Article dans Libération - décidément la narrative se fissure ! - sur le sentiment de la population à Alep. Le moins qu’on puisse dire est que les sentiments sont mélangés et en tout cas assez peu en faveur de l’ASL :
►http://www.liberation.fr/monde/2012/08/21/a-alep-toute-une-guerre-pour-un-fauteuil_841029
Le journaliste résume ainsi ce qu’il pense être le sentiment des alépins :
Dans la ville ravagée, les habitants s’estiment otages d’un conflit qui leur est étranger et refusent de prendre parti entre armée et rebelles.
Pour illustrer cela, cette conversation :
Pour l’équivalent de deux euros, Yasser est venu se faire rafraîchir les joues. Le barbier, rasoir en main, sort dans la rue, alerté par le survol d’un avion de l’armée.
Le client interroge : « Qui a la vérité dans cette guerre ? » Deux types sur une banquette répondent d’une même voix en égrenant leur chapelet : « Dieu seul à la vérité. » Le barbier claque sa serviette, retend la joue en la pinçant et reprend le rasage. Le client : « Toute cette guerre pour prendre le fauteuil de Bachar… » Les deux types ne disent rien, puis l’un d’eux réagit : « Tout ça pour un fauteuil de président. »Les bruits des bombardements se rapprochent. Youssef fait pivoter le fauteuil au socle en fonte. Le client se lève : « Qui ils vont mettre à la place, hein ? » Puis se rassoit entre les deux hommes qui répètent, l’un après l’autre : « Dieu seul a la vérité. »
Le barbier affirme que la politique « ne l’intéresse pas ». Le client, avant de passer la porte, lâche : « La liberté ? Quelle liberté, celle de Bachar ? Ou celle des types d’en face, encouragés par les forces de l’extérieur ? » Cette fois, le bruit est sourd et se rapproche. Les deux hommes attendent toujours, chapelet en mains, sur la banquette en moleskine, mais aucun ne veut monter sur le fauteuil comme les y invite le barbier, comme s’il s’agissait soudain d’une chaise électrique.