce lait est fantastique », déclare Michel Cheblis. Enthousiasmé par le potentiel des nouveaux produits issus du chanvre pour le Liban, il prévoit une certaine résistance politique de la part des partis désireux de maintenir des zones rurales sous-développées – mais « il serait certainement judicieux de produire localement et d’exporter », estime-t-il.

  • Highway-to-Annexation-Final.pdf
    December 2020 - Breaking the Silence
    https://www.breakingthesilence.org.il/inside/wp-content/uploads/2020/12/Highway-to-Annexation-Final.pdf

    (...) Introduction While the threat of de jure Israeli annexation of West Bank territory has lessened, de facto annexation is accelerating at a rapid and alarming pace. The Israeli political Right has stated that it hopes to grow the population to 1,000,000 settlers.1 Even if such a number is not reached, the significant road and transportation development projects that the Israeli government has advanced in the past five years make it plausible that the current settler population could double in the coming decades.Settlement expansion cannot take place without the parallel development of road, water, and electricity infrastructure. Because of this, when tracking settlement expansion, it is important to track not only the number of new housing units, which is the most common benchmark used today, but also the development of settlement infrastructure. The last major wave of transportation infrastructure development in the West Bank occurred following the Oslo Accords in the second half of the 1990s. Since then, the settler population has almost tripled. Yet infrastructure growth has not tripled correspondingly, such that today’s road and transportation infrastructure in the West Bank is at its limits and no longer suffices to serve the population, posing a significant obstacle to further settlement expansion. In order to continue to advance the Israeli settlement enterprise, massive infrastructure development and growth is necessary. There are currently dozens of new road construction projects underway or in planning in the West Bank. This construction work, which is part of the vision described in a new Israeli master plan for road and transportation development in the West Bank for the year 2045, points to continued and intensified de facto annexation. Following the formation of a coalition government in Israel in April 2020, the terms of which allowed for annexation of West Bank territory as early as July 1, 2020, attention was rightfully drawn towards the looming threat of de jure annexation. Due to the terms of the recent normalization agreements between Israel and both the United Arab Emirates and Bahrain, as well as the election of US President-Elect Joe Biden, the threat of dejure annexation has lessened. However, Israel’s West Bank infrastructure development work demonstrates that its longstanding policy of de facto annexation is accelerating at an unprecedented and devastating pace. This report details the ways in which road and transportation infrastructure projects further entrench Israel’s deepening hold on the occupied territories through continued suburbanization of Israeli settlements and the fragmentation of Palestinian territory, which together contribute to further cementing the reality of one state with unequal rights. All those invested in an equitable and peaceful solution to the Israeli-Palestinian conflict should see these projects as a clear declaration of Israel’s intent to further advance annexation, and the international community must intervene to halt such moves (...)

    #routes_apartheid

  • « Je me sens encore plus isolée » : en France, la pandémie exacerbe la détresse des étudiants algériens | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/je-me-sens-encore-plus-isolee-en-france-la-pandemie-exacerbe-la-detre

    « Je me sens encore plus isolée » : en France, la pandémie exacerbe la détresse des étudiants algériens
    Déjà fragilisés par une réglementation spécifique et discriminatoire qui les précarise et menace leur droit de séjour en France, les étudiants algériens – un des effectifs étrangers les plus importants – ont vu leurs conditions de vie se dégrader avec la pandémieRanda Belaidi ne veut pas que son témoignage soit anonyme. Elle tient à faire connaître sa vie, ses déboires et tous ces passages à vide qui lui donnent des idées de suicide, la nuit, dans son 18 m2dépourvu de toilettes et de cuisine, à Drancy, au nord-est de Paris.Sans titre de séjour – il a expiré –, sans travail et loin de sa famille, l’étudiante algérienne de 28 ans est prisonnière de ses pires cauchemars : finir à la rue, tomber définitivement dans la clandestinité ou retourner en Algérie avec le sentiment d’avoir raté sa vie. « Cela fait presqu’un mois que je ne dors pas. Depuis le reconfinement, je me sens encore plus isolée », témoigne la jeune fille à Middle East Eye par téléphone. D’une voix tremblante, elle dresse la liste de toutes les dépenses qui risquent de vider son compte en banque. D’abord, le loyer à 450 euros par mois, les courses, puis cette inscription de 2 600 euros dans une école privée de langue anglaise qu’elle vient de payer dans l’espoir d’obtenir le droit de rester en France. « Comme les préfectures se méfient souvent des formations en établissement privé, j’ai dû accompagner mon dossier d’un courrier dans lequel j’explique que cet enseignement est nécessaire pour compléter mon master en management des entreprises », fait savoir la jeune femme.
    En France depuis trois ans, d’abord étudiante à Toulouse, elle a ensuite déménagé à Paris pour un stage. Croyant trouver rapidement un emploi qui corresponde à ses qualifications, Randa patiente puis finit par accepter un poste d’éducatrice dans un établissement privé.Le salaire, de 1 300 euros, lui permet de survivre mais pas de basculer vers le statut de salarié.
    En cause, une législation discriminatoire qui entrave spécifiquement le passage des étudiants algériens à la vie active. Le règlement s’inspire de l’accord franco-algérien sur la libre circulation des personnes, conclu après l’indépendance, en 1968.Pour éviter la déperdition de compétences, l’Algérie a fait en sorte que les étudiants soient entravés dans leur souhait de se maintenir sur le territoire français par l’accès à l’emploi. Parmi les obstacles, figure le montant du salaire. Celui-ci doit correspondre à la valeur du diplôme universitaire. Une sorte de cercle vicieux complique aussi les perspectives professionnelles des diplômés algériens : les recruteurs leur demandent souvent de fournir des permis de travail que les préfectures délivrent uniquement sur présentation d’une promesse d’embauche. « Comme je ne suis pas arrivée à obtenir un changement de statut, mon employeur a fini, au bout de dix mois, par résilier mon contrat. C’était en avril dernier », déplore Randa. En 2017, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a publié un rapport très critique sur l’accord de 1968, exhortant les États algérien et français à le revoir pour faciliter l’insertion professionnelle des diplômés algériens. Des associations d’étudiants algériens en France militent également pour l’évolution de la législation. Mais rien ne change. Par exemple, en mai 2020, le gouvernement français a mis en place un dispositif dérogatoire autorisant les étudiants étrangers à exercer exceptionnellement durant les vacances estivales, une activité professionnelle salariée dans la limite de 80 % du temps de travail annuel. Cette mesure, destinée à compenser les pertes de revenus induites par le premier confinement, n’a toutefois pas profité aux Algériens, car comme pour le changement de statut, leur temps de travail pendant la scolarité (pas plus de 50 %) est régi par l’accord de 1968.
    Alertés par la précarisation de leurs compatriotes, des responsables associatifs algériens ont interpellé les autorités de leur pays. L’association des étudiants et cadres algériens de France (ECAF) a envoyé un courrier à l’ambassadeur d’Algérie en France. Mais celui-ci n’a pas répondu.

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  • Le traumatisme « banal » des raids nocturnes israéliens visant des enfants palestiniens
    Par Lily Galili – TEL AVIV, Israël - Mardi 1 décembre 2020 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/israel-palestine-enfants-traumatisme-raids-nocturnes-armee

    Des soldats israéliens interrogent une Palestinienne lors d’un raid nocturne dans le camp de réfugiés de Jalazone, au nord de Ramallah, le 16 juin 2014 (AFP)

    Un bruit soudain rompt le silence de la nuit noire.

    Les coups violents sur le portail d’une maison peinte en bleu terrifient non seulement la famille qui y habite, mais également tout le quartier.

    Les pleurs de bébés effrayés par ce tumulte se mêlent au bruit sourd des poings qui cognent le fer.

    Ce ne sont pas les premières lignes typiques d’une mystérieuse œuvre de fiction. Il s’agit du quotidien de familles palestiniennes dans des centaines de villages à travers les territoires occupés : des soldats israéliens se présentent à la porte d’une famille profondément endormie, entre 22 heures et 5 heures du matin, pour perquisitionner un membre du foyer, l’arrêter ou le placer en détention. (...)