La nuit des libraires : Témoignage d’un ancien libraire indépendant

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  • La nuit des libraires : Témoignage d’un ancien libraire indépendant - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
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    Même s’il se flatte de choisir en toute indépendance les livres qu’il va essayer de conseiller, le libraire indépendant est sous cette pression. À moins que sa librairie ne soit pensée comme devant lui coûter de l’argent au lieu d’en rapporter, il ne peut se permettre de mépriser les livres dont « on » parle s’il veut garder une clientèle plus étoffée qu’une poignée de lecteurs « exigeants ». Son indépendance est donc toute relative, conditionnée par ce compromis. Car ce « on » a des moyens marketing énormes que n’ont pas les petits éditeurs : budgets de pub considérables, attaché.e.s de presse efficaces, copinages dans les médias (voire carrément certains journalistes dans leur « écurie »), représentants commerciaux mordants, etc. Le poids de cet appareil explique que sur les presque 1 500 éditeurs existant en France, les 5 grands groupes (Hachette-Lagardère, Planeta-Editis, Madrigall-Gallimard, etc.) possédant environ 200 éditeurs réalisent à eux seuls 85% des ventes. Face à ce rouleau compresseur, la marge de manœuvre des libraires reste au final aléatoire : malgré l’imagerie que défendent certaines petites échoppes pour se distinguer des chaînes et autres gros « empileurs de livres », ce n’est pas la passion qui commande, mais la trésorerie.

    #livre #librairies #Amazon #culture