https://ehko.info

  • La réaction républicaine, le grand bond en arrière démocratique - Ehko
    https://ehko.info/france-la-reaction-republicaine-le-grand-bond-en-arriere-democratique

    La #dé-démocratisation, selon sa théoricienne Wendy Brown, consiste « à vider la démocratie de sa substance sans la supprimer formellement ». Plus précisément, elle est définie par le philosophe Étienne Balibar comme « à la fois la montée des mécanismes autoritaires et sécuritaires, la perte de légitimité et de représentativité des institutions parlementaires, et le déplacement des centres de pouvoir réel hors d’atteinte du contrôle et de l’initiative des citoyens ».

    Est-ce ce phénomène de dé-démocratisation que la France connaît avec le démantèlement feutré des lois fondatrices de la République, celles-là même qui se sont sédimentées à travers des siècles de luttes progressistes ? Toute une architecture de lois, qui ont assuré à la société civile une autonomie face à la puissance publique, est-elle ainsi patiemment démantelée, pièce par pièce ?

    L’ambiguïté, ou le hiatus, est que si dé-démocratisation il y a, elle se fait au nom de la défense de la République. En cela, elle est un mouvement réactionnaire que nous nommerons « réaction républicaine » ou hyper-républicanisme. Cette dé-démocratisation est portée par un courant intellectualo-politico-médiatique français qui, au nom de la « lutte contre l’extrémisme » (ou ses avatars sémantiques, « islamisme », « séparatisme », « communautarisme ») et de « la défense des valeurs de la république », développe un argumentaire contraire précisément aux idéaux défendus. En doublepensée (doublethink) théorisée par Orwell.

    Cette réaction se construit en France contre les personnes assimilées à une identité musulmane, les habitants des quartiers populaires, et déborde désormais plus largement contre tous ceux qui contestent cette vision.

  • « Houria Bouteldja #sorcière, ça arrange tout le monde » : interview de la fondatrice du Parti des #indigènes de la République - Ehko
    https://ehko.info/houria-bouteldja-sorciere-ca-arrange-tout-le-monde-interview-de-la-fondatrice

    Nous sommes devenus radioactifs car la résistance du champ politique blanc est à l’œuvre et ne s’est jamais arrêtée d’agir. Le système immunitaire blanc comme j’aime à l’appeler a mobilisé toutes ses défenses pour sauver les structures de sa #domination. Et la gauche n’est pas en reste. Il a fallu 15 ans pour nous isoler totalement, ce qui est quasiment un hommage que ces forces nous rendent car cela aurait pu être plus rapide. Il suffisait de nous acheter ou coopter, ce que personne n’a réussi à faire. Comme nous étions intègres, la seule solution devenait l’isolement par la radioactivité.

    Notre fréquentation devenait un coût à payer pour nos alliés. Et c’est ce qui s’est passé. Cela ne s’est pas fait sans complicité indigènes bien sûr mais ça c’est très banal. Depuis cette annonce, nous recevons des tonnes d’hommages et de témoignages de reconnaissance. Beaucoup se disent « orphelins », « sonnés ».

  • Au cœur de Paris, familles africaines mal logées et « permis de tuer » | Warda Mohamed
    https://ehko.info/au-coeur-de-paris-familles-africaines-mal-logees-et-permis-de-tuer

    Trois incendies ont fait environ 50* morts et des dizaines de blessés dans la capitale en 2005, tous d’origine africaine. Ces drames ont souligné les conditions indignes de vie au sein même de la capitale française et les difficultés rencontrées par une frange de la population pour accéder au logement, qui perdurent. L’Etat ne sera jamais condamné et Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur qui deviendra président, en profitera pour durcir la « lutte contre l’immigration ». Quinze ans plus tard, [Ehko] revient sur le sujet. Source : Ehko

  • Les islamistes ont-ils droit à la justice ? - Ehko
    https://ehko.info/les-islamistes-ont-ils-droit-a-la-justice

    Sissi bourreau des Egyptiens mais sauveur des Français ? La France, dont la diplomatie s’adapte aux opportunitéscommerciales, lui apporte depuis un soutien quasiment indéfectible

    Des soutiens de Morsi avaient décidé d’occuper la place Rabaa Al Adawiya dans le quartier cairote de Nasr city, situéenon loin du Mémorial au soldat inconnu où le président Sadate a été assassiné, avec des pro-révolution. Des hommes,des femmes, des enfants, réunis en famille pour réclamer le respect de leur vote et/ou dénoncer le pouvoir militaire.Le 14 août à l’aube et les deux jours suivants, la répression policière et militaire sur les places Rabaa et Nahda a faitprès de 1 000 morts en 24 heures d’après les ONG.Les témoignages, récits, photos, font état d’un carnage. D’une violence absolue de dirigeants d’un pays contre leurpropre population. Le point d’orgue d’une stratégie d’élimination des Frères musulmans, accusés par les dirigeants d’enêtre responsables, et d’une campagne d’intimidation pour empêcher toute contestation.Le général Abdelfattah Al Sissi, ministre de la Défense et Commandant en chef des Forces armées, était aux manettesdurant cette tuerie. Tout comme lors du massacre de coptes et de leurs soutiens en 2011, en tant que membre duConseil suprême des forces armées cette fois, dirigeant le pays suite au départ forcé d’Hosni Moubarak après 30 ans derègne. Il deviendra président après avoir promis qu’il ne se présenterait pas et à l’issue d’élections taillées sur mesurepour le faire triompher.

  • Ce nouvel article détaille les infos inédites obtenues par [Ehko], les faits du dossier et donne la parole à une avocate de la famille et à la soeur de la victime Ramata Dieng.
    Contactés, les ministères concernés n’ont pas répondu

    Violences policières sur Lamine Dieng : l’Etat français indemnisera la famille dans un geste inhabituel - Ehko
    https://ehko.info/violences-policieres-sur-lamine-dieng-letat-francais-indemnise-la-famille-dan


    https://seenthis.net/messages/861190#message861380

  • La honte. Treize ans après la mort de Lamine Dieng, l’Etat français passe un accord à l’amiable avec sa famille
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/06/15/treize-ans-apres-la-mort-de-lamine-dieng-l-etat-francais-passe-un-accord-a-l

    Après treize ans de procédure, le gouvernement français va verser 145 000 euros aux proches de Lamine Dieng, Franco-Sénégalais de 25 ans mort en 2007 dans un fourgon de police à Paris, a appris lundi 15 juin l’Agence France-presse (AFP) auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Ce versement va ainsi solder toutes les poursuites contre la France dans cette affaire.
    La justice française avait débouté les proches du jeune homme et ceux-ci avaient introduit une requête devant la CEDH en décembre 2017. Mais la cour de Strasbourg n’a pas eu à se pencher sur le fond de l’affaire : les parties ont en effet trouvé entre-temps un accord amiable, entériné le 14 mai. [...]

    Dans un communiqué, la famille de Lamine Dieng s’est réjouie de ce règlement, qui constitue pour elle « une victoire » :
    « Nous avons vécu treize années de combat contre le déni de justice, face à une institution qui nous a systématiquement refusé un procès pour les responsables de la mort de notre fils, frère, oncle. »

    Sa sœur Ramata Dieng, déçue par la position du président français, Emmanuel Macron, sur les violences policières, a appelé à manifester samedi après-midi à Paris, « place de la République, à 13 h 12, pour une marche autour du quartier de Ménilmontant où habite notre famille ».

    #Lamine_Dieng #mort_aux_mains_de_la_police #justice #police

    • Violences policières sur Lamine Dieng : l’Etat français indemnisera la famille dans un geste inhabituel
      https://ehko.info/violences-policieres-sur-lamine-dieng-letat-francais-indemnise-la-famille-dan

      Lamine Dieng, 25 ans, est mort en 2007 lors d’une intervention policière. [Ehko], qui a suivi de près ce dossier, a obtenu des informations inédites : la procédure de la famille Dieng auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) s’est conclue par un règlement à l’amiable entre la famille et l’Etat, qui lui versera une indemnité de 145 000 euros. Rappel des faits et interviews de l’avocate de la famille Nathalie Zoromé et de Ramata Dieng, soeur de Lamine pour qui « en versant cette somme, l’Etat reconnaît sa responsabilité » après 13 ans de démarches judiciaires.

  • En France, la race n’existe pas mais le racisme tue - Ehko - en france_ la race n’existe pas mais le racisme tue - ehko.pdf
    https://ehko.info/en-france-la-race-nexiste-pas-mais-le-racisme-tue

    En France, il est possible d’être souverainement raciste tout en affirmant, la main sur le cœur, que les races n’existentpas. La race n’existe pas et pourtant, pourtant le racisme pèse, blesse et tue. Comment ? Quel mystère et tour depasse-passe permettent cette double affirmation qui semble si peu miscible en théorie ? Car à la fin, comment peut-onsubir le racisme si n’a pas été accolé sur soi, contre soi, malgré soi, toute une catégorisation mentale et sociale qui posefondamentalement une division en hiérarchie de l’humanité ? Seulement voilà, la race n’a pas bonne presse en France.La faute à l’usage qui en fut fait pour dominer et parceller le monde, jusqu’à l’acmé de cendres du génocide juif au cœurmême de l’Europe. Depuis la race n’existe pas en France. Biffée des textes fondamentaux, reléguée aux musée deshorreurs de l’Histoire.Revenons aux mots qui peuvent attraper, par tous les bouts qui font sens, l’impensé. L’impensable aussi. Qu’est-cequ’un peuple ? Si on s’en tient à l’étymologie, voilà le Populus latin. Simple, trop simple. Le grec complexifie le mot pourmieux en faire dégorger les modalités d’appartenance au populos latin. Voici d’abord le démos, le peuple politique. Puisle genos, le peuple « né » qui a une commune origine. Enfin l’ethnos, le peuple qui a des coutumes et une culturecommune. Autrement dit trois modalités d’appartenance à un corps social : la citoyenneté, la nationalité et l’identité. En France, tout a été unifié sous le principe universaliste de citoyenneté. Mais hypothèse à dévider : un glissements’est fait pour encoder dans l’ethnos tout l’imaginaire et théorisation inégalitaire attachés jusque-là au genos.Autrement dit, jusqu’à la Seconde guerre mondiale, l’inégalité des races se « prouvait » à coup d’étudesanthropologiques approximatives, taxonomie obsessionnelle et mesures du corps physique de l’homme jugé inférieur.Par la suite, cette même inégalité supposée a été nourrie par des théories tout aussi vaseuses sur la culture, les mœurs,la prétendue supériorité ou infériorité de cultures humaines. C’est le corps social, auquel l’homme dit racisé était censéappartenir, qui était jugé comme portant les stigmates de son infériorité naturelle, naturalisée. Du biologisme auculturalisme, la race s’entêta. Et avec elle, le racisme.Se devine dès lors l’impasse. Le sens-interdit aussi. La race n’existe pas mais ceux qui la subissent sont accusés de lacréer en la dénonçant. Donc en la nommant. La race n’est dès lors pas saisie comme cause mais plutôt commeconséquence. Elle n’est pas comprise dans sa dimension éthologique (comportements, actions) mais dans sa dimensiontéléologique (comme finalité). En ce sens, la nier revient précisément à la perpétuer. Et là se crée l’insupportablerenversement qui fait de la victime la coupable et la responsable du racisme qui la frappe. Et là s’impose l’intenablesilence autour de la réalité.

  • La France est-elle « en guerre » seulement contre le coronavirus ? - Ehko
    https://ehko.info/france-en-guerre-contre-le-coronavirus

    La gestion de la crise est également venue rappeler les lourdes responsabilités qui pèsent sur un président de la République et son gouvernement. Emmanuel Macron et le gouvernement d’Edouard Philippe naviguent à vue, lançant des informations au jour le jour dans les médias, ces fuites orchestrées permettant de jauger les réactions : recours à l’état d’urgence pas envisagé puis mis en place, possible recours à l’article 16 de la Constitution qui octroie des pouvoirs exceptionnels au président, couvre-feu, dissolution de l’Assemblée nationale, gouvernement d’union nationale...D’autres annonces font planer une menace grandissante sur les droits des individus dans leur ensemble, du respect des libertés à celles des conditions de travail.Après cette guerre contre le coronavirus, comment le pouvoir gèrera-t-il la demande des citoyens, associations et autres acteurs de rendre des comptes sur la gestion de la crise ?

    Tandis qu’une partie de la population découvre des mesures restrictives jusqu’ici réservées aux habitants des quartiers populaires, DOM-TOM ou aux musulmans, l’après pourrait donner lieu à une répression de grande ampleur, pour « rétablir l’ordre » dans une société de plus en plus contrôlée face à un « ennemi intérieur » sous prétexte de guerresanitaire. Il s’agira alors de diviser la population, alors qu’une partie recourt déjà à la délation ou continue de justifier les violences de l’institution policière, se pensant protégée. Mais elle ne le sera pas nécessairement.

    • A Emmanuel Macron qui « pense que toutes celles et ceux qui cherchent déjà à faire des procès alors que nous n’avons pas gagné la guerre sont irresponsables », l’avocat Arié Alimi[1] répond en détails sur Dalloz.fr</a> sur le caractère opportun de prévoir des actions en justice, et ce en temps de crise, d’autant que la France est durement touchée et dépourvue de moyens. « La question se résume à savoir si les décideurs publics avaient connaissance du risque encouru [...] et s’ils ont pris en connaissance de cause la décision de ne pas prendre les mesures nécessaires à la protection de la population et des soignants. » Pour l’avocat, il sera alors question de se demander si la décision résulte de « la négligence ou l’idéologie », il pointe « l’attitude ambiguë du gouvernement et sa communication malheureuse tendant à poursuivre toute activité économique même non indispensable [...] alors même qu’elle était de nature à contribuer à diffuser le virus, la décision de ne pas renouveler les stocks stratégiques de masques, [...] de prétendre que le port du masque était inutile, la décision de ne pas fabriquer ou acheter des tests en contradiction avec les recommandations de l’OMS [...], le maintien du premier tour des élections municipales, la carence dans la fourniture de tous matériels de protection aux soignants hospitaliers ou libéraux, dont certains ont été contaminés et sont décédés ». Il prévient : « La décision d’ouverture d’une instruction [...] sera longue et ne pourra résulter que de la pression de l’opinion publique [...] ». Cas d’école, « le grand scandale sanitaire dit « du sang contaminé » a donné lieu à un arrêt de la Cour de justice de la République du 9 mars 1999 [Ndlr. Près de 20 ans après le début des contaminations], dans lequel la Cour a reconnu coupable Edmond Hervé, secrétaire d’État à la Santé, des délits d’atteinte involontaire à la vie et d’atteinte involontaire à l’intégrité physique [...]. » Et conclut « La justice qui s’inscrit dans l’état de droit que nous imaginons ne saurait fermer les yeux sur ces milliers de morts et de contaminés qui auraient pu être évités. Dans le cas contraire, l’état d’exception que constitue l’état d’urgence sanitaire aura eu raison de l’état de droit [...]. »

      [1] https://www.dalloz-actualite.fr/node/responsabilite-des-decideurs-publics-en-periode-de-crise-sanitaire

  • Un texte excellent sur la Résolution contre l’antisionisme, qui, par sa forme, ne pourra pas être soumise au Conseil Constitutionnel (risque d’y être refusée car notre Constitution est universaliste) mais pourra perfuser dans la société.

    Cette résolution s’inscrit dans l’attaque mondiale d’Israël contre toutes les actions anticoloniales humanistes et antiracistes comme le BDS.

    https://ehko.info/antisemitisme-antisionisme-dangereuse-israelisation-des-debats-politiques-en-

    #assemblée-nationale infiltration-israélienne-dans-les-institutions #LREM #Cedric-Villani #Benjamin-Griveaux #sionisme #antisémitisme

  • 30 ans après "la 1ère affaire du #voile, 1989 reste présentée comme l’année inaugurale des controverses sur l’#islam en #France. C’est faux : le « problème musulman » a été construit bien avant

    Monde du travail : l’islam plébiscité puis diabolisé - Ehko
    https://ehko.info/le-monde-du-travail-lislam-et-les-luttes-sociales
    https://www.youtube.com/watch?time_continue=402&v=7buhIIY4DUE

    « La venue de travailleurs nords-africains en France commence à la fin du 19e siècle » notent René Mouriaux etCatherine Wihtol de Wenden dans l’article « Syndicalisme français et islam » (« Revue française de science politique »,Science Po University Press, 1987). Dans le livre de référence L’islam imaginaire. La construction médiatique del’islamophobie en France, 1975-2005 (La Découverte, 2008), le journaliste Thomas Deltombe analyse en détails letraitement politique et médiatique des grèves de ces travailleurs et l’instrumentalisation de leur religion, l’islam.« Dans les années 1970, l’islam est [...] perçu dans le monde du travail comme un excellent outil de régulation sociale.L’industrie automobile, grande utilisatrice de main d’oeuvre étrangère, s’équipe de mosquées dès 1976, suite à unprocessus de surenchère entre les syndicats, qui voient dans la religion un moyen de mobiliser les OS [Ndlr. Ouvriersspécialisés] immigrés, et le patronat, qui instrumentalise les imams-ouvriers en les incitant à prêcher la paix sociale[...]. Le 14 mars 1976, dans un discours devant les musulmans d’Evry, le secrétaire d’État aux Travailleurs immigrésPaul Dijoud propose d’intégrer davantage l’islam dans la société française [...] le patronat est incité à faciliterl’expression de la religion musulmane dans les entreprises [...]. » Pour Thomas Deltombe, « il est toujours intéressantde souligner ce que les médias choisissent de rendre visible » : « traitant les immigrés comme des êtres dociles etassistés, les reportages ne montrent jamais, avant 1979, la religion comme un vecteur possible de revendications[...]. » Pourtant la religion est bel et bien présente dans l’entreprise, et ce depuis plusieurs décennies. L’historienVincent Gay relate par exemple dans l’article « Grèves saintes ou grèves ouvrières ? Le ‘’problème musulman’’ dansles conflits de l’automobile, 1982-1983 » (revue Genèses, Belin, 2015) que « L’historien Jean-Baptiste Garache relèvela présence d’un imam dans les usines Renault lors de l’enterrement d’un ouvrier en 1933 ; l’ethnologue NoëlleGérôme souligne qu’en 1948 à la SNECMA de Gennevilliers, le comité d’entreprise permet le déblocage de certainesdenrées contingentées afin que les travailleurs musulmans puissent célébrer la fête de l’aïd. [...] La presse del’entreprise rend même hommage aux salariés partis à La Mecque faire leur pèlerinage ». Thomas Deltombe rappelled’ailleurs que « la France ne s’est pas toujours considérée comme étrangère à l’islam. [...] Au temps des colonies, ellese rêvait »puissance musulmane ». » Mais elle opère un basculement.

  • Ramata Dieng : « Les violences policières sont un problème de société » | Warda Mohamed
    https://ehko.info/ramata-dieng-les-violences-policieres-sont-un-probleme-de-societe

    Le 17 juin 2007, Lamine Dieng est mort dans un fourgon de police, à Paris. Dix ans après, le collectif Cases Rebelles réalisait le documentaire intimiste : « Dire à Lamine », qui sera prochainement disponible en DVD. [Ehko] l’a vu et a interviewé Ramata Dieng, qui donne des nouvelles de la procédure judiciaires en cours, ainsi que M.L. de Cases Rebelles. Source : Ehko

  • Si vous ne deviez lire qu’un seul article aujourd’hui :

    Violences policières : Sihame Assbague, une « lanceuse d’alerte » invisibilisée ?

    « Et cette rigueur, c’est même pas une rigueur journalistique, c’est une rigueur militante. Parce qu’on ne blague pas avec les histoires de violences policières. Et parce qu’on ne veut pas que nos erreurs aient une quelconque répercussion sur ce combat. Alors, on prend le temps. »

    Interview sur Ehko : https://ehko.info/interview-de-sihame-assbague-une-lanceuse-dalerte-invisibilisee #racisme #violencespolicieres

  • Attentats en Nouvelle-Zélande : une réflexion sur la piste idéologique française - Ehko
    https://ehko.info/nouvelle-zelande-une-reflexion-sur-la-piste-ideologique-francaise

    « L’idéologie fasciste constitue, en France, un phénomène de loin plus diffus que le cadre restreint etfinalement peu important des adhérents aux groupuscules qui s’affublent de ce titre. [...] Les ennemis les plus dangereux de la culture politique dominante se trouvent du côté des intellectuels dissidents et révoltés : du côté de la nouvelle droite et de la nouvelle gauche. [...] C’est ce qui permet à un grand nombre d’intellectuels d’être fascistes sans le savoir [...]. Cependant, c’est à beaucoup d’égards de cette large diffusion d’idées qui, à force d’être reprises et répétées à satiété, sont devenues des idées reçues que le fascisme tient son rayonnement.Ainsi, seul un environnement favorable a permis la diffusion de l’idée fasciste. Les fascistes purs furent toujours peunombreux et leurs forces dispersées. »Il écrira de nouveau en 1986, dans Naissance de l’idéologie fasciste « La France du nationalisme intégral, de la droiterévolutionnaire, est le véritable berceau du fascisme »

  • La France n’en finit pas de découvrir les violences policières
    https://ehko.info/la-france-nen-finit-pas-de-decouvrir-les-violences-policieres

    [Juste qu’ici tout allait bien] pour une partie de la France volontairement « aveugle » aux violences policières. Elle les voit actuellement. La dernière fois, c’était lors des manifestations contre la « Loi travail ». Leur particularité : la police visait des individus qui ne sont habituellement pas sa cible et faisait démonstration de sa force au coeur de Paris. De nouveau, lors des manifestations de « Gilets jaunes » qui se déroulent non pas selon le parcours classique Nation ou Bastille-République mais dans des lieux où la contestation n’a en principe pas sa place, la répression policière a été pointée. Mais ces violences ne sont pas des bavures, ni l’expression d’une « benallisation des forces de l’ordre », il s’agit de l’illustration parfaite de ce qui est attendu de la police républicaine. Dans le (...)

    • Le site semble avoir des difficultés à charger sa page, voici le contenu :
      <p><strong>[Juste qu’ici tout allait bien]</strong> pour une partie de la France volontairement « aveugle » aux violences policières. Elle les voit actuellement. La dernière fois, c’était lors des manifestations contre la « Loi travail ». Leur particularité : la police visait des individus qui ne sont habituellement pas sa cible et faisait démonstration de sa force au coeur de Paris. De nouveau, lors des manifestations de « Gilets jaunes » qui se déroulent non pas selon le parcours classique Nation ou Bastille-République mais dans des lieux où la contestation n’a en principe pas sa place, la répression policière a été pointée. Mais ces violences ne sont pas des bavures, ni l’expression d’une « benallisation des forces de l’ordre », il s’agit de l’illustration parfaite de ce qui est attendu de la police républicaine. Dans le système politique actuellement en place, le rôle des bien nommées « force de l’ordre » est de garantir l’ordre établi et la protection des intérêts des entités et groupes au pouvoir. Parler de bavures, débordements, dérives, c’est méconnaître ce rôle dévolu à la police.</p>
      <p>Alors, les ministres de l’Intérieur protègent ceux qui appliquent leur politique, y compris de la manière la plus brutale. Avant Christophe Castaner, Nicolas Sarkozy l’avait fait. Juste après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, 17 et 15 ans, en 2005 dans un transformateur électrique, alors qu’ils étaient poursuivis par des policiers. Ces décès, qui ont marqué une partie de la population, ont été le départ de semaines de révoltes dans les quartiers populaires. Le ras-le-bol y explosait. Mais Zyed et Bouna étaient et restent présentés comme forcément coupables, comme toutes les victimes de violences policières de ces quartiers. Que des études d’institutions sérieuses prouvent le risque accru de contrôles et violences policières sur les hommes, noirs et arabes, de quartiers populaires, ne fait pas réagir. Dans leur grande majorité et systématiquement, les médias reprennent sans aucun recul <a href="https://sanstransition.tumblr.com/post/154500110841/les-bavures-polici%C3%A8res-en-10-le%C3%A7ons.">les propos du ministre de l’Intérieur et les déclarations policières</a>.</p>
      <p>Les deux adolescents ne seront pas les dernières victimes de violences policières en France. Selon les collectifs mobilisés sur ces questions, la police ferait 10 à 15 morts par an « des Noirs et des Arabes de 7 à 77 ans » pour reprendre les conclusions d’une étude du média <a href="https://sanstransition.tumblr.com/post/131276973351/la-police-r%C3%A9publicaine-fran%C3%A7aise-tue-des-arabes">Bastamaga> qui porte sur plus de 50 ans. En 2015, ce sera au tour d’Adama Traoré de mourir dans un commissariat. C’est ni plus ni moins qu’une affaire d’État. Lors d’un match de football en juillet 2018, des participants s’étaient émus de la présence de blindés de l’armée sur place. Ces blindés ont été aussi déployés dans des « départements et territoires d’Outre-Mer » durant des révoltes sociales, contre « la vie chère » notamment. Justement, c’est bien dans les quartiers populaires et ces territoires qu’ont été expérimentées « les méthodes de maintien de l’ordre » et avant, dans les territoires colonisés par la France – l’Algérie en tête, comme l’explique le chercheur indépendant et docteur en sociologie Mathieu Rigouste, qui a aussi établi le lien entre la gestion sécuritaire des quartiers populaire et l’ordre colonial, dont nous reproduisons l’intégralité d’une interview ci-dessous.</p>
      <p>C’est quasi mécanique, quand un Etat porte atteinte aux droits d’un groupe &#8211; surtout minorisé et vulnérable &#8211; et que le reste de la population ne réagit pas, il finit tôt ou tard par appliquer cette politique sur l’ensemble de la population.</p>
      <p>Zyed et Bouna, comme les personnes perquisitionnées après la vague d’attentat de 2015 étaient vus comme coupables, dans un « Etat de droit », où la peine de mort a été abolie, comme le sont désormais les Gilets jaunes ou le fut Rémi Fraisse – à ceci près, et la différence est fondamentale, que les premiers sont ciblés pour ce qu’ils<em> sont</em> et les autres pour ce qu’ils <em>font</em>.</p>
      <p>Mais ces violences ne sont pas prêt de cesser : si l’image de la police et de la gendarmerie qui forment les forces de maintien de l’ordre d’autres pays se fissure, un objectif demeure, énoncé lors d’une conférence au 20e salon Milipol « de la sécurité intérieure des Etats » : la France veut « devenir leader européen » voire « mondial » dans plusieurs domaines de la sécurité. « L&#8217;objectif est de doubler le chiffre d’affaires de la filière ». Ainsi, le gouvernement ne s’y est pas trompé en octroyant une prime aux policiers, maillon indispensable à la garantie du pouvoir et la mise en place de sa politique mais qui pourrait faiblir et le lâcher, dans un contexte de tension constante et d’état d’urgence.</p>
      <p><span><strong>Warda Mohamed</strong></span></p>
      <p> </p>
      <p><strong>[La questions des violences policières]</strong>, avec le mouvement des Gilets jaunes, a semblé surgir soudain, comme sans précédent. Une anomalie, une brisure dans le ciel sécuritaire républicain et serein. Pourtant, des signes avant-coureurs étaient là pour alerter. Et ces violences ne sont que l’indice d’une militarisation de la gestion de l’ordre, social, économique, politique. Alarmisme ? Exagération ? L’état d’urgence, et sa durée anormalement longue de deux ans, illustre pourtant ce tropisme sécuritaire. D’abord s’est constatée, durant l’application de ce régime dérogatoire, une utilisation opportuniste contre des militants écologistes ou les mouvements sociaux. Puis certaines mesures de ce régime ont été, avec la loi dite <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2017/10/30/INTX1716370L/jo/texte">SILTa> (loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme) , introduites dans le droit commun. L’inscription dans le droit commun de certaines mesures de l’état d’urgence a, en dehors de toute situation de terrorisme ou de danger pour la nation, offert aux pouvoirs publics une formidable machine coercitive contre tout mouvement social ou contestataire. Loi travail et loi de lutte contre le terrorisme seront votées en quasi-concomitance. Tandis qu’on prétend vouloir simplement « désépaissir » le code du travail, on épaissit, dans le mouvement inverse, le code pénal. Vases législatifs communicants qui ne sont en rien anodins.</p>
      <p>L’état d’urgence a interrogé, de façon presque automatique, les rapports structurels qu’entretiennent la violence d’État, la militarisation de la police, la mondialisation de la question du terrorisme et la gestion intérieure des populations, notamment dans les quartiers populaires. L’état d’urgence a-t-il été un laboratoire qui aura permis à l’État de tester in vivo des mesures de police administratives restrictives de libertés, bien au-delà de ce que la menace terroriste nécessitait ? Autrement dit, peut-on considérer que l’état d’urgence, tel qu’il a été prorogé quasiment pendant deux ans, ait pu servir dans un premier temps de ballon d’essai ou mise en application in vivo, en ingénierie humaine, de mesures dérogatoires ? Parce que cet état d’exception a été présenté comme une réponse à une situation exceptionnelle, qu’il a semblé provisoire dans sa durée et son ampleur, ses mesures extrêmement dérogatoires n’ont pas inquiété, en dehors de certaines ONG ou juristes. Puis, ne nous leurrons pas, pour la quasi-totalité de la population française, l’état d’urgence a été invisible, à part la présence « rassurante » de soldats lourdement armés dans les rues. Le fait qu’il ait été circonscrit majoritairement à une population musulmane, populaire, vivant déjà en périphérie sociale, économique et géographique, du reste de la population, a joué dans cette acceptation passive et reconnaissante de cet état d’urgence.</p>
      <p>L’esprit de l’état d’urgence, fait de logique de suspicion et d’ordre sécuritaire a contaminé la gestion de l’ordre. Moins protéger et mieux punir…<br />
      La « militarisation » de la gestion des mouvements sociaux se devinait dès 2008, dans le Livre blanc de la Défense. Le concept classique de « Défense nationale » y semblait lié, de façon étonnante, à la notion de « sécurité nationale ». Si cette « militarisation » intérieure s’installe, la frontière pourtant nécessaire entre défense nationale et sécurité intérieure risque de n’être plus que théorique. Un fil ténu auquel sont suspendues les libertés et droits de l’homme et tout le fragile édifice de l’État de droit. La militarisation de la gestion des mouvements sociaux, c’est aussi un monde où les exo-guerres (guerres extérieures contre des populations étrangères) se coupleront avec des endo-guerres (guerres à l’intérieur contre sa propre population). La frontière ne sera plus garante de rien, ni limite, ni protection, ni sanctuarisation.</p>
      <p>Parmi les voix qui ont alerté et alertent encore, celle de Mathieu Rigouste, chercheur indépendant, docteur en sociologie et militant anti-sécuritaire. Auteur de nombreux ouvrages, dont <em>L’Ennemi intérieur</em>.<em> La généalogie coloniale et militaire de l’ordre sécuritaire dans la France contemporaine</em> (La Découverte, 2009) ou encore <em>La Domination policière : une violence industrielle</em> (La Fabrique, 2012), il a également analysé dans son dernier ouvrage, <em>État d’urgence et business de la sécurité</em> (Niet, 2016), comment l’état d’urgence s’intègre dans une logique de gestion des populations jugées dangereuses et de capitalisme sécuritaire. Avec son aimable autorisation, nous reproduisons l’interview publiée dans le livre <em>L’état d’urgence (permanent)</em> (<a href="http://www.meltingbook.com/book-letat-durgence-permanent/">Editions Meltingbook, avril 2018, Hassina Mechaï, Sihem Zine</a>). Cette interview explique parfaitement les mécanismes qui ont mené à la gestion sécuritaire des mouvements sociaux, dont la répression du mouvement des « Gilets jaunes » a été l’illustration.</p>
      <p><span><strong>Hassina Mechaï</strong></span></p>
      <p><strong>[Ehko]</strong> compte bien travailler sur ces questions éminemment préoccupantes.</p>
      <p><span><strong>L’état d’urgence a-t-il pu servir de laboratoire in vivo de stratégie contre-insurrectionnelle, cantonné à une partie seulement de la population, avant son élargissement visiblement prévu par son inscription dans le droit commun ?</strong></span></p>
      <p>Le capitalisme a dû se restructurer face aux crises qu’il provoque. D’abord soupape, la marchandisation de la « guerre intérieure » est devenue pour lui un moyen de survie. Et, parce qu’il bénéficie de l’expérience de la gestion des territoires colonisés où il a pu développer des formes de contrôle et d’exploitation, l’impérialisme français peut l’appliquer également dans des zones intérieures, « endocoloniales », comme les quartiers populaires.<br />
      L’état d’urgence a eu une double fonction de laboratoire et de vitrine. La fonction de laboratoire a permis d’expérimenter une forme d’état d’urgence sur une longue période. Du coup, d’éprouver aussi les modalités d’une guerre intérieure. Cela a permis de faire de l’état d’urgence une vitrine pour montrer un savoir-faire français dans la guerre intérieure et la contre-insurrection. Cela permet de générer des contrats dans les marchés de la sécurité, marchés qui ne concernent pas que du matériel mais également des formations, de doctrine, de conseil et d’audit en sécurisation.<br />
      Dans la dimension de laboratoire, s’est joué également une chose très importante, que j’appelle une forme de « militarisation rhéostatique ».</p>
      <p>Le nouveau modèle de militarisation du territoire devient capable d’être en permanence nivelé, en fonction des besoins de contrôle social des classes dominantes. Comme avec le rhéostat d’un radiateur : alterner, en fonction des nécessités, des dispositifs adaptés à la guerre classique, la guerre de basse intensité, le contrôle des foules, le maintien de l’ordre ou la police quotidienne… Il s’est joué cela à travers Sentinelle et la création des nouvelles réserves de l’armée. Une possibilité de militariser instantanément le territoire et de régler le taux de militarisation en fonction de la menace perçue, désignée, établi par l’état-major. On peut ainsi envisager une militarisation sectorielle, celle des quartiers populaires à l’état de siège total. Les mouvements sociaux pourront être concernés également. D’autant plus que s’esquisse la possibilité d’une jonction entre les quartiers populaires, les étudiants et le reste des mouvements sociaux. Une forme de reconnaissance, d’interaction et d’organisation collectives a émergé depuis deux ou trois ans. Il existe des possibilités d’intersections permettant aux luttes de se rencontrer. Le pouvoir a donc d’autant plus intérêt à mettre en œuvre des mécanismes de contrôle, de division et d’écrasement des plus précarisés.</p>
      <p><span><strong>Vous parlez de fascination de l’appareil militaire et policier pour l’état d’urgence. En quoi, et pourquoi fascine-t-il ?</strong></span></p>
      <p>L’état d’urgence est un dispositif politique extrêmement symbolique. Il signale l’ouverture d’un champ de la guerre intérieure. Il sonne l’entrée symbolique sur le territoire national, avec l’opération Sentinelle, du pouvoir militaire. Évidemment, et c’est encore plus vrai avec l’avènement de la Ve République, le pouvoir militaire n’est jamais complètement écarté de la gestion du territoire. Désormais, l’état d’urgence, implicitement, annonce que toute la place est faite sur le territoire national à la possibilité de la montée en puissance du pouvoir militaire. Ne l’oublions pas, la Ve République s’est constituée sur le coup d’État du 13 mai 1958. Mais, plus largement, tout le corpus constitutionnel de la Ve République porte l’empreinte d’une possibilité de guerre contre-insurrectionnelle ou contre-subversive, comme l’article 16 de la Constitution du 4 octobre 1958, lequel prévoit qu’en période de crise les « pleins pouvoirs » peuvent être donnés au président de la République française.</p>
      <p>D’autres dispositions également considéraient que, dans le cadre de la guerre froide, la possibilité de « guerre intérieure et de guerre totale », pour reprendre le langage de l’époque, est imminente et permanente. Il fallait donc avoir constamment les moyens de suspendre la séparation des pouvoirs et que le chef de l’État puisse déclarer lui-même la guerre intérieure. Ce modèle constitutionnel a été exporté en même temps que les méthodes françaises de contre-insurrection. La Colombie, par exemple, a une Constitution très proche de la Constitution française. La plupart des anciennes colonies françaises, en Afrique subsaharienne, ont des équivalents dans leur constitution de l’état d’urgence et de l’article 16. Mais, au-delà de la Ve République et de sa Constitution, l’ensemble des systèmes juridiques dans l’histoire du droit sont basés sur l’exception. On ne crée pas de normes juridiques sans délimiter les cadres exceptionnels de l’emploi de ces normes. Plus largement, tous les États se créent sur le pouvoir militaire, sur la clôture du moment de la guerre et autour des élites militaires. Ces élites, l’État profond, sont toujours à la fondation d’un nouvel État. Ils emportent avec eux forcément un répertoire d’exception. Ils ont en général la maîtrise de la nécro-politique, la gestion de la mort, de la coercition, de la violence comme mode de gouvernement.</p>
      <p><span><strong>Comment comprendre l’état d’urgence, dans l’optique de ce capitalisme sécuritaire ?</strong></span></p>
      <p>Le capitalisme sécuritaire sous-entend l’ouverture des marchés de la sécurité. Ce capitalisme a été la soupape, puis la roue de secours, avant de devenir désormais le moyen principal de restructuration du capitalisme international. Ce capitalisme sécuritaire dérive directement des marchés militaires, qui se sont constitués à travers les deux guerres mondiales. Les complexes militaro-industriels ont alors émergé et le capitalisme occidental s’est organisé autour de la guerre permanente. Dans la période post-1968, et après la crise pétrolière de 1973, on a vu s’ouvrir des sous-marchés décalqués sur le keynésianisme militaire, des marchés de la guerre intérieure, de la sécurité. Ceux-là ont permis de restructurer le capitalisme, de le sauver aussi. Ils ont servi également à mettre en place des modèles de contre-révolution, de contre-insurrection, partout dans le monde, au moment où, en 1968, les événements ont montré aux classes possédantes que les peuples pouvaient et commençaient à se réorganiser. En somme, l’état d’urgence permet aux industriels de la violence de tirer profit de cette guerre intérieure, ainsi qu’une restructuration juridico-politique de l’État-nation.</p>
      <p><span><strong>Ce capitalisme sécuritaire, et son importance dans l’économie française, expliquerait-il les ambiguïtés de la politique étrangère française ?</strong></span></p>
      <p>Ce sont moins des ambiguïtés qu’un indice d’une politique structurelle et systémique. L’Arabie Saoudite, par exemple, depuis le début des années 1970, donc dès le début de la formation du capitalisme sécuritaire, est le principal client du complexe militaro-industriel français, qui, semble-t-il à certaines périodes, n’existe qu’en s’appuyant sur ce marché fondamental.</p>
      <p><span><strong>Dès lors l’état d’urgence n’a-t-il pas empêché et opacifié toute question sur cette politique, qui mêle si intimement diplomatie, économie et marchés militaires ?</strong></span></p>
      <p>L’état d’urgence a pu permettre d’installer une chape de plomb idéologique. Je ne suis pas certain cependant que cette chape ait été totalement étanche. J’ajouterai un bémol car, avant même l’état d’urgence, il y avait très peu de questionnement critique dans les médias mainstream. Beaucoup des grands médias, ne l’oublions pas, appartiennent à des géants de la vente d’armes et du capitalisme français. En outre, leurs structures rédactionnelles sont souvent liées à des instituts de sécurité ou de défense. Ces instituts forment des responsables qui entretiennent en permanence des relations de communication avec les médias. Cela permet une maîtrise du langage médiatique par le pouvoir militaire. Enfin, élément propre au champ médiatique, les médias dominants ne sont pas faits pour laisser passer du discours critique, et leur fonctionnement interne prohibe toute possibilité de rupture du discours dominant. Cependant, je note que, paradoxalement, dans certains milieux, en plein état d’urgence, alors que les classes dominantes pouvaient y voir une forme de pacification sociale, on observe un processus de montée en puissance de nouvelles formes de révolte et des réagencements des capacités critiques des classes populaires. L’existence de ce marché sécuritaire fondamental au cœur du capitalisme français et le lien avec ces pétromonarchies sont devenus des faits beaucoup mieux connus.</p>
      <p><span><strong>À partir de cette idée d’ennemi intérieur, l’état d’urgence ne brouille-t-il pas encore plus la notion de guerre, celle-ci pouvant être intérieure quand les guerres extérieures sont qualifiées de simples « opérations » ?</strong></span></p>
      <p>C’est là un des modes de fonctionnement du capitalisme sécuritaire. Ce dernier brouille les frontières de l’État-Nation à travers la mondialisation capitaliste. Dans la doctrine militaire, on considère qu’il n’y a plus d’« intérieur » ni d’« extérieur » et que l’ennemi « terroriste » est partout. Mais, dans la réalité, on constate bien que les frontières et leur défense sont au cœur de la gouvernementalité contemporaine. Pourtant, il y a une logique de brouillage qui est liée à un processus d’hybridation des domaines militaire et policier. Hybridation en termes industriels et économiques, dans le sens où ces marchés de la guerre permanente et de la police quotidienne se traversent et s’enchevêtrent. On peut développer des produits d’un côté ou un autre et s’en servir pour faire la guerre ou la police. Il y a un aller-retour permanent entre la guerre intérieure et la police extérieure. Cette hybridation se retrouve dans la pensée contre-insurrectionnelle, dans la pensée de l’exception et dans les mécanismes réels de développement du capitalisme militaire.</p>
      <p><span><strong>Dès lors, l’état d’urgence a-t-il été une façon pour le pouvoir politique de donner des garanties d’action et de fermeté au pouvoir militaire ?</strong></span></p>
      <p>Le pouvoir politique est complètement inféodé au pouvoir militaire. Il n’avait pas forcément besoin de lui fournir des garanties d’action. Plus largement, il y a un entrelacement, ou enchevêtrement, des pouvoirs politique, militaire, policier et économique. Sur les questions d’ouverture des états d’exception, il me semble nettement que c’est le pouvoir militaire qui décide. L’immense majorité des politiques fait une confiance absolue au pouvoir militaire, car, d’une part, ils n’y connaissent pas grand-chose et, d’autre part, parce que la fonction militaire et l’industrie militaire sont des piliers majeurs de l’économie et du système politique de la Ve République.</p>
      <p><span><strong>Comment articuler et comprendre l’état d’urgence et le fait qu’il trouve sa source dans une loi qui a été utilisée pendant la guerre d’Algérie ?</strong></span></p>
      <p>Du point de vue de l’état-major militaire, l’origine coloniale de cette loi est très bien connue. Voilà pourquoi ce dispositif a été utilisé à ce moment-là, car il appartient à un répertoire principal, une sorte de malle à outils privilégiée, tout simplement parce qu’il appartient à la structure de la société française, laquelle, historiquement, est une société impérialiste. Elle conserve donc, au cœur de ses institutions, des répertoires coloniaux et militaires qui lui servent à se restructurer, à se ressourcer quand les nécessités historiques lui imposent de créer de nouveaux dispositifs. Le répertoire colonial contre-insurrectionnel est peut-être la malle à outils la plus privilégiée par les fractions qui dominent l’état-major. Or, ce sont elles qui conseillent la haute hiérarchie politique. Il me semble également que l’état d’urgence est un moyen qui les fascine, dans le sens où il permet la montée en puissance des appareils, doctrines et personnels militaires. Cette montée en puissance est portée par le capitalisme sécuritaire, cette économie-politique qui caractérise l’ère dans laquelle nous nous trouvons.<br />
      L’état d’urgence est aussi l’indice plus large au fait qu’on donne toujours plus de place, de légitimité et de visibilité, à ces méthodes contre-insurrectionnelles, dont l’état d’urgence fait partie. Enfin, ce dispositif juridique présente un entre-deux assez malléable, qui facilite un large spectre d’actions, une grande liberté de réglage entre l’État de droit et l’état de siège. Il donne lieu à l’ouverture d’une capacité d’autonomie supérieure pour les institutions militaires, policières et de renseignement. Cette capacité élargie permet de mener des guerres de basse intensité à l’intérieur du territoire, sans avoir à placer l’ensemble de la société en état de guerre. L’état d’urgence a été créé à l’origine pour pouvoir mener la guerre coloniale sur le territoire de l’État. Il permet de mener une forme de guerre policière à une partie de la population, sans que tout le pays et toute son économie soit en état de siège.</p>
      <p><span><strong>Pourquoi l’état d’urgence a-t-il semblé viser d’abord une catégorie de la population, en l’occurrence les musulmans ?</strong></span></p>
      <p>Ils ont été visés à double titre : ils sont musulmans et ils vivent, pour beaucoup, dans des quartiers populaires. Un inconscient raciste structure aussi toute la culture dominante en France. Les appareillages militaires et médiatiques de construction de l’ennemi intérieur fonctionnent à plein régime depuis une cinquantaine d’années. Ils désignent un ennemi intérieur dans le masque du musulman pauvre. Les attentats seraient le fruit d’un « islamisme », qui serait lui-même une sorte de dérivation de l’islam. Il faudrait donc encadrer les lieux de prolifération de ces « virus subversifs », comme cela se dit en langue militaire. Or, le principal référent religieux du sous-prolétariat en France est l’islam. Les figures d’ennemi intérieur servent à diviser les classes populaires et à délimiter une partie de la « population » à dissocier et ségréguer.</p>
      <p>Puis, au-delà de l’état d’urgence, la Ve République se fonde sur, dans et à travers la guerre d’Algérie. À l’époque l’ennemi intérieur était le fellagha. Les figures de l’ennemi intérieur évoluent dans la pensée militaire française, depuis la guerre d’Algérie jusqu’au milieu des années 2000, et épousent la figure de l’immigré postcolonial. La guerre coloniale a été la matrice de l’ordre sécuritaire. De la guerre d’Algérie à la Nouvelle-Calédonie, puis aux révoltes des quartiers populaires en 2005, l’état d’urgence permet d’intensifier les moyens de la chasse aux « ennemis intérieurs », ainsi que l’emploi de dispositifs visant à paralyser la vie sociale de toute les parties de la « population » suspectées d’être des « terreaux de subversions ».</p>
      <p><strong>Propos recueillis par <span>Hassina Mechaï</span>, février 2018.</strong></p>

    • La « militarisation » de la gestion des mouvements sociaux se devinait dès 2008, dans le Livre blanc de la Défense. Le concept classique de « Défense nationale » y semblait lié, de façon étonnante, à la notion de « sécurité nationale ». Si cette « militarisation » intérieure s’installe, la frontière pourtant nécessaire entre défense nationale et sécurité intérieure risque de n’être plus que théorique.

      Pour le coup, ça ne tombe pas du ciel tout d’un coup. Quand j’ai fait mon service militaire dans les années 70s, on nous présentait les différentes composantes de la Défense nationale et, parmi elles, la #Défense_opérationnelle_du_Territoire (ou #DOT), toujours dans ses missions à ce jour.

      Si WP, nous la présente ainsi (intégralité de l’article…)
      Défense opérationnelle du territoire — Wikipédia
      https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9fense_op%C3%A9rationnelle_du_territoire

      En France, la défense opérationnelle du territoire (DOT) est selon le code de la défense, la participation des armées « au maintien de la liberté et de la continuité d’action du Gouvernement, ainsi qu’à la sauvegarde des organes essentiels à la défense de la nation ».

      Elle définit la mission confiée aux militaires sur le territoire français :
      • Protection des installations militaires en tout temps
      • Assurer la protection du territoire national et de s’opposer à un éventuel ennemi à l’intérieur de celui-ci
      • Organiser les opérations de résistance militaire en cas d’invasion.

      La pratique sur le terrain n’omettait jamais d’y ajouter la lutte contre le célèbre #ennemi_intérieur (Super-Dupont, à l’époque l’appelait #Anti-France) qu’en ces temps post-soixante-huitards il ne fallait pas chercher bien loin et que les cadres de l’armée faisait, si on leur en laissait la possibilité, commencer en gros dès le premier gréviste…

      Comme l’indique ce résumé d’une présentation de la DOT dans un article de septembre 1986 (texte pdf intégral en ligne)…

      La Défense opérationnelle du Territoire (DOT) - Alain BIZARD - Pouvoirs, revue française d’études constitutionnelles et politiques
      https://revue-pouvoirs.fr/La-Defense-operationnelle-du.html

      La Défense opérationnelle du Territoire, en liaison avec les autres formes de défense militaire et avec la défense civile et économique, concourt au maintien de la liberté d’action du Gouvernement ainsi qu’à la sauvegarde des organes essentiels à la défense de la nation (décret du 1er mars 1973).

      Sa mise en oeuvre est décrétée par le Gouvernement en présence d’une menace extérieure reconnue par le Conseil de Défense. Les moyens à la disposition de la DOT ont été récemment restructurés ; le rôle de la gendarmerie a été accru et chaque échelon territorial dispose maintenant de forces leur permettant des interventions plus rapides.
      Néanmoins, composée essentiellement d’unités créées en mobilisation, la DOT aura besoin, pour être à même de remplir efficacement sa mission, d’un matériel moins obsolète et d’un entraînement plus soutenu mené en liaison toujours plus étroite avec la défense civile.

      … la DOT était essentiellement confiée à des réservistes (rappelés à l’occasion) et était donc le GROS morceau de la formation des appelés, je veux dire en dehors d’éplucher les patates et de fournir des ordonnances aux officiers… La "vraie" guerre, contre une armée ennemie étant réservée aux professionnels, évolution qui aboutit à la suppression (je vois d’ailleurs qu’il ne s’agit que d’une suspension) du service militaire en octobre 1997 pour les jeunes nés après le 1er janvier 1979.

    • C’est clair, qu’en matière de maintien de l’ordre public il y a des moments clefs qui nous amènent à aujourd’hui : la repression des révoltes d’esclaves, celle de la commune, la conquête de l’Algérie. Il y a beaucoup de parallèles à faire entre la vision du complexe sécuritaire actuel et les « enseignements » tirés de ces moments historiques. Un jour quand je #procrastinerai moins, je mettrais par écrit la conférence que j’ai faite sur le sujet l’année passée :)

  • Le Caire-Paris, d’une révolution à l’autre | Warda Mohamed
    https://ehko.info/le-caire-paris-dune-revolution-a-lautre

    La révolution égyptienne a pu être analysée en comparaison avec la Révolution française. Et si le mouvement des « Gilets jaunes  » ressemblait à celui porté par des millions d’Egyptiens et Egyptiennes, aboutissant au départ d’un indéboulonnable président et de son successeur ? [Une détonation] au loin. Des personnes réunies, en groupe, derrière une barricade de fortune dans le centre-ville de la capitale pour se protéger des forces de l’ordre. Un feu. Une insupportable odeur de gaz lacrymogène. Cette scène qui se déroule à Paris en cette fin d’année 2018 renvoie immédiatement à celle observée (...) Source : (...)

  • Les faisandeurs d’opinion : Eric, Thierry, Stéphane et les autres... - ehko
    https://ehko.info/les-faisandeurs-dopinion-eric-thierry-stephane-et-les-autres

    Certains médias, penseurs, écrivains ne disent pas comment penser. C’est beaucoup plus pernicieux : ils disent à quoi penser. L’ordre du jour est créé quotidiennement par l’actualité telle qu’elle est hiérarchisée. Car l’information n’est pas un deus ex machina qui tomberait du ciel ; elle est pensée et façonnée. Et cet ordre du jour fait l’ordre du monde tout simplement.

    #Debord #Société_du_spectacle
    #Décret_Crémieux

  • « On n’a pas pensé que les enfants adoptés deviendraient des adultes » : interview d’Amandine Gay
    https://ehko.info/on-na-pas-pense-que-les-enfants-adoptes-deviendraient-des-adultes-interview-d

    « Enfants à (ne pas) adopter » : en 2005, le magazine Courrier international consacrait un numéro à la question de l’adoption suite au tsunami de décembre 2004. En Une, une petite fille vêtue de rose, aux couettes défaites, probablement issue des pays dévastés par cette catastrophe naturelle. Cette accroche, saisissante, allait à l’encontre du discours habituel sur l’adoption : il évoquait la dimension politique de cette démarche. C’est aussi le but de la réalisatrice Amandine Gay qui veut ouvrir le débat en France. Source : Ehko

  • « C’était absurde, violent, traumatisant » : des Français face aux dérives de l’état d’urgence
    https://ehko.info/cetait-absurde-violent-traumatisant-des-francais-face-aux-derives-de-letat-du

    « Mon frère s’est retrouvé accusé de terrorisme. Il n’y a pas pire dans l’échelle de l’infamie. Il a été assimilé à ce qu’il déteste le plus : une frange de l’islam qu’il ne connait pas, où il ne se retrouve pas. J’ai l’impression que moi-même j’ai intériorisé cette infamie, à mon corps défendant. C’est tellement choquant que je n’arrive pas à extérioriser ce qui s’est passé. Je suis universitaire, j’ai pris plein de notes, ai fait tellement de courriers et pourtant je n’arrive pas à dire avec des mots ce qui s’est passé. Mais je ne veux pas sombrer dans le pathos.

    La pire gifle a été pour moi de lire les jugements concernant mon frère. J’ai compris que compte tenu de ce qu’on avait mis dans le dossier, on avait affaire à des juges qui se sont contentés de prendre des petits bouts de faits, sans regarder l’ensemble. Après tout, c’est leur travail de confronter les accusations aux éléments apportés. Dans le dossier épais qu’on avait constitué, le juge a pourtant un copier-coller de notes blanches. Un de mes étudiants fait cela, je lui mets 0. Qu’est-ce que ce juge voulait nous dire ? Que nous ne sommes pas Français ? D’accord, nous l’avons compris. Mais sommes-nous criminels pour autant ?