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  • Des #contrôles de #police #contreproductifs | Pour la Science
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    Cependant, en pratique, les contrôles et l’usage de la force se révèlent problématiques. En effet, y compris dans les démocraties libérales, ils sont distribués dans la population de manière inégale et souvent, mais pas toujours, #discriminatoire. Or si dans certains pays, comme le Royaume-Uni ou le Canada, l’autorité politique juge urgent de remédier à cette inégalité, dans d’autres, comme la France, le gouvernement refuse de la voir.

    De leur côté, les polices avancent régulièrement, par la voix de leurs responsables ou de leurs représentants syndicaux, que l’inégalité est le prix de l’efficacité, et ainsi que l’injustice faite aux minorités est acceptable moralement puisqu’elle est utile à la tranquillité publique du plus grand nombre. Des organisations de la société civile dénoncent quant à elles tant ces #pratiques, qu’elles jugent discriminatoires, que leurs justifications – sans succès.

    Depuis presque trente ans, des sociologues, criminologues et chercheurs en sciences politiques se sont emparés de cette question afin d’y apporter des réponses rigoureuses. Aujourd’hui, les concepts et méthodes se sont considérablement perfectionnés et affinés, et des résultats clairs se dégagent, documentant les deux enjeux essentiels de ces débats : l’égalité devant les contrôles de police et l’efficacité de ces derniers.

    Certains pays sont en avance sur d’autres : ceux dont l’autorité politique s’est saisie de la question – ou y a été contrainte sous la pression de cas devenus des scandales – et qui ont développé des outils statistiques pour suivre le travail des agents de police, comme les États-Unis, le Canada ou le Royaume-Uni. Dans ces pays, les contrôles de police sont enregistrés et, depuis longtemps, des études approfondies des données statistiques ainsi engrangées mesurent en interne le travail de la police. Cette dernière – ou l’autorité qui l’emploie – commandite aussi des recherches spécifiques sur le terrain.

    La France, en revanche, fait partie de la seconde catégorie, comme l’Allemagne. En France, le contrôle de police ne fait pas l’objet d’un enregistrement (et le groupe ethnique de la personne contrôlée non plus). Sa pratique est donc inconnue des supérieurs hiérarchiques des agents, locaux ou nationaux, y compris le ministre de l’Intérieur. Néanmoins, même dans cette configuration peu favorable à la connaissance, des études indépendantes de la police et de l’autorité politique ont été réalisées et commencent à donner des réponses. Voici un aperçu des principaux travaux menés en France et à l’étranger, dans des environnements institutionnels et économiques comparables.