Perdre la #Terre ou non - Le Courrier
▻https://lecourrier.ch/2018/09/16/perdre-la-terre-ou-non
Alexandre Chollier analyse le récent et fameux article du NYT, « Losing Earth »,
Que se passe-t-il lorsque nous prenons nos distances avec un tel discours, celui de Rich ou un autre ? Eh bien nous remarquons que, dans ce type de récits, ne s’opposent pas tant l’inaction à l’action, le fatalisme à la volonté, que deux types antagonistes d’actions.
L’épilogue de « Losing Earth » est à cet égard instructif. A vrai dire, le titre de l’article imprègne bien peu ces lignes où l’on comprend subitement que nombre de solutions s’offrent à nous. Nous qui pensions à sa lecture qu’il n’y avait plus rien à faire, que l’inertie de la pollution carbonée interdisait tout espoir de contenir le réchauffement en dessous de deux degrés, nous apprenons tout à coup que les « taxes carbone, l’augmentation des investissements dans les énergies renouvelables et nucléaire ainsi que dans les technologies de décarbonisation » sont des solutions envisageables. Peut-être même les solutions tout court. Un point de vue que James Hansen partage quand il confie : « D’un point de vue technologique et économique, il est encore possible de rester sous la barre des deux degrés. » Et Rich de renchérir : « Nous pouvons faire confiance à la technologie et à l’économie. Il est par contre plus difficile de faire confiance à la nature humaine. »
En racontant l’épisode tragique d’un rendez-vous manqué avec l’histoire et en désignant la nature humaine comme unique responsable, l’enquête de Nathaniel Rich porte le sceau d’un autre combat. Un combat où technologie et économie tiennent le haut du pavé. Un combat où il n’est plus question de climato-scepticisme mais de climato-réalisme. Un combat mené contre la nature et peut-être même contre ceux qui s’évertueraient à la protéger. Enfin, et surtout, un combat contre le #politique. Car, comme le rappelle avec force Andreas Malm, « la pensée du changement climatique fondée sur l’espèce conduit à la #mystification et à la paralysie politique. Elle ne peut pas servir de base à la contestation des intérêts particuliers du business-as-usual indissociable de l’économie fossile. La lutte pour éviter une succession de chaos et commencer à œuvrer à la stabilisation du #climat nécessiterait sans doute un équipement analytique d’un autre type. » Un autre récit. D’autres actions.