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  • POURQUOI REFUSER LES COMPTEURS COMMUNICANT
    Puissance plume, août 2015

    1 Introduction

    Si vous faisiez un euro – un seul euro – de bénéfice sur chacun des 35 millions de nouveaux compteurs Linky à installer, combien gagneriez-vous au total ? Celui, celle qui donne la bonne réponse gagne une participation à l’émission « Big Brother » de la chaîne CBS...

    Et qui peut encore penser que le déploiement de Linky, le compteur communicant d’électricité, a un quelconque intérêt pour la communauté des usagers de l’électricité ? Son arrivée n’obéit qu’à la logique de la domination et du colonialisme, qui trouve dans l’argent, et plus généralement dans la technologie lorsqu’elle est encadrée par la religion de la république laïque, le moyen le plus efficace de s’exercer sur les peuples…

    Il faut dire d’emblée que cette brochure rejoint la critique de la science et du « progrès » [PES13] et qu’il n’est pas question de dissocier la critique de Linky de la critique de la société qui le fabrique. Le « progrès » serait soit-disant une suite infinie d’innovations technologiques remplaçant des machines anciennes et atténuant la pénibilité du travail humain. C’est en partie vrai, mais toutes les activités humaines sont transférées à un système de robots : le prix à payer collectivement est donc très lourd, et même insupportable !

    Parce que la première impression qu’il te fait « le progrès », c’est la fascination certes, mais ensuite, quand il vient te faire perdre ton métier, et qu’il te force à aller à l’usine pour fabriquer les mêmes choses pour tout le monde, puis qu’il te vire de l’usine parce qu’une autre main d’œuvre ou un robot est plus rentable, tu te rends compte du prix à payer socialement parlant. Dans cette organisation sociale, chacun peine de plus en plus à trouver sa place. Il n’y en a que pour les machines et l’argent.

    Le programme d’Hitler en1933 était clair : revalorisation des métiers manuels et des artisans par rapport aux puissances de l’argent [STE99]. Combien de gens sont tombés dans le panneau et se sont laissé bernés par ces belles paroles ? Les fausses solutions ne sont- elles pas pire que les vrais problèmes ? Aujourd’hui, notre pays est sans doute pour une part comparable à la situation de l’Allemagne des années 30. Le déploiement de Linky dans l’apparente indifférence générale en est peut-être une preuve supplémentaire. Pourtant, tout le monde n’y est pas insensible...

    Cette brochure est destinée à informer, et inciter à la révolte individuelle et collective. C’est toujours possible et plus enthousiasmant que se laisser enfermer dans la bétaillère.

    2 Linky : qu’est-ce que c’est ?

    L’entreprise qui vous vend l’électricité, l’eau, le gaz de ville, a besoin de compter votre consommation pour la facturer. Un compteur est donc installé chez vous. Pour l’électricité, nous avons eu le « bon vieux » compteur mécanique avec son disque, puis on a malheureusement laissé s’installer le compteur numérique. Et voilà que maintenant, comme si c’était un « progrès », voici un nouveau compteur dit « communicant », répondant au nom commercial « Linky ».

    Pour savoir combien vous consommez, une personne doit effectuer la « relève » de ce compteur. Comme le reste des activités humaines sous l’impulsion capitaliste, la relève des compteurs est menacée par la robotisation.

    Avant c’était des agents EDF (puis ERDF) qui l’effectuaient et qui au passage vérifiaient votre installation électrique : ils faisaient le lien. Depuis la loi NOME de 2010, la relève a été « externalisée » à des sociétés privées. Linky est un compteur communicant, c’est-à-dire qu’il échange des données automatiquement avec un centre de contrôle. Il supprime donc l’emploi de la relève, car c’est cet appareil qui irait indiquer au gestionnaire du réseau, ERDF, combien vous avez consommé.
    Côté technologie, entre Linky (1) et un « concentrateur » (3), c’est le « Courant Porteur en Ligne » (CPL) qui serait mise en œuvre. C’est une onde qui se propage dans le réseau électrique. Ensuite, du concentrateur (3) jusqu’au centre de gestion (5), c’est par ondes GSM, les mêmes ondes que pour la téléphonie mobile.

    Dans le cas des compteurs communicant pour l’eau et le gaz en France, on voit apparaître des technologies légèrement différentes : ces compteurs-là émettent directement des ondes GSM dans l’habitation, avec tous les problèmes que cela pose et que l’État refuse de prendre en compte...

    3 Linky selon le vendeur - réfutations

    3.1 Linky pour le « client »

    Voici ce qu’écrit ERDF [ERD15] : « Linky présente de nombreux avantages pour le client. À commencer par une facture qui pourra être calculée sur la base de la consommation réelle, des interventions réalisées à distance (donc sans contrainte de rendez-vous) et dans des délais beaucoup plus courts. »

    Cher « client », vous êtes séduit par l’idée de payer le juste prix, celui de votre consommation réelle plutôt que de celui d’une estimation ? Et vous accepteriez qu’en échange, l’opérateur sache à tout moment ce que vous faites chez vous ? Alors c’est idem pour les autres taxes et impôts : plutôt qu’une évaluation arbitraire, il conviendrait d’identifier tous vos faits et gestes, par exemple le poids et le volume des déchets que vous jetez.
    Par contre, posez-vous la question : dois-je imposer ma servitude au reste de l’humanité ? Au nom de quoi ?

    Cher « client », vous rêvez d’un monde où il n’y a plus d’intervention humaine pour vos opérations sur l’abonnement électrique ? Certes, les p’tits gars de l’EDF de l’époque, quand ils venaient vous changer la puissance souscrite, ils en profitaient pour vous vendre du chauffage électrique – pas bien ! Mais que pouvez-vous espérer d’un monde qui supprime tous les métiers et qui met au chômage toutes les personnes autour de vous ? Un monde où il n’y a plus qu’un seul métier : être au RSA ? Croyez-vous vraiment que votre vie s’améliore parce que les technologies offrent plus de souplesse et plus de rapidité ? Lorsque vous avez un rendez-vous avec quelqu’un, vous le vivez comme une contrainte selon les termes chaque jour. Êtes-vous prêts à accepter qu’un agent vous suive H24 pour savoir ce que vous produisez exactement de déchets ? Êtes-vous prêts à ce que même agent contrôle votre conduite au volant en permanence ? Si c’est le cas, vous êtes dans la « servitude volontaire », selon Étienne de La Boétie [LAB].
    N’est-ce pas plutôt l’occasion de papoter, de croiser les trajectoires ? Parce que le p’tit gars de l’EDF, vous le connaissez d’ailleurs, de l’école, du stade, du cinéma, de l’amicale, de votre belle-sœur, etc.

    Raillez celui qui n’a pas envie d’aller plus vite, celle qui trouve que ce n’est pas perdre son temps que d’avoir rendez-vous avec l’agent de la relève. l’argent n’est jamais un problème, ce principe est le pilier de cette société basée sur la domination militaire. Ces adeptes de la « lenteur » vous apparaissent comme des indiensd’Amérique :ils vivent dans des tipis, montent des chevaux, font des signaux de fumée. Tandis que vous, vous habitez en dur, vous avez le chemin de fer et communiquez par télégrammes. Est-ce eux qui sont lents ou vous qui êtes rapides ? L’idée ici, c’est de dénoncer l’esprit de domination colonialiste.

    ERDF s’endetterait à hauteur de 10 milliards d’euros. Pour 35 millions de compteurs, ça ferait 285 euros chacun. Sur dix ans, une augmentation de 28,5 € tous les ans… Mais en attendant, il faut bien payer (grassement) les banques et les installateurs !?

    Comment l’entreprise ERDF va-t-elle rembourser les banques, avec les intérêts ? Se peut-il être autrement qu’en vous faisant payer plus cher ses services ou de nouveaux services obligatoires ? Pensez à la petite question de est implicite dans le fait d’imposer la rapidité par la technologie. Nous essaierons d’être moins moralistes à l’avenir, d’accord. Vous essaierez d’être moins railleurs vis-à-vis des indiens.

    3.2 Linky et l’argent qu’il nous coûte

    La propagande continue sur les aspects technocratiques et économiques :

    « L’expérimentation confiée à ERDF par la Commission de Régulation de l’Énergie de 2009 à 2011 a confirmé qu’ERDF maîtrise les processus de déploiement de ce nouveau compteur (efficacité, sécurité, satisfaction client), et a validé les hypothèses économiques. Les pouvoirs publics ont ainsi décidé de généraliser le projet : 35 millions de compteurs Linky devraient être installés sur tout le territoire d’ici 2021. »

    Ces « hypothèses économiques » sont les suivantes : ERDF installerait les compteurs en s’endettant. Bien sûr, cela coûterait au final trois fois le prix annoncé au départ (4,3 milliards en
    2011, 8 milliards en 2015, on attend l’actualisation de la dette finale), une habitude lancée et ancrée en France avec le processus d’implantation des centrales nucléaires. Du moment que c’est le contribuable qui paye, début de brochure… Tous les compteurs actuellement installés fonctionnent. C’est un gaspillage formidable d’argent que de les remplacer ! Voilà pour les aspects économiques : ils sont simples à appréhender, contrairement à ce qu’on peut lire du rapport de la cour des comptes !

    L’entreprise ERDF annonce qu’elle rembourserait son emprunt en réalisant des économies de masse salariale, vu que Linky supprime les emplois de la relève des compteurs. Comment peut-on se satisfaire de cet objectif anti-humain ? Sans parler du mensonge que constitue l’affirmation selon laquelle cela suffirait. Si on part du chiffre de 8 milliards d’euros, emprunté aux banques à 3 % sur vingt ans, cela fait 10,75 milliards d’euros à débourser. Il n’y a pas cette somme en masse salariale sur 20 ans pour la relève des compteurs à ERDF ! Inévitablement, ce sont à la fois les hausses des factures constatées avec Linky, et des nouveaux services basés sur l’augmentation de la consommation qui seront les moteurs de la croissance, qui seront les financeurs de cet argent donné sans contrepartie aux banques.

    3.3 Linky : Big Brother

    Ensuite, ERDF continue son auto-évaluation : « Quel est l’impact sur l’accès aux informations personnelles ? Aucun changement sur l’accès aux informations personnelles. ERDF a veillé dès l’origine à la protection des données de consommation en déclarant le système auprès de la CNIL. »

    Le nouveau compteur communique en temps réel la consommation de l’usager à un centre de données qui se charge de stocker et de traiter ces informations numériques. Évidemment, certains se permettent de mettre en doute cette affirmation, pour ne pas effrayer.

    Comme il n’est pas possible d’accéder à une documentation technique de Linky, nous ne pouvons en avoir le cœur net pour l’instant, et nous ne pouvons pas faire confiance à cette affirmation qui sort d’on ne sait où... Enfin plutôt, on devine bien qu’elle sort d’un cabinet de lobbyistes professionnels qui assistent ERDF et les autres promoteurs de Linky.
    Or, à quoi servirait Linky s’il ne pouvait, pendant les heures de pointes, transmettre rapidement – toutes les secondes par exemple – l’index de chaque foyer ? ERDF a prévu à terme pouvoir commander des appareils chez les particuliers afin de pouvoir gérer les pointes de consommation. Enfin, Linky a été piraté, les hackers ont fait une conférence de presse en détaillant tout ce qu’ils ont pu faire avec les données qu’ils ont interceptées [NIK12]. Tout ceci montre qu’avec Linky, votre index de consommation circule sur le réseau, et même crypté, ce n’est pas sans failles.

    Il y a donc le problème de la confidentialité des données, mais aussi le problème de leur utilisation à des fins militaires ou commerciales. Voyons d’abord ce second point pour bien comprendre les nouveaux marchés rendus possibles par Linky, qui permettraient à ERDF de se rembourser la somme empruntée et même plus.

    Que ce soit au niveau des logiciels embarqués par Linky ou que ce soit au niveau des centres de données, des algorithmes de data-mining tournent dessus. Par exemple, en « hackant » un Smart Meter fourni par une société allemande, des pirates se sont rendus compte que le boîtier était capable d’identifier exactement le type et le nombre d’appareils connectés dans votre foyer [01NET12]. Ceci n’a rien d’étonnant, la quasi-totalité des appareils domestiques répondent maintenant à des protocoles de communication qui passent par les câbles d’alimentation électrique. Ces protocoles sont nombreux : X10, EIB, BatiBus, EHS, Konnex, ECHONET[6PO03].
    Par contre, ce que nous pouvons affirmer ici, c’est que le compteur communicant doit remplir une fonction bien précise chez ERDF : permettre de gérer les pics de consommation. Si vous n’en n’êtes pas convaincus, regardez la décision du Conseil d’État qui rejette précisément les recours contre la généralisation du compteur communicant pour ce besoin-là [CE13] et l’article 46bis de la loi sur la transition.
    À la suite de cette révélation, ERDF a voulu affirmer que jamais personne n’avait piraté Linky, mais il n’ont pas affirmé que Linky ne réalise pas la même opération que le compteur allemand. Il y a donc tout lieu de penser que Linky peut embarquer des algorithmes de data mining pour élaborer des analyses sur votre consommation électrique : quels appareils, combien de temps, pour quel type d’activité. Même s’il ne le faisait pas aujourd’hui pour son déploiement lieu de résidence. Terminé pour eux les appels qui tombent sur des répondeurs !

    Qu’est-ce que le data mining ? C’est une science qui traite des données pour en extraire des informations pertinentes. Cette science est développée et utilisée par et pour le marketing direct. Prenons un exemple avec une histoire récente et véridique. Une jeune fille habite chez son père en région toulousaine, va faire ses courses régulièrement dans une « grande surface » ; elle n’oublie jamais de passer sa carte de fidélité dans le lecteur pour obtenir des avantages. Les algorithmes de data mining sont très sophistiqués : ils analysent ses habitudes de consommation et détectent un changement. Son père constate alors que dans la boîte aux lettres s’entassent des tas de publicités pour femmes enceintes. Résultat : il a su qu’elle attendait un bébé avant qu’elle ne le lui dise. C’est Super U qui le lui a annoncé.

    Autre exemple de data-mining : tout le monde sait que Google et Facebook sont gratuits parce qu’ils fabriquent des profils qu’ils vendent ensuite aux annonceurs. Grâce à cela, ces sociétés sont devenues monstrueusement riches parce que les annonceurs arrivent à cibler leurs prospects et à créer de nouvelles possibilités d’achat immédiat.

    Les données de consommation récupérées par Linky sont très précieuses pour les annonceurs. Il n’est pas besoin d’être devin pour imaginer par exemple qu’une société qui passe des appels téléphoniques depuis la Chine pour le compte d’un gros client sera intéressée par des informations portant sur la présence ou l’absence en temps réel d’une personne dans son habitation.
    Si vous ne voulez pas être profilés, vous pouvez : il suffit de ne pas les utiliser – encore que pour se passer de Google, pour faire des recherches approfondies sur la toile, c’est compliqué mais on peut masquer son adresse IP, par exemple en utilisant le réseau TOR. Tandis qu’avec Linky, ce serait obligatoire : l’équipement qui comptabilise la consommation électrique vous analyserait du soir au matin, générerait des profils de consommateurs pour des annonceurs et vous recevriez bientôt des publicités très bien ciblées chez vous, en temps et en heure.

    Une prospective du compteur est donc l’ouverture d’un marché fabuleux à des annonceurs. On connaissait cette déclaration de Patrick Le Lay, ancien PDG de chaîne de télévision :

    « À la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »

    Et bien on peut anticiper qu’avec Linky, le métier d’ERDF ne serait pas très éloigné de celui de la chaîne de télé : trouver quand l’usager est disponible pour recevoir une publicité, à partir de ce qu’il fait d’habitude, et de ce qu’il fait en ce moment chez lui.
    Comment assurer la confidentialité des données de 35 millions d’usagers ? Toujours les mêmes : celles et ceux qui ont le nez dans le guidon ou sur un rail de poudre, suivant les horaires et la présence du patron. On ne leur en veut pas, ils payent leur place sur le Titanic parce qu’il y a de la musique.

    Mai-juillet 2015 feront date dans l’histoire de la dictature qui s’avance.
    Nous repensons au roman d’anticipation de Ray Bradbury, Farenheit 451 : la maison du héros est équipée de murs-écrans interactifs bi- directionnels, à travers lesquels les compagnies à la fois diffusent des programmes et aussi engagent des conversations avec le locataire. Il n’y a aucun espace de la pièce de séjour qui échappe aux murs-écrans. Et dans le roman, tout ceci paraît normal aux habitants excepté le héros qui prend conscience de l’horreur de sa condition. Les animaux domestiqués par leur maman la République trouvent cela normal…

    Revenons au problème de la confidentialité.
    Évidemment, ERDF vend son produit en disant qu’il est sûr, mais des petits malins ont réussi à hacker les systèmes, à récupérer les données des usagers. Nous avons toujours utilisé cette formule à propos du nucléaire : la catastrophe est possible comme, dès lors qu’on a élevé un stylo au-dessus du sol, il peut tomber. Il en est de même pour les compteurs communicants : dès lors qu’on fait circuler des informations sur un réseau, quelqu’un peut y accéder sans qu’il y soit autorisé officiellement. Nous ne pouvons que déclarer ces problèmes futiles, à la marge. On s’en fout. Ce que nous voulons, c’est que les infos ne circulent pas sur un réseau, c’est que les infos de consommation ne soient pas mises sous forme numérique, de manière obligatoire.

    Mais quand même, parlons un peu de la CNIL. Qu’est-ce que c’est ? C’est la Commission Nationale Informatique et Libertés, crée en 1978 par une loi, censée protéger les citoyens des abus suite à la création de fichiers par l’État et par les entreprises. C’est très gentil venant d’ERDF de tenter de nous rassurer avec cette baudruche mais la CNIL n’est qu’une façade, un ravalement, un écran de fumée. Qui peut penser une seconde que la CNIL aurait les moyens
    en langue française : d’une part la loi sur le renseignement et d’autre part la loi instaurant l’obligation du Linky ont été votée dans cette période. Et pour couronner le tout, cette anecdote croustillante pointée par numerama : le Ministère de la Culture le 10 juin 2015 a publié puis effacé sur son compte Twitter un message signalant le 66è anniversaire de la parution du roman d’anticipation 1984 de George Orwell [NUM15]. Il semblerait bien qu’un haut fonctionnaire ait considéré que ce roman n’avait pas sa place sur le site du ministère, et finalement, on le comprend. C’est sûr que l’émission de télé intitulée Big-Brother ne le dérangera pas autant…

    3.4 Linky, problème de santé publique

    Toujours ERDF qui s’auto-évalue : « Quel est l’impact sur la santé ? Le système de communication du compteur ne pose aucun problème sur la santé. »

    Quel est l’impact sanitaire de l’exposition – en croissance exponentielle – des êtres humains et de leur environnement aux ondes électromagnétiques ?

    Comme l’industrie de la radioactivité artificielle dans les années 1950, l’industrie des télécommunications sans fil génère des problèmes de santé chez les êtres humains qui sont des victimes non informées et pour la plupart non consentantes. Nous rappelons ici la formule qu’avait employée un fameux pro- nucléaire, auteur d’un rapport pour l’OMS Maurice Tubiana en 1958 [PP12] :

    « Du point de vue de la santé mentale, la solution la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique serait de voir monter une nouvelle génération qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude. »

    On observe aujourd’hui la même ambition pour les jeunes. Citons par exemple Didier Marsacq, chercheur typique du CEA (Commissariat à la Bombe Atomique), à propos des micropiles à combustibles pour portables [PMO15] :

    « Bien sûr, ces piles coûteront plus cher que le rechargement d’un téléphone sur une prise électrique, mais nous ciblons les adolescents, qui sont immatures et moins rationnels, et nous pensons qu’ils accrocheront au sans fil total ».

    Par ailleurs, on observe le même négationnisme de la part de l’Académie de Médecine : le professeur Choudat en 2012 a refusé de mettre en œuvre une évaluation physiologique de l’influence des ondes électromagnétique sur les personnes électro-sensibles [PP12], de sorte qu’il n’y aura qu’une seule conclusion possible à son étude : l’électro-sensibilité serait d’origine psychiatrique, les personnes en souffrance des hypocondriaques !

    Cependant, il n’est plus possible de nier certaines choses : les ondes GSM ouvrent la barrière émato-encéphallique, ce qui a pour conséquence de faire pénétrer les molécules cancérigènes au cerveau, et l’on observe parallèlement une augmentation énorme des maladies dégénératives du cerveau – cancer, Alzheimer, Parkinson – depuis les années 2000, quelques années après l’introduction spectaculairement rapide du réseau de téléphonie mobile. Évidemment, la science médicale orthodoxe ne veut pas entendre parler d’un tel lien de causalité. Et comme pour les victimes du nuage de Tchernobyl [AFMT], la Justice demandera que les victimes des ondes puissent prouver « scientifiquement » – c’est-à- dire par une méthode reproductible et quantifiée – ce lien de causalité : il faudrait que les victimes se soient auto-instrumentées avant d’être polluées par l’industriel pour constater qu’elles étaient en bonne santé avant, puis qu’elles prouvent que leur maladie a été provoquée par la pollution.

    La toxicité des champs électromagnétiques artificiels est pleinement établie sur le plan scientifique par plus de 3000 études.

    Le 11 Mai 2015, 190 scientifiques indépendants du monde entier ont rappelé que ces ondes endommagent les cellules vivantes de notre corps et que les enfants sont les plus exposés [APP15].

    Mais nous n’allons pas en dire plus ici. Sur le problème global de santé publique, on consultera avantageusement les associations qui portent la parole des victimes des ondes ou relayent les informations scientifiques alarmantes : Robin des Toits, Next-up, Antennes 31, Priartem, CRIIREM.

    Des personnes rapportent que leur santé s’est dégradée suite à l’installation d’un compteur communicant chez eux, donc à cause des radiations émises par les courants CPL. Le retour sur expérience outre-atlantique est de cinq ans, il faut voir les nombreux témoignages de l’association Stop Smart Meters[SSM]. On consultera également le film « Take back your power » [TBP13], construit sensiblement sur le même modèle que « gasland » de Josh Fox, avec portée internationale. Ce film raconte toujours la même histoire : les mensonges des vendeurs, les accointances des pouvoirs publics, et les victimes qui demandent justice et réparation. La justice qui répond qu’il faut démontrer « scientifiquement » le lien de causalité.

    On notera également le retour d’expérience de ce médecin australien qui a suivi l’évolution de la santé de sa clientèle, avant et après l’installation des compteurs à leurs domiciles : le résultat est que leur santé s’est dégradée [FAU13].

    À propos d’une vidéo de Next-up où l’on voit une mesure de champ électromagnétique autour d’un compteur Linky[NEX15], voici une remarque d’un technicien
    averti :
    Ça me paraissait donc difficilement concevable. J’ai donc suspecté la CA43 utilisée pour les mesures. En visionnant la vidéo, on devine qu’on est en mode Peak. Or en consultant la notice du CA43 on peut lire :

    La fonction PEAK permet d’effectuer des mesures avec une vitesse d’acquisition de 1 ms pour des mesures crête. Le filtre 50 Hz de réjection des champs BF est inhibé. Le C.A 43 devient sensible aux alimentations des appareils électriques, passages de câbles secteur…

    Donc la question est : n’a-t-on pas plutôt mesuré le champ 50Hz, ce qui serait en cohérence avec les mesures qu’on constate ? Je crains que si !

    Nous considérons qu’il n’y a pas besoin d’apporter une étude quantifiée sur les effets sanitaires pour décider de refuser le déploiement de Linky. Linky imposerait d’une part des ondes électromagnétiques dues aux CPL dans tous les foyers, et d’autre part des ondes GSM autour des concentrateurs. Mêmes faibles, ces ondes posent problème. Nous ne voulons pas que Linky augmente le niveau du brouillard électromagnétique dans lequel nous sommes plongés. C’est déjà assez brouillé comme cela, surtout en ville, le corps humain est en permanence sollicité, excité, et jamais il n’arrive à se reposer. L’espérance de vie à Paris est de 8 ans inférieure à la moyenne nationale.

    3.5 Linky et le leurre des économies d’énergie

    Voici le commentaire d’un internaute :

    Comment estimer le niveau de pollution ? N’ayant pas de Linky j’ai commencé par visualiser la fameuse vidéo de Next-Up et là c’est le choc : les niveaux sont extrêmement élevés, encore 3V/m à 2,5m alors que pour une ampoule éco on n’a plus rien à cette distance.

    « En France le LINKY vous ordonnera de faire chauffer votre pizza à 3 heures du mat de prendre votre douche à 10 heures de regarder votre télé à 4 heures du mat
    de faire fonctionner votre lave linge à 2 heures du mat pour réveiller tout un immeuble de ne pas utiliser vos convecteurs l’hiver car sinon vous devrez payer 4 fois plus cher , étendez cela au gaz et à l’eau ! Les éoliennes et toutes sortes d’énergies alternatives de m.... ne permettront pas de servir du courant de façon régulière donc il faudra attendre le feu vert pour vivre ! En période de sécheresse si vous arrosez le compteur d’eau vous dénoncera (même plus besoin de votre collabo de voisin) : la spéculation mondialiste mais Verte ! »

    Mais laissons s’exprimer M. Jean-François QUINCHON, directeur territorial d’ERDF Touraine [NUP11] : « Linky n’économise pas un seul kilowatt ».

    Qu’ajouter de plus ? Que Linky consomme de l’électricité ! Son fonctionnement nécessite 10W, comme il y en aurait 35 millions, une puissance supplémentaire de 350 MegaWatt serait nécessaire sur le réseau !

    3.6 Linky, la coupure à distance

    L’arrêté de 2012[ARR12] dit que, les dispositifs de comptage permettent, à distance, le réglage de puissance souscrite, la déconnexion et autorisent la connexion.

    Ainsi, EDF pourrait supprimer la part humaine du geste de la coupure d’électricité pour impayés. On se souvient qu’un agent ERDF avait rétabli le courant chez des RMIstes[LIO10]. Avec Linky, terminé ce genre d’initiative. La distance introduite entre l’agent qui coupe l’électricité et les personnes qui en sont alors privées ressemble fort à celle instaurée entre le pilote de bombardier durant la guerre 39-45 et ses innombrables victimes au sol.

    3.7 La hausse sournoise des factures

    Il a été avancé par Next-up que le compteur Linky mesurait la puissance apparente, c’est-à- dire la puissance réactive en sus de la puissance active, ce qui aurait inévitablement augmenté la
    facturation pour exactement le même service consommé. Car pendant l’expérimentation menée par ERDF, des utilisateurs ont conclu que le compteur lui-même était responsable d’une augmentation de leur consommation facturée. L’arrêté de 2012 [ARR12] dit qu’il n’y a qu’en HTB (Haute Tension B) que : « Les dispositifs de comptage […] mesurent et enregistrent les courbes de mesure, en puissance active et réactive [...] » tandis que pour la basse tension (BT), c’est-à- dire pour les particuliers : « Les dispositifs de comptage […] doivent pouvoir mesurer et enregistrer la courbe de mesure, en puissance active [...] »

    Nous nous interrogeons sur l’interprétation de ce conditionnel : « doivent pouvoir mesurer » au lieu de « mesurent ». Nous verrons.

    Par contre, voyez ce commentaire sur un forum d’électrotechnique[FOR15] : Si le tarif bleu ne prévoit pas la facturation de l’énergie réactive, celle-ci est tout de même prise en compte au niveau de la prime fixe.

    En effet, les contrats sont en kVA. L’effet est peu perceptible au tarif bleu à cause des classes tarifaires avec des crans de 3 kVA... mais un mauvais cos phi peut obliger à passer au tarif supérieur.

    Actuellement, c’est le disjoncteur qui limite l’intensité, avec une faible précision. Avec Linky, le principe demeure, sauf que c’est le compteur qui se charge de la limitation, avec une courbe d’intégration (permettant les dépassements de courte durée) infiniment plus précise. Et la nouveauté, c’est que Linky mesure des kVA alors que les disjoncteurs mesurent des ampères.D’où les mauvaises surprises de certains.
    Autrement dit, si vous soutirez au plus près de votre puissance souscrite, il faudrait vous attendre avec Linky à devoir passer à la classe utilisateurs de Linky : ils étaient "limite" avant, et sont désormais ..hors limite. Et quoi qu’on en dise Erdf n’est pas fautif, dans les deux cas le contrat est respecté.

    Il faut bien comprendre que si la limitation par disjoncteur prend en compte l’effet du cos phi, elle ne tient pas compte de la tension : un abonné livré avec une tension de 240 V est fortement avantagé par rapport à celui qui n’aurait "que" 210 V. » tarifaire supérieure (par exemple passer de 6 à 9 kVA). Ils vous feraient payer un nouveau compteur qui vous ferait aussi payer plus cher votre abonnement, et vous inviterait ainsi à consommer plus.

    4 Le paysage pour et contre Linky

    4.1 Des scientifiques participant au spectacle de « démocratie »

    Le Criirem (Centre de Recherche et d’Information Indépendant sur les Rayonnements ElectroMagnétiques) procure des informations sur les technologies. Au passage, il a contribué à l’instauration de la loi qui rend obligatoire le Linky à 35 millions d’exemplaires. En effet, en février 2015, le bulletin n° 18[CRI15] du CRIIREM explique :

    Les lieux proches des systèmes CPL et les lieux proches des concentrateurs sont exposés à des champs électromagnétiques plus élevés. Une distance de prévention de 5 mètres sera recommandée pour des expositions non impactantes dans les lieux de vie.

    Non seulement on se demande d’où sortent ces chiffres de 2 et 5 mètres, mais sur le principe, dès lors que ces chiffres existent, ils sont repris par les parlementaires comme une bible provenant d’une sphère « indépendante » et ils permettent alors de légitimer la loi en la « limitant » à la marge. Le CRIIREM a donc servi de caution en inventant ces chiffres.

    Les 2 et 5 mètres se retrouvent dans un rapport remis par le CRIIREM au SIPPEREC (Syndicat Intercommunal de la Périphérie de Paris pour des compteurs télé-relevés sont exposés à des champs électromagnétiques faibles. Une distance de prévention de 2 mètres sera recommandée pour des expositions non impactantes dans les lieux de vie. l’Électricité et les Réseaux de Communication) ; ils ont été utilisé par la rapporteur Sabine Buis pour rejeter l’amendement n° 823 de la députée Laurence Abeille qui prévoyait de rendre ce compteur non obligatoire aux personnes électro- sensibles[ABE15]. Annie Lobé, journaliste indépendante, rapporte qu’au moment de la discussion de l’amendement 823, Cécile Duflot pourtant co-rédactrice officielle du texte, discutait en aparté avec un autre député. C’est que cela ne devait pas être trop important à ses yeux. L’adoption de cette loi par quelques individus s’est achevée à l’assemblée nationale le 25 mai 2015, après donc l’habituel simulacre de ce qu’ils appellent encore « la démocratie » et qui n’est autre que « la société du spectacle » [DEB67].

    Après l’adoption de la loi, Pierre Le Ruz, président du CRIIREM, s’est ensuite fendu d’une petite interview dans l’Âge de faire [AGE15] disant :

    « "Aux questions qui leur ont été posées, ministres et députés ont une réponse type : « Une expertise menée par le Centre de recherche et d’informations indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem) a confirmé qu’il n’y avait pas de risque sanitaire aigu ni de risque d’effets physiopathologiques à craindre. » « C’est une présentation très malhonnête de notre expertise ! » tempête Pierre Le Ruz, président du Criirem. Car cette absence de risque concerne uniquement les « effets thermiques » de ces compteurs. Or, pour en subir, il faut se placer à quelques centimètres d’un antenne relais ou sous une ligne à haute tension. Mais le risque sanitaire à long terme (cancers,électrosensibilité) est bien réel. La Criirem estime en effet qu’il faut se tenir à au moins 2 mètres d’un compteur et à au moins 5 mètres d’un répéteur ou d’un concentrateur pour éviter les ondes dangereuses. Mission quasiment impossible en immeuble.
    de rentabilité avant les problèmes de santé. »"

    Cependant, le mal était fait : dès lors que les chiffres de 2 et 5 mètres étaient publiés par un organisme « indépendant », les soldats de la machine République pouvaient s’engouffrer dans le simulacre de « démocratie ». Nous invitons la communauté scientifique à s’inspirer des travaux du groupe Survivre... et vivre au début des années 70[PES13]. Il faut arrêter de participer à la machine à perdre et mettre de l’énergie ailleurs pour gagner !

    4.2 Les vrais collabos : Négawatt

    « À la limite, si ça intéresse quelqu’un de savoir à quelle heure j’allume mon grille- pain… Pour moi le vrai problème n’est pas là ». Marc Jedliczka, porte-parole de l’association Negawatt [AGE15].

    On admirera l’exemple que prend ce porte- drapeau des soit-disant économies d’énergies : le grille-pain électrique. Quand on sait que faire de la chaleur à partir de l’électricité est une hérésie technique et comportementale, ça montre l’état d’insensibilité dans lequel ce cyber-acteur de l’écologie technophile est plongé. À propos du compteur communicant, il est « pour » à 200 %, mais il peut difficilement le dire à cause du fait que ce n’est pas vraiment populaire de se faire entuber de la sorte. Alors il en oublie ses fondamentaux, il donne le grille- pain comme une habitude comportementale défendue par Negawatt. On croit rêver tellement ces gens sont faux. Si l’écologie était une culture de plein champ, Negawatt en serait le chiendent qui lui ressemble et qui l’étouffe.

    4.3 Les syndicalistes d’EDF et ERDF

    Dès 2011, les syndicats se sont inquiétés. Quant à l’environnement extérieur, ces compteurs ne feront qu’« augmenter le brouillard électromagnétique », qui n’en avait pas besoin. « C’est du délire technologique, estime Pierre Le Ruz. On fait encore passer les problèmes, loi N.O.M.E. (Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité) principalement parce que cette loi ouvre le marché de l’électricité à des sociétés privées[POU10]. Cependant, c’est aussi cette loi qui a contribué – par la phase « d’externalisation de la relève » – à ce qu’ERDF automatise la relève des compteurs en remplaçant les classiques par des communicants. Si ces gens s’opposent à l’obligation d’installation du Linky, c’est parce que la mesure supprime des emplois dans le service des « Petites Interventions ». Par ailleurs, les syndicalistes dénoncent la coupure
    à distance, fixée par voie logicielle – par exemple après deux impayés – qui supprime le lien direct humain. On a vu par exemple un agent ERDF mis à pied par sa direction parce qu’il avait refusé de couper le courant à un couple de RMIste avec une petite fille de deux ans [LIO10]. L’objectif des managers est clair : supprimer les aspects humains dans les coupures pour impayés de sorte à optimiser l’argent qui rentre.

    La CGT (Confédération Générale du Travail) n’est cependant pas du tout une force d’opposition au système colonialiste qui est en place, preuve en est son implication à perpétuer le parc nucléaire et l’extraction du minerai d’uranium en Afrique. La raison est évidente : comme disait Coluche « Le capitalisme, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme. Le syndicalisme c’est l’inverse ». La CGT imite la structure patronale : une pyramide hiérarchique avec domination des « élus » et des « salariés » sur la « base ». Le syndicat est grassement alimenté par la République, comme l’a souligné le rapport Perruchot [PER12], de sorte que personne dans la boîte n’a envie de perdre ses avantages en allant contre la domination des patrons. Durant le XXè siècle, pendant une certaine mode « socialiste », au nom d’une certaine « égalité », les républicains ont voulu protéger les plus démunis, pour établir et maintenir leurs avantages. Mais les patrons sont en train de reprendre tout ce que la République leur avait pris. Le syndicat mourra avec le patronat, pas avant ni après.

    4.4 Les associations de consommateurs : un recours et puis s’en vont

    UFC Que Choisir s’est d’abord distingué dans l’affaire Linky en saisissant le conseil d’État en avril 2012 afin qu’il annule la généralisation du compteur communicant. Quatre recours (UFC Que Choisir, Robin des Toits, et deux syndicats intercommunaux : le SIPPEREC pour la périphérie parisienne et le SIEIL pour l’Indre- et-Loire) visaient l’annulation de l’arrêté du 4 janvier 2012. Ils ont tous les quatre été rejetés en mars 2013[UFC13].

    UFC Que choisir avait axé son recours sur trois points : l’absence d’évaluation probante préalable à la généralisation, l’affichage déporté, et la privatisation de l’accès aux données essentielles de consommation.

    La fédération s’est donc inquiétée pour le fameux « consommateur ». Elle a accompagné la mesure, l’a façonnée à sa guise dans un rapport de force déséquilibré avec l’État « souverain ». Par exemple, elle demandait l’affichage déporté (depuis le compteur à l’extérieur jusque dans l’habitation) inclus dans le prix, pour respecter la directive européenne, ce qui revient à admettre le besoin de l’installer, c’est-à-dire à abandonner le consommateur en rase campagne pour aller se mettre au chaud.

    La réponse du Conseil d’État [CE13] est très claire sur les motivations de la généralisation du Linky : il s’agit de permettre la gestion des pics de demande en électricité, et donc de commander à distance des appareils depuis les centres de gestion. Ensuite, le conseil d’État dit simplement que l’arrêté du 4 janvier est souple, et que donc, il n’y a pas lieu de l’annuler ! Ce fut leur argument pour débouter les requérants.

    Alors UFC Que Choisir a laissé tombé son combat contre la généralisation du Linky. Pourtant, en ce qui concerne « le consommateur », on ne peut pas dire que ce soit joyeux : ERDF a fait grimper l’abonnement au réseau pour tout le colonialisme, afin d’y participer et d’en profiter.

    4.6 Députés et sénateurs communistes

    Au sénat, le groupe communiste s’est réveillé et a monde, et cela ne fait que commencer.

    L’UFC Que Choisir s’est même fait très discrète sur Linky puisque non seulement plus rien n’est publié depuis, comme si la généralisation était d’un coup devenue sympathique comme une lettre du facteur, mais aussi UFC Que Choisir 37 a dé-publié une interview qu’elle avait réalisée M. Jean-François QUINCHON (directeur territorial d’ERDF Touraine) et qui disait[NUP11] : Linky n’économise pas un seul kilowatt ».

    L’État voyou se perpétue parce que peut-être personne n’a envie que cela change ? UFC Que Choisir ne semble pas encore en mesure de pouvoir appeler à une désobéissance généralisée. Espérons que cela changera d’ici l’an 40000.

    4.5 Députés et sénateurs EELV pro-Linky

    Il est de notoriété publique que ce qu’on appelle les « écologistes », je veux parler les élus « Europe Écologie Les Verts », sont pour l’économie numérique, les nouvelles technologies, qu’on empile sur les anciennes, selon la mode Negawatt. Nous critiquons cette démarche d’empilement, qui revient seulement à permettre au système actuel de se perpétuer.

    Leur participation aux débats sur Linky et Gazpar lors de l’examen de la loi sur la transition énergétique – loi qu’il avaient appelée de leur vœux – a consisté à soumettre des amendements pour permettre aux électro- (hyper)sensibles de refuser l’installation des compteurs communicant [ABE15, LAB15], et proposé un amendement visant à permettre à un usager de refuser l’installation d’un compteur communicant [BOS15]. Banané.

    4.7 Députés et sénateurs républicains

    Quelques personnes de l’UMP se sont dits qu’il fallait donner la possibilité aux usagers d’avoir une concertation, et de refuser l’installation des compteurs[GIL15]. Banané.

    4.8 Députés et sénateurs socialistes

    C’est bien entendu chez les socialistes que la ferveur pro-linky est la plus forte, comme une fièvre de carnaval endiablé. Le groupe envoûté danse au rythme des tam-tam du « progrès » et trouve son inspiration dans la poursuite du modèle social et industriel de l’U.R.S.S. du XXè siècle. Sous couvert de protéger les faibles, la République impose à tous un modèle, une uniformité, un déploiement technologique autorisant la société de la surveillance à la Big Brother (selon Orwell et selon la chaîne CBS !). Les gens qui les suivent confondent l’égalité avec le fait d’être identique [ESC14]. Ce qui fait dire à certains que les socialistes en 35 ans sont passés de 1981 à « 1984 ».

    4.9 Wikipedia : les professionnels de la propagande

    Wikipedia est tout sauf neutre. D’ailleurs un dictionnaire n’est jamais neutre. C’est le reflet de la pensée coloniale du moment, on se souviendra du proverbe africain :

    « tant que l’histoire sera écrite par les chasseurs, il arrivera toujours la même chose au lion ».
    Observons la page « compteur communicant » ; leur propagande pro-compteur consiste à véhiculer du vocabulaire visant à s’installer comme un standard. Exemple : l’utilisation de l’expression « compteur évolué », comme si c’était une bonne évolution, puis « compteur intelligent » au lieu de communicant, comme si l’intelligence d’un robot pouvait être meilleure que celle de l’humain ! Nos ancêtres les cyborgs étaient-ils dotés d’un clavier azerty ou d’un clavier qwerty ?

    Nous avons essayé de modifier différentes pages de Wikipedia, des pages liées aux technologies des compteurs communicant, les chiens de garde sont évidemment venus « corriger ». On se demande l’intérêt d’une telle démarche. Car le Titanic ne déviera pas sa route…

    4.10 Associations environnementalistes

    Annie Lobé a suivi de près le sprint final des sous-fifres de la République napoléonienne pour faire mettre l’obligation du compteur communicant « dans la loi », ce qui équivaut à le rendre divin. Cette journaliste a fait un travail considérable dans ce domaine. Voir : http://santepublique-editions.fr

    Next-up fournit des analyses et des informations en Français sur Linky http://www.next-up.org/France/Linky.php.

    Robin des toits, fédération d’associations : (http://www.robindestoits.org/Compteurs-dits- intelligents-eau-gaz-electricite_r124.html) s’intéresse au Linky émetteur d’ondes.

    Aux USA depuis 2011 : Stop Smart Meters ! (http://stopsmartmeters.org) en anglais.

    5 Épilogue

    Puissance Plume est un terme inventé pour désigner à la fois les nécessaires économies de puissance et le pouvoir de l’écriture. Nous dans ce texte, Frédéric Boutet et des co-rédacteurs parfois, publions des analyses et des faits qui nous semblent pertinents sur le site www.p-plum.fr. Pour nous écrire concernant ce document : bamachar2@riseup.net

    Nous remercions Annie Lobé, journaliste scientifique, pour son courage et sa pugnacité à chercher et dire la vérité. À voir : http://santepublique-editions.fr

    Nous remercions toute l’équipe de Antennes 31, pour leur disponibilité éternelle face à l’adversité des ondes. Nous invitons les personnes à adhérer à Antennes 31, 3 Impasse Henri Ebelot 31200 Toulouse http://antennes31.org

    Nous remercions les gens de Robin des Toits, de Next-up, Dominique Liot de Robin des bois, et plus globalement tous les gens qui ont véhiculé des informations sur les compteurs communicant.

    C’est pas fini. "L’ennemi numéro 1 de tout État est l’homme qui est capable de penser par lui-même sans considération pour les superstitions et les sophismes de la pensée unique. Presque inévitablement il parviendra alors à la conclusion que l’état sous lequel il vit est malhonnête, insensé et insupportable, ainsi si cet homme est idéaliste il voudra le changer. S’il ne l’est pas, il témoignera suffisamment de sa découverte pour générer la révolte des idéalistes contre l’état."

    Henry Louis Mencken – 1880-1956

    6 Annexes et références

    [01NET12] « Un compteur électrique communicant qui étale votre vie privée » Benjamin Gourdet
    http://www.01net.com/editorial/553084/le-compteur-electrique-communicant-qui- etale-votre-vie-privee/

    [6PO03] « Identification of IPv6-Enabled Devices to be Used in Home Automation » IPv6 Portal janvier 2003 http://www.6power.org/open/6power_pu_d4_8_v2_5.pdf

    [ABE15] « TRANSITION ÉNERGÉTIQUE - (N° 2736) AMENDEMENT N°823 » Laurence
    Abeille ; Rejeté ; http://www.assemblee-nationale.fr/14/amendements/2736/AN/823.asp

    [AFMT] Association Française des Malades de la Thyroïde http://www.asso-malades-thyroide.org

    [AGE15] L’Âge de faire n° 98 juin 2015 http://www.criirem.org/images/docs/presse/adf_98-
    2%20compteurs.pdf

    [APP15] « Appel international des scientifiques à l’ONU sur les dangers des champs
    électromagnétiques » 11 mai 2015 http://www.robindestoits.org/VIDEO-Appel-international-des- scientifiques-a-l-ONU-sur-les-dangers-des-champs-electromagnetiques-Eastern-Daylight- Time_a2308.html

    [ARR12] « Arrêté du 4 janvier 2012 pris en application de l’article 4 du décret n° 2010-1022 du
    31 août 2010 relatif aux dispositifs de comptage sur les réseaux publics d’électricité » http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do ? cidTexte=JORFTEXT000025126353&dateTexte=20150704

    [BOS15] Projet de loi Transition énergétique au Sénat – Amendement Bosino 29 juin 2015 http://www.senat.fr/amendements/2014-2015/530/Amdt_146.html

    [CC14] « Le danger des nouveaux compteurs électriques Linky EDF » Chaos Contrôlé 1er mai 2014 http://www.chaos-controle.com/archives/2014/05/01/29778612.html

    [CE13] Conseil d’État décision N° 354321 http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriAdmin.do ?
    idTexte=CETATEXT000027198463

    [CRE13] « Dossier d’évaluation de l’expérimentation Linky » Rapport de la Commission de Régulation de l’Énergie juin 2011 http://www.cre.fr/documents/deliberations/communication/resultats-de-l-experimentation- linky/dossier-sur-l-experiementation-linky-juin-2011

    [CRI15] CRIIREM Transmission n°18 http://www.criirem.org/images/docs/Transmission/transmission%20n18.pdf

    [DEB67] « La société du spectacle » Guy Debord 1967, éditions Gallimard 1992 http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/La-Societe-du-Spectacle

    [ERD15] « Linky, le compteur communicant d’ERDF » Électricité Réseau de Distribution de France
    (ERDF) 2015 http://www.erdf.fr/linky-le-compteur-communicant-derdf

    [ESC14] « Les crimes de l’égalité » Alexis Escudero Pièces et main d’œuvres juin 2014

    [FAU13] "Les effets nocifs des compteurs intelligents reconnus" André Fauteux ; La Maison du 21è siècle ; 13 nov 2013 https://maisonsaine.ca/sante-et-securite/electrosmog/effets-nocifs-compteurs- intelligents-confirmes.html

    [FOR15] « Compteur Linky et surplus autoconsommation » Forum électrotechnique 21 mars 2015 http://www.electrotechnique-fr.com/t5975-compteur-linky-et-surplus-autoconsommation
    [GIL15] Projet de loi Transition énergétique au Sénat – Amendement « Gilles » 30 juin 2015 http://www.senat.fr/amendements/2014-2015/530/Amdt_66.html

    [LAB] Étienne de La Boétie « Discours de la servitude volontaire » 1549

    [LAB15] Projet de loi Transition énergétique au Sénat – Amendement « Labbé » 1er juillet 2015 http://www.senat.fr/amendements/2014-2015/530/Amdt_136.html

    [LIO10] « Un agent EDF « Robin des bois » mis à pied à Toulouse » Le Parisien 21 janvier 2010 http://www.leparisien.fr/une/un-agent-edf-robin-des-bois-mis-a-pied-a-toulouse-21-01-2010-
    786583.php

    [MP15] « Compteur LINKY : Arnaque et danger » Mediapart 23 avril 2015 https://blogs.mediapart.fr/blog/nelfontaine/230415/compteur-linky-arnaque-et-danger

    [NEX15] « EDF Linky mise en évidence des irradiations en kHz » Vidéo Next-up mars 2014 http://videos.next- up.org/EhsTvNews/EDF_Linky_mise_en_evidence_des_irradations_en_kHz/24_03_2014.html

    [NIK12] « Les compteurs d’électricité intelligents déjà piratés » {niKo[piK]} 12 janvier 2012 http://www.nikopik.com/2012/01/les-compteurs-delectricite-intelligents-deja-pirates.html

    [NUM15] « L’état n’ose même plus parler du livre "1984" et se censure ! » Guillaume Champeau numerama.com 10 juin 2015 http://www.numerama.com/magazine/33343-l-etat-n-ose-meme-plus- parler-du-livre-1984-et-se-censure.html

    [NUP11] « LINKY : ERDF passe aux aveux mais... persiste dans ses silences et demi-vérités » Next-up février 2011 http://www.next- up.org/pdf/UFC_Que_Choisir_Tours_Linky_ERDF_passe_aux_aveux_mais_persiste_dans_ses_sile nces_et_demi_verites_11_02_2011.pdf

    [PP12] « L’étude Cochin-Choudat sur les EHS : revoilà le négationnisme institutionnel » Puissance
    Plume 2012 http://www.p-plum.fr/?L-etude-Cochin-Choudat-sur-les-EHS

    [PER12] « Le financement des comités d’entreprise » Nicolas Perruchot Rapport n° 4186 de l’Assemblée Nationale janvier 2012 http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r4186.asp

    [PES13] « Survivre et vivre… Critique de la science, naissance de l’écologie » coordonné par
    Céline Pessis La Découverte 2013

    [POU10] « Loi N.O.M.E. : un véritable hold-up ! » Fédération Nationale des Mines et de l’Énergie
    2010 http://www.poursavoir.fr

    [ROB] « Compteurs dits "intelligents" (eau, gaz, électricité...) » Robin des Toits http://www.robindestoits.org/Compteurs-dits-intelligents-eau-gaz-electricite_r124.html

    [SSM] Stop Smart Meters (en anglais) http://stopsmartmeters.org

    [STE99] Eva Sternheim-Peters « Habe ich denn alleine gejubelt ? Eine Jugend im Nationalsozialismus » (Étais-je donc la seule à applaudir ? Une jeunesse dans le National- socialisme) en allemand, http://www.p-plum.fr/?Eva-Sternheim-Peters-une-jeunesse

    [TBP13] film « Take Back your Power » https://www.youtube.com/watch?v=dgK14l7_cDw

    [TE15] « Projet de loi relatif à la transition énergétique et la croissance verte » Sénat 27 mai 2015 http://www.senat.fr/leg/pjl14-466.html

    [UFC13] Élisabeth Chesnais « Compteur Linky La généralisation menace toujours » UFC Que Choisir 28 mars 2013 http://www.quechoisir.org/environnement-energie/energie/electricite- gaz/actualite-compteur-linky-la-generalisation-menace-toujours
    --
    www.next-up.org/France/Linky.php

  • Lettre à ma génération : moi je n’irai pas qu’en terrasse
    http://blogs.mediapart.fr/blog/sarah-roubato/201115/lettre-ma-generation-moi-je-nirai-pas-quen-terrasse

    Oui je sais, la réalité est moins sexy que notre fantasme. Mais quand on y pense, c’est tant mieux, car si on a été attaqué pour ce qu’on est, alors on ne peut pas changer grand chose. Mais si on a été attaqué pour ce qu’on fait, alors on a des leviers d’action :

    – S’engager dans la recherche pour trouver des énergies renouvelables, car quand le pétrole ne sera plus le baromètre de toute la géopolitique, le Moyen-Orient ne sera plus au centre de nos attentions. Et d’un coup le sort des Tibétains et des Congolais nous importera autant que celui des Palestiniens et des Syriens.

    – S’engager pour trouver de nouveaux modèles politiques afin de ne plus déléguer les actions de nos pays à des hommes et des femmes formés en école d’administration qui décident que larguer des bombes, parfois c’est bien, ou qu’on peut commercer avec un pays qui n’est finalement qu’un Daesh qui a réussi.

    – Les journalistes ont montré que les attentats ont éveillé des vocations de policiers chez beaucoup de jeunes. Tant mieux. Mais où sont les vocations d’éducateurs, d’enseignants, d’intervenants sociaux, de ceux qui empêchent de planter la graine djihadiste dans le terreau fertile qu’est la France ?

    Si la seule réponse de la jeunesse française à ce qui deviendra une menace permanente est d’aller se boire des verres en terrasse et d’aller écouter es concerts, je ne suis pas sûre qu’on soit à la hauteur du symbole qu’on prétend être. L’attention que le monde nous porte en ce moment mériterait que l’on sorte de la jouissance de nos petits plaisirs personnels.

    #attentat #analyse #lutte #société #inégalités

    • Et aussi : « On nous raconte qu’on a été attaqués parce qu’on est le grand modèle de la liberté et de la tolérance. De quoi se gargariser et mettre un pansement avec des coeurs sur la blessure de notre crise identitaire. Sauf qu’il existe beaucoup d’autres pays et de villes où la jeunesse est mixte, libre et festive. Vas donc voir les terrasses des cafés de Berlin, d’Amsterdam, de Barcelone, de Toronto, de Shanghai, d’Istanbul, de New York ! On a été attaqués parce que la France est une ancienne puissance coloniale du Moyen-Orient, parce que la France a bombardé certains pays en plongeant une main généreuse dans leurs ressources, parce que la France est accessible géographiquement, parce que la France est proche de la Belgique et qu’il est facile aux djihadistes belges et français de communiquer grâce à la langue, parce que la France est un terreau fertile pour recruter des djihadistes... »

  • Lettre à ma génération : moi je n’irai pas qu’en #terrasse
    https://blogs.mediapart.fr/blog/sarah-roubato/201115/lettre-ma-generation-moi-je-nirai-pas-quen-terrasse

    On nous raconte qu’on a été attaqués parce qu’on est le grand modèle de la liberté et de la tolérance. De quoi se gargariser et mettre un pansement avec des coeurs sur la blessure de notre crise identitaire. Sauf qu’il existe beaucoup d’autres pays et de villes où la jeunesse est mixte, libre et festive. Vas donc voir les terrasses des cafés de Berlin, d’Amsterdam, de Barcelone, de Toronto, de Shanghai, d’Istanbul, de New York !

    On a été attaqués parce que la France est une ancienne puissance coloniale du Moyen-Orient, parce que la France a bombardé certains pays en plongeant une main généreuse dans leurs ressources, parce que la France est accessible géographiquement, parce que la France est proche de la Belgique et qu’il est facile aux djihadistes belges et français de communiquer grâce à la langue, parce que la France est un terreau fertile pour recruter des djihadistes.

    Oui je sais, la réalité est moins sexy que notre fantasme. Mais quand on y pense, c’est tant mieux, car si on a été attaqué pour ce qu’on est, alors on ne peut pas changer grand chose. Mais si on a été attaqué pour ce qu’on fait, alors on a des leviers d’action :

    – S’engager dans la recherche pour trouver des énergies renouvelables, car quand le pétrole ne sera plus le baromètre de toute la géopolitique, le Moyen-Orient ne sera plus au centre de nos attentions. Et d’un coup le sort des Tibétains et des Congolais nous importera autant que celui des Palestiniens et des Syriens.

    – S’engager pour trouver de nouveaux modèles politiques afin de ne plus déléguer les actions de nos pays à des hommes et des femmes formés en école d’administration qui décident que larguer des bombes, parfois c’est bien, ou qu’on peut commercer avec un pays qui n’est finalement qu’un Daesh qui a réussi.

    – Les journalistes ont montré que les attentats ont éveillé des vocations de policiers chez beaucoup de jeunes. Tant mieux. Mais où sont les vocations d’éducateurs, d’enseignants, d’intervenants sociaux, de ceux qui empêchent de planter la graine djihadiste dans le terreau fertile qu’est la France ?

    Si la seule réponse de la jeunesse française à ce qui deviendra une menace permanente est d’aller se boire des verres en terrasse et d’aller écouter es concerts, je ne suis pas sûre qu’on soit à la hauteur du symbole qu’on prétend être. L’attention que le monde nous porte en ce moment mériterait que l’on sorte de la jouissance de nos petits plaisirs personnels.

    #attentats #france #paris

    • Sarah Roubato

      J’ai beaucoup voyagé et je parle plusieurs langues. J’ai « des origines » comme on dit maghrébines. Je suis auteur compositeur interprète, artiste, et même un peu anthropologue.

      J’ai toujours adoré les terrasses. La dernière fois que j’étais à Paris j’y ai passé des heures, dans les cafés des 10e 11e et 18e arrondissements. J’y ai écrit un livre qui s’appelle Chroniques de terrasse. (...)

      Ma mixité, ce sera d’aller à la rencontre de gens vraiment différents de moi. Des gens qui vivent à huit dans un deux pièces, peu importe leur origine et leur religion. Des enfants dans les hôpitaux, des détenus dans les prisons. Des vieilles femmes qui vivent seules. De ce gamin de douze ans à l’écart d’un groupe d’amis, toujours rejeté parce qu’il joue mal au foot, qui se renferme déjà sur lui-même. Des ados dans les banlieues qui ne sont jamais allés voir une pièce de théâtre. Ceux qui vivent dans des petits villages reculés où il n’y a plus aucun travail. Les petits caïds de carton qui s’insultent et en viennent aux mains parce que l’un n’a pas payé son cornet de frites au McDo. D’habitude quand ça arrive, qu’est-ce que tu fais ? Tu tournes la tête, tu ris, tu te rassures avec un petit "Et ben ça chauffe !" et tu retournes à ta conversation. Si tous ceux qui ont répondu à l’appel Tous en terrasse ! décidaient de consacrer quelques heures par semaine à ce type d’échange... il me semble que ça irait déjà mieux. Ça apportera à l’humanité sans doute un peu plus que la bière que tu bois en terrasse.

      Ma liberté

      Je ne vois pas en quoi faire partie du troupeau qui se rend chaque semaine aux messes festives du weekend est une marque de liberté. Ma liberté sera de prendre un autre chemin que celui qui passe par l’hyperconsommation. D’avoir un autre horizon que celui de la maison, de la voiture, des grands écrans, des vacances au soleil et du shopping.

      Ma liberté sera celle de prendre le temps quand j’en ai envie, de ne pas m’affaler devant la télé en rentrant du boulot, d’avoir un travail qui ne me permet pas de savoir à quoi ressemblera ma journée.

      Bon alors ni deux pièces (trop petits dévolus aux pauvres), ni #travail sans aventure. Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ?

      Mais elle ajoute dans un post sur sa page

      Je peux vous dire qu’il existe en France plein de gens qui arrivent à vivre en dehors du système, qui font des choix de vie différents. Il faut déjà commencer par là, par savoir ce qu’on ne veut pas. On peut être un combattant du système en l’infiltrant, en combattant sur son terrain avec son langage, comme le font certains journalistes ou certaines personnes publiques. On peut aussi le faire là où l’on est, et cultiver un autre jardin. Les deux combats sont aussi nobles l’un que l’autre.

      Toute cette gentillesse qui ne bouscule pas grand chose sauf « le troupeau » et l’hyperconsommation" laisse toute la place au djihad, qui lui au moins peut se présenter comme un combat pour de bon, et pas seulement au vu du mépris (et du goût) de la mort. Encore raté.

  • Les espaces publics démocratiques à l’épreuve du terrorisme - Métropolitiques
    http://www.metropolitiques.eu/Les-espaces-publics-democratiques.html
    par Carole Gayet-Viaud

    La blessure infligée par les actes terroristes perpétrés à Paris ce vendredi 13 novembre tient en partie au fait qu’ils ont usé des qualités spécifiques aux espaces publics urbains pour les retourner contre elles-mêmes : hospitalité, suspension des identités et confiance a priori en autrui. Toutes ces caractéristiques sont au fondement des échanges civils dans les espaces publics démocratiques.

    #terrorisme #démocratie #espace_public

    • Les terroristes, en tirant à l’aveugle sur de simples passants, retournent contre la démocratie une de ses caractéristiques, telle qu’elle se réalise dans les échanges civils de tous les jours : la présomption de confiance. Non, on ne se méfie pas a priori des autres, lorsque l’on se déplace en ville. Ces accomplissements quotidiens d’une bienveillance mutuelle minimale, que d’aucuns voudraient aujourd’hui renommer « naïveté », sont consubstantiels au caractère démocratique des espaces. Ceux-ci, en effet, sont d’autant plus démocratiques que chacun peut, quelles que soient ses caractéristiques et ses appartenances, y trouver cette hospitalité inconditionnelle, ce droit à circuler, à prendre place (Joseph 1998), à agir librement parmi les autres, sans avoir à rendre de compte ni sur qui il est, ni sur d’où il vient, statuts et identités étant comme suspendus dans leur possible pertinence. Seuls restent à rendre les comptes relatifs à ce que l’on fait, comme l’a montré l’historien Alain Cottereau s’agissant de la naissance des espaces publics démocratiques dans la France au XVIIIe siècle (Cottereau 1992).

    • Ce texte est une piste de réflexion, mais j’ai l’impression qu’il oublie plein de choses. Je jette quelques idées comme ça, mais ce n’est pas mon domaine d’expertise...

      1) d’une part que l’hospitalité des espaces publics de Paris est peut-être un luxe que de nombreuses villes ne peuvent pas se payer dans le monde

      2) d’autre part que cette hospitalité est le fruit d’un contrat social, et que ce contrat social n’est pas uniquement écrit entre parisiens, mais entre tous les humains.

      3) autrement dit, ce n’est pas « contre » cette hospitalité que les djihadistes s’attaquent, mais au nom d’une « hospitalité » violée chez eux aussi (ingérence militaire occidentale en Syrie, pour faire court).

      4) autrement dit encore, cette hospitalité serait le « butin de guerre », « l’otage » d’une guerre dont les enjeux seraient ailleurs

      5) si ce qui précède est vrai, alors une partie du texte de Carole Gayet-Viaud est, à mon avis, hors sujet : savoir si ces espaces publics sont essentiels à la démocratie, s’ils traduisent liberté, égalité et fraternité, s’il y a lieu de les défendre en tant que tels...

  • Nous ne saurions vouloir ce que veulent nos ennemis
    https://blogs.mediapart.fr/blog/eric-fassin/161115/nous-ne-saurions-vouloir-ce-que-veulent-nos-ennemis

    Ne jamais verser de rançon : c’est la règle d’or, sous peine d’encourager de futurs preneurs d’otages. Il en va de même pour le terrorisme : pour le combattre, il ne suffit pas (même s’il est nécessaire) de lutter contre les terroristes. Il faut surtout démontrer que leurs actes sont inefficaces, et donc qu’ils ne parviennent pas à nous imposer une politique en réaction. Sinon, encouragés par ce succès, d’autres prendront le relais des attentats suicides. Or c’est ce que nos dirigeants ne semblent pas comprendre. En effet, ils s’emploient à donner aux terroristes toutes les raisons de recommencer.

  • Raphaël Enthoven, l’immoralité de l’info
    https://blogs.mediapart.fr/blog/fabriceflipo/191015/raphael-enthoven-l-immoralite-de-l-info

    « Chacun est libre, a-t-il soutenu, d’avoir une opinion, et quiconque s’oppose à ce principe est un dangereux fanatique.

    Il y aurait donc les dogmatiques d’un côté et les partisans de Voltaire de l’autre, l’écrivain français ayant soutenu qu’il défendrait toujours le droit de ses adversaires à soutenir leur point de vue. La menace des autoritaires devrait être activement combattue, il en irait de la démocratie, rien moins.

    […]

    Qu’est-ce que l’opinion ? Quel est son rôle, en démocratie ? Peut-on soutenir tout ce qui nous passe par la tête, chercher à faire le buzz, à donner dans la provocation aussi bien qu’une information étayée ? Sur le principe, oui, bien entendu. Dans une démocratie on peut en effet dire ce qu’on veut.

    La limite est qu’on peut aussi être tenu pour responsable de ce qu’on affirme. »

    Ça vous (...)

    #luttes

  • La mise au point de Smain Laacher
    http://blogs.mediapart.fr/blog/laacher/161015/la-mise-au-point-de-smain-laacher

    16 octobre 2015 | Par Laacher

    Le 10 octobre 2015 lors de l’émission « Répliques » animée par Monsieur Alain FINKIELKRAUT, diffusée sur France Culture les propos suivants ont été tenus par Monsieur Georges BENSOUSSAN :

    « Il se trouve qu’un sociologue algérien, Smaïn LAACHER, d’un très grand courage, vient de dire dans le film qui passera sur France 3, c’est une honte que de maintenir ce tabou à savoir que dans les familles arabes en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme on le tète avec le lait de la mère ».

    Je n’ai jamais dit ni écrit nulle part ce genre d’ignominie. J’ai demandé un droit de réponse qui devrait être accordé. Comment peut-on croire une demie seconde que dans ces familles l’antisémitisme se transmettrai finalement par le sang. Mes travaux, mes positions et mes engagements publics s’inscrivent dans un effort sans relâche contre tout essentialisme, même involontaire. Je n’ai jamais supposé qu’un ordre biologique serait au principe d’une détestation confessionnelle, ethnique ou nationale. Cette citation purement fantasmatique doit être interprétée comme une tentative pour le moins naïve mais lâche de me rapatrier dans un « camp » contre l’autre (« qu’un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage… »). Ce n’est pas l’idée que je me fais du débat public. Je me réserve la possibilité dans les jours qui viennent de m’expliquer plus longuement sur ce type de violence (plus que symbolique) et d’instrumentalisation. Et bien entendu la justice sera saisie très prochainement.

  • Une « répliques » de trop
    Bensoussan et les territoires perdus de la République
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/131015/une-repliques-de-trop

    L’émission "Répliques" a une fois de plus franchi, ce matin du samedi 10 octobre, le seuil du tolérable. On sait que, depuis des années, son philosophe-animateur Alain Finkielkraut s’échine à mettre en scène un semblant de débat démocratique, en invitant des intellectuels aux positions antagonistes. Bien qu’il ne sorte souvent pas grand-chose de ces face-à-face, certains se plaisent encore à y trouver quelques références, et l’opportunité d’un débat d’idées policé. Mais de fait, cette émission est devenue depuis longtemps l’antichambre faussement feutrée de la banalisation des idées les plus réactionnaires.

    Jusqu’ici, nous nous contentions d’en regretter l’audience et la publicité. Mais lors de l’émission consacrée au « sens de la République », les propos tenus par l’un des invités, Georges Bensoussan, historien, rédacteur en chef de la Revue d’histoire de la Shoah et responsable éditorial au Mémorial de la Shoah, ont très largement dépassé le cadre de ce que le service public peut accepter en son sein.

    À la 28e minute, Georges Bensoussan, souhaitant étayer son hypothèse d’un antisémitisme généralisé des populations dites « musulmanes » en France, prononce ces mots : « Aujourd’hui nous sommes en présence d’un autre peuple au sein de la nation française, qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés. (...). Il n’y aura pas d’intégration tant qu’on ne se sera pas débarrassé de cet antisémitisme atavique qui est tu, comme un secret. Il se trouve qu’un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage, vient de dire dans le film qui passera sur France 3 : "C’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère". » À cet instant, nous assistons en direct au glissement assumé d’un racisme culturel à un racisme biologique, condamnant au délit, sans distinction, une partie de la population française dès la naissance.

  • Une « répliques » de trop
    http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/131015/une-repliques-de-trop

    L’émission Répliques a une fois de plus franchi, ce matin du samedi 10 octobre, le seuil du tolérable. On sait que, depuis des années, son philosophe-animateur Alain Finkielkraut s’échine à mettre en scène un semblant de débat démocratique, en invitant des intellectuels aux positions antagonistes. Bien qu’il ne sorte souvent pas grand-chose de ces face-à-face, certains se plaisent encore à y trouver quelques références, et l’opportunité d’un débat d’idées policé. Mais de fait, cette émission est devenue depuis longtemps l’antichambre faussement feutrée de la banalisation des idées les plus réactionnaires.

    Jusqu’ici, nous nous contentions d’en regretter l’audience et la publicité. Mais lors de l’émission consacrée au « sens de la République », les propos tenus par l’un des invités, Georges Bensoussan, historien, rédacteur en chef de la Revue d’histoire de la Shoah et responsable éditorial au Mémorial de la Shoah, ont très largement dépassé le cadre de ce que le service public peut accepter en son sein.

    À la 28e minute, Georges Bensoussan, souhaitant étayer son hypothèse d’un antisémitisme généralisé des populations dites « musulmanes » en France, prononce ces mots : « Aujourd’hui nous sommes en présence d’un autre peuple au sein de la nation française, qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés. (...). Il n’y aura pas d’intégration tant qu’on ne se sera pas débarrassé de cet antisémitisme atavique qui est tu, comme un secret. Il se trouve qu’un sociologue algérien, Smaïn Laacher, d’un très grand courage, vient de dire dans le film qui passera sur France 3 : "C’est une honte que de maintenir ce tabou, à savoir que dans les familles arabes, en France, et tout le monde le sait mais personne ne veut le dire, l’antisémitisme, on le tète avec le lait de la mère". » À cet instant, nous assistons en direct au glissement assumé d’un racisme culturel à un racisme biologique, condamnant au délit, sans distinction, une partie de la population française dès la naissance.

    #répliques #France_Culture #Finkielkraut #antisémitisme #Bensoussan

  • Pourquoi le développement des robots humanoïdes ?
    https://blogs.mediapart.fr/blog/revue-z/280915/pourquoi-le-developpement-des-robots-humanoides

    Pour Jean-Paul Laumond, roboticien au LAAS-CNRS, la recherche consiste de moins en moins à produire des connaissances et, de plus en plus, à « répondre à des demandes sociétales ». Au prestigieux LAAS-CNRS, on travaille sur des robots humanoïdes destinés à automatiser le travail ou s’occuper des personnes âgées. Mais quelles franges de la société ont demandé cette robotisation ? A qui profite-t-elle ? Dans cette première lettre ouverte (voir la lettre ouverte à Philippe Souères), Celia Izoard interpelle le scientifique sur la véritable nature de ces « demandes sociétales ».

    • Monsieur le directeur de recherche au Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes,

      enseignant de robotique à l’Ecole normale supérieure,

      lauréat 2013 du Conseil européen de la recherche,

      ex-titulaire de la chaire Liliane Bettencourt pour l’innovation au Collège de France,

      fellow de l’Institute of Electrical and Electronic Engineers,

      membre du conseil scientifique de l’INS21 au CNRS,

      ex-co-directeur du laboratoire de robotique humanoïde JRL,

      ancien patron de l’entreprise Kinéo CAM,

      Vous avez eu l’amabilité de me recevoir avec un autre rédacteur de la Revue Z dans votre bureau pour parler du rôle social du roboticien. J’ai souhaité, en retour, vous faire parvenir quelques réflexions sur vos propos.

      Avant de présenter les réalisations de votre carrière, vous avez choisi d’introduire cet entretien par une redéfinition du métier de chercheur : « Le métier de chercheur est un métier de production de connaissances. Mais les modes de gestion actuels le font évoluer vers une réponse à des demandes sociétales. »

      En d’autres termes, si je paraphrase, vous dites : nous concevons les machines que la société nous demande. Les robots humanoïdes pour s’occuper des personnes âgées et des enfants, les drones, l’automatisation des usines, les nanocapteurs, les marchandises interconnectées, la microélectronique de demain – toutes ces choses que l’on met au point au LAAS aujourd’hui, ce sont les gens qui les demandent.

      Admettez que la formule a de quoi surprendre, dans la mesure où, dans la vie quotidienne, on n’entend guère les gens estimer qu’il n’y a pas assez de machines dans leur environnement. Et en admettant, à la limite, que la majorité de la population souhaite des robots humanoïdes ou une nouvelle génération d’ordinateurs, par quel biais adresse-t-elle ses exigences aux chercheurs ?

      Par exemple, à quelle type de « demande sociétale » répondaient les machines que vous avez créées au cours de votre carrière ?

      Vous nous avez fourni vous-même la réponse quand, retraçant votre carrière, vous avez raconté vos travaux sur le calcul informatisé de la trajectoire des objets : comment savoir sans le tester physiquement si tel objet « passe » dans tel espace ? Ainsi, vous avez mis au point un système de visualisation par informatique des places respectives des pièces d’un montage. « On ne répondait pas à un problème particulier, dites-vous. D’ailleurs on démarchait Renault sans succès. » Finalement, à l’occasion d’une rencontre avec des ingénieurs de la firme, vous tentez de les convaincre que vous avez les moyens de robotiser leurs procédés. Ils ne veulent rien entendre. Vous finissez par « forcer la porte », selon vos propres termes, en leur disant : « Montrez-moi ce que vous faites. » Ce qui vous permet de leur démontrer précisément que votre logiciel de prototypage virtuel permet « de faire en une minute le travail d’une journée ». À l’évidence, dans le cas présent, en fait de demande, il s’agit plutôt d’une offre – ce que vous avez appelé« une stratégie push ».

      Par curiosité, je vous ai demandé quel était le nom du métier qui correspondait à la création de prototypes permettant l’assemblage de pièces automobiles. Comment s’appelait celui dont le logiciel a remplacé l’activité ? Vous avez hésité. « Mmm... Euh... je ne sais pas. Un ingénieur peut-être ? Un... opérateur ? » Vous ne savez pas. Vous ne vous êtes jamais posé la question. Votre récit démontre que vous vous identifiez tellement à la direction de l’usine, à ses cadres et ingénieurs, vous avez tellement intériorisé leurs intérêts, que vous arrivez même à devancer leurs besoins. Normal, vous vous croisez à des congrès, des démonstrations, vous avez la même sociabilité, le même type de déplacements et de loisirs. Le territoire d’une technopole est précisément structuré pour rapprocher les chercheurs des patrons, des cadres et des entrepreneurs. Tout concourt à ce que vous vous identifiez à leurs besoins, à leurs aspirations ; vous partagez le même milieu social et la même vision du monde. Vous l’avez dit : « On va se retrouver avec les industriels dans des réseaux partenariaux naturels. »Il est naturel pour vous d’être en dialogue constant avec l’industrie. Vous ne travaillez pas pour la société, mais pour des sociétés. Renault, EADS, Orange ne sont pas la société, ce sont des sociétés. Aussi permettez-moi de conclure au fait que les demandes auxquelles vous répondez ne sont pas sociétales, mais commerciales.

    • Comment défendre la production électronique de masse aujourd’hui, alors que notre équipement actuel est déjà intenable du point de vue des ressources ? Celui d’il y a trente ou quarante ans l’était déjà ! Imaginez un instant que la chaîne de production de toute l’électronique que nous utilisons dans ce pays soit relocalisée en France – extraction, assemblage, déchets : resterait-il seulement de l’eau potable, des sols cultivables ?

      L’État a déjà organisé la commande publique pour créer une demande artificielle de robots d’assistance (comme il l’a fait avec l’informatique personnelle dans les années 1980 et la distribution gratuite de minitels) en équipant établissements scolaires, hôpitaux, etc. Dans ce monde-ci, on n’attend pas qu’une technologie soit au point pour la diffuser. Le problème insoluble des déchets nucléaires n’a pas empêché la construction de 58 réacteurs sur le sol national. La question est plutôt : qui va subir au quotidien les dysfonctionnements des multiples avatars du « robot-compagnon » ?

      #colonialisme #pollution

  • « Quand une grande part de la société est à la recherche de nouveaux modes de consommation, plus respectueux de l’environnement, plus éthiques aussi, qu’elle développe la culture du partage (des ressources, de la musique, du savoir...) alors que l’état abandonne l’écotaxe, soutient l’agriculture intensive au détriment des petites exploitations, et lutte contre toutes les innovations qui risqueraient de mettre à mal des rentes qui remontent au siècle passé (taxe copie privée étendue au "cloud", redevance audiovisuelle étendue aux "box", loi Thevenoud imposant 15mn d’attente aux VTC, et tant d’autres...). »

    http://blogs.mediapart.fr/blog/laurent-chemla/040915/la-fracture-temporelle

    #politique #France

  • Rance “loi rens.” : la fracture temporelle
    https://blogs.mediapart.fr/blog/laurent-chemla/040915/la-fracture-temporelle

    Cette fracture emporte avec elle tout ce que la société compte d’exclus et de vieilles haines rancies contre l’autre, quel qu’il soit, en les poussant à croire au bon vieux bouc émissaire (hier juif, aujourd’hui musulman) responsable de tous ses maux, à espérer qu’un retour à d’anciennes « valeurs » leur redonnera un pouvoir (qu’ils n’ont jamais eu) sur leur propre avenir. Source : via mediapart

  • Greece, the Sacrificial Lamb - The New York Times
    http://www.nytimes.com/2015/07/26/opinion/greece-the-sacrificial-lamb.html?smid=tw-share

    Joseph Stiglitz, avec quelques exemples, montre que “l’accord” néo-colonial Merkel-Hollande est destiné à détruire les petites entreprises grecques au profit des grandes firmes européennes et internationales :

    "Consider the case of milk. Greeks enjoy their fresh milk, produced locally and delivered quickly. But Dutch and other European milk producers would like to increase sales by having their milk, transported over long distances and far less fresh, appear to be just as fresh as the local product. In 2014 the troika forced Greece to drop the label “fresh” on its truly fresh milk and extend allowable shelf life. Now it is demanding the removal of the five-day shelf-life rule for pasteurized milk altogether. Under these conditions, large-scale producers believe they can trounce Greece’s small-scale producers.
    (...)
    Normally, the I.M.F. warns of the dangers of high taxation. Yet in Greece, the troika has insisted on high effective tax rates even at very low income levels. All recent Greek governments have recognized the importance of increasing tax revenues, but mistaken tax policy can help destroy an economy. In an economy where the financial system is not functioning well, where small- and medium-size enterprises can’t get access to credit, the troika is demanding that Greek firms, including mom and pop stores, pay all of their taxes ahead of time, at the beginning of the year, before they have earned it, before they even know what their income is going to be. The requirement is intended to reduce tax evasion, but in the circumstances in which Greece finds itself, it destroys small business and increases resentment of both the government and the troika.

    This requirement seems at odds, too, with another of the demands with which Greece has been confronted: that it eliminate its cross-border withholding tax, which is the withholding tax on money sent from Greece to foreign investors. Such withholding taxes are a feature of good tax systems in countries like Canada and are a critical part of tax collection. Evidently, it is less important to ensure that foreigners pay their taxes than that Greeks do.❞

    #fiscalité #Grèce #grande_distribution #industrie_agroalimentaire

  • Le troisième programme d’aide imposé à la Grèce dans la nuit du 12 au 13 juillet 2015 a été qualifié de « nouveau traité de Versailles » par l’ancien ministre des finances Yánis Varoufákis, lors du débat parlementaire précédant son adoption.

    Lire Yánis Varoufákis, « Un nouveau Traité de Versailles hante l’Europe » (14 juillet 2015), traduit en français par Dimitris Alexakis 
    https://blogs.mediapart.fr/blog/dimitris-alexakis/140715/yanis-varoufakis-un-nouveau-traite-de-versailles-hante-leurope

    Ce traité, signé le 28 juin 1919, fait l’objet d’un traitement très différent suivant les pays, explique le « Manuel d’histoire critique » du Monde diplomatique. Tandis que les manuels scolaires allemands insistent sur la dureté des sanctions infligées à Berlin, les livres de classe britanniques soulignent la position revancharde de la France ; en Russie, on retient surtout que la nouvelle République soviétique ne faisait pas partie des invités. Complémentaires, ces interprétations témoignent de l’influence de la mémoire nationale sur la construction du récit historique. [#st]

    « A Versailles, la guerre a perdu la paix », par Samuel Dumoulin
    http://www.monde-diplomatique.fr/communiques/150720.html

    http://zinc.mondediplo.net/messages/4862 via Le Monde diplomatique

  • L’accord entre la Grèce et ses partenaires de l’eurogroupe oublie l’essentiel
    https://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/130715/laccord-entre-la-grece-et-ses-partenaires-de-leurogroupe-oublie-less

    De quel essentiel s’agit-il ? D’aider la Grèce à se doter d’une administration informatisée sans laquelle les bonnes intentions de réforme resteront lettre morte.

    En France, dès 1998, le plan d’ #informatisation de l’administration lancé par le gouvernement Jospin rendait systématiques les acquis informatiques déjà en place dans les grands ministères : informatisation de la fiscalité, informatisation de la perception des impôts et autres recettes budgétaires, informatisation de la dépense publique, avec notamment une informatisation complète de la passation et de l’exécution des marchés publics, informatisation enfin de la préparation et de la gestion des budgets.

    Au plan administratif, la plupart des ministères disposaient déjà, depuis des décennies sinon depuis le Ier Empire, d’une administration efficace, bien contrôlée, notamment par l’Inspection des finances et la Cour des Comptes, aussi honnête que possible grace à un sens de l’intérêt public répandu à tous les niveaux et enseigné comme une bible à l’Ecole Nationale d’Administration..

    Merci au site automatesintelligents.com d’aider le gouvernement grec dans cette situation difficile.

    • Ce zigoto a récemment écrit un livre, le paradoxe de sapiens, qui est présenté ainsi :

      Le Paradoxe du Sapiens propose une réponse surprenante à une question qui nous concerne tous : pourquoi les humains, capables de réalisations extraordinaires dans tous les domaines, se montrent-ils incapables de prévenir les catastrophes - catastrophes qui sont pourtant prévues et annoncées ? La faute en est-elle au développement devenu incontrôlable des technologies ? Est-ce au contraire que l’homme est resté en profondeur ce qu’étaient sans doute ses lointains ancêtres : des chasseurs-cueilleurs prédateurs et belliqueux ?

      Le Paradoxe du Sapiens répond autrement à cette question. Le livre raconte, avec des arguments scientifiques à la portée de tous, une histoire extraordinaire : comment des générations d’êtres nouveaux, des primates étroitement associés à des outils, ont depuis quelque deux millions d’années pris possession de la Terre en la transformant radicalement. L’histoire s’accélère aujourd’hui avec l’évolution rapide des technologies - notamment celles de l’artificialisation des outils et du vivant - et la place grandissante qu’elles occupent.

      Ce phénomène est généralement mal compris. On perçoit bien l’évolution technologique mais très mal celle des humains qui sont ’en symbiose’ avec les techniques ; techniques qui nous transforment profondément, tout autant, si ce n’est plus, que nous les transformons. De plus, avec l’illusion que l’intelligence humaine est potentiellement toute puissante, on ne voit pas que la coévolution du vivant et de la technique relève de la logique darwinienne stricte, résumée par le principe du hasard et de la sélection.

      L’auteur ne prétend pas prédire l’avenir. Un effondrement des civilisations telles que nous les connaissons peut très bien survenir à échéance de quelques décennies, mais, à l’inverse, avec le développement des réseaux de la communication intelligente, ce qu’il nomme une hyper-science pourrait peut-être apparaître. Elle renforcerait, au profit d’humains de plus en plus « augmentés », les capacités d’action collective rationnelles encore trop dispersées. Ce sera peut-être là un des nouveaux paradoxes de l’Homo sapiens de demain, associé aux outils du futur, s’il survit aux crises actuelles.

      #transhumanisme ?

      Et voici la présentation qu’il fait de lui-même :

      Institut d’Etudes Politiques de Paris, DES de Droit Public et d’Economie Politique.

      Ecole Nationale d’Administration 1960-1962

      A consacré sa carrière administrative aux technologies de l’information, au Ministère de l’Economie et des Finances, à la Délégation Générale à la recherche Scientifique et Technique, ainsi qu’au niveau interministériel (Délégation à l’informatique 1967-1973, Comité Interministériel de l’informatique (CIIBA), 1984-1995.

      A créé en 1995 le site web Admiroutes (www.admiroutes.asso.fr), non-officiel et bénévole, pour la modernisation des services publics par Internet, ainsi que l’association de la Loi de 1901 Admiroutes, qu’il préside.

      Co-fondateur et co-président de l’Association Automates Intelligents et co-rédacteur en chef du site www.automatesintelligents.com

      Membre du bureau de l’Association Pan-Europe France