• https://www.arte.tv/fr/videos/085050-000-A/yellow-shark-hommage-a-frank-zappa-par-l-ensemble-intercontemporain

      Dans le cadre d’un week-end Frank Zappa à la Philharmonie de Paris, Matthias Pintscher mêle oeuvres du célèbre moustachu et musique savante. Une association qui a du sens : Frank Zappa n’a jamais caché son admiration pour Edgard Varèse, Igor Stravinsky ou encore Anton Webern.

      Au programme de ce soir donc, six morceaux de Frank Zappa issus de l’album « Yellow Shark » et de « The Perfect Strangers » – album que Zappa avait enregistré avec l’Ensemble Intercontemporain, alors dirigé par Pierre Boulez.

      Entre deux morceaux de Zappa, l’Ensemble Intercontemporain interprète « Intégrales » d’Edgar Varèse en clin d’oeil à l’admiration du rockeur pour ce célèbre compositeur contemporain. Autre parenthèse savante : « For Your Eyes Only » du jazzman John Zorn.

    • Zappa, à son zénith
      lemonde.fr Sylvain Siclier 6/11/2015

      https://www.youtube.com/watch?v=x10z5BuZ1_M


      Be-Bop Tango (Of The Old Jazzmen’s Church)

      Début décembre 1973, Frank Zappa (1940-1993) et les sept musiciens de sa formation d’alors sont au Roxy, célèbre salle du Los Angeles rock, sur le Sunset Strip. Le guitariste, chef d’orchestre, auteur-compositeur et producteur américain a décidé de tirer un #film de la série de #concerts qui y sont organisés. Quatre caméras pour film 16 mm, les mêmes vêtements portés chaque soir (lavés, séchés et repassés dans la nuit) pour les raccords entre les différentes prises d’un concert à l’autre, le répertoire d’une vingtaine de compositions identique chaque soir.

      La formation, l’une des plus assurées de Zappa, est en fin de tournée automne-hiver. Soit le pianiste George Duke et son appareillage de claviers, le saxophoniste, flûtiste et chanteur Napoleon Murphy Brock, le tromboniste Bruce Fowler, son frère Tom à la basse, la percussionniste Ruth Underwood, les batteurs Chester Thompson et Ralph Humphrey. Chacun maîtrise tous les pièges rythmiques, sauts harmoniques, parties les plus complexes à jouer autant qu’il est capable de réagir à toutes les sollicitations vers l’improvisation collective et les parties solistes impromptues que sollicite Zappa. Le public est chaud bouillant et les concerts une fête musicienne du plus haut niveau.

      Le film prévu devait être comme une apothéose de ces moments. Et puis rien. La découverte, en post-production, une fois la pellicule développée, de décalages avec le son de la console, le manque d’argent et de temps, des impossibilités techniques à l’époque… vont contraindre le musicien à remiser le film. Il y reviendra de temps à autre mais mourra, à l’âge de 52 ans, sans avoir pu le finaliser.

      Quarante-deux ans plus tard, ce qui avait forme de mythe pour les amateurs de Zappa est devenu Roxy The Movie . Plus de deux heures d’images et de sons restaurés, tirés des concerts du 8, 9 et 10 décembre 1973, publiés sur support Blu-Ray, DVD et CD, avec mixage en Surround 5.1 – pour profiter au mieux du #tourbillon –, qui restituent au mieux l’atmosphère de ces folles soirées. Un hommage aussi à l’une des périodes les plus appréciées de Zappa.

      Musicalement, on y entend comme un condensé de toutes les explorations de Zappa, avec des moments loufoques (Cheepnis, Dickie’s Such An Asshole), des emprunts à la musique contemporaine dotée d’une bonne dose de swing, du rhythm’n’blues, du funk, du jazz, des combinaisons de métriques impaires (tout cela réunit dans T’Mershi Duween, RDNZL, Inca Roads, Echidna’s Arf of You, Pygmy Twylite…), de multiples clins d’œil stylistiques, le rituel de la participation du public, ici surtout durant Be-Bop Tango (Of The Old Jazzman’s Church) avec sur scène des jeunes filles et jeunes gens bien allumés.

      Et de bout en bout, une joie de jouer ensemble et une complicité de chaque instant, qui avaient été perceptibles dans les enregistrements audio déjà publiés, notamment dans le double album Roxy & Elsewhere (juillet 1974) et Roxy by Proxy (mars 2014). Ce Roxy The Movie constituant aussi, avec ces plans de sourires et regards radieux, la plus évidente des portes d’entrée dans l’univers de Zappa.