Si je peux me permettre d’être un poil moins enthousiaste : oui le spectacle est réussi, elle est touchante. Mais tout le discours sur les limites de l’« humour », je suis moins convaincu.
L’aspect qui bloque, pour moi, c’est qu’on est dans le genre particulièrement convenu du stand-up à l’américaine. Alors le stand-up, c’est souvent très drôle, mais ça ne dépasse jamais le niveau de la blague. Politiquement c’est vraiment ultra-ultra limité. Une fois que tu en as vu une bonne collection sur Netflix, tu te retrouves à regarder ça en repassant le linge, et ça te laisse pas plus de souvenir qu’un épisode divertissant de Friends.
Du coup, les théories sur les limites de l’humour en se basant sur le standup, j’adhère pas trop. Même si le spectacle de Gadsky, justement, tente de dépasser les limites du genre. Et encore, juste un peu : j’ai trouvé que ses remarques sur le genre étaient à la fois très bienvenues mais en même temps assez convenues.
Un peu comme les stand-ups blacks : il y a deux-trois blagues sur le racisme de la société, la peur de se faire flinguer lors d’un contrôle routier, et évidemment le fascisme de Trump, m’enfin c’est toujours très convenu. Et à la fin, Dave Chappelle fait comme exactement tous les comédiens hommes sur Netflix : une blague sur la masturbation. Côté comédiennes-femmes, c’est pas tellement mieux : après de belles tirades sur meeto et le sexisme, il faut une blague sur le sexe anal (c’est tellement systématique que je me demande si c’est dans le cahier des charges de Netflix).
Bref c’est de l’humour américain. C’est certes souvent très divertissant avec des performers qui ont vraiment bossé leur présence sur scène ; mais au final, c’est comme dans 90% des comédies américaines : le truc le plus audacieux qu’ils trouveront, c’est des blagues à base de pets.