• Terreur d’extrême-droite et déni politique raciste : trois ans d’attentats “anecdotiques”. - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/terreur-dextreme-droite-et-deni-politique-raciste-trois-ans-datten

    Un tueur d’extrême-droite a donc finalement frappé en plein Paris et assassiné trois personnes de sang-froid. Emine Kara, Mir Perwer, Abdulrahman Kirzi ont été tués dans un centre culturel kurde du 10ème arrondissement .

    Ce qui doit arriver finit toujours par arriver. Surtout quand un pays est dirigé par un gouvernement qui non content d’être dans le déni du danger raciste et fasciste, passe son temps à flatter l’extrême-droite et à lui donner confiance en reprenant ses principes politiques.

    L’homme qui a assassiné froidement des inconnus parce qu’ils étaient à ses yeux des “étrangers” , des “immigrés”, l’incarnation déshumanisée du Grand Remplacement a pu agir parce qu’il n’a pas été empêché. Parce que le déni devant la terreur armée de l’extrême-droite est porté par le plus haut niveau de l’état et par une grande partie de la société.
    En effet, cet individu avait déjà commis ce que pour d’autres victimes, on appellerait un attentat . Une attaque au sabre dans un camp de migrants, contre des personnes qui siurvivaient dans des tentes. Des exilés donc, c’est à dire tout sauf des victimes dans l’imaginaire politique dominant de ce pays, où tout Ministre de l’Intérieur qui se respecte vote au moins un loi tous les deux ans pour durcir encore le statut des immigrés dans le pays. A l’époque de cette attaque, un rassemblement de solidarité improvisé avait été interdit et nassé par la police et les manifestants avaient pour certains écopé d’amendes. Evidemment aucun débat politique d’ampleur n’avait eu lieu sur cet acte atroce. Et ce bien que les attaques à l’arme blanche soient associées immédiatement à une barbarie absolue insupportable en France et considérées comme totalement étrangères à notre culture…sauf si elles sont commises par des français racistes.
    Le traitement policier et judiciaire de cette affaire a donc été à l’avenant. Il ne s’agit pas ici de défendre l’application de la législation anti-terroriste. Elle ne respecte les droits humains notamment le droit à la défense pour personne. Mais de constater qu’un activiste politique d’extrême-droite armé a été libéré et a tué juste après. Le risque a été pris, voilà tout. Il ne l’aurait jamais été s’il avait été musulman.

    #toctoc

    • Le déni français dans sa forme actuelle date de 2019, après l’attentat de Christchurch. La presse internationale pointe un fait : l’assassin, Brenton Tarrant dit avoir effectué un voyage en France, pendant lequel il a suivi les campagnes et l’ascension de M. Le P**. Il cite ses maîtres à penser et à agir. Le Bloc Identitaire, Renaud Camus. Des français. Dont les théories suprémacistes blanches sont banalisées dans le débat public français

      (citation shortée)

      dernière sortie qui fait suite à l’entretien Onffray/Houellebecq où ce dernier va plus loin que jamais promettant ici des « Bataclan à l’envers », juste avant que le tueur fasciste de rue d’Enghien ai prétendu ne pas avoir trouvé assez de monde a tuer... à Saint-Denis :

      « Mais les musulmans, ils s’en foutent de la République, ils ne savent même pas ce que le mot veut dire ! », Jean-Claude Dassier

      « Et bien on leur apprendra ce que c’est ! » répond en direct le macronien Jean Garrigues, Président du Comité d’histoire parlementaire sur un on mi-rassurant mi-menaçant

      Sur CNews hier

      #extrême-droite #média #gouvernement #fascisation #hégémonie_culturelle #suprémacisme_blanc #racisme #terrorisme

  • Cher.e électeur insoumis qui envisage de ne pas faire barrage à Le Pen - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/cher-e-electeur-insoumis-qui-envisage-de-ne-pas-faire-barrage-a-le

    Et puis j’ai pensé aussi qu’on avait fait cause commune contre le fascisme et le racisme de Le Pen. En tous cas, c’est ce qu’on pouvait lire sur ton mur avant le 1er tour. Que l’Union Populaire, c’était le vote des quartiers populaires, c’était le vote des gens qui refusaient, en tant que victimes ou en tant qu’allié.es, la discrimination, l’islamophobie, la citoyenneté de seconde zone, voire le déni de citoyenneté. Que l’Avenir En Commun, c’était une promesse pour toutes et tous, personne laissé au bord de la VIème République. Tu semblais même convaincu.e comme moi que Le Pen était pire que Macron en matière sociale, écologique, patriarcale (https://bit.ly/3xBkqaa).

    Bon, pour être tout à fait franc avec toi, cet humanisme universaliste insoumis que tu as exposé sur ton mur avant le 1er tour, je ne vais pas te dire que j’y ai cru : je fais partie de ces 11% des électeurs de Mélenchon du 1er tour qui resteront à convaincre que l’Union Populaire n’est pas juste un attrape-tout électoraliste, une machine à prendre le pouvoir, une UMP ou LRM de gauche quoi. C’est même un peu plus grave, en fait. Parce qu’avec les casseroles fascistoïdes de LFI, avec mes potes antifascistes, on a longtemps débattu pour savoir s’il fallait vous qualifier plutôt « d’antifascistes des jours pairs », ou de « néofascistes des jours impairs ».

    Les casseroles fascistoïdes de LFI ? Rho, mais si, souviens toi : Kotarac passé direct de LFI au RN ; Kuzmanovic souverainiste poutinophile qui a inspiré la politique internationale du parti avant d’aller se prendre en photo avec Philippot, Asselineau et Dupont-Aignan ; le négationniste Chouard adoubé à de multiples reprises par Ruffin (oui je sais il a dit a posteriori qu’il ne le referait plus… à chaque fois) ; Ruffin que ça ne gêne pas de « faire des quenelles », ou de réclamer le « rétablissement des frontières sur les personnes », parce que les frontières ça permet aussi de « se construire » ; les interviews de Mélenchon (jusqu’une semaine avant les élections), comme celle de Ruffin auparavant, sur le média rouge-brun et pro-Poutine Thinkerview ; « Le Pen bienvenue en manif », à l’encontre du mot d’ordre syndical ; Les œillades antisémites (la « génuflexion contre les oukazes du CRIF », « l’ennemi ce n’est pas le musulman, c’est « le » financier ! », …) ; l’instrumentalisation de la peur du vaccin, et la promotion des « convois de la liberté » ; « Poutine va régler le problème en Syrie » après que ce dernier y a massacré des civils et la résistance à Bachar El Assad ; la mise en doute des armes chimiques utilisées par le boucher de Damas ; l’oppression des Ouïghours en Chine qui ne vaut pas d’être combattue ; le refus de qualifier Poutine de dictateur, parce que « l’intérêt de la France » ; la minimisation de la menace Russe en Ukraine malgré les 150 000 troupes déployées à la frontière, la justification de cette menace en osant parler publiquement d’« annexion de l’Ukraine par l’OTAN » ; puis quand les crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés par l’armée russe sont avérés, l’appel à ne pas soutenir la résistance ukrainienne parce qu’il faudrait défendre la paix (alors qu’en 2014, selon le même Mélenchon, en pleine annexion de la Crimée par la Russie, il fallait honorer nos contrats et livrer des armes offensives à Poutine).

    • ben explique, plutôt que de casser, non ?

      sinon, tu connais celle qui finit par « plaisir de fin gourmet » ? 😘

      ps : mon reply n’est pas un argument, c’est une question ; tu n’aimes pas les questions ?

    • les 2 paragraphes suivants du texte source [19 avril 2022] :

      Voilà, ça c’est pour les jours impairs. Mais il faut être juste, il y a aussi eu des jours pairs. Et récemment, Mélenchon et les leaders insoumis ont été parmi les seuls au sein de la gauche politique à porter la bataille de façon claire contre l’islamophobie et contre les violences policières. A dénoncer la loi séparatisme, et à dénoncer la manif du syndicat policier d’extrême-droite Alliance qui s’attaquait à l’institution judiciaire, quand les représentants des verts, du PCF et du PS s’y associaient. Ils ont appelé à marcher contre l’islamophobie. Et ça, très franchement, ça n’est pas rien.

      Alors voilà, même si je garde toutes mes réserves antifascistes contre l’appareil LFI, j’ai cru à ta sincérité quand tu appelais à voter barrage à Le Pen dès le 1er tour. Parce que tout le monde peut évoluer après tout. Et je me suis dit aussi que s’il y avait vraiment une dynamique de mobilisation des quartiers populaires et des camarades racisé.es, même si c’était derrière LFI avec ses casseroles, vu qu’il n’y avait aucune autre perspective du côté de la gauche politique, c’était un espoir dans une « union populaire » que je n’avais pas le droit de doucher.

    • mouais, la douche elle vient d’être offerte par Nunes qui a aidé au retrait de Taha Bouhafs, avec des larmes de crocodiles ("on l’a pas assez soutenu" dit JLM, vaste blague).

      un PS de gauche ne peut être antiraciste que sous la contrainte. malheureusement l’électoralisme reste une politique à courte vue, ce qui a valu pour la présidentielle ne marchera peut-être pas pour les législatives et ses parachutés. Faudra que ça se passe ailleurs.

      #LFI #SFIO #racisme

  • Au sujet d’une gauche antisémite - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/au-sujet-dune-gauche-antisemite


    https://seenthis.net/messages/764152#message769739
    https://seenthis.net/messages/762000#message779643

    Il y a les choses qui se disent en politique et puis il y a les pensées et les ressentis, suspendus au dessus de nos têtes. Après Ilan, cette idée qui reviendrait aussi lorsque Mohamed Merah tuerait, les victimes d’antisémitisme suscitaient difficilement la compassion et facilement le rejet. Parce qu’elles étaient l’ « instrument » de l’Ennemi, son outil, son arme, et à partir de là l’objet du délit, avec lequel on n’empathise jamais.

    2009. L’année qui commence par cette horreur indélébile, le négationniste Robert Faurisson avec Dieudonné sur la scène du Zénith. Et le silence, pendant des jours, dans notre camp, personne n’avait rien à dire contre cela. Le silence tellement pesant, pour ceux qui savaient : au début des années 80, Robert Faurisson avait comme fidèle compagnon de route une figure très connue de la gauche radicale, Pierre Guillaume, qui avait tenu une des librairies les plus courues de notre courant dans les années 70. Robert Faurisson, le négationniste avait été défendu dans nos rangs par des militants plutôt connus qui étaient toujours là. Et sur scène, il était avec celui qui était issu de la gauche antiraciste et qui avait, lui aussi, été défendu bien après des propos antisémites abjects.

    Il nous aura fallu, à quelques camarades, un événement aussi terrible, pour que nous osions non pas briser le silence mais affronter le bruit et les huées.

    Luftmenschen. Les gens de l’air. Libres et les poches vides. Vidées plutôt, car nos premiers textes nous ont dépouillés de beaucoup de liens qui nous étaient précieux, coupés de notre camp, de nos lieux, de nos manifs, de nos sites. Enfin, de ce que nous pensions nôtres.

    Mais c’était bien de se sentir légers. D’avoir dit ce qu’on pensait profondément : que personne n’en avait rien à battre de la Palestine et d’Israël, que l’enjeu était ici, que tout ce cirque antisioniste était un théâtre d’ombres et une allégorie, destiné à mettre en scène de manière acceptable tout le vieux fond antisémite de gauche auquel notre camp ne voulait pas renoncer.

  • Le vaccin et les combattantes du care - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/le-vaccin-et-les-combattantes-du-care

    Combattantes car lorsque nous étions soi disant en guerre contre le virus au début de la pandémie, elles étaient « en première ligne » prenant tous les risques à l’époque où il y avait si peu de masques et de blouses et encore moins de vaccins. Parce que le care ce mot anglais, intraduisible, semble-t-il, couvre non seulement le soin mais l’attention à l’autre la vigilance, le souci. « Prenez soin de vous » fut une formule récurrente pendant toute cette période au lieu du classique au revoir ou plus récent « bonne journée ». Non la journée ne sera pas bonne elle sera inquiétante pour nous tous et nos proches et nous aurons peur de mourir et de voir nos grands parents, nos parents mourir dans une solitude extrême. Alors nous comptions entièrement sur elles, ces vigilantes efficaces pour nous protéger et même nous aimer.

    Mais maintenant les vaccins sont là et ce sont eux qui nous protègent nous empêchent de mourir et réduisent les risques de cette pandémie. Et la situation se renverse au lieu de la litanie des longues listes des malades et des morts nous recevons celle des vaccinés à une ou deux doses et le pourcentage quotidien de ceux qui échappent à la vaccination qui n’est pas encore obligatoire. Et parmi eux une partie des soignantes. Elles ne sont pas hostiles au vaccin, au contraire elles vaccinent à tour de bras, à l’hôpital, dans les lieux publics, dans les centres de vaccination et même dans les Ehpad. Elles ne sont pas particulièrement complotistes ou même antivax même si parmi les médecins certaines « célébrités » des médias cherchent à les entrainer comme nous tous vers l’irrationnel et la mort.
    Non, tout simplement elles attendent, elles ne sont pas convaincues, elles n’ont pas le temps, elles redoutent les effets secondaires, non par peur d’être malades mais pour ne pas avoir à prendre un jour de congé impossible dans le contexte actuel de pénurie de soignants dans les services.

    Et pourtant de jour en jour monte la menace celle de la « fracture vaccinale », ceux qui sont protégés et protègent les autres et ceux qui ne le sont pas, parce que maintenant que tous et toutes quel que notre âge et notre situation sanitaire nous pouvons (nous devons) nous faire vacciner, certains refusent ou hésitent ou remettent à plus tard.
    Alors comment comprendre qu’une femme (ou un homme parfois) si dévoué à apporter du soin à autrui refuse de prendre le risque minime de se faire vacciner ? Les effets secondaires graves sont rarissimes, des millions d’humains sont vaccinés dans le monde sans problème, l’épidémie recule vite lorsque le taux de vaccination augmente, nous savons tous et les soignants en premier qui ont une formation médicale que le vaccin évite en grande partie même celui-ci dont l’efficacité en ce cas n’est pas absolue pour l’instant mais dix fois plus opérante que son absence.

    #vaccination #soignantes #care

  • ” Le complotisme est d’abord une cosmogonie, une parole mythique sur la naissance du monde”, entretien avec Sylvie Taussig - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/le-complotisme-est-dabord-une-cosmogonie-une-parole-mythique-sur-l

    Nadia Meziane : L’une des marques du conspirationnisme, héritée d’une sorte de marxisme revisité par le soupçon permanent consiste à toujours supposer une position coupable à celui qui s’exprime contre leurs thèses. Le contradicteur n’est jamais Personne mais toujours Quelqu’un qui se cache. Il n’est jamais là où il dit qu’il est mais dans un quelconque repaire où s’élaborent les complots. Commençons donc par te situer et situer l’endroit du monde où tu as écrit ton essai. Tu es chercheuse , pas spécialement experte en conspirationnisme et, au cœur de la pandémie, tu étais au Pérou, où tu as vécu au quotidien avec le voisinage d’une communauté pratiquant la médecine spirituelle et fortement complotiste.

    Peux-tu nous raconter cette aventure pandémique et comment elle s’est mêlée à tes sujets de recherche pour aboutir à ton essai  ?

    Sylvie Taussig : l’aventure n’en a pas été une. Ne pas avoir le droit de sortir de chez soi sauf strictement pour faire les courses en laissant seuls, car interdits de mettre le nez dehors, deux enfants de 5 et 7 ans pendant plus d’une heure tous les deux jours… donc marcher vite malgré le poids des courses et surtout ne parler à personne et fuir l’aventure en espérant que de leur côté ils n’en tenteraient aucune, surtout pas sur la petite montagne qui finit par un abîme. Le contraire même de l’aventure, puisqu’une aventure a toujours un goût de la matière de Bretagne et la forme d’une initiation. Qu’en reste-t-il quand il n’y a plus temps ni espace ? Il restait à travailler, installée en partie dans ce curieux lieu d’observation – pour moi qui ai été un pilier de bistrot, c’est au bistrot que cela ressemble le plus – qu’est le réseau social. Évidemment cela n’aurait sans doute pas fonctionné si je ne connaissais pas les gens – mes voisins – en chair et en os, précisément comme adeptes de toutes les formes de néo-chamanisme et libertariens. Ils étaient déjà au nombre de mes sujets de recherche1, et au début cela a été un jeu : prévoir leur réactions.

    Mais, comme la prévision devenait dans ce cas une science exacte, ce n’était plus du jeu, mais l’occasion de faire un article, que j’ai terminé quand il a pris les proportions d’un petit livre. Le complotisme m’a paru comme un cas particulier de cette récidive gnostique que j’explore par tous les bouts depuis un paquet d’années, dans l’idée de faire un petit livre, très simple, élémentaire en fait. L’hypothèse de la récidive gnostique, qui constitue le point culminant de l’essai qui, pour moi, a quelque chose du roman policier, m’a aussi forcée à lire des quantités astronomiques de sites internet. Cette fréquentation assidue m’a permis de sentir le radical désir de la peur des adeptes de ces théories et d’entrevoir l’impressionnante cohérence de leur pensée.

    N.M. : Un philosophe est omniprésent dans ta réflexion sur le conspirationnisme contemporain. Descartes et son dévoiement . Le portrait que tu dresses des conspirationnistes est original, car il n’en fait pas des « anti-Lumières  » et des « contre-révolutionnaires  » par essence, pas forcément les héritiers de Barruel ou de Joseph de Maistre, à te lire, on a le sentiment qu’en partie les conspirationnistes seraient les Lumières qui auraient perdu le Nord, en jetant la boussole. En quoi l’ultra-doute conspirationniste se distingue-t-il du doute méthodique de Descartes et de ses héritiers des Lumières ? Et surtout qu’aurait répondu Descartes à un adepte de la pensée conspirationniste qui se serait revendiqué de lui  ?

    J’ai voulu prendre au sérieux leur revendication d’une filiation cartésienne. Comme j’ai consacré ma thèse et un certain nombre de travaux au 17e siècle, à travers ses penseurs moins connus que Descartes, je sais que le début des temps modernes est d’une diabolique complexité. Et c’est dans ce 17e siècle que j’avais déjà repéré des éléments gnostiques subversifs sans pouvoir les nommer. En fait je n’ai commencé à nommer cette interprétation religieuse qu’avec les séminaires de Heinz Wismann sur Heidegger – la matrice m’est apparue en pleine lumière, ou du moins il a nommé une matrice que je voyais bien à l’œuvre, et dont je voyais aussi des traces certaines dans une certaine interprétation catholique. Rien n’est monolithique, et je ne dis pas que l’Église catholique serait monolithique, bien au contraire. Et je m’intéresse aux petites choses, aux miettes. L’idée que le conspirationnisme serait une signature catholique se retrouve dans un article phénoménal d’Alain de Benoist, qui semble ainsi conspuer cette religion qu’il rejette de fond en comble ; elle se trouve aussi dans l’affirmation que Barruel serait le complotiste par excellence, ou bien ce jésuite grandiose que je cite, pour qui tous les pères de l’Église seraient une forgerie. Mais cela, les catholiques orthodoxes ne le disent pas, non plus qu’ils rejettent la bible hébraïque. C’est cette anguille sous roche là qui m’intéresse.

    Quant à Descartes, il ferait la tête que Musil donne à Aristote l’imaginant surgir du profond du sol au milieu d’une rue de Vienne au tournant du siècle. Je ne cite pas Musil par hasard, plus que tout autre il orchestre la rencontre des savoirs modernes et de la matière romanesque. Reste que le complotisme transpose sur la science actuelle la méfiance que les modernes posaient sur la scolastique

    – et cet anachronisme est fort intéressant.

    N.M : Tu places le conspirationnisme dans un univers néo-religieux plus que politique. Ton travail tourne autour de la notion de gnose. Or cette notion peut être perçue de manière extrêmement positive, le gnostique étant un être en quête de libération par la recherche de la vérité et du savoir . Si au départ, cette quête de vérité est réservée à une élite et à des sociétés secrètes, le conspirationnisme au fond propose en apparence, au moins, un dévoilement ultra-démocratique du monde. La proposition conspirationniste, le « informez vous par vous même  » est profondément séduisant et égalitaire. (...)

    #cosmogonie #désinstitutionnalisation #initiation #dualisme #conspirationnisme #complotisme #gnose #catastrophe #nihilisme_radical #croyance #savoir

  • La Start-up Nation insoumise, itinéraire rouge-brun d’un patron de lui même - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/la-start-up-nation-insoumise-itineraire-rouge-brun-dun-patron-de-l

    Nous allons vous raconter une fable. Celle d’Alexis Poulin, un entrepreneur de lui-même, lobbyiste de la startup nation qui a fini par découvrir grâce à la télé insoumise, son reflet rouge-brun et par en tomber amoureux et finir tout ensemble chroniqueur sur Boulevard Voltaire et vendeur de chatbot à l’INPI.

    #alexis_poulin

    • Article signé La Veille. Et qui se cache derrière ce « Site bien pensant d’analyse et d’opinion collectif, internationaliste. » ?

      Lignes de Crêtes s’assume politiquement bienpensant, [ donc politiquement correct ] antiraciste, antifasciste, spirituel, international, féministe et résolument contre l’antisémitisme et l’islamophobie.

      Alexis Poulin sur RT, Sud radio, au moins peut s’exprimer librement et faire entendre une autre voix tellement rare aujourd’hui.
      https://www.youtube.com/watch?v=Io9Ve6Yr5_4


      Au sujet de La Veille : bonjour le#catéchisme_moralisant de la vieille #gauche_posturale_hors-sol !

    • Une interview ne veut pas dire qu’on partage toute la parole de l’interviewé.e !
      Le Monde Moderne donne aussi la parole à Anas K. jeune étudiant lyonnais qui avait tenté de mettre fin à ses jours en s’immolant par le feu.
      https://www.lemondemoderne.media/pour-changer-le-monde-il-faut-etre-vivant-et-a-plusieurs-ce-sont-l

      « Les suicides sont le dernier maillon d’une chaîne de violences que subit la jeunesse ces derniers mois. »

      #Lignes_de_Crêtes (#Antonin_Grégoire sans doute blanc comme neige « sociologue » en est le directeur de la publication ) défend une logique conspirationniste, s’est déjà attaqué à Sophia Chikirou du Média puis François Ruffin, qualifié de jaune-brun et maintenant Alexis Poulin fondateur du #Monde_Moderne et ami de Denis Robert fondateur du nouveau média alternatif indépendant Blast !

      #malveillance #France_Insoumise_bashing #ça_suffit

    • Cependant @vanderling je partage l’article de la Rotative sur les « antisystèmes », partisans du capitalisme autoritaire

      La pandémie actuelle a démultiplié l’audience de personnalités et de médias « antisystèmes », défendant la liberté contre la « dictature sanitaire ». Derrière cette rhétorique se cachent souvent des individus ou des groupes dont il est clair qu’ils ne sont pas nos amis dans la lutte pour l’émancipation. Voici quelques illustrations.

      Sud Radio : les milliardaires peuvent-ils être antisystème ?

      Sud Radio, émettant de région parisienne comme son nom ne l’indique pas, 276000 abonnés sur Youtube, publie régulièrement des entretiens filmés dont la ligne se situe généralement autour de la surenchère réactionnaire, de la négation des problèmes écologiques et de la diffusion de théories farfelues, le tout au nom de la défense du vrai peuple. Comme on pouvait l’imaginer, ils relaient aussi abondamment toutes les thèses qui défendent des points de vue alternatifs sur la pandémie, les traitements, les vaccins, les masques…

      On comprend que Sud Radio ne se réclame d’un peuple fantasmé que pour la com’ quand on voit à qui cette radio appartient. En effet, elle a été rachetée en 2013 par Fiducial, groupement d’entreprises de services aux entreprises, dirigé par Christian Latouche. Christian Latouche est un milliardaire, 58e fortune de France et proche de différentes organisations patronales ou d’extrême droite. Pas quelqu’un qui nous veut du bien à priori donc.

      France Soir : le grand patronat pro coup d’état

      France Soir fut autrefois un vrai journal. Il a aujourd’hui la particularité d’être un journal ayant licencié ses derniers journalistes. Il ne tourne aujourd’hui que grâce à des contributions bénévoles et à son propriétaire, Xavier Azalbert.

      Il ne faut pas chercher très longtemps pour découvrir que Xavier Azalbert est un homme d’affaire, dirigeant de 43 entreprises, qui a réussi à faire de France Soir une référence en matière de critique des « vérités officielles » sur le covid. Dernièrement, c’est lui qui a relayé l’appel du chanteur Francis Lalanne exhortant les plus hauts dignitaires de l’armée à renverser le gouvernement. Entendons nous bien, nous n’avons aucune sympathie pour ce gouvernement et sa gestion autoritaire de la pandémie, nous participons à des luttes sociales qui le conteste, mais la prise du pouvoir par des militaires appuyés par des grands patrons ne met pas fin à des tyrannies mais installe des régimes fascistes. Régimes fascistes qui ont toujours dans l’histoire détruit les mouvements de lutte populaires et soutenu le patronat.

      Florian Philippot : patriote ultralibéral et néo-youtubeur

      Florian Philippot, énarque déchu du FN, se refait récemment une visibilité sur le web en publiant des vidéos contre le masque, le confinement et plus généralement contre la « dictature sanitaire ». Lors d’un rassemblement contre la dictature sanitaire dont il a mis la vidéo en ligne, on assiste à l’intervention de Charles Gave, financier et entrepreneur, partisan de la limitation du rôle de l’état à ses fonctions régaliennes et président de l’institut des liberté, un think tank qui œuvre à la promotion du libre marché. Voilà de qui s’entoure celui qui était censé représenter l’aile « sociale »du FN il y a quelques années.

      Derrière les « antisystème », un projet de capitalisme autoritaire

      On pourrait multiplier les exemples des liens qu’entretiennent les entrepreneurs de la contestation des vérités officielles avec des pensées d’extrême droite et/ou des intérêts capitalistes, en incluant tous les farfelus à tendance gourou comme Silvano Trotta. Tous surfent sur un ras-le-bol bien légitime de cette situation que nous partageons.

      Jamais vous ne les entendrez défendre de meilleures conditions de travail et de protection pour tous, plus d’égalité dans l’accès au soin, la reprise en main autonome de la réduction des risques ou la réquisition des laboratoires pharmaceutiques en vue de les transformer en pôle public autogéré au service du bien commun.

      Leur ennemi flou, le système, n’est pas le capitalisme ni même le néolibéralisme. C’est un concept vide qui sert à avancer masqué. Le véritable projet ? La nation au dessus des clivages de classe et le marché libre soutenu par un état autoritaire.

      https://seenthis.net/messages/897986#message899746

    • Le rouge-brun, ou l’entretien du sophisme par association
      https://blogs.mediapart.fr/alexandre-delomenie/blog/280519/le-rouge-brun-ou-l-entretien-du-sophisme-par-association

      Comment deux formations aussi distinctes politiquement l’une de l’autre se retrouvent aujourd’hui à partager les mêmes thèmes de lutte politique ?

      Et bien tout simplement parce qu’elles ne le font pas dans le même but idéologique. L’extrême droite se pose « contre l’Europe néolibérale » parce qu’elle est nationaliste, pas parce qu’elle est contre le néolibéralisme. La gauche se pose contre l’Europe néolibérale parce qu’elle est contre le néolibéralisme, pas parce qu’elle est contre l’Europe. De la même manière, l’extrême droite se pose comme défenseur du peuple français, parce qu’elle défend les français. La gauche se pose comme défenseur du peuple français, parce qu’elle défend le peuple. Enfin, l’extrême droite s’oppose à l’oligarchie mondiale parce qu’elle est contre le mondialisme. La gauche s’oppose à l’oligarchie mondiale parce qu’elle est contre l’oligarchie.

      On voit bien que si l’on associe par défaut le néolibéralisme aux valeurs universelles pour les mettre dans un seul camp, alors l’opposition à ce camp peut être soit une opposition aux valeurs universelles (c’est le cas de l’extrême droite), soit une opposition au néolibéralisme (ce qui est le cas de la gauche). Mais cela ne sous-entend absolument pas le rapprochement idéologique des deux oppositions, qui continuent de s’opposer entre elles.

  • Accélérationnisme, ACAB et suprémacisme blanc : un regard sur Boogaloo - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/accelerationnisme-acab-et-supremacisme-blanc-un-regard-sur-boogalo

    Il s’agit d’abord d’un mouvement “anti-système”, c’est à dire regroupant des forces diverses ayant en commun un refus absolu des divisions politiques droite/gauche, une croyance dans tel ou tel “complot”, et dans la démocratie représentative comme émanation de ce complot.

    Il s’agit aussi d’un mouvement apocalyptique, prédisant l’effondrement de la civilisation occidentale à très brève échéance , et l’impossibilité absolue d’y apporter une réponse politique autre que le conflit armé.

    Evidemment, les suprémacistes blancs originels y sont les bienvenus et y sont majoritaires, parce qu’ils sont les plus organisés politiquement, et parce qu’en partie, ce mouvement reprend leurs thèses et leurs sous-cultures. Cependant, beaucoup des gens qui adhèrent à ce mouvement ne se vivent pas comme suprémacistes et une partie d’entre eux défend l’alliance entre tous les américains victimes de la répression étatique contre les polices locales et fédérales, pour le droit de porter des armes et pour la guerre civile. Certains participent donc au soulèvement en cours.

    Anecdotique ? Pas forcément. D’abord parce que les mouvements contre le “lock down ” lié au coronavirus ont permis à ce mouvement de se développer numériquement et d’acquérir une visibilité importante. D’autre part, parce qu’il est un excellent exemple de confusionnisme insurrectionnel au service du fascisme, ce qu’ont été également à leur manière les manifestations anti-confinement en Allemagne, et en France, le discours de déni sur le Covid 19, accompagné d’une hostilité extrêmement forte à toutes les mesures sanitaires. Et d’un discours apocalyptique et anti-démocratique qui n’a d’anticapitaliste que le vernis, de plus en plus mince.

    Enfin, le mouvement Boogaloo est une des composantes du mouvement accélérationniste qui est actuellement l’une des stratégies principales des suprémacistes blancs et des néo nazis : précipiter l’effondrement au besoin en participant à n’importe quel soulèvement social , écologiste, voire antiraciste, pour le pousser vers l’affrontement total et générer un chaos propice à la prise du pouvoir.

    Il est nécessaire de s’informer et de réfléchir sur ces phénomènes, si l’on est engagé dans les mobilisations actuelles, quelles qu’elles soient. Parce que les suprémacistes ont beau être une communauté très minoritaire, certaines thématiques leur permettent d’agir efficacement dans la rue, d’y propager leurs thèses, de recruter en cohabitant avec les forces progressistes dans le désordre et la confusion.

  • #Marsault, dessinateur d’#extrême_droite condamné pour #harcèlement

    Ce 18 janvier le dessinateur d’extrême-droite Marsault a été condamné à une amende de 5000 euros (et 5000 autres mais en sursis) ainsi qu’à 2000 euros d’indemnisation pour avoir appelé au harcèlement en ligne de #Megane_Kamel, militante féministe et antifasciste .

    Cette décision de justice est un des aboutissements d’un combat inégal : d’un côté il y avait un homme de pouvoir, capable de mobiliser en quelques heures des milliers de harceleurs , eux-mêmes prêts à déployer insultes, intimidations, menaces, intrusions dans la vie privée d’une militante. Un homme de pouvoir, soutenu par Ring, maison d’édition florissante, comptant parmi ses auteurs des leaders culturels de l’extrême-droite comme Laurent Obertone. Un homme de pouvoir qui a lancé sa traque à un moment où il bénéficiait d’un lectorat bien plus vaste que son camp politique, qui était reçu dans de nombreux salons littéraires et de nombreuses librairies et défendu très largement, même dans certaines parties de la gauche , au nom de la « liberté d’expression ».

    En 2016, protester contre la violence des dessins de Marsault, outil de propagande raciste et sexiste, quelle que soit leur qualité artistique – ce dont nous n’avons que faire -, c’était un peu crier dans le désert .

    Trois ans plus tard, le combat de Megane a donné beaucoup de courage à d’autres dont nous sommes. Combat politique, combat psychologique, combat judiciaire.

    C’est un donneur d’ordres qui est condamné aujourd’hui. Et c’est une jurisprudence importante : bien au-delà du cas de Marsault. En effet, il n’est pas le seul à pouvoir mettre en branle des centaines ou des milliers d’individus en quelques heures contre des militantEs, des personnes connues ou anonymes, pas le seul à l’extrême-droite à utiliser ce type de persécutions pour faire taire les voix discordantes. Pas le seul à lancer la horde avant de se retrancher derrière le « moi je n’ai rien fait personnellement », quand la piétaille hargneuse menace, insulte et intimide.

    Cette décision est donc aussi un avertissement pour les leaders d’opinion des réseaux sociaux, les animateurs de sites fascistes importants ou les sites d’extrême-droite à grande audience qui se livrent aux appels au harcèlement.

    Ce 18 janvier, une autre audience avait lieu : Marsault , soutenu par Ring avait décidé d’assigner en justice pour diffamation Yan Lindingre. Stratégie habituelle de l’extrême-droite , le retournement victimaire est utilisé dès lors que les proies osent faire face aux chasseurs. Virilisme facile et délirant du côté pile, larmes de crocodile du côté face.

    Dans les deux cas, une seule obsession : faire taire celles et ceux qui appellent un chat, un chat, et les militants d’extrême-droite par leur nom.

    Merci et solidarité à Megane Kamel qui a démonté la première pièce du Ring, on continue..

    https://www.lignes-de-cretes.org/marsault-dessinateur-dextreme-droite-condamne-pour-harcelement
    #justice #condamnation

    • Mise à jour du 3 février 2019

      Ce 2 février, le harceleur d’extrême-droite, Marsault qu’une décision de justice a reconnu comme tel a récidivé dans l’injure contre celle qui l’a fait condamner. Dans un long post amer, sans dessin, il excite de nouveau ses troupes contre Megane Kamel et ses « comparses ». Manifestement, c’est surtout le fait d’avoir à sortir son portefeuille qui le rend ivre de rage. La posture de l’artiste blessé dans son œuvre a cédé la place au visage plus trivial du commerçant qui fait son beurre à la haine et doit déduire de ses juteux bénéfices, le prix de sa lâcheté. La défaite a manifestement contrarié les autres prétendus poids lourds du Ring, Papacito et Laurent Obertone qui ont repris la diatribe de Marsault.

      Rien d’étonnant, à l’extrême-droite, l’appât du gain est monnaie courante, Dieudonné, autre « artiste » près de ses sous se lamente de la même manière dans les mêmes circonstances. Marsault lui, pousse le ridicule et l’indécence jusqu’à se présenter comme le harcelé et à jalouser la cagnotte de solidarité que notre collectif avait lancée pour Megane Kamel.

      Malheureusement, le ridicule, lorsqu’il émane de l’extrême-droite peut tuer. Suite à sa diatbribe, Megane Kamel a d’ores et déjà reçu de nouvelles insultes en message privé. A titre d’exemple non isolé attestant des fantasmes du public de Marsault sur son mur, 230 personnes ont liké le commentaire d’un courageux qui regrette que Megane Kamel ne se soit pas encore suicidée. Sur le mur de ses comparses Obertone et Papacito les injures racistes comme « chamelle » accompagnent les incitations au suicide. Ring là aussi ne choisit pas ses victimes au hasard, Laurent Obertone avait également ciblé une camarade arabe de notre collectif : https://www.lignes-de-cretes.org/marsault-obertone-ring-et-ses-auteurs-le-coup-de-poing-dextreme-dr

      Cela reflète banalement l’objectif final de toutes les violences psychologiques faites aux femmes, plus ou moins assumé par tous les hommes qui n’osent pas (encore) en venir à la violence physique. Le harcèlement psychologique leur semble être plus susceptible d’impunité, mais l’intention est la même. Raison pour laquelle nous nous battons pour qu’il ne soit plus relativisé car il peut produire les mêmes dégâts.

      Nous allons continuer. Nous espérons ne pas le faire seulEs, appelons l’ensemble des individus, collectifs et organisations féministes et antifascistes à se réapproprier et à diffuser la victoire judiciaire et politique de Megane Kamel, et proposerons d’autres initiatives à toutes celles et ceux qui veulent démonter le Ring de la violence bestiale qui se cache derrière la maison d’édition.

      Notre dossier de presse sur Ring est ici : https://www.lignes-de-cretes.org/marsault-obertone-ring-et-ses-auteurs-le-coup-de-poing-dextreme-dr

      Quelques commentaires postés hier sur les murs publics de Marsault, Papacito et Laurent Obertone.

      #harcèlement

  • De la démocratie dans un régime de critique démocratique - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/de-la-democratie-dans-un-regime-de-critique-democratique

    Le communisme, comme le mouvement ouvrier ont développé depuis des siècles des critiques radicales de la démocratie représentative capitaliste et de ses incarnations concrètes, mais en posant clairement un modèle de contre-société et un autre futur possible fondé sur des valeurs clairement affirmées, dans les textes et dans les faits. La caractéristique de ces critiques et même des plus radicales est qu’elles revendiquent quand même l’idéal de l’égalité et reprochent aux démocraties réelles de le trahir.

    Dans le camp opposé, les idéologues et les militants réactionnaires et fascistes critiquent aussi la démocratie et les régimes qui s’en réclament, au nom d’un modèle de société antagoniste, fondé sur l’inégalité des êtres humains entre eux et l’apologie de l’autorité d’une élite comme seul modèle de gouvernement possible.

    Les mouvements dont nous allons parler sont marqués par une confusion et un flou total concernant les valeurs prônées et le modèle de société pour lequel ils luttent vraiment. Résolus à afficher un “Ni droite, ni gauche, en dehors, au delà” ceux qui en France, revendiquent pour beaucoup les idées d’un Etienne Chouard peuvent passer des milliers de pages à critiquer les méthodes de désignation des dirigeants actuels, à défendre des formes diverses et variées de démocratie prétendument directe, tout en faisant de la démocratie représentative le mal absolu, car le plus hypocrite qui soit. Mais sur ce qu’il adviendra après la fameuse constituante ou après le Tirage au Sort reste toujours extrêmement vague, dans leurs écrits. D’où une popularité énorme, le rejet rebelle de l’existant allié au flou sur ce qu’on veut construire étant le meilleur moyen de s’attirer la sympathie.

    Le documentaire “DémocracieS” réalisé par l’équipe de Datagueule (Henri Poulain désormais à le Média, Julien Goetz et Sylvain Lapoix), permet, lorsqu’on l’analyse, de voir beaucoup plus clair dans les motivations et les projets bien concrets de ces mouvances…

  • France Insoumise : une crise à la croisée des chemins bruns - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/france-insoumise-une-crise-a-la-croisee-des-chemins-bruns

    Pour le comprendre, il est nécessaire de revenir sur la composition de la France Insoumise et le fossé historique entre deux catégories de dirigeants et de militantEs.

    Au départ du mouvement, des composantes historiques de la gauche des années 80 et 90 : Jean Luc Mélenchon d’abord, et ses dizaines d’années au Parti Socialiste, toute une vie de militant et d’élu, pendant laquelle même sortir de la social-démocratie de gouvernement pour aller ailleurs dans la gauche était hors de propos. Mais c’est le cas aussi de beaucoup de ses proches, de Danielle Simonnet à Alexis Corbière, en passant par Raquel Garrido.
    D’autres comme Eric Coquerel ou Danièle Obono viennent de formations politiques diverses : des chevènementistes à la LCR, en passant par le PCF.

    En 2002, l’univers de toute la gauche commence à s’effondrer. D’abord la social-démocratie se fait jeter du second tour de la présidentielle par l’extrême-droite. L’année suivante, l’échec du mouvement contre la réforme des retraites marque la fin d’un cycle de luttes où le mouvement social remportait systématiquement des victoires partielles contre le pouvoir. S’en suit une dévalorisation de la lutte de classes.

    A l’inverse, en 2005, la victoire du « non » au référendum sur la constitution européenne semble offrir de nouveaux débouchés pour une gauche qui serait radicalement anti-européenne. En réalité, cette victoire n’est pas spécifiquement anticapitaliste, et pas spécifiquement de gauche, elle est clairement nationaliste, due au moins autant au vote d’électeurs tentés par la voie d’extrême-droite que par une réaction aux politiques anti-sociales menées par l’Union Européenne. Et ce sont bien les thématiques nationalistes, antisémites, racistes qui vont dominer le champ politique les années suivantes et toute la décennie qui suivra. Toute la gauche politique s’effondre lentement, notamment dans les esprits tandis que tous les néo-fascismes se banalisent, et s’installent culturellement.

    La France Insoumise, jusque dans son nom, est le résultat d’un processus qui commence dans ces années là : celui d’une partie de la gauche qui renonce à certaines valeurs antifascistes, décide de considérer que les électeurs d’extrême-droite sont principalement les classes populaires qui posent les bonnes questions et que le rôle de la gauche radicale est d’y répondre correctement et de s’emparer des thématiques qui font recette.

    Ce n’est pas seulement un opportunisme de la part des dirigeants : beaucoup de militantEs perdent toute confiance dans l’héritage historique progressiste et social de leur camp, et finissent par penser que celui-ci est un frein à l’expansion de leur mouvement. Le phénomène n’existe pas que dans la gauche radicale, le PS aussi se droitise. (Le Printemps Républicain est d’ailleurs le fruit de cette droitisation au PS et entretien sans surprise de nombreux liens et passerelles avec la FI)
    Complaisance, collaboration et course à l’échalotte

    De la complaisance et de la collaboration avec les mouvances comme celles de Dieudonné, à celles avec les mouvances islamophobes, en passant par l’idée d’une coalition thématique avec tout ce qui est anti-européen, de l’attrait pour toute la mode anti-scientifique que traduit très bien le mouvement anti-vaccins, en passant par la reprise de la vision du monde oligarchie contre peuple, ou peuples contre mondialistes, l’histoire d’une partie de la gauche radicale devient une course à l’échalote avec des mouvements du bord opposé.

    • Le populisme et le grand complot rouge-brun
      https://lvsl.fr/le-populisme-et-le-grand-complot-rouge-brun

      Depuis maintenant le début de l’été, une offensive idéologique est en cours pour diaboliser ce qu’on qualifie généralement de « populisme de gauche ». Accusée de brouiller les frontières idéologiques avec l’extrême-droite, voire de conduire à une dérive autoritaire ou analogue au césarisme, l’hypothèse populiste serait un danger mortel pour la démocratie[1]. Pire encore, pour ceux qui s’identifient à gauche, le populisme consisterait à abandonner le « sociétal » au profit du « social ». En faisant primer la question sociale et en hiérarchisant les « luttes », il faudrait alors s’adresser en priorité à l’électorat populaire du Front national et ranger au placard féminisme, droits LGBT, écologie, lutte contre le racisme, etc. Ce débat est en réalité à côté de la plaque. Explications.

      #grand_complot_rouge_brun

    • La construction d’une volonté collective majoritaire.

      Il y a au moins trois éléments qui permettent de lier des demandes entre elles. Tout d’abord, la question démocratique, qui est transversale à l’ensemble des demandes et qui permet donc d’opérer un travail de captation partielle de chacune de celles-ci. Proposer un projet de pays, patriotique, populaire, pluraliste et inclusif est fondamental pour faire converger vers le même horizon transcendant et positif l’ensemble de ces aspirations. Ensuite, il y a la désignation de l’adversaire commun et de son monde : l’oligarchie, les élites, le vieux monde, etc. L’adversaire commun joue le fameux rôle de l’extérieur constitutif, qui permet, par son altérité, d’unifier un corps hétérogène. Mais surtout, le chaînon qui est capable d’universaliser ces différentes demandes, de les faire passer d’un statut d’aspiration particulière à celui d’enjeu universel, est la présence d’un leader qui les cristallise à la fois sur le plan politique et sur le plan esthétique.

      Ces éléments ne sauraient constituer une recette, mais une hypothèse. C’est en tout cas celle d’une stratégie qui consisterait à radicaliser la démocratie afin d’offrir une contre-hégémonie à un pays qui a trop longtemps souffert d’un ordre injuste qui nous plonge tous vers l’anomie. Elle nous semble beaucoup plus séduisante que l’éternelle opposition entre les qualifiés « gauchistes » et autres « rouges-bruns », qui mourra avec la vieille gauche.

      #gauchistes #vieille_gauche

  • Un salaud est mort, reste à tuer sa mémoire
    https://www.lignes-de-cretes.org/un-salaud-est-mort-reste-a-tuer-sa-memoire

    Dans ma mémoire politique, Robert Faurisson n’aurait pas du exister.

    Il n’avait rien d’extraordinaire, au regard d’autres figures importantes de l’extrême-droite et du néo-nazisme.
    Le négationnisme n’était qu’une branche de la haine antisémite, une forme du retournement victimaire particulièrement abjecte puisqu’elle visait cette fois à légitimer un génocide et des crimes contre l’humanité, mais tout à fait cohérente avec le récit général antisémite : ce ne sont pas les Juifs qui sont persécutés, puisqu’ils sont les maîtres du monde et les vrais bourreaux.

    Dans ma mémoire politique de militante d’extrême-gauche, Robert Faurisson, pourtant, est une marque au fer rouge sur ma peau militante, la marque de l’infamie, gravée pour la vie.
    Ces prochains jours, dans les nécrologies, on lira sans doute beaucoup de choses sur les liens entre Faurisson et les pays “arabes”, sur les complicités dont il a bénéficié en Iran.

    Et naturellement, beaucoup parleront du “nouvel antisémitisme” à cette occasion et de la manière dont de jeunes musulmans issus de l’immigration et de vieux nazis ont pu trouver un terrain d’entente.

    Issue de l’immigration musulmane, pourtant, si j’en étais restée au Coran, peut-être n’aurais-je jamais eu la honte d’avoir côtoyé, à deux périodes différentes de ma vie, des gens qui avaient trouvé un intérêt à propager le négationnisme. C’est bien l’ ancien antisémitisme européen qui a sali mon histoire militante.

  • Le site Lundi Matin a publié, ce 8 octobre 2018, un texte du même Serge Quadruppani, ” Berlin 1933 vu de la Méditerranée 2018″. Un texte qui parle de Raymond Aron, du génocide des Juifs par les nazis, sur ce ton paisible et semi-mondain de la controverse entre gens de bonne compagnie, en l’occurrence, avec un autre éditorialiste, Daniel Schneidermann.

    A part dans une sphère politique bouffée jusqu’à l’os par l’antisémitisme, où pourrait-on imaginer qu’un militant honnête, qui se serait corrompu avec Robert Faurisson en connaissance de cause, mais aurait finalement eu des regrets et de la honte, puisse de nouveau et comme si de rien n’était, disserter sur la Shoah et les mauvaises analyses des autres ?

    A part dans une sphère politique dévorée par sa perversité totale, où ce genre de publications par un collectif peut-il susciter autre chose que la rupture la plus définitive et la plus visible qui soit ?

    Depuis des dizaines d’années, les pro-négationnistes de gauche tentent de maintenir l’existence de cette sphère là, de cet astre mort toujours renaissant, qui pourrit et salit sans fin les idées révolutionnaires et les mouvements sociaux. Les cycles s’enchainent et la litanie des monstres dont accouche notre camp : Rassinier, La Vieille Taupe, et Garaudy et Dieudonné…

    A propos des racines et des excroissances du négationnisme - Lignes de crêtes
    https://www.lignes-de-cretes.org/a-propos-des-racines-et-des-excroissances-du-negationnisme

    « Je ne prends pas la défense de l’Allemagne. Je prends la défense de la vérité (…) »

    C’est par ces mots que s’ouvre le premier pamphlet de littérature négationniste publié en France, Nuremberg ou la Terre Promise, en 1947.

    A l’époque, peu de lecteurs prendront la phrase au sérieux, son auteur Maurice Bardèche, beau-frère de Brasillach ayant entamé depuis l’exécution de celui-ci une entreprise de réhabilitation du nazisme et de la collaboration française sans équivoque, qui l’amène immédiatement à se lier avec l’ensemble des nazis encore actifs dans l’Europe de l’immédiate après-guerre.

    Soixante-dix ans après, cependant, la posture d’objectivité de Bardèche, aussi grotesque soit-elle, est adoptée par ses héritiers avec un immense succès.

    Hormis Vincent Reynouard, qui se dit ouvertement néo-nazi, la plupart des négationnistes et tous leurs soutiens se prétendent totalement neutres vis à vis du nazisme, et même pour beaucoup ses opposants. Dans le débat public, le négationnisme ne s’impose pas par une défense ouverte de ses thèses (de fait, très peu de gens parmi ceux qui défendent Faurisson connaissent les « arguments » qu’il invoque pour nier les chambres à gaz), mais toujours par le biais de débats sur la liberté d’expression ou la liberté de recherche historique soi-disant opposée à la main mise de l’Etat sur l’Histoire qu’incarneraient les lois qui pénalisent l’expression des thèses négationnistes. Les négationnistes seraient des chercheurs de vérité.

    C’est le long aboutissement d’un combat fasciste pour dépolitiser l’image du négationnisme. La dépolitisation est ce processus par lequel le négationnisme parvient à apparaître dans le débat public comme une idéologie ou une démarche historique ou militante pas forcément liée à l’extrême-droite.

    Ce combat a commencé par la mise en avant de certains parcours plutôt que d’autres : ainsi Bardèche, premier négationniste publié avec un tirage d’importance est généralement mis au second plan des récits négationnistes sur l’histoire de leur courant.