• Un dessin vieux de 73 000 ans trouvé dans une grotte sud-africaine
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    Des croisillons tracés à l’ocre et conservés sur une roche polie suggèrent une activité symbolique diversifiée d’« Homo sapiens », bien avant son arrivée en Europe.


    « Ce n’est pas la première représentation abstraite attribuable à la lignée humaine, puisqu’on a aussi observé des zigzags tracés sur un coquillage à Java, vieux de plus de 500 000 ans », note Francesco d’Errico (CNRS, université de Bordeaux), qui avait contribué à cette découverte annoncée en 2014. Il participe aussi aux fouilles de Blombos et cosigne l’article décrivant le nouveau dessin sud-africain dans Nature daté du 13 septembre. « Retrouver à Blombos de nouveaux croisillons, sur un autre support et résultant d’une autre technique, suggère que dans l’esprit des habitants de cette grotte, ces symboles signifiaient quelque chose », ajoute-t-il. Il fait le parallèle avec la croix chrétienne, qui elle aussi est un « signe incorporé dans divers supports matériels ».

    Signifiant culturel ou gribouillis impensé ? L’interprétation risque de faire débat. Mais si le sens de ces neuf lignes entrecroisées reste une énigme, leur conservation sur un petit fragment tient en soi du « miracle », insiste Francesco d’Errico. Trouvé par hasard parmi des fragments de pierre taillée, il a intrigué les fouilleurs de Blombos, qui l’ont soumis à de nombreux examens, et effectué de multiples reconstitutions. « Il a d’abord fallu montrer que ce n’était pas le résultat d’un processus naturel », raconte le chercheur. La conclusion des investigations, et notamment de l’observation au microscope confocal, qui permet d’obtenir des images de la surface en trois dimensions ? Le fragment de silcrète provient probablement d’une meule utilisée pour broyer l’ocre, polie par l’usage, et réutilisée pour accueillir une figure finement dessinée.