• Bertrand Louart, Des machines simples contre l’industrialisme !, 2011 @tranbert
    https://sniadecki.wordpress.com/2018/09/25/louart-industrialisme

    Dans certaines réflexions autour de la décroissance, j’ai parfois entendu qu’il fallait revenir « au travail à la main », sans qu’il soit vraiment précisé jusqu’où ou pour quels travaux. Imagine-t-on, par exemple, couper des arbres à la hache, débiter des planches comme les scieurs de long, les dégauchir et les raboter à la varlope, etc. ? Demandez à des menuisiers ce qu’ils en pensent : je suis certain que la réponse sera unanimement « pas question ! »

    Le problème est, à l’heure actuelle, que les machines-outils qui réalisent ces opérations élémentaires et bien d’autres sont de plus en plus bourrées d’électronique, voire parfois d’informatique. Et les machines anciennes, plus simples à entretenir, réparer et modifier sont progressivement mises à la casse. Partout on observe le même mouvement : les constructeurs compliquent, et par là même fragilisent à loisir les nouvelles machines pour s’assurer le monopole de leur maintenance.

    Par exemple, quoi de plus simple et utile qu’un moteur à explosion ? Soulevez le capot d’une automobile neuve (carrosse fait de plus en plus uniquement pour le confort du déplacement, et de moins en moins pour la facilité du transport), vous y verrez dessous un autre capot, électronique celui-ci, qui empêche toute intervention autre que celle d’un spécialiste ayant licence et équipement de diagnostic spécifique fourni par le constructeur. Autrement dit, la machine ne vous appartient plus, quoique vous en soyez toujours le propriétaire en titre : vous n’en avez plus que le droit d’usage. Et encore, ce dernier est de plus en plus étroitement réglementé, prétendument pour des raisons d’hygiène et de sécurité.

    Mais lorsque l’on sait que ces réglementations sont impulsées au niveau européen par le lobbying des industriels, on se prend à croire que c’est là un autre moyen pour les constructeurs de programmer l’obsolescence de leurs machines et de vendre du matériel afin de pouvoir suivre l’évolution de ces « normes » qui ont la particularité de changer périodiquement…

    On en vient donc au point où il va falloir défendre l’existence de machines simples contre les tendances dominantes dans l’industrie, qui par leur complication délibérée cherche à nous exproprier de leur maîtrise !

    #critique_techno #anti-industriel #low_tech #réappropriation