« Il est plus qu’irresponsable de laisser Rokhaya Diallo être insultée chaque jour »
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Rokhaya Diallo, militante antiraciste française, dérange. Pas un jour sans qu’elle soit victime de violentes attaques publiques. Y prennent part d’obscurs individus, des membres de l’association identitaire Le Printemps républicain et tout ce qu’Internet peut drainer de racistes. Leur haine de Rokhaya Diallo n’est pas surprenante au regard des causes qu’elle défend. Ce qui est en revanche curieux, c’est de voir des politiques, des intellectuels et d’autres acteurs du débat public français la lyncher médiatiquement dans une totale impunité.
En janvier 2015, l’éditorialiste Ivan Rioufol arracha des larmes à Rokhaya Diallo en l’accusant de sympathie avec les auteurs de l’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. La femme politique Nadine Morano (Les Républicains) la traita de « Française de papier chanceuse d’être née en France et non au Bénin » (un pays avec lequel elle n’a aucun lien). Récemment, l’essayiste et militante Fatiha Boudjahlat, dans un tweet ensuite supprimé, appela à son viol. Sans oublier une chroniqueuse de Sud Radio qui suggéra de livrer la militante au Ku Klux Klan.
Rokhaya Diallo a le courage d’assumer ses positions et, surtout, fait preuve d’une capacité de résistance admirable. Sa voix est utile à l’antiracisme moderne. S’il est compréhensible, voire nécessaire, d’avoir des désaccords avec elle, la haine qu’elle cristallise et qui se manifeste par un harcèlement permanent doit davantage interpeller les décideurs publics, les médias et les intellectuels en France.