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  • « Tout ce que nous avons appris du sida est effacé, on gère cette épidémie comme si c’était la première » - Christian Lehmann donne la parole à un militant d’Act up
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/30/il-est-temps-d-envoyer-chier-ces-mandarins-egocentriques_1803948

    J’ai rencontré Fred Bladou dans une autre vie, en 2007, quand je militais au côté d’Act Up contre les franchises qu’imposait Nicolas Sarkozy pour défaire la prise en charge solidaire des soins. Jeune médecin en loden, bon client pour les journaux télévisés, j’ai été adopté par cette troupe courageuse. Ces « usual suspects » n’hésitaient pas à zapper les meetings de Sarkozy, à asperger de faux sang l’entrée du ministère de la Santé. Ils poursuivaient dans les allées de Solidays Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, qui réformait l’hôpital public et mettait en place la tarification à l’activité et des économies drastiques qui ont fait le lit de la situation actuelle. Nous avons perdu. Les malades ont payé dans leur chair. Parce qu’il n’y avait déjà pas d’argent magique, et que piquer de la petite monnaie dans la poche des cancéreux et des séropos était mieux vu que de taxer les stock-options, comme l’avait alors proposé Philippe Seguin, qui n’était pourtant pas exactement le sous-commandant Marcos. Toujours militant, toujours en colère, toujours activiste du sida, Fred Bladou aborde le Covid avec en mémoire la lutte contre cette autre pandémie :

    [...]

    « Françoise Barré-Sinoussi et Jean-François Delfraissy ont demandé à de nombreuses reprises la création d’une instance citoyenne composée d’acteurs de la santé, de citoyens, d’associatifs. Ces demandes sont restées vaines. La santé de toute la population ne dépend que de la décision politique sur fond de luttes fratricides entre médecins médiatiques et experts choisis prompts à soutenir un Etat défaillant. L’expérience du sida nous a enseigné que les politiques publiques, la prévention et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH se construisent entre médecins, décideurs politiques et représentants associatifs des groupes les plus exposés. Pour qu’une stratégie de santé fonctionne, il faut susciter l’adhésion du plus grand nombre. On construit avec les gens et pas pour les gens.

    « Les erreurs du gouvernement ont lâché sur la Toile des milliers de conspirationnistes. Il faut changer de braquet et coconstruire avec le peuple, une stratégie adaptée. Il est temps d’envoyer chier ces quelques mandarins égocentriques qui monopolisent le débat public et les chaînes d’infos pour vendre un traitement inefficace. Il est temps de prendre la place des associations plus préoccupées par leur train de vie et les cocktails ministériels que par notre survie, notre bien-être et notre qualité de vie.

    #act-up #sos_addictions #serge_bladou #réduction_des_risques #auto_support #acteurs_de_santé #covid-19 #prévention #mensonges_d'État #madarins #conspirationnistes #usagers_du_système_de_santé #malades

  • Cassandre : si on fait un confinement « light », avec les gens qui continuent d’aller travailler en transports en commun, qui vont manger ensemble à midi, et les gamins à l’école, au collège et à la cantine, c’est pas compliqué : on va rester confinés jusqu’à ce qu’on ait développé le bon vaccin et qu’on ait assez de doses pour tout le monde.

    Ça ne baissera pas, et au mieux on restera sur un plateau extrêmement haut, avec des services hospitaliers à la limite de la saturation en permanence, des niveaux de mortalité toujours élevés, des Covid longs de plus en plus pénalisants, et un massacre en continu chez les vieux… Au mieux.

  • #Covid à l’#école, l’omerta et le déni - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/26/covid-a-l-ecole-l-omerta-et-le-deni_1803450

    L’omerta sur les contaminations

    « Quasiment aucune information ne circule, ni vers les profs, ni vers les familles. »

    « Quand il s’agit d’un cas de gale, oui on doit le dire, mais là… »

    « Une élève de 5e attend les résultats de son test (après un cas positif dans la famille). Cours d’EPS, sans masque. Ses parents appellent pour prévenir que le test est positif. Elle est tout de suite sortie de cours mais comme elle était asymptomatique, personne n’a été considéré cas contact dans la classe. »

    « On a su après coup que certains élèves cas contacts sont venus quand même sans le dire parce qu’ils ne voulaient pas manquer sept jours de cours. Les élèves sont très perplexes de ne pas être déclarés cas contact quand un élève de leur classe est positif alors qu’ils font sport sans masque. J’ai eu des cas positifs dans mes nombreuses classes et n’ai jamais été déclarée contact, les élèves non plus vu qu’ils ont tous des masques. Masques non fournis par la région ou le ministère, donc la plupart des élèves gardent le même masque plusieurs jours, voire une semaine, voire plus. »

    « Le virus se propage dans d’autres classes et la vie scolaire avertit de moins en moins le personnel à chaque cas (seulement les profs intervenants dans une classe concernée et avec plusieurs jours de retard). Ce sont les élèves restant en classe qui avertissent leurs profs et tiennent les comptes. La communication est beaucoup plus efficace sur leurs réseaux qu’entre personnels d’éducation. »

    « Un cas de Covid chez un élève, qui n’a impliqué le confinement que de la moitié de la classe (il ne s’agissait que des noms que l’élève positif a donnés), alors qu’ils font sport ensemble et mangent ensemble sans masque. La direction n’a parlé du cas de l’élève, uniquement contrainte et forcée, car la colère grondait : on étouffe les cas, il faut faire illusion auprès du rectorat que la direction gère la crise et n’a aucun cas. Les élèves n’ont pas été prévenus, ni les familles, ce qui pourtant aurait été incitatif à mettre les masques correctement. »

    • En passant, il avait fait un article sur ces superbes visières...

      Ceci n’est pas un masque - Libération
      https://www.liberation.fr/france/2020/10/03/ceci-n-est-pas-un-masque_1801309
      https://medias.liberation.fr/photo/1339109-visieres.jpg?modified_at=1601731993&picto=fb&ratio

      J’interpelle Olivier Véran sur Twitter en lui demandant de clarifier rapidement la situation. Des journalistes s’en emparent, suivis par l’AFP, et le lendemain la Direction générale de la santé confirme enfin l’inefficacité de cette mangeoire à oiseaux non homologuée, pendant la pandémie :

      « Ces objets ne peuvent en aucun cas être considérés comme un équipement de protection, ni pour la personne porteuse, ni pour les personnes qu’elles rencontrent. Effectivement il ne s’agit pas de visières, qui elles couvrent également les yeux et sont donc un complément possible (et non un substitut) au masque comme le rappelle le HCSP dans son avis du 13 mai 2020… Le porteur de ces objets contrevient donc au port du masque dans les lieux où il est légalement obligatoire. Il s’expose donc à une amende. »

    • Covid à l’école, l’omerta et le déni
      Par Christian Lehmann, médecin et écrivain — 26 octobre 2020

      Depuis le début de la pandémie j’ai gardé contact avec des soignants sur l’ensemble du territoire, jusqu’en Guyane, et dans des services et des lieux auxquels je n’ai pas accès au quotidien (réanimation, urgences, Ehpad, soins palliatifs). J’ai recueilli des témoignages édifiants, j’en ai publié certains. Je croyais avoir un peu fait le tour des émotions. L’incrédulité, le désarroi, la colère. Et puis la semaine dernière, j’ai demandé aux personnels de l’Education nationale de témoigner. Et je vais vous dire un truc. Je n’étais pas prêt.

      Après avoir milité pour le port du masque en lieu clos à cause des risques d’aérosolisation, en s’inspirant des exemples de pays ayant mieux préparé leur rentrée, un collectif de professionnels de santé dont je fais partie, ducotedelascience.org, avait alerté dans une tribune le 29 août sur les failles prévisibles du protocole sanitaire mis en place pour l’école.

      « Le protocole prévu pour la rentrée du 1er septembre ne protège ni les personnels ni les élèves et leurs familles, et est insuffisant pour ralentir l’augmentation actuelle du nombre de nouveaux cas de Covid-19, écrivions-nous alors. Nous proposons de recommander le port du masque en lieu clos pour tous les élèves de plus de 6 ans et de leur distribuer des masques […], d’appliquer les mesures d’aération préconisées pour les lieux clos professionnels en s’aidant notamment d’appareils de mesure de qualité de l’air […], de mettre en place au plus vite des procédures dédiées dans les zones de forte circulation virale (allègement des classes en alternant présentiel et enseignement à distance, limitation des contacts entre les classes, échelonnement des récréations et de la cantine) […], de préciser la conduite à tenir lorsqu’un enfant ou un adulte est testé positif ou a été en contact avec un cas positif, et d’instaurer un système réactif et transparent de remontées des données concernant le nombre de sujets positifs, les écoles et classes fermées, le nombre d’enfants testés, les délais des tests et des résultats. »

      A ces recommandations, Jean-Michel Blanquer opposait une mâle assurance : « Nous sommes préparés à tout. » Le 1er septembre, la rentrée a lieu avec un protocole sanitaire allégé : alors que les effectifs en France sont les plus bondés d’Europe, il est mis fin à la distanciation physique en classe si elle ne permet pas de faire rentrer tous les élèves. Le 10 septembre, les agences régionales de santé indiquent que les quelques masques en tissu distribués aux enseignants et aux élèves pauvres sont insuffisamment protecteurs et ne dispensent pas d’être déclaré cas contact (à la différence des masques chirurgicaux). Le 21 septembre, alors que les classes ferment par dizaines, Blanquer allège le protocole. Il faut maintenant trois cas positifs la même semaine dans des fratries différentes pour fermer une classe. Au vu de la difficulté à obtenir les résultats de PCR à cette époque, cela contribue à casser le thermomètre, à afficher une normalité de façade en laissant flamber l’épidémie. Le 25 septembre, sans surprise, le milieu scolaire et universitaire devient la première source de clusters en France.

      Le 29 septembre, dans un entretien au Figaro, Jean-Michel Blanquer assure : « L’école n’est pas le nid du virus. On ne doit pas engourdir la société. » Conforté par la Société française de pédiatrie, qui s’arc-boute depuis le début sur la doctrine selon laquelle « le Covid-19 concerne vraiment très peu les enfants » et s’indigne que parmi les auteurs de notre tribune demandant le port du masque dès 6 ans, ne figurerait « aucun médecin ou soignant d’enfant » (seulement neuf sur vingt et un…), le ministre ment : « Quelques médecins ne voulaient pas que l’école reprenne, moi j’écoute le Haut Conseil de santé publique et les sociétés de pédiatrie. » C’est un choix, alors que s’accumulent les études internationales démontrant la place des enfants dans les chaînes de contamination…

      Un mois plus tard, la France est en échec, le Covid-19 est en passe de déborder à nouveau les hôpitaux. Le gouvernement instaure un couvre-feu, prône timidement le télétravail, commence péniblement à parler d’aération des locaux… et prépare la rentrée scolaire du 2 novembre, comme si de rien n’était. Alors j’ai demandé aux personnels de témoigner, anonymement bien sûr, puisque, obligation de neutralité, devoir de réserve, et école de la confiance obligent, les personnels de l’Education nationale se sentent contraints à l’omerta.

      L’omerta sur les contaminations

      « Quasiment aucune information ne circule, ni vers les profs, ni vers les familles. »

      « Quand il s’agit d’un cas de gale, oui on doit le dire, mais là… »

      « Une élève de 5e attend les résultats de son test (après un cas positif dans la famille). Cours d’EPS, sans masque. Ses parents appellent pour prévenir que le test est positif. Elle est tout de suite sortie de cours mais comme elle était asymptomatique, personne n’a été considéré cas contact dans la classe. »

      « On a su après coup que certains élèves cas contacts sont venus quand même sans le dire parce qu’ils ne voulaient pas manquer sept jours de cours. Les élèves sont très perplexes de ne pas être déclarés cas contact quand un élève de leur classe est positif alors qu’ils font sport sans masque. J’ai eu des cas positifs dans mes nombreuses classes et n’ai jamais été déclarée contact, les élèves non plus vu qu’ils ont tous des masques. Masques non fournis par la région ou le ministère, donc la plupart des élèves gardent le même masque plusieurs jours, voire une semaine, voire plus. »

      « Le virus se propage dans d’autres classes et la vie scolaire avertit de moins en moins le personnel à chaque cas (seulement les profs intervenants dans une classe concernée et avec plusieurs jours de retard). Ce sont les élèves restant en classe qui avertissent leurs profs et tiennent les comptes. La communication est beaucoup plus efficace sur leurs réseaux qu’entre personnels d’éducation. »

      « Un cas de Covid chez un élève, qui n’a impliqué le confinement que de la moitié de la classe (il ne s’agissait que des noms que l’élève positif a donnés), alors qu’ils font sport ensemble et mangent ensemble sans masque. La direction n’a parlé du cas de l’élève, uniquement contrainte et forcée, car la colère grondait : on étouffe les cas, il faut faire illusion auprès du rectorat que la direction gère la crise et n’a aucun cas. Les élèves n’ont pas été prévenus, ni les familles, ce qui pourtant aurait été incitatif à mettre les masques correctement. »

      « En début d’année scolaire, l’équipe enseignante a été mise en quarantaine suite à la présence d’un cas positif parmi les enseignants. Ils ont ensuite été rappelés au travail car il n’y avait plus assez de remplaçants, on leur a simplement demandé s’ils avaient des symptômes. Ils ont repris la classe sans avoir les résultats des prélèvements. Sur les quatorze enseignants, huit ont ensuite eu des résultats positifs et tous avaient repris la classe. »

      Des mesures barrière fantômes

      « La prévention, c’est le néant : plus de gel depuis mi-septembre (sauf à l’entrée où les assistants d’éducation mettent trois gouttes sur les mains des entrants), salles nettoyées une fois par quinzaine, fenêtres vissées, aucune distanciation dans les classes (36 élèves dans 43 m2). »

      « Prof de SVT, je suis obligé d’acheter moi-même des masques FFP2 pour travailler avec les élèves en TP. En effet nous sommes obligés d’être en contact étroit avec les élèves sur leur poste de travail : démonstration, manipulation du microscope, etc. Comme beaucoup d’élèves ont des masques de qualité douteuse et qu’ils portent souvent très mal malgré les nombreux rappels et que j’ai plus de 50 ans, j’ai choisi de m’offrir la sécurité que mon employeur refuse de me donner. »

      « Je suis prof en lycée professionnel. En juin, film plastique sur les claviers, sens de circulation dans les couloirs, virucide dans les classes, et gel hydro, les élèves restent dans la même salle. Depuis septembre, film plastique et virucides supprimés, classes complètes à 26, qui changent de salle toutes les heures, emplois du temps des profs mal faits qui imposent qu’eux aussi changent de salle toutes les heures. Résultat : 500 personnes se croisent dans les couloirs. »

      « Dans mon établissement, depuis mi-septembre c’est comme si le Covid avait disparu. Plus de désinfection car on interdit l’utilisation de l’eau de Javel aux personnels d’entretien. A part le gel en entrant dans la classe (que l’on a à notre disposition), aucune désinfection des salles et des tables. Certaines salles n’ont pas la possibilité d’avoir des ouvertures de fenêtre car bloquées pour des raisons de sécurité. Les profs portent leurs propres masques car aucun n’est fourni par le lycée. »

      « En tant que parents, nous nous battons pour la mise en place de purificateurs d’airs (on a même réussi à négocier des prix à la place de la mairie) pour ventiler au mieux les salles de classe… Mais on se heurte à une mairie qui semble avancer avec des œillères. »

      « Aucune sanction pour les élèves qui ne cessent d’enlever le masque en cours toutes les dix secondes. Les profs sont livrés à eux-mêmes, et n’ont que l’aération possible des salles, quand il y a des fenêtres, car certaines salles n’en ont pas. Pourtant, elles sont bondées toute la semaine, sous prétexte qu’il y a une aération, puisque VMC. Quand d’autres salles avec fenêtres sont libres certains jours. »

      Sans oublier le facteur humain, et le déni

      « Les collègues n’ont pas été formés aux gestes barrières, n’avaient pas le temps ou l’envie de se renseigner et s’étaient souvent résignés à l’idée de la contamination générale "parce qu’il faut vivre avec le virus". J’essaye d’être constructif et de trouver des compromis sans passer pour un illuminé… Je suis dépité que nous ne fassions pas tout notre possible pour travailler en demi-groupes et alterner présentiel et distanciel afin de préserver la santé de chacun et aussi le personnel de santé, mais je sens être arrivé au bout de ce que je peux faire seul. »

      « Au retour d’une des Atsem [agent territorial spécialisé des écoles maternelles] malade, l’institutrice avec laquelle elle travaille lui reproche de l’avoir "dénoncée" à l’ARS. »

      « Le protocole est d’évacuer les élèves au premier signe clinique de Covid. Et comment dire… Tout est un signe clinique de Covid. On passe notre temps à appeler les parents, qui nous pourrissent joyeusement (parce que c’est vrai que quitter son taf dès que son môme tousse, c’est compliqué pour beaucoup) et à essayer de placer les élèves à l’isolement en attendant qu’ils partent. »

      « Lorsqu’on renvoie un élève qui joue au petit malin en ôtant son masque, on nous le renvoie… »

      « Les réunions de travail ont lieu le midi, en mangeant… sans masque et sans aération. J’envisage de faire jouer mon droit de retrait. Pour l’instant, j’y ai assisté masquée en ayant mangé avant. »

      « Mon principal m’a demandé de "ne pas angoisser les collègues" bien que je montre un "souci louable de les éclairer avec de vrais arguments". "Gardez vos angoisses, ne sombrons pas dans la psychose." Et surtout pas de vague. »

      « Je pourrais aussi parler des collègues qui viennent bosser alors qu’ils sont manifestement malades (personne n’a envie de perdre son jour de carence…). »

      « Quand on demande aux enfants pourquoi ils viennent alors qu’ils sont malades, la réponse est : "Mes parents m’obligent." J’ai même eu "Ma mère veut que je vienne et ne veut pas me faire tester." »
      Pas de protocole cohérent, juste la bonne volonté et la résilience individuelles

      « Avec des petits CP, j’ai retrouvé toutes mes habitudes de travail. Il n’y a pas de respect de la distanciation car… comment faire des lacets ? Ouvrir un bouton de pantalon trop difficile à défaire ? Aider à gommer sans faire de rature ? Accompagner un geste d’écriture ? Bref, c’est impossible et inhumain pour moi d’envisager de ne plus faire ces gestes du quotidien qui font partie de ma relation à mes élèves. Je prends donc des risques, consciemment, en espérant ne pas être contaminée à nouveau… »

      « L’immense majorité de mes collègues et moi-même pensons que les cours en présentiel, malgré toutes les contraintes, sont infiniment plus productifs que les cours à distance, qui nous ont laissés, ainsi qu’aux étudiants, un souvenir atroce de mars à juin (j’ai dû m’arrêter trois jours, épuisé, première fois de ma carrière de seize ans et avec la culpabilité supplémentaire de savoir que ce que les soignants vivaient à l’hôpital était infiniment plus difficile que notre situation, mais bon, ce que l’esprit sait, le corps ne voulait vraisemblablement pas l’entendre). Nous nous plierions bien entendu à un reconfinement s’il était décidé, mais les mensonges du ministre, le "prof-bashing" à outrance nous ont rendu amers et nous ne sommes plus prêts à compenser avec la même énergie les "Nous sommes prêts" mensongers de Blanquer pour ensuite nous faire insulter par des connards qui ne feraient notre boulot pour rien au monde. Enfin, vous le savez très bien vous-même, c’est exactement la même chose, en pire, pour vous les soignants. »

      « Les adaptations que je fais sont les suivantes : je porte mon masque correctement et en continu. Je mange le plus possible à la maison pour éviter les moments où nous ne portons pas les masques. Jusqu’à présent, j’ai laissé deux fenêtres opposées ouvertes pour assurer l’aération de la classe. J’adapterai en fonction de la température extérieure, mais j’ai d’ores et déjà prévenu les familles et conseillé aux enfants de laisser un gilet en classe afin que nous puissions aérer au mieux. »

      « Après sept semaines de cours, je continue de lutter afin que tous les enseignants consentent à aérer, ne serait-ce qu’une minute, leur salle de classe entre deux cours. Beaucoup sont encore hermétiques au concept. D’autant que le ménage est purement factice dans cet établissement. Des années que dure le conflit avec l’entreprise de nettoyage, que la crasse s’incruste, un coup de balai en guise de désinfection des locaux, seuls les toilettes, les bureaux, le réfectoire semblent propres. Nous sommes entassés avec une moyenne de 32 élèves et 2 adultes dans des salles parfois minuscules et pour certaines pleines à craquer, totalement inadaptées à des classes entières. Je parle ici d’un établissement scolaire privé sous contrat public. Lutter aussi pour obtenir des masques papier pour les collègues sachant que certains ont des difficultés financières, que les profs ont été servis mais qu’eux n’osent pas demander. De toute façon, c’était juste pour la rentrée, trop onéreux sur le long terme. La précarité peut faire trembler, je le comprends parfaitement. »

      « Nombreux sont les élèves qui viennent en classe avec des symptômes. Donc je n’ai pas particulièrement peur aujourd’hui mais je réclame ce qui me semble un minimum. La transparence des cas positifs, des masques non toxiques gratuits pour tout le personnel et obligatoires pour tous les élèves – ils côtoient des adultes, certains sont vulnérables (autre scandale) –, de l’air dans des classes propres… Bref un protocole sanitaire décent. Ils ont eu des mois pour y songer et pour mettre en place les adaptations nécessaires lorsque le virus circule très activement. Pour prévenir, puisque guérir reste très aléatoire. Parce que rien ne va dans les établissements scolaires, tout se dégrade. Parce que rien n’a été mis en place pour tenter de protéger au mieux les élèves comme les adultes. Pas de quoi susciter des vocations. Et c’est tellement dommage. Parce que j’adore ces gosses, ceux qui sont en marge et avec lesquels se construit une forme de pacte. Parce que ce métier utile et humble, peut être sous ses meilleurs aspects, très enrichissant. Parce que je côtoie aussi des profs et des instits extras. Le chouette quotidien d’une accompagnante d’élève en situation de handicap, un vrai sport de combat et tout ça pour un salaire dérisoire. »

      Lors d’un hommage à Samuel Paty devant l’Assemblée nationale, Jean Castex, Premier ministre et monsieur déconfinement, a eu ce mot : « L’Education nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer de le faire. » Et bien apparemment, c’est dur d’être choyé par des incompétents.

      Christian Lehmann médecin et écrivain

      https://seenthis.net/messages/883040

  • Avec Jean Le-bon-sens-près-de-chez-vous Castex, après « pour ne pas surcharger l’hôpital, la meilleure méthode c’est que les gens ne se fassent pas soigner », nous avons droit à « pour lutter contre le chômage, il suffit que les gens travaillent » :
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/25/contre-la-pauvrete-jean-castex-mise-sur-l-insertion-par-l-activite_180340

    Qué s’appelerio « la philosophie du gouvernement ».

    • Le gouvernement va aussi doubler les aides à la construction de logements très sociaux (des HLM aux loyers minorés).

      et très, très, très social pour Castex c’est quoi ? la taule ?

      Car nous en sommes là : il arrive qu’après un accouchement, des mères et leurs bébés se trouvent sans solution de logement.

  • Marre d’entre parler d’#islamo-gauchisme. J’ai jamais vu quelqu’un de gauche armer des Islamistes.

    Dans le Nord, on est plutôt concerné par les #Islamo-fachos.

    Claude Hermant, l’identitaire « indic » jugé pour trafic d’armes - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2017/09/11/claude-hermant-l-identitaire-indic-juge-pour-trafic-d-armes_1595616

  • (10) La réanimation pour les nuls - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/21/la-reanimation-pour-les-nuls_1802936?xtor=rss-450

    « Les crises passent les humains au révélateur. Et il y a eu du beau et du bon dans tout ce marasme. L’hôpital public (et le système de santé en général), dont la souffrance n’aura échappé à personne, a su rassembler ses forces, se lever, faire front. Nous avons vu des soignants de tous horizons épuisés, marqués physiquement par ces masques qui serrent trop, et la fatigue. Sans jamais reculer, soupirer, souffler, renoncer. Les biologistes. Les radiologues. Les ouvriers qui ont monté des cloisons à la vitesse de l’éclair. Les informaticiens, qui ont permis aux malades éveillés de communiquer par tablette avec leurs proches. Les administratifs. Tout le monde a apporté sa pierre et magnifiquement œuvré. Il y a eu de vrais héros. Mais pour moi tout cela n’atténuera pas le désastre ambiant. La médecine et la recherche éthiques et propres sont mortes et enterrées à l’occasion de cette crise sans précédent. Sur l’autel de la mégalomanie de quelques gourous à la tête de sectes mafieuses, dont la médiocrité scientifique n’a d’égal que la malhonnêteté intellectuelle. Les fleurs ont été déposées par les légions d’imbéciles des réseaux sociaux, parfois en service commandé. Les couronnes ont été déposées par des pantins de plateaux télé de chaînes d’info en continu irresponsables. Vol au-dessus d’un nid d’irresponsables. La malscience, comme toutes les fake news, tue. La malscience et les fake news précipitent les plus fragiles vers un abîme de détresse psychologique et la vague psychiatrique. La malscience et les fake news sont les mères de tous les relativismes, de tous les complotismes, de la perte de confiance dans les médecins et les chercheurs, au pire moment possible. Et cela, il faudra des années pour s’en remettre. Cette pandémie s’arrêtera un jour. Ça n’est ni la première ni la dernière. Elle s’éteindra dans un déluge de morts, médicaux et économiques, et comme d’habitude, les plus fragiles auront payé le plus lourd tribut. Il faudra alors sévèrement débriefer. Punir ceux qui doivent l’être, les escrocs, les renégats, quels que soient leur grade et leur fonction. Reconstruire pour que ces décès de patients, et ces sacrifices de soignants n’aient pas été inutiles. Je déteste le Covid. »

    • La réanimation, c’est ceux qui n’y foutent jamais les pieds qui en parlent le plus. Tous les paucineuronaux ayant passablement vomi sur les réanimateurs, accusés tour à tour de ne pas suivre le protocole du gourou phocéen, de refuser des malades ou de les euthanasier, j’ai choisi d’ouvrir ces colonnes à l’un d’entre eux pour qu’il confesse ses péchés. Damien Barraud a 45 ans, il est réanimateur à l’hôpital de Metz-Thionville, où il a survécu aux deux premières vagues : le Covid, et les Covidiots.

      « J’ai absolument détesté le Covid. Et je la déteste encore. Pas tant pour ce qu’elle a fait aux malades. C’est une maladie parfois grave, pas la pire. C’est un virus, ça ne réfléchit pas un virus, c’est con comme la Lune. Mais je la déteste pour ce qu’elle a fait aux humains, aux soignants. A la médecine, à la science qui me sont chères. Ce qui devait être une formidable opportunité pour nous tous a tourné en bérézina, ici et aux quatre coins du monde. Rien que d’y repenser me donne la nausée. Mais il faut raconter. C’est important. Parce que le virus rôde toujours et attaque de nouveau, et qu’à l’évidence, beaucoup n’ont pas mesuré ce qui s’était joué dans les réanimations de Paris et du Grand-Est. Cela leur permettra peut-être de ne pas sous-estimer, voire de nier sans la moindre décence les risques actuels.

      « Rembobiner la cassette d’une période extraordinaire. Que dois-je raconter ? La réanimation en période Covid ? Mais le public connaît déjà si mal la réanimation en général. MA réanimation en période Covid ? Comment elle s’est déroulée, comment je la conçois, celle que l’on m’a apprise et que j’essaie de transmettre à mon tour. Après tout c’est moi le héros en blouse blanche d’un jour de Libé, je fais ce que je veux, non ? Non. Comme pour John Carter face à M. et Mme Rubadoux dans Urgences, "It is not about me". Il s’agit des patients, des soignants, d’une médecine et d’une recherche nobles et éthiques.

      « Nous autres soignants des réanimations avons vécu l’histoire. J’imagine que lorsque l’on vit l’histoire en direct, on ne doit pas forcément s’en rendre compte, dans la chaleur du moment et concentré à sa tâche. Cela vient après, à l’heure de se poser et de se retourner. On a vécu un pan d’histoire. Je crois pouvoir dire sans me tromper qu’aucun soignant de réanimation ne veut revivre ce à quoi il a été confronté en mars-avril. Je suis un réanimateur "entre deux âges". En une vingtaine d’années de métier et 2 000 gardes au compteur, j’ai vu à peu près tout ce qui peut se voir dans une réanimation lourde dans un hôpital français. Je n’ai pas peur. Sûr de mes forces, lucide sur mes limites, je sais faire les gestes, j’ai vécu au moins une fois toutes les situations possibles. Eh bien je n’avais jamais vu cela. Jamais. Ce que nous avons vécu au printemps dans le Grand-Est et en Ile-de-France n’était pas une vague. C’était un tsunami de 30 mètres de haut qui emporte tout. On était prêts pourtant. On le croyait. On en avait, des plans. Pleins, à activer au fur et à mesure. Et puis on nous avait déjà fait le coup avec le Sras, le Mers, la grippe aviaire… Les images d’Italie ? C’est là qu’on s’est dit que ça commençait à sentir très mauvais. Les supporteurs de foot se moquent des Italiens. Les réanimateurs, eux, savent que la Lombardie est riche. Qu’elle est surtout riche des plus grands spécialistes du monde dans cette maladie qui n’en est pas une, le Syndrôme de détresse respiratoire aiguë (SDRA). A Milan, on sait oxygéner et ventiler. Alors si c’est la catastrophe là-bas, il devient assez clair qu’on va prendre la foudre. On se prépare. Sérieusement. Mais sans y croire réellement. Sans imaginer que chacun des plans mis au point sera dépassé en trois jours.

      « Début mars, on attend. Une attente mêlant du stress positif, de la concentration, l’envie d’en découdre, comme avant un match. Les Thermopyles. Et puis un matin, ça a commencé. Un malade contact du rassemblement de Mulhouse. Et puis un deuxième. Puis un troisième. Et là nous sommes tous pris dans la lessiveuse. On ne pense plus. On fait. Mécaniquement. Non-stop pendant deux mois. Je suis de l’ancienne école. Le matin en arrivant, je ne consulte jamais le dossier informatisé des malades dans mon bureau, comme le font les jeunes. J’ai besoin de voir les malades en vrai, de "sentir", de penser aux objectifs de soin de la journée, de donner les premières consignes. Une sorte de rituel, souvent joyeux, où l’on dit bonjour aux équipes, où l’on plaisante un peu, avant le deuxième rituel du staff : le café. Et bien pendant deux mois, cette ambiance matinale était remplacée par un silence pesant, une ambiance de tranchées, un bunker. C’est la guerre. Les couloirs des secteurs sont vides. Les soignants sont dans les chambres, pour les toilettes, dans un habit de cosmonaute, véritable étuve fastidieuse à enfiler, désagréable à porter, et, on le sait maintenant, un peu excessive. Il ne fallait pas tomber malade. Pour les patients. Pour soi. Pour ne pas contaminer sa famille, que certains, comme moi, ont tenue à distance. Pour pouvoir continuer à travailler. Pas un bruit. Les portes et les sas des chambres sont fermés. Les malades sont en majorité intubés, et souvent sur le ventre. Seuls les plus graves des plus graves sont là. Les moins graves, on ne les voit pas. Ils sont en secteur, sous des débits déraisonnables d’oxygène. En réa, ceux qui vont un peu mieux après quelques jours, qui redonnent le moral aux troupes, sont… transférés. Dans ces évacuations sanitaires que des malotrus galonnés ont qualifiées de spectacle. Pour faire de la place à de nouveaux arrivants. Ne restent que les plus graves des plus graves. Ceux qui vont avoir des séjours longs, et pour beaucoup, mourir.

      « Cette spécialité est trop riche pour être racontée en peu de mots. Que dire ? Peut-être parler de certains aspects que nombreux ont découverts à cette occasion ? Logiquement, on commence par admettre le patient en réanimation. On nous a accusés de "trier". C’est le mot en vigueur, de "triage" in English. On vient en réanimation quand on a un ou plusieurs organes qui défaillent, et qu’il faut suppléer, le temps que le traitement fasse son œuvre. Et on vient en réanimation pour survivre. Pas pour mourir. La finalité de la réanimation est de rendre au patient, sur le long terme, une vie que lui juge digne d’être vécue. Et la réanimation est un marathon olympique. C’est une rude épreuve, dont on sort déplumé, rincé, essoré, et il ne faut pas l’infliger de manière indue à quelqu’un qui n’a à l’évidence pas les réserves pour l’affronter. Il ne faut pas réanimer à tout prix et coûte que coûte. Il faut trier. Trier n’est pas décider qui va vivre ou mourir. C’est un acte d’humanité, et certainement une des choses les plus difficiles à maîtriser du métier. C’est vrai en temps de paix, tous les jours, avec pour seul horizon le malade. Ça l’est d’autant plus en temps de guerre, avec le spectre du manque de moyens. En médecine de catastrophe, on alloue les moyens aux patients qui ont le plus de chance de survivre. Cette justice distributive ne me perturbe pas non plus. Je ne suis pas responsable des moyens qui sont mis à ma disposition. Je suis juste responsable de leur utilisation optimale. Manquons-nous de lits de réanimation en France ? Je ne pense pas. Cela n’a pas de sens de juger de l’adéquation entre offre et besoin à l’occasion d’une catastrophe centenaire. Cela n’a pas de sens de se comparer au voisin allemand, dont la pléthore de lits ne sert à rien. Cela n’a pas de sens de dire que cet hypothétique manque de lits de réanimation est la cause de tous les maux, dont de prétendues privations de liberté. Il faut des lits activables en cas de besoin. Et surtout du personnel formé. Cela ne se fait pas en six mois, quoi qu’en pensent les populistes, les physiologistes du sport, ou les ânes, entités parfois difficiles à distinguer.

      « Il y a eu plusieurs pandémies en une. Le virus, bien sûr, mais également une épidémie bien française d’ultracrépidarianisme – l’art de parler de ce qu’on ne connaît pas. Après avoir subi des millions d’épidémiologistes et de virologues, nous avons vu apparaître des millions de réanimateurs. On nous a accusés d’avoir fait des conneries, d’avoir intubé très tôt, trop tôt. Que la mortalité observée était liée à nos traitements. Oui, c’est vrai en partie. Cent pour cent de ce que l’on fait dans une réanimation a des effets indésirables. Nous ne sommes pas homéopathes. L’intubation, la ventilation mécanique, la sédation, l’adrénaline, la dialyse rénale, tout cela a des effets indésirables. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave si le rapport bénéfice-risque a été bien pesé. On accepte ces effets adverses. Et on les minimise, en appliquant cette technique dans les règles de l’art. Pour cela il faut du bon matériel, un peu, et de bons professionnels, beaucoup. Si vous appliquez ces techniques dans des endroits non prévus pour cela, avec du matériel non prévu pour cela, et des personnels non formés… malgré leur admirable dévouement, que croyez-vous qu’il va advenir ?

      « Oui ; il y a eu beaucoup de morts. Selon les endroits et la gravité des patients, 30 voire 40% de décès. 25 à 30%, c’est la mortalité du SDRA sévère. 40% ça doit être ce qu’il arrive quand on réanime des malades graves dans des conditions suboptimales. La mort ne me perturbe pas. Quand on est malade, c’est parfois grave, et quand c’est grave, parfois on meurt. C’est un processus naturel que l’on essaie de freiner, perturber, retarder. On ne peut guérir tout le monde. Nous sommes des soignants, pas le Petit Jésus ou tout autre druide barbichu. S’en rendre compte est vital. Pour ne pas disjoncter. On tente de guérir le malade. Et quand on ne peut pas, il faut savoir s’arrêter, jeter l’éponge de soins devenus futiles, ne pas sombrer dans l’acharnement, et accompagner la fin de vie. A good life, and a good death. Bien accompagner un patient et ses proches, assurer une bonne fin de vie est aussi important qu’aboutir à la guérison. La mort ne me perturbe pas, sauf si un des maillons de la chaîne de la guérison ou de la fin de vie a dysfonctionné. Là, la mort devient inacceptable et une souffrance. La mort par Covid n’est pas une belle mort. Pour plein de raisons. Certes, les malades n’ont pas souffert. On a accompagné la fin de vie comme il se doit, dignement, comme à l’accoutumée, dans le respect de la loi Leonetti-Claeys. Nous n’avons pas eu besoin de recourir au Rivotril pour cela, n’en déplaise à ceux qui nous ont accusé d’euthanasie. On n’y a pas eu recours car on n’a jamais manqué de rien, même si ce fut juste. Je ne sais toujours pas comment nos pharmaciens ont réussi cet exploit. Mais il y a ces corps, enfermés immédiatement dans des sacs étanches, sans toilette mortuaire, et envoyés sans délai au funérarium. Et le plus pesant probablement, il y a cette absence des familles, interdites de visite, au moins au début, et dont le deuil a dû être catastrophique. Les familles sont souvent le seul élément raccrochant à la vie. On les voit, on leur parle tous les jours. Là elles étaient absentes. Et cette rencontre singulière ne peut pas être remplacée par un coup de téléphone, auquel nous n’avions de toute façon pas le temps de répondre. Il n’y a plus beaucoup de vie dans une réanimation Covid. Cela a laissé des traces, des blessures psychologiques. Et aucun soignant de réanimation ne veut revivre cela.

      « Bien sûr, à côté de cela, les accusations de "faire du chiffre", par un vieux professeur n’ayant plus toutes ses facultés, sont dérisoires. Il paraîtrait que l’on code "Covid-19" de manière excessive et que l’on garde trop les patients. Pour gagner de l’argent, un magot caché probablement. Et pour participer à un mensonge d’état. Pour priver les gens de liberté. Non bien sûr. Sauf dans les cerveaux tordus, on code ce que l’on fait, quand on le fait. Ni plus ni moins. Parce que le patient est une fin en soi. Point.

      #réanimation #hôpital #crise_sanitaire

  • Patients vulnérables : petits mensonges entre amis - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/19/patients-vulnerables-petits-mensonges-entre-amis_1802815

    Qu’Olivier Véran cherche à se prémunir contre d’inévitables procès pour mise en danger de la vie d’autrui est flagrant. Mais ce mensonge, de la part d’un confrère, qui plus est ministre de la Santé, est particulièrement intolérable. Faire croire à nos patients que nous étions en capacité de les protéger et que nous avons choisi de ne pas le faire est scandaleux. En effet un médecin qui aurait prescrit un arrêt de travail à un salarié vulnérable à risque de forme grave de Covid-19 hors des critères très restrictifs de la nouvelle liste aurait engagé sa responsabilité à titre pénal (escroquerie, faux et usage de faux : trois ans d’emprisonnement, 45 000 euros d’amende), à titre civil (remboursement des sommes versées par la sécurité sociale au salarié), et à titre professionnel (interdiction temporaire ou permanente d’exercer). C’est bien car il était conscient de cette réglementation et jurisprudence très précises que le législateur a créé en avril 2020 le dispositif d’arrêts de travail « dérogatoires » pour patients vulnérables, qui dérogeait donc effectivement de manière très inhabituelle à cette obligation de n’arrêter que des patients malades.

    • Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2020, des milliers de personnes atteintes de pathologies vasculaires ou pulmonaires avaient soudain cessé d’être considérées vulnérables au coronavirus. Le dispositif de chômage partiel permettant de les prendre en charge si leur poste ne permettait pas le télétravail avait été supprimé, les contraignant à s’exposer à nouveau dans les transports en commun et sur leur lieu de travail. Aucune instance n’avait défendu ces patients vulnérables. Pis encore, France Assos Santé, regroupement de 80 associations de #représentants de malades, s’était dans un premier temps félicitée : « Pour la première fois depuis le début de cette épidémie, ce ne sont pas les scientifiques du Haut Conseil pour la santé publique ou les professions de santé qui ont dicté ce décret. Il a été négocié avec nous, les représentants de patients. » Joie de l’entre-soi, fierté de la pseudo-concertation, ultime hochet agité devant les plus dociles.

      Malgré de nombreuses alertes, entre autres dans ce « Journal », aucun membre du gouvernement n’a communiqué sur cette décision indéfendable. Les personnes concernées ont tenté de se faire entendre, mais ont eu peu de relais. Jusqu’à ce qu’un recours devant le Conseil d’Etat soit intenté par Olivier Berruyer et déposé le 11 septembre, avec l’aide de l’avocat Philippe Prigent. Alors que la loi prévoit un jugement sous quarante-huit heures, le Conseil d’Etat rejettera la demande le 25 septembre, au motif d’un « manque de pièces justifiant l’intérêt à agir » des plaignants. Ou, selon les mots inoubliables de Jean-Pierre Darroussin dans Mes meilleurs copains : « Y’a pas mort d’homme… »

      [rituel :] Des données tronquées par le gouvernement

      Nouveau recours déposé le 27 septembre en lien avec la Ligue Contre l’obésité, jugé… le 9 octobre [soit plus de deux mois après la reprise de a hausse des contaminations, ndc] , où lors d’une première audience le Conseil d’Etat demande au gouvernement de partager les sources sur lesquelles il a appuyé sa décision. Celles-ci se révèlent truffées d’erreurs scientifiques, d’approximations, et montrent à quel point les données ont été tronquées pour « privilégier l’économie ».

      Entre autres perles, on y découvre que le gouvernement considère qu’il n’y a aucune urgence à étudier le recours parce que les vulnérables ne sont pas encore tombés malades et que le décret « ne porte aucune atteinte à la vie ou à l’intégrité des personnes » . Enfin, alors que ce type de décision va contribuer à la flambée de l’épidémie, le gouvernement affirme que la protection des vulnérables ne se justifie plus, car « la situation sanitaire a significativement évolué depuis mars » , et que le virus ne circulerait plus « activement ». Sous vos applaudissements, le représentant du gouvernement poursuit : « Il y avait aussi un aspect politique. Fin août, le virus ne circulait quasiment plus, et le gouvernement a voulu envoyer un signal qu’il fallait reprendre l’activité… Tout le monde pouvait reprendre le travail, même ceux qui bénéficiaient du chômage partiel, pour des raisons d’affichage. »

      Enfin, pour le gouvernement, « la protection de la santé de la population doit être conciliée avec les contraintes pesant sur les finances publiques » … Le coût est estimé à 2,8 milliards par mois, à la charge de l’Etat, et 400 millions d’euros à la charge des employeurs, si les 2,8 millions de personnes concernées font appel au dispositif, présenté comme particulièrement onéreux. Or l’Observatoire Français des conjonctures économiques note que, comme souvent, le nombre de personnes ayant demandé à bénéficier de ce dispositif est très faible, et très loin des 2,8 millions de personnes fantasmées par le gouvernement . Olivier Berruyer note : « Le dispositif de protection des salariés les plus vulnérables concerne entre 50 000 et 100 000 personnes, ce qui représente un coût de 50 à 100 millions d’euros par mois… Le gouvernement… a donc de nouveau effrontément menti en multipliant le coût par 30 à 60 pour justifier son choix d’arrêter le dispositif. Sachant que la première vague a entraîné un coût pour la société concernant les malades de 20-65 ans de plus de 2 milliards d’euros (indemnités journalières et frais de santé), protéger les personnes les plus vulnérables pour moins d’une centaine de millions d’euros par mois (soit 10 % du coût actuel habituel des IJ) est parfaitement rentable, et… un excellent investissement pour les finances publiques, réduisant, en plus, les coûts futurs liés aux séquelles. »

      Le Conseil d’Etat désavoue finalement totalement le décret le 15 octobre au matin, le lendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron décrétant un couvre-feu, et alors que les domiciles de plusieurs membres du gouvernement sont perquisitionnés.

      Les mensonges d’Olivier Véran

      Obligé de commenter ce revers lors d’une conférence de presse conjointe, Olivier Véran va se rendre coupable d’un de ces petits mensonges entre amis qui font la saveur de ses apparitions. Feignant de n’avoir jamais été pris en faute, il annonce : « Une première liste de personnes qui ont pu retrouver le travail pour éviter une désinsertion professionnelle trop longue avait été mise en place cet été… Nous allons faire probablement évoluer cette liste afin de protéger davantage de personnes compte tenu de l’état d’urgence sanitaire. Une discussion a d’ores et déjà commencé avec les associations responsables des usagers. »

      Une journaliste faisant plus clairement référence au désaveu du Conseil d’Etat, Olivier Véran explique que « le Conseil d’Etat considère, et ça nous va, que vu la situation épidémique et l’évolution avec l’état d’urgence sanitaire dans certaines régions, charge à l’Etat de repenser le dispositif de protection » [comme c’est la politique du stop and go, ça peut avoir l’air crédible, ndc]. C’est un mensonge, visant à laisser entendre que le décret du 29 août était justifié et que seule l’évolution du virus amène cette défaite cinglante. Le Conseil d’Etat juge en droit, pas en fonction de la situation épidémique.

      Cerise sur le gâteau, et ultime traîtrise vis-à-vis des soignants en première ligne, Olivier Véran lâche que, de toute façon « un médecin a toujours la possibilité de prescrire un arrêt de travail »

      [...]

      Quid de la suite des évènements ? Bien entendu le gouvernement n’a fait aucune annonce publique pour indiquer clairement aux personnes vulnérables éjectées du dispositif le 1er septembre qu’elles peuvent à nouveau en bénéficier, comme elles doivent pouvoir à nouveau bénéficier d’une dotation en masques en pharmacie… Mais d’ores et déjà les patients vulnérables peuvent se tourner vers leur médecin traitant et leur demander à nouveau un certificat d’isolement (selon les critères antérieurs du décret du 5 mai 2020). Malheureusement, rien n’a été fait pour les proches de patients vulnérables, qui ne sont toujours pas protégés malgré cette décision du Conseil d’Etat.

      Et on notera, si on a le temps, le satisfecit de nombreuses associations de patients et de syndicats de fonctionnaires qui se félicitent bruyamment d’une victoire judiciaire… à laquelle ils n’ont nullement contribué.

      #conseil_d'État #travail #arrêt_de_travail #vulnérables #covid-19 #santé_publique

  • Attentat de Conflans : opérations de police contre « des dizaines » de personnes
    AFP- 19/10/2020 | Le HuffPost
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/conflans-sainte-honorine-operations-police-darmanin_fr_5f8d31a7c5b62d

    (...) “Depuis ce matin, et à la suite du conseil de défense (de dimanche soir, ndlr), des opérations de police ont lieu et auront lieu dans les heures, dans les jours qui viennent”, a annoncé le ministre, précisant que ces opérations étaient “très nombreuses” et “concernent des dizaines d’individus pas en lien forcément avec l’enquête” sur l’assassinat de Samuel Paty.

    “Nous avons manifestement envie de passer un message : pas une minute de répit pour les ennemis de la République”, a ajouté Gérald Darmanin, reprenant les mots utilisés par Emmanuel Macron lors du conseil de défense.
    (...)
    “51 structures associatives verront toute la semaine un certain nombre de visites des services de l’État et plusieurs d’entre elles, sur ma proposition, se verront dissoudre en Conseil des ministres”, a annoncé Gérald Darmanin.

    Le ministre a dit souhaiter la dissolution du CCIF, selon lui “manifestement impliquée” et dont “un certain nombre d’éléments nous permettent de penser que c’est un ennemi de la République”. Elle “touche des aides d’État, des déductions fiscales et dénonce l’islamophobie d’État”. (...)

    • Oui ignoble cet opportunisme. Ca me fait pensé à ce gouv qui supprime l’observatoire des violences faites aux enfants pour la journée de lutte contre les violences faites aux enfants ou qui nomme Darmanin ministre comme bilan du grenelle sur la violence faite aux femmes. Ou qui laisse une centaines de mecs armés terrorisé une ville sans intervenir durant plusieurs jours. Après avoir laisser pourrir la situation les voila qui profite de la monté de l’islamophobie pour faire monter l’islamophobie.
      Il y a quelques jours sur mediapart il y avait ceci :
      Un député tire à boulets rouges sur une association de soutien aux immigrés
      https://www.mediapart.fr/journal/france/161020/un-depute-tire-boulets-rouges-sur-une-association-de-soutien-aux-immigres

      Lorsque la mission d’information « sur l’émergence et l’évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter » a commencé ses travaux, fin juin, son président Robin Reda (rattaché au groupe LR) promettait de « dépassionner un sujet “épidermique” ». De fait, les universitaires, associatifs et acteurs institutionnels auditionnés par les députés depuis le début de l’été ont pu s’exprimer sans entraves sur leur objet d’étude, leur conception du racisme ou leurs observations de terrain.

      Le traitement réservé à la présidente honoraire du Gisti, le 24 septembre dernier, est d’autant plus surprenant qu’il est sans précédent. Prise à partie par le président de la mission, qui a sèchement mis en cause son association, Danièle Lochak, professeure émérite de droit public à l’université de Nanterre et âgée de 74 ans, a passé l’essentiel de l’audition à se défendre.

      Dans un courrier daté du 12 octobre et rendu public jeudi, la présidente du Gisti Vanina Rochiccioli a alerté le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, et les 21 membres de la mission d’information sur « les dérapages » de Robin Reda et « la violence » de ses propos.

      « Par son comportement, le président a clairement outrepassé ses prérogatives, dévoyé sa fonction et dénaturé cette audition […]. Il l’a utilisée comme une tribune pour afficher des positions partisanes, en agressant la personne auditionnée, non sans proférer une série d’erreurs grossières et de contre-vérités. » Vanina Rochiccioli indique n’avoir reçu aucune réponse à ce jour.

      Que s’est-il passé lors de cette audition ? Robin Reda s’est d’abord dit « choqué » par le propos liminaire de Danièle Lochak, dans lequel l’universitaire et militante évoquait notamment « l’obsession du risque migratoire » et les discriminations systémiques que subissent les étrangers.

      Le président de la mission parlementaire s’est ensuite lancé dans une longue critique de la marche des sans-papiers qui doit se dérouler ce samedi, avec le soutien d’une centaine de collectifs et d’associations, dont le Gisti. « La démocratie a ceci de beau qu’elle permet d’entendre des organisations qui appellent ouvertement à enfreindre la loi », a-t-il affirmé calmement, ajoutant que « si on est sans-papiers et que l’on défile ouvertement sans se faire arrêter, on viole la loi mais en plus, l’État est trop faible pour vous interpeller ».

      Alors que Danièle Lochak tentait de faire valoir son point de vue, rappelant que « même la droite la plus dure a toujours laissé défiler les sans-papiers » qui demandent leur régularisation, le président de la mission parlementaire a reproché au Gisti de « défiler allègrement avec des mouvements proches des Indigènes de la République » (le PIR faisant partie des organisations soutenant la marche). Puis, interrogatif :

      « Considérez-vous que la France soit toujours coloniale et qu’il faudrait lui imposer une forme de démarche vengeresse qui remettrait en cause la République elle-même ? […] Vous-même l’avez dit : vous n’êtes pas forcément à l’aise, sur certains points, avec l’idée républicaine. »

      Quelques secondes plus tard, le député explique : « Je me suis demandé, en vous écoutant, si nous ne devrions pas intituler notre mission “mission d’information sur l’émergence d’une forme d’antiracisme dangereux en ce qu’il antagonise les positions des uns et des autres et qu’il menace l’ordre républicain”. »

      Ces reproches n’ont pris fin que quand la rapporteure de la mission, Caroline Abadie (LREM), a pris la parole pour « sortir de cette discussion passionnée, d’un côté comme de l’autre ». Contactée par Mediapart ce vendredi, Caroline Abadie n’a pas donné suite avant la publication de cet article. De même que la troisième et dernière députée physiquement présente ce jour-là, Michèle Victory (PS).

      Vanina Rochiccioli, la présidente du Gisti, regrette que les parlementaires ne s’emparent pas du sujet. « Au-delà de la manière dont le Gisti est attaqué, qui est assez grotesque, je m’étonne que, selon Robin Reda, les sans-papiers n’aient même pas le droit de revendiquer. Il faudrait qu’ils soient totalement invisibles, qu’ils se terrent ? C’est quand même une première. Parmi les gens qui marchent, beaucoup ont vocation à obtenir un titre de séjour. »

      Une fois la lettre du Gisti publiée, jeudi après-midi, Robin Reda a assumé sa position dans un tweet répondant à l’association : « Merci par ce courrier de prouver une nouvelle fois votre dangerosité menaçante pour notre pays et notre cohésion nationale. Le Gisti comme tous les mouvements qui s’associent aux indigénistes aux mouvances anti-flics et/ou pro islamogauchisme sont insupportables à la République. »

      L’audition complète de Danièle Lochak, disponible en vidéo, fait l’objet d’une retranscription écrite publiée sur le site de l’Assemblée nationale. « Comme je n’ai pas assisté à cette audition, je n’ai pas de commentaire à faire », a éludé Alexandra Valetta Ardisson (LREM), tout en confirmant avoir pris connaissance du compte-rendu.

      Après lecture, la députée Fiona Lazaar (LREM) estime « qu’il s’agit là plus d’un débat politique que d’une audition ». « La richesse de cette mission est précisément d’entendre des acteurs de différentes compétences, sensibilités et expertises pour en restituer un rapport étayé, et toutes les auditions s’étaient jusque-là déroulées en toute sérénité. Je crois qu’il y a quelques erreurs d’appréciation de la part du président de la mission. Le Gisti est dans son bon droit lorsqu’il défend certaines libertés fondamentales, j’espère que cela sera stipulé dans le rapport. »

      « Robin Reda sort de son rôle de président », estime de son côté Sabine Rubin (LFI), qui pointe une « dérive ». « Il n’est pas là pour donner son opinion, ni pour agresser ou remettre en cause les personnes auditionnées. Dans son introduction, il dit qu’il est là pour trouver des réponses. Eh bien, il n’a qu’à écouter et réinterroger ses propres préjugés. » La députée déplore que son collègue « s’en prenne aux sans-papiers, qui ont travaillé pendant tout le confinement », et ajoute qu’elle-même compte participer à la marche ce samedi.

      Depuis la mise en place de la commission, Robin Reda a plusieurs fois laissé transparaître ses opinions, par des allusions répétées à « la concurrence mémorielle » ou à « l’ethnicisation de la société française », qui menaceraient « l’universalisme ». Il n’était toutefois jamais allé jusqu’à invectiver l’un de ses invités. Après les députés qui claquent la porte parce qu’une syndicaliste porte le voile, après la commission d’enquête qui refuse d’entendre certaines voix critiques sur le maintien de l’ordre, l’espace de débat à l’Assemblée nationale paraît bien étriqué.

    • Le ministre a dit souhaiter la dissolution du CCIF, selon lui “manifestement impliquée” et dont “un certain nombre d’éléments nous permettent de penser que c’est un ennemi de la République”. Elle “touche des aides d’État, des déductions fiscales et dénonce l’islamophobie d’État”.

      Le #CCIF ?! Dont la principale mission est de recenser, dénoncer les actes islamophobes et l’#islamophobie d’Etat, et tenter parfois d’obtenir réparation ?! C’est sûr que sa dissolution résoudra beaucoup de problèmes... pour les fachos et le gouvernement...

      Elle a bon dos la République, pour en profiter pour éliminer toute contestation...

    • Ce matin, mon père  : « Tu as vu les profs qui ne respectent pas les règles et se réunissent à plusieurs milliers  ?
      -- 🤔… mais ce sont les vacances et où…
      -- Dans la rue  !
      -- Mais, papa, ils font une manifestation  !
      -- Oui, mais moi, je dois mettre en masque dans la rue  !
      -- Mais ça fait des mois que je te dis d’arrêter de regarder cette merde de BFMTV  !!!  »

      Je débriefe mon père chaque foutu jour depuis le début du covid et paf, un coup de BFMTV et il rechute aussi sec  !

    • Je ne veux pas particulièrement défendre Mr. Sefrioui que je ne connais pas, mais je ne vois rien de répréhensible ici ? :

      Début octobre, il avait accompagné au collège où exerçait Samuel Paty le père d’une élève pour demander le renvoi de l’enseignant qui avait montré des caricatures du prophète Mohammed à ses élèves.

      Se présentant comme « membre du Conseil des imams de France », il avait aussi diffusé il y a quelques jours sur Youtube une vidéo dans laquelle il dénonçait le professeur, en le qualifiant de « voyou ».

      « Né en 1959 au Maroc, devenu Français après son mariage avec une convertie qui milite avec lui, l’homme est un vieux briscard de l’islamisme. Il est fiché S, inscrit au FSPRT [le fichier des radicalisés] et sa carrière d’extrémiste est impressionnante : imam autoproclamé, responsable d’une librairie islamique, activiste antisioniste aux franges de l’antisémitisme.

      Il appel au renvoi, pas au meurtre, c’est son droit, non ? Imam, libraire, antisioniste : jusqu’ici rien d’illégal ?

      « Pour eux, la France est un État raciste, islamophobe, le pays impie et mécréant absolu », insiste-t-elle, « ils veulent le chaos et la guerre civile pour élaborer un nouvel ordre autour de la charia ».

      C’est quoi ce délire ? Une « source proche du gouvernement » ?! Qui, dans ses rêves les plus fous, imagine installer la charia en France ?! Qui en revanche instaure la guerre civile avec des lois sur un supposé séparatisme musulman ?

      La France, État raciste et islamophobe ? Difficile de trancher, mais le doute est permis...

    • La France est raciste, donc « islamophobe » , puisque faut bien utiliser ces catégories qui valident « l’insécurité culturelle », chère aux Camus (Renaud) et aux « printemps républicains » (Valls revient parce que Laurent Bouvet est dans les têtes), et le prof en question a été recadré par l’inspection (pas de vagues !) avant de se faire égorger par une ordure littéralement exécuté par la police dans la foulée et l’élève qui a lancé l’histoire a menti à son père (elle n’était pas au cours qu’elle évoqué) et lui même islamiste a été ravi de se saisir de ce bobard concoté à son usage et Sefrioui est un fasciste qui avec son groupe, Forsane Alizza, avait manifesté avec le FN et le GUD (mais sans l’ex Action française Darmanin).

      Conflans : Abdelhakim Sefrioui, un militant islamiste aux racines de l’engrenage
      https://www.liberation.fr/france/2020/10/17/conflans-abdelhakim-sefrioui-un-militant-islamiste-aux-racines-de-l-engre

      Son groupe, Forsane Alizza, manifestait en 2011 « contre la christianophobie » au prétexte d’une pièce de théâtre :
      Face à face tendu entre les forces de l’ordre et 200 à 300 manifestants d’extrême droite catholique
      https://www.lemonde.fr/politique/article/2011/10/29/face-a-face-tendu-entre-les-forces-de-l-ordre-et-200-a-300-manifestants-d-ex

      @sinehebdo que par désintérêt ou méconnaissance tu nommes « fête du travail », le Premier mai est une chose - il est possible d’ignorer l’histoire des luttes ouvrières, de pas savoir que le terme de « fête du travail » est celui choisi à dessein par le maréchal Pétain pour sanctifier le travail (comme la création de la « fête des mères » sacralise la famille et la subordination des femmes), même si c’est bien embêtant de gommer que le Premier mai célèbre en fait les luttes des travailleurs, mais puisque tu t’intéresse davantage semble-t-il à la Palestine ou au racisme, c’est pour le moins étonnant que tu ne voie pas que certaines proclamations d’antisionisme ne sont qu’un faux-nez de fachos et d’antisémites divers (et pas seulement musulmans).

    • Ouh la, tu mélanges plein de choses et plein de posts.

      Si j’ai relié le Premier mai à la fête du travail, c’était pour célébrer, avec @mad_meg la lutte contre le travail, ou pour la paresse qui est un rêve partagé par de nombreu.ses travailleu.ses...
      https://seenthis.net/messages/881052

      Il est possible que « certaines proclamations d’antisionisme ne sont qu’un faux-nez de fachos et d’antisémites divers », mais dans ce cas, il faut dénoncer leur antisémitisme, pas leur antisionisme.

      Merci de m’éclairer sur ce triste personnage que semble être Sefrioui, mais là encore, dénonçons-le pour ce qu’il mérite, pas parce qu’il tente de porter plainte (donc légalement) contre un prof, plainte qui de toutes façons n’aurait pas abouti, ou parce qu’il est antisioniste...

    • Attentat de Conflans-Sainte-Honorine : plusieurs opérations en cours contre la mouvance islamiste
      La Croix, le 19 octobre 2020
      https://www.la-croix.com/France/Attentat-Conflans-Sainte-Honorine-plusieurs-operations-cours-contre-mouvan

      Des opérations de police ont été lancées contre « des dizaines d’individus » qui n’ont pas un « lien forcément avec l’enquête mais à qui nous avons envie de faire passer un message », a déclaré Gérald Darmanin ce matin.

      Peut-être innocents, mais condamnés par l’Etat quand même

    • Une horreur et un dégoût redoublés par le fait que ces actes ignobles sont toujours utilisés par les racistes, les réactionnaires et les anti-immigrés avec, pour résultat, de diviser le monde ouvrier.
      [...]
      L’acte est effroyable. Tout aussi glaçant est le processus qui a conduit et armé la main de ce jeune de 18 ans, d’origine tchétchène. Son passage à l’acte a, en effet, suivi une campagne d’agitation et de manipulation, orchestrée par la mouvance de l’#islamisme intégriste. Celle-ci a voué le professeur à la vindicte publique, en faisant passer un cours sur la liberté d’expression pour du #racisme et de l’#islamophobie.

      Ces agitateurs intégristes prétendent parler au nom des musulmans qui peuvent, à juste titre, se sentir stigmatisés et rejetés. Mais ils ne visent qu’une chose : imposer leur ordre moral à tous, à commencer par les #musulmans.

      https://seenthis.net/messages/881840

    • Je ne veux pas particulièrement défendre Mr. Sefrioui que je ne connais pas, mais je ne vois rien de répréhensible ici ? :

      Un mec qui vient faire pression sur un prof alors que lui même n’a pas d’enfants dans ce collège, tu ne vois pas le problème ? Il n’a même pas le droit de pénétrer dans l’enceinte de l’établissement. Ce serait un cureton, il y aurait des réactions bien plus virulentes (à gauche) et je ne crois pas qu’ici quelqu’un s’aventurerait à dire « je ne vois pas où est le problème ».

      Darmanin est un problème mais l’islamisme aussi, faut pas être naïf non plus.

    • Le plus important (après le fait de ne pas assassiner un être humain) est de ne pas faire justice soi même, même quand on est en colère, et donc de choisir la voie judiciaire, y compris, pourquoi pas, de venir au collège (sans arme) et de se plaindre, non ?

    • Mais d’où est-ce que ce mec aurait une quelconque légitimité à venir emmerder un enseignant ? C’est pas un moulin un établissement scolaire, il n’a même pas à y foutre les pieds, à part s’il est parent d’élève (mais dans ce cas il y a un cadre donné pour rencontrer un enseignant).

    • Donc, entre En marche (slogan pétainiste), l’ex Action française de fraiche date Darmanin, les fafs islamistes et les identitaires et FN français qu’on ne vienne pas dire « je ne connais pas bien Damien Rieu mais je vois pas ce qu’il y a de répréhensible à s’installer sur le toit des mosquées pour défendre l’occident chrétien »

      En 2009, les deux proches de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon et Axel Loustau, étaient présents dans le cortège du Collectif Cheick Yassine... fondé par Abdelhakim Sefrioui (celui qui a mené campagne contre Samuel Paty)

      #islamistes : À propos d’Abdelhakim Sefrioui et du collectif Cheikh Yassine
      https://lahorde.samizdat.net/2020/10/20/a-propos-dabdelhakim-sefrioui-et-du-collectif-cheikh-yassine

      Voici quelques éléments sur celui qu’on soupçonne d’avoir mené campagne contre Samuel Paty, l’enseignant décapité dans les Yvelines le week-end dernier, en particulier sur ses fréquentations antisémites.

      Il y aurait beaucoup à dire sur la pertinence des caricatures publiées par Charlie hebdo et sur la façon dont la liberté d’expression peut être abordée en classe, mais rien ne peut évidemment ni justifier ni excuser le meurtre qui s’est déroulé samedi à Conflans-Sainte-Honorine. Bien que l’on sache par avance comment cette agression mortelle va être instrumentalisée, en particulier dans les rangs des islamophobes médiatiques et politiques, pour tirer à boulets rouges sur les réfugiés et sur les musulmans en général, ce meurtre montre aussi à quoi peut aboutir l’activisme politique de personnalités islamistes.

      #Dieudonné (aussi)

    • C’est pas un moulin un établissement scolaire, il n’a même pas à y foutre les pieds, à part s’il est parent d’élève

      Tout à fait. Mais je croyais qu’il accompagnait un parent d’élève.

      Cela dit, je ne suis pas là pour défendre ce mec, juste dire que si on doit le poursuivre en justice, il ne faudrait quand même pas créer des lois spéciales juste pour lui...

    • P’tit rappel : il y a une différence entre ne pas trouver répréhensible (aka la loi), trouver compréhensible (aka le savoir) et trouver normal (aka la norme) et, plus encore, approuver... N’oublions pas de respirer ;)

    • Je ne savais pas que les parents d’élève pouvaient se faire accompagner par un gus de leur choix pour s’imposer auprès d’un prof... Donc oui je suis à peu près certain que ce genre de choses est répréhensible (qu’on trouve ça compréhensible ou normal est effectivement une autre affaire).

  • Affaire Théo : le parquet requiert le renvoi de trois policiers devant les assises - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/07/affaire-theo-le-parquet-requiert-le-renvoi-de-trois-policiers-devant-les-

    Grièvement blessé lors d’un contrôle de police en février 2017, Théo Luhaka était devenu un symbole des #violences_policières. Plus de trois ans et demi après son interpellation violente, contestée et médiatisée par quatre policiers à #Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avec une matraque télescopique, le parquet de Bobigny a requis le renvoi devant les assises de trois policiers pour « violences volontaires », ce mercredi.

    Le parquet, qui a écarté la qualification de « viol aggravé », a demandé le renvoi d’un des agents pour « violences volontaires avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une mutilation ou une incapacité permanente partielle », estimant que « les éléments constitutifs du crime de viol n’étaient pas réunis ». Le parquet a par ailleurs requis le renvoi des deux autres policiers pour « violences volontaires en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique ».

    Le 2 février 2017, #Théo_Luhaka, 22 ans, était grièvement blessé dans la zone anale par une matraque télescopique, lors d’un contrôle de police dans la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois. La scène est filmée par plusieurs témoins sur place, ainsi que par des caméras municipales. Plus tard au commissariat, un fonctionnaire de police comprend que le jeune homme est gravement blessé et saigne abondamment. Il est transporté en urgence à l’hôpital, afin d’être opéré. Il présente de graves lésions, notamment une plaie longitudinale du canal anal longue de 10 centimètres. Théo Luhaka explique alors que l’un des policiers lui a volontairement enfoncé sa matraque dans l’anus.

    Dans un rapport rédigé deux jours après les faits, le 4 février 2017 – qui avait fuité dans la presse quelques semaines plus tard – l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) concluait : « L’analyse des divers éléments recueillis lors de cette enquête établissait que si le geste du gardien de la paix C. avec sa matraque était à l’origine de la blessure de M. Luhaka à l’anus, l’élément intentionnel pouvant caractériser le viol n’était pas établi. » C’est sur la base de ce rapport, ainsi que de l’ensemble des pièces versées au dossier, que la juge chargée de l’instruction avait décidé, le 5 février, de mettre un policier en examen pour « viol » et les deux autres pour « violences en réunion ».

    « Selon le parquet, l’instruction n’a pas permis de recueillir les éléments susceptibles de qualifier un viol, il n’y a pas de volonté délibérée de commettre une pénétration sexuelle », explique Fabienne Klein-Donati, procureure de la République de Bobigny, contactée par Libération. Une position du parquet qui n’a pas varié depuis les premiers jours de l’enquête et le réquisitoire introductif. « Il n’y pas de connotation sexuelle », poursuit la magistrate.

    Depuis les premiers jours de l’enquête, il existait une divergence entre le parquet qui fait un réquisitoire introductif pour « violences volontaires avec infirmité permanente » et la juge d’instruction qui a finalement qualifié les faits de « viol » à l’ouverture de l’information judiciaire. Le parquet reste donc fidèle à son interprétation initiale après l’instruction. Il faudra maintenant voir ce que retiendra le magistrat instructeur dans son ordonnance. Les violences volontaires avec infirmité permanente comme le viol sont des crimes et relèvent donc de la cour d’assises.

    L’affaire Théo avait entraîné plusieurs manifestations, d’abord à Aulnay-sous-Bois, puis à travers la France, pour protester contre les violences policières. Les faits se déroulent alors quelques mois après la mort d’Adama Traoré, lors d’une interpellation à Beaumont-sur-Oise. Alors président de la République, François Hollande s’était rendu à l’hôpital au chevet de Théo Luhaka, pour lui apporter son soutien face aux caméras.

    La dernière expertise médicale réalisée par une docteure en gastro-entérologie et remise à la juge d’instruction le 21 août 2019, avait conclu au « besoin d’un suivi médical à vie » pour le jeune homme, qui souffre d’une « infirmité permanente », causée par des lésions « en relation certaine et directe » avec son interpellation.
    LIBERATION

    #justice

  • Non, mais, sérieux...

    https://www.liberation.fr/france/2020/10/11/de-marseille-a-erevan-un-militant-marque-au-front_1802057

    Engagé pour la cause arménienne puis exilé dans le pays dans les années 80, Gilbert Minassian est devenu chef militaire lors du conflit contre l’Azerbaïdjan. Ce Français de 64 ans est reparti vendredi dans la région pour combattre comme dans les fables.

    la criminalité cool, « comme dans une fable »

    #azerbaïdjan #arménie #nkao #karabakh #qarabag #guerre #journalisme_objectif

  • (4) Parce que le Covid s’accélère - Christian Lehmann
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/11/parce-que-le-covid-s-accelere_1802015

    La seule bonne nouvelle est que là où les Covid du printemps passaient fréquemment par une phase de gêne respiratoire préoccupante, la majorité des Covid d’automne que je vois sont peu symptomatiques. Je passe plus de temps à gérer avec eux la paperasse administrative qu’à me préoccuper de leur saturation en oxygène. Non pas que le virus ait muté ou soit devenu moins virulent, comme le martelait Didier Raoult dix jours avant d’affirmer exactement le contraire tandis que les hôpitaux de Marseille quémandaient des renforts, mais probablement parce que le respect même imparfait des mesures barrière, le port de masques généralisé, diminue l’inoculum viral dans nombre de contaminations. Mais à la différence de la première vague, l’ensemble du territoire est touché. D’où l’importance en médecine de ne pas uniquement se référer à son expérience personnelle, mais de l’intégrer dans une vision globale, ce dont semblent incapables certains mandarins, apparemment. Je ne vois pas de Covid graves, et pourtant les hôpitaux en sont pleins.

     
    [...]

    Nous allons vers des semaines très difficiles, avec une vague que nous tentons d’aplatir mais qui va probablement rester sur un plateau élevé du fait du retard de mise en œuvre de mesures plus restrictives, du fait des petits arrangements locaux de politiques chauvins, et de la pusillanimité d’un exécutif qui a un temps été tenté par la théorie de l’immunité collective, alors que comme me le dit un spécialiste de santé publique : « L’immunité collective est un concept de vaccinologie, ça n’a jamais été une stratégie de contrôle épidémique. » Du fait aussi de l’incompétence de certains ministres lunaires, parmi lesquels Jean-Michel « nous sommes préparés à tout » Blanquer, et Frédérique « rien ne nous dit que les contaminations se fassent au sein des universités » Vidal.

    En catastrophe, un mois trop tard, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, sermonne : « Ceux qui peuvent télétravailler doivent le faire » , comme si le salarié avait moyen de prendre cette décision seul. Nous sommes mi-octobre. En tant que soignant de ville, je ne reçois plus aucun équipement de protection. Depuis un mois et demi, les patients atteints de pathologies cardiaques ou respiratoires, et nombre d’autres, sont exclus du dispositif de protection des personnes vulnérables. En prime, je ne peux plus leur prescrire de masques. Olivier Véran ment en affirmant que les médecins peuvent arrêter ces patients, et le gouvernement qui a pris cette décision s’emmure dans le déni. Jean-Michel Blanquer et Jean Castex ont cassé le thermomètre pour ne pas fermer de classes, laissant l’épidémie se propager sous le radar en milieu scolaire. Et le Conseil d’Etat tranche que les prisons n’ont pas à fournir de masques ou de tests aux détenus…

    #immunité_collective #Covid-19 #santé_publique #arrêt_de_travail

  • Covid-19 : chez les infirmières, réquisition et découragement - Christian Lehmann
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/09/covid-19-chez-les-infirmieres-requisition-et-decouragement_1801796

    Elle était assise sur la chaise, au milieu du cabinet, tassée sur elle-même. Au-dessus du masque, je voyais à peine ses yeux. La porte du cabinet était ouverte, l’air circulait autour de nous depuis la salle d’attente, et le bruit du train avait un temps couvert ses paroles. Nous étions début juillet, à la sortie de la première vague, et cette infirmière de 27 ans que je connaissais de longue date avait pris rendez-vous une seconde fois après que j’ai décidé de l’arrêter pour un burn-out lié au surmenage pendant la crise du Covid. Elle allait légèrement mieux sous traitement, mais son état ne permettait pas la reprise.

    Elle m’avait raconté son quotidien, ses difficultés, le sentiment de culpabilité persistante : ne pas avoir le temps de s’occuper des patients de son unité de soins intensifs comme elle le désirait, ne pas avoir le temps de s’occuper de son fils, ne pas même oser certains soirs l’embrasser dans son berceau de peur de le contaminer. Elle m’avait parlé des horaires démentiels, des vacances annulées d’office, de la prime qu’on lui avait fait miroiter pour finalement la lui retirer pour quelque obscure raison administrative. Elle m’avait dit l’amour qu’elle avait pour son boulot. J’avais bien perçu son dévouement, et ce que ce dévouement lui avait coûté pendant ces derniers mois. Mais à ma question sur la manière dont elle envisageait l’avenir, sa réponse, en partie couverte par le bruit du train, m’avait pris de court. Je l’ai fait répéter, pour être certain d’avoir compris : « Je vais me renseigner pour passer un CAP fleuriste. » Elle était infirmière depuis quatre ans.

    [...]

    « Et puis le 29 septembre, brutalement, une nouvelle réquisition nous a été annoncée. Alors évidemment, le terme n’a pas été employé aussi clairement par la direction du Centre de formation et de développement des compétences (CFDC) : nous sommes "mo-bi-li-sées". En effet, cette fois-ci, je vais être notée et évaluée sur mes compétences infirmières. J’ai comme un doute, et je ne suis pas la seule, sur les compétences que je vais pouvoir acquérir en passant cinq semaines sur la plateforme Covidom/Covisan à tracer des patients contacts, et à réaliser des tests PCR dans les aéroports. Le ministère a lâché un peu de lest sur nos revendications salariales : 200 euros supplémentaires par semaine (sur une base de 1,08 euro/heure). Mais cela ne règle en rien le problème principal : la qualité de notre formation. On nous utilise comme bouche-trou, parce qu’il manque de bras pour prendre en charge les patients.

    [...]

    L’espérance de vie professionnelle d’une infirmière à l’hôpital était déjà tombée à sept ans. Sept ans seulement avant d’abandonner la blouse. Dans le monde d’après, nous avons réussi cette gageure : décourager les infirmières avant même la fin de leur formation.

    #santé_publique #soignantes #infirmières

  • Covid-19 : de l’incompétence dans l’air - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/07/covid-19-de-l-incompetence-dans-l-air_1801645

    Les écoles allemandes ont pour protocole d’ouvrir les fenêtres toutes les vingt minutes. Si cette règle apparaît contraignante à l’entrée dans l’hiver, elle seule permet d’éviter un niveau de concentration du virus dans l’air pouvant le rendre infectant, transformant une salle de classe en cluster (parce que oui, contrairement aux enfants français, les petits Allemands, comme tous les enfants du monde, se transmettent le coronavirus entre eux et le transmettent aux adultes). En France, la préconisation d’aérer seulement trois fois par jour ne correspond à aucune donnée scientifique…

    Mais l’Allemagne va plus loin. Alors que nous nous écharpions pendant tout l’été sur la fin de l’épidémie, l’immunité présumée déjà atteinte en Ile-de-France et dans le Grand Est, la perte de virulence du virus, le risque de s’asphyxier dans un masque et l’efficacité fantasmée de l’hydroxychloroquine du charlatan marseillais, l’Allemagne et ses ingénieurs observaient, testaient, informaient, mettaient en place des appareils de mesure de CO2 dans de nombreux lieux publics clos. A titre expérimental, des purificateurs d’air sont installés dans les classes de Hambourg. Les essais semblant très concluants, le gouvernement allemand prépare d’ores et déjà un plan d’urgence de 500 millions d’euros pour équiper ses écoles de tels appareils… En attendant, et malgré l’hiver qui approche, la recommandation est déjà en vigueur dans tous les bâtiments publics outre-Rhin : ouvrir les fenêtres pour renouveler l’air toutes les vingt minutes.

  • « La précarité, sous tous ses aspects, rend les populations plus inégales face au virus » - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/06/la-precarite-sous-tous-ses-aspects-rend-les-populations-plus-inegales-fac
    https://medias.liberation.fr/photo/1339639-groups-set-up-adolescent-migrant-camp-in-paris-to-highligh

    « La précarité, sous tous ses aspects, rend les populations plus inégales face au virus »
    La publication d’une étude de Médecins sans frontières questionne de nouveau les inégalités des populations face au virus. Selon cette enquête réalisée fin juin, les migrants et les plus précaires ont été particulièrement exposés.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#inegalite#precarite

  • Covid-19 : cinq arguments des « rassuristes » passés au crible - Libération
    https://www.liberation.fr/france/2020/10/04/cinq-arguments-des-rassuristes-passes-au-crible_1801400

    « Rassuristes », donc rassurants ? Face à l’anxiété dans laquelle la population française est de nouveau plongée en cette rentrée, après un été plutôt calme, leurs discours sonnent agréablement à nos oreilles en manque de bonnes nouvelles. Dénommés « rassuristes » sur les réseaux sociaux, en opposition aux « alarmistes », ils font preuve d’un optimisme déconcertant. Leurs positions ? L’épidémie est un vieux (et mauvais) souvenir. Les malades ? Imaginaires ou presque. Le confinement ? Inefficace, voire dangereux. Retour sur les arguments et contre-arguments de ces scientifiques iconoclastes, issus des disciplines les plus diverses, et qui, ces dernières semaines sur les plateaux de télévision et de radio, viennent tordre le cou à l’hypothèse d’une deuxième vague.

    Tombé là dessus via :

    Nouvelles restrictions contre le Covid-19 : « on est dans la folie la plus totale », selon le docteur Toubiana - Sputnik France
    https://fr.sputniknews.com/france/202010051044529541-restrictions-covid-folie-totale-toubiana

    « Tout cela me semble totalement délirant », réagit au micro de Sputnik Laurent Toubiana, chercheur épidémiologique à l’Inserm et directeur de l’Institut de recherche pour la valorisation des données de santé (IRSAN), « Il me semble qu’il serait plus judicieux d’appliquer des mesures de protection envers les personnes les plus à risque plutôt que d’appliquer des mesures de protection à des personnes qui ne le sont pas du tout. »

    • Et aussi :

      Les rassuristes m’inquiètent - Par Daniel Schneidermann | Arrêt sur images
      https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/les-rassuristes-minquietent
      https://api.arretsurimages.net/api/public/media/salame-masque/action/show?format=thumbnail&t=2020-10-06T09:08:03+02:00

      Et Léa Salamé, ce matin, après Christian Estrosi hier. Comment faut-il vous le dire, Léa Salamé ? Le masque se porte sur-le-nez. Il ne laisse pas voir les narines. Regardez votre invitée, Carla Bruni. C’est pourtant simple ! Et regardez donc nos émissions, ici, depuis la rentrée. On a l’air de cosmonautes, nos arguments s’étouffent parfois dans les fibres, mais on est dans les règles !

      A propos de l’intervieweuse de la matinale la plus écoutée de France, personne ne pourra croire à l’ignorance. Le port du masque étant obligatoire depuis ce matin dans les studios de France Inter (et étrangement, seulement France Inter. Quid de France Culture ? De Franceinfo ?) on ne peut donc conclure qu’à un acte de résistance de la courageuse journaliste à la consigne de la direction. Une peu discrète dissidence.

      Peut-on qualifier cette dissidence salaméenne de « rassuriste » ? Léa Salamé est-elle une rassuriste (mal) masquée dans la bien-pensance alarmiste de France Inter ? Car les « rassuristes » sont arrivés, depuis quelques jours. Ils faisaient hier la Une de « Libé », qui passait au crible ""les cinq arguments des rassuristes"""". Le spectacle médiatique sur le COVID en arrive enfin où il devait arriver : ""alarmistes"" contre ""rassuristes"". Au bout d’un moment, la raison abdique. Le débat de chiffres étant épuisé sur un match nul (il y a bien une deuxième vague, beaucoup plus petite que la première vague, mais elle gonfle), il se dégrade en confrontation d’affects, et dégringole finalement au niveau de l’horoscope. Que me promet la journée ? Alarmisme ? Rassurisme ? Au fond, c’est tellement plus simple. Finie la complexité. Faites-nous de beaux débats, blancs contre noirs, alarmistes contre rassuristes.

      L’essentialisation des intervenants au débat public pose néanmoins une question. Les alarmistes alarment-ils sur ordre de Big Pharma ? Les rassuristes sont-ils rassurants sur ordre du MEDEF ? Bref existe-t-il, derrière ces duels, des" intentions" ? Si oui, je dois bien avouer que ça ne marche pas avec moi. Léa Salamé m’inquiète. Donald Trump, qui retire son masque à peine rentré à la Maison-Blanche (image que propagera la bulle rassuriste), mais semble souffrir pour respirer, (image que propagera la bulle alarmiste) m’inquiète. A l’inverse, évoluer dans les lieux publics parmi les alarmistes bien-masqués me rassure. Rien n’est simple.