Tipeee - Le Bouseux Magazine

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    Cette illustration a été publiée en juin 2017 et avait dépassé les 1000 partages. Il s’agit d’une parodie d’un montage viral à l’époque, celui-ci vantant l’image du haut avec une citation hors-contexte « on nique le système en construisant sans lui » au mépris de l’image du bas « on nique pas le système en voulant le détruire ». Une mise en opposition des bons blancs bourgeois-bohèmes qui peuvent se permettre d’avoir un terrain sans se faire dégager par des blindés et des lacrymos (les gentils) face à la vilaine racaille sans visage qui a tort d’exprimer sa colère contre un système qui lui chie à la gueule (les méchants). C’est fin, c’est subtil, c’est pertinent.

    Aujourd’hui, ce montage rediffusé va me permettre d’illustrer un point-de-vue sur la « consom’action », la consommation responsable. Déjà, je précise : je ne suis pas contre la responsabilisation individuelle. Tant mieux si vos choix évitent de participer à un système ou une partie de système estimés nocifs. Bien sûr que la consommation influe les modes de production. Mais un changement individuel de consommation ne fait que créer de nouvelles filières, et en modifier certaines. Or pour un changement global, il faudrait qu’on s’y mette tous. Dans les débats c’est l’argument récurrent « si on s’y met tous ça va marcher ». Mais peut-on tous s’y mettre ? Moi ça me fait penser aux lycéens qui disent « si personne va en cours le prof’ pourra pas tous nous punir », sauf que y’a tout le temps des jaunes pour aller en cours.

    C’est pas applicable. La responsabilisation individuelle ne peut devenir la norme à elle seule. Déjà parce que y’a des gens, juste ils vont pas changer. C’est mort. Même pour un truc basique genre « bon les gars, arrêtez de vous comporter comme des porcs avec les meufs », y’en a pour trouver que c’est faux, d’autres que c’est normal, et d’autres que c’est pas sympa pour les porcs. Alors comment voulez-vous convaincre une grande partie de la population de changer totalement son mode de consommation au détriment de son confort ? Parce que là c’est même pas la majorité qu’il faut convaincre. Même pas 90%, parce que le reste qui continue à foutre la merde suffit à pourrir tout le monde. Un peu comme si t’avais tout un village bien propre, bien responsable, bien écolo, bin il suffit d’un seul type qui balance du mercure dans la rivière pour que ce soit foutu.

    Alors bon courage pour que tout le monde s’y mette, entre :
    – ceux qui n’y croit pas
    – ceux qui comprennent pas
    – ceux qui ne sont pas d’accord
    – ceux qui relativisent (genre moi)
    – ceux qui se trouvent une bonne excuse
    – ceux qui ne peuvent pas
    – et ceux qui en ont rien à foutre

    Évidemment on me dit « mais moi j’en ai parlé dans mon entourage et ils ont changé leurs comportements » ouais okay c’est cool. Des gens de ton entourage. Avec qui tu as des liens, des affinités, des points communs. C’est facile ça. Maintenant va convaincre le gros beauf avec un 4x4 de penser à la planète. Va convaincre le vieux qui fout de l’herbicide partout parce qu’il a « toujours fait comme ça ». Va convaincre Trump.

    Pis en plus de cela, c’est même pas juste une question de savoir et de vouloir. C’est aussi une question de pouvoir. Comme dans l’illustration où l’exemple à suivre c’est le couple avec un potager pour être indépendant de l’industrie agro-alimentaire, faut l’avoir le potager. Pour une famille de 4 personnes, faut un potager de minimum 100m² hein. Faut les moyens, le temps, et la connaissance. Considérer que c’est un choix de vie envisageable, c’est un raisonnement de privilégié. Parce que l’ouvrier lambda dont la priorité est d’avoir assez d’argent pour finir le mois, il en a rien à foutre des orangs-outangs. Les banlieusards à 8 dans 25m² ils risquent pas d’avoir un crédit pour une baraque à la campagne. Là je parle pour cet exemple de s’approprier la production, mais le principe est le même pour la consommation. Moi les gens qui me prennent au 1er degré quand je parle des « vaccins à l’aluminium d’autisme » ou de « Jésus qui est né à Lourdes » alors que y’a marqué « magazine satirique » sur ma tronche, je leur fais pas confiance pour lire une étiquette hein.

    Pour finir, le coup du « on agit tous ensemble pour changer les choses » ça a déjà été théorisé hein.

    C’est pas nouveau.

    Ça s’appelle la grève générale.

    Et encore, la grève c’est limite même pas un mode d’action, vu que ça consiste à arrêter l’action de travailler. La grève, c’est changer les choses sans rien foutre. C’est génial putain. T’as même pas à te renseigner sur les conséquences de tes choix de vie au quotidien et dans tous les domaines, à choisir des produits qui sont moins nocifs que d’autres avec des comparaisons compliquées nécessitant un fort investissement en temps, en moyens, en culture.
    T’as juste à attendre que le système s’écroule avec des sandwichs-merguez et de la Kro.
    Bon faut pas que les usines de sandwich-merguez et de Kro fassent grève sinon le plan foire par manque de vivres.

    Malgré cela, malgré cette simplicité théorique de la grève générale, ça ne s’est vu que deux fois en France : en 1936 et 1968. Avec de nombreux succès mais sans l’impact révolutionnaire souhaité à l’origine pour cette méthode de lutte.
    Même une stratégie aussi simple que « les gens, et si on foutait rien ? » n’a pas eu le résultat escompté.
    Alors que c’est en gros le même principe que la « consom’action », à savoir « ne pas nourrir le système » mais avec une méthode on-ne-peut-plus accessible : ne rien foutre, tout le monde en est capable.

    Alors vraiment les gens là... Nan, c’est pas en arrêtant d’acheter du coca et en faisant pousser des patates que le système libéral va s’effondrer hein.

    Bande de bobos.

    Alex
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