• Ce que l’on sait après l’incendie de l’usine #Lubrizol à #Rouen

    De nombreuses inconnues perdurent sur la nature et les effets des substances émises depuis jeudi par l’usine chimique dans la région de Rouen.

    Par Gary Dagorn , Léa Sanchez , Arthur Carpentier , Assma Maad et Séverine Maublanc Publié hier à 18h47, mis à jour hier à 20h59

    Jeudi 26 septembre, un violent incendie s’est déclaré à Rouen, au sein de l’usine chimique de l’entreprise américaine Lubrizol. Le feu s’est déclaré vers 2 h 40, dans un dépôt de produits conditionnés de type additifs pour lubrifiants, selon la direction de l’usine. En tout, l’incendie a mobilisé 240 pompiers de Seine-Maritime et des départements voisins, aidés de 50 véhicules. Plus de huit heures après l’embrasement, l’incendie a été maîtrisé, puis définitivement éteint vendredi matin.

    Depuis jeudi, l’incendie a dégagé un lourd et épais panache de fumée, provoquant des retombées de suie sur toute la zone nord-est de la ville et suscitant de nombreuses inquiétudes.

    Que fabrique l’usine Lubrizol ?

    Créé en 1954, le site de 14 hectares situé sur les bords de la Seine emploie actuellement 400 personnes, selon la préfecture de Seine-Maritime. Elle est la propriété du groupe chimique américain Lubrizol Corporation, qui appartient lui-même à Berkshire Hathaway, la holding de l’homme d’affaires américain Warren Buffett.

    L’usine fabrique et commercialise des additifs pour enrichir les huiles, des carburants et des peintures industrielles. Jusqu’en 2009, elle était classée #Seveso « seuil bas », jusqu’à ce que des analyses écotoxicologiques conduisent les services de l’Etat à la reclasser dans le « seuil haut ». En 2013, une émission de #mercaptan, un gaz nauséabond toxique, venant de l’usine avait été ressentie à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde jusqu’à Paris et en Angleterre.

    Combien d’habitants vivent près de l’usine ?

    A peine plus de trois kilomètres séparent l’usine Lubrizol du centre-ville historique de Rouen. Le site industriel, situé sur la rive gauche du fleuve, se situe au cœur d’un territoire très peuplé : la métropole Rouen-#Normandie compte 490 000 habitants, selon les données 2016 de l’Insee, et regroupe 71 communes. Douze d’entre elles, en plus de Rouen, ont été touchées par des mesures de confinement des maisons de retraite et de fermeture des établissements scolaires, ainsi que des crèches. Elles rassemblent environ 65 000 habitants, en plus des 110 000 de la capitale normande.

    Quelle est la #toxicité des produits qui se sont dégagés ?

    Le préfet a affirmé lors d’un point de situation, vendredi 27 septembre à la mi-journée, que les suies contenaient des « composants essentiellement liés à la combustion d’huile de produits finis, d’additifs chimiques pour huiles et d’#hydrocarbures, d’où d’ailleurs ces suies noires, grasses que nous constatons ».

    Le préfet a écarté, à plusieurs reprises, tout risque de « toxicité aiguë » dans l’air. Des seuils légaux de toxicité aiguë sont fixés par les autorités ministérielles pour chaque composé chimique.

    Le professeur André Picot, ancien directeur de l’unité prévention en risques chimiques au CNRS, explique dans Paris-Normandie que, sans connaître la « nature des produits », il est « extrêmement risqué d’avancer qu’il n’y a pas de toxicité aiguë ou, en tout cas, subaiguë, c’est-à-dire une toxicité non négligeable ». Selon lui, il ne faut, cependant, « pas systématiquement alarmer, tant qu’on ne connaît pas le degré de dangerosité des produits consumés ».

    Des produits radioactifs s’y trouvaient-ils ?

    Des internautes se sont inquiétés d’un tableau, réalisé par l’inspection des installations classées et datant de 2006, faisant état de la présence de substances « radioactives (utilisation, dépôt, stockage) sources scellées conformes », pour un volume de 6 882 mégabecquerels (MBq).

    Le préfet de Seine-Maritime a toutefois assuré, vendredi matin, « qu’il n’y avait pas de produits radioactifs » stockés sur le site. Cette #radioactivité s’explique, en fait, « par la présence de huit machines utilisées pour évaluer le niveau et la densité dans des bacs », explique Céline Reuter, responsable de l’unité d’expertise des sources à l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Ces appareils de mesure, répandus dans le secteur industriel, fonctionnent grâce à du césium 137, un élément radioactif scellé dans une double enveloppe métallique. « Aucune des sources n’a été touchée par l’incendie. On a fait une levée de doute. Il y a eu confirmation », précise Jean-Yves Lagalle, colonel des pompiers de Seine-Maritime.

    Des victimes ont-elles été recensées ?

    L’incendie n’a causé aucune victime directe. Sur les réseaux sociaux, des internautes ont fait part d’irritations ou encore de maux de tête. Vendredi à la mi-journée, Benoît Jardel, médecin du SAMU, a fait savoir que 51 personnes décrites comme « fragiles », « sensibles » ou ayant des pathologies respiratoires ont été examinées dans différents établissements de santé dans la journée de jeudi et dans la nuit suivante. Cinq d’entre elles, toutes des adultes, sont restées dans des services d’hospitalisation de courte durée.

    Pourquoi l’indice de qualité de l’#air a-t-il cessé d’être diffusé jeudi ?

    Jeudi 26 septembre, alors que l’incendie était en cours, de nombreux internautes se sont émus de l’arrêt de la diffusion de l’indice Atmo à Rouen. Cet indicateur journalier décrit la qualité de l’air dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants en se basant sur la mesure de dioxyde de soufre, d’ozone, de particules fines et de dioxyde d’azote. Mais son mode de calcul « ne prend en compte ni les odeurs ni les polluants atypiques émis lors d’accident », précise l’association régionale Atmo Normandie. En outre, l’organisme ne dispose pas de stations de mesure dans la zone vers laquelle s’est dirigé le panache de fumée et a donc décidé de suspendre, jeudi matin, la diffusion de cet indice en considérant qu’il n’était « pas représentatif de la situation » sans cesser pour autant de réaliser des mesures. Il a été remis en ligne vendredi 27 septembre dans la matinée. Atmo Normandie précise avoir mis en place « des mesures complémentaires dont l’analyse complexe ne peut être en temps réel, car faite en laboratoire de chimie ».

    Quels risques pour l’#agriculture et les milieux naturels ?

    Des retombées d’hydrocarbures ont été constatées à Rouen et ses environs, dans des jardins, propriétés agricoles ou encore sur des légumes. Selon la chambre d’agriculture de la Seine-Maritime, plusieurs agriculteurs et laiteries ont déjà tiré la sonnette d’alarme. A titre de précaution, le préfet de la Seine-Maritime a émis des recommandations spécifiques :

    – les éleveurs qui possèdent des animaux en plein air doivent « les rentrer et sécuriser leur abreuvement et leur alimentation en les plaçant sous abri ». Il est interdit de nourrir les bêtes avec des « aliments souillés » et il faut « faire pâturer les ruminants sur des pâtures saines ».

    – les agriculteurs ne doivent rien récolter « en l’attente de précisions ultérieures » et de ne pas chercher à nettoyer les champs impactés.

    – les riverains ne doivent pas consommer les produits de leurs jardins s’ils ne sont pas épluchés ou correctement lavés. « Un plan de surveillance renforcé sera mis en place, tant sur les denrées végétales que d’origine animale, pour garantir la parfaite salubrité des produits destinés à la consommation humaine. »

    Des inquiétudes demeurent sur une éventuelle pollution des nappes phréatiques. Le préfet a affirmé, vendredi, qu’il n’y avait « a priori » pas de risques les concernant. Mais l’association environnementale Robin des bois s’est interrogée sur les réseaux de l’usine « saturés » et le « risque de migration des hydrocarbures et autres déchets toxiques dans les nappes phréatiques ». L’association met en garde contre le lavage des voitures ou des maisons encrassées : « Si les gens nettoient ça au Kärcher, on va se retrouver avec des eaux polluées qui vont aboutir ou bien dans la Seine, ou bien dans la station d’épuration. »

    Quel a été le précédent incident dans cette usine ?

    En janvier 2013, un bac de dialkyldithiophosphate de zinc s’était décomposé, émettant du mercaptan, fortement odorant – c’est lui qui donne au gaz de ville son odeur spécifique – et toxique à très forte dose. Le panache du gaz s’était étendu de la Manche à l’Ile-de-France.

    La décomposition de ce produit chimique avait été causée par la température excessive et par un temps de séjour trop long dans le bac. Le traitement « trop tardif » de la décomposition opéré par les employés n’a pas permis de minimiser l’émission de mercaptan et l’a même favorisée. Toutefois, l’enquête publique avait ensuite noté que « les concentrations correspondant aux effets irréversibles n’avaient pas été atteintes dans l’environnement ». L’entreprise avait été condamnée en avril 2014 à une amende de 4 000 euros pour nuisance olfactive, mais le délit de mise en danger de la vie d’autrui avait alors été écarté.

    A la suite de l’incident, l’entreprise s’est engagée sur plusieurs années dans des travaux afin de réduire la probabilité de survenue d’événements de type « mercaptan » ou « autres émanations ». Le préfet a assuré jeudi que l’usine était « aux normes telle que nous l’avons vue en 2019 », en rappelant qu’« elle ne l’a pas toujours été » et qu’en 2017, « elle a fait l’objet d’une mise en demeure » en raison de « 17 manquements », puis que « la mise à niveau a été réalisée ».

    Que signifie le classement Seveso ?

    C’est le nom d’une directive européenne prise en 1982, six ans après l’émotion suscitée par la catastrophe écologique et sanitaire de l’usine chimique Icmesa, située sur la commune de Seveso, à une vingtaine de kilomètres au nord de Milan, en Italie. La directive incitait les pays européens « à se doter d’une politique commune en matière de prévention des risques industriels majeurs » et demandait « aux Etats et aux entreprises d’identifier les risques associés à certaines activités industrielles dangereuses et de prendre les mesures nécessaires pour y faire face . »

    Le dernier cadre de cette directive, Seveso 3 a été établi en 2012. Entrée en vigueur en 2015 en France, elle « introduit des normes plus strictes en matière d’inspection et renforce l’obligation d’information du public, du personnel et des exploitants des établissements voisins ».

    La directive Seveso distingue deux type d’installations (seuil haut et seuil bas) dont les mesures de sécurité et les procédures varient. Selon la base nationale des installations classées, la France compte 1 378 sites Seveso (634 en seuil bas et 744 en seuil haut) sur lesquels des études sont menées pour évaluer les risques et des plans de prévention des risques technologiques (PPRT) qui limitent l’urbanisation, sont mis en place. Le PPRT de Lubrizol avait été approuvé en 2014.

    Gary Dagorn , Léa Sanchez , Arthur Carpentier , Assma Maad et Séverine Maublanc

    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/09/27/ce-que-l-on-sait-au-lendemain-de-l-incendie-de-l-usine-lubrizol-a-rouen_6013

  • « GiletsJaunes » : les entreprises chiffrent leurs pertes avant la mobilisation de samedi Antoine Garbay - 29/11/2018 - Le Figaro
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/11/29/20002-20181129ARTFIG00295-gilets-jaunes-les-entreprises-chiffrent-leurs-per

    « Le mouvement des ‘gilets jaunes’ ne peut continuer dans cette voie de la menace et du blocus. Il serait suicidaire pour nos entreprises que le week-end prochain perpétue incivilités et entraves »
    François Pélissier, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Meurthe-et-Moselle

    Les « gilets jaunes » ont à nouveau prévu de descendre dans la rue samedi. Après les débordements de la semaine dernière et les blocages à rallonge, les acteurs de l’économie tirent la sonnette d’alarme.

    Alors que les « gilets jaunes » ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation samedi partout en France et sur les Champs-Élysées, le patronat s’inquiète. Lundi, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait annoncé des mesures de soutien aux entreprises affectées par le mouvement, notamment un étalement des échéances sociales et fiscales et des mesures de chômage partiel. Il avait promis que le gouvernement « ferait en sorte » d’assurer la liberté de commercer et de circuler. Il semble toutefois que ces annonces n’ont pas suffi à rassurer les représentants du secteur commercial.

    Ce jeudi, les membres du patronat reçus à Matignon ont en effet mis en garde contre l’impact économique du mouvement de grogne. « Quand les ‘gilets jaunes’ s’en prennent aux entreprises, clairement ils se trompent de cible et ils se tirent une balle dans le pied », a ainsi plaidé Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).
    Un troisième week-end de blocage serait « catastrophique » pour le commerce
    Dans un communiqué, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) affirme quant à elle qu’un troisième week-end de « blocage des magasins et des entrepôts » serait « catastrophique » pour le commerce. « Les blocages que notre pays connaît depuis désormais 12 jours ont eu des conséquences extrêmement négatives pour le commerce : magasins bloqués ou fermés, baisse de la fréquentation par les clients qui ne peuvent plus circuler, livraisons impossibles du fait du blocage des entrepôts, rupture sur de nombreux produits, sabotage des pompes à essence... », déplore la FCD.

    La fédération, qui regroupe la plupart des enseignes de la grande distribution, affirme que les ventes dans le secteur ont enregistré un « recul massif de 35% » le premier samedi de mobilisation, et de 20% au cours du week-end dernier, « sans espoir de report notamment pour les produits frais ». « Les conséquences en sont particulièrement lourdes pour nos clients qui ne peuvent plus faire leurs achats à la veille des fêtes, pour nos fournisseurs qui ne peuvent plus nous livrer, pour nos salariés empêchés de travailler et qui risquent d’en subir les conséquences financières ou sur leur emploi, et pour nos magasins, qui enregistrent de lourdes pertes », souligne la FCD. Elle demande aux pouvoirs publics « de tout faire pour que la liberté de circulation et l’accès à nos magasins et entrepôts soient totalement respectés. C’est un droit fondamental qui ne peut souffrir d’exception », souligne la fédération.
    Dans certains secteurs d’activité « les pertes de chiffre d’affaires oscillent entre 40 % et 80 %»
    De son côté, le Conseil du commerce de France (CDCF) déplore que « dans certains secteurs d’activité, comme le jouet ou l’équipement de la personne, les pertes de chiffre d’affaires oscillent entre 40% et 80% ». De plus, « dans le secteur alimentaire, des commerces de proximité, surtout en centre-ville, doivent fermer faute d’approvisionnement. Sans compter les pertes d’exploitation liées aux invendus de produits frais ». « La situation actuelle n’est pas tenable économiquement et socialement pour le commerce. Le mois de décembre est la période d’activité la plus importante de l’année pour tout le secteur. C’est aussi une période d’embauches pour renforcer les équipes dans les magasins et les entrepôts pour satisfaire les clients plus nombreux. Aujourd’hui, ces embauches sont suspendues. Certaines enseignes, notamment dans le secteur du bricolage et de la jardinerie, ont déjà dû mettre une partie de leurs équipes au chômage partiel », précise par ailleurs le président du CDCF, William Koeberlé.
    Entre 20.000 et 25.000 réservations annulées en décembre dans les hôtels franciliens
    L’hôtellerie n’est pas non plus épargnée. « Les images retransmises dans le monde entier ont entraîné un certain nombre de touristes à annuler leur voyage », souligne le cabinet MKG, expert du secteur hôtelier, dans un communiqué, évoquant « un manque à gagner sur le chiffre d’affaires des hôtels pouvant aller jusqu’à 20%, soit une estimation de 10 millions d’euros ». « Les événements du 24 novembre ont mis un « sérieux coup de frein au tourisme francilien », note MKG. Le cabinet estime entre 20.000 et 25.000 le nombre de nuitées annulées pour le mois de décembre, avec des pics durant les week-ends, notamment celui de la Saint-Sylvestre.

    Le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Meurthe-et-Moselle a également tiré la sonnette d’alarme ce jeudi sur les blocages des gilets jaunes dans le département, évoquant des « conséquences désastreuses » pour l’économie. « Le mouvement des ‘gilets jaunes’ ne peut continuer dans cette voie de la menace et du blocus. Il serait suicidaire pour nos entreprises que le week-end prochain perpétue incivilités et entraves », a prévenu François Pélissier, président de la Chambre depuis 2011, dans un communiqué. « Revendiquer des transformations de notre société et interpeller l’État est une chose, mais (...) on ne peut accepter des opérations irresponsables de blocage des approvisionnements et des accès à nos zones d’activités et commerciales », a estimé François Pélissier, évoquant un « sabotage en règle » du tissu économique.

    Selon la CCI, le chiffre d’affaires des grands et des petits commerces du département a reculé de « 60 à 80% pour certains » depuis le 17 novembre.

    #GiletsJaunes

  • Esclavage moderne : saisie de près d’un million d’euros chez les travailleuses missionnaires de Lisieux Stéphanie Potay - 14 Aout 2018 - France 3 Regions
    https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/esclavage-moderne-saisie-pres-million-euros-travailleus
    et aussi : https://www.vosgesmatin.fr/edition-de-la-plaine/2018/08/10/950-000-saisis-chez-les-missionnaires

    L’histoire a été révélée en 2014, les Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée ( TMI) travaillaient au mépris de tout droit social dans un réseau d’hôtellerie de pélerins . L’association qui gérait notamment celle du Sanctuaire de Lisieux vient de voir ses comptes saisis par la justice. 

    Dernier épisode judiciaire dans l’affaire de travail dissimulé chez les Travailleuses missionnaires de l’Immaculée, la saisie de 950 000 euros. Cette somme est une première estimation des arriérés de rémunérations et de cotisations auprès des organismes sociaux relatif à l’emploi " d’étrangers démunis d’une autorisation de travail" et de "recours à personne exerçant un travail dissimulé".

    Qui sont les victimes ?  
    Des femmes recrutées au Burkina Faso, à Wallis et Futuna ou encore aux Philippines, ces jeunes filles ont rejoint la famille missionnaire Donum Dei, créé en 1950 sous le nom des Travailleuses missionnaires de l’Immaculée. Elle fonde une grande partie de sa spiritualité sur la vie de Sainte-Thérèse-de Lisieux. Ces « vierges chrétiennes » sont motivées par un appel à la vie religieuse et une formation consacrée en Europe.

    Mais en fait, c’est dans plusieurs restaurants catholiques « L’Eau Vive » http://www.tourisme-marseille.com/fiche/restaurant-l-eau-vive-notre-dame-de-la-garde-marseille , une chaîne d’hôtellerie pour pèlerins, à Marseille, https://www.laprovence.com/article/edition-marseille/4708595/enquete-aux-pieds-de-la-bonne-mere.html Caen ou encore Lisieux https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/calvados/pays-auge/lisieux-suspectees-esclavage-moderne-travailleuses-miss qu’elles vont passer leur temps : elles y travaillent sans salaire, ni protection sociale parfois de 6h jusqu’à minuit. 

    Processus d’emprise et embarras de l’Eglise 
    En 2014, les dérives sectaires de ce groupe sont dénoncées dans un livre noir. Un processus d’emprise sur ces travailleuses missionnaires est décrit. 
    En 2015, une plainte est déposée par une membre de la communauté de Lisieux ( voir notre reportage de l’époque ci-dessous) pour exploitation d’une personne réduite en esclavage. 

    Reportage en 2015 par Catherine Berra : 
    https://www.youtube.com/watch?v=EP6razgXuGk


    En 2017, la convention qui liait le Sanctuaire de Lisieux à la Famille missionnaire n’est pas renouvelée, l’Eglise prend officieusement ses distances avec cette communauté.
    https://www.youtube.com/watch?v=jZJB21QNWP8

    Dossier hors norme
    Les Travailleuses missionnaires font l’objet de deux enquêtes : une enquête canonique, mandatée par le Vatican, qui concerne l’aspect spirituel de leur association et une enquête civile à propos des conditions de travail des travailleuses. L’association cherche à jouer sur le statut de communauté religieuse pour justifier que du fait de l’engagement spirituel de ses femmes, elles s’apparentent à des moniales et ne relèveraient pas de la justice ordinaire .

    Au Parquet d’Epinal, où l’ensemble des procédures sont regroupées pour accroître l’efficacité( celles de Lisieux, Marseille, Ars-sur-Formans), on rappelle que l’association en question est une association de fidèles laïques, en aucun cas un ordre religieux. 

    En novembre 2017, la responsable légale de l’association est mise en examen en tant que personne morale et dernièrement, la justice vient de saisir 950 000 euros comme l’indique nos confrères de Vosges matin https://www.vosgesmatin.fr/edition-de-la-plaine/2018/08/10/950-000-saisis-chez-les-missionnaires dans son édition du 10 août. Certaines de ces jeunes filles exerçaient dans le restaurant proche de la basilique de Domrémy, l ’association était en effet présente au restaurant « L’accueil du pèlerin », à Domrémy-la-Pucelle, juste à côté de la Basilique. 

    Au total, une dizaine de plaintes, pour esclavage moderne, ont été enregistrées auprès du parquet d’Epinal (Vosges), qui suit l’affaire. En attendant la fin de l’enquête, Vosges matin indique que les Travailleuses missionnaires de Domrémy ont quitté les Vosges pour Besançon.

    #esclavage #économie #Femmes #religion #eglise_catholique #Lisieux #pelerin.e.s #Marseille #Caen #secte #Ars-sur-Formans #Domrémy-la-Pucelle

    • Marseille : enquête au restaurant de Notre-Dame-la-Garde Delphine Tanguy - 10 Aout 2018 - La Provence
      https://www.laprovence.com/article/edition-marseille/4708595/enquete-aux-pieds-de-la-bonne-mere.html

      L’association des Travailleuses missionnaires, qui gère le restaurant L’Eau Vive, est mise en examen pour travail dissimulé.

      Sur #Tripadvisor, il obtient une note de 4 sur 5 : « sympathique », « excellent rapport qualité prix ». Avec son charme désuet et son panorama à couper le souffle, L’Eau Vive est toujours une adresse chérie des touristes visitant Notre-Dame de la Garde. De fait, cette cafétéria au menu à 13€ se niche précisément sous les jupes de la Bonne Mère, où la gèrent les Travailleuses missionnaires de l’Immaculée : ces « vierges chrétiennes » font partie de la Famille Donum Déi, rattachée au tiers ordre du Carmel.


      Travail sans salaire, ni protection sociale et papiers confisqués
      Des femmes recrutées très jeunes, en Afrique ou en Asie, pour servir dans les différents restaurants L’Eau vive en Europe. En 2014, La Provence avait révélé le rapport accablant de l’association Avref (aide aux victimes des dérives de mouvements religieux en Europe et à leurs familles), « Le livre noir des Travailleuses missionnaires de l’Immaculée » qui rassemblait des témoignages d’anciennes ayant fui l’association. Nous avions pu nous aussi les rencontrer : toutes décrivaient avoir travaillé des années sans salaire, ni protection sociale, leurs papiers confisqués, dans ces restaurants situés à Marseille, Lisieux, Caen, Ars, Besançon, etc.

      Six plaintes pour « traite d’êtres humains aux fins de travail forcé » avaient été déposées et appuyées par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), directement attachée aux services du Premier Ministre. C’est d’ailleurs Serge Blisko, président de la Miviludes, que nous avions entendu sur ce sujet « scandaleux et particulièrement sensible », qui avait défendu auprès du garde des Sceaux le principe d’un regroupement des plaintes « afin d’augmenter leurs chances d’aboutir ». En 2015, des enquêtes préliminaires avaient été ouvertes par plusieurs parquets en France dont celui de Marseille.

      Depuis, selon nos informations, les Travailleuses missionnaires avaient commencé à se mettre en conformité avec la loi, les femmes recevant par exemple les premières cartes Vitale de leur vie. Une visite canonique avait aussi été mandatée par Rome en 2016 : conduite par le dominicain Jean-Claude Lavigne, elle avait fait le tour des sites gérés par les TM. Car à Lisieux et Donrémyy, l’affaire avait jeté le trouble dans l’Église ; les évêques leur avaient même retiré la gestion de foyers. À Marseille, Mgr Pontier, à la tête de la Conférence des évêques de France, alerté depuis des années des soupçons pesant sur la gestion de L’Eau Vive, n’a jamais souhaité commenter l’affaire.

      Un dossier hors normes
      Que « les diocèses ouvrent enfin les yeux » est pourtant le souhait du Parquet d’Épinal auprès duquel l’ensemble des plaintes ont finalement été regroupées. « Les TM ne sont pas un ordre religieux mais bien une association, et à ce titre elles sont soumises au droit du travail », pointe Étienne Manteaux, le procureur. Au terme des investigations menées depuis 18 mois par l’office central en charge de la lutte contre le travail illégal, et closes cet été, la responsable des TM en France a été mise en examen, en tant que personne morale, le 9 novembre. « C’est un dossier hors normes, décrit le procureur, alors que l’instruction n’est pas encore clôturée. L’immense majorité de ces femmes se disent consentantes et satisfaites de leur sort. Mais le droit est le droit. » Des centaines ont bel et bien été employées depuis plus de 20 ans sans être payées ni déclarées. Un procès devrait s’ouvrir « avant l’été 2018 », escompte-t-on à Épinal.

      À nouveau contacté hier, Mgr Pontier garde le silence, tout comme la responsable de L’Eau Vive à Marseille. Quant au conseil de direction de la Famille Donum Déi, il indique, depuis Rome, que la comparution (de sa directrice française, ndlr) « est intervenue sur le seul délit de travail dissimulé à raison d’un débat technique tenant au statut administratif » des TM dans l’Hexagone. « Nous ne souhaitons pas fournir d’information complémentaire à cet égard », conclut-il.
      Et aussi Travail dissimulé à Marseille : l’Urssaf cible une vraie plaie sociale