• Des milliers d’Argentins se retirent des registres de baptême Mathilde Guillaume/fme - 21 Aout 2018 - RTS
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    De plus en plus d’Argentins réclament la séparation de l’Eglise et de l’Etat depuis le rejet de la légalisation de l’avortement. Les débats avaient été grandement influencés par l’Eglise et ont abouti à un rejet du texte.
    Dans le pays du pape à la tradition catholique très forte, il n’y a pas de séparation officielle de l’Eglise et de l’Etat et son influence se fait sentir à chaque débat de société.

    Un mouvement d’apostasie collective, c’est-à-dire la demande formelle de voir son nom retiré des registres de baptême, est en train de naître. Des milliers d’Argentins ne souhaitent plus que l’Eglise parle en leur nom.


    « Ce vote de l’Eglise est une honte, alors que des femmes continuent de mourir. Ils détournent les yeux du problème, comme ils le faisaient déjà durant la dernière dictature », affirme Nora Cortiñas, de l’association Mère de la place de Mai, l’unique organisation argentine de défense des droits humains composée exclusivement de femmes.

    Symbole de lutte
    Cette association des mères argentines dont les enfants ont « disparus » durant la dictature militaire organise une ronde hebdomadaire, symbole de la lutte pour les droits humains. Et cette cette semaine, Nora Cortiñas, figure de référence à 88 ans, à une annonce très spéciale à partager : "Je vais faire, comment ça s’appelle, mon apastadie… Apostasie ? Apostasie !

    Pourtant catholique pratiquante, Nora ne veut plus faire partie de l’Eglise. Le déclencheur de cette décision douloureuse pour elle est le vote contre l’avortement légal, sûr et gratuit, porté par l’institution religieuse.

    Comme elle, à Buenos Aires et dans le reste du pays, des milliers d’Argentins se sont rassemblés pour présenter collectivement leur demande de renonciation. Des milliers de formulaires ont été récoltés. Ne reste plus qu’à les présenter aux autorités religieuses pour finaliser l’opération.

    Secouer l’Argentine
    « Aujourd’hui plus que jamais, ceux qui ne sont pas d’accord pour que l’Etat soit lié à l’Eglise, devons nous faire entendre. Et ça, c’est une manière de le faire », explique Vanesa Fernandez, employée de bureau de 40 ans.

    Pour Sol Prieto sociologue spécialiste des liens entre religions et politique à l’Université de Buenos Aires (UBA), ce mouvement naissant pourrait bien secouer la société argentine : « On commence à parler dans les médias et ailleurs de laïcité, de séparation de l’Eglise et de l’Etat, de financement de l’Eglise… C’est encore un peu confus, mais il me semble que c’est le propre d’une question qui est juste en train de s’imposer dans l’agenda public pour la première fois. »

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